Well well Soldiers !
Voici la dernière création du Kiwi que je suis ! xD
Pour la première fois je déroge un peu à ma règle en faisant un UA (Univers Alternatif) pour explorer le monde de la mode que j'aime bien. Ce premier chapitre n'est pas de mon point de vue le meilleur de cette fiction vu qu'il met en place l'action, le deuxième qui va arriver très prochainement est cent fois plus drôle xD
M'enfin, je ne spoile rien, et je vous souhaite à tous et à toutes une bonne lecture !

Kiwi


Inspiration, Confusion & Frustration

- Amenez un autre spot et renforcez le contraste lumineux sur son visage, je veux que la robe ressorte au moins autant que ses yeux ! Gronda une jeune femme aux cheveux bruns piqués de mèches auburn.

- Oui, madame !

Celle qui venait de parler marqua un silence alors que ses associés autour d'elle s'affairaient pour répondre à ses moindres désirs. Efforts qu'elle jugea insuffisants…

- Non, non et non ! Ca ne va pas… Soupira-t-elle en portant une main à son front. Je me demande pourquoi je vous paye des fois…

Elle déposa violemment l'espèce de livre dont la couverture émeraude striée de noir était usée par de trop nombreuses manipulations, et dont des feuilles et post-it s'échappaient, sur une table d'appoint. Sa démarche gracieuse et sèche lui fit couvrir les quatre mètres qui la séparaient de son photographe. Il travaillait pour elle depuis de nombreuses années et connaissait sa perfection maladive dans son travail.

- Sazh, prend une pause de dix minutes, lui fit-elle en passant à sa hauteur, je vais leur expliquer comment on travaille ici, à la Oerba Corporation.

Le grand homme dont la peau noire tranchait avec les mannequins d'albâtre qu'il prenait en photo afficha un petit sourire mi-amusé, mi-blasé.

- Ne sois pas trop dure avec elles, Fang.

- J'en ai marre des midinettes anorexiques !

Il secoua la tête.

- J'vais me chercher un café, t'en veux un ?

- Ouais, et bien noir !

- Okay, je reviens.

Il tourna les talons alors que Fang entrait sur le plateau de photographie où trois mannequins plus superficielles les unes que les autres, portaient la nouvelle collection Printemps/Eté qu'elle avait dessiné il y a six mois de cela.

- Bon, mesdemoiselles ! On va faire un récapitulatif… Vous êtes ici pour quoi déjà ? S'impatienta-t-elle, les foudroyant de ses yeux de jade brillants de colère.

C'est ce regard qui l'avait tout d'abord propulsé dans le monde de la mode. Débutant en tant que mannequin pour son physique à tomber : fin, élancé et des yeux de chats soulignés d'un parfait grain de beauté. Tout son corps avait été créé et sculpté pour séduire. Et elle en avait fait tourner la tête de plus d'uns, pour finalement lâcher sa carrière dorée et monter sa propre boîte, aujourd'hui numéro un dans le monde entier. Oerba Yun Fang était l'une des personnes les plus riches de la planète avec son agence de marque qui était bien souvent, le bijou des défilés mondains.

Un jeune garçon dont les cheveux gris étaient décoiffés vers l'arrière se posta à ses côtés. Du haut de ses dix-neuf ans, il pouvait se vanter d'avoir réussi sa vie en étant l'assistant personnel de l'une des femmes les plus influentes au monde. Et il devait ce poste, non seulement aux capacités extraordinaire qu'il avait su déployer et à la volonté sans faille qu'il avait montré quand elle avait consenti à le prendre à l'essai, mais surtout à celle qui partageait sa vie depuis deux ans : Oerba Dia Vanille. Une petite rouquine de cinq ans son aînée, sœur cadette de Fang et styliste renommée. Vanille avait longtemps été le modèle favori de l'aînée des deux jeunes femmes prodiges, avant de lui faire comprendre que défiler et se montrer en public ne ressemblait pas à la vie qu'elle voulait mener. Elle préférait de loin dessiner tout ce qui lui passait par la tête, des robes de bals aux chemises de hautes coutures, bien au chaud et à l'abri dans son bureau.

Fang, légèrement déçue au premier abord, l'avait laissée faire, pour finalement se rendre compte que c'était la meilleure idée qu'elle n'ait jamais eu. Sa sœur cadette était d'une productivité et d'une ingéniosité inégalables et, avait dessinée, avec son aide, toute la nouvelle collection aujourd'hui exposée ici, sans parler des projets pour les deux années à venir.

Les deux sœurs géraient cet Empire de manière à ce que personne ne puisse leur mettre des bâtons dans les roues. Et elles y réussissaient plutôt bien.

- Fang, l'appela Hope.

Elle tourna la tête d'un quart de tour à l'entente de son prénom, se coupant dans son sermon sur les attentes de sa boîte. Il tenait son agenda dans les mains.

