La variabilité de la fiction
Bonjour à tous ! J'ai eu très envie d'écrire un recueil d'OS sur la série The Big Bang Theory. Je l'ai intitulé « La variabilité de la fiction ».
Je posterai donc des OS de taille variable, au fil de mon inspiration.
La liste et le synopsis de chaque OS se trouvent sur mon profil.
J'espère qu'ils vous plairont.
Titre : L'indélicate compassion
Personnages principaux : Sheldon et Penny
Résumé : Penny ne va pas bien. Sheldon décide de faire une bonne action en la réconfortant comme il peut... A ses risques et périls.
Rated : K+
Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas. Je n'ai fait que les emprunter afin de créer une histoire originale.
L'indélicate compassion
Étalée de tout son long sur le canapé en cuir brun, un coussin bariolé dans les bras, elle gémissait lentement. Ses cheveux blonds étaient en bataille et s'étalaient sur l'accoudoir, semblables à une cascade dorée.
Penny répéta de nouveau ses couinements plaintifs, tout en balançant nonchalamment ses pieds enveloppés de chaussons rose bonbon en l'air. Elle lança un regard furtif au jeune homme qui était assis à quelques mètres d'elle, droit comme un « i » devant son ordinateur portable. Il avait arrêté d'écrire sur son clavier et la fixait d'un œil torve.
Elle avait finalement attiré son attention.
Elle détourna les yeux et continua son concert de soupirs et de gémissements. Elle frotta ensuite ses chaussons sur le troisième coussin sacré du canapé. Cette friction dérangeante et déplacée sembla électriser le spectateur de cette scène agaçante. Il se leva d'un bond et se planta devant Penny qui leva ses grands yeux marron vers lui :
-Penny. C'est ma place. Arrête de la souiller et de mettre tes pieds dessus comme s'il s'agissait d'un vulgaire paillasson, s'offusqua Sheldon, d'une voix rendue aiguë par l'agacement.
La jeune femme arrêta aussitôt cette action importune et se redressa vivement sur son séant :
-Désolée. C'est juste que je m'ennuie terriblement, soupira-t-elle.
-C'est ton droit. Tente juste de t'ennuyer seule, sans ennuyer les autres, répondit sèchement le docteur, tout en repartant vers son ordinateur.
Il se rassit tranquillement à sa place et tapa de nouveau frénétiquement sur son clavier. Il voulait faire comprendre à un crétin ignorant, membre d'un forum portant sur les jeux vidéo, que, non, « Spock » n'était pas un bouton du site Facebook par lequel on « spockait » les gens.
Il commençait à écrire quelques phrases bien senties sur le côté décérébré et sur l'origine sans aucun doute consanguine de cet internaute inculte, lorsqu'il entendit une nouvelle plainte. Il leva les yeux au plafond et se pinça les lèvres, violemment perturbé. Il se tourna lentement vers Penny qui était assise et qui l'observait avec attention.
-Tu pourrais avoir l'obligeance de t'ennuyer dans ton appartement, vu que Léonard n'est pas ici, lui dit-il d'un ton pédant, tout en croisant ses longs bras fins.
Penny haussa les épaules et détourna le regard :
-Je n'ai pas envie de rester seule.
Sheldon fixa quelques secondes la jeune femme abattue, puis baissa la tête un instant. Une fois de plus, ses amis avaient besoin de sa présence lumineuse et indispensable. Il soupira malgré lui.
Penny le vit alors en proie à un débat interne et relativement étrange. Les lèvres de Sheldon bougeaient, ses épaules se haussaient par moment, sa tête opinait, puis se secouait vivement en signe de dénégation. Lassée de ses excentricités, elle ne réagit même pas et le laissa faire ses mimiques et ses gestes bizarres.
L'esprit de Sheldon oscillait entre l'envie d'ignorer la détresse de Penny et les obligations sociales qu'impliquait la présence de la jeune femme dans l'appartement.
« S'aventurer sur la pente dangereuse de l'empathie est toujours très désagréable », pensa-t-il amèrement.
Il soupira de plus belle, se sentant pris aux pièges par les sentiments inutiles et encombrants de ses proches. Les amis de Sheldon ne se rendaient pas compte à quel point il était difficile d'être aussi indispensable que lui.
Cependant, le docteur devait avouer que cela faisait plusieurs semaines qu'il n'avait pas pris la peine de s'intéresser à la vie insignifiante de son entourage. Aussi, depuis qu'il avait pris un congé sabbatique afin de réfléchir à un autre champ d'activité pour ses recherches, ses distractions étaient très limitées et relativement redondantes. Insulter des poltrons ignares sur internet commençait à le lasser.
Peut-être pouvait-il éclairer de son incroyable intelligence la pauvre Penny, elle qui n'avait pas les capacités nécessaires pour raisonner correctement toute seule ?
Ayant pris la résolution de faire une bonne action – sa mère catholique aurait été très fière de son geste bienveillant-, il se leva, marcha d'un pas raide jusqu'au canapé et vint s'asseoir à côté de Penny qui tentait de percer un bouton qu'elle avait senti poindre dans le haut de son dos. Ignorant ce comportement dégoûtant, il porta toute son attention sur la jeune femme.
-Pourquoi ? demanda-t-il en feignant maladroitement un vague intérêt pour les problèmes de la jeune femme.
