Bonjour !
Cet OS n'était absolument pas prévu au programme, mais il a vu le jour à cause de (ou grâce à) Voidonce, à qui il est dédié ! Ce Threesome me paraissait étrange de base, puis finalement j'ai beaucoup aimé écrire cette histoire et ce couple, donc j'espère que vous allez passer un bon moment à lire :D !
Je préviens, si le début semble être sérieux et que le comique est plutôt de l'ordre implicite, la fin part totalement en sucette :').
C'est un rating T, il y a quelques allusions, mais rien de trop méchant ;).
Bonne lecture !
Depuis la rue, par de là la fenêtre d'un petit appartement londonien classique, on pouvait voir deux jeunes hommes se parler avec de grands gestes imprécis et agités, alors qu'ils faisaient des allers-retours sur eux-mêmes, porteurs de plus d'entrain à chaque secondes, passant devant une petite bibliothèque remplies de livres et de mangas basculés. Les lumières étaient éteintes, vu qu'on était en fin de matinée, mais le ciel était particulièrement gris, couvert, de sorte qu'il faisait aussi sombre qu'avant la tombée de la nuit. L'ombre semblait tenir une place maîtresse dans cette scène. Car il paraissait évident que les deux hommes se disputaient, pour quelque raison étrange et inconnue. De quoi donner une allure sinistre à ce déjà bien triste jour, veille du lundi que les travailleurs et les écoliers maudissaient plus ou moins silencieusement.
Et sinistre, aux yeux des jeunes hommes en question, ce dimanche l'était bien.
Tyki avait émergé avec la sensation de s'être pris un seau d'eau froide sur le visage, alors que ce n'était nullement le cas. Un brusque accès de conscience après son sommeil royal l'avait perturbé, aussi, il avait eu la nette impression que quelque chose n'allait pas, sans pour autant avoir la foi d'aller vérifier quoi. C'était plus une intuition qui le poussait à se renfoncer dans les limbes de l'endormissement.
Tout engourdi, il avait tout de même pris le temps d'allumer une clope, puisant dans le paquet sur la table de chevet, s'étirant au préalable dans les draps noirs, remarquant que la couverture en lainage blanche était complètement accaparée par Kanda, le Japonais étant enroulé dedans comme un burrito. D'habitude, l'Asiatique se levait tôt, beaucoup plus que lui, qui était un grand flemmard, ou Allen, courageux mais pas trop téméraire le matin non plus. Cela étant, avec une nuit mouvementée comme la leur l'avait été, pas étonnant que Kanda soit encore endormi. Tyki esquissa un sourire.
Comme toujours, il avait été dur à convaincre, pourtant, lui et l'Anglais avaient été deux en lui, conscients qu'après cela, ils devraient subir la mauvaise humeur du jeune homme à la fierté lésée, mais ça en valait le coup.
Parlant d'Allen…Leur petit-ami se trouvait visiblement déjà debout. Tyki jugeait étonnant qu'il ne soit pas frigorifié dans le dos de Kanda ou quasiment couché sur son torse.
Sentant une baisse d'énergie, il tira une longue bouffée de tabac avant de porter machinalement son autre main sur le crâne de Kanda, le jeune homme ne réagissant pas lorsqu'il le lui caressa tendrement. Puis, au bout d'un moment, la masse enroulée qu'était le corps de Kanda remua. Tyki ôta sa main, Kanda redressant la tête, ayant bien entendu connaissance de son geste. Sur un 'Tch' ronchon – Kanda se comportait souvent ainsi face aux marques de tendresses lorsqu'il était gêné – il se frotta les yeux. Ses cheveux défaits cascadaient dans son dos et au-delà de son épaule.
« L'est où, Moyashi ?
—Sais pas. »
Kanda se laissa retomber sur le matelas, se rapprochant de Tyki l'air de rien.
« Fait froid, putain d'merde. »
Se disant, il s'arrêta tout près, montrant implicitement qu'il voulait du contact. Tyki éteignit sa cigarette dans le cendrier et enroula ses bras autour de l'autre brun. Ses traits s'étirèrent avec son sourire. C'était tellement rare que Kanda fasse comprendre si ouvertement qu'il voulait des câlins. Il ne savait pas ce que foutait le gamin pour ne pas être encore au lit avec eux, mais il manquait du lourd, là. Remontant le drap sur son corps, le Portugais ricana.
« T'as piqué la couverture, donc ouais, je le sens bien. »
Kanda grogna, signe qu'il ne partagerait pas. Tyki regarda le plafond, toujours en train d'étreindre le Japonais, qu'il sentait de plus en plus abandonné. Dégageant sa main gauche, il s'en servit pour tâtonner la table de chevet à l'arrachée à la recherche de son portable. S'en saisissant, il put voir l'heure affichée. 11 : 22. Il soupira…Bordel, midi approchait, et il n'avait aucune putain d'envie de sortir du lit. Il aurait même pu s'accorder trois heures de plus…Littéralement. Et Kanda, avec son corps inerte contre le sien, paraissait être dans le même état d'esprit. Drôlement inerte, d'ailleurs, d'où le fait que Tyki se demandait si son amant répondait toujours présent.
