Résumé : Suite à la mort de sa mère, Drago devient un fugitif. Il croit pouvoir s'en sortir quand Hermione accepte de l'aider. Mais rien n'est simple et le sort s'acharne contre lui…
Genre : drame.
Rating : déconseillée au -12.
Base : l'histoire débute tout de suite après la mort de Dumbledore. UA qui ne tient pas compte du tome 7.
Note : pour terminer l'année et en attendant que je reprenne mes autres fics, voici de quoi vous faire patienter. Bonne lecture et n'hésitez pas à donner votre avis.
Bonne Année 2008 !
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Chapitre 1 : Fleur fanée
Le Mangemort avançait avec lenteur dans un couloir aux murs de pierres brutes et sombres. Le bruit de ses pas sur le sol nu se répercutait tout autour de lui, troublant le silence qui régnait. Seules quelques torches disséminées ça et là diffusaient une lumière rougeoyante et projetaient à intervalles réguliers l'ombre de l'homme sur les murs.
Il arriva bientôt en vue d'une épaisse porte en bois et s'arrêta. Il hésitait, sentant une crainte diffuse l'envahir. Mais il savait qu'il ne pouvait se dérober. Il inspira profondément et frappa quatre coups contre la porte.
Au bout de quelques secondes, le bois commença à se déformer. La tête d'un serpent apparut en relief et demanda d'une voix sifflante :
- Qui demande à voir le Seigneur des Ténèbres ?
- Amycus Carrow, annonça le Mangemort, impassible.
Il connaissait depuis longtemps le système d'ouverture des quartiers de Voldemort et ne s'en étonnait plus.
La tête disparut et dans un grincement sinistre, la porte s'ouvrit par le milieu, ses deux battants s'écartant peu à peu. Le Mangemort s'avança et pénétra dans le repaire de son maître.
C'était une pièce de taille moyenne, entièrement construite dans la roche, lui donnant une atmosphère lugubre malgré quelques bougies. Un imposant tableau représentant Salazar Serpentard surplombait une cheminée dans laquelle brûlait un feu qui ne parvenait pas à réchauffer la pièce. Au fond, presque entièrement plongé dans la pénombre, était assis Voldemort.
Le Mangemort retint un frisson. Il marcha jusqu'au milieu de la pièce et s'inclina respectueusement.
- La mission de Poudlard a-t-elle réussie ? demanda aussitôt Voldemort de sa voix froide.
- Il y a eu… quelques complications, murmura le Mangemort avec hésitation, tandis qu'il se relevait.
Les mains blanches et fines de Voldemort se crispèrent, l'une sur la baguette posée sur ses genoux, l'autre sur l'accoudoir en forme de queue de serpent.
- Mais le directeur est mort ! s'empressa d'ajouter le Mangemort.
Voldemort se leva d'un bond, ses yeux rouges flamboyant dans la pénombre. Surpris et effrayé, le Mangemort recula de plusieurs pas et se prit les pieds dans sa robe. Il bascula en arrière et tomba lourdement au sol avec un hoquet, le cœur battant. Sans faire attention à lui, Voldemort éclata d'un rire suraigu.
- Enfin ! s'exclama-t-il. Enfin je suis débarrassé de ce vieux fou, ce maudit Dumbledore !
Sa voix résonnait contre les murs. Nagini, que le Mangemort n'avait pas vu, émergea de l'ombre et vint se lover autour des jambes de son maître. Amycus n'osait pas se relever, encore moins bouger. Il se contentait d'observer la scène, appréhendant la suite des évènements.
- Serpentard a triomphé de Gryffondor ! ajouta le mage noir à l'adresse du tableau de son ancêtre.
Puis, aussi soudainement qu'il s'était levé, Voldemort se précipita sur Amycus dans un bruissement d'étoffe, pointant sa baguette sur lui. La joie avait fait place à la colère sur le visage blafard du Seigneur des Ténèbres et le Mangemort sembla se ratatiner.
- Quelles sont ces complications dont tu as parlé ?
Le Mangemort déglutit et maîtrisa sa peur avec difficulté.
- Tout ne s'est pas passé comme vous l'aviez prévu, expliqua-t-il sans regarder son maître.
Voldemort attrapa le Mangemort par les cheveux et le força à relever la tête. Les yeux rouges de serpent plongèrent dans le regard bleu du Mangemort et le sondèrent profondément.
