Avertissement : les personnages de cette fanfiction ne m'appartiennent pas. Notez la classification M mentionnée en en-tête. Ce texte est donc réservé à un public majeur et averti.

N/A : Alors je sais que « be with you or die trying » est encore sur le feu. Mais voilà, un texte m'est revenu en mémoire et il ne demandait qu'à être finalisé vraiment. Un hommage à nos héroïne, et à un poème qui a donné son titre à cette fiction, que j'adore.

L'intégralité de la fanfiction est déjà rédigée et publiée en une fois.

Bonne lecture, j'espère que cette autre aventure … émotionnelle on va dire, vous plaira :)

Bises

Jane aurait pu compter le nombre de fois où c'était arrivé. Evidemment, elle aurait pu compter, revivre, chacune d'entre elles, avec ce genre de précision qui évapore le temps, étire les secondes, jusqu'à suspendre un souffle. Péniblement.

Jane aurait pu s'y perdre. S'y serait perdu sans l'ombre d'un doute si elle ne s'était pas jetée dans son travail ces dernières semaines. A corps perdu, certes, mais surtout en y versant chaque seconde de temps libre. Aucun silence, aucun vide dans son emploi du temps, n'avait existé par inadvertance.

Grâce à ça, le détective avait pu garder sa santé mentale. Elle avait pu garder la face, rester elle-même. Et personne, personne, n'avait la moindre idée d'à quel point, dans cette situation, rien que ça était héroïque.

xxxxxx

5 fois.

Dès que Maura Isles parvenait à l'air libre, ce nombre perçait les limbes de la fatigue. Il se mêlait au désordre cognitif amené par l'épuisement. A la douleur sporadique dans ses tempes, causée par la lumière trop blanche de la morgue.

Il se mêlait aux images intenables des dernières affaires, presque toutes impliquant des victimes bien trop jeunes. 2 ans : l'âge de Joshua Carpenter.

Maura en ouvrant la porte de sa maison, pouvait encore sentir les spasmes de tristesse dans son ventre. Elle monta les escaliers jusqu'à sa chambre, se déshabilla dans la salle de bain adjacente. Se démaquilla, prit une douche, enfila sa nuisette, rituel étrange alors qu'il faisait jour.

Les résultats de l'analyse ADN arriveraient dans 4 heures, ce qui lui laissait 3 heures de sommeil. Les premières depuis près de 36.

Elle se glissa entre les draps, endolorie, expirant doucement aux courbatures dans son corps. Elle s'installa sur le côté, étreinte par la douceur de son oreiller. Caressée par la délicatesse du tissu.

Ses yeux tourmentés restèrent ouverts. Pensifs.

Sur la table de nuit, elle observa le livre ouvert à la même page depuis des semaines.

Un recueil de poèmes, Fou d'Elsa, par Aragon. Un chef d'oeuvre.

Un coup de coeur qui datait de ses années étudiantes, et de ces heures passées à la bibliothèque universitaire. Elle se souvenait de l'odeur du bois, des théories médicales qu'elle apprenait sans trop d'efforts, de ses camarades qui s'éreintaient à la tâche. Elle se souvenait du stress ambiant harassant, des attentes qu'elle craignait de décevoir, jusqu'à les extirper en silence en pleurant, seule, tard la nuit.

Et de ces pages.

Elle y avait oublié le tumulte, s'y était égarée, rêveuse.

Aujourd'hui, elle ne s'y perdait plus.

Elle s'y retrouvait, avec une vérité livide.

Aujourd'hui, chaque mot palpitait dans son être, écrevant chaque cellule. Leur sens perçant ses mutismes, épanchant ses prières avec une acuité rivalisant avec celle d'un scalpel.

Elle inspira, serra ses bras autour de ses épaules, sa poitrine douloureuse.

Les larmes aux yeux, Maura sentit la fatigue submerger son esprit.

Elle se laissa emporter par le sommeil.