Tout d'abord, bonsoir à tous et à toutes (QUI lit des fanfics en journée, sincèrement ?). Je vous présente le premier chapitre d'une nouvelle histoire dont l'idée m'était venue il y a environ mille ans de cela, et que je vous livre aujourd'hui enfin, remasterisée. Si parmi vous certain.e.s me suivaient il y a quelques années, j'ai du prendre une bonne grosse pause dans la publication pour cause de prépa (ça va, ça arrive). Je ne sais absolument pas si je vais reprendre une sorte de rythme, en tout cas si après lecture vous avez aimé ce premier chapitre, laissez-moi donc une petite review, le remède des braves quand la motivation se casse la gueule sur les aléas de la vie.
Je préfère ne pas trop en dire ni sur l'univers ni sur la quantité de chapitres, ne serait-ce que parce que c'est voué à évoluer. Mais sinon, ne vous tracassez pas, j'ai quand même un semblant de trame.
Alley, sur ce, bisous, et amusez-vous bieng.
Oochoo


I

Les éclairs, les cris, les éclats, les gémissements et les exhortations se mêlaient en une symphonie surnaturelle. La lumière jaillissait de toute part, pour mourir et renaître plus fort à l'autre bout de la Grande Salle, qui s'illuminait de ce spectacle unique. Baguettes brandies, hachoirs pointés bien haut, flèches visant le cœur, les armes étaient multiples et le combat sanglant. La Salle vivait comme jamais. Son aura magique magnifiait l'épouvante, elle la faisait resplendir. Accusant des vagues d'assauts, le camp noir, déjà peu imposant, flanchait. Les visages dissimulés par leurs cagoules se découvraient soudain, dans un cri muet de douleur, le regard déjà vide et l'âme déjà lointaine. Dans ce ballet mortel Harry émergea, grimpant sur l'estrade et fit face au reptile. La rumeur des rixes se calma et devient inaudible. Tous n'attendaient que ce moment, hors de question d'en manquer une bribe. Les deux hommes antithétiques tournaient lentement, décrivant un cercle parfait de leurs pas sur le bois usé.

« Tom, tu as perdu ce soir. Regarde autour de toi, compte. Ne vois-tu pas que tu n'as obtenu qu'une écrasante défaite cette nuit ? »

Seuls le faciès vide d'émotions et les yeux rougeoyants de Voldemort lui répondirent. Ils continuaient de tourner, avec la régularité d'un métronome.

« Jedusor.. Tu t'es proclamé roi, mais ignores-tu vraiment que pour prétendre à un royaume il faut en connaître les sujets ? Car voilà ton erreur. Dans ta quête effrénée du pouvoir, tu as oublié que tu n'étais pas seul. Durant ces longs mois, durant ces années, j'étais là. J'avais une mission, j'avais des espions, j'avais un devoir. Et par-dessus tout, j'avais une arme que tu n'as jamais eue et que tu n'auras jamais. Je pense que tu as dû en entendre parler, Tom. On appelle ça l'amour. Ça ne t'est certainement pas familier, mais saches que c'est grâce à elle que ce soir, ton règne tombe. »

La bouche aux lèvres inexistantes de Voldemort se fendit, s'élargit, pour finalement effectuer un hideux simulacre de sourire, exhibant des dents jaunies et pointues. Dans ses pupilles, des flammes dansaient. Exaspéré par l'absence de réaction effarée de la part de Jedusort, comme il en avait tant rêvé, Harry dégaina sa baguette et décocha un Expillarmus en direction du cœur de son ancien Némésis. L'intéressé fit de même à l'exact même seconde, à la différence près que son propre sort était vert, et non pas rouge. Les deux sorts ricochèrent l'un contre l'autre, et retournèrent en direction de leur expéditeurs. Harry, tellement concentré sur Seigneur noir, ne prit garde à son propre sortilège, qui le désarma comme un coup de poing. Voldemort, quant à lui, reçut son sortilège mortel en plein dans la poitrine. Le temps se stoppa alors qu'il vacillait maladroitement en arrière, manquant de chuter. La baguette de Harry parcourait lentement les airs, tourbillonnant plus que nécessaire. La trajectoire fut interrompue par une main, l'attrapant dans sa volée, d'une poigne ferme et assurée. Le propriétaire de la main en question releva la tête, et afficha un large sourire reptilien. Le Seigneur des Ténèbres était vivant.