- Quoi, Hope ?

- Je ne voudrais pas zapper votre autorité, mais si vous voulez être à l'heure pour la conférence de presse dans une heure, faites rappeler Sazh. Nous avons encore trois rendez-vous avant ce soir.

Elle acquiesça silencieusement.

- Très bien… Va me le chercher et plus vite que ça ! Oh et !...

- Oui ?

- Fais moi appeler Vanille !... Elle va râler, mais elle est la seule à pouvoir porter cette fichue tenue correctement !

Se retournant vers une des mannequins, elle lui lança :

- Toi, file te changer au vestiaire et rapporte moi cette robe immédiatement, (se retournant, elle s'adressa à toute l'équipe) On s'active ! Le premier qui traîne je vais lui faire comprendre ce que signifie le terme de « réduction de salaire » !

[…]

Quelques heures plus tard, Fang assise à l'arrière de sa berline noire conduite par un chauffeur, poussa un long soupir fatigué. Un coup d'œil à sa montre lui indiqua qu'il était près de vingt-deux heures, et sa journée venait à peine de se terminer. Elle avait mené le shooting photo, géré la conférence de presse, organisé le meeting à Paris, ville phare de la mode, avant de diriger l'équipe de stylistes ainsi que d'assemblage. Elle n'en pouvait plus. Jetant un morne regard par la vitre teintée de sa voiture, elle regarda les buildings défiler dans le ciel nocturne.

En cet instant silencieux et calme, elle ne désirait qu'une chose, un bon verre de vin rouge français et de la musique classique. Serrant son carnet émeraude contre elle, elle l'ouvrit pour regarder tout ce sur quoi elle travaillait. Il était la chose la plus précieuse qu'elle possédait représentait des mois et des mois de planifications. Tournant les pages une à une, elle parcourut du regard ces propres croquis, mais aussi ceux de sa sœur et de Hope. Ils étaient les deux seules personnes qui avaient le droit d'y toucher et d'y apporter leurs coups d'inspirations. S'arrêtant sur une photographie qu'elle avait prise au détour d'une ruelle, elle resta de longues secondes à observer cette ombre parfaite qu'elle n'avait pu rencontrer. Une jeune femme qui se détachait sur un ciel orangé, assombrissant sa silhouette au point de la rendre méconnaissable. Pourtant le jeu de couleurs était parfait et représentait le cœur de sa nouvelle collection.

Son téléphone dernier cri vibra sur le siège à côté d'elle, la coupant dans sa rêverie. Penchant légèrement la tête, elle le ramassa pour voir qui pouvait bien essayer de la joindre à une heure pareille.

Vanille. Elle aurait dû s'en douter.

« Allo ? »

« Hey Sis' ! C'est moi ! »

« Je sais, ton nom s'affiche. »

« Roooh c'que t'es rabat-joie ! C'était une façon de parler ! »

Fang esquissa un petit sourire, le deuxième de la journée. Le premier étant apparut sur son visage au moment où sa sœur cadette avait posé pour elle dans l'après-midi et que son œil averti avait vu juste. Elle était l'unique personne à pouvoir porter cette tenue.

« Excuse moi, Vanille, dure journée… »

« Au point que tu as oublié quel jour nous sommes ? »

« Euuh… »

« Fang » soupira la plus jeune avec un air de reproche.

« Mais quoi ? Je regarde jamais mon agenda, c'est toujours Hope qui me le donne au fur et à mesure !... Et je suppose que si ça avait été ton anniversaire il m'aurait fait le même cinéma que l'année dernière pour que je vienne à sa soirée surprise !... Et de toute façon ça peut pas être ton anniversaire vu que c'est le mois prochain… »

« Bien vu ! Ton raisonnement me surprend parfois ! »

« Hey » rit-elle.

« C'est TON anniversaire aujourd'hui, Fang… »

« Déjà ? »

« A la même date que l'année dernière et sûrement la même que l'année prochaine… Oui, c'est bien ça ! »

« Vingt-six ans… Mon dieu, je viens de prendre un coup ! »

« Ca te dirait qu'on aille manger toutes les deux quelque part tranquille ? »

« Et Hope ? »

« Sorti pour la soirée. »

« Pizzeria ? »

« J'y suis déjà. »

« J'arrive ! »

Raccrochant le téléphone, elle indiqua le changement de programme à son chauffeur qui vira à gauche dès que l'occasion se présenta à lui. Elle retournait dans les quartiers où elle avait grandi, moins beaux et rutilants que ceux qu'elle côtoyait aujourd'hui, mais animés et emplis de souvenirs. Cette pizzeria était l'endroit où Vanille et elle, avaient fêté le premier contrat de la brune. Son premier travail en tant que mannequin. C'était leur coin et elles aimaient s'y retrouver loin de l'agitation de leur vie au rythme effréné.

