Hey hey !

C'est la rentrée, c'est vendredi, c'est le week-end, c'est le deuxième épisode de koh-lanta (oui, quoi ? Et alors ? J'ai le droit de regarder, non ? ^^), et pour fêter tout cela, voici le tome 2 de la trilogie des reines !
Sygui et moi sommes désolées pour l'attente, mais nous voulions vous livrer un tome de qualité, et surtout rédigé intégralement.

Aussi, il comporte 18 chapitre !

Bonne lecture !


LA TRILOGIE DES REINES : LA REINE DE COEUR

Chapitre 1 : La fin de la malédiction

Aux enfers

Deux femmes couraient dans un long corridor sombre et humide. L'une d'elles, aux cheveux noirs comme la nuit, avait les bras chargés de livres. L'autre, rousse, semblait prête à engager un combat.

- Dépêchez-vous, vieille carne, siffla la rousse.

- J'aimerais vous y voir avec un tel poids dans les bras, souffla l'autre avec un regard noir.

- Nous aurions eu plus de temps pour fuir si vous n'aviez pas jugé bon de goûter aux bouteilles d'Hades, primate des Hautes-Terres.

Minerva aurait voulu répondre par un majeur brandi avec vigueur, mais le fait de porter une bonne dizaine de livres l'en empêcha.

- Cet Hadès a très bon goût en matière de whisky, oh reine des emmerdeuses... se contenta-t-elle de grommeler.

Un grognement sourd retentit derrière elles et l'Ecossaise grimaça.

- Hmmm, Hadès lâche son toutou après nous, fit-elle sobrement.

- Je pense que le Dieu des Enfers n'a pas apprécié notre petit cambriolage dans sa bibliothèque. Accélérez un peu, gronda Aliénor en prenant un virage serré.

- Je pourrais aller plus vite si vous me déchargiez de quelques ouvrages, haleta l'ancienne Directrice de Poudlard.

- Et qui nous défendrait alors ? Vous ? Ne me faites pas rire.

Le sol se mit à trembler au rythme de la foulée de leur poursuivant massif et Aliénor s'arrêta pour se retourner. Minerva ralentit son allure et fronça les sourcils.

- Qu'est-ce que vous faites encore ?

- Je vous fais gagner du temps, imbécile, rétorqua la reine en levant les mains. Dépêchez-vous de rejoindre Pansy, en espérant qu'elle aura réussi à réunir les ingrédients.

McGonagall acquiesça avant de repartir aussi vite que son chargement le lui permettait. Aliénor retroussa les manches de sa chemise et se frotta les mains.

- Approche, cabot... murmura-t-elle.

Une ombre apparut à quelques mètres et deux yeux rouge sang la dévisagèrent. Le Cerbère plia les pattes arrière avant de bondir sur la reine qui recula d'un pas. Elle se baissa, laissant la créature sauter au-dessus d'elle et, passant sa main dans son dos, claqua des doigts. Une détonation retentit derrière elle et un feulement se fit entendre. Un fin rictus illumina le visage de la souveraine et elle se retourna, se redressant et levant le menton pour toiser le chien à trois tête.

- Je vais t'apprendre à donner la patte, Médor.


A Storybrooke

Maléfique se concentrait sur sa conduite, roulant doucement dans les rues de Storybrooke. A ses côtés, Lily observait avec gravité l'agitation qui régnait en ville. Une fois passée l'angoisse qu'avait provoquée l'arrivée du nuage violet, les habitants s'étaient regroupés ici et là pour fêter leurs retrouvailles après 28 longues années de séparation.

- Dis-moi, maman, tu penses que des torches et des fourches sont vraiment nécessaires pour des réunions de famille ? demanda la jeune femme, soucieuse.

- Tout dépend de quelle famille se réunit, plaisanta Maléfique avant d'afficher un air sérieux. Mais ici se joue un autre drame. Le bon peuple de la Forêt Enchantée va demander des comptes à sa souveraine.

- Asalhir ne laissera pas les habitants s'en prendre à Regina.

- On va aller s'en assurer, murmura pensivement Maléfique en prenant la direction de la rue Mifflin.

