Disclaimer : Harry Potter et ses personnages ne m'appartiennent pas et sont la propriété de J.K. Rowling. En dehors des copyrights ci-dessus, cette histoire m'appartient dans sa totalité en vertu de la législation sur la propriété intellectuelle et de celle sur les droits d'auteur. Il est donc formellement interdit de reproduire, d'utiliser et/ou de diffuser cette histoire sans l'autorisation explicite de ses auteurs.
Note de l'auteur : Cette fanfiction est un autre travail en coopération avec Emrys Myrdhin. Après concertation, nous avons décidé qu'elle serait publiée sur mon compte mais comme la précédente, elle est le fruit de notre collaboration pleine et entière. Nous ne manquons tous deux pas d'idées et ces dernières ne manquent pas de s'enrichir par nos réflexions communes. De fait, cette fanfiction sera comme sa grande soeur pensée à deux têtes et écrite à quatre mains.
Bien que son intrigue puisse être lue de manière individuelle, je vous recommande de lire Blood is Thicker Than Water and Black's Blood Even More sur le profil d'Emrys, et au moins son prologue. En effet, les deux fanfictions sont complémentaires, et se feront écho l'une à l'autre. D'ailleurs, le prochain chapitre de cette première est sur les braises, il arrivera bientôt sur la plateforme.
Sur ces mots, je vous souhaite une bonne lecture et nous sommes à votre disposition par commentaire ou par MP si vous avez des questions.
Prologue
Omagh. À la bordure de la capitale du comté de Tyrone, dans l'Irlande du Nord, Archibald Mulciber se rendait dans la demeure la plus reculée de la zone rurale, accompagné d'une douzaine de mangemorts dont trois recrues... les seuls suffisamment aguerris pour avoir survécu à leurs cibles. Sans s'attarder sur le paysage offert par les jardins du manoir, ils gagnèrent le hall d'entrée de la demeure. En tant qu'invités du maître de la maison, ils ne connurent aucun désagrément et rejoignirent bientôt la salle de réception.
Assis sur un siège majestueux dominant la pièce, un sorcier toisant le mètre soixante-dix sept observait de ses yeux vigilants ses invités du jour. Les traits durcis par les années mais encore avenants, les cheveux bruns du quadragénaire étaient coupés courts et soigneusement coiffés tandis que sa voix grave résonnait :
- Votre rapport, Mulciber.
- Les cibles ont été abattues : les femmes pendues et les aurors réduits en cendres dans l'incendie de l'aile où ils s'étaient repliés. Le manoir est vôtre, Lord Nilson.
Le sang-pur aux robes sorcières sombres garda une expression égale et imperturbable, ses yeux ne quittant jamais son interlocuteur principal bien qu'il balaya du regard l'assemblée de mangemorts. Il joignit ses mains dans une expression songeuse et perçante à la fois :
- Soyez plus précis, Mulciber. Qui a été mis hors d'état de nuire ?
- Votre frère et son épouse, ainsi que leur ami sang-de-bourbe et sa femme.
Le maître de maison prit une expression plus sombre tandis que son regard se fit plus ombrageux et colérique. Les doigts de sa main gauche qui tapotaient l'accoudoir de son siège cessèrent abruptement leur cadence, tandis que sa voix se fit autrement plus froide et stricte :
- Quatre seulement ? Qu'en est-il des autres noms de la liste ?
- Il n'y avait personne d'autre au manoir, milord.
Un poing colérique s'abattit avec force sur l'accoudoir du siège ouvragé de Lord Nilson, ses traits adoptant une expression glaciale et furieuse avant de reprendre l'apparence indifférente et impassible qui leur était habituelle. Sa voix, toutefois, fut intransigeante :
- Il vous en manque sept, Archie. Trouvez-les, et abattez-les. Ne laissez aucune trace.
Dix ans après les maisons Potter et Black corrompues, il était au tour de sa maison d'être purifiée de la bourbe qui l'avait souillée. Bientôt, les armes et le rôle qui lui étaient dus deviendraient siens.
Des plaines silencieuses nichées dans les lieux reculés de la Grande-Bretagne, griffées par les bourrasques de vent régulières qui les balayaient et parsemées de buissons ici et là. Veillée par un ciel d'un gris d'ondée, une colline majestueuse se dressait fièrement à l'horizon, apparement déserte et cerclée par plusieurs étranges pierres gravées de runes ; aussi anciennes qu'effacées par le temps.
Un craquement sonore vint rompre le silence inviolé des lieux, alors que deux silhouettes s'écrasèrent de toute leur masse sur les plaines désolées et jaunies par la sécheresse d'un été caniculaire.
