Bonjour à tous !
C'est la rentrée, et qui dit rentrée, dit nouvelles histoires ! (et il me faut bien ça pour supporter mon retour en France)
Cette nouvelle histoire donc se passe dans l'univers de Frozen. À Arendelle. Avec de la neige et des épées.
On aura aussi *un peu* de romance entre demoiselles. Un tout petit peu (Bref, si ça te plait pas, retourne lire des Harry/Draco).
Bon, que dire de plus ? Pas de relations incestueuses, pas de TW pour violence, pas de drama et elle est prévue pour tenir en environ dix chapitres, tous assez courts. Ne cherchez donc pas un scénario hyper alambiqué et une intrigue du feu de dieu. J'écris cette histoire surtout pour le fun !
Sur cette présentation, je vous souhaite une bonne lecture !
Chapitre 1
Où la reine est couronnée et où la bière coule à flot
La foule entra dans l'église lorsque les premières notes de l'orgue résonnèrent entre les roches séculaires.
Les soldats aux garde-à-vous regardèrent la fine fleur de l'aristocratie scandinave et européenne prendre place sur les bancs austères de la chapelle située au cœur du palais royal d'Arendelle. Il y avait là des nobles de tous les pays, des rois et des reines, et des princesses dans leurs plus beaux atours. Le bourdonnement des conversations laissait entendre des salutations accueillantes, des messages de bienvenue, et des échanges sur l'état de santé et de prospérité des personnes comme de leurs royaumes.
Parmi les soldat, trois jeunes femmes à peine sorties de l'enfance se tenaient, droites, le long des murs.
Anna laissait ses yeux courir d'un invité à l'autre, tout en tâchant de garder la plus grande immobilité. Ses cheveux orangés étaient soigneusement tressés, son tabard pourpre était sans la moindre tache ni le moindre plis. Elle était fière, si fière de se tenir ici, au milieu du beau monde. Elle se sentait comme une petite souris qui espionnait un milieu qui n'était et ne serait jamais le sien, et en même temps, son statut de garde lui donnait l'impression d'être importante, indispensable même.
Elle risqua un regard vers les deux femmes debout à sa droite pour voir leurs réactions. Mulan montrait des signes évidents de curiosité dans les plis de ses lèvres qui cachaient à grand peine un sourire, et dans le pétillement de ses yeux aussi sombres que sa chevelure courte et lisse comme de l'obsidienne. En revanche le visage de Mérida était fermé, et sa posture bien droite était celle d'un soldat d'élite. Même ses cheveux, cette masse incroyable de boucles écarlates, avaient été matés, tirés, coincés dans un chignon qui accentuait la sévérité et le sérieux de son apparence.
Pourtant, toutes trois n'étaient rien d'autre qu'une bande de bleues de dix-huit ans, au plus bas dans la hiérarchie de l'armée du royaume qu'elles venaient à peine de rejoindre, pour un service militaire qui devrait durer un an. En temps normal, elles ne seraient même jamais rentrées dans le palais. Mais c'était le jour du Couronnement, et toute l'armée avait été mobilisée, aussi bien pour assurer la protection de la princesse que pour exhiber l'étendue de leur force aux monarques étrangers invités pour célébrer l'occasion.
L'orgue s'arrêta, et le prêtre leva les mains, imposant le silence. La musique reprit alors, mais plus vivement, plus majestueusement, et la grande porte aux montants de fer s'ouvrit dans un grondement sourd.
Mulan retint son souffle. Elle ne pouvait s'en empêcher. Le moment qu'elle avait attendu depuis son réveil était venu.
La princesse Elsa entra dans la chapelle.
La jeune femme aux mèches noires eut envie de tourner la tête pour la regarder, mais le sergent la fixait avec un regard sévère, et elle reprit immédiatement sa position, droite et invisible. Un mouvement lui indiqua qu'Anna venait de réagir de la même façon. Elle n'eut pas besoin de regarder pour savoir que Mérida, elle, avait gardé le menton levé et l'air solennel. Comment faisait-elle pour ne jamais ressentir le besoin de se gratter la joue ou de désengourdir une jambe, c'était un mystère pour ses deux camarades.
