Bonjour à toutes !

Je voulais tenter un autre genre que les vampires, donc j'ai sorti ça ...

Les personnages appartiennent à S. Meyer, bien sûr.


Allongée dans la pénombre, Mia retint son souffle. Les hommes, dans la pièce à côté, bougeaient, faisant frotter les chaises. Mais les pas ne venaient pas vers elle, aussi recommença-t-elle à respirer.

Mia avait toujours vécu dans les rues pauvres de Los Angeles. Sa mère, femme de ménage chez un couple de riches producteurs de films de cinéma, avait fuit ses parents, tous deux alcooliques. Son père était quasi-inexistant, faisant des apparitions de courtes durées dans la vie des deux femmes. Mia allait au lycée public, qui rassemblait les fils des caïds des gangs et des mafiosos. Dix-sept ans, de grands yeux bruns, une chevelure d'un noir de geai, elle était belle. Très belle. Svelte, avec de belles formes, elle ne pouvait passer dans la rue sans se faire siffler par les garçons, ou que des hommes se retournent sur son passage. Une fois, un homme s'était même incliné devant elle. Mia s'était moquée de ce comportement, haussant les épaules en accélérant le pas. Sans être coquette, Mia aimait se sentir belle et désirable. Mais jamais elle n'avait rencontré le garçon de ses rêves, et n'était pas pressée de le faire : elle avait toute la vie devant elle pour trouver la perle rare, un garçon qui ne ressemblerait en rien à son père.

Mia bougea et la chaîne cliqueta. Un mois. Cela faisait un mois, si elle avait bien compté, qu'elle était là, à se demander pourquoi.

Un soir, alors qu'elle se rendait à l'épicerie pour acheter de quoi remplir le frigo, elle se sentit épiée. En se retournant, elle vit un homme qui lui souriait. Quand il croisa ses yeux, Mia ne vit que de la curiosité chez cet homme : il ne semblait pas méchant. Quelques minutes plus tard, elle ressortait du magasin avec du pain, des pâtes, des céréales, du lait, trois steaks et un peu de beurre. Elle avait dépensé tout l'argent qu'Elena, sa mère, lui avait donné, et ne pouvait donc faire un saut chez le libraire.

En effet, Mia avait une grande passion pour les livres, étrangers ou américains. Le romantisme, la science-fiction, l'essai, le roman, les poèmes même, elle dévorait des heures durant les ouvrages qui lui tombaient sous la main. Ils la guidaient, la faisaient rêver, puisqu'elle ne pouvait vivre la vie qu'elle souhaitait. Si on écoutait la jeune fille, elle voulait faire danseuse, puis, le jour suivant, décoratrice d'intérieur, pour le lendemain devenir astronaute. Une fois, elle avait fait quelques heures de ménages pour se payer des cours de musique, mais son professeur, un vieil homme peu avenant, l'avait si bien dégoûtée que son rêve de devenir pianiste s'était envolé. Depuis quelques années pourtant, un rêve revenait souvent : écrire. Elle avait de l'imagination et s'inventait toutes sortes d'aventures qu'elle vivait, mais la réalité reprenait ses droits trop souvent à son goût.

Mais Mia ne désespérait pas : un jour, elle trouverait un travail, et toutes ses heures de loisirs seraient consacrées à l'écriture, à coucher sur le papier tout ce qui la faisait vibrer, rêver, trembler.

En sortant de l'épicerie, son mauvais pressentiment la reprit, avec force. Pourtant, courageusement, elle regarda fièrement droit devant elle et partit en direction de l'appartement de sa mère. Il faisait noir et le froid laissait les rues désertes. Au loin, on entendait les sirènes des ambulances, des voitures de police, des pompiers, et Mia espérait ne jamais avoir affaire à eux, parce que cela voudrait dire qu'un élément de sa vie virerait au drame. Elle passait devant une ruelle sans lumière quand elle entendit un gémissement. Quelqu'un avait-il besoin d'aide ? Elle s'arrêta et écouta avec attention. Le gémissement revint, plus fort. Quelqu'un souffrait, et Mia devait l'aider. Prudemment, elle s'avança dans la ruelle, prête à tout. Une fois que ses yeux se furent habitués à l'obscurité de la nuit, elle repéra vite une masse sombre qui bougeait faiblement. Elle lâcha ses paquets et accourut vers la silhouette. Quand elle fut près de l'inconnu, Mia s'accroupit.

-Vous allez bien ?

Elle avait avancé sa main, mais avant de toucher l'ombre, une main s'empara de son poignet, et elle sentit une lame sous sa gorge, provenant d'une présence derrière elle.

-Essaie ne serait-ce que crier, et tu es morte !

La silhouette se redressa. Une cagoule cachait son visage, et Mia pensa que l'homme qui se tenait dans son dos devait aussi masquer sa face. L'homme devant elle se releva, l'entraînant avec lui, et alors qu'ils marchaient vers la grande rue, Mia ressentit une vive douleur dans le bras, puis ce fut le trou noir.

