L'aube s'était déjà levé depuis plusieurs heures sur la Californie. Un paquet de feuille en main, un homme de grande taille se dirigeait vers ses camarades. Cet homme, c'était Wayne Rigsby, un agent du CBI.

« Vous n'avez pas vu le patron ? »

Sa question attira l'attention de ses collègues. Assise derrière son ordinateur, Grace Van Pelt leva les yeux vers lui.

- Non, pourquoi ?

- Elle n'est pas dans son bureau. Et elle ne repond pas à son portable.»

Allongé sur son sofa, Patrick Jane se tourna vers Rigsby. C'était un homme d'un charme naturel, mais d'un désir de vengeance constant.

- Peut être qu'elle est simplement en retard. proposa-t-il.

- Lisbon en retard ça n'existe pas.» lui répondit Kimball Cho.

Il venait d'apparaître dans l'encadrement de la porte. Il portait son habituel costume et son visage sans expression.

« Elle a du s'endormir et ne pas entendre son réveil. proposa encore Jane. Un peu de repos ne lui fera aucun mal.»

Wayne poussa un grognement sceptique et s'installa à son bureau. Il lança un coup d'oeil rapide en direction de Van Pelt, mais cette dernière avait déjà replongé son regard dans la lumière artificielle de son écran. Elle était d'une grande beauté avec ses cheveux ambre et son visage angélique. Pourtant derrière ses traits innocents se cachaient une profonde détresse et une colère vivace.
Comme Wayne, Cho se montrait sceptique devant l'explication de son camarade. Depuis qu'il avait été sous les ordres de Lisbon, c'était la première fois qu'elle ne se trouvait pas au travail à l'heure.

Le silence planait dans les locaux du CBI. Chacun plongeait dans leur pensée, ils ne trouvaient pas le temps de discuter. Ils devaient tous participer à un procès de leur ancienne enquête. Toujours sur son sofa, Jane se leva, attirant l'attention de Grace.

« Ou vas tu ? demanda-t-elle.

- Chez Lisbon. lui répondit il en prenant sa veste.

- Mais je pensais qu'il fallait lui laisser un peu de calme. intervint Wayne.

- Ma venue ne viendra pas briser sa tranquillité.» lança Jane quittant ses amis.

En réalité, l'absence de Lisbon commençait aussi à l'inquiéter. De nature ponctuelle, elle ne serait jamais resté chez elle aussi longtemps. Peut être lui était il arrivée quelque chose... Jane sourit à cette idée. Lisbon n'avait jamais de problème, enfin, tant que Jane n'était pas dans les parages.

« Jane !»

L'homme se retourna et aperçut le directeur du CBI. Il était d'un âge plutôt avancé, de petites rides se formant aux coins de ses yeux. Il portait un costume a son image. Toujours soigné, ne s'intéressant que du regard des autres. Sa carrière comptait bien plus à ses yeux que la vie de ses employés. Jane le détestait et lui aussi. Mais avant d'être tout cela, il était son supérieur. Il fut contraint de l'écouter parler.

« Vous n'avez pas vu Teresa Lisbon ? Elle est introuvable et elle ne répond pas à mes appels.

- Non.»

Sa réponse était simple, rapide, évocatrice, voir même menaçante mais Bertram n'en prit pas compte et reprit du même air de politesse courtois dont il avait l'habitude d'utiliser devant le consultant.

« Puisque vous sortez, vous n'avez qu'à faire un détour chez elle.» ordonna le directeur.

Jane hocha la tête et disparu dans l'ascenseur. Bertram le regarda partir, les sourcils froncés. Il n'aimait pas l'air condescendant de Jane, et si il aurait pu, il l'aurait renvoyé depuis plusieurs années; mais malgré sa tête insupportable, la plupart des crimes étaient résolus par lui. Il était donc un élément essentiel pour le CBI, et Bertram prenait sur lui pour supporter sa présence.

Patrick Jane ouvrit la portière de son ancienne voiture. C'était une Citroën DS grise. Elle avait pour particularité de ne comportait aucune ceinture de sécurité. Ce qui pouvait expliquer la conduite plus que douteuse du mentaliste souvent remise en cause par Lisbon. Le moteur de la voiture vibra, et Jane quitta le parking pour se diriger à la périphérie de Sacramento. Il s'arrêta faire un détour dans un marché bio pour acheter des fraises. On était toujours mieux reçu lorsqu'on apportait un présent. En achetant les fruits, il sentit qu'une personne l'observait. C'était une jeune femme portant une robe fleuries. Elle portait un panier remplie d'orange. Jane se dirigea vers elle, la barquette de fraises dans les mains.

« Bonjour. engagea-t-il.

- Bonjour. sourit la femme.

Elle avait une douce voix.

- Vous travaillez pour le CBI, n'est ce pas ? demanda-t-elle.

- C'est exact. Vous avez entendu cela à la télévision ?

Il n'était pas rare que beaucoup de personne le reconnaisse. Ne serait ce pour son ancienne profession de voyant.

- Oh non. C'est un ami à moi qui me la dit.» sourit elle.

Jane hocha la tête. Il y avait une chose étrange chez cette femme.

« Je vais devoir y aller. Quelqu'un m'attends dans la voiture. J'ai été ravie de faire votre connaissance Patrick.» reprit elle en regardant une voiture noire garé à l'autre bout de la rue.