- Et si ça dégénère ? s'inquiéta Lily. On ne pourra rien faire, notre magie s'éveille seulement. Je ne suis pas sûre de pouvoir jeter le moindre sort.

- Ne t'en fais pas ma chérie, je suis sûre que tout ira bien. Comme tu le dis si bien, Asalhir ne laissera rien arriver de grave.

- Tu penses qu'elle va bien ?

- J'en doute, mais c'est notre Créatrice. Rien ne l'empêchera d'agir si la situation l'exige…


Regina regardait par la fenêtre du salon la foule qui se massait dans la rue Mifflin. Certains tenaient des torches, d'autres brandissaient des fourches vers le ciel, et tous criaient des injures. La reine afficha un sourire mauvais et fit craquer les articulations de ses mains. La magie parcourait son corps et ne demandait qu'à s'exprimer, après tant de décennies d'inactivité. Et les gueux sur son perron allaient lui en donner l'occasion. En plus, elle avait besoin de se changer les idées, les évènements de ces dernières heures tournant en boucle dans son esprit. Hermione Granger, son imbécile de voisine, cette femme agaçante (mais étrangement attachante) semblait être son véritable amour. Le piège que Regina pensait tendre à l'Anglaise afin de faire avouer à cette dernière ses plus sombres secrets s'était refermé sur la reine. Et cela plongeait la souveraine dans une perplexité certaine. Comment se pouvait-il que cette femme, qui plus est la Source selon ces dires, soit celle qui lui était destinée ?

Une torche lancée contre la maison suffit à sortir Regina de ses pensées. Elle se rendit dans son entrée pour ouvrir brusquement la porte avant de gagner l'extérieur. Tous les regards haineux se posèrent sur elle et les clameurs connurent un regain de vigueur. L'adrénaline parcourut les veines de la reine dont le regard brillait d'un éclat mauvais. Elle allait passer sa mauvaise humeur sur ses sujets et cela lui ferait grand bien, à n'en point douter.

- Vengeance ! cria une femme échevelée.

Regina s'avança, droite, le port altier, le regard méprisant et poussa un docteur Whale surexcité qui lui barrait la route.

- Et bien, mes chers sujets, vous voulez votre reine ? susurra-t-elle d'un ton mauvais, ses yeux assombris balayant les habitants foulant sa pelouse.

Elle retroussa les manches de sa veste sur ses avant- bras et leva les mains, prête à jeter un sort. L'excitation montait en elle et elle allait enfin libérer la rage et la frustration accumulées ces dernières semaines.

- La voici ! lança-t-elle en abaissant rapidement les bras.

Une onde de choc magique balaya la foule, expulsant les manants hors de son gazon. Le regard de la reine s'écarquilla de stupeur et elle observa ses mains, abasourdie, avant de reporter son attention sur ses agresseurs sonnés ou inconscients. Ce n'était pas elle qui avait jeté le sort. Inexplicablement, sa magie n'avait pas fonctionné, et de cela elle était sure.

Elle tourna la tête, ignorant les quelques personnes qui fuyaient en rampant et ses yeux se posèrent sur Hermione Granger. Ses sourcils se froncèrent et elle ne put s'empêcher d'afficher une mine renfrognée. Que faisait l'Anglaise ici, rue Mifflin, alors qu'elle était sensée se trouver à l'hôpital en compagnie d'Emma Swan ?

Préférant les sentiments qui naissaient en elle à la vue de la médecin, Regina la dévisagea, intriguée. Cette dernière avait comme à son habitude une cigarette coincée entre les lèvres. Les mains enfoncées dans ses poches, elle était adossée contre une des colonnes de son perron et semblait à deux doigts de s'évanouir à nouveau. Les ecchymoses bleues sur le visage de sa voisine faisaient ressortir le teint livide de sa peau.

"C'est donc ça, la Source ? Elle peut jeter un sort aussi puissant dans un tel état de fatigue et d'un simple regard ?" se demanda la maire en frissonnant, avant de faire un pas dans la direction de l'Anglaise, dans l'idée de la rejoindre. Et de lui demander de se mêler de ses affaires.