Depuis, Mia vivait dans cette pièce, éclairée par une unique fenêtre munie de barreaux en fer. Et au cas où elle aurait tenté de s'enfuir par la porte, son pied gauche était enchaîné au lit. On la sortait seulement deux fois par jour, pour aller se soulager dans les toilettes. Mais Mia devait se bander les yeux.

-Si tu vois nos visages, avait dit l'un de ses ravisseurs, nous serons obligés de te tuer, et tu risques de ne pas apprécier. Alors couvre-toi les yeux dès qu'on frappe à la porte.

Et depuis son arrivée ici, Mia mourrait de peur dès qu'une main heurtait la porte, et elle se dépêchait de mettre le bandeau, vérifiant qu'elle était aveugle. Plusieurs fois, elle avait demandé, pleuré, supplié, qu'on lui donne des explications, qu'elle sache pourquoi elle était là, et savoir si on allait lui faire du mal, mais jamais les deux hommes qui la surveillaient ne lui répondaient. Et Mia n'entendait rien des conversations qui se déroulaient de l'autre côté de la porte.

Mia ne pouvait pas se plaindre, parce qu'elle n'était pas battue, elle avait souvent à manger, et elle avait eu droit à une brosse à cheveux. Mais sa famille lui manquait. Sa mère, pleine de vie, si attentive aux moindres besoins de sa fille, la faisant passer avant elle-même…Sa tante, un petit bout de femme excitée comme une pile, toujours habillée de couleurs vives et veillant à donner quelques pièces à sa nièce, ses oncles, hauts en couleur, fumant tous le cigare, sentant le bois et l'eau de Cologne. Son frère, à qui Mia tenait comme à la prunelle de ses yeux, pour qui elle se privait. Le petit Juanito. Il allait avoir cinq ans d'ici quelques jours, et Mia ne savait pas si elle serait là ce jour-là.

Mia n'était pas fatiguée, mais comme tous les soirs, elle se força à dormir, pour avoir un semblant de normalité. En fermant les yeux, elle se remémora les berceuses que sa mère venaient lui chanter lorsqu'elle était plus jeune, et cet exercice la calma, la faisant doucement sombrer dans le sommeil.

Du mouvement de l'autre côté : ils étaient réveillés. Mia se demandait encore pourquoi ils l'avaient enlevée elle. Sa mère n'était pas riche, sa famille pas du tout influente. Son père travaillait normalement dans une casse, mais elle n'en était pas sûre. Ses oncles et tantes n'étaient pas connus, et n'avaient pas plus d'argent qu'Elena.

Soudain un coup fut frappé à la porte. Prestement Mia attrapa le foulard et le posa sur ses yeux, le serrant au maximum. Son cœur battait vite, comme s'il voulait sortir de sa cage, et la jeune fille tremblait.

« Tu n'as rien à craindre. C'est l'heure de se rendre aux toilettes ! » Se morigéna-t-elle, tentant de se calmer.

La porte s'ouvrit et l'homme la salua.

-Bonjour jeune fille. Bien dormi ?

Elle hocha la tête : elle n'osait pas parler. Elle ne savait même plus quel son avait sa voix, parce que depuis un mois elle n'avait pas parlé une seule fois. Mia entendit un déclic, et sut que la chaîne avait été déverrouillée. L'homme, dont elle ne connaissait toujours pas le nom, la releva et la conduisit jusqu'à la petite pièce exiguë. Mia se soulagea et s'offrit le luxe de mouiller son visage. Depuis quelques jours, on la laissait prendre cette initiative. Bonne ou mauvaise chose ? Puis elle rebaissa son bandeau et frappa à la porte pour signaler qu'elle avait fini. Elle fut reconduite à la chambre et enchaînée de nouveau.

Une fois, on lui avait fait remarquer qu'elle était docile, et qu'on la félicitait. Mais était-ce de la docilité ou de la peur ? Mia pariait plus sur la peur. Ne pas savoir, voir chaque jour le soleil se coucher en étant en vie, était une épreuve. Et chaque nuit un soulagement : elle restait persuadée qu'il ne lui arriverait rien durant les heures sombres. Elle n'allait pas tarder à avoir à manger, aussi la jeune fille attendait avec impatience. Un repas signifiait qu'on ne la tuerait pas de suite, sinon pourquoi gâcher de la nourriture ? Mais Mia voulait une réponse : pourquoi ? Pourquoi elle et pas une autre ? Pourquoi cet enlèvement ? Pourquoi ne devait-elle pas voir le visage de ses ravisseurs ? Pourquoi vivre au milieu des bois ? Aurait-elle un jour une réponse ? Reverrait-elle sa famille, ses amies ? Aurait-elle la chance de découvrir l'amour ? D'écrire un livre ? Verrait-elle son frère grandir ?