Elle partit sans attendre. Jane regarda partir la femme sans nom. Il se sentait anxieux. Une chose n'allait pas avec elle. Jane ne se sentait pas à l'aise avec elle. Elle en savait plus sur lui qu'elle ne le laissait paraître, Patrick en était certain. Il alla payer les fraises et remonta dans sa voiture, l'esprit encore troublé par cette femme. Elle portait une douce odeur de rose, avec une pointe d'une odeur qui lui était familière. Il secoua la tête. Tout cela était ridicule. Depuis la mort de l'espion de John le Rouge et son séjour en prison, il était nerveux. Cette femme n'avait rien à voir avec John le Rouge. Elle était une amie d'une personne que Jane avait aidé. Il soupira et démarra sa voiture, s'engageant sur la route.

Il mit moins de dix minutes pour atteindre la maison de son amie. Devant, était garé sa voiture noire. Jane descendit de sa voiture, le coeur lourd. Il jeta un coup d'oeil à l'intérieur de la voiture dont il avait plusieurs fois pris place sur le siège passager. Il voyait à nouveau Lisbon au volant, lui faisant pour une énième fois la morale. Mais en ce jour, la voiture était vide. Jane décrocha son regard de la voiture et se dirigea vers la porte d'entrée. Lisbon habitait dans une petite maison modeste sans jardin, à la périphérie de la ville, dans un petit quartier calme habitait par des habitants fantômes. Jane donna trois coups, brisant le silence oppressant qui l'entourait.
Aucune réponse.
Il retenta une nouvelle fois.
Rien.

« Lisbon ! C'est Jane ! Je vous ai apporté des fraises ! » tenta-t-il de l'appeler.

Il ne reçut toujours aucune réponse. Il redonna plusieurs coups sans réponse à nouveau. Il sortit son portable et tenta un appel vers Lisbon. Sans surprise il n'eut aucune réponse. Il laissa un message l'invitant à le rappeler le plus vite possible. Puis il remonta dans sa voiture, composant un nouveau numéro.

Posé sur son bureau, son téléphone se mit à vibrer. Cho décrocha, agacé d'être dérangé.

« Oui ?

- Cho ? C'est Jane. Je viens de rentrer de chez Lisbon.

- Déjà ? s'étonna l'asiatique.

- Il n'y avait personne.

Les derniers mots laissèrent l'agent anxieux.

- Il y avait sa voiture ? demanda-t-il.

- Oui. J'ai tenté de l'appeler, aucune réponse. On se retrouve dans vingt minute au café avec les autres.»

Cho n'eut pas le temps de confirmer que Jane avait déjà raccroché. Il reposa son portable et tourna les yeux vers Wayne et Grace. Ils avaient tous deux arrêté leur travail, toute leur attention tournée vers Cho.

« Alors ? demanda Rigsby.

- C'était Jane. Il n'a trouvé aucune trace du patron chez elle et il a trouvé sa voiture devant chez elle.»

Le silence suivit ses paroles.

« Peut être est elle allé voir de la famille.» proposa Van Pelt.

Wayne la regarda avec une pitié partagée. Lisbon n'avait aucune de famille dans les parages de Sacramento, et combien même en aurait elle, elle n'aurait jamais laissé son équipe seule.

« Peut être...» répondit Rigsby d'une voix éteinte.

Ce qu'ils tentaient de faire étaient de se rassurer. D'éviter de penser au pire. De se calmer. Il y a seulement quelque minutes, ils s'imaginaient l'épouvante, mais désormais ils cherchaient la meilleure version possible.

Ils se rendirent tous ensemble au lieu de rendez-vous. C'était un petit café à quelques rues du CBI. Ils virent Jane assis à une table. Il buvait une tasse de thé, le regard perdu dans ses pensées. Cho s'assit le premier, le sortant de sa rêverie. Rigsby et Van Pelt prirent aussi place.

« Alors ? Qu'est ce qu'on fait ? demanda Wayne.

- On cherche à savoir ou se trouve Lisbon. répondit simplement Jane.

- Tu as pensé si elle ne voulait tout simplement pas te voir ? proposa Cho.

- Bien sûr que j'y ai pensé. Mais dans quel but ? Et dans ce cas pourquoi ne pas avoir répondu à l'appel de Bertram ? Ou bien même à celui de Rigsby ? »

Cho ne répondit pas, vaincu par les arguments qu'avançait le mentaliste.

« Et si elle était simplement aller voir de la famille dans les environs ? proposa Grace.

- C'est l'idée la plus probable. argumenta Wayne.

- C'est l'idée la plus supportable.» le corrigea Jane.

Tout le monde se tut. Il avait raison. Disparaître sans laisser de trace, n'était pas dans le style de Lisbon. Wayne soupira se prenant la tête dans les mains. Il commençait à imaginer le pire. Le pire qu'il puisse arriver. Vanpelt posa une main sur son épaule, tentant de le rassurer.

« Ne t'imagines pas le pire sans preuve Wayne.» lui fit doucement Grace.