- La prochaine fois, on transplanera à proximité et on fera le reste à pied, d'accord ?
- Ce n'était pas prévu, ça. On devait atterrir dans la cour du manoir. Damn it...
Un grommellement sourd lui répondit plus bas. Un homme d'un mètre quatre-vingt sept se redressa, des mèches de cheveux bruns échappant au lien nouant son catogan. Revêtu d'un pantalon de toile bleu et d'un polo blanc, il observa de ses yeux brun ambré vifs et perçants leurs alentours. Il fut écarté sèchement vers le sol sans avertissement préalable quand, malgré ses protestations, une deuxième silhouette se redressa en se massant l'arrière du crâne. Un peu plus grand que lui et la carrure assez charpentée, l'homme porta son regard azuré vers son compagnon, sourcils froncés, répliquant de sa voix grave :
- Va falloir inspecter les barrières manuellement, on dirait. Rien de cassé, mon vieux ?
- À part mon amour-propre, rien.
Le trentenaire se redressa du haut de son mètre quatre-vingt dix, ses cheveux bruns coupés à la hauteur du cou et indisciplinés comme toujours, adoucissant un peu ses traits quelque peu secs, de même que la mèche rebelle qui se distinguait juste au dessus de son front. De même, une barbe de trois jours grignotait le haut de son cou et son menton, entourant ses lèvres et courant jusqu'à la hauteur de ses oreilles, s'y mêlant avec le reste de sa chevelure. Habillé de son pull gris en laine et d'un pantalon noir de tissu à la coupe moldue, il ne se distinguait guère des habitants du monde moldu. Fronçant du nez, le sorcier commenta d'une voix sombre avant de se lever puis de tendre une main à son compagnon, son autre main se posant sur la poignée d'un bout de bois dépassant d'un fourreau à sa ceinture :
- Ça empeste le brûlé et la charogne... je n'aime pas ça. Dépêchons-nous, Duncan.
- Je fais confiance à ton flair Alan, mais ce que je vois ne me rassure pas non plus.
En effet, une épaisse fumée noire se dégageait du petit bosquet au sommet de la colline. Aidant son compagnon à se redresser sur ses pieds, les deux hommes se dirigèrent à vive foulée en direction du pied de la colline. Le plus grand des deux s'avança vers l'une des pierres runiques, avant de s'arrêter face à elle. Passant une main dans son col, sous son pull, il en dégagea une chaine sur laquelle se trouvaient deux bagues : une alliance en or, et une chevalière sur laquelle il arrêta ses doigts. Sans se préoccuper de la chaine, il glissa cette dernière sur son annulaire gauche, où la nature ensorcelée du bijou voulut qu'il s'évapora de la chaine pour se matérialiser sur le doigt présenté. Inspirant profondément, il posa sa main senestre sur la roche gravée, une rune s'illuminant à son contact d'une lueur tout d'abord rouge, avant qu'elle ne devienne bleutée puis qu'elle ne s'estompe. Toutefois, il fronça les sourcils en voyant la rune voisine, qui avait été lourdement endommagée par un impact, alors que devant eux se dévoilaient peu à peu les traits de la demeure ancestrale de leur famille.
Son expression se fit plus blême, puis comme gagnée par une colère glaciale alors que leurs yeux se posèrent sur le spectacle qui s'offrit à eux : le majestueux manoir typique du XVIIIe siècle était dévasté, l'une de ses ailes principales noircie, effondrée et empestant le brûlé. Les terres du domaine étaient ravagées comme si elles avaient été transformées en champ de bataille. L'air était lourdement empreint de magie, aux flux contrastés entre protection et agression. Tandis que le regard azuré du plus grand observait avec attention prudente leurs alentours proches, la main de Duncan se referma sur son bras avec une prise étonnamment crispée, et il s'écoula plusieurs secondes avant que la voix serrée, presque étranglée de son ami ne se fasse entendre :
- Ils les ont tuées... ils les ont tuées, Alan. Mary et maman... c'est elles qui sont, qui...
Sa voix se brisa dans un sanglot à peine contenu avant qu'il ne reprenne d'une voix toujours aussi émue :
- C'est elles qui sont pendues.