Un deuxième coup à la porte, et Mia sursauta, enfilant à nouveau le bandeau. Elle sentit l'odeur du café, celui du pain frais aussi.

-Eh bien, j'ai une grande nouvelle pour toi ce matin. Tu vas pouvoir sortir d'ici !

Et la porte se referma, laissant la jeune fille abasourdie. Enfin ! Enfin, elle allait rentrer ! Enfin, elle pourrait retrouver ses parents, les serrer dans ses bras ! Leur dire combien ils lui avaient manqué ! Du coup, c'est avec entrain qu'elle mangea, avec une seule question : quand ? Ce matin ? Cet après-midi ? Ce soir même, elle attendrait jusqu'au soir, si cela lui permettait de sortir d'ici ! Et peut-être aurait-elle des réponses à ses fameux « pourquoi ? » !

La journée passa encore plus doucement que d'habitude, mais Mia avait confiance : elle allait sortir d'ici ! Elle se le répétait, tel un mantra, et regardait souvent dehors, pour voir comment avait avancé le soleil.

Enfin, après que le soleil ait dépassé son zénith, la porte s'ouvrit. Mia n'eut pas le temps de plonger sur son bandeau, aussi elle se cacha les yeux avec les mains.

-Ne t'en fais pas, ça ne sert plus à rien.

La voix de l'homme était lasse. Mia releva la tête, le regardant ahurie. Il la détacha tandis qu'elle admirait ses traits : il était jeune et beau. Son visage était parfait, et ses cheveux en bataille ressemblaient à du cuivre. La profondeur de ses yeux verts faisait rêver la jeune fille. Son corps, sans défaut, était habillé simplement, sans prétention, mais ce qu'il portait le rendait élégant. Il lui lança un regard désolé, que Mia ne comprit pas, puis il l'aida à se lever. Il l'emmena dans la pièce d'à côté, meublée avec goût, de style rustique, et l'assit sur la chaise. L'autre homme n'était pas là. Mia aurait pu se sauver, mais elle allait être libérée, et n'avait donc plus de raison de tenter une fuite. Le jeune homme revint avec une corde, et ramena les mains de la jeune fille derrière son dos.

-Je suis désolé, dit soudain le bel inconnu.

Pourquoi devrait-il l'être ? Mia allait sortir et rejoindre les siens, non ? Non ? Et là, Mia comprit. Il n'avait pas dit : « Tu vas être libre ». Il avait dit « Tu sortiras d'ici ». Ces deux phrases semblaient se ressembler, et pourtant, elles étaient totalement différentes, car l'une signifiait : « tu restes vivante », et l'autre « tu sortiras, mais tu mourras ». Alors, effrayée, Mia essaya de s'échapper, mais ses pieds, rendus gourds par la peur, s'encoublèrent dans la chaise, et elle tomba. L'homme la releva et l'entraîna dehors. Mia sanglotait à présent, des larmes coulant le long de ses joues. Pourquoi ? Pourquoi maintenant, après tant d'attente ?

-Pourquoi ? Réussit-elle à murmurer entre deux sanglots.

L'homme soupira et la conduisit derrière la maison, où un autre homme les attendait.

-Ah ! Bella ! S'exclama ce dernier.

Bella ? Mais non, c'était une autre !

-Mais… Je m'appelle Mia !

Le deuxième homme ricana.

-Crois-moi, je sais qui tu es. Tu es Bella Swan, la fille du célèbre trafiquant de drogue Charlie Swan, alias Carlos Sanchez. Il vous a amenées ici, toi et ta mère, et a changé vos noms.

-Mais… Et mes oncles… Ma tante…

Ce n'était pas possible ! Mia vivait un cauchemar ! On la prenait pour une autre !

-Ils sont du côté de ton père. Pourquoi, à ton avis ? As-tu déjà vu ton père au travail ? Bon allez, au boulot. Agenouille-la !

Mia se débattit vainement en criant. Elle refusait que tout s'arrête là, comme ça. Mais maintenant que l'homme lui en parlait, oui, certaines personnes avaient un comportement étrange. Certains respectueux, certains protecteurs… Et une fois, on l'avait appelé Bella, mais la femme avait dit s'être trompée de personne ! L'homme qui ne la maintenait pas sortit un revolver, et s'approcha de Mia.

-Ton père m'a tout pris. Il a cherché à me détruire, mais il ne savait pas à qui il s'en prenait. J'ai juré de me venger, en lui enlevant la chose à laquelle il tenait le plus au monde : toi !

Il pointa le canon de l'arme sur la nuque de Mia, ou plutôt Bella, lui demandant si elle avait un message pour son père.

-Non. Mais j'ai une question : qui êtes-vous ?

-James et Edward Cullen.

Le coup partit, et Bella tomba, sans avoir compris ce qui lui était arrivé.


Voilà… J'espère que ça vous a plu.

Au départ, ceci n'était qu'un OS, il ne devait donc pas y avoir de suite. Mais si vous avez envie de plus… Tournez la page !