Toi, moi et ce qui est éternel
Ceci est la première partie d'une fic consacrée au couple de Phoenix et Iris. Je le trouve magnifique et j'adore pouvoir approfondir autant les pensées d'Iris.
Quoiqu'en pensent certains, c'est un personnage plus complexe qu'il n'y paraît. Tiraillée entre l'amour pour sa soeur jumelle, qui est un lien très fort, elle tombe amoureuse malgré elle d'un parfait inconnu, maladroit et adorable, qui a entre ses mains le sort de sa jumelle.
Elle est donc passée par des épreuves très dures et est pour moi un personnage rêvé. Encore faut-il pouvoir explorer ses multiples facettes. Ceci est la première partie de mon os.
J'espère que vous l'apprécierez (même si il y a peu de lecteurs, XD)
Kimmy
Résumé : Le monde est fait d'opportunités faites pour être saisies et choix douloureux à faire. C'est une éternel boucle en forme de huit où tout se répète et reprend forme. L'amour est un sentiment qui n'échappe pas à la règle...
Par amour, elle avait tout sacrifié. Sa famille, pour commencer. Elle avait accepté sans broncher l'indifférence de ses parents, sans même se rebeller.
Bien plus tard, elle avait réalisé que c'était elle qui avait eu de la chance, et non Dahlia. Iris avait eu une vie, par bien des aspects, morne, loin de toute civilisation, cloitrée dans un temple sur un haute montagne, tandis que Dahlia vivait un quotidien trépidant et luxueux avec son père, sa belle-mère et sa demi-soeur.
Mais avait-elle seulement reçu une once d'amour ? De Valérie peut-être, mais l'écart d'âge était peut-être un peu important ainsi que l'incompréhension et Iris aimait à penser que cette raison aidait à « excuser » à Dahlia le meurtre de sa propre demi-soeur.
Quant à sa belle-mère, Iris ne la connaissait pas du tout et s'abstenait donc d'en juger. Ce qui était sûr, c'est que cet homme, que Dahlia avait haïe au point de le trahir en lui volant un gage de sa fortune, leur père, n'avait été qu'un homme sec et incapable de sentiments. Il savait seulement tromper son monde pour obtenir ce qu'il voulait.
Oui, dans un sens, Iris avait eu infiniment plus de chance que Dahlia. L'amour de Sœur Bikini, qui l'avait élevée, avait été inconditionnel.
Ensuite, Iris avait déchiré et lacérer son intégrité de part en part pour sa soeur.. Elle n'avait plus pu dormir sur ses deux oreilles après cette sordide affaire de vol de bijou. Elle n'avait jamais oublié la fin funeste du petit ami de Dahlia.
Ainsi, elle avait également perdu la tranquillité d'esprit d'une jeune fille de quatorze ans, acquérant une maturité précoce et douloureuse face à la réalité.
La cruauté du monde l'avait giflée, laissant une marque rouge sur son visage et son cœur. Toute la laideur de l'âme lui était apparue brusquement en la personne de sa propre soeur jumelle et elle n'avait pût empêcher le frisson d'effroi qui l'avait parcourue à cet instant précis.
Malgré tout, prostrée dans le Temple Hazakura, elle avait pût peu à peu retrouver un peu de sa candeur naturelle. Sa naïveté demeurait intacte, preuve que si ces actes l'avait touchée, son désir de garder son âme intacte et saine la sauvait de la déchéance.
La survie de sa soeur y était peut-être pour quelque chose. Car Iris avait été immensément soulagée d'apprendre que Dahlia, déclarée morte, était en vie. Elle savait que la rouquine ne souciait pas d'elle mais n'osait pas s'en méfier. Elle était sa soeur de sang et ce fait comptait plus que n'importe quel lien au monde. Rien ne lui semblait plus pur et éternel que cet amour fraternel, cette compassion qu'elle ressentait et qui la poussait à désirer voir sa soeur revenir sur le droit chemin.
Elle ne songeait pas un instant, qu'un jour, Dahlia puisse lui faire du mal sciemment. Non, mais elle était consciente que si elle le faisait un jour, la rouquine considèrerait cela comme un mal nécessaire.
Aussi, lorsque Dahlia fut mêlée à nouveau à l'affaire du vol et eut tuer sa demi-soeur, Iris espérait de toutes ses forces que sa soeur échapperait à la justice. Pas seulement pour ne pas subir la peine infligée dans cette affaire, mais aussi pour qu'Iris ait une chance de la convaincre de se repentir.
