Maraudeurs de toutes les époques
Tome 3
Chapitre 1
REMUS
Remus Lupin se réveilla lentement en entendant du bruit à l'extérieur. Il ouvrit lentement les yeux et sortit en courant de la maison longue qu'habitait sa famille, toujours vêtu d'un pantalon noir. Il courut jusqu'à la place centrale, où le feu qui avait été fait la veille était mort et laissait échapper un mince filet de fumée. Là, une immense haie de gens ce faisait jusqu'à l'entrée. Remus la remonta en courant et quitta la forteresse. Là, il aperçut un homme vêtu d'un complet gris foncé et de lunettes rondes qui était en grande discussion avec le gardien de la palissade. Remus fronça les sourcils, puis écarquilla les yeux.
« Papa ! »
Il courut jusqu'à l'homme et sauta dans ses bras.
« N'aie pas peur, mon ange. » murmura Mr. Lupin.
Presque aussitôt, Remus se retrouva dos à son père. Celui-ci posa une lame sur sa gorge et s'adressa en iroquoïen à l'homme.
« Laissez-moi partir si vous tenez à sa vie. »
Les loups étant une famille importante, l'homme hésita. Soudain, John Lupin se mit à courir, entraînant dans son chemin son fils. Remus sentit une flèche le frôler, mais il continua à courir, tenant la main de son père.
Deux ans.
Deux ans depuis le départ de son père.
Deux ans depuis sa morsure.
Ils arrivèrent bientôt à la falaise sur
laquelle il s'était réveillé le premier matin.
Il s'arrêta.
« Papa… »
« Saute ! »
Mr Lupin sauta de la falaise, entraînant son fils avec lui. Remus boucha rapidement son nez et se recroquevilla, puis il sentit qu'il s'enfonçait dans l'eau. En quelques coups de pieds, il regagna la surface, aidé par son père.
« Papa, qu'est-ce que… »
« Ne dit rien. On se laisse porter jusqu'à la fin des rapides. Reste accrocher à moi, Remus. »
Les rapides du village étaient dangereuses pour n'importe qui. D'ailleurs, à la dernière lune, un homme était tombé dedans en pêchant et y avait trouvé la mort. Mais Remus n'avait pas peur. Son père était là. Il ne risquait plus rien.
Les rapides finirent près de trois kilomètres plus loin. Remus sentait que sa cheville était probablement foulée et écorchée à cause des roches qui jonchait le sol, et son bras s'était frappé sur un rocher dans les remous, mais il se sentait bien. Il n'aurait échangé sa place avec personne d'autre.
« Papa… Est-ce que l'on sort bientôt de l'eau ? Il fait froid et nous sommes déjà loin du village, si nous voulons rentrer pour manger… »
« Nous allons nous laisser aller dans l'eau encore quelques temps. Pour laisser à ta cheville le temps de guérir. »
Remus se laissa faire, silencieux. Il devait à tout prix plaire à ce père trop absent. Il devait se faire aimer.
Le soleil tombait maintenant à l'horizon. Ses doigts étaient plissés, et le froid entrait dans sa peau jusqu'à ses os.
« Papa… j'ai froid… »
« Nous sommes arrivés, Remus. Tu crois être capable de rejoindre la rive ? »
Pour toutes réponses, Remus se mit à nager. Il ne se sentait pas capable de le faire, mais il le devait. Il devait…
Lorsque Remus se réveilla, il était étendu à côté d'un tronc d'arbre mort. Il ne portait plus son pantalon et avait à la place une paire de caleçon. Il était enroulé dans une immense couverture de laine et il sentait la douce chaleur du feu se propager en lui.
Il ouvrit lentement les yeux et vit son père, vêtu seulement d'une paire de jeans, qui réchauffait ses mains près du feu.
« Tu es réveillé ? » demanda-t-il.
Remus se leva et alla s'asseoir en boitillant à côté de son paternel.
