Draco était assis sur le siège du petit piano noir électrique.

Il poussa un énième soupir lorsque le garçon près de lui fit encore une fois grincer son violon dans une fausse note monstrueuse.

-Allons, allons. Concentre toi Harry ! s'exclama leur prof de musique, une jeune femme aux cheveux teints d'un rose pétant. Le brun hocha la tête, l'air dépité.

Draco grinça des dents, du haut de ses douze ans, il accompagnait parfois les gens du conservatoire au piano. Et, en comparaison avec les quelques violonistes qu'il avait déjà soutenu, il pouvait assurer que cet « Harry » était le plus mauvais.

Le violoniste aux yeux verts devait avoir dans les quatorze et d'après le professeur Thonks, il pratiquait depuis deux ans.

Pathétique.

Draco leva les yeux vers la petite horloge négligemment posée sur une table en bois.

Le jeune garçon se tourna vers sa professeure :

-Je devrais m'en aller, le cours est terminé. Dit-il de sa voix trainante, souhaitant cesser le plus rapidement possible le supplice qu'on infligeait à ses pauvres oreilles.

Thonks s'apprêtait à hocher la tête lorsque la porte s'ouvrit sur une petite tornade brune.

-Teddy ! s'écria le violoniste raté, un grand sourire niais s'était dessiné sur son visage, avant qu'il ne s'efface lorsque le petit garçon l'ignora pour se jeter sur le pianiste.

Draco grimaça : il détestait les enfants. Et le blond n'a jamais su si c'était un châtiment ou une moquerie du destin, mais les enfants, eux, l'adorait.

C'est ainsi que sa jambe se retrouva alourdit et salit par les mains crasseuses du bambin.

Le blond jeta un regard emplit de détresse à sa professeure, autrement dit Nymphadora Thonks, autrement dit cousine de Draco Malfoy, autrement dit mère de la bête sans cervelle accrochée à sa jambe.

-Cousin ! Je t'aime ! s'écria l'enfant, lové contre le jeune homme.

-L'amour n'est pas quelque chose qu'un enfant de deux ans peut concevoir, maintenant, si tu veux bien t'éloigner… Petit-cousin. Répliqua Draco en le repoussant.

Il agrippa son sac, fit un signe de tête à sa cousine, ignora le violoniste et quitta la salle d'une manière presque théâtrale.

Il entendit encore quelques mots échangés dans la pièce avant d'enfoncer ses écouteurs et de s'immerger dans son monde.

Alors qu'il attendait sa mère, bien droit devant le grand batiment vitré du conservatoire (un Malfoy ne s'abaisse pas à s'assoir sur un banc public), une silhouette s'arrêta derrière lui et lui tapota l'épaule. Draco dû se retenir de lui coller une droite, il avait un léger excès a la violence lorsqu'on l'interrompait dans l'écoute du dernier album de Imagine Dragons.

-Qu'est-ce que tu me veux, violoniste raté. Grogna t'il en retirant nonchalamment un de ses écouteur.

-Wow. Alors comme ça Thonks ne rigolait pas quand elle parlait de la politesse légendaire des Malfoy. Rétorqua le garçon dont on devinait le sourire ironique par le ton de sa voix.

Malfoy se retourna, agacé.

Malgré son plus jeune âge, le blond faisait une bonne tête de plus que le binoclard. Il le regarda de haut, haussa un sourcil, mais cela ne fit pas perdre l'air farouche du plus petit.

-Écoute-moi bien, le nain, évite de jouer avec le feu. Tu m'as cassé les oreilles pendant toute l'après-midi et maintenant tu me casses les couilles. Alors fait-moi plaisir, ravale ta fierté et tes lunettes, puis casse toi.

Harry ouvrit les yeux ronds avant de lever à son tour un sourcil et de commencer d'une voix exagérément trainante :

-Je te conseillerais de ravaler tes lunettes et...

-Tu l'auras voulu.

Et c'est ainsi que Narcissa Black Malfoy retrouva son enfant en train d'étouffer le fils Potter avec ses propres lunettes.

-Je déteste ma vie. Marmonna Draco Malfoy, âgé maintenant de quinze ans, à son amie alors qu'ils arpentaient les couloirs du gigantesque bâtiment.

