9h. Samedi matin. Je me redresse et m'assied sur mon lit. Le soleil est déjà entré dans ma chambre. Tant mieux, c'est une belle journée. Je sors de la pièce, encombrée de cartons, pour aller déjeuner. Mes parents, déjà attablés, café et tartines devant eux, me sourient :

« -Tu as bien dormi ? me demande mon père.

-Pas mal, oui. Je meurs de faim ! »

Je m'installe à la table et commence à me servir. Je profite de ce petit déjeuner avec eux. Je les ais perdu un an. Une année que je ne suis pas prête d'oublier. Personne d'ailleurs, ne pourra l'oublier. Mais, c'est comme ça, on n'oublie pas l'horreur ou la peine, comme la peur, on les surmonte. Petit à petit. Jours après jours. On retourne doucement au quotidien. Un quotidien tellement plus simple, tellement plus lumineux. On se sent léger en pensant à l'avenir, même si salit par tout ce qu'il s'est passé. Il reste des marques, des blessures physiques ou morales. Mais maintenant il faut avancer, continuer à vivre, « aller de l'avant » comme on nous dit.

Je discute donc avec mes parents ce matin, de tout et de rien. Puis je remonte dans ma chambre, j'enfile un jean et une chemise, et une fois prête je poursuis le rangement de mes affaires dans les cartons. Histoire de faire un peu d'ordre pour partir. Je ne sais pas ce que mes parents feront de la pièce une fois mon départ. Mais peu importe, je suis impatiente désormais. Un peu anxieuse, je l'avoue, mais surtout excitée. Allez, je vous l'annonce ? Je vais m'installer avec Ron ! Maintenant que nous travaillons tous les deux, tout est prêt.

Nous avons trouvé un petit appartement dans les rues d'Aylesbury, près de chez mes parents. C'est un collègue à Arthur qui nous a aidé, il habite lui-même le quartier. Et, il nous a gentiment fait passer l'annonce du propriétaire en nous expliquant qu'il n'y avait aucun problème au niveau des moldus voisins, « on ne les voit que très rarement » nous a-t-il confié.

J'ai promis Ron de venir manger chez lui aujourd'hui, donc après un rapide « Bonne journée ! » à mes parents, je transplane devant le Terrier. J'ai toujours aimé cet endroit, certes je ne suis pas très objective car j'ai passé de très bons moments ici, mais je l'ai toujours trouvé accueillant et original. Le fait est peut-être, que la nature entourant la maison me dépayse de mon lotissement. La demeure elle-même est si différente des appartements sobres, classiques et ordonnés, dont j'ai l'habitude. J'ai l'impression de changer de planète en venant ici.

Je frappe à la porte. Aucune réponse, chose rare chez les Weasley. Je prends donc seule l'initiative d'actionner la poignée et, une fois entrée, je m'étonne du calme inhabituel. En tendant l'oreille, je perçois du bruit plus haut. Je monte plusieurs étages, jusqu'à atteindre la chambre de Ron. Il est en train de la « ranger ». Si, si…je vous assure ! Enfin, pour l'instant on dirait plutôt qu'il a vidé son armoire de linge entière, sur le parquet… Je frappe doucement contre la porte largement ouverte et Ron se tourne vers moi, une pile de vêtements difficilement discernable entre les bras :

« -Ah, tu es là ! Je ne t'avais pas entendu.

-Ce n'est pas grave, je me suis permis d'entrer.

-Tu as bien fait, me répond-il. »

Il jette nonchalamment son tas de vêtement sur le lit près du mur gauche de la pièce, et vient délicatement m'enlacer. Je me blottis contre lui, et l'embrasse doucement. Alors qu'il pose gentiment son front contre le mien je lui demande :

« -Tes parents ne sont pas là ?

-Si, mon père est dans son garage, il « traficote » je ne sais quel objet moldu. Maman en revanche, est partie faire des courses, elle ne devrait plus tarder.

- D'accord. Ginny et Harry devait nous rejoindre aussi, non ? »

Il se détache de moi, retourne face au lit, et fourre les habits qui ont atterries par terre dans un sac.