Les hurlements d'une sirène d'une voiture de police couvrirent les gémissements de la foule. Regina s'arrêta dans son mouvement et, toujours sur le seuil de sa demeure, elle avisa la patrouilleuse du shérif s'engager dans la rue. Elle leva les yeux au ciel et soupira avant de reporter son attention sur sa voisine. Cette dernière n'était plus sur son perron et la souveraine vit la porte d'entrée du 110 se refermer.

- Elle ne perd rien pour attendre... murmura-t-elle alors que la voiture s'arrêtait devant chez elle.

Emma en sortit la première, suivie aussitôt par Henry. Une ombre passa dans le regard du garçon tandis qu'il découvrait les gens inconscients sur la pelouse de sa mère adoptive. James et Blanche-Neige avaient le même air réprobateur et l'institutrice se baissa pour aider Granny à se relever.

- Que s'est-il passé ici ? demanda la shérif en se grattant la nuque.

Regina désigna une torche qui se consumait dans un parterre de fleurs.

- Les braves habitants de Storybrooke ont décidé de se rendre justice eux-mêmes... expliqua-t-elle fraîchement.

- Et vous leur avez opposé des arguments de choc, gronda James en s'avançant.

Les lèvres de Regina s'étirèrent dans un sourire mauvais.

- C'est possible... ironisa-t-elle.

- Ce serait bien votre style, fit Blanche-Neige, amère.

Mary-Margaret s'était promis de rester digne et stoïque devant son ancienne belle-mère. Mais revoir cette femme qui l'avait séparée d'Emma pendant 28 ans faisait ressortir toute sa colère et sa peine.

- Légitime défense, contra Regina, placide.

Henry ne disait rien, incapable de prononcer un mot. Il avait envie de croire sa mère adoptive, qu'elle n'avait fait que se défendre. Mais voir ces pauvres gens blessés, évanouis, lui serrait le coeur. Et puis... ils avaient le droit d'être furieux d'avoir été amnésiques et privés de leur famille pendant des décennies. La maire devrait un jour être punie pour avoir jeté la malédiction, il le savait. Il espérait seulement que le châtiment tiendrait compte du changement de l'ancienne souveraine.

- Regina, je vais vous demander de nous suivre au bureau du shérif, commença James. Vous êtes en état d'arrestation.

- Et pour quel motif, je vous prie ? s'enquit doucereusement la reine.

- Cela me semble assez évident, répondit sérieusement Blanche-Neige.

Emma regarda sa colocataire et pensa que la femme qu'elle croyait connaître était finalement une parfaite inconnue. L'institutrice douce et accommodante avait disparu au profit d'une femme sûre d'elle, qui savait où elle allait.

- Je parlais d'un motif valable aux Etats-Unis d'Amérique, poursuivit Regina, moqueuse. Je vous prie de déguerpir de mon perron, sauf si vous voulez goûter à ma magie.

Blanche-Neige posa sa main sur l'épaule d'Henry et le prit contre elle, s'attirant un regard noir de son ancienne belle-mère.

- Nous reviendrons, annonça-t-elle.

- J'en suis certaine. Et je saurai vous accueillir, répliqua narquoisement la maire avant de tourner les talons et de gagner sa demeure. En attendant, Henry, monte dans ta chambre.

- Non, il vient avec nous, intervint James.

- La seule qui puisse opposer un refus à cette injonction est Emma, fit remarquer une voix derrière lui.

James et Blanche-Neige se retournèrent pour voir Maléfique et Lily qui avançaient vers eux. Emma vit ses parents se raidir et pâlir légèrement.

- Je n'ai pas eu le plaisir de vous présenter ma fille, Lily, commença la sorcière blonde. Après tout, vous ne l'avez connue que très brièvement.

Prenant conscience de la tension qui régnait, bien que ne la comprenant pas totalement, la shérif décida de prendre les choses en main et de tenter de désamorcer la situation.

- Henry, va dans ta chambre, ordonna-t-elle doucement. Je dois retourner dans la maison de Jefferson pour... enfin, tu sais, des trucs de shérif. Je viendrai te voir plus tard, promis. Mary-Margaret, David, pouvez-vous...