Mais quand le meurtre de l'ancien petit ami de Dahlia et la tentative d'assassinat contre Diego Armando, Iris prit réellement peur. Avec trois meurtres et un vol à son actif, Iris prenait de plus en plus conscience que sa jumelle devenait extrêmement dangereusement et que commettre un quatrième meurtre ne la dérangerait aucunement.
Et lorsque Dahlia lui confia son intention de tuer à nouveau, Iris ne pût s'empêcher de protesta avec ferveur. Dahlia s'était assez sali les mains. De plus, la police la surveillait de près et, cette fois-ci, il serait plutôt difficile d'échapper à sa vigilance. Dahlia se plia à contre-cœur à ce dernier argument sans failles. Et eut une idée. Iris allait se faire passer pour la rouquine auprès de cet imbécile à qui elle lui avait confié le collier contenant le poison.
Iris ne trouva rien à redire. Une teinture rousse, à défaut d'une perruque car les deux jeunes femmes pensèrent qu'elle pouvait facilement être enlevée, et les habits adéquats et Iris était fin prête. Elle promit de récupéré au plus vite le collier et de trouver un prétexte adéquate.
Le premier rendez-vous avait lieu au cinéma. Iris devait retrouver le jeune homme devant le guichet. Elle arriva quelques minutes en retard et donc n'eut pas à attendre très longtemps. Aussitôt un grand jeune homme s'avança vers elle, le sourire aux lèvres.
Iris angoissait un peu. Elle ne savait pas du tout quoi lui dire. Si sa sœur était douée pour avoir une vie sociale, pas elle. Iris était plus réservée, plus timide que Dahlia.
Mais, à sa grande surprise, la brune n'eut aucun à trouver quoi dire au jeune homme, Phoenix. Ce dernier, après un temps d'hésitation, l'embrassa sur le front. Aussitôt, Iris le trouva tout à fait charmant :
« Salut, dit-il, tu...Tu n'as pas eu trop de mal à venir ici ? »
Iris se rappela ce que sa sœur lui avait dit. Dahlia avait dit à Phoenix que le cinéma était un peu loin de son appartement d'étudiante mais avait refusé la proposition de Phoenix de passer la chercher et lui avait dit qu'elle se débrouillerait pour qu'un ami la dépose :
« Oh ! Euh, non, ça a été. Finalement, j'ai pris le bus, précisa Iris.
- Ah, tant mieux. Quand je ne t'ai pas vu arriver, j'ai eu un peu peur que tu n'aie pas trouver de moyen pour venir ici à part à pied, avoua Phoenix.
- Oui... »
Iris était gênée et il lui semblait que Phoenix n'en menait pas large. Le jeune homme coupa court en lui proposant de rentrer out de suite dans la salle puisqu'il avait déjà pris les billets d'entrée.
Au final, le rendez-vous se déroula on ne peut mieux. Phoenix avait choisit un film comique et Iris ne pouvait s'empêcher de sourire à chaque plaisanterie tandis que Phoenix riait franchement. La jeune femme se surprit à s'amuser réellement et à se détendre, même quand Phoenix posa sa main sur la sienne.
Quand quelques heures plus tard, Iris rentra chez Dahlia, elle avait passé une excellente soirée et avait complètement oublier de demander le collier à Phoenix. Ce denier lui avait d'ailleurs dit qu'il l'avait laissé chez lui pour la soirée.
Le maillon liant la chaîne dorée au pendentif menaçait de casser et il comptait le réparer à l'aide d'une pince spéciale, come lui avait expliquer une amie étudiante en art, comme lui, fan de breloques et autres perles que l'on pouvait associer pour former de superbes parures à la mode. Elle lui avait même prêter la dite-pince et un petit catalogue explicatif.
Phoenix avait alors plaisanté. Heureusement qu'il était en arts, il était donc assez habile de ses mains et ne laisserait personne réparer l'objet si ce n'était pas absolument nécessaire.
Iris s'était débarrassée de son ombrelle sur la table, veillant à ce qu'il ne tombe pas par terre, et observa l'appartement. C'était un lieu comme tant d'autres loués aux étudiants.
Petit, il était pourtant ce que certains élèves appelaient le must. Il était ainsi un peu plus spacieux, toutes les pièces, à part la cuisine qui était ouverte sur le salon, avaient des cloisons fermées et rien n'était entassé, chaque objet ayant sa place. Merci à l'argent de Père, pensa sombrement Iris :
« Alors, tu l'as ? »
Iris sursauta. Dahlia, vêtue d'un peignoir de bain blanc, se tenait dans l'encadrement de la orte de la salle de bain. Ses cheveux mouillés gouttait sur le carrelage :
« Hum, non, je ne l'ai pas. Mais, il ne l'avait pas apporté, expliqua précipitamment Iris.
- Il ne l'avait pas sur lui ?
