Disclaimer : Les personnages appartiennent à JK Rowling, sauf Patricia Rakepick crée par les concepteur du jeu Hogwarts Mystery et Eva Oakwood qui est de ma plume.
Prologue
« Cher Angus, voilà quelques mois que nous avons quitté les Etats-Unis et je tiens à te donner des nouvelles d'Astoria. Elle va un peu mieux, grâce à toi. Je crois que le traitement que tu lui as administré fait effet. Le chemin est encore long mais je ne désespère pas de voir disparaître une bonne fois pour toute le mal qui coule dans ses veines et la ronge. Je sais que tu travailles encore sur des essais de remèdes qui pourraient lui donner quelques années de plus à vivre et nous t'en sommes reconnaissants. J'aimerais cependant t'annoncer quelque chose : Astoria est enceinte, nous l'avons appris hier. Cette situation, bien qu'imprévue et délicate, ne nous rend pas moins heureux. Nous en avions discuté dans ton bureau, la veille de notre départ et tu nous avais fermement déconseillé de concevoir un enfant car cela pourrait mettre en danger la santé d'Astoria et du bébé. Nous avons fait attention, mais apparemment ce n'était pas suffisant. Je suis donc très inquiet et je ne fais absolument pas confiance aux guérisseurs de Ste-Mangouste qui veulent prescrire un traitement supplémentaire à Astoria. Ils disent que sinon elle pourrait ne pas survivre à l'accouchement. Je me demandais donc s'il ne serait pas mieux d'interrompre la grossesse grâce à une potion abortive… C'est radical je sais. Mais j'ai tellement peur. J'aimerais avoir cet enfant mais pas au prix de la vie d'Astoria. Je ne pourrais pas le supporter.
J'attends tes plus précieux conseils,
A très vite,
Draco. »
Severus, confortablement installé dans son grand fauteuil en cuir capitonné, une cigarette à la main, fixa la lettre pendant encore quelques secondes et fronça les sourcils. Il la jeta par-dessus le tas de divers parchemins, livres de magie noire et articles de journaux qui couvraient la moitié de son bureau. « Angus Sullivan, bientôt dans les locaux de Radio The Witch's wave ? lire en page 3 pour découvrir son portrait » titrait la couverture d'un journal local. Aucune photo n'accompagnait le titre, à la demande de Severus qui ne voulait pas être affiché comme toutes ces starlettes locales. D'ailleurs il n'avait pas pris la peine de lire l'article complet. C'est Eva, sa secrétaire qui lui avait apporté le quotidien en même temps que le courrier de la journée. Elle avait surgi toute guillerette dans le bureau de Severus, en lui apportant la nouvelle. « Vous êtes célèbre ! » s'était-elle égayé, agitant la gazette devant un Severus impassible qui avait l'habitude qu'elle le prenne pour son joueur de Quidditch favoris. Secrètement cela ne lui déplaisait pas, et attestait d'une certaine loyauté qui le rassurait. Eva faisait bien son travail, elle était ponctuelle, discrète, aimable et surtout, elle savait taper rapidement à la machine. Elle avait aussi des connaissances en médicomagie ce qui lui permettait de délivrer des renouvellements d'ordonnances pour des patients réguliers sans qu'ils aient besoin de passer dans le cabinet de Severus lorsqu'il était débordé.