Wayne ne répondit rien. Dehors le soleil commençait à se décliner. Une journée venait de s'écouler, et ils n'avaient aucune trace de Lisbon. Ce fut Rigsby qui quitta en premier la table. Il devait aller s'occuper de son fils pour cette soirée. Son départ fut suivi par celui de Cho, et enfin par celui de Grace, laissant Patrick seul. Il quitta à son tour la table lorsque les lampadaires s'allumèrent, éclairant les rues presque vide de vie. Il déambula dans les rues et pensées, le regard éteint. Lisbon... Où pouvait elle être ? Était elle en sécurité ? Était elle seule ? Était elle consciente ? Était elle en vie ?
Ses pas le menèrent à sa première demeure. C'était une grande maison. Il décida d'y entrer. Elle était vide. Comme le coeur du consultant. Il monta à l'étage, ouvrant une énième fois la porte qui avait réduit sa vie en cendre. Sur le mur face à lui se trouvait un dessin. C'était un visage souriant. C'était un sourire malsain, tracé avec le sang de sa femme et de sa fille. Au pied de se dessin se trouvait un matelas. C'était le seul meuble de la pièce. Le seul meuble de la maison. Jane s'allongea sur ce matelas, le regard perdu dans l'étendu de son plafond. Il soupira et ferma les yeux. Il n'y comprenait rien. Lisbon... Ou se trouvait elle en ce moment ? Il l'ignorait, et cela l'agaçait.

Son téléphone vibra. Il avait reçu un message. Il ouvrit les yeux et regarda la lumière bleu de son téléphone s'éteindre. Enfin il le prit. Jane avait réussi à se plonger dans un sommeil léger, hanté par les souvenirs du passé et les épreuves du présent. Il avait reçu un message. Un message de la part de Lisbon. Il se releva d'un bond, s'asseyant sur le bord de son matelas. C'était impossible. Ce message était une photo. La main tremblante et la respiration haletante il ouvrit son téléphone. Enfin il vit la photo. Il tenta de se pincer, pensant qu'il était encore coincé dans un rêve farceur, mais il se trouvait bien dans la réalité.
Cette photo avait été prise depuis le cellulaire de Lisbon. Le cadre était bancale et la photo flou. Elle avait été prise depuis une voiture. Il faisait nuit lorsque la photo avait été prise. Elle montrait Lisbon inconsciente, comme endormie, sur le siège passager. Elle avait la lèvre en sang, et du sang séché restait collé le long de sa tempe, remontant à une blessure, probablement donné par le conducteur. Ses bras étaient recouverts de griffures. Peu importe qui était la personne qui avait tenté de l'enlever, Lisbon s'était défendue. Tremblant, Jane appela Cho, faisant les cent pas. Ils ne leur restaient que peu de temps. Ils devaient partir à sa recherche. Il tomba sur sa messagerie. Il lâcha un violent juron. Sa voix résonna puis s'éteignit dans le silence de la maison. Jane se rassit sur le matelas, le coeur à la chamade. Il fallait qu'il se calme. Qu'il réfléchisse. Il devait prévenir les autres. Mais après, que faire ? Prévenir le CBI ? Envoyer des patrouilles pour tenter de retrouver la disparue ?

Son téléphone vibra. Coincé sous la douche, Cho jura. Il avait décidé de se changer les idées, se plongeant sous une eau glacé. En sortant de la douche il vit s'afficher le numéro de Patrick Jane. Il rappela le consultant.

« Jane ? Qu'est ce que tu veux ?

- Je sais où est Lisbon.»

La voix de Jane tremblait. Les dernières paroles laissa son collègue sans voix. Quelque chose n'allait pas. Sinon Jane ne l'aurait jamais appelé à cinq heures du matin.

« Et où est elle ? » demanda Kimball, regrettant sa question.

Jane ne répondit pas. Il lui envoya un message. Ou plus précisément une photo.

« On se retrouve au CBI.» annonça-t-il avant de raccrocher, laissant Cho seul face à la photo.

Il fit la même chose avec le reste des membres de l'équipe de Lisbon. Ils se retrouvèrent bientôt tous aux locaux du CBI. Ils avaient tous le regard éteint et vengeur. Il devait retrouver la personne qui avait fait ça Lisbon. Elle devait payer. Les premiers agents començaient à arriver. Au contraire de Van Pelt et les autres, ils ignoraient la disparition du compétent agent Teresa Lisbon.

« Et maintenant, que fait on ? demanda Wayne à Jane.

Tous attendaient les ordres du mentaliste.

- On va prévenir Bertram.» répondit il.

Ses paroles le tuait, mais il n'avait pas le choix. Si il voulait avoir une chance de retrouver Lisbon, il devait faire le maximum. Ses amis hocherent la tête, conscient que cela était la meilleure solution.

« Je vais m'en occuper. Vous devrez commencer à chercher qui en voudrait à Lisbon.» ordonna-t-il.

Puis il les quitta se dirigeant vers le bureau de son supérieur. Il détestait cet endroit, tout comme l'homme qui travaillait ici. Par chance, Bertram était la. Il invita Jane, surpris de le voir.

« Jane ! Que me vaut le plaisir de cette visite ? demanda-t-il.

Il n'avait pas le temps à jouer avec des politesses.

- J'ai retrouvé Lisbon. annonça-t-il.

- Vraiment ? Quelle bonne nouvelle ! s'exclama Bertram. Et ou est elle ? » ajouta-t-il en voyant que Jane refusait de quitter son bureau.

Patrick sortit son téléphone et montra la photo au directeur.

« Nom de dieu...» murmura-t-il horrifié.

Il regarda Jane. Il devait lancer des recherches le plus vite possible. Il le savait tous les deux. C'était pour cela que Jane était venu le voir.