« Tu t'es évanoui et tu as dérivé sur cent mètres. J'avais mal calculé les distances et j'ai dû te porter sur un kilomètre. »
« Je suis désolé. Ça ne se reproduira plus. »
« Ce n'est pas grave. J'ai pu voir que ton dos était en assez mauvais état. »
« Ce n'est rien de très important. Je me les fais lors des pleines lunes. »
« Je ne crois pas. Il y a d'autres causes, non ? »
Remus hocha la tête.
« Ce sont les autres jeunes du village ? »
Il hocha la tête.
« Ça n'arrivera plus, Remus, je te le promets. »
Remus sourit.
« Quand nous serons à Montréal, nous irons voir un médecin. Il verra ce qu'il peut faire. Et on ira voir quelqu'un pour tes transformations. Tout va s'arranger, maintenant. Je suis là, Remus. »
Celui-ci sourit un peu plus.
« Je sais, papa. »
Il regarda autour de lui.
« Papa… Romulus n'est pas là ? »
Mr Lupin baissa la tête.
« Papa, réponds-moi ! »
« Je n'avais pas les moyens de vous emmener tous les deux, Remus, et je pense que tu as plus besoin d'aide que Romulus. »
Remus se leva et s'approcha du rivage.
« Remus ! Remus Lupin, reviens immédiatement ici ! »
Remus se mit à courir, mais en quatre enjambées, son père le rattrapa.
« Remus… »
« Tu n'as pas le droit de choisir lequel de nous deux tu préfères ! Il a autant besoin de toi que moi ! Tu es parti durant deux ans, papa ! Et maintenant, tu veux que je foute ma vie en l'air pour te suivre ! Oublie-nous, bon sang ! Tu n'es pas un bon père, et tu ne le seras jamais ! Maintenant, laisse-moi retourner au village et fous le camp ! »
Mais John Lupin ne relâcha pas son emprise sur l'épaule de Remus, qui sombra quelques instants plus tard dans l'inconscience.
Lorsque Remus se réveilla, une lumière cent fois trop forte se trouvait au dessus de lui. Il cligna des yeux, puis vit le visage d'une femme qui lui souriait.
« Rrrrohn ! Tu hijo está… »
Aussitôt, le visage de son père remplaça celui de la femme.
« Remus, comment vas-tu ? Tu te sens bien ? »
« J'ai faim… »
« Tu n'as pas mangé depuis deux semaines. Tu es à l'hôpital. Ils t'ont passé des examens. »
« Qu'est-ce que j'ai ? »
Mr. Lupin eut un sourire triste.
« Rien de plus que d'habitude. Maintenant, habille-toi. Maria a été t'acheter des vêtements. J'espère qu'ils te feront. »
« Papa, qui est Maria ? »
Remus s'assit dans son lit et remarqua la jeune femme qui se trouvait sur la chaise, à côté de lui. Elle portait un joli tailleur Chanel rouge qui mettait ses cheveux et ses yeux noirs en valeur.
« C'est ma petite amie, Remus. Dépêche-toi. Ensuite, on prendra le bus et on ira manger une glace. »
« Le bus ? »
« C'est comme un immense canot à moteur. Tu verras. »
Remus se leva et enfila rapidement une paire de pantalon.
« Dépêche-toi, Remus. »
Il enfila un chandail bleu. Il sentit la main de son père dans son dos.
« Ne te coiffe pas. »
Mr Lupin alluma une cigarette alors qu'ils sortaient de la chambre, suivis par Maria.
« Notre avion décolle à dix-huit heures. On a trois heures devant nous. Conoces un bueno restaurante proximo de aquí, Maria ? »
« Si, hasta diez… »
« Bueno. Il y a un restaurant pas trop loin, Remus. »
Ils quittèrent rapidement l'hôpital et montèrent à bord du premier autobus qui s'y trouvait.
« Papa ? »
« Quoi Remus ? » demanda Mr. Lupin en prenant un journal sur le siège d'à côté et en l'ouvrant aux résultats sportifs.
« Où sont les hommes ? »
Mr. Lupin leva les yeux vers son fils.
« De quoi parles-tu ? »
« Où sont les rameurs, et la rivière ? »
John eut un sourire.
« On arrêtera dans une librairie t'acheter quelques livres sur le sujet, d'accord ? »
« Des livres ? »
John sourit et fit un clin d'œil à son fils, qui sourit à son tour.