« Yû ? Tu dors ?
—Ta gueule. »
Doux, aimable. Du Kanda, en somme. Même quand il se résolvait à exprimer son besoin d'affection, le brun se conduisait toujours de façon versatile. Le plus vieux soupira en lui décochant une pichenette, ayant reposé son portable juste avant.
« Il est presque onze heures et demi. Lève-toi.
—Pas envie. »
Tyki ne put qu'acquiescer. Lui non plus. Seulement…Il avait envie de voir ce que fabriquait Allen, alors il dégagea son bras d'autour de son amant, et sortit son corps du lit avec une grimace. Oui, putain, il faisait froid. Sa chemise était au sol, et il s'empressa de se pencher pour la récupérer. Derrière lui, Kanda se dressait, yeux incandescent, nettement contrarié. Tyki s'en rendait compte car son regard lui brûlait le dos.
« On était bien, pourquoi tu bouges ? »
Le Portugais soupira.
« Faut bien se lever. »
Sa réponse était blasée. Il eut l'écho de Kanda se vautrant gracieusement sur un 'fais ce que tu veux, moi j'pionce'. Tyki prit son courage à deux mains et se mit sur pied, ramassant son pantalon, échoué cette fois-ci devant l'armoire, juste à côté de la porte grande ouverte. Il sauta dedans, piétina le parquet, et s'engagea dans le couloir sombre. Il enfouissait son visage dans une main, l'autre se dépêchant d'ouvrir la porte de la salle de bain, juste en face de leur chambre, à la volée. Voyant sa tête de déterré dans le miroir, le jeune homme eut une grimace. D'un même mouvement, il tourna les deux robinets et s'aspergea le visage d'eau tiède. L'eau coupée, il s'aspergea aussi de déodorant, mais jugeant finalement que ça ne suffisait pas, il se décida à retourner prendre des vêtements propres dans la chambre et une douche ensuite.
Tyki s'apprêta donc à refaire le chemin qu'il venait de parcourir dans le sens inverse, tout en appelant Allen :
« Gamin, t'es où ?! »
Crier semblait absurde, leur appartement ne faisait pas cinquante kilomètres. Il était humblement composé de deux chambres, mais ils partageaient la première, la deuxième leur servant plutôt de bureau. Une salle de bain, une cuisine, et un petit salon bien douillet. Sur cette phrase, le Portugais remarqua tardivement la porte d'entrée grande ouverte, puis, en tournant son regard, l'état de leur fameux salon. Ses yeux s'écarquillèrent, son souffle se coupa, mais il eut le réflexe d'hausser la voix à nouveau.
« Yû, bouge ton cul ! Y a un problème ! »
À son ton paniqué, des bruits de précipitation se firent entendre, et Kanda accourut. En d'autres circonstances, Tyki aurait ri de le voir débarquer, trébuchant dans son pantalon de pyjama enfilé à la hâte, qui devait descendre trop bas sur ses hanches, encore enroulé dans sa couverture et les cheveux fous. Il aurait éprouvé de la fierté en le voyant claudiquer et grimacer aux mouvements des dites hanches. Mais, avec l'aspect du salon et une porte d'entrée grande ouverte, Tyki n'avait pas le temps de s'attarder sur des choses si triviales. Kanda s'écria un « Putain, c'est quoi c'te connerie ?! » tonitruant, sa couverture s'effondrant derrière lui, découvrant son torse nu et le tatouage au niveau du cœur que le Portugais avait toujours trouvé sexy, Allen partageait d'ailleurs son avis.
Les deux jeunes hommes se toisaient, estomaqués. Aucune réaction ni aucun mouvement de l'un ni de l'autre. Ils ressemblaient à de parfaits idiots, mais ils avaient de quoi l'être.
Alors certes, même s'ils étaient trois gays, ils étaient trois mecs. Ils ne passaient pas leur temps à faire du ménage ni à faire en sorte que toute la présentation de leur appart soit digne d'un magazine, sans pour autant vouloir qu'il ait l'air d'un dépotoir. Tyki, dû à sa flemme, était le moins concerné par tout ça, mais Allen et Kanda prenaient plus facilement le temps de s'y adonner, surtout le dernier. Kanda était relativement soigneux. Il aimait jardiner, cuisiner, les deux autres plaisantant souvent sur le fait qu'ils avaient « la parfaite épouse », ce avant d'avoir un couteau sous la gorge, l'Asiatique n'appréciant pas la comparaison. Cela restait bien sûr de la plaisanterie, ils ne considéraient pas que Kanda était moins masculin qu'eux pour ça, mais ils adoraient le taquiner vu qu'il démarrait au quart de tour. Comme Kanda était un entraîneur de kendo et que les armes tranchantes étaient son domaine, ils évitaient quand même de trop pousser, tenant à leur peau.