« Je vais lancer des recherches le plus vite possible. Vous devriez aller prévenir Wainwright et aider vos équipiers dans leurs recherches.» ordonna Bertram.

Jane se leva sans un mot et rejoignit Rigsby et les autres. Ils avaient devant eux différentes fiches, toutes parlant de leur précédente affaires. Ce n'était pas le premier enlèvement auquel ils étaient confrontés. Il y a déjà quelques temps Jane s'était aussi fait enlevé par la fille d'un détenu qu'il avait envoyé en prison. Ils ne devaient laisser échapper aucune piste.

« Alors ? lança Wayne en le voyant.

- Il va nous aider dans nos recherches le plus vite possible. Il faudrait aussi prévenir Wainwright. lui répondit Jane.

- J'y vais.» annonce Cho délaissant ses paperasses.

Jane hocha la tête et prit sa place. Wainwright était le patron de Lisbon depuis peu. Il avait comme particularité d'être le plus jeune membre du CBI. Le regard plongé dans les fiches, Jane voyait défiler des noms qu'il connaissait et qu'il avait envoyé en prison avec l'aide de Lisbon.

« Cela ne sert à rien ! »

L'après midi était déjà bien avancé, lorsque Van Pelt cria ses mots. Elle en était à la dixième pile de dossiers depuis ce matin et ils n'avaient toujours aucune piste. Bertram avait fait quadriller toute la ville, mais Lisbon avait pu la quitter. Brenda Shettrick, la responsable des médias, avait fait une annonce mais sans succès. Ils ignoraient ou pouvait bien se trouver Lisbon. Ils étaient tous chamboulés et à fleur de peau. La maison de Lisbon avait été fouillé de fond en comble sans résultat, de même pour sa voiture. On avait tentait de suivre la trace GPS de son téléphone, mais le conducteur l'avait éteint. Il y eut autant de réussite lorsqu'ils firent appel à la police locale. Ils étaient au point mort.

« Elle a raison. On perd notre temps. soupira Wayne.

- T'as une autre piste ? » demanda Cho.

Rigsby secoua la tête et se remit au travail. Grace se leva et alla prendre un café à la machine à café. Allongé sur son canapé, Jane regardait le dossier de plusieurs prisonniers. Aucun d'eux n'avaient les moyens d'enlever Lisbon. Il poussa un soupir. Rester ici ne le mènerait à rien. Il se leva attirant l'attention des autres.

« Jane, où vas tu ? demanda Cho.

- Je retourne chez Lisbon.» répondit le mentaliste.

L'agent hocha la tête. La disparition du patron le touchait bien plus qu'il ne le laissait paraître. Cette disparition les touchait tous. Jane rejoignit sa voiture en silence. Il alluma le moteur. Il n'avait aucune indice. Pas un semblant de piste. Il avait besoin de calme pour réfléchir. Il avait besoin d'aller la où tout avait commencé.

Lorsqu'il arrêta la voiture devant chez lui, le soleil commençait à se décliner. Le second jour touchait à sa fin et toujours aucune trace de Lisbon. Il ouvrit sa porte et fut accueilli par le même silence habituel. Il monta à l'étage et remarqua que la porte était ouverte. Pourtant il l'avait refermé. Comme a son habitude. S'attendant au pire il commença à ouvrir la porte. Il n'y avait aucune trace de la signature de son ennemi.
Au milieu de la pièce se trouvait un ordinateur. Il était ouvert, face au dessin souriant. Jane s'assit face à lui et vit derrière l'écran Lisbon.
Elle avait l'air en mauvaise posture. Le corps toujours recouvert d'égratignures, elle semblait plongé dans un sommeil profond. Elle était attaché à une chaise en bois par des menottes.

« Lisbon ! » fut les premiers mots criaient par Jane.

Il s'assit dos au mur, l'ordinateur sur les genous. Derrière la caméra de l'ordinateur quelque chose bougea, alertait par la voix de Jane.

« Vous voilà enfin Patrick. J'ai cru que vous ne viendrez jamais. retentit une douce voix.

Cette voix, Jane la connaissait. C'était celle du marché.

- Bien sur, il m'avait assuré que vous viendrez ici, alors j'ai attendu. reprit elle.

- Qui ? demanda Jane.

- Allons, ne me dites pas que vous n'avez pas deviné. Je pensais que vous étiez d'une grande intelligence Patrick.» ria doucement la femme.

Jane savait de quel ami parlait elle. Il savait pour quel raison avait il enlevé Lisbon. Mais il ignorait encore la suite des événements.

« John Le Rouge... murmura-t-il.

- Vous voyez on avance.» ria à nouveau la femme.

Elle s'approcha de Lisbon, la réveillant brutalement en lui donnant un claque. Le bruit résonna. Teresa ouvrit difficilement les yeux. Un des deux était décoré d'un contour noir. La femme s'éloigna. Lisbon tourna la tête, cherchant un quelconque repaire.

« Ou suis je...? » demanda-t-elle d'un voix affaiblie.

Puis elle remarqua qu'elle était attachée. Elle tenta de défaire ses menottes, jusqu'à ce que son regard tomba sur l'ordinateur. Ses yeux printaniers cherchaient dans ceux de Jane une explication.

« Jane, que se passe-t-il ? Ou suis je ? Pourquoi êtes vous là ? Pourquoi suis je attachée ? demanda-t-elle, sa voix reprenant son timbre naturel.