- En fait, nous devons nous occuper de notre peuple, coupa James sans quitter des yeux la dragonne. Nos gens viennent de retrouver la mémoire et ils doivent être désorientés.

- Et nous devons organiser les retrouvailles pour les familles qui ont été séparées. La nôtre n'a pas été l'exception, malheureusement, finit Blanche-Neige en plongeant son regard dans celui de Regina.

- Effectivement, ma famille a été la première d'une longue liste, fit remarquer Maléfique en se plantant devant l'institutrice, les bras croisés sous sa poitrine.

Regina poussa son fils à l'intérieur et, après avoir échangé un regard entendu avec la shérif, ferma la porte derrière elle.

- Tu es certaine de vouloir laisser Henry avec elle ? questionna James.

- Elle a parfaitement élevé notre fils pendant dix ans, et ça crève les yeux qu'elle l'aime. Je ne vois pas pourquoi elle s'en prendrait à lui aujourd'hui, répliqua Emma avec humeur.

- Et je ne vois pas comment vous pouvez vous permettre de la juger. Votre seule expérience avec les enfants se limite à les jeter dans des portails magiques, ajouta Maléfique avec morgue.

Le visage de Blanche-Neige perdit ses couleurs et James déglutit difficilement.

- Vous feriez mieux d'y aller, grommela Emma pour le couple princier. Et euh... Lily, tu veux venir avec moi chez Jefferson ? J'suis sûre que tu as un tas de trucs à me raconter, proposa la shérif.

- M'man ? fit la jeune femme en se tournant vers la dragonne.

- Je vais rester avec Regina, au cas où, répondit Maléfique, ne quittant pas les Charmants du regard.

- Dans ce cas, avec plaisir, votre Altesse, se moqua gentiment Lily.

Emma roula des yeux et se dirigea vers la voiture de patrouille.

- Je hais ma vie, souffla-t-elle tandis que la fille de Maléfique éclatait de rire.


Après avoir fermé la porte derrière elle, Hermione avait trébuché jusqu'à son canapé. Elle se vautra dessus et, après avoir attrapé un coussin, le serra contre elle. La douleur irradiait son corps mais ce n'était pas sa première préoccupation. Elle luttait difficilement contre une petite voix intérieure, un écho qui aurait dû disparaître il y a des centaines d'années de cela.

"Vois ce qu'ils t'ont fait... tu aurais dû les tuer, tous. Ils n'ont aucune compassion pour toi, la Source, alors pourquoi en aurais-tu pour eux ? Ce ne sont que des humains..."

Hermione ne l'avouerait jamais mais voir cette foule prête à s'en prendre à Regina avait failli lui faire perdre la raison. Oui, elle aurait adoré tuer tous ceux qui avaient eu l'intention d'assassiner sa voisine. Et en cela, elle avait un gros problème.

Elle attrapa une bouteille de whisky et en but plusieurs gorgées au goulot, histoire de s'anesthésier le corps et l'esprit et de sombrer dans une inconscience bienvenue. Tandis qu'elle s'apprêtait à s'assoupir, elle sentit le sombre pouvoir de sa plus vieille ennemie s'étendre brièvement sur la ville.

- Et merde... grogna-t-elle en se redressant dans une grimace.

Elle passa sa main sur son visage en sueur avant de se relever et de sortir de sa maison d'un pas chancelant.


Lily suivait Emma dans la maison de Jefferson, la shérif inspectant la moindre pièce, notant toutes ses découvertes dans un calepin. Et elles étaient nombreuses. Elle avait trouvé dans le garage de la demeure la voiture volée du Docteur Hopper, celle-là même qui avait renversé le Docteur Granger des années plus tôt. Dans le salon, elle était tombée sur une armoire remplie d'armes à feu qui aurait fait pâlir d'envie un membre de la NRA.

- Va falloir toutes les expertiser pour savoir s'il y a l'arme qui a servi sur Madame le Maire et sa voisine... dit pensivement Emma.

Mais ce qui l'intriguait le plus était le taser que Jefferson avait utilisé pour torturer la brunette. L'homme était-il coupable du meurtre de la jeune serveuse du Rabbit Hole ?