Amycus se raidit sous l'effet de cette brutale intrusion dans son esprit mais n'opposa aucune résistance. Il avait toujours été un piètre occlumens. Il n'eut d'autre choix que de revivre ce qui s'était passé quelques heures plus tôt à Poudlard : leur arrivée par l'armoire, où Drago les attendait lui et ses complices ; la présence s'une patrouille dans les couloirs, contre laquelle ils avaient combattu ; la tour d'astronomie et la discussion avec Dumbledore ; Drago incapable de tuer le vieux directeur, Rogue s'acquittant de cette tâche ; leur fuite à travers le combat, les couloirs, le parc ; l'altercation avec le demi-géant et Harry Potter.
La scène avait ainsi défilé, telle qu'il l'avait vécue, jusqu'au moment où Amycus avait enfin transplané. Voldemort le repoussa sans douceur, rompant ainsi le contact. Le Mangemort frotta son cuir chevelu endolori et se releva péniblement, sans retenir une grimace. Voldemort avait rejoint son fauteuil.
- Ainsi donc, le jeune Malefoy n'est pas allé au bout de la mission que je lui avais confiée. J'ai l'impression qu'il ne vaut guère mieux que son père.
Un silence pesant s'installa. Amycus gardait la tête baissée, fixant les lézardes du sol rocheux.
- Va me chercher tout ceux qui étaient avec toi cette nuit, y compris Rogue et le jeune Malefoy ! ordonna Voldemort.
Le Mangemort ne bougea pas mais ses mains devinrent blanches tant il les serrait.
- Qu'attends-tu pour m'obéir ?
- C'est-à-dire que… Greyback et Flanders se sont fait prendre… Gibson aussi, bredouilla hâtivement Amycus. Quant à Rogue et Malefoy… j'ignore où ils sont… ils ne sont pas revenus.
L'espace d'un instant, tout sembla se figer. Seul le feu crépitait et les battements de son propre cœur bourdonnaient aux oreilles du Mangemort. Voldemort ne manifestait aucune réaction. Puis sa colère explosa. A nouveau, il se redressa, brandit sa baguette et lança le sortilège de torture.
La douleur envahit Amycus, qui s'écroula une seconde fois, secoués de spasmes violents, retenant avec peine ses hurlements. Les secondes lui parurent durer des minutes, les minutes des heures tandis qu'il subissait cette souffrance atroce. Quand le sortilège pris fin, il haletait, au bord de l'inconscience. Ses larmes se mêlaient à la sueur et le goût du sang emplissait sa bouche.
- Va-t-en !
- Bien, Maître, souffla-t-il.
Tremblant et vacillant, il lui fallut plusieurs minutes pour se remettre sur ses jambes. Il boitilla jusqu'à la porte, que Voldemort venait de lui ouvrir et remonta le sombre couloir.
Lorsqu'il émergea du sous-sol, Alecto l'attendait. Sans un mot, elle l'aida à regagner sa chambre. Il sentait qu'elle brûlait de lui poser des questions mais il resta silencieux. Alecto le fit s'allonger sur son lit, où il sombra dans le sommeil.
*****
Des bruits de conversation le réveillèrent deux heures plus tard. Il ouvrit lentement les yeux et les contours, d'abord flous, se précisèrent. Alecto était assise à son chevet et lui passait un linge humide sur le visage.
- Si tu veux vraiment savoir ce qui s'est passé, va voir le Maître ou attend la réunion.
- Je ne veux pas attendre… dit une voix.
Amycus ne pouvait voir la personne qui avait parlé mais il reconnaissait sans peine la voix. Il sentait sa sœur prête à s'énerver, aussi décida-t-il d'intervenir.
- Ma chère Bella, pourquoi ne suis-je pas surpris de te voir ici ?
L'attention des deux femmes se porta aussitôt sur lui.
- Tu te sens mieux ? s'inquiéta Alecto.
- Alors c'est vrai, ce vieux fou est mort ? demanda Bellatrix à brûle-pourpoint, s'avançant vers le lit tel un prédateur se jetant sur sa proie.
Amycus soupira. Après la nuit éreintante qu'il avait passé, il aurait bien voulu pouvoir se reposer tranquillement. C'était sans compter sa sœur et Bellatrix et il aurait dû se douter qu'elles ne le laisseraient pas. Il se redressa, posa sa main sur celle d'Alecto avec un regard bienveillant et se tourna vers Bellatrix.
