Partie 1 : L'évasion de Lucius Malfoy

Manoir Malfoy, 2005

Draco préparait ses bagages pour sa sixième année à Poudlard. Il détestait l'école. Non pas parce qu'il n'aimait pas apprendre la magie, mais parce que qui disait école, disait aussi Potter. Tout l'été, il avait été seul. Depuis que son père était à Azkaban, Narcissa, sa mère, le laissait à lui-même dans le manoir. Et comme Lucius n'était pas là pour prendre tout en charge, y compris les simples décisions le concernant, il n'avait rien pu faire de ses vacances estivales. Normalement, il suivait son père dans toutes ses affaires et il adorait ça.

Dernièrement, il était allé faire ses achats scolaires. Des mangemorts lui avaient transmis un message de son père lui donnant des instructions bien précises, dont se procurer une espèce de vieille armoire dans le magasin de magie noire du Chemin de traverse. Sans trop savoir à quoi ça allait lui servir, il avait écouté les ordres de son père, lui obéissant aveuglément.

En fermant sa valise, la fermeture éclair resta coincée. Enragé, il tira plus fort et celle-ci brisa. Voyant cela, il poussa un juron et lança sa valise à bouts de bras à l'autre bout de sa chambre.

- Potter ! s'écria-t-il, attribuant encore une fois la faute à son pire ennemi.

C'était parce que Lucius était à Azkaban par la faute de Potter. Depuis que Lucius n'était plus au Manoir, Narcissa lui avait interdit de faire de la magie. C'était la faute de Potter. Depuis que Lucius n'était plus au Manoir, il n'y avait plus aucun serviteur, au risque d'avoir des espions à leur service – à l'exception de deux elfes de maison, dont un était cuisinier et l'autre, au service de sa mère – et il devait exécuter toutes ses tâches ménagères et ingrates tout seul. C'était la faute de Potter. Depuis que Lucius n'était plus au Manoir, il était devenu lui aussi prisonnier. C'était la faute de Potter.

Aéroport de Londres, 2005

Spike descendit du jet privé de Wolfram et Hart. Il s'engouffra parmi la foule qui débarquait des avions publics. La compagnie Wolfram et Hart ayant tout prévu pour les vampires, grâce à Angel qui en était le PDG jusqu'à récemment, Spike n'avait rien à craindre du soleil pour son transfert du jet jusqu'à la luxueuse limousine. Aussitôt qu'il fut installé, le chauffeur démarra.

Pendant le trajet, le vampire souriait de satisfaction. Le dur combat contre les associés, qu'il avait mené aux côtés de son comparse de toujours, avait été gagné. Bien entendu, ils y avaient perdu Wesley et Gunn, sans parler de Fred, mais ils avaient fini par gagner, se retrouvant ensemble à la toute fin, comme au bon vieux temps. Non pas qu'ils aient eu le mérite de cette victoire, puisque Illyria s'était sacrifiée pour les sauver, mais il souriait parce qu'il regardait maintenant de l'avant. Angel lui avait laissé la possibilité de reprendre la compagnie, mais Spike avait refusé, choisissant sa liberté. Ainsi, les deux vampires avec une âme avaient pris chacun un nouveau chemin, décidant d'oublier la prophétie Shanshu, qui avait été créée de toute pièce par les associés pour les piéger. Angel avait décidé de rejoindre Nina, la loup-garou, et de renouer avec son fils qui avait, dans tout le chahut, retrouvé la mémoire. Quant à lui, il souriait, parce qu'il avait décidé de renouer avec l'Angleterre, son pays natal, en offrant ses services à Giles, qui avait rebâti le Conseil des Observateurs et y entraînait les tueuses. Et peut-être, seulement si l'occasion se présentait, il irait retrouver Buffy.

Bureau du ministère de la défense à Londres, 1859.

La reine Victoria écoutait distraitement son ministre de la défense, le Général York, lui exposer les enjeux de la guerre civile américaine qui allait bientôt être déclarée. À aucun prix, elle ne voulait que l'Angleterre prenne position dans un des deux camps. Elle jeta un œil à son secrétaire qui prenait toute la conversation en note.

- … tout à gagner en prenant position avec les Sudistes, majesté. Ils ont besoin d'armement et nous avons besoin du coton. Comme je vous le disais il y a une heure déjà, les Yankees menacent d'envahir le Canada… Majesté ?

