Holaaaa, voici la traduction d'une fanfiction écrite par l'auteur anglophone Roving Otter, dont le titre en VO est "All That I Can Give!
Elle a fait une série de fanfictions relativement courtes autour de Gai et Lee qui sont toutes très touchantes.
Ces fanfictions de Gai et Lee peuvent être lues de manière indépendantes, mais elles ont un ordre chronologique, et vous êtes sur la sixième de cet ordre, la précédente étant "Poing Ivre, Baisers Bâclés" et la toute première étant "Restez"!
Bonne lecture!
Lee était allongé sur une petite table au centre de la pièce, nu, la partie inférieure de son corps recouverte d'un drap. Deux médecin-ninja le surplombaient, leur mains auréolées de chakra tandis qu'ils essayaient de réparer les dommages causés à son corps. Des contusions noires marbraient chaque partie visible de sa chair, mais son bras gauche était le pire. Il ressemblait à de la viande crue, rouge et brillante. Un fragment blanc d'os sortait de son épaule. Le sang tâchait les draps et coulait sur le sol.
Gai attendait à la porte. Les med-ninja lui avaient dit que Lee était inconscient, qu'il ne ressentait rien.. mais alors qu'il regardait, le visage de Lee se tordit, comme s'il souffrait. Un faible gémissement s'échappa de ses lèvres.
Une infirmière posa une main sur le bras de Gai.
-Vous ne pouvez rien faire pour lui pour le moment, dit-elle. Rester là à regarder rendra les choses plus difficiles pour vous.
-Je ne le laisserai pas, dit Gai.
Elle resserra sa prise sur son bras.
-Je suis désolée, mais si vous restez là, vous allez perturber les médecin-ninja. Laissez-les travailler.
Gai hésita.. puis fit demi-tour et la suivit jusqu'au hall.
J'aurais pu empêcher ça. Si j'étais intervenu plus tôt..
Il serra la mâchoire, des larmes brillant dans ses yeux.
Lee, qu'est-ce que je t'ai fait?
L'espace d'un instant, il n'y eut que la douleur, qui saturait son corps comme une brume rouge. Il ne savait pas qui il était ou ce qui lui arrivait. Il n'y avait de place dans sa conscience pour rien d'autre que la douleur.
Il avait l'impression qu'il allait bientôt mourir. C'était certain que personne ne pouvait endurer autant de douleur et être en vie. Mais d'une certaine manière, il continuait de vivre.
Des formes obscures sans visage planaient au-dessus de lui. À travers un regard flou et faible, il entrevit des gants tâchés de sang et des lumières aveuglantes. Puis une voix dit: "Ses pulsations cardiaques s'accélèrent. Il doit être en train de reprendre connaissance. Envoyez-lui une autre dose."
La piqûre de quelque chose d'affûté entra en contact avec son cou. Puis un brouillard obscur plongea sa vue dans les ténèbres, et il sombra dans le néant.
Le temps défila. Combien de temps, il l'ignorait, mais il avait l'impression qu'un très long moment était passé. Parfois tout était obscur. Parfois il voyait des choses, entendait des choses, et il ne savait pas si c'était réel. Un murmure de voix allait et venait dans son cerveau. De vagues ombres se mouvaient dans son champ de vision.
Il sortit la tête des eaux troubles du sommeil forcé par le médicament et vit le visage d'un homme qui avait un regard chargé de souffrance baissé vers lui.
Il sentait qu'il était censé savoir le nom de l'homme. Il essayait de mettre le doigt dessus dans sa tête, mais il lui échappait. Il avait beau essayer de toutes ses forces, il ne s'en souvenait pas.. et d'une certaine manière, ça lui faisait plus mal que la douleur dans son corps. Il était censé le savoir. Même s'il avait tout oublié à son propre sujet, il devrait savoir qui était cet homme.
L'homme lui parlait, sa bouche bougeait, mais il ne pouvait pas entendre ses mots. Lee lutta pour se concentrer.
- ..m'entends, Lee? Tu es réveillé?
Lee. C'est mon nom. Je suis Lee.
Il essaya de parler, mais ses lèvres ne voulait pas bouger.
Les ténèbres emportèrent ses pensées, et il sombra une fois de plus.
La lumière du soleil tombait par la fenêtre ouverte et se répandait sur un carrelage blanc. Lee cligna des yeux tandis que ses pensées le tiraient vers la vie, et il se réveilla, il se réveilla vraiment, pour la première fois depuis.. depuis..