- Non, d'après ce qu'il m'a dit, un maillon de la chaîne...
- Viens au fait, s'impatienta Dahlia.
- ... allait casser alors il l'a laissée chez lui pour la réparer plus tard, continua Iris.
- Et ensuite ? »
Dahlia se laissa tomber sur le sofa crème et e mit à jouer distraitement avec ses longs cheveux :
« Ensuite, quoi ? demanda Iris, perplexe.
- Il est aussi niais et stupide que je le pensais ? S'amusa Dahlia. »
Iris grimaça. Phoenix n'était pas niais. En fait, elle trouvait à cet instant ce mot encore plus laid qu'à l'ordinaire. Trop laid pour qualifier à lui tout seul la personnalité de Phoenix. Il n'était pas niais. Il était adorable et gentil. Il l'avait tout de suite mise à l'aise. Un peu naïf aussi. Toujours est-il qu'à cet instant même, elle détestait cet adjectif « niais » :
« Je ne dirais pas ça... murmura Iris avec réticence.
- Alors tu dirais quoi, toi ? Imbécile et bête ? Ironisa Dahlia. Ca peut marcher aussi. »
Iris baissa les yeux. Elle n'aimait pas ça. Dahlia rabaissait Phoenix alors qu'elle ne l'avait qu'une seule fois. Cette constatation la choqua ainsi qu'une autre. Elle n'avait passé qu'une soirée avec Phoenix et elle le défendait ?
Cela lui parut plutôt saugrenu mais elle mis ça sur le compte de l'excellente soirée qu'elle venait de passer en sa compagnie et de sa désapprobation vis à vis du comportement cynique de Dahlia.
Le lendemain, Phoenix et Iris se virent à nouveau. Et le surlendemain. Et très souvent par la suite. Normal, pour un couple. Pas si normal que ça quand Dahlia elle-même n'était pas au courant de ses fameux rendez-vous. Iris voyait Phoenix beaucoup plus que nécessaire. Heureusement, elle s'assurait toujours que Dahlia ne soit pas dans les parages pour que Phoenix ne découvre pas la supercherie.
Soeur Bikini taquinait Iris à ce propos. Ses fréquentes sorties avaient mis la puce à l'oreille à la none qui laissait souvent sous-entendre qu'un garçon se cachait là-dessous. Iris rougissait alors à vue d'œil mais préférait ne rien répondre ou détourner la conversation.
Bizarrement, Soeur Bikini n'avait rien trouver à redire à sa teinture. Elle la trouvait au contraire très jolie même si, elle devait l'avouer, elle préférait les long cheveux noirs de sa protégée.
Souvent, Phoenix la conduisait à travers la ville et même en dehors, dans d'autres métropoles. Un jour, alors que le printemps était plus chaud qu'à l'ordinaire si bien que l'on aurait pu se croire en été, il l'emmena dans une vile balnéaire.
Ils avaient été marché sur la plage et s'étaient arrêter sur la terrasse d'un café où on leur avait servi deux glaces et deux boissons fraîches. Gardant les boissons au frais dans le sac-à-dos/glacière de Phoenix, ils avaient mangé leur glace tout en déambulant le long de la promenade déserte, s'arrêtant de temps en temps devant les vitrines des magasins de souvenirs ou autre.
Iris adorait ces sorties. Et Phoenix était toujours jovial et charmant. Il lui racontait souvent son désir de devenir avocat et comptait bien obtenir son diplôme d'arts en même temps. Mais pour cela, il fallait qu'il travaille beaucoup et il lui confiait parfois que ce n'était pas facile tous les jours de jongler entre ses études et son boulot.
Dans ces moments-là, Iris était dans une impasse. Comment lui raconter ses études en littérature quand c'était Dahlia qui y assistait ? Lors, comme avec Sœur Bikini, elle détournait la conversation. A son grand soulagement, Phoenix ne se rendait compte de rien. Il était amoureux de « Dollie ». Cela se voyait quand il lui adressait la parole et lui demandait si elle allait bien, si elle n'avait besoin de rien, etc.
Enfin, un soir, la nuit étant tombée, Phoenix voulut la raccompagner jusqu'à chez Dahlia. Iris hésita. Dahlia devait être chez elle à cet heure et n'était pas au courant que Phoenix et elle se voyait aujourd'hui. Malgré tout, ne trouvant pas d'excuse valable, elle accepta.
Sur le chemin, comme à son habitude, Phoenix et elle se tenait la main. En cours de route, ils croisèrent un ami de Phoenix et s'arrêtèrent pour lui parler quelques instants. Ce jeune homme était dans la même classe et ils se mirent à bavasser gaiement :
« Alors, tu as pris quel sujet ?