- Général York, lui répondit la reine, le regardant à nouveau, si nous fournissons le Sud des Etats-Unis en armement, la France prendra automatiquement le parti adverse… Vous ne vous rappelez donc pas la guerre d'indépendance ?

- Mais majesté, notre armée pourrait suffire amplement pour…

- Vous avez dit vous même, il y a un instant, que les usines poussaient à vue d'œil dans le Nord ! De plus, vous oubliez la question sociale : si nous prenons la faveur des Sudistes, nous adoptons également l'esclavage !

- Mais majesté…

- Auriez-vous un argument infaillible à me soumettre, Général York, avant que je ne vous quitte pour répondre à mes autres obligations ?

- Si, justement… Il s'agit d'une nouvelle découverte scientifique dans le département des sciences et technologies de notre armée…

Manoir Malfoy, 2005

Après avoir terminé les préparatifs de son départ, Draco alla retrouver sa mère au jardin. C'était son elfe de maison qui l'avait envoyé chercher. Draco s'y rendit donc, de bien mauvaise humeur. Sa mère l'y attendait, discutant avec sa tante, Bellatrix Black. Bizarrement, depuis qu'elles étaient allées rencontrer Severus Rogue, qui allait enseigner Défense contre les forces du mal, sa mère et sa tante semblaient comploter de plus en plus fréquemment. Évidemment, Draco était exclus du secret, chose que son père n'aurait jamais faite, à son avis.

- Quoi encore ! lança-t-il effrontément à Narcissa lorsqu'il arriva enfin devant elle.

Narcissa, qui n'avait aucune idée de la façon de se faire respecter de son propre fils lorsque son mari était absent, ne sut que répondre. Elle pouffa de rire, faisant enrager Draco davantage. Par contre, Béatrix supportait moins bien l'insolence et jeta un regard noir à son neveu. Gênée, Narcissa reprit son sérieux et exerça un sortilège qui les enveloppa tous les trois dans une bulle coupée du monde, à l'abris des oreilles indiscrète.

- Chéri, commença-t-elle, nous venons juste d'arriver d'une réunion de mangemorts où il a été question de ton père. Severus connaît un moyen de le faire sortir d'Azkaban plus rapidement que tu ne le crois.

- Et alors ? répondit bêtement Draco, qui interprétait toujours les paroles de sa mère comme de la foutaise.

Bellatrix ne put s'empêcher de gifler l'impertinent. Draco avait le réflexe de prendre sa baguette, mais au Manoir, c'était inutile. Il dut se contenter de lui jeter un regard noir. Narcissa poursuivit comme si l'incident ne s'était jamais produit.

- Ton père va sortir d'Azkaban exprès pour te confier ta première mission de mangemort, alors tiens-toi prêt.

Conseil des Observateurs, 2005.

La limousine se gara au sous-sol de l'immeuble du Conseil des Observateurs. Spike descendit de la voiture et monta dans l'ascenseur. À partir de ce moment, il devrait se déplacer par ses propres moyens, puisqu'il n'était plus un employé de Wolfram et Hart. Il appuya donc sur le bouton de l'étage supérieur, là où se trouvait le bureau de Giles.

La porte s'ouvrit sur le bureau de la secrétaire personnelle de l'observateur en chef. Spike s'approcha de celle-ci.

- Je voudrais voir…

- Spike ! s'étonna Giles, qui sortait de son bureau au même instant.

- Rupert ! répondit Spike, sur le même ton chaleureux.

Les deux anglais ne purent s'empêcher de se faire une accolade, trop heureux de se revoir après aussi longtemps, malgré tous les différents qu'ils avaient pu avoir.

- Miss Tacker, annulez mon rendez-vous de cet après-midi, S.V.P., dit Giles à sa secrétaire. J'ai un invité !

Giles invita Spike à le suivre dans son bureau.

- Raconte-moi tout ! le pria Giles, qui présenta un luxueux fauteuil à Spike, en s'asseyant dans celui d'en face.

Spike s'assit et Giles lui offrit une tasse de thé qu'il refusa poliment.

- Désolé… s'excusa Giles. Je ne crois pas qu'on ait de sang ici…

Giles se versa une tasse de thé et pria Spike de commencer.