- Oui, c'est vrai, confirma-t-il avec un sourire moqueur. Dommage que tu n'aies pas été là…
Les yeux porcins de Bellatrix se réduisirent à deux fentes mais au lieu de répondre à son reproche, elle lança d'une voix cinglante :
- Qui l'a tué ?
- Eh bien sache que ton neveu n'a pas été à la hauteur. C'est Rogue qui s'en est chargé.
Elle ne sembla pas surprise.
- Comment le Maître a-t-il pris la nouvelle ?
Tous trois ressentirent alors une douleur au poignet gauche.
- Tu vas pouvoir t'en rendre compte par toi-même, répondit Amycus. Le Maître nous appelle pour une réunion.
Les trois Mangemorts quittèrent la chambre et prirent la direction de la salle de réunion.
Le jour n'était pas encore levé et la clarté lunaire qui filtrait à travers les fenêtres crasseuses ne parvenait pas à dissiper l'atmosphère sombre de la maison. Celle-ci, construite à flan de montagne et entourée d'arbres, servait de quartier général à Voldemort et ses sbires.
Le deuxième étage abritait des chambres tandis que la bibliothèque et les salles d'entraînement occupaient le premier étage. Le rez-de-chaussée, construit en grande partie dans la roche, accueillait quant à lui une cuisine, une salle à manger et la salle de réunion. Le sous-sol, sur deux niveaux, s'étendait profondément dans la montagne. Cachots et salles de torture s'étendaient sur le premier niveau tandis que les appartements de Voldemort se situaient au deuxième niveau.
Amycus, Alecto et Bellatrix descendirent l'escalier grinçant qui menaient au rez-de-chaussée et débouchèrent dans le hall, où nombre de Mangemorts venaient d'arriver. Des bribes de conversation leur parvinrent :
- Dumbledore… mort…
- … Rogue le responsable…
Sans y prêter attention, les trois Mangemorts se frayèrent un chemin jusqu'à la salle de réunion.
La pièce ressemblait beaucoup à celle où trônait Voldemort au sous-sol mais elle était beaucoup plus vaste. Des draperies vertes brodées de serpents géants ornaient les murs. Aucun feu ne brûlait dans la cheminée mais des torches suspendues à intervalles réguliers diffusaient une faible chaleur et éclairaient la pièce. Amycus s'y sentait moins oppressé que dans celle du sous-sol.
Le mobilier consistait en une dizaine de bancs répartis en deux colonnes et un fauteuil réservé à Voldemort. Bellatrix se précipita au premier rang et le frère et la sœur la suivirent à contrecoeur. Ils restèrent silencieux mais autour d'eux, les conversations allaient bon train. Lorsque celles-ci stoppèrent brutalement, Amycus n'eut pas besoin de se retourner vers la porte pour savoir que le Seigneur des Ténèbres venait d'arriver.
Il l'entendit s'avancer dans l'allée tandis que l'atmosphère se faisait plus lourde et une silhouette drapée de noir apparut bientôt dans son champ de vision. Voldemort prit place dans son fauteuil. Sa voix froide s'éleva dans le silence.
- Mangemorts, vous savez tous maintenant que le directeur de Poudlard est définitivement mort. Il ne sera donc plus une menace pour nous.
Des murmures parcoururent l'assemblée.
- Par contre, continua-t-il, tout ne s'est pas passé comme je l'avais prévu. Peu d'entre vous le savaient mais Drago Malefoy avait pour mission d'éliminer Dumbledore. Il a certes permis aux nôtres d'entrer à Poudlard mais c'est Rogue qui a tué le vieux fou. Sachez aussi que deux d'entre vous, Greyback et Flanders sont entre les mains des Aurors.
Il marqua une courte pause et son regard balaya le groupe de fidèles.
- Je constate une fois de plus que je suis entouré d'incapables ! s'écria-t-il. Et je n'aime pas que l'on aille contre ma volonté ! Rogue et Malefoy sont-ils là ?
Les Mangemorts lancèrent des coups d'œil furtifs autour d'eux. Personne ne répondit.
- Trouvez-les et ramenez-les moi !