Severus se leva, agacé, et marmonna « Quel idiot ! ». Il contourna son grand bureau en chêne massif, et entreprit une interminable série d'aller-retour de part et d'autre de la pièce, jetant de temps à autre des coups d'œil au morceau de parchemin qui était la source de son inquiétude. « Je ne suis pas Dieu, qu'est-ce qu'il lui passe par la tête ? » pensait l'homme ténébreux qui s'acharnait sur sa cigarette dont les cendres s'évaporaient progressivement vers le plafond. L'immense tapis en velours noir de la pièce s'étalant sur toute la longueur du cabinet ne semblait pas couvrir le bruit de ses pas énergiques qui faisaient craquer le vieux parquet. Cela ne manqua pas d'attirer l'attention de sa secrétaire. « Tout va bien, Mr Sullivan ? » demanda la jeune femme, en frappant timidement à la porte. Il s'arrêta finalement près d'une des deux fenêtres habillées par deux grands rideaux marrons qui apportaient la seule touche de couleur à l'environnement. Immobile, son regard vide était fixé vers le triste paysage qu'offraient les toits des vieux immeubles new-yorkais du quartier dans lequel son cabinet se situait. «Oui… Eva.» répondit le guérisseur d'un ton qu'il voulait diplomate mais qui traduisait plutôt un agacement. Il tourna les talons, traversa d'un pas vif la pièce, et ouvrit la porte qui le séparait de son interlocutrice. Un blanc s'installa et Severus, qui toisait la jeune fille au physique frêle d'une bonne vingtaine de centimètres, arqua un sourcil. Il demanda alors : « Qui est mon premier rendez-vous aujourd'hui ? ». Eva, dont les petits yeux ronds et bleus lui donnaient toujours cet air ébahi, s'empressa de rejoindre son modeste bureau d'accueil tout en lui répondant sur le ton de la conversation :
« — Oh ! Et un certain Norman Catesby, en fait c'est sa femme qui a pris rendez-vous, il est incapable de parler une autre langue que le Japonais. Je trouve cela curieux.
— Et moi ça me donne déjà la migraine… répondit d'un ton las Severus qui la talonnait et avait l'intention de s'enquérir de tous les autres rendez-vous de la journée.
Ses journées étaient chargées. Il commençait généralement à 7h30 du matin et s'accordait 30 min pour faire le point sur son stock de potions dans son laboratoire situé à l'arrière de son bureau. Vers 8h il lisait brièvement le courrier du matin, à savoir les nouvelles du jour et les quelques lettres d'admirateurs qui le félicitaient pour sa chronique hebdomadaire dans le New York Ghost, un des quotidiens sorciers américains les plus lus. Parfois, il recevait du courrier plus personnel comme celui de Draco qui lui avait demandé il y a quelques mois de sauver Astoria, sa femme, atteinte d'une malédiction du sang. Cette malédiction se transmet de façon héréditaire et souvent elle peut sauter une voire plusieurs générations, ce qui veut dire qu'il est très compliqué de la détecter. Severus travaillait d'ailleurs sur un possible dépistage et cela faisait des mois qu'il passait ses soirées à bûcher sur des essais cliniques, à expérimenter des potions et des sorts, à lire des livres sur la génétique des sorciers et les malédictions. La recherche en magie noire et les potions faisaient partie intégrante de son travail et lui prenaient la moitié de son temps. C'est la raison pour laquelle il devait être vigilant sur le nombre de ses rendez-vous journaliers et organiser méticuleusement son emploi du temps.
Ils arrivèrent dans un petit espace aménagé d'un simple bureau, et de quelques tours de rangement de dossiers qui faisaient office de secrétariat. Contrairement au bureau de Severus, ici rien ne traînait, une pile de parchemins était rangée sous un presse papier dans un coin, près de la machine à écrire. Juste à côté se trouvaient un bâton de cire et un sceau représentant les initiales du cabinet A.S. Seul artifice de décoration, une lampe dont l'abat jour aurait bien eu besoin d'un bon dépoussiérage. Quelques tableaux abstraits et assez lugubres ainsi que deux chandeliers muraux décoraient l'espace d'attente juste à côté. 4 chaises en bois alignées contre le mur permettaient aux patients d'attendre et de feuilleter une des quelques revues empilées sur une petite table basse carrée. Quand l'attente était trop longue, Eva leur proposait une tasse de thé accompagnée de scones. C'était son petit côté British attentionnée et il faut croire que cela plaisait. Severus avait laissé carte blanche à sa secrétaire pour gérer la décoration et l'accueil de sa patientèle. En effet, si lui de nature froide et distante n'inspirait guère la sympathie, la pétillante Eva, elle, était le rayon de soleil de ces pauvres gens en grande souffrance. Elle était un atout et au fond de lui il le savait.
