Titre : Lonely
Auteur : Miserea
Bêta : Lyly.u que je remercie chaleureusement pour sa patience et son travail fantastique.
Sujet : Harry Potter
Genre : T (Cochonneries entres adultes majeurs et consentants) HPSS
Disclamer : Je n'ai ni le nom, ni la licence, ni le talent, ni les droits, ni le compte en banque de JKR. Par contre je suis blonde, ça compte un peu non ?
Déclaration de l'auteur : Pwick. Je m'autoproclame non-coupable pour ce qui va suivre. La faute aux 2NE1 qui viennent de sortir un single fantastique et presque pas déprimant du tout (visionable sur Youtube). Snape s'appelle Snape, pas Rogue, mais les autres noms seront Francisés (désolée si ça en perturbe certain(e)s). Je vais essayer de ne pas faire d'OOC, mais franchement, un SSHP, c'est en soi, très largement OOC.
Bande son: Lonely - 2NE1
Chapitre 1
Coude à coude, baguettes aux poings, ils luttaient. Ils défendaient ce à quoi ils tenaient le plus : la vie, la justice, la lumière. Tous les deux.
Une demi-douzaine de Mangemorts avait fait irruption dans Poudlard quelques heures auparavant. La directrice avait fait mettre les plus jeunes étudiants à l'abri dans les passages secrets de l'école, mais n'avait raisonnablement pas pu empêcher les autres de se battre. Professeurs et étudiants s'étaient battus, becs, ongles et baguettes. Ils avaient fait un carnage dans les rangs du Seigneur de Ténèbres. Ils savouraient à présent leur toute relative victoire. Trois morts : le professeur Chourave, un Poufsoufle et un Griffondor de 5ème année autour desquels tout le monde se recueillait.
Ce qu'ils ignoraient, c'était qu'à quelques mètres au dessus d'eux, la bataille continuait. Harry Potter et Severus Snape affrontaient Lucius Malefoy. Dans la confusion de l'instant, chacun ne pensait qu'à sauver sa peau. Peut-être étaient-ils les seuls à avoir compté les cadavres noirs, peut-être était-ce le destin.
Ils n'avaient pas le choix, ils devaient le tuer. Un survivant pourrait dévoiler le rôle réel du Professeur de Potion et griller sa couverture d'espion. Tous trois en étaient conscients et l'instinct de survie et la nécessité les enrageaient.
Ainsi quand Malefoy tourna sa baguette contre Harry, Snape n'hésita pas une seconde. Le sort fusa, le corps du Mangemort s'envola sans grâce et percuta le mur de pierres de la Tour d'Astrologie. Il gisait au sol telle une vulgaire poupée de chiffon désarticulée. Il lança un regard suppliant et son ancien collègue qui s'agenouilla à ses cotés puis lui murmura à l'oreille jusqu'à ce que la lumière de ses yeux ne s'éteigne. Sous le choc, Harry restait immobile, assis dans un coin, ses jambes refusant de supporter son poids. Une main blanche apparut dans son champ de vision. Son professeur lui adressa un regard triste et l'aida à se relever. Il le maintenait fermement par la taille et les dirigea vers les escaliers.
-Je peux marcher tout seul…
Le bras réconfortant disparut avec sa chaleur et leurs corps s'éloignèrent l'un de l'autre. Le frisson de la solitude enveloppa le Survivant comme un peu trop souvent, et s'abattit sur lui avec une violence glaçante.
-Respirez Potter, c'est fini.
-Pour cette fois. Jusqu'à la prochaine.
-Le Seigneur des Ténèbres vient de subir une lourde perte. Il avait envoyé ses plus loyaux serviteurs.
-Ne sont-ils pas interchangeables pour lui ? Et vous ne trouvez pas que ça ressemble plus à une mission suicide qu'à une réelle attaque ?
-Vous me voyez aussi sceptique que vous Monsieur Potter. Je n'étais pas informé de cette… mission.
-Bien sûr que vous ne l'étiez pas.
Le potioniste se figea un instant, une fraction de seconde, touché par cette spontanée marque de confiance. Fidèle à lui-même, il se reprit rapidement.