- Et bien, vous savez par Wolfram et Hart qu'Angel et moi avons vaincu les associés…

- Oui, bien entendu, Angel m'a tenu informé de votre succès. C'est d'ailleurs à ce moment seulement que j'ai su que tu étais en vie !

- Ha oui ? Je croyais pourtant qu'Andrew vous l'aurait dit…

- Andrew ? Oh ! Alors il était au courant ! se fâcha Giles.

Spike ne put s'empêcher un sourire. Rien n'avait changé. Giles se calma un peu en frottant ses lunettes, comme à chaque fois qu'il était contrarié. Spike sourit encore : personne n'avait changé du tout.

- … Bref, quand Angel m'a appris que tu nous proposais tes services, il est certain que j'ai accepté avec plaisir !

- Que me réservez-vous comme boulot, Rupert ?

- Et bien n'ayant plus Buffy et Faith sous la main pour quelque temps, je te propose de commencer par entraîner les tueuses dans les patrouilles, le temps de te familiariser avec tout le monde. Tu en reconnaîtras probablement certaines, mais nous avons plusieurs nouvelles recrues !

- Buffy ? demanda Spike. Elle est en Angleterre ?

- Heu… Elle… bredouilla Giles, astiquant à nouveau ses lunettes. Buffy était en Angleterre, mais je l'ai envoyée en mission à New York, le temps de lui annoncer la nouvelle…

- Rupert, vous me cachez quelque chose. Dites-le moi, bon sang !

- Buffy va se marier, annonça Giles, mal à l'aise.

Spike en resta estomaqué un instant, mais ne semblait pas vraiment réaliser.

- Bien ! Pourquoi en faire un plat ? C'est bien… Elle a enfin la vie normale qu'elle voulait. Je suis très heureux pour elle.

- Seigneur ! Puisque tu le prends comme ça, je n'ai pas à m'inquiéter ! dit Giles, soulagé.

- Vous me faites faire un tour du propriétaire, maintenant ?

Ministère de la magie, 1987.

Lucius Malfoy entra dans le bureau de Caïno Judal, au ministère de la magie. Ce dernier était responsable des entrées et sorties de dossiers au ministère et était souvent en relation d'affaires avec les mangemorts afin d'en retirer certains avantages. Cette fois, c'était Lucius qui semblait vouloir le soudoyer. Ce dernier ferma la porte discrètement derrière lui, même s'il ne restait plus que des elfes de maison chargés de travailler la nuit au ministère.

- Tu as trouvé quelque chose d'utile ? demanda Lucius.

- Oui, je crois que ça pourrait vous intéresser.

- De quoi s'agit-il ?

- De science…

Caïno ouvrit un dossier. Lucius observa attentivement la maquette en trois dimensions qui en sortit. On voyait un chercheur qui semblait fatigué travaillant dans un laboratoire à faire des calculs. À côté de lui, se trouvait un faux mur avec une table de chaque côté. Sur une des tables était posé un verre d'eau duquel une vapeur blanche émanait.

- … Ce scientifique travaille sur une formule qui dissout une entité solide capable de la reconstituer en la projetant de l'autre côté d'une autre quantité solide, expliqua Caïno.

- Et alors ? demanda Lucius, qui ne comprenait rien à l'utilité de l'expérience.

- Alors il cherche à trouver une façon de traverser les objets de façon scientifique, expliqua Caïno, un peu nerveux.

- En quoi cela pourrait m'être utile ?

- Et bien… Si jamais vous êtes arrêté et emprisonné à Azkaban, vous pourriez en sortir sans l'aide de la magie…

Lucius prit quelques instants pour réfléchir. Il trouva l'idée très intéressante, puisque justement, avec le coup d'éclat que désirait faire Voldemort pour prendre le pouvoir, si jamais ce dernier échouait, tous les mangemorts seraient arrêtés. Lucius était fortement soupçonné par Dumbledore et ne voulait prendre aucun risque.

- Comment c'est possible, sans magie ? Aucun moldu n'a jamais réussi à faire ça ! dit-il, sceptique.

- Ce chercheur a découvert les propriétés magnétiques d'un minéral qui, ingurgité, permet de séparer les cellules en atomes, tout en les maintenant vivantes et en place dans leur entité organique, dit Caïno, plus rassuré.