Qu'est-ce qui lui était arrivé? Lee fixa le plafond, l'esprit vide. Une douleur sourde et lancinante se diffusait dans tout son corps. Il avait l'impression de s'être fait piétiné par un troupeau de buffles.
Il essaya de s'asseoir, et une douleur toute nouvelle le traversa. Des étoiles rouges explosèrent devant ses yeux. Il retomba sur le lit dans un cri. Une vague d'épuisement déferla en lui, et pendant un instant, sa vue se voila. Lorsque la douleur s'estompa suffisamment pour l'autoriser à bouger, il tourna la tête et vit son bras et sa jambe emprisonnés dans des plâtres.
Un barrage se rompit dans son esprit, et les souvenirs déferlèrent. Il se rappela une main immense s'avançant pour le saisir, des doigts granuleux de sable se refermant sur son bras et sa jambe, une terrible pression, l'explosion d'une douleur atroce..
J'ai perdu.
Une boule d'amertume brûlante le saisit à la gorge.
J'ai échoué.
Il avait donné tout ce qu'il avait dans ce combat, il avait tout risqué – mais ça n'avait pas été suffisant. Il ferma les yeux pour retenir ses larmes.
Non, pensa-il. Ne pas pleurer. Ne pas s'apitoyer sur son sort. Il devait simplement guérir, devenir plus fort et essayer à nouveau. C'était sa Voie. Peu importe ce qui se passait, peu importe le nombre de fois où il échouait, il devait continuer d'essayer. Il devait..
Lee entendit le bruit de la poignée de porte, et il ouvrit les yeux d'un coup. Un homme entra et s'approcha du lit.
-Gai-sensei, dit Lee, surpris.
-Tu es réveillé.
Gai regardait vers lui, mais son regard ne croisait pas celui de Lee. Son expression était indéchiffrable.
-Comment te sens-tu?
-J'ai un peu mal.
-Si tu veux, je peux demander qu'on augmente tes doses d'anti-douleurs.
Lee n'avait jamais entendu la voix de son sensei aussi calme et effacée.
-Je ne veux pas plus de médicaments. J'ai déjà l'esprit tellement embrumé. Je peux le supporter.
Lee sourit, mais Gai ne lui sourit pas en retour. Quelque chose ne collait terriblement pas. Pourquoi Gai ne voulait pas le regarder? Pourquoi ne souriait-il pas? La poitrine de Lee se serra.
-Gai-sensei, dites quelque chose, s'il vous plaît.
Gai ferma les yeux.
-Je suis tellement désolé, Lee, murmura-il d'une voix rauque. Tout est de ma faute.
-Qu'est-ce que vous dites? Ce n'est pas vous qui avez fait ça. C'est Gaara.
Regardez-moi.. s'il vous plaît regardez-moi, Sensei..
-De plus, ça va aller. J'ai déjà été blessé dans le passé. Je vais guérir, et j'essaierai à nouveau.
Le visage de Gai se tordit, comme s'il avait mal, et le sang de Lee se glaça. Il regarda Gai serrer les poings et prit une grande inspiration.
-Sensei? demanda Lee d'une petite voix. Qu'est-ce qu'il y a?
-Ils m'ont dit..
-Quoi?
-Rien. Ce n'est rien.
-S'il vous plaît, dites-moi!
-Le médecin ninja avec qui j'ai parlé.. il.. il ne pense pas que tu pourras retrouver l'entier usage de tes membres. Il a dit que les dégâts à ton bras et à ta jambe sont trop sévères. Il ne pense pas que tu pourras être capable de te battre après ça.
Lee sentit le sang quitter son visage.
-Je ne peux plus être un ninja?
Sa voix était petite et effrayée, la voix d'un enfant perdu.
-Mais– vous n'y croyez pas, pas vrai, Gai-sensei? C'est faux. C'est sûrement faux. Vous m'avez toujours dit que je pouvais surmonter n'importe quel obstacle si j'essayais de toutes mes forces. Vous m'avez dit– vous..
Sa voix s'effaça.
Gai avait le regard fixé au sol, les poings serrés, les épaules tremblantes. Il avait l'air de lutter pour garder le contrôle.
-Gai-sensei! gémit Lee.
Gai posa une main sur ses yeux.
-Pardonne-moi, murmua-il avant de quitter la pièce.
Lee resta là, dans le lit, sous le choc.
Dans le hall, Gai s'appuya contre le mur et enfouit son visage dans ses mains.
Tout était de sa faute. Lee lui avait fait confiance, il avait placé tous ses espoirs en lui, et voilà le résultat.