« -Oui, je ne sais pas ce qu'ils font, d'ailleurs quelle heure est-il ? C'est que j'ai faim moi ! ajoute-t-il faussement en colère…puis troque son air outré contre un grand sourire.

-Ca ne m'étonne pas, tiens ! Tu n'as avalé que six croissant et deux bols de lait, ce matin non ? »

Il me jette un oreiller qui trainait, et se défend avec un faible :

« -C'est ça, c'est ça, moque toi…Je n'ai pas mangé autant ce matin…, bougonne-t-il.

- Bon, je vais dire bonjour à ton père, tu m'accompagne ?

-Bien sûr. »

Après s'être sourit malicieusement, nous descendons les escaliers jusqu'au rez-de-chaussée. Je suis Ron qui sort et, main dans la main nous remontons le jardin pour trouver la « cabane » d'Arthur.

« -Qu'est-ce que tu faisais, en fait, avec tous ces habits ?

-Il y en a plein qui ne me vont plus, alors je les trie pour finir mes cartons. Enfin…j'ai commencé ce matin donc…, me répond-il en regardant ses baskets, mais j'aurais fini d'ici samedi, hein ! ajoute-t-il rapidement. Promis. »

Je lui souris et acquiesce simplement, un regard pour lui dire que je m'en doutais, mais que je lui fais confiance, et que je sais qu'il attend aussi impatiemment que moi cet appartement. (Si si, on peut dire tout ça via un regard !) Harry et Ginny se sont installés ensemble avant nous parce qu'ils travaillaient tous les deux. Moi, j'ai voulue finir mes études par correspondance, convenablement, peut-être par fierté, je ne sais pas…Certaines personnes ont toujours voulu me faire comprendre que je n'étais pas de ce monde. Enfin bref, Ron a rapidement eu un poste au Ministère, et depuis nous attendons que je travail pour tout organiser. Pour vivre notre petite histoire de notre côté. Ce n'est pas qu'avant ça n'était pas sérieux, mais le fait de quitter chacun son « chez soi » nous grandit, et j'aime ça. En plus, Ron est vraiment investit ! Il pourra dire ce qu'il voudra, mais cette fois c'est lui qui est sous les projecteurs, et il en est fier. Il n'est pas question de l'un de ses frères, de sa petite et unique sœur ou de son meilleur ami, mais c'est son emménagement que l'on prépare.

Nous atteignons donc le garage, et toujours derrière Ron, j'entre. La pièce n'est éclairée que par le soleil qui s'infiltre par la fenêtre mais offre une bonne luminosité, il est midi après tout. De nombreux rayonnages, placards et autres vieux meubles emplissent la pièce. Arthur se trouve derrière une table encombrée d'objets divers, la plupart sont moldus mais, au milieu de ce désordre traîne sa baguette. Il relève la tête à notre arrivée et me salut chaleureusement.

« -Comment vas-tu Hermione ?

-Très bien, merci.

-Et tes parents ?

-Ils vont bien, c'est gentil de prendre des nouvelles. Et vous, qu'est-ce que vous bricolez ?

-Oh, je tente de réparer ce réveil…sans magie, ajoute-t-il en lançant un regard désespéré vers sa baguette. »

Puis il reprend l'objet à moitié démonté entre ses doigts et tente d'ôter une petite pièce du cadran, un sourire fasciné sur le visage. Ron lève les yeux au ciel, impuissant devant la concentration et la curiosité de son père, mais plusieurs voix se font entendre depuis la maison et l'empêche d'exprimer le fond de ses pensées.

« Oh, je pense que maman a du arriver, Ron, présume Arthur. Il faudrait aller l'aider. »

C'est donc après avoir prêté main forte à Molly, et Georges qui l'avait rejoint, pour ranger ses courses, qu'Arthur s'installe sur le canapé pour lire la Gazette qui vient d'arriver. Alors que les deux garçons m'aident à mettre la table, Ron murmure à son frère, un sourire enfantin aux lèvres:

« -Alors, tu n'ais pas décidé à inviter Angelina à la maison ?