Cela ne faisait qu'une journée qu'ils avaient intégré Poudlard et les deux compères s'étaient déjà perdus.

-Allons Dray, ce n'est rien de grave. On va trouver la salle. On aura juste dix minutes de retard. Tant mieux d'ailleurs, je déteste le fran-

Draco cessa d'écouter, son oreille avait repéré une présence humaine non loin, Dieu merci, peut être allait il arriver à l'heure pour son premier cours de l'année et évitera-t-il de se payer une honte intersidérale ?

Son espoir fut de courte durée quand il aperçut une chevelure rousse flamboyante au détour du couloir.

Il ne manquait plus que ça, Ron Weasley, un première particulièrement fier de son statut de délégué qui ne cessait de jeter des punitions à tout va.

Draco avait eu l'incommensurable chance de le rencontrer le jour d'avant, lors de la visite du pensionnat.

-Eh ! Le blond là, j't'ai jamais vu. Tu s'rais pas un seconde ?

Draco se retourna en arquant un sourcil. Un grand gaillard aux cheveux de feu le toisait de son un mètre huitante. Les mains enfuient dans son jeans trop large, le rouquin arborait fièrement un autocollant jaune fluo que les professeurs avaient remis aux délégués pour qu'on puisse leur demander conseil facilement en ce jour de rentrée.

-Oui, Draco Malfoy. Je suis en seconde 2.

Le première se rapprocha un peu, faisant bien remarquer au blond la différence de taille. Draco grimaça, lui qui avait arrêté de grandir à ses treize ans maudissait amèrement son père d'être de taille si moyenne. Néanmoins, il leva farouchement les yeux et ne céda pas à la tentative de domination du roux.

-Ecoute, tête de fouine, ici c'est moi qui commande. J'ai entendu parler de ton père. Un grand homme hein ? il ricana. Mais si ici, tu essaies de foutre la merde, t'auras affaire à-

Draco poussa un long soupire insolent, recula, et s'assit sur une table. Il croisa les jambes avec classe, un sourire naquit sur ses lèvres.

-Tu sais... Je comprends. Vivre avec autant de frères et sœurs, dans la misère. Ça doit être difficile en plus comme ton père travaille pour le mien, c'est normal que tu développes ce genre de chose vis-à-vis de moi.

Le plus grand fronça les sourcils.

-Eh de quoi tu parles ?

-Et bien, de ton complexe d'infériorité… répondit Draco, de sa voix trainante.

Ron serra les poings et ouvrit la bouche quand quelqu'un déboula dans le couloir.

C'était une fille de taille moyenne et au cheveux bruns attachés dans un chignon désordonné. Elle portait un jeans noir contrastant avec son gros pull blanc où était inscrit « Wingardium Leviosa » -sûrement une référence à un film-.

-Rooooooooooonn ! Tu m'as tellement manqué !

S'écria t'elle en sautant dans les bras de Weasley. Celui-ci afficha un sourire niais et ses joues prirent une teinte rouge concordant très mal avec la couleur de ses cheveux.

Draco sauta d'un bond élégant de la table et passa à côté du garçon roux.

-A noter en plus une friendzone… Ah, la vie est dure sans confiture.

Bon, en y repensant, c'est vrai que sa phrase de sortie était un peu bancale. Mais Draco adorait les phrases toute faite, oui, il était un peu tordu. Pansy sauta littéralement de joie.

-Quel chance ! Il y a quelqu'un, en plus c'est un délégué !

Draco n'aurait pas appelé ça de la chance, plutôt du karma. Ça lui apprendra à passer sous des échelles « juste pour voir ».

Alors que son amie sautillait vers le roux, elle lui tapota l'épaule et commença à déblatérer comme à son habitude.

Un peu à l'écart, Draco fixait ses ongles d'un air pensif. C'est alors qu'une voix douce répondit à Pansy, le blond écarquilla les yeux, ce n'était pas la voix grave de Weaslaid.

Il se désinteressa de ses ongles et se rapprocha de sa meilleure amie. Devant elle se trouvait bien Weasley junior, mais celui-ci était accompagné d'un grand brun souriant qui disait vaguement quelque chose à Draco. D'ailleurs, l'expression du garçon changea quand il posa ses yeux sur le plus jeune.

-Putain ! Mais c'est le psychopathe qui m'a fait bouffer mes lunettes !