- Celui au pastel...
- Oh, c'est vrai ? Moi, j'ai préféré l'ordi. Je pense que je vais faire un décor en 3D.
- Ça devrait être génial ! »
L'homme se tourna ensuite vers Iris et marqua une pose sur sa main liée à celle de Phoenix :
« Oh ! Mais tu ne m'avais rien dit, cachotier, va, rit le camarade de Phoenix que ce dernier avait présenté comme s'appelant Tom. Si j'avais su, je n'aurais pas autant insisté pour te présenter ma cousine !
- Oh, euh, oui... »
Phoenix semblait soudain gêné. Quant à Iris, elle était interloquée. Phoenix n'avait tout de même pas accepter, si ? Non, pas lui. Il était le seul homme à qui elle pouvait faire confiance. Son père et tous les autres l'avait lamentablement abandonnée. Il l'aimait, non ?
Et ce fut comme si on venait de la frapper en pleine poitrine. Ou peut-être était-ce son cœur qui avait raté un battement. Non, Phoenix ne l'aimait. Pas Iris en tous cas... Il aimait « Dollie ». Mais ça n'aurait pas dû la gêner outre mesure, au contraire !
Alors pourquoi sentit-elle ses yeux n'humidifier légèrement ? Ce sentiment furtif mais sincère... Cette impression de perdre le contrôle de tout et de ne plus pouvoir revenir en arrière... Il ne l'aimait pas, au fond... Tom s'empressa aussitôt de préciser :
« Mais ne vous inquiétez pas, hum...Dahlia, c'est ça ? - Iris acquiesça – OK, il n'a absolument pas voulu. Pour tout vous dire, je le trouvais bien catégorique, confia Tom, mais, maintenant, je comprends ! »
Tom lança un regard appréciateur à Iris. Phoenix passa un bras possessif autour des épaules de « Dollie » et dit aussitôt, avec un rire un peu forcé :
« Laisse tomber, Tommy, tu n'as aucune chance. »
Les deux amis se quittèrent et le couple continua sa route. Iris, perdue dans ses pensées, ne vit pas le pli soucieux barrant le front de Phoenix. Ils tournèrent au coin d'une ruelle étroite et il en profita pour lui reprendre la main et l'arrêter :
« Tu sais, pour tout à l'heure...
- Ce n'est rien Feenie...
- Non, ce n'est pas rien ! »
Iris s'immobilisa. C'était la première fois que Phoenix n'élevait qu'un tant soit peu la voix. Dans une mouvement de surpris, elle avait lâché sa main. Elle l'observa plus attentivement. Dans l'obscurité, il parut plus imposant qu'en pleine lumière. C'était impressionnant de voir comme l'obscurité le changeait.
Malgré tout, ses yeux bleus luisait dans la pénombre. Ils fixaient Iris avec tant de détermination qu'elle frissonna. Il faut dire que le tissu rose sur ses épaules ne la couvrait pas beaucoup. Il s'avança vers elle et emprisonna ses deux mains dans les siennes.
Elle trembla à nouveau ce qu'il remarqua. Il la prit dans ses bras. Calée contre sa poitrine, elle ne résista pas et glissa sa tête dans le cou de Phoenix. Une suite sans fin de questions sans réponses jaillir dans sa tête. Tant d'interrogations qui la désespérèrent.
Au creux de l'obscurité, deux âmes enlacées mais perdues à jamais. Ce qu'ils étaient et resteraient. Iris ne le savait à présent que trop bien. Et elle se mit à sangloter silencieusement en réalisant que Phoenix l'apprendrait un jour à ses dépends. Qu'un jour, il serait malheureux à cause d'elle et ne le lui pardonnerait pas. Ce n'était pas une prémonition, c'était un état de fait, inévitable.
Phoenix quant à lui ne savait plus quoi penser. Il était désemparé face à la détresse de « Dollie » et s'en voulait. Il s'attribua sans trop le savoir ni le vouloir le désespoir d'Iris. Il détesta ce qui la poussait à pleurer. Il détesta le monde entier qui chaque jour pouvait leur faire du mal. Il se détesta lui-même d'être aussi médiocre à l'égard une femme aussi belle et douce.
Avec douceur, il leva le menton d'Iris et essuya ses joues avant de chuchoter :
« Tu sais... Enfin, je ne voulais pas te faire pleurer. Pardon, Dollie, pardon...
- Ne t'excuse pas...
- Si, je n'aurais pas du être si brusque. »
C'était leur première dispute. Elle avait été extrêmement courte et ne s'était tenue qu'à quelques mots et une désapprobation brutale. Mais ce brusque revirement et la fatigue avait soudain eut raison d'Iris et avait déconcerté Phoenix. Ce soir-là, ils se quittèrent devant la porte Dahlia qui, heureusement, était couchée à ce moment-là.
