Note : L'histoire passée suit la trame des livres et la fiction débute au début de la sixième année à Poudlard.

Poudlard, 1996.

Le mois de septembre était arrivé et le mauvais temps avec par la même occasion, puisqu'une pluie diluvienne s'abattait sur le paysage verdoyant des Highlands. D'énormes nuages gris s'amoncelaient dans le ciel menaçant, et un brouillard inquiétant enveloppait la cime des sapins qui se trouvaient dispersés un peu partout de chaque côté des rails. Un train circulait parmi ce paysage à la limite du déprimant, crachant à intervalles réguliers son épais nuage de vapeur tandis qu'il serpentait en suivant les rails usés par le temps. Des gouttes de pluie venaient s'écraser contre les vitres en laissant de longues traînées d'eau à cause de la vitesse du train, et le jeune homme détourna son attention de la fenêtre, interrompant sa contemplation du paysage. Cela faisait bien un bon quart d'heure qu'il fixait vaguement l'extérieur, ses yeux d'un bleu tirant sur le gris rivés sur un point invisible. Il était perdu dans ses pensées, et n'appréciait guère qu'on l'ait dérangé en tapotant son épaule. Il tourna la tête d'un air las vers la personne qui le sollicitait et il retint un soupir d'agacement en découvrant Pansy Parkinson, son visage à quelques centimètres du sien.

- "Drago, pourquoi tu ne te joins pas aux discussions avec nous depuis tout à l'heure ?" minauda Pansy en feignant un air boudeur.

- "Peut-être parce que ça ne m'intéresse pas ?" répliqua-t-il froidement. "Oui, c'est ça. En fait je ne me sens pas concerné par vos discussions, on croirait des enfants qui sont excités de rentrer à l'école."

- "C'est le cas !" se défendit la jeune femme en fronçant les sourcils. "Je suis plutôt contente de retourner à Poudlard pour cette sixième année, et les autres aussi."

- "Tant mieux pour vous." répondit Drago en haussant les épaules avant de se retourner à nouveau vers la fenêtre.

Oui, Pansy l'exaspérait ces temps-ci. Pas moyen qu'il soit tranquille, sa camarade de Serpentard se sentait toujours obligée de venir lui tourner autour, et le blond était à cours de moyens pour se débarrasser de cette sangsue. Quand donc comprendrait-elle qu'elle ne l'attirait pas ? Drago, contrairement à la majorité des élèves, avait d'autres préoccupations bien plus importantes que par exemple chercher à draguer tout au long de l'année. Il était investi d'une mission pour ce sixième cycle d'études et il se devait de la mener à bien s'il tenait un minimum à la vie. Il coula un regard en coin dans le wagon où il se trouvait, apercevant ses amis de Serpentard qui se lançaient dans de grandes discussions animées. Ils paraissaient si détendus, alors que Drago était tout sauf serein à l'heure actuelle pour des raisons qui ne regardaient que lui. Il croisa le regard de Pansy et détourna aussitôt le regard, n'ayant pas la moindre envie qu'elle vienne l'embêter de nouveau. Drago expira longuement puis il ferma les yeux quelques temps. Il s'endormit probablement car c'est l'agitation autour de lui qui le réveilla, le faisant sursauter brusquement quand il réalisa que le train allait arriver et pour couronner le tout, Pansy l'observait avec insistance, lui sortant ses yeux de biche qui le laissaient pourtant de marbre.

- "Tu as la tête ailleurs en ce moment, Drago." remarqua la jeune fille d'un air réprobateur en haussant un sourcil.

- "C'est possible." rétorqua-t-il aussitôt. "Mais je ne vois pas pourquoi tu me dis ça, puisque ça ne te concerne pas. Je me trompe ?"

- "N-non … C'est vrai que ça ne me regarde pas, pardon Drago." s'excusa-t-elle en baissant les yeux devant le regard froid du blond.

- "Le train est arrivé, on ferait mieux de sortir." intervint Blaise Zabini en se penchant par-dessus l'épaule de Pansy pour les prévenir.

-"On y va alors. J'ai déjà la flemme d'assister à la Répartition." marmonna Drago en se levant.

Vêtu de noir de la tête aux pieds, on pouvait dire que Drago imposait le respect. Contrairement aux autres dans le wagon qui avaient tous revêtu leur uniforme aux couleurs de la maison des Serpentards, le blond se démarquait avec son costume sombre, qui lui conférait un air presque sinistre. Il avait changé durant les vacances d'été. Le Seigneur des Ténèbres lui avait confié personnellement une mission des plus difficiles, chose que Drago avait accueilli comme un honneur. Fier de sa nouvelle importance, il était encore plus imbu de lui-même, convaincu que Voldemort l'avait choisi pour son talent. Plutôt bon élève, il se débrouillait dans tous les domaines et avait acquis une certaine confiance en lui dans le domaine de la magie.

