He was earthly she was aerial.
He was made of clay and iron
She was made of fire and dreaming
Graham Joyce
Felicity jeta un coup d'œil furtif vers les portes de l'ascenseur, avant de sourire malicieusement. Elle attrapa son IPod et alors que les premières notes entrainantes d'une chanson se mirent à jouer, elle bondit de son fauteuil, un tas de dossiers entre ses mains. Oliver, bien que contre son gré, avait fini par s'en aller. Sa mère avait été disculpée des charges retenues contre elle et avait retrouver la maison familiale depuis une semaine, Théa avait donc tenu à organiser une petite réunion de retrouvailles. Felicity avait senti Oliver tendu et anxieux toute la journée durant à l'idée de devoir passer quelques heures avec sa famille devant un simple film. Il les aimait plus que tout au monde, cela ne faisait aucun doute, mais il appréhendait toujours ces moments ensemble, l'impression de ne plus être la personne qu'elles avaient aimée trop présente. Il ne l'avouerait jamais bien sûr, mais il n'en avait pas besoin. La jeune femme le voyait dans sa totalité, elle n'était pas douée avec les gens en général, elle ne le serait probablement jamais. Mais lorsqu'il s'agissait d'Oliver, Felicity savait, purement et simplement. Alors elle avait tentée de l'apaiser, de le faire rire, parfois sans réellement essayer, elle l'avait assuré qu'elle pouvait parfaitement se débrouiller seule et qu'elle aurait fini la classification des dossiers en une heure tout au plus. Elle aimait être seule dans le panthéon, surplomber la ville et toute la folie qui l'habitait, pouvoir être, sans avoir à se soucier de son comportement, des conséquences que cela pourrait avoir sur le business d'Oliver, son patron. Ici, elle était à l'abri de tout. Des murmures et des ragots qui la peignaient comme la maitresse avare du grand boss. Oui, Felicity aimait travailler la nuit, loin de tout.
Refermant le tiroir d'un coup de hanche, elle attrapa son menu chinois à emporter et enfourna tant bien que mal quelques nouilles dans sa bouche. Felicity enfila son manteau et s'apprêtait à s'en aller lorsque le bip agonisant d'un ordinateur résonna dans le bureau d'Oliver.
- Pour l'amour du ciel Oliver ! Est-ce que c'est réellement si difficile que ça d'éteindre un ordinateur ? Maugréa-t-elle en se dirigeant vers le bureau
Elle s'installa sur le fauteuil d'Oliver et s'autorisa une imitation dont la justesse n'était pas discutable. Un second son d'alarme rappela à Felicity la raison de sa présence. Elle alluma l'écran et alors que l'image du message reçu se formait devant ses yeux, le sourire qu'elle arborait s'effaça aussitôt. Elle semblait ne pas pouvoir détacher son regard de l'écran face à elle. Le déclic familier des conduits d'aération s'enclencha et un frisson d'horreur parcouru le corps de la jeune femme. Elle posa délicatement ses mains sur le bureau, les yeux clos. Elle s'autorisa l'espace de quelques secondes, à se laisser rattraper par les conséquences de ce qui venait de se passer. C'est dans un calme effrayant, qu'elle se leva et se dirigea vers la porte du bureau, la main tremblante, elle hésita quelques secondes avant d'enfoncer l'alarme qui résonna presque aussitôt, la faisant sursauter. Le mécanisme d'isolement dont été doté l'établissement actionné, Felicity était à présent enfermée dans le bureau. Elle retira son manteau, le posa délicatement sur le porte habit à ses côtés et épousseta quelques poussières invisibles sur sa robe. Elle se redressa, les épaules biens droites, et fixa les portes de l'ascenseur. Ils ne tarderaient pas, et Felicity serait damnée si qui que ce soit la voyait en état de panique.
- Si tu dois mourir ici, fais-le aussi dignement que possible Felicity. C'est tout ce que je te demande. Pas de larmes, pas de cris, no problemo. Le calme du calme, tout roule, c'est pas grave… Elle se tut, interrompant le flux de parole momentanément. Oh mon Dieu, ce n'est pas calme ça ! Elle leva les mains devant elle. Ok, inspire, compte jusqu'à 10. Tout ira bien.