Alan suivit immédiatement le regard de Duncan. Bien qu'il ne fut pas doté de la vue perçante de ce dernier, ses yeux ne pouvaient manquer les deux silhouettes au loin, qui oscillaient dans le vent. Sans un mot, sa main droite vint tirer hors de son fourreau la baguette magique accrochée à sa ceinture, son regard se teignant d'une dureté certaine alors qu'il pressait le pas vers l'entrée défoncée de la majestueuse demeure. Tout aussi silencieux, Duncan lui emboîta le pas baguette en main, afin d'assurer ses arrières en couvrant toute potentielle menace sur leur lugubre chemin.
Elle était intenable, faisant les cent pas dans la pièce de séjour du petit cottage. Ces dernières heures avaient été particulièrement longues, depuis que sa propre chevalière d'Héritière s'était mise à avoir une étrange réaction, la pierre émeraude ayant pris une teinte pourpre et pulsant à son doigt comme si elle s'était brûlée. Fort heureusement, les enfants étaient encore sous la garde vigilante de leur arrière-grand-oncle Black, emmenés par sa belle-soeur Edith afin que le vieil homme puisse passer un peu de temps avec ses très jeunes arrière-petits-neveux. Le fils de la jeune Auror, Benedict ou "Ben" pour les intimes, n'était âgé que de 2 ans, de même que les jumelles de son "petit" frère Alan Nilson jr, Selena et Ethel. Bien qu'ils fussent présentement en vacances à l'étranger, lors d'un rare congé commun, la situation était assez préoccupante pour que la jeune trentenaire ait laissé un jour supplémentaire les bambins sous la garde et la protection vigilantes de celui qu'ils appelaient en privé "le vieux sage".
La sorcière aux cheveux bruns ondulés mi-longs et aux yeux bleus s'interrompit brusquement quand sa cheminée s'embrasa tout à coup de flammes d'un vert émeraude, crépitantes de magie de déplacement provoquée par la Poudre de Cheminette. La bague la brûlait toujours à son annulaire gauche et ne la laissait pas la retirer, sans que la pierre incrustée n'ait repris de sa couleur originelle. La trentenaire n'était pas très grande du haut de son mètre soixante-cinq, et sa sobre tenue n'avait rien pour attirer l'attention du curieux : une veste de tailleur beige complétait un pantalon de lin blanc, complétée par des ballerines tout aussi blanches... une baguette magique ceinte au niveau de sa taille. À peine la silhouette jaillit des flammes qui s'évaporaient peu à peu que la brune s'empressa dans sa direction :
- Je t'attendais, Edith ! Désolée de t'avoir appelée si brusquement, j'ai besoin de tes lumières, je...
- Reprends ton souffle, ma chérie et déplisse-moi ce front tout inquiet, tu vas le rider trop vite ! Je sais bien que tu ne le ferais pas sans raison. Que puis-je faire pour toi, Elena ? Tiens, Alan et Duncan ne sont pas avec toi ? Il me semblait pourtant...
Une trentenaire aux longs et raides cheveux d'un noir de jais s'avança vers elle pour l'embrasser sur la joue en guise de salutation. Ses traits étaient délicats et altiers, tandis que ses yeux bleus étaient caractéristiques de la vivacité propre à ceux de sa maison de naissance. Ses formes féminines et élégantes étaient soulignées par une longue robe sorcière d'un bleu d'encre dont le tissu sombre et souple épousait avec habileté et pudeur sa silhouette. La teinture sombre de sa robe relevait plus encore son teint plutôt pâle, tandis qu'un décolleté habilement pensé suggérait plus qu'il ne montrait ses atouts. Son expression avenante et apparemment insouciante devint plus sérieuse en remarquant l'inquiétude de la maîtresse des lieux et au fur et à mesure qu'elle l'écoutait :
- Non, pas depuis ce matin. Ma chevalière s'est mise à se comporter étrangement : la pierre est devenue rouge sanguine et elle s'est mise à chauffer et à me brûler. Celle d'Alan également, Duncan et lui sont partis vers le manoir de papa et maman pour voir si quelque chose clochait, mais cela fait bien plusieurs heures que j'attends qu'ils reviennent, à me faire du mauvais sang.
- C'est mauvais signe. À ma connaissance, une bague d'Héritier ne réagit de cette manière qu'au décès du patriarche, pour informer son héritier de son nouveau rôle. Je crains le pire pour Alan.
Comme si elle venait de comprendre, le visage de la brune s'empreignit d'une pâleur fantomatique, et sa posture auparavant si assurée devint plus malhabile, presque oscillante. Edith s'avança immédiatement pour la soutenir et la prendre dans ses bras, murmurant des paroles de réconfort d'une voix apaisante. Quand Elena voulut s'écarter, Edith renforça son étreinte, la serrant contre elle, l'invitant à se laisser aller. Aussi la trentenaire ne fut pas surpris en sentant des larmes couler sur les joues de sa belle-soeur, bien que cette dernière, comme à son habitude, ne laissa échapper ni sanglots, ni plaintes.