-Pour en revenir à votre question, je me permets de noter qu'une fois de plus, votre égo dépasse vos connaissances. Être au service du Seigneur des Ténèbres est un engagement de vie, une communauté. C'est en réalité très complexe à décrire. Même si les places sont ouvertes à tous, on ne devient pas Mangemort officiel, si je puis dire, aussi simplement.
-Et mon insuffisance intellectuelle m'empêche de saisir la subtilité de ce lien.
Snape soupira. On lui piquait ses répliques. Néanmoins, le petit méritait de savoir, de comprendre. Comprendre pour mieux combattre d'une part, comprendre pour pardonner d'autre part.
-Les Mangemorts sont liés par des sentiments bien plus forts que l'amitié ou l'amour. Voyez-vous, vous devez abandonner vos idéaux romantiques. La peur, la culpabilité, la terreur pure, la menace, les représailles, la violence, la torture… À l'exception de Bellatrix Lestrange, qui était étrangement absente aujourd'hui, je ne connais pas un seul partisan du Seigneur des Ténèbres qui ne vive dans l'angoisse de sa tyrannie.
Harry resta silencieux un moment, méditant sur ce qu'il venait d'apprendre. Il pensa à Malefoy puis à Snape, réalisant qu'il avait toujours sous-estimé sa souffrance.
-Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle.
-Vous voyez rarement les choses sous un autre angle que le vôtre, Monsieur Potter.
-Etiez-vous proche de Lucius Malefoy ?
-Nous étions proches oui. À Poudlard, nous nous ignorions, trop heureux d'échapper à l'influence de nos familles respectives. De plus, nous n'avons étudié ensemble que deux ans (1). Nous avions été liés par notre…
-Choix ?
-… Erreur. Nous étions jeunes, stupides et victimes de notre sang. Tous deux élevés dans le culte du Seigneur des Ténèbres.
-Ne me faîtes pas croire que Malefoy était un agneau innocent.
-Certes non. Moi non plus. Ne croyez pas que je nous cherche des excuses. Rien de ce que nous avons pu faire n'est pardonnable. Mais comme je vous l'ai dit, nous étions jeunes et avides de reconnaissance. Veuillez croire que le Seigneur des Ténèbres possède des arguments très… convaincants.
-Vous n'avez jamais craqué ! Vous êtes resté fidèle à Dumbledore malgré tout.
-C'était bien indépendamment de ma volonté. J'en avais fait la promesse à…
- À ma mère, n'est ce pas ?
-Oui.
-Malefoy n'a pas eu cette chance. Sa femme est aussi folle que lui.
-Malgré ses erreurs et ses mauvais choix, Lucius était ce que j'avais de plus proche de ce que vous appelleriez un ami.
-Est-ce une façon de dire que Mangemort ou non, un homme reste un homme ? Que toutes les erreurs peuvent être pardonnées ?
-Plus que simpliste Monsieur Potter. Si l'on suit votre raisonnement, le Seigneur des Ténèbres a été un homme autrefois. Qui pourrait lui pardonner ses actes ?
-Quelle différence y a-t-il entre eux alors ?
Face au silence de son professeur, Harry comprit que la vie de Severus Snape était jonchée d'obstacles et de non-dits. Il y avait en effet une différence entre lui, Malefoy et Voldemort. La compréhension, la compassion de vivre un enfer aux cotés d'un monstre. Il réalisa que cela faisait bien longtemps qu'il ne détestait plus son professeur et qu'il éprouvait même une sincère admiration, un respect profond pour cet homme qui avait sacrifié sa vie pour racheter ses erreurs.
-C'était une question déplacée, pardonnez-moi. Malef… Draco et sa mère vont avoir besoin de soutien.
-Vous proposez-vous ?
-Certainement pas. Mais je ne souhaite à personne de perdre son père.
-Toujours persuadé que la nature de l'Homme est bonne ?
-Après ce que j'ai vu ? Surement pas. Mais un père reste un père.
-Un titre qui se mérite.
Perplexe Harry s'arrêta. Snape le sentit, soupira et s'accorda un moment de faiblesse.