La réunion se poursuivit encore une demi-heure, où Voldemort leur expliqua comment il comptait procéder maintenant que Dumbledore n'était plus. Amycus se sentit soulagé lorsque Voldemort les congédia mais un sentiment de malaise l'envahit quand il se leva : la lueur de démence qu'il aperçut dans le regard de Bellatrix ne lui plaisait guère. Mais il préférait ne pas la déranger. Lui et sa sœur s'en allèrent sans plus attendre.
Il ne resta bientôt plus dans la pièce que Bellatrix et Voldemort.
- Que fais-tu encore là ? demanda sèchement Voldemort.
- Maître, j'ai à vous parler, annonça Bellatrix.
Immobile, le visage dénué de toute expression, Bellatrix attendit. Seuls ses yeux laissaient transparaître une certaine impatiente teintée de folie.
- Qu'as-tu à me dire de si important ? Parle !
- C'est à propos de Rogue…
Et sans aucune hésitation, elle lui raconta la visite de Narcissa Malefoy chez Rogue et le serment inviolable pratiqué un an plus tôt.
Bellatrix y avait réfléchi durant toute la réunion : devait-elle dévoiler ce qu'elle savait ? En parlant, elle n'ignorait pas qu'elle compromettait sa sœur. Mais elle avait toujours douté de la fidélité de Rogue vis-à-vis du Seigneur des Ténèbres. De plus, elle n'acceptait pas d'être mise à l'écart. Elle tenait là un moyen de montrer à son maître que Rogue n'était pas complètement digne de confiance.
Aussi ne ressentait-elle aucune crainte, savourant à l'avance sa vengeance sur le maître des potions.
- Pourquoi avoir attendu si longtemps pour m'en parler ?
La question la prit au dépourvu. Persuadée que le Maître lui serait reconnaissant, elle n'avait pas pensé à ce détail. Gardant son calme, elle répondit d'une voix mesurée :
- Narcissa est ma sœur. Et je pensais Drago à la hauteur de l'honneur que vous lui avez fait.
- Je lui avais pourtant expliqué clairement ce qui l'attendait s'il échouait. Quant à Rogue, même s'il m'a rendu un grand service, il me déçoit.
- Qu'allez-vous faire ?
- Pour Rogue, je réserve mon jugement. C'est un bon élément, j'aimerais ne pas le perdre.
Bellatrix garda un visage impassible malgré sa déception.
- Et je tuerais Narcissa et Drago moi-même, ajouta le mage noir avec un regard cruel. J'en ai plus qu'assez des Malefoy !
Cette fois, la Mangemort blêmit et serra les poings sur ses genoux.
- Maître… vous ne pouvez pas…
- Bien sûr que je le peux ! s'écria-t-il. Nous allons de ce pas rendre une petite visite à cette chère Narcissa et tu viens avec moi.
Voldemort l'empoigna violemment et ils transplanèrent.
*****
La lune était à demi visible et la nuit étendait son manteau de ténèbres sur l'imposant manoir et la campagne environnante. Une chouette hulula du haut d'un arbre solitaire et le vent fit bruire les hautes herbes.
Narcissa Malefoy, enveloppée dans un grand châle en laine, était assise dans le canapé face à la cheminée. Elle tenait entre ses mains une tasse de thé fort et fumant, qu'elle buvait à petite gorgée. Mais ni le châle, le feu ou le thé ne parvenait à la réchauffer. Elle frissonnait et le sommeil la fuyait.
Elle entendit des pas à l'étage mais ne s'en inquiéta pas. La maison était vide de toute présence, excepté elle et l'elfe de maison, qui devait probablement s'activer à faire le ménage.
Elle avait fini par s'habituer au silence pesant qui régnait presque en permanence dans l'immense manoir mais elle ne pouvait se faire à l'absence de son mari. Lucius lui manquait et elle avait désespérément besoin de lui, après ce que les envoyés du ministère lui avait dit. Voldemort devait être furieux que Drago ait échoué… son fils serait puni… et elle ne savait même pas où il était !
Elle resserra le châle sur ses épaules tandis que des larmes glissaient lentement le long de ses joues pâles. Elle se faisait du souci pour Drago. Après son échec, il n'était certainement pas retourné chez le Seigneur des Ténèbres. C'était bien trop risqué. Dans ce cas, où était-il ? Et Rogue, qui avait fait le Serment Inviolable, était-il avec lui ? Son unique enfant risquait la mort… Elle-même n'était pas non plus à l'abri. Elle se doutait que Voldemort n'hésiterait pas à se servir d'elle pour retrouver Drago.