Il se tourna vers la fenêtre et regarda les différentes maisons de Montréal. Il sentit soudain son père le prendre par l'épaule.
« Tu vois les îles là-bas ? Il y a deux ans, elles ont accueilli une exposition universelle. Toute la planète y était. »
Remus sourit. L'autobus continua son trajet alors qu'ils quittaient les berges du fleuve St-Laurent. Ils arrivèrent bientôt à une intersection où Remus vit une automobile foncer sur eux à haute vitesse. Il se leva automatiquement.
« Attention ! »
La voiture fonça dans l'autobus. Mr Lupin attrapa son fils avant qu'il ne tombe sur le sol, puis celui-ci se releva. Remus vit un homme en sortir et se mettre à courir. Il quitta l'autobus, s'approcha de la portière conducteur et l'ouvrit. Une dame en tomba, le teint jaune.
« Madame, comment vous sentez-vous ? »
Elle leva les yeux et le regarda.
« Tu parles anglais ? »
« Un peu, pourquoi ? »
« Comment tu t'appelles ? » demanda-t-elle.
« Remus Lupin, madame. »
« Tu es du Canada ? »
« Oui, mais je vais vivre en Angleterre avec mon père. »
« Remus, va dans l'ancien Red Light. Trouve les Sparvieri et dis-leur que Monica est morte. Trouve aussi les Lussier. Quand tu seras en Angleterre, trouve Michael Burns. Dis lui que ses enfants l'attendent. »
Il hocha la tête.
« Tu es un bon garçon, Remus. »
« Merci, madame… »
« Jeune homme, poussez-vous ! »
Remus se tourna et vit un policier.
« Qui êtes-vous pour me donner des ordres ? »
Le policier sortit son pistolet, mais Mr Lupin vint prendre son fils par les épaules.
« Il ne sait pas ce qu'il dit, Monsieur. Mon fils a vécu dans un village des premières Nations durant des années… »
« Foutez le camp ! »
Ils s'éloignèrent de quelques pas et l'homme mit son pistolet en direction de sa cage thoracique, puis tira trois coup. La dame ouvrit son chemisier et tomba sur le sol. Remus sentit les bras de son père l'enrouler.
« On va faire le reste du chemin a pied, fiston, d'accord ? »
Il le tira contre lui jusqu'au trottoir, où Maria le serra dans ses bras.
« Rrrrrémous, por el amor de Dio… »
D'un signe de la tête, Mr. Lupin fit signe à sa petite amie de se taire. Celle-ci sourit doucement à Remus et prit sa main.
« Que te digas de ir a la peluqueria para mirar como tu padre ? »
« Je… Papa, qu'est-ce qu'elle dit ? »
« On va aller chez le coiffeur. »
Ils marchèrent jusqu'à une petite ruelle où ils entrèrent dans une boutique à forte odeur d'encens.
« Murillo ? » cria Mr. Lupin.
Un jeune homme aux cheveux noirs coupés courts entra dans la salle. Il portait une chemise noire et une paire de jean avec un tablier blanc.
« John, ça fait un bail… Ta coupe est parfaite, comme toujours, pas besoin de rafraîchissement… »
« C'est pour mon fils. »
Il le poussa et celui-ci fit un pas.
« Merlin ! Où l'as-tu laissé jouer ? »
Les cheveux de Remus lui arrivait jusqu'à la moitié du dos.
« Pose le moins de question possible et tu vivras le plus longtemps possible. Tu veux les lui arranger à la mode ? »
« Je pourrais lui faire une coupe style "The Beatles"… »
« Papa, c'est quoi "The Beatles" ? »
« Un groupe de musique. En fait, passe lui simplement un rasoir. Nous avons un avion à prendre. »
« Va t'asseoir sur un des fauteuils là-bas. »
Remus s'exécuta. Une heure plus tard, ils sortirent du taxi les menant à l'aéroport.
« Aucun bagage à enregistrer, ça ira rapidement. »
« Papa, la dame… »
« Quoi ? De quelle dame parles-tu ? »
Maria jeta un regard courroucé à son petit ami.