Depuis l'appel qu'avait reçu Oliver, il avait agit uniquement par automatisme. L'esprit bien trop occupé, avait cédé sa place. Il ne savait pas exactement comment il était arrivé là, il n'avait pas souvenir d'avoir conduit, ni même d'avoir bougé en réalité. Oliver avait depuis bien longtemps arrêté de se mentir ou de se chercher des excuses plus ridicules les une que les autres, lorsqu'il était question de Felicity, l'inquiétude qu'il ressentait était aussi irrationnelle que surdimensionnée. Il avait tout fait pour la mettre à l'abri quoi qu'il arrive. Il l'avait quelques fois même blessé durant le processus, la laissant croire qu'elle n'avait pas sa place dans l'équipe que formait Diggle, la jeune femme et lui. Mais voilà qu'une menace qu'il n'avait pas même vu venir les avaient frappé de plein fouet. C'est le visage fermé et coupable qu'il avait débarqué au panthéon. Ses yeux se posèrent aussitôt sur la silhouette de Felicity. Son regard perdu quelque part à des milliers de kilomètres d'ici, les bras reposant contre ses flancs. Elle n'était pas là. Préférant s'isoler du monde complètement, une façon de gérer les évènements qu'Oliver avait fini par reconnaître en elle.
- Felicity, un murmure, une conjure
Il se dirigea si promptement vers la jeune blonde qu'il ne se fit arrêter qu'une fois à quelques pas seulement de la porte de son bureau. Felicity sembla enfin s'apercevoir de sa présence. Elle chassa presque aussitôt l'expression d'angoisse sur son visage et lui sourit en se balançant d'un pied à l'autre. Oliver quitta un instant son assistante des yeux pour lorgner l'homme qui l'empêchait d'avancer. C'est alors qu'il remarqua la dizaines de personnes s'activant dans de grandes combinaisons, mettant en place une sorte de sasse entre l'entrée du panthéon et le bureau dans lequel se trouvait Felicity. Cette dernière s'aperçut qu'Oliver venait tout juste de comprendre la gravité de la situation et s'empressa de le rassurer.
- Oliver ! sa voix était bien trop aigue. Ne te laisse pas impressionner par les combinaisons. C'est fou non ? Moi qui pensais que ça ne se faisait que dans les films, je suis vraiment…
- Felicity, qu'est-ce qu'il se passe murmura-t-il les muscles si tendus que l'on pouvait apercevoir ses veines palpiter.
- Ne panique pas, c'est vraiment pas grand chose. Tu sais simplement. Elle gigota quelques instants. Un virus a été propagé par les conduits d'aération. J'ai suivi le protocole de contamination et elle laissa sa main se promener devant elle, nous voilà.
- Un virus… Il se retourna aussitôt vers l'homme derrière lui. Quel genre de virus ? Où est l'antidote ? La posture et la voix d'Oliver n'avait rien d'amicales, il était glacial et exigeait une réponse immédiate.
- Non n'avons pas encore déterminé la nature du virus pour le moment, mon équipe est entrain de mettre en place un sasse afin de pouvoir accéder à la pièce et ainsi être en mesure de pratiquer une batterie de tests sur Mlle Smoak. Nous serons alors capable d'en savoir plus.
- Vous êtes entrain de me dire que vous ne savez rien ! Cracha le justicier. Il agrippa un peu plus fort que nécessaire le bras du médecin spécialisé et ensemble, ils s'éloignèrent un peu. Elle pourrait être entrain de mourir à l'heure qu'il est, et vous ne savez rien ! Est-ce que c'est pour ça que ma famille sponsorise vos recherches ? Si vous ne trouvez pas ce qu'elle a, si elle ne s'en sort pas, si elle ressort de là ne serait-ce qu'avec une seule séquelle, que Dieu vous vienne en aide, parce que je vais vous faire regretter votre incompétence de façon si violente…
- Mr Queen, soyez assuré que nous faisons absolument tout ce qui est possible pour trouver l'origine de ce virus. Il s'excusa et se remit au travail, faisant abstraction de la menace qui lui avait été manifesté
Oliver ne bougea pas tout de suite. Il ne voulait pas affronter Felicity, alors qu'il était pétrifié par la peur de ce qui pourrait lui arriver, de ce qui lui était arrivé. Il ne voulait pas voir dans ses yeux, l'angoisse qu'elle tentait de cacher et plus que tout, l'impression d'avoir été abandonnée. Il ne le supporterait pas. Et puis sa voix, simplement son nom dans un murmure, lui parvint. Sans qu'il ne puisse rien y faire, il était à nouveau contre la porte du bureau, avec pour seul objectif la jeune femme. Elle et rien d'autre.