- Je vois… Est-ce qu'il a réussi ?

- Étant donné qu'il ne savait pas très bien lui-même l'objet de sa découverte, l'armée ne lui a pas donné les subventions nécessaires pour concrétiser son expérience, mais j'ai la certitude que la formule fonctionne. De plus, il n'avait pas tout le matériel scientifique nécessaire puisque sa découverte a été faite en 1859.

- Tu pourrais la fabriquer rapidement ?

Caïno avala de travers. Oui, il pourrait la fabriquer rapidement, mais discrètement, c'était une autre paire de manche. Afin de sortir un dossier du ministère, il devait suivre une procédure, sinon commettre un vol, mais le système de sécurité du ministère était au maximum.

- Je vais faire tout mon possible, monsieur Malfoy… dit Caïno, sa voix tremblant légèrement, mais… il manque un élément de la formule qu'il était seul à connaître.

Manoir Malfoy, 2005

Au moment où Narcissa et Draco allaient partir pour se rendre à la gare, la cheminée du hall d'entrée s'alluma toute seule et un visage apparut dans la braise.

- Narcissa ! murmura le visage.

Narcissa et son fils approchèrent de la cheminée et s'agenouillèrent devant afin de mieux entendre.

- Bellatrix, c'est toi ? questionna sa sœur, inquiète.

- Severus revient d'Azkaban… Lucius s'est échappé…

Un sourire sadique illumina le visage de Draco.

Londres, 2005

Un homme était assis au comptoir d'un bar. Il était si ivre qu'il avait toute la peine du monde à ne pas s'écrouler par terre, une bière entre les mains, buvant encore. C'était Spike.

- Buffy… râla-t-il.

Le barman ne s'en préoccupa même plus, puisque Spike répétait la même histoire depuis le début de la soirée. Spike se tourna vers un client qui venait tout juste de s'asseoir à côté de lui.

- Buffy va se ma… marier… dit-il, péniblement.

Le client lui jeta un regard, mais l'ignora, préférant boire en solitaire.

- A… avec qui… un po… po-ète, bon sang ! s'exclama-t-il, en se levant, chancelant.

Spike prit une autre gorgée de bière et déposa sa bouteille sur le comptoir en riant de voir qu'elle avait du mal à tenir en équilibre. Heureusement, le barman la rattrapa de justesse. Le vampire regarda à l'extérieur. Comme il faisait encore nuit, il sortit. Spike déambula lentement dans la rue. Soudain, il vit une enseigne qui attira son attention.

- Le… chau… chaudron… baveux… baveur… eut-il de la difficulté à lire.

Il vit un homme à l'air louche y entrer. À cause de l'alcool, il crut que c'était peut-être un démon et il le suivit, espérant se défouler par une petite bagarre. Dans le bar, sans trop de discrétion, il suivit l'homme. Ce dernier ouvrit le chemin de traverse. Spike écarquilla les yeux, pensant qu'on lui jouait un sale tour. L'homme se retourna et le vit traverser après lui. Il n'en fit aucun cas, puisque Spike réussit à traverser également, prouvant qu'il ne pouvait être un moldu.

De l'autre côté, Spike s'écroula, ivre mort. L'homme qu'il suivait le souleva et l'emmena dans un hôtel minable en lui payant une chambre, et reprit son chemin.

Pré-au-lard, 1987

Severus Rogue et Lucius Malfoy discutaient depuis un moment dans l'arrière-salle du bar Les Trois Balais, située à l'étage, là où personne ne pouvait les entendre.

- … mais je n'ai que cette quantité, dit Lucius, qui tendait à Rogue une fiole contenant un liquide bleuté. Caïnos m'a dit que ça lui avait pris une demi-journée pour émietter les minéraux sans l'aide de la magie.

- Tu crois qu'il y en aura suffisamment ? répondit Rogue, observant la potion.

- Je veux que tu la gardes en lieu sûr. Comme tu es officiellement avec Dumbledore, tu pourras me l'apporter à Azkaban si jamais ça tourne mal pour tu-sais-qui.

Rogue n'était pas tout à fait certain. Lucius était convaincu que Rogue ne se ferait pas prendre, mais il n'en avait pas la certitude absolue… Severus se dit qu'il devrait lui-même tenter de fabriquer davantage de ce mélange pour sa propre sécurité.