« ¿ Que segñora, Rrrrohn ? ¡ La señora que está muerta en los brasos de tu hijo, vaya hombre ! »
« Cette femme… Qu'est-ce que tu veux faire, Remus ? »
« Elle m'a demandé d'aller voir des gens… »
Mr. Lupin jeta un regard à sa petite amie, qui, d'un coup d'œil, lui indiqua qu'il devait faire comme son fils voulait.
« D'accord. »
Ils entrèrent de nouveau dans le taxi.
Trois semaines plus tard, ils atterrissaient en Angleterre.
« Nous avons déjà loué un appartement, Remus. Nous devons appeler un taxi… »
« Lequel de vous deux est Remus Lupin ? »
Remus se tourna et vit un homme d'un certain âge qui portait un magnifique complet noir.
« C'est moi, monsieur. » dit-il.
« Michael Burns. Vous auriez apparemment des nouvelles pour moi. »
Remus réfléchit quelques instants.
« Monica est morte. Vos enfants vous attendent. »
« Ils sont dans le même vol. »
L'homme sortit de la poche de son veston son portefeuille. Il en sortit une liasse de billets et la lui tendit.
« Merci pour le service. »
Puis, il partit. Mr. Lupin prit son fils par l'épaule.
« Range ça dans ton manteau. Nous allons partir. »
Remus se réveilla alors qu'on secouait son épaule.
« Il est temps de vous réveiller. Nous sommes arrivés à Londres. »
Il ouvrit les yeux et vit le visage d'une jeune hôtesse de l'air blonde vêtue d'une jupe et d'un veston bleu foncé.
« Oh… Je… Merci de m'avoir… »
« Pas de quoi, Remus. »
Celui-ci fronça les sourcils et l'hôtesse partit. Il regarda sa démarche quelques instants avant de se lever.
« Beverley ? »
Il se leva rapidement, prenant son bagage à main, et courut jusqu'à la jeune femme.
« Beverley ? »
La jeune femme lui sourit.
« Et dire qu'on dit que tu es intelligent, Remus. »
Celui-ci eut un sourire.
« Tu es hôtesse. »
« Ouais. C'est un boulot temporaire, mais il est assez plaisant. »
« Tu as toujours le vol Montréal-Gatwick ou… »
« Avant-hier, j'était à Bora Bora. »
« C'est… super ! Je… Tu restes à Londres combien de temps ? »
La jeune fille regarda l'avion.
« Je crois bien que je vais m'y installer. J'ai un de ces mal de tête avec les changements de pression et tout… »
« Tu veux venir boire un verre avec moi ce soir ? »
La jeune fille sourit et hocha la tête.
« Avec joie. Il y a un petit café littéraire près d'ici, si tu veux. Disons vers vingt et une heures ? »
« J'y serai. »
Remus quitta l'avion et se dirigea tout de suite dans la salle de bain de l'aéroport. Là, il enfila un costume et une chemise noirs et transplana.
Il arriva devant une petite église blanche derrière laquelle s'étendait sur des dizaines de kilomètres le seul cimetière sorcier du Royaume-Uni. Il monta rapidement les marches de l'église et s'approcha de Mr. et Mrs. Potter, qui étaient près des cercueils.
« Mes condoléances. » murmura-t-il.
« Tout s'arrangera. Tout s'arrange toujours. » murmura Mathilda, les larmes aux yeux. « Excusez-moi. »
Elle quitta rapidement l'église.
« Et toi, Remus, comment vas-tu ? »
Il se tourna vers Mr Potter.
« Je vais… bien. Ça peut aller. »
« Elle a dit qu'elle serait là. »
Il lui fit un clin d'œil et suivit son épouse.
Remus s'approcha des corps de ses meilleurs amis et se signa. Il s'attarda quelques instants avant qu'une jeune femme vêtue d'un tailleur noir et portant une petite en noir également ne vienne se poster à sa gauche.
« Hey. » murmura-t-elle.