L'irascible kendoka les aimait bien trop pour leur faire du mal, seulement…Il ne fallait pas tenter le diable, n'est-ce pas ?
Avec ce qu'ils avaient devant les yeux, ils auraient bien besoin de faire le ménage, mais ça n'allait pas être la priorité. Ils étaient paumés. Leur trouble était simple à résumer : tout était sens dessus dessous. Les coussins du canapé étaient éventrés au sol, les sièges démaqués. La bibliothèque avec les livres d'Allen était à moitié renversée, la moitié des dits livres par terre, l'autre effondrée à l'intérieur des étagères. Tyki prit le temps de la redresser avant qu'elle ne se casse définitivement la gueule, évitant les cadres, normalement au mur, qui tenaient compagnie aux livres. La télé n'était pas explosée au sol, mais dangereusement proche du bord de son socle. Heureusement, la console de jeu n'avait pas bougé de place, bien que les manettes pendouillent. Leur meuble de rangement paraissait avoir été violemment vidé, si bien que des papiers divers, dont des factures, gisaient devant leurs pieds, les plantes de Kanda massacrées… Rien ne semblait manquer, à vue de nez, mais Tyki apercevait l'intérieur de la cuisine par la porte qui restait perpétuellement ouverte, tout au bout du salon.
Allen n'était pas là.
Il fallait se rendre à l'évidence. Leur intérieur avait été retourné, et on leur avait piqué ALLEN !
Tyki, que peu de choses parvenaient à ébranler, eut du mal à déglutir.
« C'est pas possible, ça fait du boucan un truc pareil, on l'aurait entendu… ! »
Un certain stress le gagnant, il ressentait le besoin d'une clope, mais savait qu'il suffirait qu'il en allume une pour qu'il finisse le paquet. Le basané se tourna vers son petit-ami, pour voir sa réaction. Kanda se taisait. Au moment où Timcanpy, leur chat, apparut sur une série de miaulement et vint se frotter contre sa jambe, le Japonais regarda son amant dans les yeux.
Meurtrier.
« Putain, j'le savais que tu finirais par nous attirer des emmerdes, Tyki. »
Le susnommé fut frappé de plein fouet par cette réplique, mais il comprenait parfaitement pourquoi Kanda lui lançait une telle pique. Tyki Mikk, de son nom complet, était un mafieux. Il ne faisait pas dans la drogue ni la prostitution, mais le trafic d'argent, en revanche, c'était son domaine de prédilection. Et ça s'improvisait comme un terrain, ma foi, largement aussi fouille merde et dangereux que le reste, puisqu'il faisait 'affaire' avec des types qui avaient beaucoup moins de scrupules que lui et se trempaient dans des magouilles sordides.
Quand les deux autres jeunes hommes avaient rencontré Tyki, ce dernier s'était présenté comme un banquier. Ce qui, si on cherchait bien, n'était pas entièrement faux. Sauf qu'il faisait des pokers avec les subventions, et que ses clients finissaient inévitablement par l'avoir dans le fion.
Kanda et Allen n'étaient pas cons. Ils avaient vite compris ce qui se cachait réellement derrière son petit boulot, et contrairement à ce qu'on pourrait penser, Kanda s'en fichait, tant qu'il ne les mêlait pas à ça. Allen était celui qui avait eu le plus de mal, lui qui, toujours si poli et correct, supportait mal l'escroquerie. Tyki se rappelait du temps où il prenait Kanda à parti en tempêtant qu'il lui fallait choisir entre eux ou son 'travail', mot que le blandin crachait avec un mépris évident, tandis que Kanda se taisait, laissant finalement Tyki incertain sur son opinion. Étrangement, il avait fini par s'y faire, et participait même aux soirées Poker de Tyki. Avec des cartes en main, le blanc n'était décidemment pas un ange, et Tyki en avait appris davantage sur son passé.
Son tuteur, Cross Marian, courrait les bars et les femmes. Il s'était trouvé bien des fois à faire affaire avec des types comme lui. D'où le fait qu'Allen avait dû apprendre à passer derrière Cross, le Poker lui ayant sauvé la vie plus d'une fois. Malgré le plaisir physique qu'il prenait à plumer un adversaire, le jeune homme gardait un mauvais souvenir de ces expériences, et cela lui constituait une raison d'en vouloir à Tyki pour son implication dans ce milieu. Allen jouait quand même, parce qu'il considérait qu'il gagnait honnêtement – Tyki n'en revenait pas. De ce que lui et Kanda savaient de leur petit-ami, c'était un jeune homme extrêmement malchanceux, la vie ne lui avait pas fait de cadeau, seulement, au Poker, il aurait pu gagner dix États si le sort lui en avait laissé l'occasion. Tyki se demandait s'il trichait, et il trichait forcément, mais Allen était un vrai magicien. Même lui, qui était largement aussi fourbe, n'arrivait pas à le mettre au tapis.