Les yeux de Penny se mirent à briller et elle lâcha aussitôt ce maudit bouton par encore assez mûr pour être percé :
-C'est tellement gentil de demander, s'exclama-t-elle d'une voix enjouée.
Sheldon se retint de rétorquer qu'elle ne lui avait pas vraiment laissé le choix et la laissa poursuivre.
-En fait, je ne trouve pas de job. Après avoir été virée de cet horrible film de gorilles tueurs, je n'arrive pas à être engagée sur un autre tournage. Et ils n'ont plus de place au Cheese Cake Factory, expliqua-t-elle, perdant aussitôt son ton jovial.
Elle se mordit la lèvre un instant et renifla bruyamment, les larmes aux yeux :
-Je ne suis bonne à rien, se mit-elle à geindre pitoyablement.
Sheldon se retint de justesse d'opiner vigoureusement devant cette affirmation tout à fait correcte et incontestable.
Amy lui avait appris qu'être trop franc avec les femmes n'était socialement pas accepté. Ainsi, si une femme empâtée demandait si elle ne paraissait pas trop grosse dans une nouvelle robe qui la boudinait, il fallait lui mentir poliment ou trouver quelque chose de gentil à dire. Il fallait faire preuve de « délicatesse », selon les mots d'Amy.
« Les conventions sociales sont tellement étranges », se lamenta intérieurement Sheldon.
Il resta un moment silencieux et indécis, incapable de savoir s'il devait ou non poser une main sur l'épaule de Penny qui sanglotait à côté de lui, afin de la réconforter. Il préféra se retenir de faire un geste aussi familier et désagréable.
Il lui ferait un thé.
Cependant, il savait qu'une boisson chaude n'empêcherait pas la jeune femme de pleurer, ni de le déranger tout l'après-midi. Il décida donc de lui donner des conseils « délicats » et « gentils », en suivant les conseils d'Amy.
-Tu peux faire comme moi, proposa-t-il innocemment.
La jeune femme essuya ses larmes et tourna son visage bouffi et rougi vers lui :
-Que veux-tu dire par là ? demanda-t-elle.
-Tu pourrais essayer quelque chose de nouveau. T'essayer à un nouveau domaine, lui expliqua-t-il calmement.
-Lequel ? Je ne sais que jouer la comédie… Et servir des burgers, bafouilla-t-elle avec des trémolos dans la voix.
-Tu sais aussi faire patienter les clients et cracher dans leurs burgers parce qu'ils se plaignent de ton service ou de la propreté des toilettes, ronchonna Sheldon, plus pour lui que pour Penny.
Devant le regard menaçant de Penny, il se tassa un peu sur le canapé et poursuivit d'une voix empressée :
-Tu es une personne compatissante. Tu écoutes beaucoup les autres. Tu n'as pas peur des contacts, comme le prouvent tes nombreuses et désagréables tentatives de m'étreindre.
Il eut une vague moue de dégoût en évoquant cette habitude inconvenante de la jeune femme, puis continua son exposé :
-Tu n'hésites pas à t'occuper de personnes d'une faible intelligence qui ne vivent que pour de viles pulsions, telles que Léonard ou Howard. Tu as un rythme de vie assez décalé, vu que tu te lèves souvent vers midi, donc travailler de nuit ne t'importunerait pas,…
Les yeux de Penny se mirent à étinceler et un large sourire fendit son visage.
-Tu penses donc que je pourrais devenir infirmière ? l'interrompit-elle avec enthousiasme.
Sheldon battit plusieurs fois des cils et fronça les sourcils. Il secoua un peu la tête et la dévisagea avec étonnement :
-Bien sûr que non. Je pensais plutôt à la prostitution. Vu le nombre impressionnant d'hommes qui sont passés par ta couche, je pense que tu as de l'avenir dans ce méti…, commença-t-il, sans avoir le temps de finir sa phrase.
Un bruit sourd. Un cri. Une porte qui claque.
« Plus jamais je ne donnerai de conseils à une femme, ni n'essaierai d'être compatissant », ronchonna Sheldon, un paquet de petits pois congelés posé sur sa joue lancinante. Il sentait encore la paume et les doigts de Penny s'abattre violemment sur son visage.
Il ne comprenait vraiment pas les femmes.
Il savait que les menstruations et les hormones les rendaient folles et totalement imprévisibles, mais tout de même. Sheldon s'approcha de sa chaise de bureau et s'assit devant son PC, tout en gémissant de douleur. Au moins, il était désormais seul, vu que Penny était sortie en claquant la porte, après l'avoir méchamment frappé sans raison.
Il le dirait à Léonard.
Mais avant, il avait un mot à dire à Amy pour ses conseils bidons. Il ouvrit sa boîte mail, prêt à lui envoyer un message bien senti concernant ses suggestions boiteuses.
-Etre délicat avec les femmes. Ne pas les vexer en leur disant la vérité, bougonna-t-il d'une voix niaise, en imitant sa petite-amie.
Sérieusement ? La prochaine fois, il dirait directement à Penny qu'elle ne servait à rien.
Fin.
J'espère que ce premier OS vous a plu. Je m'excuse s'il reste quelques fautes d'orthographe.
N'hésitez pas à me laisser votre avis. C'est toujours très encourageant d'avoir des retours et ça me permet également de m'améliorer.
Ne soyez pas timides. Je n'ai jamais mordu personne (d'autre que ma sœur… et j'étais toute petite).