Quand la voiture s'arrêta et que Fang en descendit, grande, mince et magnifique dans ses vêtements dessinés sur mesure, tous les regards se portèrent sur elle. Des regards avides, envieux, admiratifs… Elle était loin de ceux méprisants qu'elle avait subis dans sa jeunesse. Des remarques et des moqueries dues à son accent et à la couleur naturellement bronzée de sa peau.

Aujourd'hui, on ne regardait qu'elle et on voulait être à sa place. Elle ferma la portière, faisant fi des curieux qui la dévisageaient pour, d'un petit sourire discret, se retourner vers la petite pizzeria dont le néon lumineux n'arrêtait pas de sauter. Un endroit qui ne payait pas de mine au premier abord mais qui, comme elle, dissimulait un joyau brut. Le gérant était un grand brun costaud et musclé qui atteignait très certainement les deux mètres, et possédait un sourire jovial.

- Aaah ! Miss Fang ! Ca faisait longtemps, lui lança-t-il.

- Oui, assez occupée dernièrement !

- Si vous revenez quand même ici, c'est le plus important ! Hey Lebreau, va prendre leur commande !

- Et pourquoi t'irais pas toi ? Lui répondit la cuisinière en lui envoyant un bouchon de bouteille qu'il esquiva.

- Je m'occupe de la caisse !

- Te fous pas de moi, Gadot ! Nous avons que deux clientes ! Va les servir !

- Ce qui prouve que tu n'as pas de boulot en cuisine, me fais pas croire que t'es débordée !

Vanille rit franchement devant la scène de dispute à laquelle Fang et elle étaient accoutumées. Ces deux là n'arrêtaient jamais, ce qui rendait cet endroit familial.

- C'est bon, c'est bon, j'y vais… Grogna le patron en évitant cette fois ci une louche qui le manqua de peu. Mesdemoiselles, qu'est-ce que je vous sers ?

- Pourquoi pas une coupe de champagne avant les pizzas, proposa Vanille en souriant.

- Ooooh ! Grande occasion !

- Pas vraiment, grommela Fang, amusée.

- Bien sûr que si ! Se défendit Vanille. C'est son anniversaire !

- Non ? S'étonna le gérant, LEBREAU ! Sors moi une bouteille de champagne, on va trinquer avec elles !

- Ma parole, tu rates jamais une occasion pour boire toi, lui répondit sa cuisinière.

Cette altercation fit rire de plus belle les deux jeunes stylistes, leur faisant momentanément oublier toute la pression qu'elles avaient à subir au quotidien.

[…]

Lorsque Fang et Vanille sortirent du restaurant une bonne heure et demie plus tard, elles s'arrêtèrent sur le trottoir en regardant la vie nocturne battre son plein. Ici, des voix s'élevaient un peu partout, de la musique retentissait alors que le monde évoluait. Fang esquissa un petit sourire.

- Je connais ce regard.

- Quel regard ?

- Ton regard !... Tu as l'inspiration ?

- J'ai envie d'aller me balader un peu.

Vanille sortit son appareil photo de son sac, dessiné par ses soins, accompagné d'un crayon à papier.

- Tu as ton trend book ?

Fang pointa son sac en cuir pendu à son épaule. Sac dont elle ne se séparait jamais.

- Tsss !... File t'amuser ! Moi je rentre.

La brune récupéra ce que sa petite sœur lui tendait en clignant des yeux, signe qu'elle la remerciait. Mais, alors qu'elle s'apprêtait à se retourner, la rouquine l'interpella.

- … Et encore joyeux anniversaire, Fang. Profite de ta soirée !

- Et toi repose toi, les photos d'aujourd'hui seront développées demain matin, si elles ne conviennent pas, tu seras mon unique mannequin !

- Ooooh non, geignit la plus jeune. Faites qu'elles soient parfaites !

Fang rit de bon cœur avant de l'enlacer et de la regarder partir. Lorsqu'elle vit qu'elle montait dans un taxi, à l'abri des agressions, elle se détourna et se mit à déambuler dans les rues. Ses souvenirs lui revenaient au gré des odeurs et des noms de rues qu'elle reconnaissait. Elle marcha longtemps, à la recherche de quelque chose ou quelqu'un pouvant réveiller son inspiration. C'était souvent de cette manière que naissait la mode. Un détail, un déclic, une photo prise au hasard ou un coup de crayon. Et Fang aimait s'y abandonner. C'était de loin la part la plus intéressante de son travail et celle qu'elle préférait. Pas d'ordres à donner, de gens avec qui s'accommoder, non… juste elle, son carnet à croquis et son crayon.