- Tu le feras ?

- Tant que je pourrai sans me compromettre, Lucius…

- Bien. Alors je te la confie. Maintenant, je dois connaître l'ingrédient qui manque et me rendre chez ce scientifique pour le savoir. Tu as la boîte ?

Severus lui tendit un petit coffret. Aussitôt qu'il le prit, Lucius Malfoy descendit au rez-de-chaussée et sortit par la porte arrière afin de ne pas être vu des clients, sa longue cape noire volant derrière lui.

- Brillant, constata Severus en regardant la fiole, avant de la cacher dans une de ses poches.

Poudlard, 2005

Draco Malfoy entra avec nonchalance dans son cours optionnel Légendes démoniaques et apocalyptiques. Il sourit de dédain en apercevant une nouvelle enseignante qui semblait timide et fragile, tant elle était petite et menue. Il prit une des dernières places libres, mais avant de se rendre compte qu'il était assis à côté de nulle autre qu'Hermione Granger, il était trop tard puisque le cours commençait.

- Je m'appelle Willow Rosenberg, dit l'enseignante, qui semblait terriblement nerveuse. Sachez que le cours Légendes démoniaques et apocalyptiques portera surtout sur le monde moldu, là où les créatures en questions se nourrissent, à proximité de ce qu'on appelle La bouche de l'enfer.

Comme toujours, Hermione Granger leva la main afin de faire part à tous qu'elle avait déjà fait toutes les lectures nécessaires pour se préparer au cours.

- Oui ? demanda Willow à la main levée.

- J'ai vu dans votre plan de cours que nous parlerons de la Tueuse de vampires. Or, celle-ci s'avère combattre d'autres créatures que des vampires. J'aimerais savoir pourquoi.

Rosenberg sourit et commença à répondre à sa question, pendant que Draco avait l'envie folle de jeter un sortilège humiliant à Granger. Il en avait assez de l'entendre. Au moins, il se dit que les deux autres membres du trio n'étaient pas dans ce cours auquel Lucius tenait vraiment à ce qu'il prenne. Son père lui disait toujours qu'on devait être plus près de ses ennemis que de ses amis et que dans ce sens, il devait en connaître davantage sur les sang-de-bourbe, donc des moldus.

Chemin de traverse, 2005

Spike se réveilla dans la chambre d'hôtel le lendemain soir. Il avait dormi toute la journée et avait cuvé son vin. Le mal de crâne l'avait réveillé. Il avait maintenant très faim. Sans trop comprendre de quelle façon il avait atterri dans cet endroit, il sortit et déambula sur le Chemin de traverse.

- Mais… Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? se demanda-t-il.

Le vampire avait beau se creuser la mémoire, il n'avait jamais vu un tel endroit à Londres. Les gens qu'il rencontrait sur son passage semblaient tous croire qu'on était le jour d'Halloween. De grands chapeaux pointus pour la plupart, de longues capes noires, des chats ou des crapauds perchés sur l'épaule de certains et des balais dans la main de d'autres.

- Ils ont tous fumé ou c'est moi qui hallucine ?

Des familles entières semblaient vivre comme des sorciers. Aucun ne portait de vêtements civils.

- Beau manteau ! Un peu trop moldu, par contre… lui dit une jeune fille avant de s'envoler sur son balais.

Non loin de lui, quelque chose semblait bouger dans une poubelle. Spike s'en approcha et y reconnut un journal. La gazette du sorcier. Cependant, une photo bougeait en page couverture.

Lucius Malfoy s'est échappé d'Azkaban, disait le titre. Après s'être assuré que la photo de ce Lucius était belle et bien seulement une photo, Spike regarda attentivement les yeux de l'homme, qui lui paraissaient familiers et savait où vérifier son hypothèse. Il accrocha ensuite un passant.

- Excusez-moi, madame…

La sorcière se retourna.

- Vous pouvez m'indiquer comment, heu… comment je dois faire pour retourner, heu…

Spike chercha à toute vitesse dans sa mémoire. Il trouva enfin.

- Au Chaudron baveux.

- Vous voulez dire au Chaudron baveur ?

- Ha ! Oui, c'est bien ça !