Des coups étouffés lui parvinrent. Elle avait des visiteurs. Qui d'autre pouvait donc venir la voir au beau milieu de la nuit ? Drago ? Il n'aurait pas pris la peine de frapper. Des enquêteurs du ministère ? Ils ne devaient venir que plus tard dans la journée. Ses réflexions stoppèrent net quand la porte du salon s'ouvrit à la volée. Un brusque courant d'air froid glaça Narcissa jusqu'au plus profond d'elle-même et fit vaciller le feu. Voldemort, silhouette longiligne drapé dans une cape aussi noire que sa peau était blanche, venait d'entrer. Suivait Bellatrix, qui la fixait avec une froide détermination.
Narcissa s'était attendue à cette visite mais son cœur se mit à battre plus vite et elle prit peur quand le mage noir s'avança vers elle. Elle se redressa, contourna le canapé et lui fit face avec toute la dignité dont elle se sentait capable. Les deux nouveaux venus s'arrêtèrent à quelques pas de Narcissa.
- Ton fils s'est montré à la hauteur de son père, lâcha Voldemort avec une colère à peine dissimulée. Lui aussi a été incapable de faire ce que j'attendais de lui.
Narcissa restait parfaitement immobile bien que la terreur se frayait lentement un chemin en elle.
- De plus, continua le mage noir, tu as placé une de mes meilleurs Mangemorts dans une position délicate.
Cette fois-ci, Narcissa tourna vivement la tête vers Bellatrix, qui ne manifesta aucune émotion pour sa sœur. Elle s'apprêta à parler mais à peine avait-elle ouvert la bouche qu'une onde de douleur la parcourut. Le châle glissa de ses épaules et elle se retrouva prostrée au sol. Le supplice ne dura que quelques secondes mais Narcissa savait que ce n'était que le début.
- Les Malefoy doivent payer et il se trouve que ce sera toi la première, susurra Voldemort.
Narcissa ne répondit pas. Elle savait qu'il n'y avait rien à dire. Mais le manque de réaction de sa sœur la blessait plus qu'elle ne voulait se l'avouer. Et Drago… Elle n'avait pas peur de la mort mais elle ne voulait pas laisser son fils seul… surtout pas face à ce monstre.
Le silence qui s'était établi sembla durer des heures. Narcissa fixait toujours le sol, les yeux humides, tandis que Voldemort savourait le moment. Bellatrix, quant à elle, attendait de voir la suite des évènements. A nouveau, la voix froide du mage noir s'éleva.
- Mais dans ton cas, ce n'est pas moi qui vais te tuer.
Narcissa redressa la tête sous le coup de l'incompréhension. Elle croisa le regard de sa sœur, qui avait blêmit et reculé d'un pas et elle comprit.
- Bellatrix, je te laisse cet honneur, ajouta Voldemort.
L'espace d'un court instant, Narcissa se laissa bercer par l'espoir insensé que Bellatrix ferait preuve de fraternité et refuserait d'accomplir un tel acte. Mais Bellatrix s'était ressaisie et, resserrant la prise sur sa baguette, tendit le bras vers sa sœur à genoux. Narcissa lança un regard suppliant à sa sœur, bien que sachant cela inutile. Elle déglutit et, résistant à l'envie de se recroqueviller contre le canapé, elle se redressa autant que possible. Des larmes, tant de douleur que de tristesse, coulait sur ses joues mais elle ne tenta pas de les retenir.
Bellatrix prononça les deux mots fatidiques d'une voix neutre et le rayon vert fusa vers Narcissa. La dernière pensée qui s'imposa à son esprit fut une image de son fils Drago tel qu'elle l'avait vu pour la dernière fois. Puis elle tomba sur le sol, les mains encore crispées sur son châle, les yeux ouverts où toute étincelle de vie avait disparue.
*****
- Non ! murmura la voix d'un ton sec. N'y allez surtout pas, c'est trop dangereux !
Malgré cet avertissement, le jeune homme voulut s'élancer hors de la pièce où il se cachait. Mais c'était sans compter la dextérité de son compagnon, qui lui attrapa brutalement le bras au moment où il mettait la main sur la poignée de la porte. Le jeune homme laissa échapper un gémissement de douleur et tenta de se dégager, sans succès.
- C'est ma mère ! protesta Drago Malefoy d'une voix où se mêlait colère, peur et tristesse.