Severus fit glisser son doigt long et fin sur l'interminable liste de patients dont il allait devoir supporter les jérémiades et histoires personnelles toutes aussi ennuyeuses les unes que les autres. Il s'arrêta net à la lecture d'un nom qui lui était familier : Patricia Rakepick. Severus devint soudain encore plus livide qu'il ne l'était d'habitude. « Nom d'un elfe ! » pensa-t-il. Les bras lui en tombèrent. La journée commençait très mal et en plus de devoir redoubler de vigilance quant à sa véritable identité, il allait aussi devoir, comme il l'avait fait pendant la guerre, prendre sur lui. Il ne détestait pas la célèbre conjureuse de sort avec autant de rage que celui qui avait ôté la vie de Lily, ou davantage que James Potter, celui qui avait gagné son coeur. En revanche, la rancœur de leur passé chargé était encore bien présente. La relation houleuse entre ces deux-là n'était un secret pour personne. Gryffondor, arrogante, célèbre, intrépide et indisciplinée, elle incarnait à elle seule le pire cauchemar de l'ancien maître des potions. Ajouté à cela le fait qu'elle avait fréquenté les maraudeurs à Poudlard, la coupe était pleine. Severus pensait avoir enfin échappé à son passé. Il s'attendait à rencontrer des visages ou des noms familiers dans sa nouvelle vie mais il était loin, très loin même d'imaginer, que ses anciens démons viendraient frapper à la porte de son cabinet.
— Tout va bien, Angus ? demanda Eva, les yeux écarquillés. On dirait que vous avez vu un épouvantard !
« Vous ne croyez pas si bien dire » pensa Severus, sans décoller son regard froid et vide de ce nom qu'il avait presque envie d'écorcher violemment avec le bout d'une plume souillée d'encre rouge. S'il s'était écouté il aurait demandé à faire annuler le rendez-vous, cela lui aurait évité bien des désagréments, et assuré que personne ne viendrait le déranger dans sa zone de confort. Une zone qu'il avait mis des années à construire. Il lutta intérieurement contre ses instincts les plus sombres pendant quelques secondes. Le Severus d'avant se serait senti obligé de sauver ses ennemis, car il ne voulait pas déshonorer la mémoire de Lily. Comme lorsqu'il avait tenté de décourager le téméraire Sirius Black de se joindre aux autres membres de l'ordre lors de la bataille du ministère. Désormais tout avait changé, Severus avait pris conscience que tout cela allait au-delà de Lily, d'Harry, de la Guerre. En fait, il avait déjà commencé à s'en rendre compte depuis le jour où Dumbledore lui avait demandé dans la plus grande des sérénités de l'aider à orchestrer son assassinat. Maintenant, il n'avait plus cette épée de Damoclès au dessus de la tête et était désormais libre. Seul son instinct, ce qu'il était au plus profond de lui comptait. Il n'avait jamais refusé aucun patient, par principe, encore moins quand la vie de ce dernier était menacée car il ne voulait plus, rongé par le regret, être responsable ou complice de la mort de quelqu'un. Cependant, il était plus simple pour Severus de soigner des gens maudits qu'il ne connaissait pas car cela n'avait rien de personnel, il faisait cela par fascination pour la magie noire et par devoir. Là, avec Patricia tout deviendrait plus compliqué. Comme pour Astoria, la femme de Draco. Devoir faire avorter la femme de quelqu'un que l'on affectionne et qui souffrirait forcément de cette décision, soigner quelqu'un qu'on déteste et ne pas l'antagoniser ouvertement. Le personnel devait-il prendre le pas sur une décision médicale ? Là, Severus n'était plus agent double, il ne jouait plus un double jeu, il jouait un seul rôle : Celui d'Angus Sullivan. Une seule erreur et c'est toute sa carrière qui serait compromise.
Severus fut violemment arraché à ses pensées par une terrible crampe dans la poitrine. Il agrippa fermement le bord du bureau de ses mains pâles et sentit tout son corps se raidir. Il avait du mal à respirer et tenta de desserrer fébrilement le noeud en soie noire qui surmontait le col de sa redingote. Penché en avant il tortilla des épaules et poussa un léger grognement. Il ne fallut pas moins d'une seconde à Eva pour se précipiter vers l'homme en détresse et l'aider à s'asseoir.
— Laissez-moi ! grogna Severus en la repoussant violemment. Personne ne peut m'aider, grommela-t-il tête baissée sans prendre la peine de regarder la jeune femme.
— Ça ne peut plus continuer comme ça ! Vous devriez voir quelqu'un ! s'agaça-t-elle.
— C'est drôle ça j'n'y avais pas pensé, pourquoi pas un guérisseur ? railla l'homme cynique qui peinait à se redresser.