La femme paraissait cependant sceptique, alors Spike inventa quelque chose qui lui semblait tout expliquer. Il se pencha à son oreille.

- Quelqu'un m'a dit que je serais plus en sécurité ailleurs… Vous savez ce que je veux dire… dit Spike en montrant la photo du journal.

- Ho ! Je suis désolée, dit la femme. Suivez-moi !

Manoir Malfoy, 1987

Lucius sortit du coffret une drôle de montre. Il s'agissait d'un objet de sorcellerie très rare que Dumbledore avait en sa possession et que Rogue avait réussi à emprunter, prétextant avoir peut-être perdu un indice concernant Voldemort il y avait quelques jours. Ça faisait partie du plan pour renforcer la confiance que Dumbledore avait en Rogue : il devrait dénoncer Lucius d'avoir illégalement fait usage de la montre qui permettait de voyager dans le temps. Le ministère de la magie ferait enquête et ne découvrirait aucune preuve, puisque Lucius ne ramènerait rien de son voyage et ne modifierait en rien l'histoire.

Lucius Malfoy fit tourner à plusieurs reprises le mécanisme de la montre. Tout tournoya autour de lui à une vitesse vertigineuse. Il se retrouva dans la même pièce du manoir, mais cent vingt-sept ans plus tôt.

Poudlard, 2005

Draco, de fort mauvaise humeur, se rendait à la bibliothèque de l'école. Il devait déjà préparer un devoir pour chacun de ses trois premiers cours. Aussitôt qu'il poussa la grande porte, il croisa Potter et Weasley qu'il ne se gêna pas de bousculer avec violence. Ron faillit perdre son équilibre, mais se retint à temps, après avoir laissé tomber quelque chose par terre. Lorsque ses deux ennemis furent partis, Draco ramassa ce que Ron avait oublié. Il s'agissait de son agenda. Draco le pris avec dédain, regarda autour de lui si on l'observait et cacha l'objet entre deux bouquins lui appartenant.

Il poursuivit son chemin jusqu'aux tables de travail où il prit place. Après s'être assis, il aperçut encore une fois Granger, plongée dans un amoncellement de livres tout autour d'elle. Il en était découragé, tellement il en avait assez de voir traîner cette sang-de-bourbe partout où il allait. Cependant, il se dit que ce n'était sûrement pas dans cet endroit qu'il rencontrerait Crabbe ou Goyle, se demandant même si ces derniers savaient lire.

Conseil des Observateurs, 2005

Giles regardait la page de journal que Spike lui tendait. Il était très tard, mais comme il savait que Spike ne pouvait attendre le matin, Giles avait fait l'effort de se lever, enfilant une robe de chambre en vitesse. En voyant la photo bouger, il se demanda comment le vampire avait pu se l'être procurée.

- Et alors ? demanda Spike, qui observait attentivement la réaction de Giles.

- Spike… commença Giles. Tu… tu as lu l'article ?

- Bien sûre que non : je n'ai que regardé la photo en essayant de faire peur à celui qui est dessus… Bien sûr que je l'ai lu ! C'est pour ça que je suis ici ! On parle de sorciers, de moldus, de sang-de-bourbe, de mangemorts et de vols de morts et de toutes sortes de trucs qui semblent normaux pour ceux à qui s'adresse ce foutu journal ! Et en plus, je suis certain avoir déjà vu ce type, alors expliquez-moi ! Et je voudrais savoir ce que goûte ce sang-de-bourbe…

Giles prit le temps de s'asseoir. Il ne savait pas par où commencer, mais il devait absolument tout expliquer à Spike, parce qu'il était lui aussi intrigué par le fait que le vampire connaisse Lucius Malfoy. Les informations de Spike pouvaient être cruciales, mais connaissant le vampire, elles n'étaient pas gratuites.

- Et bien voilà… commença Giles, en enlevant ses lunettes. Il existe un monde de sorciers complètement secret aux humains normaux, qu'on appelle moldus. Voldemort, et non pas vols de morts, est un des plus puissants sorciers qui a failli prendre le contrôle de tout. Il a disparu en tentant de tuer un enfant qui, selon une prophétie, était le seul à pouvoir le vaincre un jour.

- Ça a un rapport avec Buffy ?