Elles demeurèrent quelques longues minutes ainsi, avant qu'un craquement sonore ne les fasse sursauter et se retourner dans la direction du son, baguettes en main. L'expression inquiète et emplie d'espoir d'Elena se ternit quand la jeune Auror remarqua les expressions sombres et fermées des deux sorciers qui étaient apparus. Portant son regard sur son époux puis son frère, elle constata les poings fermés et tremblants de la même colère et impuissance qu'elle sentait émaner de lui, en miroir à celles de son cher et tendre. Duncan était pour sa part blême et figé de peine et de rage. Sans un mot, Elena s'approcha de son frère et son époux avant de les prendre tous deux dans ses bras avec son étreinte d'ours habituelle, qu'Edith vint bientôt rejoindre. La voix de la brune perça toutefois le silence, prenant son courage à deux mains pour poser la question dérangeante mais nécessaire :
- Papa est mort, n'est-ce pas ?
Alan acquiesça sans un mot, avant de finalement lui répondre d'une voix sombre :
- Papa et maman sont morts. Le manoir est un champ de bataille, et... Arthur et Rosalynn sont tombés aussi.
- Les Morrison comme les Nilson n'oublieront pas ce qui vient de se passer. On vengera nos parents et on les empêchera de toucher à nos enfants. Foi de Morrison.
Tous les quatre acquiescèrent d'un même aval, sans avoir besoin de mot, se réconfortant de leur mieux afin d'affronter la tempête qui s'abattait sur eux.
Assis sur son majestueux siège finement ouvragé, Lord Robert Nilson observait avec attention une vénérable bassine de pierre au liquide enchanté, connue dans le monde sorcier en tant que "Pensine". Les yeux bleu de glace semblaient plongés au coeur des remous engendrés par les images fugaces qui filaient sur les flots de l'artefact enchanté, dessinant les ombres et silhouettes des vestiges d'une époque tombée en poussière, que le vent finirait de bientôt disperser jusqu'au néant. Il était de nouveau seul dans la salle de réception, ayant congédié poliment ses "invités" quelques heures plus tôt, alors que la soirée avançait.
Cette deuxième moitié du vingtième siècle serait celle de la consécration de la société sorcière et de ses branches les plus nobles et les plus dignes. Alors qu'en ces années 1970, l'ambitieux mage noir Tom Jedusor faisait régner la terreur sur les terres anglaises, Lord Robert montrait une certaine indifférence par rapport au sort des sangs-de-bourbe et autres individus au sang souillé par le venin moldu. Bien qu'il n'était guère plaisant que de devoir s'associer au leader sang-mêlé qu'était celui qui se faisait appeler désormais Voldemort, le quinquagénaire estimait que cela représenterait un moindre mal et un soutien certain dans l'accomplissement de ses projets et de ses idéaux pour la société britannique sorcière, afin de lui rendre la place qui lui était due. Là où le mage noir pouvait lui apporter de la main d'oeuvre pour ses objectifs, le sang-pur conservateur était en mesure de lui apporter l'influence, le réseau et connexions, les informations et les moyens de contribuer à ses ambitions.
- Vous savez que j'aurais été ravi d'exécuter vos ordres. Je me serais assuré de faire le travail proprement, contrairement aux... associés que vous avez recruté.
Mais le doyen des Nilson garda le silence et ne quitta pas des yeux le souvenir qu'il contemplait dans la Pensine. Il n'en avait nul besoin. D'une taille moyenne d'un mètre soixante-seize, le sorcier qui approchait de sa position était revêtu avec élégance de robes sorcières d'une qualité égale à leur sobriété, une large cape sombre volant dans son sillage dont la capuche masquait ses traits. Mais il ne fut nullement surpris de reconnaître les traits de son interlocuteur, qu'il avait reconnu avant même que celui-ci ne dévoile son visage. Ayant repris un peu plus de sa mère ses traits délicats mais empreint de ceux propres aux Nilson, le vieux Nilson était fier de dévisager le jeune homme à la figure charismatique et altière qui lui faisait face. Ses cheveux mi-longs noirs de jais avaient été coiffés vers l'arrière, dégageant son front plutôt large et son menton recouvert d'un bouc court et soigneusement taillé. Ses yeux sombres étaient vifs d'intelligence et de cette dignité propres à la branche saine de leur maison.