Iris téléphona aussitôt à sœur Bikini d'une cabine téléphonique. Elle fut soulager de constater que la none n'était pas encore couchée. Elle avait eu raison de lui laisser son portable, au moins, elle pouvait la joindre à tout moment de la ville.
Rapidement, elle expliqua qu'elle dormait chez sa sœur ce soir. Sœur Bikini n'y vit aucun inconvénient, Iris n'avait pas à s'inquiéter, s'occuper du temple un ou deux jours seules ne la dérangeait pas.
Le lendemain matin, Dahlia trouva donc Iris allongée sur le canapé, profondément endormie. Elle la réveilla sans ménagement pour lui demander ce qu'elle faisait là. Iris balbutia :
« J'ai du venir en ville pour la sœur du Temple et la nuit m'a surprise. Je suis désolée... Je n'aurais pas du...
- Qu'est ce que tu racontes ? La coupa Dahlia. Tu peux bien faire ce que tu veux, je m'en fiches. Mais qu'aurais penser Wright si il t'avait vu en habit de... Et pourquoi tu ne portes pas l'habit de none d'Hazakura ? »
Dahlia la regarda d'un air suspicieux. Vite, trouver un prétexte :
« Et bien, justement, bafouilla Iris. J'ai mis ta robe au cas où je croisais Phoenix.
- Quel présence d'esprit, ma chère sœur, ironisa Dahlia avant de la toiser méchamment. Je ne te pensais capable d'un tel méfait.
- Je... Je ne voudrais pas te remettre en cause auprès de la police alors... Je fais attention, se justifia Iris. »
Dahlia, quelque peu convaincue, se redressa et lança qu'Iris pouvait se servir dans la cuisine pour préparer son petit déjeuner si elle voulait.
Chacun de leur côté, Phoenix et Iris passèrent une journée épouvantable. Lui, en cours et elle, cloitrée dans l'appartement de sa soeur à broyer du noir tandis que cette dernière allait en cours.
Elle tournait littéralement en rond dans cet appartement trop grand. Elle aurait du rentrer au Temple mais, chaque fois, une nouvelle excuse l'en empêchait. Sœur Bikini s'inquiéta un peu, mais Iris la rassura. Elle voulait juste passer quelques jours avec Dahlia, tout allait pour le mieux.
Ce ne fut que deux jours plus tard qu'Iris et Phoenix purent se revoir. Dahlia pressait de plus en plus Iris de reprendre le collier à Phoenix. Elle devait absolument le récupérer.
Aussi, Iris téléphona à Phoenix, angoissée :
« Allo ?
- Phoenix ?
- Dollie ? C'est toi ! »
Le ton enjoué du jeune homme rassura Iris. Il était heureux de l'entendre à nouveau. Une joie indescriptible l'envahit. Délestée du poids qui pesait sur son cœur, elle se rendit compte qu'il s'emballait à un rythme affolant. Elle poursuivit :
« Oui, Feenie. J'aimerais qu'on se voit cet après-midi... C'est possible ?
- Bien sûr ! Où ? »
Iris réfléchit quelques secondes. Elle voulait s'éloigner le plus possible de l'université, qu'ils ne soient que tous les deux. Elle voulait réellement profiter du temps passé en compagnie de Phoenix. Car durant son isolement de ces derniers jours, elle avait constaté une chose : le jeune homme lui manquait terriblement :
« En face du cinéma où nous sommes allés à notre premier rendez-vous, ça te convient ?
- OK ! On pourra aller au parc juste à coté, aussi.
- D'accord. A tout à l'heure alors ?
- Oui, à tout à l'heure. »
Iris allait raccrocher quand la voix de Phoenix retentit à nouveau dans le combiné :
« Dollie !
- Oui ? »
Il y eut un silence qui intrigua un peu Iris :
« Non, hum. Je préfère te le dire quand nous serons ensemble.
- Mais... C'est grave ? S'inquiéta Iris.
- Oh non ! Ce n'est pas grave. C'est important mais... Tu n'as pas à te faire de mauvais sang, Dollie. A tout à l'heure !
- Oui, à tout à l'heure. »
Ils se retrouvèrent comme prévu devant le cinéma. Phoenix marchait d'un pas pas pressé quand, débouchant de la rue juste en face du multiplexe, il aperçut Dollie faire les cent pas devant le guichets. Elle semblait terriblement tendue et ne cessait de faire tourner son ombrelle entre ses doigts fins.