Il avait échoué auprès de Lee en tant que professeur. Il l'avait poussé trop loin, trop fort, il lui avait enseigné des techniques dangereuses, interdites. En ouvrant sa cinquième Porte, Lee avait presque détruit son corps, le laissant vulnérable et faible, impuissant face à ce ninja fou de Suna. Mais même à ce moment-là, Gai avait hésité à intervenir. Dans sa naïveté, dans son aveuglement, il avait répugné à l'idée même que Lee puisse perdre le match. Et maintenant, Lee était infirme.
Il serra la mâchoire et essuya ses yeux du bras.
L'idée qu'il avait détruit le rêve de Lee était déjà assez affreuse. Mais la pensée qu'il ait pu condamner Lee à boiter en béquilles pour le restant de sa vie était insupportable. Conscient de ça, comment pouvait-il faire face à son élève?
Il savait qu'il ferait mieux de retourner dans la chambre et parler à Lee, lui sourire et le rassurer, lui dire que tout irait bien. Mais il ne pouvait pas – parce qu'il savait que ce serait un mensonge. S'il retournait dans cette chambre et faisait face à ce garçon innocent dont la vie était ruinée, Gai craquerait et se mettrait à pleurer, et ça pourrait seulement effrayer davantage Lee.
Donc il resta dans le hall, le visage caché dans ses mains, son cœur semblable à un nœud amer de honte.
Lee regardait dans le vide.
Gai-sensei l'avait laissé. La seule personne qui s'était toujours souciée de lui, qui avait toujours été là pour lui, l'avait abandonné.
Lee n'était pas assez bien, finalement. Il avait déçu Gai – il s'était déçu lui-même. Et maintenant il était seul.
Le lendemain, Gai revint lui rendre visite. Cette fois, il arborait un large sourire aussi fin qu'une couche de vernis. Lee ne se laissait pas berner. Gai ne voulait toujours pas croiser son regard, et Lee savait que son sensei luttait pour cacher sa douleur. Je suis une déception à ses yeux, pensa Lee.
-Ne t'en fais pas pour ça, Lee, dit Gai avec une bonne humeur forcée. Tu montreras aux docteurs qu'ils ont tort, j'en suis sûr. Ce n'est qu'un léger contretemps. Tu seras vite remis sur pied, et tu pourras retourner t'entraîner.
-Oui, Sensei.
Mais Lee savait que Gai n'y croyait pas vraiment. Sous ce sourire se cachait une terrible obscurité.
Plus tard, un med-ninja vint ajuster le dosage des anti-douleurs. Lee regarda le liquide clair partir de la perfusion, parcourir le tube en plastique, entrer dans son corps. Ses yeux n'arrivèrent plus à faire la mise au point, et une lourde lassitude s'empara de lui.
-Est-ce que c'est vrai? murmura-il.
-Qu'est-ce qui est vrai?
-Que je ne pourrai plus me battre.
Le med-ninja hésita.
-Je suis désolée, dit-elle avec gentillesse. Nous avons fait ce que nous pouvions, mais il vaut mieux pour toi que tu abandonnes l'idée d'être un ninja. Les dégâts dans ton corps sont trop sévères. Mais tu es encore très jeune. Il y a plein de chemins qui s'ouvrent à toi.
Lee détourna le regard. Il savait qu'il ne pourrait jamais choisir un autre chemin. C'était un ninja – c'était toute son identité. Sans ça, il n'était rien.
Je dois devenir plus fort. Cette pensée brûlait dans sa tête. Il devait surmonter ça, il devait regagner la confiance que son sensei avait eu en lui.
Quand le med-ninja sortit, il sortit du lit et fit des pompes sur le sol de sa chambre d'hôpital. Une infirmière entra, lui ordonna de retourner au lit et le gronda fermement, mais il l'ignora. Un peu plus tard dans la même journée, il sortit en cachette pour se rendre sur le gazon vert derrière l'hôpital et continua de s'entraîner jusqu'à ce qu'il s'évanouisse et qu'il soit ramené jusqu'à sa chambre sur un brancard.
Après quelques autres incidents similaires, ils l'avaient attaché au lit.
Privé de la distraction qu'offrait l'exercice, Lee ne pouvait plus se défendre contre les ténèbres qui grandissaient dans son cœur. Il succomba au désespoir. Les jours passèrent, et il reposait immobile dans son lit, fixant le plafond, presque catatonique. Lorsque Gai, Neji ou Tenten venaient le voir, il faisait de son mieux pour sourire et agir normalement, mais intérieurement, il était apathique et vide.
Après une semaine à l'hôpital, il fut autorisé à sortir, et Gai le ramena à l'appartement qu'ils partageaient.