- Lily, toi qui... enfin... moi, avec ces histoires de malédiction et de contes de fées, j'suis larguée. Toi non apparemment. Tu peux me dire si la malédiction empêchait effectivement quiconque de quitter la ville ? demanda Emma.

La jeune femme eut un sourire amusé et acquiesça.

- Mais dans ce cas, comment Maléfique... ta mère a-t-elle pu sortir de Storybrooke ? poursuivit la shérif.

- Grâce à Hermione.

- Parce que c'est une sorcière anglaise, la meilleure amie d'Harry Potter ? plaisanta la blonde, croisant les doigts pour que son fils n'ait pas raison sur tout (car ça serait sacrément dingue).

- Non, répondit posément Lily.

Emma soupira, soulagée. Finalement, sa vie n'était qu'à moitié dingue.

- Parce qu'elle est la Source, l'Origine de toutes magies, et que nul sort lui résiste.

La shérif se retourna vers son amie, bouche bée et yeux écarquillés.

- La quoi ? finit-elle par dire.

- La mère de toutes les créatures magiques qui peuplent ce monde et tous les univers parallèles.

Emma éclata de rire mais se reprit en voyant le visage sérieux de Lily.

- Putain, je nage en plein délire. Bref, mettons de côté ces conneries de contes de fées et de magie pour nous concentrer sur l'essentiel. Jefferson est un taré, mais pas le taré que je dois coffrer pour meurtre. Faut dire que la Doc' colle pas dans le décor. Mais merde ! Deux fous-furieux dans une si petite ville ? C'est du délire...

- Tu es la Sauveuse, tu arriveras à le coincer.

- Sauveuse, Altesse... plus les surnoms se multiplient, plus j'ai envie de vomir... grogna Emma en roulant des yeux. Bon, faut que j'appelle Madame le Maire pour lui annoncer la mauvaise nouvelle... Son soupirant court toujours.

- Tu peux me déposer chez Granny ? demanda Lily en suivant la shérif à l'extérieur. La nuit ne va pas tarder à tomber et je dois me préparer pour un super rencard.

- Ah ouais ? s'enquit la blonde. Qui est l'heureux élu ?

- August Booth. J'ai jamais su résister aux motards...


Regina tournait en rond dans son salon. La reine avait les mains croisées dans le dos et arborait un visage sombre. Maléfique était tranquillement assise sur le canapé et feuilletait une revue de décoration d'intérieur datant de plusieurs mois qu'elle avait récupérée sur la table basse de la souveraine.

- Tu me fatigues, Regina, soupira la dragonne. Arrête d'user la moquette et viens t'asseoir.

- Je ne peux pas rester ici à ne rien faire, à attendre que les deux idiots décident comment se débarrasser de moi, siffla la reine.

- Et bien, prends les devants et tue-les, proposa Maléfique. Je t'aiderai si tu veux.

- Tu sais bien que je ne peux pas, à cause d'Henry. Je ne vais pas occire ses grands-parents, même si l'envie ne m'en manque pas.

- Menteuse. Tu as eu près de trente ans pour le faire. Et pourtant, ils respirent toujours.

La sonnerie du téléphone de Regina interrompit l'échange. La maire, voyant le numéro de la shérif s'afficher, décrocha avec empressement.

- Que puis-je pour vous, votre Altesse ? se moqua la reine avant de plonger son regard dans celui de son ancienne amie. Hmm... Intéressant. Donnez-moi deux secondes.

La brune posa sa main sur le micro et regarda sérieusement Maléfique.

- Mes sujets ont fini de fêter leurs retrouvailles et renouent à présent avec leurs anciens penchants. Quelques incidents ont éclaté en ville. Cambriolages, pillages et règlements de compte.

- Emma a-t-elle besoin d'aide ? proposa la dragonne.

La maire posa la question à la shérif avant de froncer les sourcils.

- Miss Swan, écoutez-moi bien : laissez faire vos parents. Que ces deux idiots se rendent utile. Je sais que vous êtes la shérif mais mettez-vous à l'abri et ne bougez pas de la nuit. Henry serait... chagriné s'il vous arrivait un quelconque désagrément. Oui, venez ici, si vous voulez ! concéda-t-elle, exaspérée.