- Je persiste à dire que vous auriez du me laisser tuer ce traître à son sang, cette bête hideuse qui souillait notre famille.
Nul ne vit Lord Robert se lever, mais la main du doyen des Nilson frappa tel un serpent le visage du jeune trentenaire, le frappant d'un revers de main sans ménagement pour son insolence, ce qui fit tituber l'homme en arrière, peu habitué à ce genre de remontrance de la part de son père.
- Je ne tolèrerais pas ce genre d'insolence.
- Mais c'était notre ennemi, et le vôtre depuis avant même que je ne vienne au monde.
Robert daigna enfin tourner son regard vers son fils, empreint d'une colère et d'un mépris glacés, avant de lui expliquer ce qu'il était visiblement trop impétueux et trop arrogant pour comprendre :
- C'est un chef de la maison Nilson, et j'entends qu'il soit traité avec le respect du à ce titre. Même réduit à l'état de prisonnier, il restait un sorcier meilleur que tu ne le seras jamais, James.
Le trentenaire eut une expression plus sombre, bien qu'il tâcha de ne pas montrer ni sur son visage ni dans son regard la gifle que représentaient ces propos à son égard. Toute sa vie il avait cherché l'approbation de son père, toute sa vie il avait été placé dans l'ombre de cet oncle qu'il avait toujours envié et honni de ravir toute l'attention de son paternel. Alors même qu'il était devenu un jeune politicien plein d'avenir et au réseau de contacts respectable, ayant donné un héritier mâle de sang pur à la famille avec son très jeune fils Alexander Nilson, cela ne trouverait apparement jamais grace aux yeux de Lord Robert. Il regretterait un jour son erreur, mais il prendrait son mal en patience, pour le moment. Toutefois, il ne put se retenir de demander avec mépris amer :
- Ah oui ? Est-ce que cela veut dire que vous encensez également sa fille et son sang de bourbe de fils ?
- Ils devront être éliminés, mais je tiens à ce que cela soit fait proprement. C'est pour ça que j'ai tenu à engager des professionnels.
Un dernier souvenir dévoila ses traits sur les eaux limpides de la pensine, montrant brièvement deux enfants, le premier âgé de 12 ans aux cheveux bruns et aux yeux bleus malicieux, le second âgé de 10 ans, aux cheveux brun sombre et aux yeux bleus admiratifs alors que son aîné voulait lui montrer comment impressionner les esprits au Quidditch, l'été précédent son entrée à Poudlard. Avec un soupir silencieux, il chassa du revers de la main l'image et se leva lentement de son siège, reposant sur une étagère ensorcelée proche la pensine avec soin. Douce époque avant que la bourbe ne vienne corrompre son aîné et ne retourne les frères l'un contre l'autre. Son regard prit une couleur de tempête alors qu'il repensait à la petite sorcière blonde sous le charme de laquelle son frère était tombé, cette sang-mêlée que son esprit refusait de reconnaître autrement que comme une sang-de-bourbe. C'était elle qui, la première, avait persuadé son frère de se pencher davantage sur la succession familiale, un domaine qui aurait du rester le sien puisque contrairement à son frère aîné, il avait sacrifié une bonne partie de son enfance et de son adolescence à étudier et s'entraîner pour en être digne, le temps venu. Ah... il aurait mieux valu que son frère perdure dans sa vie insouciante de sorcier n'aspirant qu'à devenir un joueur de Quidditch professionnel, il n'avait pas été un mauvais Batteur après tout dans la maison des aigles. Hélas, les années 1940 et son intérêt soudain pour la carrière d'Auror et surtout pour les affaires familiales l'avaient perdu, au point de tisser ce qui resterait pour lui une mésalliance et d'engendrer avec la bourbe une engeance monstrueuse.
Il contempla majestueusement la salle de ses yeux bleus, n'accordant qu'une attention minimale au trentenaire qui était supposément son fils. Il ne lui avait pas été plaisant d'orchestrer la mort de son propre frère, mais cela était une nécessité pour rendre aux Nilson la pureté qui leur était due. Son regard se porta vers l'arbre généalogique de famille qui trônait sur l'un des murs proches, faisant remonter leur lignée jusqu'au XVIIe-XVIIIe siècle. Deux noms étaient obscurcis depuis ces dernières heures, mais six autres étaient encore à éteindre, après tout il faudrait couper le mal jusqu'à ses racines les plus profondes. Ses yeux s'attardèrent sur les deux plus haut encore vifs de la branche "malade" : pour les tuer, il devrait les briser, dans leur chair comme dans leur âme.