Marchant au hasard, elle atteignit le quai d'un train de ville. Elle s'assit sur un banc en levant les yeux, perdant son regard dans la multitude de lumières qui composaient la ville. C'était un spectacle reposant. Loin dans ses pensées, son attention fut soudainement attirée par une silhouette s'avançant lentement dans sa direction. Sur le qui-vive, elle vit que c'était une jeune femme quand celle-ci arriva à hauteur d'un lampadaire et que son visage lui fut révélé. Continuant sa marche, elle vint s'arrêter sous le porche à deux mètres de la brune, appuyant son dos contre la vitre annonçant les arrêts et croisant ses bras sur sa poitrine. Fang la dévisagea à la dérobée. Cette jeune femme, grande et mince devait mesurer près d'un mètre soixante et onze voire soixante douze d'après son œil avisé. Une taille mannequin. Elle possédait de longues jambes mises en avant par un short de couleur foncé et une veste sans manche blanche crémeuse, striée de ceintures de cuir. L'épaulette qu'elle portait à l'épaule gauche révélait son appartenance à l'armée ainsi qu'un grade que la jeune femme ne put identifier. Chose surprenante avec son style était la couleur de ses cheveux… Fang avait tout d'abord cru qu'ils étaient blonds avant de se rendre compte de leurs reflets roses pâles. Coiffés et ramenés sur une des épaules, ils rebiquaient sur son visage. Fang sentit son cœur s'emballer… Elle était là, son inspiration. Nuance de couleurs sombres et claires, le tout ajusté par une touche de rose ce soldat était l'incarnation même de sa prochaine collection automne.

Elle voulut l'aborder, mais le tramway choisit cet instant précis pour entrer en gare et s'arrêter devant elles dans un crissement de freins, la faisant revenir à la réalité.

Fang se leva d'un bond en la hélant.

- Héé !

La jeune femme aux cheveux roses coula un regard dans sa direction, découvrant une grande brune qui la fixait bêtement.

- Hum ?

- Je… est-ce que tu peux…

L'inconnue n'entendit pas la fin de sa phrase, la sonnerie annonçant la fermeture des portes retentissant à ses oreilles. D'un pas léger, elle sauta à l'intérieur du wagon alors que les portes en verre coulissantes se refermaient derrière elle. Elle jeta un regard à l'extérieur là où la brune se tenait toujours ne la lâchant pas du regard.

Le sergent se demanda pendant une infime seconde si elle la connaissait ou si par hasard elle lui avait fait quelque chose, mais le train se remit en marche et elle la perdit de vue.

[…]

Fang restait là, interdite sa main droite tendue en direction du wagon qui disparaissait. Son cœur battait la chamade sans raison apparente alors qu'elle revoyait les deux yeux bleus azur de la jeune femme qui venait de lui apporter l'inspiration.

Sa muse… C'était sa muse.

Peut importe les moyens ou le temps qu'il lui faudrait, il fallait qu'elle la revoit. Il fallait qu'elle lui parle… au moins qu'elle lui demande son nom.

Ce soir là, la brune resta des heures et des heures dans la pièce lui servant de bureau et de salle d'exposition de ses croquis dans son appartement. Sa main ne s'arrêtait pas, comme indépendante de sa volonté, elle dessinait croquis sur croquis, des tenues androgynes qui feraient fureur pour le début de l'hiver prochain… et qui auraient sied à merveille à cette jeune femme aux cheveux roses.

Deux mois s'écoulèrent ainsi sans que rien ne change vraiment dans le quotidien de Fang, si ce n'est qu'elle déviait plusieurs fois par semaine au détour de cet arrêt de tramway à la recherche d'un coup du destin qui lui aurait permis de la recroiser. Mais rien. L'incarnation de son inspiration qui lui apparaissait de plus comme un songe ne refit pas surface.

Vanille pénétra dans le bureau de sa grande sœur et accessoirement, patronne avec plusieurs vestes Gucci et Chanel qu'elle accrocha à un treillis dans un coin de la grande pièce vitrée. Elle aimait l'office de Fang : large, lumineuse, donnant sur une rue animée quarante étages plus bas.

- De nouveaux projets ? Demanda Fang sans lever les yeux de son travail.

Vanille s'approcha en croisant les bras.

- Les arrivées pour la collection des fêtes de septembre. On doit organiser le Gala d'ouverture à la présidence, à Washington. Il faut que tu sélectionnes les vêtements et les mannequins. Si j'peux me permettre, pour la série homme, je prendrais Noctis et Yuj et… Tu m'écoutes, oui ?

- Oui, oui, répondit-elle d'une voix absente en continuant son crayonné. Noctis et Yuj… quoi d'autre ?

La rouquine fronça les sourcils en se penchant.

- Et qu'est-ce que tu dessines ?...