Aussitôt, il se précipita vers elle. Ne sachant quelle attitude adopter, il la baisa sur le front. Ce geste rappelait leur premier rendez-vous et il espérait qu'à ce souvenir, la jeune femme se détende un peu. Mais Iris n'était pas d'accord. Trois jours qu'ils ne s'étaient pas vus, c'était beaucoup trop d'attente qu'elle ne pouvait en supporter.
Elle l'embrassa sur les lèvres. Et aussitôt se mit à rougir. Ce n'était jamais elle qui prenait les devants. D'un accord tacite, elle laissait toujours Phoenix aux commandes, comme si elle avait peur de commettre une erreur.
Le jeune homme, lui, en resta coi. Avant sourire d'un air que lui-même qualifia plus tard de complètement niais.
Ils allèrent se promener comme prévu dans le parc. Surtout qu'aucun film à l'affiche ne les intéressaient vraiment. Assis sur un banc, ils passèrent l'après-midi entière à discuter.
Ils ne parlèrent pas de leur dispute. Ils avaient trop de choses à se dire, beaucoup plus importantes. Ce fut Iris qui confia la première son manque et Phoenix, ensuite. Ils parlèrent de ses heures affreuses qu'ils avaient passés loin l'un de l'autre. Ils leur semblaient que cela prouvait encore une fois aux yeux du monde entier à quel point ils étaient amoureux :
« Je crois que je serais devenue folle si tu n'avais pas répondu, avoua Iris. »
Phoenix considéra gravement sa petite amie. Elle était si belle, la tête légèrement penchée, ses cheveux jouant avec la lumière du soleil filtrés par les feuilles des arbres du parc.
Mais ce qui le déroutaient le plus, l'aveuglaient et lui faisait oublier ce qui l'entourait, c'étaient ces yeux. Ces yeux marrons, grands et beaux, ouverts sur le monde. Ils posaient un regard bon et généreux sur chaque chose. Chaque personne qu'ils croisaient devenaient lumineux l'espace de quelques instants.
Il exagérait ? A peine. Il était amoureux. Iris parlait toujours mais Phoenix se perdait déjà dans la contemplation de ses yeux. Aussi, quand il lui prit soudain les mains et la força à se tourner entièrement vers lui, elle ne comprit pas tout de suite :
« Feenie, qu'est-ce que... ? Tu ne m'écoutais pas, fit remarquer Iris d'un léger ton de reproche.
- Non, j'avais plus important à faire. »
Iris ouvrit la bouche, stupéfaite. Comment osait-il ? Elle allait lui lancer une réplique cinglante quand il prit la parole :
« Je te regardais... et je t'aime. C'est très important d'aimer, tu ne trouves pas ? »
Une fois encore, elle demeura muette. Muette et pétrifiée tandis que Phoenix la rendait avec un horripilant sourire, comme s'il était fier de l'avoir foudroyée sur place. Oui, il en était fier, euphorique. Car il voyait à l'instant même sa petite amie le regarder de ses beaux yeux avec surprise dans les siens et cela le rendait plus heureux que jamais.
Jamais il ne lui avait jamais dit. Elle non plus. D'ailleurs, pour lui, ça allait de soi. Il l'aimait. Surtout depuis leur première sortie. Le vrai déclic, il était là.
Elle, il ne savait pas trop quand elle l'avait vraiment aimé. L'important était que maintenant, elle l'aimait. Il le voyait, le sentait. Il était temps, d'ailleurs. Ça faisait quand six mois qu'ils sortaient ensemble. Ce n'était pas rien :
« C'é... C'était ça, la chose importante que tu voulait me dire ? Balbutia-t-elle.
- Oui. »
Un ange passa. Iris réfléchissait à toute vitesse. Choquée, ses sentiments venaient de se révéler à elle dans toute leur vérité alors que Phoenix lui déclarait textuellement les siens.
Elle ne voulait pas faire le choix. De le dire ou pas. C'était trop dur. Comment pouvait-elle concevoir que son propre coeur, son âme, sensés être en communion avec sa soeur, avaient trahis cette dernière ? Elles étaient jumelles après tout.
Elles se ressemblaient traits pour traits. Leur physique étaient le même. Leur façon de se coiffer aussi. Une des seules choses qu'Iris avait gardée de son enfance d'ailleurs, la demie queue en tresses que lui faisait sa mère. La vie était ironique à souhait quand on pensait que sa soeur en avait fait de même.
Pourtant, leur caractère était complètement différent. Leur milieu était différent. Et tant d'autres choses qui séparait un peu plus chaque fois Iris de Dahlia.
Face à ce dilemme, Iris prit le parti de ne pas choisir :
« Est-ce que je dois dire la même chose pour que tu le saches ou...