— Votre sarcasme ne vous sauvera pas toujours, Angus.
Celui-ci ne répondit pas. Le poing fermé devant la bouche, il resta immobile quelques secondes avant de se ruer vers le fond d'un long couloir pour atteindre la porte des commodités. Eva, mal à l'aise et surtout peinée, l'entendit vomir. Cela faisait des années qu'il faisait ce genre de crise. Parfois il devenait même inconscient pendant quelques minutes. « Je gère la situation ne cessait de lui répéter Severus ». Néanmoins, plus le temps passait moins elle en était convaincue.
Dans la journée, Severus reçut ses patients normalement. Il ne fit pas d'autre crise, mais son humeur n'en restait pas moins exécrable. Il était 14h30, et la femme qui se trouvait face à lui devait être enceinte de 7 mois environ. Elle se plaignait de douleurs utérines et disait avoir l'impression qu'on la lacérait de l'intérieur. La trentaine, visiblement saine d'esprit et n'ayant aucun antécédent d'ordre gynécologique, aucun guérisseur du grand hôpital Morrigan à New-York n'avait réussi à déterminer la cause de ses symptômes. Severus, derrière son grand bureau désormais impeccablement débarrassé de toute paperasse, dévisageait sa patiente repliée sur elle-même, se tenant le ventre. L'homme au visage indéchiffrable mais qui avait le don de lire à travers ses patients, essayait toujours de les sonder lors d'une première approche. Il examinait le langage du corps, la cohérence du langage ainsi que les traits du visage pour évaluer le niveau de douleur chez les patients les plus expressifs. C'est ainsi qu'il tentait de déceler les premiers indices qui pourraient l'aider dans son diagnostic. Ce n'est qu'après cela qu'il posait les questions pertinentes.
— Qu'entendez-vous par « gratter à l'intérieur » ? interrogea enfin le guérisseur, sourcils froncés.
— C'est comme si cette chose…
— Cette chose ? l'interrompit Severus d'un air surpris. Qu'est-ce qui vous fait penser que ce n'est pas un être humain à l'intérieur de vous ? demanda-t-il calmement.
— Je le sens me griffer… ses coups de pieds… ils sont beaucoup trop agressifs. Il tambourine.
— Le fait-il tout le temps ?
— Non, mais c'est assez régulier répondit la jeune femme visiblement de plus en plus inquiète. Mais ce n'est pas tout, il a tendance à…
« VLAM ! » D'un seul coup, un appareil photo polaroïd posé à quelques mètres d'elle sur une console en bois traversa la pièce à une vitesse fulgurante tel un cognard déchainé et finit sa course en se fracassant contre le mur.
Désespérée, la future mère éclata en sanglots et mit sa tête dans ses mains.
— Je suis tellement désolée ! C'est ce que j'essayais de vous dire ! Est-ce normal que mon bébé démontre autant de magie alors même qu'il n'est pas encore né ?
Severus avait déjà quitté son fauteuil pour aller vérifier l'état de son appareil mais continuait d'écouter sa patiente.
— Non, ça ne l'est pas. Votre clandestin commence déjà à me courir sur le chaudron et je n'ai aucune envie qu'il détruise mon cabinet donc veuillez-vous lever et vous installer ici, ordonna-t-il en désignant le divan d'examen, situé à côté de la console.
Alors qu'elle s'installait, il fit tourner l'appareil polaroïd cassé entre ses mains et jeta un regard froid et accusateur vers le ventre bombé qu'il s'apprêtait à examiner.
— Est-ce que vous allez pouvoir le réparer ? demanda la femme qui visiblement se sentait coupable.
— Je ne sais pas, répondit-il froidement, après l'avoir reposé comme un enfant qui se résignait à abandonner son jouet préféré devenu irrécupérable.
Il pointa sa baguette vers un tabouret et le fit parvenir à hauteur de ses genoux pour qu'il puisse s'asseoir près de sa patiente. Sans un mot il souleva la tunique en dentelle blanche de la patiente et découvrit un ventre veiné et noirci. Il l'examina visuellement le temps d'un instant et se mit à le palper avec une force significative. Il agita ensuite sa baguette et formula, d'une voix grave et concentrée :
— « uterus diaphanum ! »
C'est alors que l'intérieur du ventre de la mère se révéla progressivement, tandis que celle-ci, allongée, détournait le regard. A en juger par ses tremblements et son mutisme soudain elle semblait tétanisée. Elle n'avait pas vraiment de quoi. En effet, ce qui se trouvait à l'intérieur du ventre,qui désormais donnait l'impression d'un aquarium, laissa l'homme expert en magie noire, de marbre. Il décida tout de même de pousser l'examen plus loin.