- Surtout ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer.» lui répondit Jane.

Devant ses paroles, Lisbon commença à paniquée. Que se passait il ? Que faisait elle là ? Pourquoi elle ? Pourquoi Patrick l'observait il derrière un écran ?

« Jane, qu'est ce qui se passe ? demanda-t-elle d'une voix plus aiguë qu'à l'accoutumée.

- Faites moi confiance. Tout va bien se passer. Je vais vous sortir de là.» assura Jane.

Il ne savait pas si il allait vraiment pouvoir sauver Lisbon, mais il venait d'avoir une idée. Il sortit son portable et commença à envoyer un message à Vanpelt.

« Bien. Maintenant que tout le monde est là, et réveillé, nous allons pouvoir commencer. fit la femme.

- Commencer quoi ? s'inquiéta Lisbon.

- Le jeu pour lequel vous êtes réunis.

- Quel jeu ? » intervint Jane.

Il venait d'envoyer un message à Grace, lui demandant de retracer la trace GPS de l'ordinateur. Il devait gagner du temps. Tout en restant discret. Il devait agir seul avec l'équipe. Il allait pouvoir sauver Lisbon. Il suffisait de jouer le jeu.

« Le jeu qu'il a inventé spécialement pour vous ! ria la femme.

- Qui lui ? l'interrompit Teresa.

- John le Rouge bien évidement ! Qui d'autre irait enlevé un agent du CBI, puis placer un ordinateur chez Patrick pour enfin créer une conversation entre vous deux ? » l'interrogea la femme.

Lisbon ne répondit rien et regarda Jane. Il était le seul repaire qu'elle avait.

« Quelles sont les règles de ce jeu ? demanda Jane au bout d'un moment.

- Oh ! C'est très simple. Je vais vous poser trois questions à vous Patrick, et à chaque mauvaise réponse Lisbon se prendra une balle. sourit elle.

Teresa lança un regard appuyé à Jane. Il n'avait pas intérêt à se tromper. Mais c'était trop simple. Trop simple pour John le Rouge.

- Et bien sur, pas de tricherie.»

Silence. Aucun des deux agents du CBI n'osaient parler. Ils étaient suspendus aux paroles de la femme.

« Bien, commençons Patrick. Entre John le Rouge et vous, d'après vous, qui gagnera le combat ? »

«Moi.» pensa Jane. Mais cela allait être une mauvaise réponse. Il regarda Lisbon. Elle aussi avait compris. Elle avait compris que Jane tenait entre ses mains sa vie. Teresa pria intérieurement pour que l'arrogance légendaire de son collègue laisse place à son bon sens.

"C'est John le Rouge." répondit Jane

Le téléphone de Van Pelt vibra. C'était un message de Jane. Il lui donnait l'adresse IP d'un ordinateur et lui demandait de le retracer en toute discrétion et sans alerter les supérieurs. En voyant ce message, elle se leva et rejoignit son ordinateur, délaissant les dossiers sur les détenus.

« Grace, qu'est ce que tu fais ? demanda Wayne.

- C'est Jane. Il a une piste. annonça-t-elle.

Cho et Rigsby se levèrent et rejoignirent Van Pelt. Elle essayait de repérer la localisation de l'ordinateur qui était connecté à celui de Jane.

- Quelle est sa piste ? demanda Cho.

- Aucune idée. Il me demande seulement de retracer la localisation de l'ordinateur. Mais ne prévenez pas Wainwright ou Bertram.

- Tu vas y arriver ? s'inquiéta Wayne.

- Bien sûr que je vais y arriver ! s'exclama Grace.

- Tu auras fini dans combien de temps ? demanda Cho.

- Dix minutes.» annonça la rousse.

Rigsby se leva et alla chercher trois tasses de thé. Ils en avaient tous besoin. Il revint quelques minutes plus tard, offrant à ses camarades des tasses de thé chaudes.

« Du thé ? demanda Cho en prenant sa tasse.

Elle diffusait une douce odeur de pomme.

- D'après Jane le thé est très bon pour stimuler le cerveau.

- D'après Jane le thé est un remède contre le cancer. lui répondit Cho en prenant une gorgée du breuvage.

- J'ai presque fini.» annonça Grace.

Dans la pénombre de la pièce, la lumière artificielle de son portable s'alluma. C'était un message de Van Pelt. Elle avait bientôt fini. Lisbon allait bientôt être sauvée.

« Bien. Passons à la seconde question, si personne n'y voit d'inconvénient. reprit la femme.

- J'imagine que mon avis ne compte pas.» lança Teresa.

Elle ne pouvait voir la personne devant elle, aveuglait par les projecteurs contre elle. La femme poussa un petit rire et reprit d'une voix charmeuse :

« Patrick, pensez vous que John laissera votre chère Lisbon en vie ? »

Jane ne répondit pas. Il regarda Lisbon dans les yeux. Dans les deux cas, Lisbon était condamnée. Pour la première fois de sa vie, il lut de la peur pure dans les yeux de Teresa. Les mêmes pensées lui parcouraient l'esprit. Jane lui avait promis. Jamais il ne l'avait abandonné. Il avait toujours une solution. Les lèvres de Lisbon tremblait. Elle n'arrivait plus à les contrôler. Elle poussa un profond soupir, tentant de se calmer. Elle ignorait qu'elle réponse espérait elle de Patrick. Préférait elle une réponse vraie, la condamnant à une mort sans espoir, ou une réponse mensongère, combustion au feu de son espoir ?