Le prêtre commença son discours. Les yeux de toute l'assemblée étaient fixés sur le dos droit de la princesse, sur ses cheveux dorés enroulés tel une couronne sur le sommet de son crâne. Sa longue cape glissait de ses épaules jusqu'au sol comme la traine d'une jeune mariée.
Le regard braqué sur sa souveraine, Mérida remarqua le tremblement de ses bras. Etait-elle inquiète ? Etait-ce la pression, le stress de la cérémonie ? Craignait-elle une réaction désagréable de la foule invitée ? La grande rousse resserra sa poigne sur la pique qu'elle tenait de sa main gauche, prête à en découdre et à donner sa vie pour sa souveraine, s'il le fallait.
Le cœur de la princesse Elsa tambourinait avec une violence désagréable dans sa poitrine corsetée.
Dire qu'elle était mal à l'aise de se trouver au milieu d'une telle foule était un doux euphémisme. Depuis la mort prématurée de sa mère la reine et de son père le prince consort, trois ans plus tôt, Elsa n'avait pas une seule fois quitté le château. Le royaume d'Arendelle était aux mains du Conseil Royal, et c'était lui qui prenait les décisions, rencontrait les émissaires, et traitait avec la noblesse.
Unique héritière du trône, la princesse avait attendu sa majorité et son couronnement sans aucune impatience, ni aucune envie. Elle ne voulait pas être reine. La reine, c'était sa mère, et comment pouvait-elle espérer être à la hauteur de la tâche sans ses parents pour lui montrer la voie ?
Comment pouvait-elle porter la couronne sans se rappeler son éclat qui brillait autrefois dans les cheveux bruns de sa mère ?
Comment pouvait-elle toucher le sceptre sans...
Toucher le sceptre.
- Les gants, murmura le prêtre.
La princesse se figea.
Le cœur battant, elle baissa ses yeux sur ses mains gantés.
Du bout des doigts, elle retira ses gants l'un après l'autre, puis prit dans ses mains le sceptre et la relique d'Arendelle, priant de toutes ses forces pour que la glace, qui commençait déjà à perler, passe inaperçu. Elle ne pouvait pas prendre le risque qu'on découvre son secret. Ses pouvoirs. Sa malédiction.
Si son peuple l'apprenait... Non. Il ne doit jamais savoir.
Son cœur menaçait d'exploser, et le corset serrant sa cage thoracique était à deux doigts de la faire s'évanouir. Elle prit une profonde inspiration, pivota, et fit face à la foule.
Quand la princesse se retourna, les trois jeunes recrues retinrent leur souffle.
La foule explosa en applaudissements, ce qui fut une bénédiction car, au même moment, les doigts de Mérida se desserrèrent sous l'effet de la surprise, et la tige de métal rebondit en résonnant sur le sol. Anna et Mulan regardèrent avec des yeux ronds leur amie se pencher, rouge de honte, pour ramasser son arme d'apparat. Heureusement, le visage du sergent était fixé sur la princesse Elsa, sinon Mérida en aurait pris pour son grade, et pas qu'un peu !
Anna resserra sa poigne sur sa propre pique pour ne pas la lâcher à son tour, et regarda de nouveau la princesse.
C'était la première fois qu'elles la voyaient depuis que leur royaume était orphelin. Elles l'avaient attendue, imaginée, fantasmée. Se demandant même, alors que personne ne semblait l'avoir jamais aperçue, si elle était toujours là quelque part dans les murs du château, toujours vivante, toujours héritière du trône.
La princesse Elsa fut couronnée. Arendelle avait de nouveau une reine.
Leur service prit fin deux heures après le début des festivités, peu de temps après minuit. Les trois gardes avaient les pieds endoloris à force de rester debout, immobiles, tandis que la noblesse d'Arendelle et d'ailleurs festoyait et dansait pour célébrer le Couronnement d'Elsa, première du nom.
Une section plus musclée prit le relais, notamment pour maintenir l'ordre et gérer tous les problèmes liés à l'état d'ivresse grandissant des invités. Mais les trois militaires avaient eu le temps, avant d'être libérées de leur poste, de voir la reine Elsa quitter le bal. Anna aurait donné n'importe quoi pour faire partie de son escorte, mais seuls les plus vétérans des soldats avaient été désignés, et elle s'était résignée à poursuivre sa garde, immobile, ennuyeuse, et invisible.