Elle se servit un verre de cidre et en but la moitié en une gorgée.

- Jefferson n'est pas la personne qui a assassiné la serveuse du Rabbit Hole, répéta-t-elle. Donc nous avons un tueur en ville. Et bien, vous savez quoi faire demain. Reprendre votre enquête et trouver le meurtrier. Cela devrait vous occuper quelques semaines... lâcha la maire, goguenarde. Sinon, vous avez des nouvelles de Gold ? Sa boutique est porte close ? Cela ne m'étonne guère...

La reine écarta brusquement le téléphone de son oreille et attendit quelques instants avant de l'approcher à nouveau.

- Oui, le devoir vous appelle, je sais. Sachez que le repas sera servi à 18h30. Ne soyez pas en retard, lâcha la maire avant de raccrocher. Tu restes dîner avec nous ?

Maléfique acquiesça et referma le magazine.

- Avec plaisir. Besoin d'aide en cuisine ?

- Ce n'est pas de refus.


Emma roulait lentement en direction du quartier pavillonnaire de la ville. A chaque croisement, elle vérifiait que les rues étaient calmes et que la milice que ses parents avaient mise en place n'outrepassait pas ses fonctions. Elle allait s'engager dans Mainstreet quand elle avisa dans une rue adjacente une jeune femme aux cheveux bruns bouclés qui marchait pied-nus sur le bitume. Elle portait une espèce de chemise de nuit informe et semblait complètement désorientée. Emma se dépêcha de se garer en double-file et sortit de la patrouilleuse, laissant les gyrophares allumés.

Elle regarda autour d'elle, se demandant où la jeune femme avait bien pu passer, quand un cri de panique vint de sa droite.

Elle remonta le trottoir et finit par voir deux types qui tentaient d'entraîner la jeune brune dans une sombre ruelle. La femme se débattait comme elle pouvait, mais l'un des agresseurs lui asséna une claque retentissante.

La shérif allait traverser quand un pick-up passa à toute vitesse. Au volant, des hommes ivres qui chantaient des airs aux paroles peu recommandables. La blonde leur montra son majeur dressé avant de s'engager sur la route. Elle attrapa à sa ceinture une matraque et allongea sa foulée pour rattraper les agresseurs avant que la situation ne devienne critique.

En déboulant dans la petite rue sale et mal éclairée, Emma vit les deux hommes à terre, inconscients. Elle fut surprise de trouver le Docteur Granger accroupie devant la jeune femme aux cheveux bouclés, lui murmurant des paroles réconfortantes.

- Doc ! Qu'est-ce que vous foutez là ? Vous devriez être à l'hôpital ! gronda la shérif en désignant d'un geste de la main la tête amochée de l'Anglaise.

- J'avais besoin de prendre l'air. Mais vous avez raison, je suis fatiguée, je vais rentrer. Je vous laisse prendre la relève ? demanda doucement Hermione.

- Oui, bien sûr, mais... comment avez-vous fait pour étaler deux types en moins d'une minute ? Et surtout dans votre état ?

La médecin se contenta pour toute réponse d'un sourire énigmatique. Elle se releva, salua d'un geste de la tête les deux femmes et disparut dans un craquement sonore. Emma se gratta la nuque en repensant aux histoires de source de magie de Lily avant d'hausser les épaules et d'aider la jeune femme à se relever.

- Je dois aller voir Monsieur Gold, murmura la brune. Il va me protéger de la Méchante Reine.

- Je vous y emmène. Quel est votre nom ? demanda Emma alors que l'inconnue prenait appui sur elle.

- Belle.


Henry regardait par la fenêtre de sa chambre la rue calme et déserte. Il secoua la tête, atterré, et retourna s'asseoir sur son lit. Il attrapa son livre de contes et le feuilleta, le front barré par un pli soucieux. Il avait entendu sa mère et Maléfique discuter. Le chaos régnait à Storybrooke. Par sa faute, vu que c'était lui qui avait ramené la Sauveuse en ville pour qu'elle brise la malédiction. Mais il avait juste voulu ramener les fins heureuses. Pourquoi les gens étaient-ils devenus fous, alors qu'ils retrouvaient enfin leur famille, leurs amis, leur bonheur ?