«Oui.»

Sans prévenir Jane lâcha cette réponse, son regard océan plongé dans celui Teresa. Lisbon réussit à lui faire un pâle sourire. Cette réponse lui plaisait. Il lui plaisait.
Un coup retentit. Lisbon sentit une vive douleur à l'épaule. Elle se cabra sous le choc et la douleur. Elle mordit ses lèvres, des larmes perlant au coin de ses yeux.

« J'ai trouvé ! » s'exclama Grace.

Cho copia l'adresse dans son carnet tandis que Rigsby envoyait l'adresse à Jane. Ils allaient sauvés Lisbon. Ils se leverent en vitesse, prirent leur arme et quittèrent leur bureau. Ce plan venait de John le Rouge. Ils l'avaient deviné. Ils devaient agir dans la plus grande discrétion.

« Van Pelt, Cho, Rigsby, que faites vous ? » demanda une voix.

Ils se retournèrent et tombèrent nez à nez avec Wainwright. Grace jeta un coup d'oeil à Wayne qui regarda Kimball. Personne ne répondit. Ils étaient piégés.

« Vous avez retrouvé Lisbon ? » demanda à nouveau le jeune.

Aucune réponse. Un agent qui s'était approché de l'ordinateur s'exclama d'une voix enjouée.

« Ils ont une adresse ! »

Suspicieux, Wainwright les quitta pour se diriger vers le bureau de la femme. Grace se mordit la lèvre inférieure. Elle avait oublié de fermer la fenêtre. Elle regarda Cho, qui avait l'air agacé par la tournure des événements. Il fallait qu'ils fassent quelque chose. Mais quoi ? Wainwright revint, un sourire éclairant son visage.

« Vous avez une piste ! s'exclama-t-il.

- Ce n'est qu'une supposition. répondit Wayne. Il faudrait mieux ne pas prévenir les autres. Il ne faudrait pas leur faire de faux espoirs.

- Je ne suis pas d'accord. Une piste reste une piste. Nous viendrons avec vous. Vous pouvez commencer à partir, nous serons derrière vous.» annonça Wainwright en les quittant.

Ils monterent tous les trois dans l'ascenseur en silence.

« Fais chier ! » s'exclama Rigsby énervé.

En même temps que le coup de feu, le téléphone de Jane avait vibré. Ce message de Van Pelt lui annonçait sa réussite. Elle avait découvert l'endroit où se trouvait son patron. Mais cela n'intéressait plus Jane. Les yeux fixés sur l'écran, il vit Lisbon relevait la tête, la respiration haletante, son épaule en sang. Elle tourna instinctivement le regard vers Jane. Elle cherchait le réconfort qui lui plaisait tant.

« Teresa, écoutez moi, tout va bien se passer. Je suis la.» tenta Jane.

Tous deux savaient que ce n'était que des paroles en l'air, mais elles étaient le seul moyen de les rassurer. Ils étaient si près et pourtant si loin. Lisbon savait que son heure était proche. Elle n'avait pas peur. Elle avait juste des regrets. Des regrets de ne pas avoir passé plus de temps avec ses frères, des regrets de quitter si tôt son équipe, des regrets de laisser sans mots les personnes qu'elle aimait. Les traits déformaient par la douleur, Teresa murmura d'une faible voix :

« Patrick... Je vous aime.

De l'autre côté de l'écran, Jane sourit. Elle n'avait rien des déclarations romantiques vu dans les films. Elle pouvait même paraître ironique aux yeux de certains. Et pourtant Patrick répondit souriant :

- De même.»

Lisbon laissa échapper un petit rire. Il n'y avait rien de réellement de drôle, pourtant, elle se sentit pathétique, attachée à cette chaise à déclarer un amour qui ne se fera jamais à un homme aux mille défauts.

« Comme c'est mignon ! » s'exclama la femme.

Le sourire disparut sur le visage de Lisbon. Elle regarda la femme s'approchait. Un sourire malsain se dessinait sur son visage. Elle se tourna vers Jane, le regardant dans les yeux. Ses traits si innocents de la vieille s'étaient transformés en visage du diable.

« On dirait bien que vous avez triché. C'est mal la triche. Lui aussi, il aimerait tricher, vous savez.» sourit elle.

Un porte claqua. La femme regarda au loin de l'ordinateur, attirait par une chose que Jane ne pouvait voir. Enfin elle se décala, un sourire démentiel sur le visage. Un homme s'arrêta devant Lisbon. Le sang de Jane ne fit qu'un tour. Devant lui se tenait l'homme qu'il recherchait depuis plus d'une dizaine d'années. Lisbon regardait l'homme devant elle. Il portait un masque de foire. Il posa une main sur la joue de Lisbon. Cette dernière se crispa.

« Allons, pourquoi résister ? demanda le tueur d'une voix grave.

- Allez au diable ! » lui cracha Lisbon.

L'homme sourit derrière son masque et se tourna vers Jane. Pétrifié, le consultant comprit enfin la suite des événements. Si il ne faisait rien, il allait tuer Lisbon. Il devait gagner du temps. Van Pelt et les autres étaient en route. Tout n'était que question de temps. Il n'avait jamais été aussi de proche de son but, et pourtant il en était si loin.