- Tout ça n'a rien à voir avec Buffy… répondit Giles, impatient lorsqu'il était interrompu. Pour faire une histoire courte, cela s'est produit il y a seize ans. Voldemort a disparu, mais plusieurs sorciers qui étaient ses complices, les mangemorts, se sont faits arrêter et emprisonnés dans une prison de sorciers qu'on appelle Azkaban. Il y a deux ans, Voldemort est revenu, mais visiblement affaibli. Lucius Malfoy a été accusé d'être un mangemort et sa culpabilité a été prouvée.

- Et le sang-de-bourbe ?

- Sang-de-bourbe est le nom qu'on donne à ceux qui sont nés de parents qui ne sont pas sorciers, mais qui eux le sont.

- Willow en est une ? Ha… j'ai toujours trouvé qu'elle avait un goût particulier… rêvassa Spike tout haut, se rappelant un souvenir.

Giles voulait savoir au plus vite ce que Spike avait reconnu en voyant Lucius Malfoy. Il dévia donc le sujet vers le sorcier.

- Lucius Malfoy est un sang pur. Tous les membres de sa famille sont des sorciers depuis toujours. Par conséquent, il n'y a aucun sang-de-bourbe dans sa généalogie. Voldemort, si tu ne t'étais pas encore posé la question à propos de ses motifs, souhaite éliminer tous les sang-de-bourbe, un peu à la façon d'Hitler avec les juifs… Willow est juive, c'est bien trop vrai, constata Giles, pour lui-même.

- C'était ma prochaine question, mentit Spike.

- Maintenant, parle-moi un peu de cette photo… Tu dis que tu as reconnu Lucius Malfoy ? Te rappelles-tu où et comment tu l'aurais vu ?

Spike semblait confus. Il regardait dans le vide, à la recherche d'un lointain souvenir, mais Giles voyait bien que quelque chose semblait incohérent dans son esprit.

- Spike ?

- … Je suis pourtant certain de ne pas me tromper, mais… ça semble impossible, pourtant… à moins que les sorciers puissent vivre plus longtemps que les humains, mais…

Spike hésitait à le dire à Giles. Il était certain d'avoir raison, mais doutait que Giles eut une explication logique à lui fournir.

- J'ai déjà vu une photo de lui… quand j'étais gosse…

Giles remit ses lunettes, croyant que le vampire voulait se moquer de lui. Pourtant, ce dernier semblait sincère et obstiné à cette idée.

- Peut-être que tu te trompes… Les sorciers vivent aussi longtemps que les humains, puisqu'ils sont également des humains. Un ancêtre de Lucius Malfoy, peut-être ?

- Non, je sais que c'est lui… plus jeune d'une quinzaine d'années, mais je suis certain que c'est lui, parce que je l'ai regardée très souvent, cette photo…

- Et où l'aurais-tu aperçue ?

- Ma mère en avait une, cachée dans son coffre à bijoux.

Base militaire de l'armée britannique, 1859

Lucius était vêtu de l'uniforme de l'époque. Sur sa veste, son grade indiquait qu'il était Capitaine. De toute sa prestance habituelle, il alla droit au but et frappa à la porte du bureau du Général York, ministre de la défense. Lucius se permit d'entrer. Après la salutation militaire d'usage, le ministre le pria de faire sa requête.

- Général, je suis le Capitaine Lucius Malfoy.

- Malfoy ? Je ne connais pas…

- J'arrive de la milice navale, Général. En fait, je suis spécialiste en chimie. Étant donné la possible intervention de l'armée britannique dans le conflit civil américain, je vous serais peut-être plus utile ici en conceptions d'armement terrestre. Voici mon transfert.

Le Général York parcourut rapidement la dépêche que Lucius lui tendit. En fait, il s'agissait d'un transfert authentique, à l'exception du nom qui avait été subtilisé. Évidemment, il n'y vit que du feu.

- Bien… Suivez-moi, Capitaine. Vous êtes notre nouveau responsable du département de recherche scientifique de l'armée que nous attendions. Concoctez-nous de jolies petites bombes et vous serez gradé d'ici peu !

Lucius rit avec son nouveau supérieur.