Ecartant la main de sa grande sœur, elle dévoila un crayonné d'un portrait d'une jeune femme dont les cheveux longs retombaient sur une épaule tandis que ceux de devant rebiquaient élégamment. Le dessin en lui-même, était d'un réalisme à couper le souffle. Des détails aux expressions, la jeune styliste avait réussi à tout retranscrire : mettant en avant un nez fin et droit, des yeux durs et sévères et pourtant captivants.

- Ah, je vois… encore elle ?

Fang jeta son crayon devant elle en sifflant de frustration.

- Je comprends pas, Vanille… Elle… m'obsède !... A tel point que j'ai du mal à dessiner autre chose que des vêtements qui pourraient lui aller…. C'est énervant…

- Ce sont tes conquêtes qui ne vont pas être contentes si tu leur choisis une favorite.

La brune soupira.

- Tu vas me faire une mauvaise réputation…

- Ah, peut-être, mais c'est pas moi que l'on voit tous les soirs au bras de quelqu'un de différent.

Son vis-à-vis garda le silence.

- Tu essaies de te prouver quoi ?

- … Que je ne dois mon talent et mon inspiration qu'à moi-même.

Vanille esquissa un petit sourire.

- Difficile à croire quand on sait que ton bureau n'est empli que de dessins de ce soldat… Plutôt réussis d'ailleurs.

- Je sais, grogna-t-elle.

- Tu m'as toujours enseigné que l'inspiration venait du moindre petit détail, du moindre battement de cil… Les crayonnés que t'apportent cette jeune femme sont loin d'être mauvais…

- Hum…

- Tu l'as recroisé depuis ton anniversaire ?

- Non. Elle est introuvable. Et j'peux pas me pointer à la base militaire la plus proche en demandant « Hé soldat ! Vous auriez pas une recrue avec des cheveux roses par hasard ? »

- Pourquoi pas ?

- Vanille !

Leur mini-dispute aurait pu continuer encore un petit moment si Hope n'était pas apparut à l'embrasure de la porte avec un air désolé.

- Fang ?

- Oui ?...

- Téléphone sur la ligne deux, c'est le responsable de couture pour le défilé hiver.

- Très bien, merci.

Posant une main sur le téléphone posé à sa gauche, elle lança un regard à sa sœur cadette qui d'un léger mouvement de tête lui fit comprendre qu'elle retournait travailler, mais que leur discussion n'était pas terminée. Dans un petit soupir, Fang décrocha.

- Présidente de la Oerba Corporation à l'appareil, je vous écoute.

[…]

Toujours pendue à son téléphone portable - ou plutôt l'un de ses nombreux téléphones portables -, Fang marchait vers le studio numéro quatre pour les retouches coutures et les discussions à propos des mannequins. Suivant l'avis de sa petite sœur elle venait d'en auditionner toute une panoplie. Les hommes avaient été les plus faciles à choisir, on ne leur demandait pas grand-chose, mis à part être : grands, beaux et musclés. Ils devaient posséder de belles courbes et de préférences des épaules assez larges tout en gardant l'élégance de la linéarité de leur corps pour pouvoir mettre en avant n'importe quel costume ou tenue de prêt-à-porter.

Les femmes représentaient une autre paire de manche. Elles devaient être grandes et belles, certes, mais elles devaient avoir de l'allure, une démarche gracieuse, des yeux à tomber maquillés ou pas. De plus, Fang était extrêmement exigeante quant au choix de ses mannequins féminins, ses préférences allant clairement pour ce sexe plutôt que l'autre. Elle ne touchait jamais une de ses recrues, non, elle était très professionnelle, mais elle savait se mettre à la place des hommes et des jurys pour savoir ce qui plairait. Le plaisir des yeux avant tout…

Fang suivait comme tout styliste qui se respectait certains codes, comme ce qu'ils appelaient entre eux « la chasse aux idées », qui commençait dans les salons et les défilés. Ses préférés restants ceux de Paris, Milan et Florence, l'ancien continent la ravissait et l'émerveillait. D'ailleurs, il fallait qu'elle se souvienne qu'elle devait s'envoler pour Londres le mois prochain, un vieil ami du milieu de la mode et des couvertures de magazine, l'ayant invité à un gala mondain. C'était une bonne occasion d'aller voir ce que les Anglais avaient à lui apporter comme idées, avant de faire un crochet par la capitale française… et pourquoi pas par Munich aussi.

Raccrochant son téléphone, elle n'eut pas le temps de souffler qu'Hope était déjà sur ses talons pour lui présenter sur l'écran de son téléphone portable une nouvelle qui venait d'être publié sur le web. Fang ralentit son allure en regardant l'article qu'il lui indiquait.

« Une nouvelle égérie pour la Cocoon Institute ! »

La jeune présidente poussa un petit soupir à peine audible pour son assistant.