-Tous les pères ne sont pas comme le vôtre.
-Ah non, pas cette vieille rengaine encore !
-Ne vous méprenez pas. Votre père vous aimait. Plus que sa propre vie. Et Arthur Weasley est de la même sève. Je n'ai pas eu cette chance, puisque vos yeux me supplient de raconter. Mon père était un moldu particulièrement horrible qui n'a épousé ma mère que pour ses atouts physiques et son rang social. Quand il a réalisé le pouvoir qu'elle possédait, il est rentré en contact avec des partisans du Seigneur des Ténèbres. Cruel, partial, malveillant.
À ces derniers mots, Harry retint un sourire. C'était exactement l'image qu'avaient les étudiants de Poudlard de leur Professeur de Potions, mais il aurait été cruel de le noter.
-Je le sais Monsieur Potter. J'apprécie cependant que vous n'en fassiez pas la remarque.
-Vous n'êtes ni cruel ni malveillant. Votre partialité fait partie de la description de votre job d'espion. Quoique j'imagine qu'un tel défouloir doit vous faire du bien…
-Votre Maison a de réelles propriétés curatives, je l'avoue.
La voix du potioniste était calme et posée comme s'il avait eu besoin de se confier. D'expier. Le cœur d'Harry s'emplit d'un sentiment étrange, qu'il ne savait définir. Que pouvait-on éprouver quand on avait 18 ans et que le monde était sur le point d'être détruit ? Quand l'espoir du monde sorcier (et moldu par la même occasion) reposait sur ses épaules ?
-Voulez-vous partager vos tracas Potter ?
-… Je vous demande pardon, Monsieur.
-Puis-je savoir pourquoi ?
-Pour tout. Pour ne pas vous avoir fait confiance dès le début, pour vous avoir soupçonné de tout depuis ma première année. De vous avoir détesté, accusé, d'avoir douté. De tout.
-…
-Pas d'insulte relative à la petitesse de mon cerveau ?
-Sombre idiot.
Harry sourit. Il reconnaissait enfin son professeur. Froid et distant. Même si cette fois encore, il ne ressentait aucune méchanceté.
-Ménagez-vous Potter, toute cette pression doit vous rendre fou.
-Fou ? Peut-être. Désemparé, sans aucun doute.
-Notre petite célébrité serait-elle morte de peur ?
-Pire que ça.
La réponse du Survivant n'était qu'un soupir.
-J'ai l'impression de n'être qu'un pion.
-Nous sommes tous des pions.
-Mais Dumbledore est mort. Nous n'avons plus de leader. Quelle victoire pouvons-nous encore espérer ?
-L'Ordre est bien plus puissant qu'il ne le semble. Ne sous-estimez pas vos alliés.
-Combien d'entre nous y resterons ? Pourquoi tant de sacrifices ?
-Pour la paix et la liberté. Ne pensez-vous pas que le jeu en vaut la chandelle ?
-J'imagine. Je doute avoir l'occasion de voir la paix à nouveau.
Snape l'attrapa violement par les épaules et le força à lui faire face. Il saisit son regard et le soutint.
-Ne doutez pas Harry. Nous sommes tous là pour vous aider et vous protéger. Perdre espoir, c'est nous trahir. Tous. L'Ordre, les étudiants, vos amis, les Weasley, Lupin mais aussi Black et Dumbledore. Ils croyaient en vous comme nous le faisons.
-Dumbledore ? Dumbledore ne croyait pas en moi. Dumbledore m'utilisait comme une arme, une expérience. Il n'a pas pensé bon de me dire où étaient les Horcruxes, ce qu'ils étaient et que j'étais le dernier. Evidement, le fait qu'il faille que je meure pour tuer Voldemort, ça non plus, il n'en a pas fait mention. Il n'avait foi qu'en son intelligence et sa folie.
-Parfois peut-être. Mais il éprouvait une réelle affection pour vous. Ne laissez pas votre crainte ternir les souvenirs que vous avez de lui. Vous l'avez dit, il était brillant.
-Et fou.