Lee avait pensé qu'il trouverait du réconfort en rentrant, mais il n'y avait rien à part ce vide froid. Il fixa sa chambre. Cela faisait-il seulement quelques semaines qu'il avait été étendu sur ce lit, tremblant d'excitation et de bonheur à la perspective de l'Examen des Chunin qui approchait? Aussi peu de temps s'était-il écoulé depuis qu'il s'était senti aussi optimiste en pensant au futur? Ça semblait appartenir à une autre vie, à présent.
-Et bien, dit Gai, nous voilà chez nous.
Lee essaya de sourire. Pour son sensei, il devait faire semblant de ne pas être en train de mourir intérieurement.
-Oui. C'est bon d'être chez soi.
-Pourquoi tu n'irais pas t'allonger et te reposer? Je vais te préparer quelque chose à manger.
-Merci.
Gai lui fit une assiette de sandwiches. Lee en mangea un, même si ça aurait pu tout aussi bien être de la sciure. Depuis sa blessure, son appétit l'avait complètement quitté ; il devait se forcer à se nourrir, et quand il le faisait, la nourriture n'avait aucun goût.
Et encore une fois, Gai ne voulait pas croiser son regard. À chaque fois que Gai détournait les yeux, Lee sentait son désespoir gagner en taille et en intensité. Il sombrait. Il avait besoin que quelqu'un le sorte de là, le remette en lieu sûr. Il avait besoin du sourire chaud et rassurant de son sensei. Mais même si Gai était à ses côtés, Lee sentait qu'un mur invisible se dressait entre eux. Il avait l'impression que Gai s'éloignait de plus en plus de lui, le laissant seul dans les ténèbres, et il ne pouvait rien y faire.
-Lee, je sors quelques heures. Est-ce que ça ira pour toi de rester seul?
Lee s'assit sur le lit, adossé contre une pile de coussins, sa béquille posée contre le lit. Il fit un sourire triste à Gai.
-Ça ira.
Gai hésita.
L'état physique de Lee était stable. Il n'y avait vraiment aucune raison de s'inquiéter.. pourtant, Gai se sentait anxieux à l'idée de laisser son élève seul ici. Lee était tellement apathique, tellement silencieux depuis sa blessure. Son visage était pâle, ses yeux rongés de cernes et il avait perdu du poids. Même s'il souriait, ses yeux ne souriaient pas. Ces yeux – normalement si brillants et limpides – étaient voilés et vides, aussi vivants que des pierres polies.
-Tu as pris tes médicaments?
-Oui, Sensei.
-Bien. Dans ce cas, je serai bien vite de retour.
Il s'arrêta, regarda Lee, puis quitta l'appartement.
Dès que Gai fut parti, Lee prit son petit carnet. Il savait ce qu'il devait faire.
Il déchira une feuille, prit un stylo et commença à écrire. Ça ne lui prit pas beaucoup de temps. Il avait déjà préparé la lettre dans sa tête ; il savait ce qu'il voulait dire. Quand il eut fini, il posa la note sur son oreiller, puis fouilla sous le matelas et en sortit un kunai.
Il l'avait caché là-dessous il y a un bon moment, au cas où on l'aurait attaqué au lit et qu'il aurait eu à se défendre. Il savait qu'un ninja devait être prêt à parer toute éventualité. Mais à présent, la lame affûtée allait servir à quelque chose de différent.
Lee coinça le kunai sous son bras et prit la photo encadrée de l'équipe Gai qui était à côté de son lit. Il serra la photo contre lui un moment, les larmes lui picotant les yeux. Puis, en prenant appui sur sa béquille, il traversa le couloir en boitant jusqu'à la salle de bain. C'était difficile pour lui de marcher, et chaque pas envoyait un pic d'électricité dans sa colonne vertébrale. Mais il s'en fichait. Bientôt, la douleur cesserait.
Il remplit la baignoire d'eau chaude et posa la photo sur un meuble de la salle de bain, où il pourrait la voir durant ses derniers instants. Puis il posa sa béquille à côté et s'agenouilla à côté de la baignoire. À l'aide du kunai, il dégagea le plâtre de son bras gauche, dévoilant son membre enflé, contusionné et bouffi. Il fut prit d'une légère nausée en le voyant.
Ça ne durerait pas plus longtemps. Bientôt, il serait libéré de ce corps brisé et inutile. Et Gai serait libéré de lui. Il n'aurait plus à s'occuper d'un raté.
Pardonnez-moi, Sensei. J'ai essayé..
Il prit une grande inspiration. Puis, de la pointe du kunai, il s'ouvrit les veines.