Il suivit les Serpentards qui descendaient du train et il se mêla au groupe qui attendait les diligences tirées par les Sombrals. Pendant le court trajet jusqu'au château, il échangea même quelques plaisanteries avec Blaise, ayant retrouvé un peu de son humeur habituelle. Sa mission devait absolument rester secrète et s'il voulait rester discret, autant agir comme d'habitude pour ne pas attirer les soupçons. La diligence les déposa devant l'immense portail de Poudlard et Drago se fraya un chemin dans la foule des élèves, qui se pressaient tous vers le Hall pour ne pas se faire tremper par la pluie battante. Une fois à l'abri, Drago se mit un peu à l'écart pour chasser les gouttelettes d'eau sur sa veste, déjà agacé par le brouhaha ambiant des élèves plus jeunes et surexcités.

Il se fit soudain bousculer et fut déséquilibré l'espace d'un instant, se retenant de justesse au mur de pierre à côté. Ses yeux gris et furibonds se posèrent aussitôt sur Hermione Granger, qui était précisément celle qui l'avait poussé dans la cohue. Un rictus moqueur se dessina sur les lèvres du blond, qui voyait là l'occasion parfaite d'embêter miss Je-sais-tout, son souffre-douleur préféré.

- "Tiens, Granger !" railla-t-il avant de ricaner. "Toujours aussi hideuse d'une année à l'autre, ça ne change pas !"

- "Et toi toujours aussi abruti Malefoy !" riposta Hermione en fronçant les sourcils.

- "Laisse-le Hermione, c'est un imbécile." intervint alors Ron Weasley en posant sa main sur l'épaule de la jeune fille. "Ignore-le..."

- "Weasmoche !" s'exclama alors Drago d'un air faussement ravi. "Comment va ta famille, toujours aussi pauvre ?"

- "La ferme Malefoy !" rugit le rouquin en serrant le poing.

- "Oh quoi, on a plus le droit de rigoler ou de taquiner les Sang-de-Bourbe maintenant ?" ironisa le Serpentard d'un air désinvolte. "Vous les Gryffondors, vous avez un cruel sens de l'humour ..."

- "N'insulte plus Hermione." lança Ron, au bord de la crise de nerfs.

- "Je ne dis que la vérité. Elle a le sang sale." répliqua Drago.

Quant à Hermione elle s'était tue en écoutant les deux garçons hausser le ton, profondément vexée par l'insulte du blond. Sang-de-Bourbe … Cette insulte ignoble qu'elle subissait souvent à cause de Drago, qui bien sûr ne ratait jamais un malin plaisir de l'humilier. Et à force qu'il lui répète qu'elle avait le sang sale, elle finissait par y croire. Pendant ce temps Ron prenait sur lui pour ne pas se jeter sur le Serpentard et lui refaire le portrait. La discussion s'envenimait.

- "Et qu'est-ce que tu vas me faire, hein ?" persifla Drago en le mettant au défi d'oser se battre. "Potter n'est pas là on dirait, alors il ne viendra pas te sauver la mise si je te réduis en poussière."

- "Tu parles comme si tu étais le meilleur ! Par Merlin, c'est n'importe quoi !" s'exclama Ron en sortant sa baguette. "Ton père est en prison alors si j'étais toi, j'éviterais de faire le malin Malefoy !"

- "Oh, doucement avec ça !" dit Drago en regardant la baguette pointée sur lui.

- "Ça suffit !" intervint Hermione en tirant Ron par la main. "On s'en va."

Elle disparut dans la foule des élèves avec Ron, et Drago secoua la tête, encore amusé de la situation. Comme si Weasley pouvait l'impressionner ! C'en était presque hilarant. Il ricana avant de se rendre dans la Grande Salle en suivant les autres, allant s'installer à la longue table des Serpentards qui lui firent une place sur un banc immédiatement, en plein milieu. Comme d'habitude à chaque banquet de rentrée, la Grande Salle était décorée aux couleurs des quatre maisons de Poudlard et l'endroit avait une ambiance festive et chaleureuse. Depuis l'autre côté de la salle, le blond aperçut Hermione lui jeter un regard noir et il lui répondit par un sourire moqueur avant de reporter son attention sur Blaise qui venait de se rapprocher pour lui parler.