-Certes. Mais si vous arrêtiez de vous lamenter, vous verriez que les gens tiennent à vous plus que vous voulez bien le croire.
-Vous tenez à moi, vous, Monsieur ?
Snape fronça les sourcils, faisant apparaître une légère ride du lion.
-Bien sûr que non. Je m'acharne à vous garder en vie depuis sept ans pare que je m'ennuie.
Il caressa la tête d'Harry avec une douceur insoupçonnée. Un geste d'une tendre affection. Harry ressentit plus de confiance que jamais. Sans pouvoir s'en empêcher, il se blottit contre son professeur sans le serrer dans ses bras. Juste pour profiter de la chaleur et du réconfort de son torse. Contre toute attente Snape ne le repoussa pas. Ils restèrent ainsi quelques instants l'un contre l'autre, les bras le long du corps, sans savoir pourquoi, juste pour se savourer.
Harry savait qu'au moment où il croiserait le regard de son professeur, la gêne l'envahirait et il n'aurait plus qu'à se cacher. La situation devenant embarrassante, ils se séparèrent, rougissants. Snape se racla la gorge pour se donner (de la) contenance. Ils regrettaient tous les deux ce moment de faiblesse mais désespéraient de le revivre à nouveau.
Ils cherchaient comment briser la glace sans aborder l'étreinte malhabile qu'ils venaient de partager mais Hermione le fit pour eux. En le voyant revenir, elle lui sauta au cou.
-Par Merlin, Harry, où étais-tu ? Nous étions morts d'inquiétude !
-Malefoy père, dans la Tour d'Astronomie.
-Oh ! Tu vas bien ?
Hermione le secouait dans tous les sens, prenant soin de vérifier ses bras, ses jambes et tout ce qui aurait pu être fracturé, foulé ou déboîté.
-Je vais bien Hermione. Nous allons bien.
Hermione sembla réaliser à ce moment la présence de Severus Snape.
-Professeur. Où est Lucius Malefoy ?
-Je dois aller parler à Draco.
Après un bref signe de tête à ses étudiants, il s'éloigna à la recherche de son filleul à grandes enjambées. Harry le suivit du regard et Hermione ne perdit pas une miette du spectacle. Elle leva un sourcil suspicieux mais ne fit aucun commentaire. Elle l'escorta jusqu'à la Grande Salle où tout le monde fut rassuré de le voir en un seul moreau. Les effusions terminées, Harry ne put s'empêcher de chercher Snape des yeux. Il le vit enfin se diriger vers ses cachots, soutenant un Draco Malefoy visiblement effondré.
Hermione lui caressa le dos.
-Tu veux m'en parler Harry ?
-Je ne vois pas de quoi tu parles.
-Je parle de Snape. Il s'est passé quelque chose dans la Tour d'Astronomie ?
-Mais non !
Harry regretta immédiatement la virulence et la rapidité de sa réponse. Même une personne cent fois moins intelligente que Hermione aurait décelé le mensonge.
-Très bien. Je n'insiste pas.
Une personne cent fois moins intelligente que Hermione aurait insisté et Harry lui en fut reconnaissant. Mais pouvait-il partager ses pensées quand lui-même était perdu ? Il savait qu'il voulait être avec Snape parce que cet homme était intéressant, et parce qu'il lui faisait oublier la guerre et ses obligations. Ce dont il n'était pas sûr, c'était la manière d'être avec lui. Comme un ami, comme un élève… ou plus. Trop de sentiments étaient contradictoires : il était à la fois fasciné et révulsé, nécessiteux et effrayé, envouté et désemparé.
Il ne pouvait pas nier qu'il était attiré par son professeur, d'un sentiment qui se rapprochait bien plus de ce qu'il avait éprouvé pour Ginny ou Cho que pour Dumbledore. Et ça, c'était une révélation très étrange.
-A suivre-
Merci d'avoir lu ce chapitre 3
Pour la différence d'âge entre Snape et Malefoy, le premier a été étudiant à Poudlard entre 1971 et 1978, le second entre 1965 et 1972. Ils n'ont donc étudié « ensemble » qu'en 1971 et 1972.