A nouveau, il se débattit mais Severus Rogue le maintenait avec fermeté.
- Drago, écoutez-moi ! Je suis désolé pour ce qui arrive à votre mère mais nous ne pouvons rien y faire.
Drago jeta un regard noir empli de larmes à son professeur mais ne dit rien. Il se laissa docilement entraîner vers le fond de la pièce, où Rogue le lâcha, tout en le gardant à portée de baguette, au cas où il tenterait malgré tout quelque chose d'inconsidéré. Mais le jeune homme se laissa aller contre le mur, en proie à un profond sentiment d'impuissance. Ces dernières heures, les évènements s'étaient enchaînés sans qu'il puisse vraiment agir sur eux : l'arrivée des Mangemorts à Poudlard, la mort de Dumbledore, la fuite avec Rogue… et maintenant, la mort de sa mère, à cause de lui…
Assis sur le sol froid, Drago tordait nerveusement ses mains sur ses genoux relevés. Il n'avait pas conscience des larmes qui coulaient sur ses joues pâles, traçant des sillons humides. Ses yeux gris fixaient un point invisible et Rogue se fit la réflexion qu'il devait être très ébranlé pour se monter aussi vulnérable.
Plusieurs instants passèrent dans le plus complet silence. Ils ignoraient si Voldemort et Bellatrix étaient toujours là mais Rogue, qui ne tenait pas à se retrouver devant eux pour le moment, préférait attendre. D'autant plus que cela permettait à Drago de reprendre ses esprits.
Drago ne rendit pas compte du temps qui passait. Il était perdu dans ses pensées, se demandant ce qu'il allait advenir de lui. Sa mère étant morte et son père enfermé à Azkaban, il ne lui restait que peu de choix. Retourner chez Voldemort signifierait courir à sa perte. Rester ici ou se rendre chez Rogue serait tout aussi suicidaire. Poudlard peut-être… mais l'école n'accueillait pas les élèves durant l'été et il ignorait ce qu'elle deviendrait avec la mort de Dumbledore. Il ne voyait donc qu'une seule solution pour le moment : la fuite.
Drago reprit peu à peu contact avec la réalité. Il allongea ses jambes engourdies et essuya ses joues du revers de la main. Il se releva. La pièce n'était pas chauffée et Drago sentait des frissons lui parcourir le corps. Il réajusta sa longue cape noire et défraîchie sur ses épaules et se tourna vers Rogue. Celui-ci ne pointait plus sa baguette sur lui mais le regardait d'un air soupçonneux. Il demanda :
- Pensez-vous qu'ils soient partis ?
- Nous allons bientôt le savoir. Restez ici.
Rogue se dirigea vers la porte et l'ouvrit doucement puis il passa la tête par l'entrebâillement.
Il tendit l'oreille, à l'affût du moindre bruit. Rien ne se faisait entendre mais cela ne signifiait pas qu'il n'y avait personne. Il murmura « Hominum Revelo » et le sortilège lui révéla que les seules présences humaines étaient la sienne et celle de Drago. Il se tourna vers le jeune homme, qui attendait anxieusement.
- Allons-y, dit Rogue, mais restez sur vos gardes.
Drago hocha la tête en signe d'assentiment et suivi son professeur.
Les deux hommes quittèrent ainsi la sécurité relative de la pièce où ils s'étaient cachés et s'engagèrent dans le couloir. Le bruit de leurs pas était étouffé par les épais tapis qui recouvraient le sol. Rogue ne montrait aucun signe de peur mais Drago ne cessait de jeter des coups d'œil nerveux autour de lui, sa main tellement crispée sur sa baguette que les jointures en étaient blanches. Ils débouchèrent bientôt dans le hall d'entrée, sous le regard scrutateur des portraits. L'éclairage était faible mais suffisant pour se rendre compte que la porte du salon était grande ouverte.
Drago avait voulu s'élancer à nouveau mais il était bien trop terrifié. Il se contenta de suivre Rogue, incapable de contrôler les tremblements qui l'agitaient. Ils pénétrèrent dans le salon. L'atmosphère était froide, presque glacée et pas uniquement à cause de la cheminée éteinte, où seules les braises du feu rougeoyaient encore.
Drago aperçut presque tout de suite le corps inerte de sa mère, étendue contre le canapé, ses mains serrées sur son châle. Ses yeux bleus étaient encore ouverts, ne reflétant plus rien. Son pâle visage portait encore les traces des larmes qu'elle avait versées.