- "Tout va bien avec Weasley ? Je vous ai vus parler, il avait l'air énervé." remarqua Blaise.

- "Et tu crois qu'il m'impressionne ?" lâcha Drago d'un air las. "Il se prend juste pour le protecteur de la Sang-de-Bourbe maintenant. Je ne peux même plus la taquiner sans qu'il vienne gâcher mon plaisir."

- "Tu parles de Granger ?"

- "Qui d'autre ?" répondit le blond.

- "Je ne sais pas, ce n'est pas la seule Sang-de-Bourbe de cette école je suppose." hasarda Blaise.

- "Il n'y a qu'elle que j'aime humilier à ce point." finit par répondre Drago après un silence marqué.

Blaise ne jugea pas utile de répondre et il se détourna de Drago pour reprendre une conversation, laissant ce dernier tranquille. C'est le moment que choisit Dumbledore pour se lever et se racler la gorge, avant d'entamer son traditionnel discours de début d'année ainsi que la cérémonie de Répartition. Mis à part Pansy qui se collait à lui en le harcelant de questions idiotes, Drago s'ennuyait ferme et il se contentait de piocher mollement un peu de nourriture dans son assiette, tâchant d'ignorer la pimbêche qui lui grimpait à moitié dessus.

- "Et tu sais, j'espère vraiment qu'on gagnera la Coupe des Quatre Maisons cette année ! Et aussi celle de Quidditch. Tu es toujours attrapeur non ?" piaillait-elle dans ses oreilles.

- "Oui. Préfet et attrapeur cette année." répondit Drago d'un air clairement ennuyé.

- "Je viendrai voir les matchs pour t'encourager ! Ça te fera plaisir non ?"

- "Certainement. Mais ce qui me ferait encore plus plaisir, c'est que tu arrêtes de jacasser autour de moi comme ça car ça m'use, tu vois ?" lâcha-t-il abruptement.

- "Toi alors, t'es mal luné en ce moment." soupira Pansy en le laissant tranquille.

Le reste du repas se déroula tranquillement tout au long de la soirée et quand les assiettes furent vides, tout disparu et les élèves se levèrent pour rejoindre leurs dortoirs respectifs et profiter d'un repos bien mérité. En tant que préfet de Serpentard, Drago avait pour tâche d'accompagner les nouveaux alors il se leva à son tour, peu motivé pour jouer au guide. Il prit la tête d'un groupe de jeunes sorciers et sorcières de première année, émerveillés par Poudlard, puis il les guida jusqu'aux cachots où se trouvait la salle commune des Serpentards. Quelques minutes plus tard, il leur avait appris le mot de passe pour entrer et il les lâcha ici après quelques rapides explications sur le fonctionnement de l'école. Il estimait juste qu'il avait mieux à faire que surveiller des mômes. Drago sortit des cachots d'un bon pas, voulant s'isoler un peu avant d'aller dormir comme tout le monde. Il savait que dans le dortoir, ça serait impossible de fermer l'oeil avant des heures compte tenu du raffut que devaient faire les nouveaux. Son statut de préfet l'autorisait à se promener dans les couloirs, alors il n'aurait pas de souci à se faire s'il croisait Rusard le concierge dans le château.

Drago se rendit dans le parc, plus précisément au bord du lac dont les eaux lisses et noires miroitaient à la lueur de la lune. Le jeune homme s'assit dans l'herbe humide et il contempla le lac et sa surface huileuse, l'esprit vagabondant à des pensées pas très gaies. C'était à peine la rentrée et il commençait déjà à se demander s'il était vraiment à la hauteur pour accomplir cette mission. S'attaquer au très vénérable directeur Dumbledore revenait à se jeter droit au suicide. Comment pouvait-il faire le poids, lui qui n'était qu'un pauvre Mangemort en sixième année ? Il releva lentement sa manche gauche et contempla le tatouage sur son avant-bras d'un air pensif, la Marque des Ténèbres témoignant désormais de son appartenance à Voldemort. C'était donc ça d'être privé de liberté ? Devenir l'objet de quelqu'un, son instrument et ne plus avoir de conscience ? Le concept était assez dur à assimiler pour Drago, issu d'une famille appartenant à la haute sphère de la sorcellerie. Mais il suivait le chemin de son père en tant que Mangemort car c'était le souhait de ses parents, et puisque le Seigneur des Ténèbres avait exigé que ce soit lui qui effectue cette mission et pas quelqu'un d'autre, c'est qu'il devait y avoir une bonne raison. Pas une seconde Drago ne se serait douté qu'en fait il payait pour les erreurs de son père et qu'en réalité, Voldemort n'avait aucun remord à l'envoyer ainsi à l'abattoir, autrement dit il se fichait de le sacrifier tant que ça servait ses intérêts maléfiques.