C'était quelque chose que Kanda n'aimait pas, parce qu'il brisait ainsi sa seule règle. L'Asiatique se conduisait comme un protecteur vis-à-vis de l'Anglais, qu'il engueulait abondamment à chaque fois qu'ils revenaient d'une de ces soirées. Si, d'abord de bonne grâce, Allen se laissait sermonner, parce qu'il savait qu'au fond, c'était mal, et qu'il était touché de l'inquiétude de Kanda à son égard, ce qui le faisait essayer de le rassurer gentiment, il avait aussi une forte personnalité et n'aimait pas la tendance qu'avait le brun à vouloir régenter, tout en le traitant comme un enfant. Il avait certes dix-neuf ans, était un étudiant de Psychologie, donc encore dans un milieu scolaire, mais il n'était pas un gosse ! Peu subtilement, Allen lui rappelait qu'il faisait ce qu'il voulait et qu'il était assez grand pour décider de ce qui était bon pour lui, et, tout comme aujourd'hui, il n'en fallait pas plus pour que ça parte carrément en couille.
Les deux garçons avaient une relation simple, dans sa complexité. Ils étaient toujours en train de se chercher des poux et se crier dessus, tout en étant constamment l'un sur l'autre avec quelques moments d'accalmie durant lesquels ils s'exprimaient leur affection par des gestes et des paroles tacites. Parfois explicites, mais c'était plus rare, ils avaient leurs fiertés. Qu'ils l'abaissent était cependant bien plus symbolique que les mots qu'ils pouvaient déclarer. Ils étaient très fusionnels, toujours à chercher la friction, et Tyki avouait qu'il pouvait se sentir un peu exclu, car derrière leurs brusques confrontations, les deux autres entretenaient un lien étroit. Il trouvait son compte dans le fait que sa propre relation avec chacun d'eux était plus détendue, ponctuée de moins de conflit et de plus de moments doux, avec une communication moins difficile en apparence, ce qui faisait que Kanda et Allen se sentaient aussi exclu l'un par rapport à l'autre.
Tout simplement parce qu'avec Kanda, la communication était difficile. Tyki n'était pas un enfant de cœur, ça se devinait aisément avec sa vie, mais il ne s'emportait presque jamais sur ceux qu'il aimait, et il avait donc plus de facilité à ne pas tomber dans le piège des interactions avec le coléreux Japonais. Avec son tempérament facile, il ne froissait pas la fierté d'Allen et le plus jeune utilisait moins de procédés défensifs face à lui, s'emportait moins facilement. Le Portugais leur avait fait comprendre qu'ils provoquaient eux-mêmes ce sentiment d'exclusion avec leur attitude, d'où le fait que Kanda faisait des efforts, comme ce matin par exemple, et Allen en faisait aussi. Il y avait toutefois des jours avec et des jours sans, d'un côté comme de l'autre.
Bien qu'ils sachent qu'ils s'aimaient tous autant, il ne fallait pas se voiler la face, déjà qu'une relation entre deux personnes était compliquée, avec trois, ça l'était bien davantage. Ils partageaient quand même de bons moments, à la fois tous ensemble que l'un avec un autre, et c'était ce qui surprenait bien du monde, leur relation fonctionnait.
Toujours est-il que le métier de Tyki était une des sources de tensions dans leur petit couple à trois.
Tyki savait que c'était dangereux. Mais il était déterminé à protéger ses deux amants, jusqu'à présent, il avait tout fait pour alors il ne concevait qu'Allen ait pu…. Pourtant, avec ce qu'il avait devant les yeux…
Il déglutit.
« Oï, on sait pas ce qui s'est passé, t'excite pas. »
Son ton était blasé mais il ne pouvait supprimer les accents endormis de la panique. Le visage de Kanda devint fou. Son nez se plissa, ses paupières se courbèrent et ses sourcils se figèrent, lui donnant une expression glacée, celle de la rage personnifiée. Il l'empoigna par les épaules, le plaquant contre le mur avec fermeté, hurlant :
« Tu crois qu'il s'est passé quoi, du con ?! Je t'écoute ?! Pourquoi le salon est en vrac, pourquoi Moyashi est pas là ?! »
Tyki dut faire un effort surhumain à ce moment pour se rappeler qu'il aimait Kanda et ne pas lui en décocher une. À la place, il leva doucement ses mains qu'il plaça sur les épaules de son compagnon et l'écarta délicatement.