« Stéphany. »
« Je… Je sais que… Enfin… »
« Ne t'excuse pas. La première fois était difficile. À la seconde, j'étais habitué. »
« Remus… Je… »
« Papa ! »
Pourquoi devait-elle enfoncer le couteau dans la plaie ? Pourquoi avait-elle demandé à sa fille de l'appeler "papa" ?
« Remus, s'il te plait… »
Le prêtre s'approcha d'eux.
« La cérémonie va bientôt commencer. »
Remus hocha la tête et alla s'asseoir au premier banc.
« Pousse-toi. » murmura Stéphany.
« Il y a plein d'autres places, tu peux t'asseoir n'importe où. »
« Mais je veux m'asseoir à côté de toi. »
Mais Remus ne bougea pas d'un poil. Elle alla donc s'asseoir derrière lui.
« Nous sommes ici pour aider nos amis… hum… James et Lily Potter… à effectué leur dernier voyage… »
« Je suis chez Élise. »
« Tant mieux pour toi. »
« Tu me manques, Remus. »
« Et bien pas à moi. »
« Remus, s'il te plait… »
« Tu ne peux pas partir comme ça et vouloir que je te reprenne tout de suite après, Stéphany. »
« Remus, je… »
« Nous sommes dans une église et à un enterrement. Tais-toi. »
Stéphany retint un sanglot et sortit en courant de la salle.
Une heure plus tard, Remus sortit de l'église en se signant. Il s'approcha de Mr et Mrs Potter, à qui il adressa un signe de tête, ignorant complètement Stéphany qui était entre eux.
« Remus. »
« M'sieur. »
« Nous nous rendons chez nous. Tu veux venir ? »
Remus regarda l'église et secoua la tête.
« Désolé. J'ai quelque chose de prévu. »
Mrs Potter lui sourit.
« Nous comprenons, Remus. Passe une belle soirée. »
« Vous aussi. »
Et Remus partit, évitant soigneusement Stéphany qui essayait de capter son regard.
Il marcha rapidement jusqu'à l'aéroport et soupira. Beverley avait oublié de lui donner l'adresse.
Beverley était probablement l'une des filles les plus intelligente académiquement qu'il avait connu, mais elle était également très distraite. Il se contenta d'errer dans les rues près de l'aéroport, pensant que, finalement, il aurait dû accepter la proposition de Mr et Mrs Potter et aller manger chaud et gratuitement chez eux. Il aurait peut-être même pu se laisser inviter à dormir.
Comme si ce n'était pas assez, une pluie drue et froide commença à tomber sur Londres. Il rabattit le collet de sa veste de jeans et essaya vainement d'entrer sa tête dans son corps.
« Remus ! »
Il se tourna et aperçut Beverley.
« Hey. »
Elle portait une paire de pantalon noir et un veston de la même couleur. Ses cheveux noirs étaient plats et tombaient sur ses épaules. Elle tenait un parapluie.
« Ça va ? »
Il hocha la tête. Beverley avait beaucoup de classe. Plus que Stéphany.
Arrête de penser à elle, s'ordonna Remus. Elle ne t'aime pas. Elle est partie deux fois. Tu n'es que le type qu'elle vient voir quand elle s'ennuie.
« Ça peut aller. »
« J'ai appris pour… et… Je suis désolée, Remus. »
Remus secoua la tête pour se ramener à la réalité et lui sourit.
« Je n'ai pas envie d'en parler. Où est ton café ? »
« Juste là. »
Ils entrèrent dans une petite boutique et allèrent à l'arrière. Ils prirent une table et commandèrent rapidement deux cafés noirs.
Remus se demandait toujours pourquoi il n'avait pas continué sa relation avec Beverley. Elle était presque identique à lui. Tous deux étaient calme. Elle adorait la littérature et ne jurait que par Dostoïevski. Lui par Shakespeare. Elle n'aimait pas le Quidditch. Lui non plus. S'il y avait joué, c'était parce que James et Sirius l'avait obligé.
« Tu as lu quelque chose d'intéressant ces derniers temps ? »
Remus sourit et secoua négativement la tête.