Il fut difficile aux trois amies, après une telle journée, de faire fonctionner correctement leurs muscles engourdis et douloureux, et elles décidèrent de récupérer autour d'un verre, dans une des tavernes du bourg, et de profiter le lendemain d'une journée de permission bien méritée.
- Bonsoir mesd'moiselles lança l'homme derrière le comptoir.
Anna répondit à son salut d'une voix enjouée, Mulan sourit, et Mérida hocha la tête.
Cette dernière jaugea le barman du regard. La cinquantaine, bedonnant, l'air de n'avoir jamais vidé ne serait-ce qu'une seule de ces choppes qu'il servait à longueur de journée. Elle regarda tout autour d'elle, mais ne vit rien qui pouvait ressembler à une menace. Enfin, elle se détendit, et suivit ses amies à une table.
- Z'étiez au Couronnement, j'imagine dit l'homme en s'approchant de leur table.
Il avait sûrement, pensa Mulan, repéré leurs livrées identiques, et leurs bottes impeccables.
- J'vous sers un remontant ?
Les trois jeunes femmes commandèrent chacune une bière, et le barman revint rapidement avec trois choppes en grès et une carafe d'ale blonde.
- Alors, elle ressemble à quoi, not' nouvelle reine ?
Toutes trois se regardèrent.
- Elle est très, très belle, dit Mulan.
- Elle a l'air sacrément puissante, ajouta Mérida.
- Moi je l'ai trouvée incroyablement triste, fit remarquer Anna.
Pour tout commentaire, l'homme assura que ce qui lui importait, c'était qu'elle gère bien son royaume, sans ignorer les petites gens, et sans faire la guerre, merci, il avait déjà donné. Puis il les laissa à leur conversation, et retourna derrière le comptoir.
Il y avait peu de monde à cette heure dans la taverne, mais le couronnement était sur toutes les lèvres. On ne parlait que de ça. La fierté était palpable dans chaque conversation, comme si sur chaque habitant d'Arendelle rejaillissait un peu de la beauté et de la grâce de leur jeune souveraine.
- Moi, dit Anna, j'envie le chanceux qui l'épousera.
- Ou la chanceuse, intervint Mulan.
- La chanceuse ? l'interrompit Mérida. Ty crois quoi, qu'on va pas la forcer à se marier avec un homme pour avoir un hériter ? C'est une reine, pas une vulgaire paysanne ! Les histoires de succession, ça importe vachement chez ces gens-là.
La brune eut un sourire malicieux.
- Tu dis ça parce que tu sais que tu n'aurais aucune chance d'épouser un jour quelqu'un comme la reine !
- Parce que tu penses que toi tu as une chance, peut-être ? se moqua à son tour Anna.
- Pourquoi pas ? J'ai pas l'intention de rester troufionne toute ma vie ! Tu verras si je ne serai pas un bon parti quand je serai devenue général!
- La reine Elsa sera grand mère avant que tu ne deviennes capitaine ! ricana Mérida. Tu tires comme un pied !
- Je parie que j'aurais plus de chances que vous deux ! dit Anna en plaquant sa choppe de bière sur la table.
- Pff, t'as rien à parier, répliqua la grande rousse.
- Si ! Tu devras vivre toute ta vie en sachant que je t'ai battue !
La pique trouva sa cible dans la fierté de Mérida, et la grande rousse aux solides muscles tendit une main calleuse à travers la table.
Avec une détermination nourrie par l'alcool qu'elle avait ingurgité, Anna posa sa main sur celle de l'archère. Enfin, Mulan vida le fond de sa bière, tamponna ses lèvres de son mouchoir, et joignit sa propre main aux deux autres, scellant le défi.
Que ce soit dans six mois ou dans six ans, l'une d'entre elle épouserait la reine Elsa.
- Allez, on ferme !
Les trois filles étaient passablement enivrées, et elles clopinèrent de la taverne jusqu'à la caserne. Le château d'Arendelle luisait dans la nuit étoilée.
Que pensez-vous de cette entrée en matière ?
À mercredi prochain ! (on ne perd pas les bonnes habitudes !)
Ankou