« Yû, calme-toi. Je vais appeler Road, on va voir si elle a vu Allen. S'il te plait. »
Kanda le lâcha, mais secoua la tête, ses cheveux cachant son visage.
« S'il arrive quelque chose à Moyashi, j'te tue. »
Tyki aurait dû s'y attendre, ce genre de déchainement était habituel chez Kanda, mais il en fut heurté, au point qu'il ressentit une sensation de froid, car Kanda lui déclarait la guerre. Une part de lui trouvait ces mots injustifiés, néanmoins, lui non plus ne pourrait pas se pardonner si quelqu'un faisait du mal à Allen par sa faute. Il ne répondit pas, se précipita à la cherche de son téléphone, resté posé sur la table de chevet, et attrapa celui de Kanda dans la foulée. Allen rangeait le sien à côté des leurs, et comme il n'y était pas, Tyki pensa qu'il y avait un espoir.
« Essaie de l'appeler pendant que j'appelle Road. »
L'Asiatique s'empara violemment du portable sans lui jeter un regard et se dépêcha de composer le numéro, bougeant dans la cuisine, suivi par Timcanpy. Tyki trouva le nom de sa nièce dans ses contacts et appuya sur la touche 'appel' immédiatement. Il avait toujours autant de mal à y croire pendant que la sonnerie retentissait dans son oreille, frappant ses tympans. Il finit par être hypnotisé par ce rythme. C'était comme s'il ne s'était pas réveillé, mais c'était un rêve depuis lequel il ne pouvait pas retourner à la réalité. Il y eut un décrochage, et si Tyki faillit directement rentrer dans le vif du sujet en laissant sa panique déferler, il se calma en reconnaissant la voix de Lenalee. Il ne fallait pas qu'il l'inquiète, sinon la situation serait encore pire qu'elle ne l'était déjà. Road lui en voudrait de causer une crise de panique à sa copine à cause de la disparition de son ami, qui serait déjà bien suffisante pour qu'elle lui arrache la tête.
Tyki salua poliment la Chinoise, peu étonné qu'elle décroche, Road devait encore se reposer à cette heure-ci, sereine. Lenalee lui répondit qu'elle lui passait Road, et il eut les échos des protestations endormies de la jeune femme, qui récupéra son bien, lassée :
« Allo ? »
Tyki soupira, se massant les tempes.
« Road, y a un problème.
—Qu'est-ce que t'as encore fait comme connerie ? »
Le brun ne put s'empêcher de tressauter. Bon, ok, c'était sa fête, aujourd'hui. Il pressentait fort d'avoir droit à la version point 2 du 'S'il arrive quelque chose à Allen, je te tue' avec Road, largement aussi menaçante que Kanda. Comme un gamin pris en faute, il se défendit, encoléré :
« J'ai rien fait, déconne pas, c'est sérieux. »
Road soupira à l'autre bout du fil. Tyki entendit la voix de Lenalee, qui s'inquiétait à cause de sa question brutale. Road lui répondit gentiment qu'il s'agissait d'un problème familial, et il l'entendit bouger, marmonnant 'à sa poupée' qu'elle se rendait à la cuisine. Ce n'était un secret pour personne que Road avait un énorme béguin pour Allen, tout comme elle était finalement tombée amoureuse de Lenalee, la jeune femme ressemblant aux poupées de collection qu'elle adorait. C'était donc ainsi qu'elle la surnommait. Tyki s'étonnait de voir une jeune femme aussi censée et flippante – quand même - que Road être si mielleuse envers Lenalee. Pour sûr, la Chinoise avait de la chance, contrairement à d'autres.
Road lui redemanda finalement, plus patiente :
« Qu'est-ce qui se passe ? »
Tyki prit une profonde inspiration, ses mains, dont il changeait de manière alternative pour tenir le téléphone, farfouillant ses cheveux alors qu'il tournait sur lui-même.
« J'étais au pieu, avec Yû. On s'est levé, Allen était pas là, et le salon retourné. Road, putain, je sais pu quoi faire ! »
Il entendit Road respirer et attendit la tempête. Qui ne tarda pas.
« Putain, Tyki, je t'avais dit de ne pas l'impliquer dans tes soirées Poker ! »
Kanda n'était pas le seul à le lui reprocher, Road et lui s'alliaient souvent pour lui hurler dessus, avec Allen tempêtant en arrière-plan, ignoré, que la décision était sienne. En ce moment précis, il n'était pas là pour protester, et Tyki savait qu'il avait foiré.
« Je sais, bordel, je sais. Yû m'en veut énormément, alors évite de t'énerver contre moi, j'en prends déjà assez dans la gueule comme ça.