- S'ils essaient de nous déclarer la guerre avec ça, ils manquent cruellement de moyens… Ils vont bien s'amuser à retoucher les photos. Et puis… avant de trouver un mannequin, ils feraient mieux de créer des tenues qui se vendent ceux là.

Hope esquissa un petit sourire.

- Fang ?

- Quoi encore ?

- Avez-vous décidé de qui sera notre égérie pour l'année prochaine ?

- … Pas encore.

Voyant le ton cassant qu'elle venait d'employer, il n'insista pas, se contentant de noter ses moindres mots et paroles, tout cela en anticipant au maximum ses réactions. Il était habitué à ses réactions et aimait l'énergie qu'elle mettait dans son travail. S'il devait définir leur relation, en plus d'être son mentor, elle était son idole. Forte, inébranlable, elle dirigeait son entreprise d'une main de fer, et ce, malgré son jeune âge.

Elle était tout ce à quoi il aspirait dans le futur.

[…]

Encore une fois assise à l'arrière de sa voiture formelle qu'elle utilisait pour ses déplacements, Fang laissa sa tête partir en arrière en fermant les yeux. Elle se ferma à tout pour se focaliser uniquement sur l'air de musique classique qui résonnait dans l'habitacle. La Nocturne de Chopin… un de ses morceaux préférés. Il l'apaisait et lui offrait un peu de répits après sa journée chargée.

Brisant alors le silence, elle s'adressa à son chauffeur.

- Rygdea ?

- Oui, Madame ?

- Pourriez vous m'emmener à l'endroit habituel ?

- Bien, Madame.

Elle esquissa un petit sourire en refermant les yeux.

- Merci.

Plongée de nouveau dans sa musique, le trajet lui parut plus court qu'à l'accoutumé tandis que la voiture s'arrêtait au bord d'un trottoir. Le chauffeur descendit pour lui ouvrir la porte avant qu'elle ne s'extirpe avec grâce du véhicule.

- Voulez vous que je vous attende ?

- Non… tu peux rentrer. Je vais prendre quelques photos. Je rentrerai en taxi…

- Mais… Madame. Ca ne me rassure pas de vous laisser seule ici, vous savez…

Elle sourit. Rygdea était un ami avant d'être un employé.

- Ne t'en fais pas, je connais bien le coin.

- J'insiste.

- Bon… bon, très bien. Attend moi ici, tête de mule !

Il afficha un petit air satisfait.

- Mais ne te plains pas que je sois longue !

- Bien, madame.

Lui accordant un petit regard mi-amusé, mi-réprobateur, elle le laissa là pour aller visiter des rues qu'elles n'avaient pas encore eu l'occasion d'explorer. Une manière détournée de retarder son arrivée au quai nommé 'Etro' où elle l'avait rencontré pour la première fois. Cet arrêt qui représentait ses espoirs les plus fous, mais de trop nombreuses déceptions ces derniers mois.

Elle tourna à droite, dans une rue assez étroite en sens unique menant vers une église, jetant un regard au panneau indicateur elle lut « Place Gran Pulse », Eglise Notre-Dame. Elle esquissa un petit sourire en songeant que cet endroit devait être une ancienne colonie française. La brune s'avança pour faire face à l'imposante cathédrale qui se dressait dans la nuit, parfaitement mise en valeur et rénovée par la municipalité. Des spots lumineux à ses pieds et des lampadaires un peu partout en faisait un endroit agréable. Elle sortit son carnet à dessin, cherchant un certain angle pour apprécier le jeu de couleurs avec les vitraux immenses qui ressortaient légèrement.

Concentrée sur son travail, elle ne vit pas la bande de cinq jeunes hommes légèrement éméchés qui marchaient dans sa direction. Ce ne fut que quand le premier de la bande la héla en lui demandant ce qu'une jeune femme aussi charmante qu'elle faisait seule dans ce quartier, qu'elle sursauta. Elle se redressa, remerciant son intelligence de n'avoir pas mis des talons ce soir mais de simples bottines en cuir. Elle leur fit face avec un regard noir alors qu'ils approchaient toujours. Quiconque de lucide et ayant des notions d'arts martiaux aurait remarqué le placement idéal de sa jambe droite un peu en retrait, ainsi que le positionnement de son corps partiellement de profil. Fang était loin d'être une femme faible. Elle avait vécu des heures sombres qui lui avaient appris à se défendre par elle-même.

Son attention focalisée sur ses adversaires qui l'entouraient peu à peu elle ne remarqua la personne qui s'interposa entre elle et eux que quand celle-ci sembla apparaître sous ses yeux. Légèrement décontenancée par cette attitude noble et cavalière, son sang ne fit qu'un tour quand elle réalisa que son chevalier servant - qu'elle ne voyait que de dos – avait les cheveux roses et des galons militaires sur son épaule gauche.

- Oh, Fit l'un des bruns en s'adressant à la nouvelle arrivante, tu veux aussi te joindre à nous, chérie ?