Dans un glapissement de surprise générale, Voldemort utilisa la baguette de Harry pour immobiliser celui-ci à genoux, les mains croisées dans le dos, le menton levé vers lui. D'un regard qui aurait pu être condescendant chez un véritable être humain, Voldemort embrassa Harry, puis l'immense assemblée réunie dans la Salle. Il se mit à marcher en décrivant un large cercle, Harry en son centre. Ses pieds nus foulaient les planches. Le regard dans le vague et sans réellement se soucier des centaines de paires d'oreilles l'écoutant, il ouvrit sa bouche et parla.

« Quelle arrogance... Quelle ignorance ! déclara-t-il de sa voix aigue. Croyais-tu donc que je ne me doutais pas de l'existence de ta mission ? Croyais-tu vraiment que je serais resté des mois à t'attendre, à attendre ma fin, et ce, sans esquisser le moindre geste pour te contrer ? Crois-tu que le Seigneur des Ténèbres soit donc incapable de se prémunir de sa propre mort qui ne savait tarder ? Quelle crédulité... Veux-tu savoir comment j'ai su, si facilement, déjouer ton plan ? »

Voldemort baissa les yeux vers le jeune homme brun privé de parole qui reposait honteusement sur l'estrade à quelques pas de lui. Celui-ci ne lui adressa qu'un brûlant regard de haine. Le Seigneur noir poussa un soupir feintant une attitude blasée.

« Voilà un bien bel exemple du tempérament Gryffondor. Outrageusement courageux, téméraire, même devant la mort, mais tragiquement... vain. »

D'un négligent coup de baguette magique en sa direction, un Impero força Harry à acquiescer de la tête. La salle toute entière émanait l'ébahissement horrifié.

« Fort bien, se réjouit le reptile. Aussi, disais-je, il n'est pas dans la nature du Seigneur des Ténèbres de laisser de jeunes adolescents arrogants essayer d'attenter à ses jours sans réagir. »

Il ne dit rien pendant cinq ou six enjambées, ménageant ses effets. Le Seigneur noir gardait un certain goût de la mise en scène dramatique, surtout en telles circonstances.

« J'avais, dans ma jeunesse, un idéal. L'idéal de vaincre la mort, de vivre pour l'éternité, d'imposer mon règne sur la Terre entière. J'avais dans l'idée de sauvegarder mon âme, je désirais me prémunir des … nuisants. »

Il fit encore une pause, et en profita pour jeter un regard appuyé et incendiaire à Harry.

« J'ai mis en œuvre ce projet. J'ai créé six Horcruxes. Ainsi, mon âme était divisée en sept. La puissance mystique de ce chiffre m'a, je dois l'avouer, toujours … fasciné. Pour atteindre ce nombre j'ai même, dans l'urgence, transformé mon fidèle Nagini en l'une de ces sauvegardes. J'étais tout-puissant, affirma-t-il en levant le menton. Mais toi, petite vermine, cracha-t-il en tournant violemment le visage vers Harry, tu t'es mis en travers de mon ascension. »

Le crachat atterrit par hasard entre les deux yeux d'Harry. Si le regard pouvait réduire en cendres, il ne serait rien resté du Seigneur Noir tant l'assemblée semblait déterminée à le voir périr pour cet acte insultant.

«Voyant ta progression, et la destruction de mes premiers Horcruxes, je me suis vu confronté à un choix qui n'en n'était plus réellement un. La création d'un nouvel Horcruxe s'imposa à moi. »

Il attendit quelques secondes avant de déclarer :

« J'ai donc changé cette représentation antique du Dragon d'Eeivar, relique de l'ancienne magie islandaise, en mon septième Horcruxe. »

Voldemort sortit l'objet au moment où il la mentionna. Posée sur le plat de sa main, la statuette de pierre aux innombrables petites incrustations de pierres et de feuilles d'or semblait dormir. On pouvait voir son dos monter et s'affaisser au rythme de ses respirations glacées. L'animal, dont chaque écaille se détachait du corps même, était animé d'un souffle froid. C'était une pierre vivante et une âme morte. Le Seigneur Noir avait encore une fois repoussé les limites de l'obscur, en donnant une véritable vie à son Horcruxe. En l'arrachant à son for intérieur, il a doté un morceau de roche d'une âme. Une âme scarifiée, mortifiée, mourante. Une âme du Seigneur des Ténèbres.

« De toute manière, la puissance supposée du fameux Sept était désormais obsolète. J'ai démontré suffisamment de pouvoir, je suis suffisamment puissant pour me passer d'une stupide influence ... arithmétique ! » souffla-t-il.