—Il a raison. J'y crois pas…Vous avez essayé d'appeler Allen ? Vous êtes sûrs qu'il a été enlevé ? »
Tyki savait, qu'Yû avait raison. Bien pour ça qu'il avait toléré qu'il lui parle comme il l'avait fait.
« Yû est en train de le faire. » Démuni, Tyki ajouta : « Road, je suis paumé. Je n'ai jamais voulu qu'il arrive quelque chose au gamin. »
L'intonation de la jeune femme se fit plus complaisante.
« Je sais. Écoute, j'appelle mon père et Wisely pour savoir s'ils peuvent le chercher. Utilise tes contacts et vois si quelqu'un peut découvrir qui est rentré dans ton appart. Ne perds pas ton sang-froid. Quoiqu'il arrive, on le retrouvera. »
La question était dans quel état, mais Tyki se garda bien de la soulever. Il raccrocha, et Kanda réapparut au même instant. Il semblait maitrisé, mais Tyki savait qu'il était à deux doigts de paniquer.
« J'ai déjà appelé trois fois, ça décroche pas.
—T'as laissé des messages ?
—Tch. Bien sûr que oui. »
Tyki croyait nager en plein cauchemar. Kanda s'avança pour s'assoir sur le canapé, quand il shoota dans quelque chose au sol. Un téléphone portable. Celui d'Allen, apparemment sur silencieux. Kanda le ramassa et regarda Tyki dans les yeux, perdant de la face :
« Moyashi serait pas parti sans son portable. »
Tyki crut qu'il allait s'évanouir, il sentit en outre qu'il devenait blanc comme un linge. Son cerveau hurlait une litanie continue de 'non, non, non, non'. Le Japonais serra le portable dans sa main, se laissant tomber, le chat sautant à ses côtés. Tyki resta les bras ballants, se sentant des plus cons, avec son propre portable en main.
« Je…Je vais appeler mes contacts. Je vais découvrir ce qui se trame, qui est venu ici, qui a pris Allen, et je te garantis que cet enfoiré sera sous terre avant d'avoir eu le temps de le toucher. On va le retrouver, Yû, tu me fais confiance ? »
Les dents serrées, Kanda l'attaqua, se relevant d'un bond :
« Te faire confiance ?! Après ça ? Est-ce que tu te fous de ma gueule ?! »
Tyki recula devant sa verve.
« Putain, écoute-moi, je suis largement aussi paniqué que toi, ok ?! Je l'aime, moi aussi. Je vais faire le nécessaire, on va attendre, et dès que j'aurais les infos, j'irai régler ça. »
Kanda gronda.
« Je refuse de rester les bras croisés pendant que tu cherches tes putains d'infos. Je refuse aussi de rester ici et de te laisser régler ça seul. Si quelqu'un tient Moyashi, j'irai lui péter sa gueule avec toi, que tu le veuilles ou non. J'suis pas ta gonzesse qui va rester sagement en arrière pendant que tu fais l'action. »
Tyki esquissa un sourire à ces mots.
« Je sais bien. Mais calme-toi, s'il te plait. Ça nous servira à rien de nous battre. »
Kanda eut un rictus, poings serrés.
« Peut-être pas, ça me défoulerait. »
Le Portugais grimaça, s'approchant de son petit-ami dans un élan de courage mesuré. Il le poussa à se rassoir et s'assit à côté de lui. Il prit un risque plus grand, celui de poser ses mains sur ses bras et de les caresser doucement, pour l'apaiser. Kanda garda un visage fermé, mais se laissait faire, pour le moment.
« Je sais que j'ai fait le con, tu m'en veux, je comprends, mais je te promets que je vais régler ça. Je te demande de me croire. »
A nouveau, Kanda grogna. Il saisit ses mains sans brutalité mais avec une force qui ne suggérait pas le moindre apaisement, signe que Tyki avait échoué.
« Alors bouge ton cul, et m'touche pas tant que tu sais pas où il est. Je vais appeler ses amis. »
Kanda se dégagea promptement. Tyki comprit le message et commençait justement en rédiger d'autres, à l'intention de ses contacts. Le contenu serait simple. Il dirait que quelqu'un avait vandalisé son appartement, il ne mentionnerait pas Allen, mais serait explicite sur son besoin de retrouver ces personnes. D'à ce qu'il voyait, il n'y avait aucune inscription, au signe spécifique, pas de signature donc, alors ça pouvait être n'importe qui. On n'avait pas essayé de les tuer non plus, ce qui était curieux et le confortait dans l'idée qu'Allen était la cible.
Les contacts en question trouvaient facilement ce qui se passait dans les différents groupes, alors Tyki savait que si quelqu'un connaissait bel et bien son adresse privée et avait décidé d'y faire un tour, ils le sauraient, idem si une décision concernant un enlèvement avait été prise quelque part. Bien sûr, dans une telle situation, appeler la police était hors de question.