Le soldat sembla se crisper.

- 'Chérie' ? Répéta-t-elle.

Fang frissonna à l'entende de sa voix grave et assurée. Elle avait longtemps essayé d'imaginer quel type de voix elle aurait pu avoir, mais l'entendre lui procurait une étrange sensation au creux de l'estomac. Plusieurs nuances de sons semblaient jouer dans chacun de ses mots quand elle leur dit calmement de faire demi-tour. Une voix féminine mais loin d'être fluette, forte mais relativement douce et posée…

- Si on en reste là, je vous promets qu'il ne vous arrivera rien, fit-elle.

- Ah oui ? S'amusa son adversaire. Et sinon, il nous arrivera quoi ?

Il avança d'un pas. Un seul. Il n'aurait jamais du. A la seconde même où il posa son pied devant l'autre, la jeune femme aux cheveux roses lui décocha un coup de pied rotatif dans l'épaule qui l'envoya au tapis avant d'un mouvement si rapide que Fang eut du mal à la suivre, se rapprocher de ses autres adversaires pour en plier un d'un coup de poing au creux de l'estomac, l'autre l'envoyer au paradis d'un uppercut dans le menton. Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, elle termina le combat qui s'est déroulé en un battement de cœur en s'occupant du quatrième d'un coup de pied chassé dans le genou. Coup de pied qu'il du sentir passer vu son hurlement de douleur et le craquement sinistre qui retentit dans la nuit.

Elle s'arrêta devant le dernier qui tremblait de tous ses membres.

- Toi… appelle les pompiers, je crois qu'ils vont finir leur soirée aux urgences.

- Je… Je…

- Et si j'étais toi, je me dépêcherais, ton ami à une fracture de la jambe là bas. Et crois moi, c'est loin d'être agréable.

Se détournant en suivant de la scène de combat, elle fit signe à la brune de la suivre pour ne pas rester sur les lieux, des témoins arriveraient bientôt et il valait mieux éviter un scandale. Fang approuva son idée et ramassa son sac avant de s'élancer derrière elle, des images de la scène qui venaient de se jouer défilant encore devant ses yeux. Son inconnue était en réalité plus que belle et froide, elle dégageait un charisme et une aura qu'elle n'avait encore jamais rencontrée.

- Hé ! Lui lança-t-elle. Pourquoi es-tu intervenue ?

L'intéressée haussa un sourcil en coulant un regard azur dans sa direction.

- Parce que c'est mon boulot de protéger les civils ?

- Je pouvais très bien m'en sortir toute seule !

- Ah oui ?

- Oui, parfaitement. (Elle marqua une courte pause) Et puis… comment tu t'appelles d'abord ?

- Pourquoi tu veux savoir ?

- Tu réponds toujours aux questions qu'on te pose par d'autres questions ou c'est juste pour m'énerver ?

- Hun.

Fang la détailla des pieds à la tête.

- Encore mieux comme réponse...

- C'est comme ça que tu me remercies de t'avoir sauvé ?

- Je ne t'avais rien demandé.

La jeune femme aux cheveux roses poussa un soupir entendu, faisant esquisser un petit sourire malicieux à son vis-à-vis. Elles marchèrent en silence, Fang laissant le loisir au soldat à ses côtés de le rompre la première. Ce qu'elle fit au bout d'un moment.

- Lightning.

La brune mit une fraction de secondes à comprendre, avant de lui accorder un sourire resplendissant qui surprit son opposante.

- Enchanté ! Moi, c'est Fang.

- Hum.

- Mais c'est assez étrange comme nom… C'est ton vrai ?

- Celui dont tu te contenteras.

- Okay, okay… Ca me va. T'habite par ici ? Lui demanda-t-elle pour changer de sujet.

- Non.

- Alors qu'est-ce que tu fais là ?

- Ma petite sœur habite ici, c'est tout. Je viens leur rendre visite à elle et à son stupide fiancé, de temps en temps.

Cette remarque fit esquisser un nouveau sourire en coin à la brune.

- T'as l'air de le porter dans ton cœur le fiancé, dis moi !

- Tu n'as pas idée.

Tout en marchant rapidement, elles traversèrent quelques rues dont Fang ne retint pas les noms, se contentant de suivre son guide qui semblait bien connaître le chemin. Elles finirent par déboucher sur une rue plus large que les autres, ressemblant à un boulevard à double voies. Boulevard que la brune reconnut immédiatement comme étant celui qu'elle empruntait à chaque fois qu'elle venait dans le coin. La dénommée Lightning semblait avoir un très bon sens de l'orientation.

Elles rejoignirent l'arrêt de tramway où elles s'étaient rencontrées il y avait deux mois de cela. A cette vision, Fang sentit son pouls battre à nouveau avec plus d'intensité qu'à l'ordinaire. Etre ici signifiait une chose : se dire au revoir, voire adieu. Il fallait qu'elle trouve un moyen pour la retenir, n'importe quoi.