Il jeta ensuite un regard en biais à Harry. Il ne lassait décidément pas de l'observer en position de faiblesse. Puis, dans un murmure, il continua.

« Quelle coïncidence amusante ... C'est finalement un symbole gryffon qui va causer ton trépas, Harry Potter ... »

L'assemblée explosa, et une multitude de cris fusent des quatre coins de la salle. Se détachèrent le rugissement de Minerva McGonagall, les cris perçants d'Hermione et de Ginny et le hurlement de Ron. Le désespoir les oppressait comme un étau, la tête leur tournait, ils ne pouvaient, ne voulaient pas en croire leurs yeux, leurs oreilles. Le Mage Noir, agacé de ce tumulte pointa sa baguette en direction de la salle et d'un geste négligent, il fait taire la foule.

Les yeux clos, il évoluait sur l'estrade, marchant lentement autour d'Harry qui ne pouvait s'empêcher de lancer des regards fous autour de lui.

« J'ai fait beaucoup d'erreurs à ton propos ... La dernière remonte à moins de deux heures, si je me souviens bien... Pensais-tu pouvoir te jouer de moi en faisant l'enfant d'une telle sorte, Harry Potter ? Mais désormais j'en ai fini des négligences. Le lien absurde qui nous unissait s'est brisé, tout comme ta protection ... maternelle, cracha-t-il avec un dégoût corrosif. Plus aucune barrière magique, plus aucun amour, plus aucune baguette, plus aucun ami stupidement dévoué ne s'interposera entre toi et ta mort depuis si longtemps promise, et jamais reçue. Ce soir sera ton dernier soir, et tu iras saluer tes parents, ton parrain et tous ceux de ton espèce. Adieu, Harry Potter. Ton ère s'achève maintenant. »

Sans hâte, il pointa sa baguette en direction du front d'Harry, là même où se tenait la cicatrice qu'il lui avait lui-même donné il y avait dix-sept ans de cela. Il articula six syllabes, et l'éclair vert fusa. Soulevé un court instant, Harry retomba et s'effondra en arrière, les yeux fixant l'infini.

Un silence assourdissant hurlait. Puis la salle s'emplit de pleurs, de cris de désespoir et d'hurlements de joie qui se mêlèrent. Voldemort se met juste devant la foule gesticulante, et proclame l'entrée dans un nouveau monde, et qu'il est inutile de se battre.

La Grande Salle vrombit, tout devint flou, un battement cardiaque haletant résonna, et dans un cri, Draco Malefoy se réveilla. Pantelant, il passa une main sur son front, qu'il découvrit trempé de sueur. Tentant tant bien que mal de retrouver une respiration qui ne le mènerait pas à l'hyperventilation, il observa la lumière lunaire filtrer à travers les rideaux de sa chambre conjugale. Quelques rayons égarés venaient caresser l'or des cheveux d'Astoria, visiblement assoupie malgré le cri de stupeur de son mari.

Réfléchissant à la vitesse d'un hippogriffe au galop, ce dernier tenait de remettre de l'ordre dans ses tumultueuses pensées. Un rêve, bien sûr. Rien de plus, songeait-il, tout en passant la main sur sa Marque des Ténèbres, qui ne s'était jamais véritablement effacée malgré les années.

Harry Potter est bien vivant, bien que « soucieux » d'après le dernier exemplaire de la Gazette du Sorcier qui traînait sur la table de chevet d'Astoria, « sûrement un nuage dans son idylle avec son épouse Ginny » titrait le journal. Voldemort quant à lui, pourrissait bien dans les tréfonds du Pays de Galles où quelques têtes brûlées en quête de sensations macabres avaient daigné enterrer le plus grand meurtrier sorcier du siècle.

Draco respirait l'air frais de sa chambre, regardait les murs recouverts de chaux blanche, espérant retrouver une certaine tranquillité. Il descendit du lit conjugal, et sortit de la chambre en refermant doucement la porte derrière lui. Ses pieds foulèrent prestement le vieux bois du plancher du salon, et enfin il fut dehors.

Le vent tonique de l'Atlantique, le roulis des vagues en contrebas, l'odeur de sel et de sable, l'herbe humide sous la plante de ses pieds. Il respirait.


Si ça vous a donné envie de connaître la suite, une petite review et vous illuminerez ma soirée !
La bise,
Oochoo