Une fois son message rédigé, il entendit Kanda déclarer à ce qui devait être Lavi, sur un ton débordant d'amabilité et de gentillesse : « Baka Usagi, quand t'as ce message, dépêche de me rappeler et de me dire si t'as vu mon Moyashi. » Il laissait des messages dans ce goût-là à la moitié de son répertoire, et Tyki patientait comme un abruti, le nez collé à son portable, en attendant d'avoir une réponse.
Enfin, Kanda revint. Son regard fut si empli de haine que Tyki crut bien qu'il allait se jeter sur lui.
Des pas se firent entendre dans le couloir menant à l'appartement –ils n'avaient même pas fait attention à fermer la porte, si ce n'était pas super malin de leur part !
« Hé, je reviens du Mcdo ! J'vous ai ramené de quoi manger, j'ai pris un Wok pour toi, Kanda ! »
Avec ses cheveux de neiges, sa cicatrice en forme d'étoile si étrange, qui lui venait d'un accident avec son père adoptif qui avait perdu l'esprit, et son éternel sourire, Allen débarquait, la gueule enfarinée, joyeusement joyeux.
Kanda et Tyki s'étranglèrent avec leurs salives, et marquèrent un temps d'arrêt.
Un Mcdo ?
Alors qu'eux s'étaient fait un sang d'encre ?
Qu'ils avaient ameuté tout le monde ?
Les deux jeunes hommes eurent la même envie de lui en coller une, mais à cause de leur frayeur, ils se jetèrent plutôt dans ses bras, surprenant le plus jeune qui en lâcha les sacs qu'il brandissait si vaillamment. Le Portugais et le Japonais collés à lui, le blandin monta ses mains jusqu'à leurs cheveux, leurs crânes étant enfouis au creux opposé de son cou. Étant tous deux plus grands que lui, ils pesaient lourds. Allen eut un petit rire nerveux.
« Eh…Vous pouvez m'expliquer ? Pourquoi cette ambiance d'enterrement ? »
Kanda répondit le premier :
« T'as vu l'appart, Moyashi ?! On a cru que tu t'étais fait enlever, putain de merde ! »
Allen écarquilla les yeux. Tyki renchérit :
« Yû a même dit qu'il voulait me tuer. »
Et, à ce moment précis, Allen éclata de rire. Un rire retentissant et si vif qu'il s'en serait tenu les côtes si la position des deux autres ne l'en empêchait pas.
Toute cette histoire était bien simple, au fond.
Le blandin s'était réveillé vers cinq heures trente du matin, alors que ses deux amants étaient endormis comme des bébés, à cause d'un vacarme assourdissement. Il avait sérieusement eu peur et pensé à les réveiller, car on aurait vraiment dit quelqu'un était en train de les cambrioler. Cela dit, ils semblaient si bien qu'Allen n'avait pas voulu les déranger. Il s'était levé, et il s'avérait que Timcanpy avait…pété sa durite. Il avait saccagé le salon entièrement. Allen avait su qu'il n'arriverait pas à se rendormir pour être sorti du lit, et il avait donc pris son portable, sans prendre le parti de ranger, parce qu'il avait sérieusement eu la flemme. Il avait discuté avec Lavi, qui était quant à lui victime d'insomnie. Ils avaient convenus de se faire une sortie, puis avaient attendu avant d'inviter Johnny, tant qu'à faire.
Allen n'avait toujours pas rangé, s'étant dit que ses amants le feraient, et il était parti, oubliant son téléphone.
Par contre, il n'expliquait pas la porte ouverte. Il était certain de l'avoir fermé. Mais après tout…
« Je suis juste sorti avec Lavi et Johnny. Le salon, Timcanpy avait fait un peu le fou, je me disais que vous nettoieriez et j'étais certain d'avoir fermé la porte. Je ne voulais pas vous inquiéter. »
Kanda tempêta, mais le serra plus fort contre lui.
« Putain que t'es con, Moyashi, ce que t'es con ! La prochaine fois que tu te barres sans prévenir, je t'éventre. Puis t'as cru qu'on était tes boniches ?!
—C'est Allen, Bakanda ! Et j'ai jamais dit ça, mais j'étais fatigué, alors je ne pensais pas à mal ! »
Tyki intervint :
« Il a raison, gamin, quand on a vu l'état du salon et la porte grande ouverte, on a flippé. T'es un inconscient. Avec la vie que je mène, tu ne peux pas nous faire des coups comme ça. »
Piqué au vif, Allen répondit simplement :
« J'avoue que je n'ai pas bien réfléchi. »
Kanda persiffla :
« Ouais, t'es con. »
Une lueur de colère dans le regard, Allen protesta :
« Ne m'insulte pas ! T'as paniqué, hein, Bakanda ?! »
Mais avant que l'Asiatique ne puisse attaquer en retour et qu'ils ne se disputent, Allen l'embrassa sur la joue, ayant pour résultat de lui faire piquer un énorme fard et bafouiller une injure dans sa barbe. Le sourire innocent que lui envoya Allen acheva Kanda, alors que Tyki sourit de la scène.