A cette vision, le jeune Malefoy se figea, incapable d'avoir une pensée cohérente. Puis vint le choc. Il s'était attendu à voir le cadavre de sa mère mais pas à la déferlante d'émotions qui l'envahit brutalement. Il avait l'impression qu'un étau lui compressait la poitrine, l'empêchant de respirer correctement.
Drago ferma les yeux. Il lui fallait se ressaisir, il ne pouvait se permettre de se laisser aller à nouveau. Il inspira profondément une goulée d'air froid, forçant son cœur à reprendre un rythme plus calme. Puis il rouvrit les yeux.
Rogue était toujours à côté de lui, immobile, la baguette levée. S'il ressentait de la peine, il ne le montrait pas. Drago marcha jusqu'au canapé et s'agenouilla sur le sol de pierre froid à côté de sa mère. Dans un geste tendre, il lui ferma les yeux puis lui détacha les mains du châle. Il entreprit ensuite de la soulever pour la déposer sur le canapé. Elle donnait ainsi l'impression de dormir.
Rogue s'était approché et avait ramassé le châle, qu'il tendit à Drago. Le jeune homme prit le tissu, qui dégageait encore des effluves du parfum de Narcissa, et en recouvrit sa mère. Le maître des potions posa alors sa main sur l'épaule de son protégé et murmura :
- Partons, Drago. Nous ne pouvons rester ici, les Aurors peuvent arriver à tout moment.
Drago hocha la tête. Il déposa un dernier baiser sur le front de sa mère puis se leva.
Les deux hommes sortirent rapidement du manoir et se hâtèrent de traverser le jardin. Lorsqu'ils se furent suffisamment éloignés, Drago se retourna. Et elle était là. La Marque des Ténèbres, verte et brillante, flottant au-dessus du toit. Mais il ne pouvait rien y faire.
- Que faisons-nous à présent ?
Malgré les efforts qu'il faisait, le léger tremblement de sa voix trahissait sa peur.
- Vous devez vous faire oublier quelques temps et la Cabane Hurlante sera une bonne cachette. Transplanez derrière la maison, il ne faut pas que quelqu'un au village nous voie.
Drago transplana et se retrouva dans le jardin situé à l'arrière de la cabane mais l'obscurité était telle qu'il en distinguait à peine les contours. Par contre, il capta les mouvements de la cape de Rogue, qui avançait résolument vers l'une des fenêtres, et le suivit. Malgré l'aide de la magie, les deux hommes durent unirent leurs efforts pour détacher les planches qui condamnaient la fenêtre. Puis ils se faufilèrent, non sans mal, dans l'ouverture ainsi pratiquée.
Lorsqu'il se retrouva debout sur le plancher usé de la cabane, Drago était couvert de poussière et de sueur, ses cheveux étaient ébouriffés et sa cape donnait l'impression d'avoir appartenu à un loqueteux. Lui qui d'habitude prenait soin de lui aurait bien voulu prendre une douche. Mais à voir l'aspect des lieux, l'hygiène ne serait pas le seul problème.
Rogue se tenait dans ce qui avait été il y a bien longtemps un salon. Une forte odeur de renfermé et de bête flottait dans l'air. Un canapé rouge couvert de griffures desquelles la bourre s'échappait était renversé au milieu de la pièce. Ce qui avait été des meubles était aujourd'hui des morceaux de bois de tailles et de formes diverses, éparpillés contre les murs. Les tableaux étaient lacérés et des pans de toile pendaient des cadres. Les rideaux en velours, rouge eux aussi, n'étaient plus que lambeaux. De toute évidence, quelqu'un s'était acharné ici. Le maître des potions ne sembla pas en faire grand cas ; il agita sa baguette et le canapé déchiqueté reprit un aspect normal.
- Venez, Drago. Nous devons discuter de ce que nous allons faire.
Drago, qui se tenait dans l'embrassure de la porte, ne manifesta aucune intention de bouger.
- Ma mère est morte, Voldemort cherche à me tuer et me voilà devenu un fugitif. Je ne vois pas ce que l'on peut dire d'autre, en tout cas rien qui ne puisse attendre demain. Sur ce, je vais tâcher de trouver un endroit où dormir.
Et, sans accorder plus d'attention à son professeur, il tourna les talons et s'éloigna.