« J'étais à l'étranger et je n'ai pas trouvé de librairie. Et toi ? »
« Pas grand-chose non plus. Je suis en train de relire Dostoïevski. »
Remus sourit. Le serveur lui apporta son café.
« Vous avez une bouteille de vodka ? »
« Oui, monsieur, mais… »
« Apportez-la, s'il vous plait. »
Remus se réveilla le lendemain et soupira lorsqu'il sentit une paire de seins fermes sur son dos nu. Il avait dû rêver et il était toujours au village. La petite allait les réveiller et Remus raconterait son rêve à Stéphany. Non, il ne le lui raconterait pas, finalement. Elle s'inquiéterait pour rien. Ce n'était qu'un rêve après tout.
Il la sentit lui déposer un baiser sur la nuque et sourit.
« Tu es réveillé ? »
Remus se leva en sursaut et le regretta tout de suite. Sa tête lui faisait un mal de chien.
« Quoi ? »
« Remus, est-ce que ça va ? »
Beverley jeta un regard inquiet à Remus.
« Qu'est-ce… Que s'est-il passé ? »
« Tu t'es saoulé. Avec de la vodka. Comme je ne savais pas où tu vivais, j'ai décidé de t'emmener chez moi. Et… Enfin… Tu as commencé à m'embrasser et… on a… couché ensemble. »
« Merde. »
Remus se leva rapidement.
« Où as-tu mis mon pantalon ? »
« Par là. »
Remus se dirigea vers la garde-robe et enfila rapidement le pantalon, puis sa chemise.
« Remus, je… » tenta Beverley.
« On n'aurait pas dû faire ça. Ce n'était pas juste pour toi. Je ne t'aime pas Beverley. Je veux dire… »
Pourquoi Sirius n'était jamais là quand on en avait besoin ? C'était lui qui avait le don de parler aux filles.
« Tu es une excellente amie, mais je ne t'aime pas comme tu le voudrais. »
Beverley sourit et se leva, enroulée dans un drap. Elle embrassa doucement Remus.
« Je le sais, Remus. Je le savais avant de te donner rendez-vous. Mais ça ne me dérange pas. On pourrait être simplement… »
« Non. Je ne veux pas te faire souffrir. »
Elle l'embrassa une dernière fois.
« D'accord. »
Remus l'embrassa sur le front et partit en courant. Arrivé dans la salle à dîner du minuscule appartement, il transplana et se retrouva devant le manoir des Potter. Ce fut Edwardo qui vint lui répondre, vêtu d'un pantalon rouge.
« Remus ? »
« Je suis désolé, Mr Potter. Je… »
Amélie vint à la porte et adressa un faible sourire à Remus.
« Tu l'as manqué de quelques secondes, Remus. Elle vient de transplaner. »
Remus regarda Amélie.
« Quoi ? »
« Stéphany. Elle vient de transplaner. Elle retourne au village. Et elle demande à ce que cette fois-ci, tu ne viennes pas la rejoindre. »
Remus hocha la tête. Amélie s'approcha de lui et le serra dans ses bras. Et ce fut seulement à ce moment-là que Remus Lupin pleura les nombreuses pertes qu'il avait vécu tout au long de sa courte vie.
Remus se réveilla tôt le matin. Il s'habilla lentement et sortit du manoir Potter sans faire le moindre bruit, puis marcha le kilomètre que prenait l'allée pour se rendre du manoir à la rue principale et de là, héla un taxi. Il regarda les différentes maisons défilées devant lui avant de se rendre jusqu'au petit bloc appartement qu'il cherchait. Il remercia le chauffeur et paya, puis sortit. Il monta les escaliers et cogna à la porte. À ce moment, une Beverley aux cheveux ébouriffés vêtu d'un chandail trop grand pour elle et d'un mini short lui répondit.
« J'ai repensé à ce que tu m'as dit. Ça te dirait qu'on construise quelque chose ensemble ? »
Pour toutes réponses, Beverley sourit et l'embrassa longuement. Sans qu'il ne s'en rende compte, il était à l'intérieur de l'appartement.
« Avec plaisir, beau gosse. »
Ils eurent un petit rire idiot, puis Remus les firent tomber sur le sofa.