« Je me range de son avis.
—Tyki ! »
La bouche d'Allen se tordit, il boudait. La scène de retrouvailles chaleureuses terminées, leurs regards se firent plus sérieux. Ils lui en voulaient un peu, forcément. Leur laisser le salon comme ça, disparaître pour aller bouffer avec Johnny et Lavi sans les prévenir…Ils avaient failli s'écharper vif à cause de son inconscience ! Toujours aussi forcément, ça allait se payer, et ils savaient comment. Kanda soupira, et Allen sut en les voyants que ça ne sonnait pas bon pour lui.
« Abruti de Moyashi. »
Néanmoins, comme il était fier, l'étudiant resta calme, croisant les bras devant son torse, blasé :
« Vous êtes les abrutis. Je ne me serais pas laissé kidnapper si facilement. »
Il leur fit un sourire éclatant, seulement…Les regards qu'ils lui rendirent lui firent peur. Tyki s'avança pour fermer la porte et la verrouiller, ce qui était logique, comme ils étaient chez eux, mais cette action fut assez sinistre, avec leurs expressions. Le Portugais retourna sur ses pas et dit :
« C'est ce qu'on va voir. Tu vas passer un sale quart d'heure, on va te faire passer l'idée d'une escapade. »
Le regard sombre, Kanda ajouta :
« Tu pourras pu tellement marcher, avec ce qu'on va te mettre, de toute façon, Moyashi. »
Là, Allen comprit que ça allait partir en couille. Il déglutit, décroisa ses bras et leva ses mains devant lui en guise de protection, tout en ricanant.
« Je sais que vous avez eu peur de me perdre, mais allez-y doucement sur les câlins, hein…
—On va pas te faire que des câlins. »
Les regards des deux autres lui faisaient définitivement peur.
« Tyki ?...Yû ? »
Au même instant, Kanda le saisit par les hanches et le bascula sur son épaule comme un vulgaire sac à patates. Allen se débattit et lui donna des coups dans le dos, grognant, définitivement pas d'accord avec ça. Il essayait de s'agripper à l'angle du mur tout en s'agitant comme un fou pour ne pas se faire entraîner.
« Déconnez pas ! BAKANDA ! Abruti de Tyki ! Tim, au viol ! »
Le chat, n'ayant pas bougé du canapé, le regardait avec cette manière typiquement féline qui semblait dire 'au lieu de geindre donne-moi à bouffer, sac à merde'. Allen n'aurait bien sûr aucune aide de lui. Kanda fit subtilement remarquer :
« Comme si t'étais pas consentant, Moyashi.
—Je vous déteste ! Vous voulez même pas manger avant ?!
—On préfère le dessert, on a assez attendu. »
Abandonnant, Allen tenta de parlementer :
« Je réfléchirai la prochaine fois, mais sérieusement, allez-y doucement, j'ai cours de 8 heures à 18 heures demain ! »
Kanda et Tyki se regardèrent.
« T'as pas qu'un seul cours, normalement, de la bio ou une connerie, de 18 heures à 20 heures ?
—C'est le mardi ! »
Kanda sourit.
« Tu pourras récupérer du lundi, Moyashi. »
Sournois, Kanda était définitivement sournois. Le blandin ne put articuler un mot que Tyki vola un baiser à ses lèvres, devant se pencher comme le haut de son corps pendait lamentablement derrière Kanda. Pas en reste, le basané ajouta :
« Dès que t'auras pris ta fessée, tu devras nettoyer les conneries de ton chat.
—Ma fessée ?... »
Allen déglutit, se sentant soudainement en mauvaise posture.
« C'est une blague, hein ? Vous n'allez quand même pas… ? »
Allen se fit emporter dans la chambre par ses deux amants impitoyables. En l'absence de réponse et au sourire vicieux de Tyki, sourire qui devait être en miroir sur le visage de Kanda, il sut que la couille qui était dans le potage de cette journée avait été rejointe par sa sœur.
Quand je disais que ça partait en steak :')).
Honnêtement, c'est pas l'envie qui me manque d'écrire une petite suite, avec un rating M...Si je n'avais pas tant d'autres projets XD. Mais ça reste possible que je le fasse, je verrai bien :3.
N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé dans une petite review, même un petit mot fait plaisir :) ! Puis j'aimerais bien savoir si une suite vous intéresse :) !
Merci de votre lecture !