Je tente de les écouter discrètement, le bras tendu vers un placard. Mais, Georges met fin à la conversation en lui répondant d'un ton moqueur :

-Je ne veux pas lui infligé ta présence. »

Puis il se tourne vers la porte, les bras encombrés d'assiettes, pour crier « Entrez, c'est ouvert ! » à Harry et Ginny qui viennent de frapper. Ron se tourne vers moi, surpris pas la brièveté de leur tête-à-tête. Je lui lance un regard, signifiant « Il ne veut peut-être pas en parler.» Mais visiblement, Ron est aussi doué en télépathie qu'Harry en occlumancie, il fronce donc les sourcils en signe d'incompréhension.

« Alors, où est-ce que vous étiez ? On vous attendait ! » lance Georges au couple.

Après s'être tous embrassé, nous nous installons autour de la grande table. Le repas débute et les conversations se prolongent. En servant Ginny, Molly me demande :

« -Alors Hermione, comment ça se passe Ministère ?

-Plutôt bien, Mme Griggs, ma collègue, devrait bientôt s'en aller ! »

Ce n'est pas très polie, je sais, mais je m'explique. J'ai, d'habitude, du respect pour mes aînés, mais je ne comprends pas ce que j'ai fais à cette femme. Mme Griggs est censé me former depuis mon arrivée, mais elle a un comportement exécrable. Mettez-vous à ma place ! Elle me parle comme si j'étais une enfant et que j'étais incapable de comprendre quoi que ce soit, avec son ton espiègle et persifleur. Elle pense que j'ai été embauché grâce à mes « relations »... J'ai pourtant voulu finir mes études correctement pour pouvoir me présenter à ce poste en toute légitimité et n'utilisé personne ! J'ai des connaissances au Ministère, certes, je connais Arthur et Ron (je ne vais pas les renier, tout de même !). Il y a aussi Harry et quelques sorciers du Bureau des Aurors, avec Kingsley. Certaines personnes du Départements des Sports par le biais de Ron. Et nos collègues, nous ne sommes pas seulement deux à nous occuper des dossiers du Départements de Communication aux Moldus ! Mais ça, elle ne semble pas s'en apercevoir, elle discute très rarement avec les personnes qui travaillent dans les bureaux voisins. Moi, elle est obligée, nous sommes dans la même pièce presque sept heures pas jour depuis 4 mois. Mais ce n'est pas un exemple d'amabilité ou de bienveillance. Je ne lui demande pas d'être une deuxième maman, mais un minimum de politesse ne fais de mal à personne. Enfin bref…Je pense qu'elle m'en veut, car je vais sûrement prendre son poste après son départ. Ron, lui, me dit qu'elle est jalouse…mais de quoi ? Elle n'est intéressée que par les personnes haut placées au Ministère et voue un culte aux familles affichant leur « sang-pur » ou leur argent. Est-il nécessaire d'expliquer que je ne côtoie ni ne fais pas partie de ces gens-là ? …

-C'est la veille dame dont tu m'as parlé ? poursuit Harry.

-Oui, elle est simplement insupportable.

-En plus elle ressemble à notre vielle tante, complète Ron.

-Elle n'a rien pour elle alors, conclut Ginny.

Nous nous tournons vers Georges pour avoir son avis, mais nous explosons de rire en voyant la grimace qu'il peine à faire, toutefois il réussie une belle imitation de ma tortionnaire.

- Un peu de respect pour votre tante ! réprimande Molly. Voyant que nous ne semblons pas l'entendre elle se tourne vers son mari. Arthur !

-Un peu de calme, enfin, réclame-t-il en souriant, Georges, s'il te plaît. Alors, Hermione, tu penses qu'elle sera vite remplacée ? se renseigne-t-il pour changer de sujet.

-Je pense oui, un collègue à moi, William, a entendu dire qu'ils avaient déjà trouvé quelqu'un.

-Oh, très bien, j'espère que vous vous entendrez mieux.

-Moi aussi, croyez-moi ! »

Avant que l'un de nous ne poursuive, Ginny réclame un sujet de conversation autre que, je cite, « les derniers ragots du Ministère ». Nous nous exécutons et, dans une atmosphère chaleureuse et enthousiaste, terminons le repas.