Un bruit derrière lui tira brusquement le Serpentard de ses pensées et il tourna la tête, tentant de discerner quelque chose dans l'obscurité. La faible lueur de la lune ne l'aidait en rien mais pourtant il était certain de ne pas être seul dans le parc. Des éclats de voix retentirent un peu plus loin et le blond tendit l'oreille, tentant de capter des bribes de la conversation. Il reconnut sans peine les voix de Hermione et Ron, celle de la jeune femme étant vraisemblablement paniquée.

- "Ron, arrête, je suis sûre que Harry va revenir !" l'implorait-elle en tentant de le calmer.

- "Il nous aurait au moins prévenus ! Il n'a même pas assisté au festin après avoir quitté le train ! Je parie que Malefoy y est pour quelque chose !" fulminait le rouquin.

- "Tu accuses sans preuve, Ron."

- "Et quoi alors ?! Je rêve ou tu défends la fouine de Serpentard ?" s'indigna-t-il aussitôt.

- "Non, mais ton accusation n'est pas fondée, Malefoy est juste idiot et tu le sais aussi bien que moi." insista Hermione en commençant à s'impatienter.

- "Tu parles !"

Outré qu'on l'accuse ainsi alors qu'il était innocent et que -pour une fois- il n'avait rien fait, Drago s'était rapproché et il était venu se planter devant les deux Gryffondors, rivant sur eux ses yeux gris et froids. On sentait clairement qu'il n'appréciait pas ce qu'on avait dit de lui.

- "Vous êtes sûrs qu'on vous a mis dans la bonne maison vous deux ?" demanda-t-il sèchement. "Parce que vous êtes de sacrées langues de vipère, croyez-moi."

- "Il ne manquait plus que lui ..." soupira Hermione, agacée et surprise à la fois de le voir débarquer comme ça.

- "Pour ton plus grand malheur, Granger." répliqua le blond du tac au tac. "Alors Weasley ? Il paraît que j'ai fait du mal à ton copain Potter, non ? Ou alors j'ai mal entendu ?"

- "Ne joues pas à ça Malefoy." répondit Ron en haussant le ton.

- "Alors ne t'amuses pas à dire n'importe quoi sur moi, minable."

Ses yeux brillaient de colère tandis qu'il fixait Ron durement, le mettant en garde par le biais d'un simple regard. Drago fit quelques pas pour se rapprocher du roux et il se stoppa net devant lui, tandis qu'Hermione sortait sa baguette, prête à intervenir si le Serpentard tentait quelque chose.

- "Que les choses soient claires, fais attention à ce que tu dis, Weasmoche. On ne m'accuse pas à tord et à travers. Et tâche de garder ta chienne de Sang-de-Bourbe en laisse, je n'aime pas qu'elle pointe sa baguette sur moi comme ça."

Sans même leur laisser le temps de réagir, Drago les planta superbement dans le parc en leur passant devant et en s'éloignant les mains dans les poches, ricanant intérieurement de ce qu'il avait dit. Il imaginait déjà les larmes perler dans les yeux d'Hermione, comme à chaque fois qu'il lui lançait une insulte à la figure. C'était plus fort que lui, il adorait la faire souffrir mentalement avec ses paroles méchantes, et ce depuis 5 ans. Ce n'était pas prêt de changer. Juste avant qu'il n'atteigne le porche donnant sur le Hall, un sanglot étouffé lui parvint et il pénétra dans l'école avec le sourire aux lèvres, content d'avoir une fois de plus touché une corde sensible chez la Gryffondor.

Drago rejoignit la salle commune des Serpentards presque déserte à cette heure-là et il se rendit directement dans le dortoir, retrouvant ses affaires au pied de son lit, dans sa malle. Il ôta ses vêtements qu'il plia soigneusement à côté de son lit puis il se glissa dans les draps verts, s'installant dans une position confortable en croisant les bras sous sa tête. Il fixa le plafond du dortoir quelques secondes avant de fermer les yeux, le sommeil le gagnant rapidement. Les cours commençaient le lendemain, alors il avait plutôt intérêt à être en forme, sans compter qu'il devait maintenant réfléchir à un plan pour mener à bien sa mission. Cette nouvelle année promettait d'être mouvementée.

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