- Ce n'est pas ta faute. Sa voix était posée, ne doutant pas une seconde de la véracité de ses propres propos. Oliver en eut un haut le cœur. Bien sur qu'elle ne le pensait pas fautif, elle qui trouvait du bon en chacun.
Bien sûr que si Felicity, tout ce qui t'arrive est de ma faute. Les arrestations, les blessures, les kidnappings et maintenant ça. Il laissa ses paupières se fermer sous le poids de la culpabilité. Lorsqu'il les rouvrit, Felicity avait posé sa main délicatement sur le verre, à la hauteur de son visage, comme si elle avait voulu le toucher, le rassurer. Mais je vais trouver qui a fait ça ! Est-ce que tu as pu traquer le signal depuis l'ordinateur ? Donne moi une piste. Cette dernière secoua vigoureusement la tête en signe de négation. Felicity ! Tu penses réellement que je n'ai pas vu que tu t'es mordu la lèvre…
- C'est faux ! je ne l'ai pas fait ! Pourquoi je l'aurais fait ? Je ne mens pas.
- Encore une fois. Tu mens et tu en es incapable.
- Oh mais c'est pas vrai! Tu pourrais pas prétendre ne pas l'avoir vu ? Je suis en quarantaine, j'ai bien droit à ça non ? Très bien ! je l'ai traqué mais Oliver, n'y va pas ! C'est trop « simple ». Il ne m'a pas fallu longtemps pour y arriver, il voulait que je le trouve là bas ! C'est un piège. Et si, non, pas si, il va te contaminer à ton tour à la minute où tu passeras le pas de la porte.
- Je prends le risque ! Donne moi l'adresse.
- Oliver je t'en supplie non.
- Felicity, tu ne comprends pas n'est-ce pas ? Tu n'as pas un droit de véto dans cette situation. Tu ne peux pas décider de nous venir en aide à Diggle et à moi à chaque fois que l'on se met dans le pétrin, et attendre de nous que nous ne fassions rien en retour. Ce n'est pas possible. Il n'y a rien que je ne ferai pas est-ce que c'est bien clair ?
Felicity s'apprêtait à dire quelque chose, mais les mots semblèrent se tarir quelque part dans sa trachée. Une quinte de toux la frappa presque aussitôt, elle porta une main à sa bouche, tentant désespérément d'étouffer les râles. L'impression d'oppression vive au niveau du thorax, il lui fallut plusieurs minutes avant de reprendre son souffle. Et ce ne fut que lorsqu'elle reposa son regard sur Oliver, qu'elle y lit l'horreur qu'il éprouvait. Inquiète et confuse, elle resta interdite quelques secondes avant de retourner les paumes de ses mains. Le visage blême, elle déglutit avec difficulté. Du sang. Autour d'elle, les médecins spécialisés en infectiologies se mirent à s'agiter, à la façon d'un essaim d'abeille que l'on vient tout juste de déranger à coup de bâtons. Oliver complètement démuni ne parvenait pas à comprendre les quelques mots qui lui parvenaient. Hémoptysie, détérioration croissante de la capacité respiratoire, décolorations des extrémités, possible embolie pulmonaire. Il retourna son attention vers la jeune femme au visage pâle, elle tenta de s'accrocher au bureau, titubant quelque peu, avant de s'écrouler au sol.
Et voilà, le premier chapitre de cette nouvelle fiction, en esperant que vous l'avez apprécié, à tout bientôt pour un nouveau chapitre
See you soon little moons