Elle jeta un regard à sa compagne de voyage qui lisait le panneau lumineux pour savoir dans combien de temps arriverait le prochain train en direction du centre ville.

- Combien de temps ? demanda-t-elle négligemment, histoire de voir quelle marge elle avait pour trouver une idée.

- Hum… dix minutes. On a un peu de temps.

- Ca me va, à part si ça te dérange de passer dix minutes avec moi, ricana-t-elle, provocatrice.

- Non, c'est bon, répondit-elle en venant s'asseoir à ses côtés sur le banc en bois.

Un court silence s'installa que Fang brisa presque instantanément.

- T'es soldat alors ?

- Oui.

- Dans quel corps ?

- Garde Civile.

- Oh ! Noble cause, remarqua-t-elle.

- Et toi ?

Fang afficha un petit air sournois, preuve qu'elle s'amusait énormément.

- Tu ne me reconnais vraiment pas ?

Son opposante porta son regard sur elle, plongeant ses yeux d'un bleu parfait et limpide dans ceux émeraude de la brune. Celle-ci sentit son cœur bondir de joie contre sa poitrine, tandis que tout son corps se réchauffait, surtout à des endroits où il n'aurait pas dû. Un diamant brut… Lightning était un diamant brut. Une personne à la beauté et à la grâce naturelles. Sans même s'en rendre compte ou le savoir, elle dégageait une assurance et un charisme faramineux. Elle représentait tout ce que Fang avait toujours cherché chez ses mannequins. Ce quelque chose en plus… cette profondeur et cette intégrité qu'elle voyait luire au fond de ses prunelles.

La jeune sergente semblait essayer de lire dans son regard et paressait légèrement perplexe.

- Tu me dis quelque chose en effet…

- Je te dis quelque chose, ricana la brune. C'est tout ?

Elle afficha un petit air mécontent en fronçant les sourcils à la moquerie de celle qu'elle avait sauvé.

- Quoi ?... On se connait, c'est ça ?

Fang sentit son sourire s'élargir alors que d'un regard charmeur qui déstabilisa son vis-à-vis, elle lui répondait.

- Non, mais ça ne me dérangerait pas qu'on se connaisse à l'avenir.

- … Ce n'est pas une réponse.

- Alors, je vais essayer de te faire deviner, s'amusa-t-elle.

- Hun ?

- La Oerba Corporation ça te dit quelque chose ?

- Oui.

- En même temps, si tu n'avais jamais entendu ce nom c'est que tu vis vraiment dans un trou !

Lightning ne releva pas la moquerie.

- Et ?

- Qu'est-ce que ça représente pour toi ?

Elle sembla réfléchir une minute, offrant à la styliste le loisir d'observer une nouvelle expression sur son visage fin et bien dessiné.

- Le monde de la mode, finit-elle par dire. Serah aime beaucoup leurs collections et ne cesse de se lamenter sur les prix…

- Serah ? Releva Fang.

- Ma sœur.

- Elle a bon goût !

- Oui. Et donc ?

- Et… Si je te disais que j'en suis la présidente, tu me croirais ?

Là pour le coup, le soldat afficha un air surpris et reportant son regard sur la brune qui lui offrait un sourire en coin.

- Qu'est-ce que tu fais ici, alors ?

Plongeant son regard dans le sien, elle lui dit avec un sérieux à couper le souffle des mots que Lightning eut du mal à cerner.

- Je cherchais 'mon' inspiration.

Le tramway arriva dans une sonnerie évocatrice, mettant fin à leur lien visuel. Fang, tout comme Lightning sembla revenir sur terre, éberluée. Le sergent secoua la tête de droite à gauche pour chasser cette étrange image qu'elle venait d'avoir. Elle ne comprenait pas ce qui venait de se passer, mais devait reconnaître que c'était assez déconcertant.

Elle se leva pour monter dans le wagon.

- Attend Lightning !

L'intéressé se retourna.

- Hum… Ca te dirait d'aller manger une pizza ?

La jeune femme aux cheveux roses haussa un sourcil.

- T'as vu l'heure ?

- Je te l'offre… pour te remercier de m'avoir sauvé.

- Tch. Et toi qui disais que tu pouvais t'en sortir seule…

- Les riches savent se montrer reconnaissants, rit-elle, arrachant pour la première fois une ombre de sourire au soldat.

Cette nouvelle expression ravit la brune. Elle comptait bien avoir droit à d'autres comme celle la. Elle n'allait pas lâcher la jeune femme aux cheveux roses de si tôt.


Alooooors ? Qu'en avez vous pensé ? =D
Ca change de d'habitude, n'est-ce pas ?