- C'est à toi de décider... »
Phoenix avait répondu le plus calmement mais il ne pouvait s'empêcher de ressentir une infime déchirure au niveau gauche de la poitrine. Un mot et la plaie s'ouvrait et devenait béante et douloureuse. Il ne s'était pas attendu à ça :
« Ça ne répond pas à ma question, soupira Iris. »
Phoenix la regarda se lever et faire les cent pas pendant plus d'une minute. C'était insoutenable. Enfin, elle prit une décision.
Après lui avoir perdu sa famille originelle, sa soeur, son intégrité, sa conscience et tant d'autres choses, elle allait laisser de côté quelques minutes sa générosité sans failles et être égoïste au moins une fois dans sa vie.
Peut-être est-ce le regard soucieux de Phoenix qui lui insuffla le courage de déroger à la règle : soit sage et tout ira bien. Ele n'allait pas être sage pour continuer à être heureuse. Et cette seule pensée lui permit de murmurer ces mots :
« Je t'aime... »
Et le sourire que le jeune homme lui adressa fut le plus beau qu'il eut jamais eu en sa présence.
Ce sourire-là, elle le rangea précieusement quelque part au fond de son coeur, près de ses souvenirs de la première neige tombant sur le Temple Hazukara, du visage jovial de Soeur Bikini et du ballon rouge avec lequel elle jouait étant enfant.
Les mois passèrent. Et un jour, le sort frappa. Phoenix était accusé de meurtre sur un ancien petit ami de Dahlia. Encore un, avait ironiser tristement Iris.
Le quatrième meurtre avait eu lieu. Et comme le savait Iris, Dahlia ne s'émut pas. Et fit tout son possible pour faire accuser Phoenix. Iris, elle, voulut crier à l'injustice.
Le soir avant le meurtre, elle et Dahlia s'étaient violemment disputées :
« Comment as-tu pu ? Avait siffler Dahlia.
- De quoi parles-tu ? Demanda Iris. »
Pour toute réponse, Dahlia désigna du doigt le répondeur. Sans mot dire, elle s'en approcha et la voix de Phoenix retentit :
« Hey Dollie ! J'ai cours dans cinq minutes mais je voulais te dire que c'était bon pour le voyage. On peut partir dès ce soir, si tu veux. J'ai réussi à avoir les billets pour aller au grand aquarium en plus ! Je sais que tu adorerais y aller. Et j'ai pris le séjour de cinq jours ou lieu de six, comme tu m'avais dit au fait. Rappelle-moi. Je t'aime. »
Mon dieu ! songea Iris. Erreur de calcul monumentale : Phoenix avait appelé sur le répondeur de Dahlia. Quoique, quoi de plus logique ? Le voyage était prévu pour Dahlia Plantule et Phoenix Wright. Elle leva les yeux vers sa soeur. Cette dernière fulminait :
« Cinq jours ! Cinq jours, Iris !
Et bien, oui, mais...
Et huit mois aussi ! Huit mois que tu essaies de récupérer ce maudit collier !
Je... Je sais ! Je...
Non ! Plus de mais ! »
Dahlia était emplie de rage. Et Iris tremblait pour Phoenix. Elle n'avait jamais eu la force de s'opposer à sa jumelle. Alors, quand cette dernière passa à côté d'elle pour sortir de l'appartement, elle ne fit pas un geste pour l'arrêter. Ensuite, elle réalisa.
Qu'allait faire Dahlia ? Assassiner Phoenix ? Non, Iris connaissait l'emploi du temps de Phoenix par coeur, contrairement à sa jumelle. Or, Iris avait rendez-vous avec son petit ami au déjeuner. Elle devait prendre de vitesse Dahlia.
Mais en arrivant à la cafétéria, quel ne fut pas sa surprise de voir Dahlia aux côtés de Phoenix. Iris sentit une chape de plomb tomber sur ses épaules et son estomac. Il ne se rendait compte de rien. Pour Phoenix, Dahlia était Dahlia et l'avait toujours été. Quoi de plus normal après tout ?
Durant tout le repas, elle surveilla les moindres faits et gestes de Dahlia. Mais elle ne vit rien d'anormal. Iris fut donc soulagée quand Dahlia laissa Phoenix pour aller à son cours de littérature, sans même lui accorder un baiser.
Cette dernière constatation soulagea Iris. Dahlia était peut-être sa soeur, au fond d'elle, Iris ne pourrait s'empêcher de lui en vouloir s'il arrivait quoique ce soit à Phoenix et d'être jalouse. C'était un sentiment humain, qu'elle ne pouvait réprimer malgré toute l'ardeur qu'elle déployait à ce maîtriser.
