Blind & Bless.
Prologue.
Yasu poussa un profond soupir agacé, ou peut-être bien qu'il était simplement fatigué. Il regardait depuis un moment le plafond au-dessus de lui, comme si il était intéressant, fixant son regard sur un petit accro, une bête imperfection, comme si il n'avait que ça à regarder. Etendu sur un canapé qui n'était pas la sien, un bras pendant dans le vide, tenant une cigarette qui se consumait lentement entre ses doigts, découpant l'air de spiral fumeuse et blanche.
«Moi, je te dis qu'elle ne viendra pas, souffla le chanteur, de façon très calme et très posé.
-Moi, je te dis que t'es un pessimiste dans l'âme et c'est SUPER chiant ! Répliqua l'autre assis en tailleur sur le canapé en face, qui était très concentré à jouer à son jeu sur son portable tout en tirant la langue.»
Yasu leva les yeux au ciel, et poussa un nouveau un profond soupir. Tout ça n'était qu'une sombre mascarade, même pas drôle en plus. Son pote là, Kin, celui qui semblait si occupait à jouer à un jeu puissamment débile, avait pris la décision de le caser. Kin, jugeait que son chanteur d'ami, était vraiment trop célibataire à son gout. Bon soit, ça faisait un petit moment qu'il était seul maintenant, et à son âge, la plupart des gens trouvé cela triste, qu'il n'ait pas encore trouvé quelqu'un pour se ranger et menait la belle vie, avec la maison, le jardin, la voiture dans le garage et le chien. Mais Yasu l'avouait bien, n'avoir personne ça l'arrangeait bien. Il avait cette sensation d'être libre, avec nulle attache, ayant cette fourbe impression d'être seul maître de sa vie. Et pour l'heure n'avoir personne qui l'attends chez lui le soir, ça ne lui pesait pas, même -surtout- à la trentaine bien tassé.
Présentement donc, ils attendaient une amie de Kin, que celui-ci voulait A-BSO-LU-MENT présenter au chanteur. Amie qui ne venait pas, avec plus d'une demi-heure de retard maintenant, Kin espérait toujours, Yasu s'étant résigné dès le début. De toute façon ça ne l'intéressait pas vraiment. Lui il était là pour passer une soirée tranquille avec un pote, boire, manger, fumer, et libre à Kin de faire venir d'autres amis si ça lui chantait, il était chez lui après tout. Seulement voilà, la donzelle en retard, là, elle retardait le repas, et il se faisait faim. Yasu n'avait pas eût le temps de manger ce midi, et là, son ventre commençait sérieusement à crier famine !
«Kin-kun, tu ne veux pas l'appeler, là ? Parce que si jamais elle ne peut pas venir finalement et qu'elle n'appelle pas parce qu'elle n'a plus de forfait sur son portable, moi je sans que je vais faire une crise d'hypoglycémie, hein !»
L'interpellait leva la tête vers son ami qui avait tourné son visage vers lui pour appuyer ses dires de son regard qu'il voulait le plus menaçant possible.
«Yasu-kun, ce que tu peux être chochotte, répondit-il en quittant son jeu, pour chercher le numéro de son amie, histoire que le chanteur le lâche un peu. T'as bien de la chance que j'ai pitié de toi, hein.»
Yasu ne répondit rien, fatigué, il tira une longue taffe sur sa cigarette, alors que Kin collait son portable contre son oreille pour passer son coup de fil. L'Acid Black Cherry ferma alors les yeux, alors que ses trippes gargouillait sommant à Kin de se presser un peu.
«Moshi Moshi, Seiko-chan ?... Ah pardon Yamamoto-okaasan, je ne savais pas que c'était vous. Je pensais appeler, votre fille, Seiko-chan… Excusez-moi, vous pouvez répéter, je ne suis pas sûr d'avoir bien comprit, souffla Kin en se redressant comme il faut dans son fauteuil, incrédule de ce qu'il était entrain d'entendre… Yamamoto-okaasan, vous plaisantez, hein ?...»
Il y eut alors un looong silence, durant lequel ni Yasu, ni Kin ne dirent rien. Le chanteur observait son ami se décomposer peu à peu, alors que visiblement la mère de ladite Seiko lui faisait état d'une situation peu rassurante.
«Comment va-t-elle ? Demanda finalement Kin… Vous êtes sûr ? On peut venir la voir ?... D'accord, on arrive tout de suite.
-Hein ? Quoi ? Qui est-ce qui arrive tout de suite ! Ah non ! Ah non ! S'alarma Yasu en se redressant d'un coup sur le canapé, tellement bien que sa tête manqua de lui tourner.
-Seiko-chan a eu un accident, elle s'est fait renversée, gros malin, elle est à l'hôpital ! La politesse veut qu'on aille lui rendre visite. Ingrat !
-Comment elle va ?
-Bien apparemment, il n'y a pas trop de dégât, mais on va allez la voir, quand même. S'il te plaît, toi par politesse, moi parce que c'est quand même ma pote.»
La mâchoire de Yasu manqua de s'écraser au sol tant sa bouche était grande ouverte. Quoi ? Ah non, mais non. Qu'est-ce que c'était que cette idée. C'était certes malheureux pour cette pauvre fille, mais lui, il ne la connaissait pas pour un sou cette nana. Et en plus il crevait sérieusement la dalle là. Pourtant, Kin était presque déjà partie sans lui.
«Bon allez, bouge tes fesses ! Tu crois que tu vas te téléporter ou quoi ? Allez !
-Sérieusement, tu fais chier, là !
-Je te paierais le repas de ta vie dans le restau' de ton choix, en échange. OK ?»
Tout ce que Yasu trouva à dire à ce moment là, fut simplement un "ce que tu peux bien m'emmerder" de circonstance. Et puis, sans véritable grand intérêt il se leva de ce foutu canapé en tirant une dernière bonne taffe sur sa cigarette, et l'écrasa dans le cendrier.