Il caressa du bout des doigts un dessin représentant la Méchante Reine. Il soupira, espérant que sa mère adoptive serait en sécurité, que personne ne s'en prendrait à elle. Car, dans le cas contraire, il ne s'en remettrait pas. Il tourna une nouvelle page et le doute l'assaillit. Si son livre avait menti par omission, présentant Regina sous un jour sombre, se pouvait-il que la saga Harry Potter ne révèle pas tout sur la vie d'Hermione Granger, et que cette dernière ne soit pas l'héroïne intègre décrite dans les livres ?

- Je dois prévenir Emma, fit le garçon avec assurance. Si la chose qui a créé la magie cherche à la tuer, c'est qu'on ne peut pas lui faire confiance.


Blanche-Neige avait le coude appuyé sur la portière de la voiture et observait le chaos qui régnait dans les rue de Storybrooke. L'inquiétude se lisait sur son visage et la main de James posée sur sa cuisse dans un geste réconfortant n'arrivait pas à apaiser l'angoisse qu'elle ressentait.

- Que se passe-t-il, David ? demanda-t-elle doucement. Je ne les reconnais pas... Comment ont-ils pu devenir si... violents, si amers ?

Le roi actionna son clignotant et s'engagea dans l'artère principale de la ville. La vitrine de certains magasins avait volé en éclats, et d'autres boutiques étaient en flamme. Les doigts de l'ancien berger se crispèrent sur le volant.

- Nous étions en guerre, poursuivit-elle. Peut-être ne nous sommes pas aperçus de leur véritable nature.

- Ou c'est encore un coup de Regina, proposa James d'une voix dure.

- Je n'aime pas accuser tant que je n'ai pas de preuve.

- Ce que je veux dire, c'est que c'est un contre-coup du sort noir. Le maléfice nous a rendus doux comme des agneaux, serviles pendant trente ans. Maintenant libérés, les bas-instincts refont surface. Ca devrait se calmer d'ici quelques jours...

- James, nous devons ramener l'ordre en ville maintenant. Il n'y a pas de temps à perdre, coupa Blanche-Neige.

Le souverain se gara devant chez Granny et attrapa son épée récupérée dans la boutique de Gold, rare commerce en ville à ne pas avoir été vandalisé. Il se dépêcha de gagner le restaurant, Mary-Margaret sur les talons, une flèche encochée dans l'arc qu'elle serrait nerveusement.

A peine avaient-ils franchi la porte qu'ils tombèrent nez à nez avec Granny qui pointait son arbalète sur eux. Reconnaissant le couple princier, la vieille dame baissa son arme et repassa derrière le comptoir.

- Enfin vous voilà, lâcha Granny d'un ton morne. J'vais être à court de carreaux. J'en ai déjà planté dix dans le cul de petits voleurs qui voulaient prendre ma caisse...

- Où est Ruby ? s'enquit l'institutrice. Nous aurions besoin d'elle pour ramener un semblant de calme en ville.

- Je l'ai enfermée dans la cave. Au cas où vous n'auriez pas remarqué, c'est la pleine lune ce soir... C'était bien le moment, tiens !

Un long hurlement montant des tréfonds du restaurant glaça le sang de Blanche-Neige.

- Plan B, soupira David. Auriez-vous vu les nains ?

- Ca, on pouvait pas les rater... ils sont partis au Rabbit Hole après avoir vidé ma réserve de vodka. Ca fait vingt minutes qu'ils ont déguerpi d'ici. Ils fomentaient un plan pour mettre la main sur la Méchante Reine et sa traînée. J'serais vous, j'tarderais pas à aller les chercher, avant qu'ils se mettent une fois de plus dans le pétrin.

David et Mary-Margaret échangèrent un court regard avant de sortir précipitamment du restaurant. Si les nains avaient en tête d'affronter Regina, ce serait un véritable bain de sang.