« Pourquoi ? » fut les seuls mots qui parvint à dire.

L'homme masqué se tourna vers le mentaliste. Il pouvait voir derrière l'écran la peur allumait le regard de son ennemi. Cette même peur qui habitait le coeur de Teresa.

« Cela m'amuse.

La voix de John était grave, résonnant dans le plus meurtri des coeurs. Jane resta muet à la réponse de cet homme qui lui avait tout pris. John le Rouge reprit la parole, sa voix laissant percer une pointe d'amusement.

« Les humains sont si complexes. Les détruire petit à petit est un exercice amusant, les voir perdre espoir et s'enfoncer lentement dans la spirale de la vengeance et de la haine, c'est une sensation que tu ne pourras jamais comprendre, Patrick.»

Non en effet, Jane ne pouvait pas comprendre, et il ne comprendrait jamais la philosophie de ce monstre.
John le Rouge savourait la peur qui brillait dans le regard de Jane, tel un loup à l'affût d'un agneau qui se serait trop éloigné de sa mère.
John le Rouge esquissa un sombre sourire derrière son masque.
Il s'approcha de l'ordinateur. Jane ne mis pas plus de temps à comprendre ce qu'il s'apprêtait à faire .

« Non ! »

Jane regarda une dernière fois le visage de Lisbon qui disparu en même temps que l'écran. Dans son regard se dessinait de la peur mélangée à un amour profond mais sans fin. Elle ne cherchait plus à lutter contre le diable. Elle n'avait plus l'ambition de vivre. Elle avait perdu l'envie, la force et la volonté. Elle venait d'accepter sa défaite.

John le Rouge venait de couper le seul lien qui unissait les amants. Jane se leva en vitesse et rejoignit sa voiture. Il observa le message que Grace lui avait envoyé.

Grace Van Pelt : 231 rue Bawkins Californie.

Cette adresse, il la connaissait. C'était là bas qu'un homme avait séquestré une jeune fille avec l'aide de John le Rouge. Avec un peu de chance il pourrait y arriver à temps. Il roulait à vive allure sur les routes désolées de monde. Un radar le flasha dans la nuit. Jane accéléra.

Au volant de leur voiture noire, Wayne roulait à une vitesse au delà des limites autorisées. Au loin, derrière lui, suivaient plusieurs voitures du CBI. Coincés dans la voiture, Cho et Vanpelt restaient silencieux. Le coeur noué, ils se posaient tous les mêmes questions. Et si ils arrivaient trop tard ? Si Lisbon était déjà morte ? Ils étaient tous à cran.

«Prends à droite.» annonça Cho.

Wayne tourna en dérapage, prenant un petit sentier de forêt. Il s'arrêta quelques mètres plus loin. Ils étaient arrivés. Ils descendirent de la voiture, arme dans une main, lampe de poche dans l'autre. Ils portaient tous un gilet par balle. Devant eux se dressait une grange abandonnée. Cho passa en tête accompagné de Van Pelt tandis que Rigsby fermait la marche. Perdus dans les ténèbres, le moindre bruit devenait une menace. Ils s'approchèrent en silence des grandes portes de la grange. Grace s'approcha et les éclaira. Pétrifiée elle laissa le faisceau de sa lumière éclairait les grandes portes en bois de la grange.
Dessus se trouvait un visage souriant. Ce dessin ils le connaissaient. Le sang qui le composait, ils savaient à qui il appartenait.
Tremblante Van Pelt jeta un regard vers ses deux amis. Ils hochèrent la tête, et Grace poussa la porte. La grange était vide, à l'exception d'un homme qui se tenait face au mur du fond. Cet homme, c'était Patrick Jane. Grace poussa un gémissement de douleur, des larmes coulant sur ses joues. A ses côtés Wayne la prit dans ses bras, et ensemble ils pleurèrent en silence. C'était pire qu'ils ne l'avaient imaginé. Cho s'approcha de Jane. Il regardait lui aussi le mur du fond. Il posa sa main sur l'épaule de l'homme. Une larme coula le long de la joue de Cho, venant s'écraser au sol. Jane ne tenta pas de le réconforter. Il ne pouvait détacher son regard du mur.
C'est alors qu'arriva Wainwright et son équipe. Tous s'arrêtèrent horrifiés par la scène.

« Nom de dieu...» murmura le jeune d'une voix tremblante.

Devant lui, sur le mur du fond, se tenait Teresa Lisbon. Elle était accrochée au mur, les mains et les pieds cloutés. Sa gorge laissait couler un filet de sang qui venait s'écraser au sol dans un bruit régulier. Sa croix accroché à son cou pendait, le sang remplaçant l'or. Sur ses habits salis par son sang se trouvait un sourire, se moquant de la morte. Une croyante crucifiée. Des traces écarlates décoraient le sol et les murs. Cela pouvait ressembler à une oeuvre d'art incomprise. L'oeuvre de John le Rouge.

Une foule noire se trouvait devant l'église. Trois jours étaient passés depuis la mort de Teresa Lisbon. Trois jours de deuil, de tristesse et de désespoir. A l'écart de cette foule aux coeur meurtris se trouvait une femme. Sa chevelure rousse contrastait avec le noir de sa robe et la tristesse gravée sur chaque trait de son visage. Elle était seule sous ce ciel couvert. Au loin, elle vit les frères de son ancien patron. Ils avaient les yeux éteint. Ils venaient de perdre celle qui leur avait enseigné le sens même de la vie. Des larmes coulaient sur leurs joues sans honte, et remplie de regret.