Ainsi, soulagée, elle avait regardé Phoenix s'éloigner vers son propre bâtiment d'arts, puis, s'en était détournée. Elle ne savait pas encore ce que mijotait sa jumelle et en avait peur. Elle l'appris malgré elle le lendemain matin.
Le matin, en se levant, elle alla récupérer le journée sur le seuil de la porte du Temple d'Hazakura, comme tous les jours. Elle avait parcourut d'un regard distrait la Une avant que son attention ne soit attirée par la colonne récapitulant les principaux articles de chaque page. Celui du fait divers l'interpella immédiatement.
Précipitamment, elle l'ouvrit et lut le papier avec empressement. Avant de le laisser tomber par terre, terrifiée. Phoenix Wright était accusé de meurtre.
Ce jour-là, c'est son bonheur qui vola en éclats.
Sans réfléchir, elle prit le premier bus en partance pour la ville. Elle arriva au eau milieu du procès. Sa soeur comparait et incriminait alors Phoenix. Iris était scandalisée. Comment avait-elle le faire accuser LUI ?
Elle savait ! Oui, aucun doute. Dahlia était au courant de la nature des sentiments qu'Iris nourrissait pour le jeune homme. Mais alors, pourquoi ?
Le comble fut la fuite de Phoenix. Il passa juste à côté d'Iris. Heureusement pour elle, son voile anti-démon dissimulait son visage, si bien qu'il ne la reconnut pas ni ne vit les larmes silencieuses cascadant sur ses joues. Elle, elle put voir qu'il portait le pull qu'elle lui avait fait en prévision de l'hiver. Et cela ne fit que redoubler ses sanglots.
Elle eut terriblement peur quand Phoenix déclara avoir avalé le pendentif. L'inconscient ! Il allait mourir pour sauver la mauvaise personne. Iris se raccrocha aux barreaux séparant les bancs des visiteurs de l'espace où siégeait la cour, la barre du témoin, les avocats et l'accusé.
Heureusement, on déclara que le poison n'aurait pas d'effets ou peu, à cause du temps passé dans le flacon. Iris n'avait jamais été aussi soulagée qu'à cet instant précis.
Enfin, le procès arriva à sa fin. Et Dahlia fut déclaré coupable. Iris n'aurait su dire à présent si elle pleurait à cause de l'arrestation de sa soeur jumelle ou l'innocence enfin prouvée de Phoenix.
Ce dernier parlait avec morosité à son avocat, une certaine Mia Fey. Iris eut un curieux sourire. Sa famille, à défaut, de l'avoir sauvée, elle, avait sauvé son amour. Et au final, c'était tout ce qui comptait.
Lentement, tel un automate, elle sortit du tribunal. Elle devait sortir de la vie de Phoenix Wright à tout jamais. Quel droit avait-elle de pouvoir encore ne serait-ce que lui adresser la parole. Soudain, son esprit fut clair. Elle l'avait fait souffrir inutilement. Si elle avait insisté, ou tout simplement rompu dès le début, peut-être lui aurait-il rendu le collier, par dépit ou désir de tourner la page.
Elle se trouvait soudain hideuse. Elle était comme sa soeur. Ce fait la fit trembler dangereusement. Ses nerfs menaçaient de se rompre sous la pression énorme de sa conscience. Elle chancela légèrement mais continua sa route. Elle se retourna une dernière fois pour voir Phoenix descendre les marches du tribunal d'un pas rapide et décidé.
Aux yeux d'Iris, c'était le meilleur des présages. Du moins, l'espérait-elle :
« Feenie... »
Oui, elle espérait que cet homme qui marchait désormais droit devant lui, sans se retourner, aux côtés de Mia Fey et de son supérieur, serait heureux. Et réaliserait les rêves qu'il lui avait permis de partager. Une bulle de douceur et une bouffée d'air frais pour laquelle Iris éprouvait déjà une nostalgie irrépressible.
Enfin, elle se détourna du tribunal à son tour. Elle jeta un regard embué à sa montre. Elle allait être en retard à l'arrêt de bus. Alors elle courut le plus vite qu'elle put, si bien qu'elle arriva dix minutes en avance. Cette course folle, c'était comme pour échapper à la culpabilité et à cette tristesse qui l'étreignait de ses membres froids.
Dans l'autobus qui la remmenait chez elle, Iris laissa derrière elle l'être qui comptait plus que tout pour elle. Un être qui avait remplacé tous les autres. Un être auquel elle dit adieu à jamais, son souffle embuant la vitre du bus :
« Je t'aime... »
Et l'ombre d'un sourire apparut sur la vitre embuée.