Gold affichait un sourire satisfait. Jusque-là, son plan se déroulait sans accroc. Il ne restait plus qu'à trouver comment franchir la barrière qui ceinturait la ville et il pourrait retrouver Baelfire. Du bruit se fit entendre à l'extérieur et, reposant la lampe qu'il époussetait, il alla jeter un coup d'oeil par une des fenêtres de sa boutique. Après s'être assuré que personne ne viendrait troubler sa tranquillité (il avait eu plus tôt la visite du couple royal, ou princier, il devait avouer qu'il s'y perdait. Qui avait la responsabilité du royaume ? Regina ou les deux idiots ?), il retourna à son ménage. Maintenant que les habitants avaient retrouvé leurs souvenirs, il doutait qu'il y ait en ville quelqu'un d'assez suicidaire pour venir déranger un Ténébreux ayant retrouvé ses pouvoirs.

Comme pour le contredire, la clochette de la porte tinta et le prêteur sur gage eut un soupir agacé.

- Vous ne savez pas lire ? Sur la pancarte, il est écrit fermé... lâcha-t-il sèchement avant de lever la tête.

Ses yeux s'écarquillèrent de stupeur et, après un temps d'hésitation, il contourna le comptoir pour s'approcher à pas mesurés des deux femmes qui pénétraient dans la boutique.

- Belle ? fit-il, incrédule.

- Bonsoir Monsieur Gold, commença Emma. Cette jeune personne a besoin de votre aide.

Le ton de la shérif indiquait clairement qu'elle pensait que la femme aux cheveux bouclés commettait la plus grosse erreur de sa vie.

- Rumpel... sourit la jeune femme.

Le prêteur sur gage attrapa une chaise et l'approcha de son ancienne captive. Belle se laissa tomber dessus et passa une main sur son visage.

- Où étais-tu ? demanda Gold, pressant. Je croyais que tu étais...

- Plus tard, mon amour. Je crois que la Sauveuse a des questions.

- Euh... ouais, fit Emma en se grattant la nuque. C'est quoi ce délire ?

- Vous pourriez être plus précise ? ironisa Rumpelstilskin, pressé que la blonde s'en aille.

- J'ai bien compris que toutes les histoires de contes de fées sont vraies. Mais pour le retour de la magie... qu'est-ce qui s'est passé ?

- Regina m'a apportée plus tôt dans la journée une fiole que j'avais cachée. Je ne sais pas comment elle l'a récupérée et je dois dire que je m'en moque. Cette fiole contenait une potion de ma fabrication, potion que j'ai répandue dans le puits aux souhaits.

- Mais... pourquoi vouloir ramener la magie ?

- Pour le pouvoir, très chère, sourit Gold.

- Ouais... Et euh... Vous savez ce qui s'est passé entre mes parents et la fille de Maléfique ? interrogea Emma.

Voyant le rictus du prêteur sur gages, la shérif fit un pas en arrière.

- Laissez tomber, je demanderai directement... Bon, je vous ai ramené votre amie, mission accomplie.

- La dette que vous me deviez est annulée, shérif Swan. Passez une bonne soirée.

- Avec le bordel en ville ? Vous avez de l'humour, souffla Emma en tournant les talons.

Elle quitta la boutique et Gold s'agenouilla devant Belle pour lui prendre les mains.

- Alors, mon amour. Où étais-tu toutes ces années ?

- Regina m'a enfermée... mais je te demande de ne pas la tuer, répondit Belle. Nous nous sommes enfin retrouvés, profitons de ce moment, veux-tu ?

Rumpel roula des yeux mais promit du bout des lèvres de ne pas assassiner la Méchante Reine. Cependant, son esprit diabolique échafaudait déjà un plan de vengeance et il dut user de tout son self-control pour ne pas afficher un rictus mauvais. Regina allait payer de sa vie la disparition de Belle. Et si lui n'avait pas le droit de faire rendre à la souveraine son dernier souffle, il connaissait une créature qui serait ravie de s'en charger.


Et voilà pour ce premier chapitre ! Ca vous a plu ? Des commentaires ? L'espace review est fait pour vous !

A la semaine prochaine,

Bises,

Sygui et Link9