« Yo. » fit une voix derrière la femme.

Van Pelt se retourna. Devant elle se trouvait Wayne Rigsby. Il portait un costume accompagné d'une cravate noire. Aucun sourire ne décorait son visage. On pouvait seulement y lire une grande haine mélangée à une profonde tristesse.

« Yo. » répondit Grace.

Ils restèrent ensemble en silence, observant les fantômes noires qui pleuraient ensemble. Wayne remarqua Wainwright, parlant avec Laroche son prédécesseur. Tout deux portaient un visage inexpressif, dénué de tous sentiments. Plus loin il aperçut Madeleine Hightower, une amie à eux et à Lisbon. Elle était accompagnée de ses deux enfants. Elle releva la tête et croisa le regard de Rigsby. Ses yeux étaient rouges. Elle sourit à l'homme. Elle devait la vie à Lisbon et à son équipe. Wayne aurait souhaité lui rendre son sourire mais il n'en avait ni la force ni le courage.

«Voilà Cho.» annonça Vanpelt.

Cho arrivait, descendant de sa voiture noire, comme l'habit qu'il portait.

« Salut. lança-t-il en arrivant vers ses amis.

- Salut. répondirent ils en choeur.

- Vous pensez que Jane viendra ? » demanda l'asiatique.

Wayne et Grace ne répondirent rien. Ils n'avaient eu aucune nouvelle de Jane depuis cette nuit maudite. C'était la seconde fois que Jane perdait un être qui lui était chère à cause de John le Rouge.

Les cloches sonnèrent et les premières personnes commençaient à entrer dans l'église. Van Pelt regarda les deux hommes et entra à son tour dans l'église. Ils s'installèrent ensemble au troisième rang parmi les autres endeuillés. Les vitraux répandaient leurs lumières colorés, contrastant avec l'ambiance sombre coincée entre ses murs historiques. Les Lisbon se mirent au premier rang. Ils jetèrent un coup d'oeil à Cho, Rigsby et Vanpelt. Ils hochèrent tous les trois la tête. Ils partageaient la même peine, la même douleur. Enfin, ils amenèrent le cercueil. Ils étaient deux. Ils avançaient lentement, leur pas résonnant dans le silence mortel qui régnait. Ils posèrent le cercueil au centre, tandis que devant on pouvait entendre un gémissement étouffé, des larmes cherchant à s'échapper. Sur le cercueil se trouvait une photo de Teresa. Elle était souriante, des étoiles illuminant ses yeux. Un prêtre arriva. Il était de blanc vêtue. Il prononça la bible. Il disait que Teresa serait accueillie en héroïne, la haut, au paradis. Il disait que Teresa revenait auprès de Dieu, qu'elle était une enfant de Dieu, que la haut, elle continuerait à observer ses proches. Elle continuerait à veiller sur eux, comme elle le faisait de son vivant. Enfin, arriva les discours. Ce fut la nièce de Teresa qui commença. Ses yeux étaient gonflés et rouges. Sa voix d'outre tombe résonnait entre les murs. Van Pelt craqua. Elle prit son visage dans ses mains et pleura. Elle pleura comme elle n'avait jamais pleuré. Wayne la prit dans ses bras et la berça calmement. Le discours de l'enfant continuait, faisant fondre plus froid des coeurs.

Devant l'entrée de l'église, accoudé à la pierre, Patrick Jane écoutait le discours de l'enfant silencieux. Il n'avait pas le courage d'aller plus loin. Il n'avait pas la force d'être à nouveau confronté à sa mort. Le même scénario se rejouait devant ses yeux. Il fallait que cela cesse. John le Rouge lui avait déjà enlevé les personnes les plus chères à son coeur deux fois. Il ne le fera pas une troisième fois. L'enfant se tut. Elle avait fini son discours. Des larmes coulaient le long de ses joues. Elle venait de perdre tout honneur, fierté ou dignité, mais peu lui importait. Elle venait de perdre sa tante, son modèle, son héroïne. Jane poussa un soupir de douleur, quittant l'église dans un silence douloureux. A l'intérieur retentissait la voix de Hightower. Jane ne voulait pas l'écouter. Il voulait être seul. Seul avec sa peine. Seul avec ses souvenirs. Seul avec ses démons.

Assis sur un banc, seul, un homme venait profiter de la rosée encore du fraîche du matin. Devant la tombe de sa femme étaient déposés des fleurs roses. Chaque jour il venait rendre visite à sa promise perdue. Mais aujourd'hui, dans ce cimetière, il y avait de la vie. Au loin, se trouvait un homme, seul, immobile, devant une grande tombe fleurie. Cette personne, c'était la première fois que le vieil homme le voyait. Depuis ces cinq dernières années, il venait s'assoir sur ce banc à observer le temps passé et à attendre que son heure vienne. La tombe sur laquelle se trouvait l'homme était arrivée il y a de cela deux ans. Le vieux avait assisté à la scène, assis sur son banc. Les cheveux blonds du jeune homme volaient au gré de la brise hivernale qui envahissant le cimetière. Habillé d'un simple costume, il s'assit face à la tombe et regarda le temps passé devant lui, sans pouvoir l'attraper.
Les deux hommes restèrent ainsi jusqu'à la nuit tombée.