— M'autorisez-vous à regarder-cela de plus près ?
— Oui…
— « Duplicatum ! »
Une grande bulle se forma alors à quelques centimètres au-dessus de l'abdomen de la patiente, laissant apparaître à l'intérieur le fœtus à la lumière du jour. Une image de son futur enfant fût projetée dans les airs.
Le visage de Severus se figea. Il commençait à comprendre ce qu'il se passait. Il se mit à murmurer quelques formules en latin et à agiter sa baguette en direction du fœtus afin de lever toute ambiguïté. Il lui fallut à peine quelques secondes pour en arriver à la terrible conclusion qu'il ne pouvait plus rien faire pour ce bébé.
— Votre enfant est mort Madame, lança Severus avec sa délicatesse légendaire. Le visage revêche du sorcier ne laissait transparaître aucune compassion.
Il se leva et regagna son bureau laissant la femme, désormais inconsolable, encaisser la nouvelle.
Quelques minutes plus tard, elle trouva la force de se relever et revint s'asseoir face à l'homme qui venait de lui annoncer sans le moindre ménagement que son bébé était décédé. Severus pris tout de même le temps de lui adresser une prescription pour qu'elle puisse accoucher à Morrigan et lui administra un des nombreux philtres calmants qu'il avait en réserve. Selon toute vraisemblance l'enfant était effectivement atteint d'une malédiction mais seul des examens post-mortem viendraient en établir l'origine. Severus aurait pu réaliser ces prélèvements dans la foulée mais il jugea plus adapté sur le moment de confier cette tâche aux guérisseurs de Morrigan. A la demande de Severus, ceux-ci se chargeraient de lui renvoyer une copie des résultats afin qu'il les analyse lui même. En effet, il ne faisait guère confiance aux guérisseurs, qu'il qualifiait de « bobologues » incompétents et formatés.
Plus tard dans l'après-midi, il profita de la petite demi-heure qu'il lui restait avant le prochain rendez-vous pour sortir. Ces moments de répit étaient très rares et précieux. Ils lui permettaient de manger, faire une sieste ou faire quelques courses.
— Je pars faire une course chez l'apothicaire Eva, j'en ai pour une trentaine de minutes, si je ne suis pas revenu d'ici là faites donc patienter la personne dans mon bureau, lança Severus en passant devant le modeste secrétariat d'un pas pressé. La jeune secrétaire, quelque peu surprise par cette requête, entrouvrit la bouche pour lui répondre mais se ravisa en voyant Severus claquer la porte derrière lui. Il était assez inédit que le célèbre expert en magie noire autorise l'accès à son bureau en son absence. Eva, elle-même n'y était pas autorisée et avait le seul privilège de pouvoir y rentrer lorsqu'il était seul et d'humeur passable. Elle avait aussi accès au laboratoire mais seulement lorsqu'il avait besoin d'assistance lors des préparations de potions les plus complexes.
L'escapade de Severus prit, effectivement plus de temps que prévu. Il réapparut à son cabinet avec quinze bonnes minutes de retard, le panier rempli d'herbes et autres ingrédients étranges qui serviraient à la préparation de ses remèdes. Il s'apprêtait à aller les ranger dans son laboratoire, dont l'entrée se faisait par une porte près du secrétariat, quand Eva se leva pour lui emboîter le pas. Celle-ci n'alla pas plus loin que le seuil de la porte et s'appuya contre l'interstice pour lui annoncer que son rendez-vous était arrivé.
— Mademoiselle Rakepick est déjà là, elle vous attend dans votre bureau, comme vous le souhaitiez, annonça la jeune femme.
— C'est Madame Rakepick, corrigea-t-il. Merci, Eva. Dites-lui que je serai là dans un petit instant, et que je serai tout à elle, déclara Severus, qui esquissait un sourire narquois.
La partie venait de commencer…