Poudlard, 2005

Draco travaillait depuis quelques heures déjà dans ses devoirs. À tout moment, il se perdait dans ses pensées… Il imaginait son père en train d'échapper aux détraqueurs, son père devenu cinglé, son père qui ne le reconnaissait plus, etc. Comment avait-il bien pu réussir à sortir d'Azkaban ? Est-ce qu'il essaierait de communiquer avec lui ? Est-ce qu'il devrait se cacher longtemps ?

À sa droite, il jeta un regard en direction de Granger. Elle semblait avoir lu la majorité de tous les bouquins qui se trouvaient autour d'elle et elle continuait d'écrire, tout aussi acharnée que lorsqu'il était arrivé. Draco était dégoûté par tant de zèle de la part d'une foutue sang-de-bourbe qui serait probablement tuée par Voldemort, de toute façon.

Désirant se changer un peu les idées, Draco pensa qu'il serait peut-être bon jeter un coup d'œil à sa petite trouvaille. Il sortit l'agenda de Ron et l'ouvrit.

- Beurk ! Weasley est un véritable porc… commenta-t-il.

Il tourna les pages, découvrant des gribouillis, des pages à moitié déchirées, des taches de nourriture et… des photos de Granger. Draco pouffa de rire un peu trop fort et la bibliothécaire lui fit un avertissement non verbal. Draco jeta un regard sur Granger, qui n'avait rien entendu et regarda à nouveau les photos. Il y en avait trois. Les deux premières semblaient avoir été prises à Pré-au-lard aux côté de la jeune sœur de Weasley. La troisième, quant à elle, était une photo officielle du bal des trois sorciers. Ron avait tracé un cœur autour du visage.

Draco observa attentivement. Il trouva qu'Hermione n'était pas si mal, pour une sang-de-bourbe. Son intelligence en aurait fait une puissante alliée. Il pensa même qu'il aurait pu s'intéresser à elle si elle avait été une sang pur, une Serpentard et une ennemie de Potter. Or, elle n'avait rien de tout ça et si elle était assez bête pour sortir avec le rouquin, elle ne méritait pas son attention.

Il se surprit soudain à sourire, pensant qu'il pourrait manipuler Weasley facilement, puisque Granger n'était sûrement pas au courant de son béguin pour elle.

Londres, 2005

Le lendemain soir, Spike alla frapper à la porte bleue de l'adresse que Giles lui avait fournie. C'était la demeure familiale d'une ancienne observatrice. Ancienne, parce qu'elle était morte dans l'explosion du précédent Conseil des Observateurs.

Le vampire attendait qu'on lui ouvre la porte. C'était lui qui s'était rappelé de l'observatrice en question : il l'avait rencontrée le jour où le Conseil était venu évaluer Buffy en échange d'informations concernant la nature de Gloria. Trois observateurs étaient venus l'interroger pour connaître la nature de ses relations avec la tueuse et ses copains. Une d'entre eux avait semblé en connaître beaucoup sur lui et lui avait avoué avoir écrit une thèse à son sujet. Par logique, elle en avait probablement gardé une copie chez elle, même si toutes les archives du Conseils avaient été perdues dans l'explosion. Giles lui avait donc donné l'adresse, car selon son hypothèse, l'observatrice aurait peut-être des infos au sujet de sa mère à propos de Lucius Malfoy.

- Oui ? demanda un vieil homme qui avait finalement ouvert la porte.

- Vous êtes monsieur Knox, le père de Judith Knox ?

L'homme parut importuné qu'on lui rappelle la mort atroce de sa fille.

- Que voulez-vous ? demanda-t-il, brusquement.

- Je viens de la part du Conseil des Observateurs… Votre fille aurait fait une thèse qu'il nous serait utile de récupérer…

- Cette porte est fermée à tout ce qui concerne le Conseil des Observateurs ! Désolé !

Monsieur Knox allait refermer la porte, très en colère, mais Spike savait bien qu'il ne pourrait rien faire tant qu'il n'aurait pas été invité à entrer.

- Je suis désolé d'insister, mais en réalité, je vous ai menti un peu… Je ne viens pas de la part du Conseil, mais je désire cette thèse pour des informations personnelles… C'est qu'elle me concerne directement et je…

- Vous êtes Spike ?

Les yeux de l'homme semblaient s'être allumés d'un coup, tandis que Spike restait confus devant un changement d'attitude aussi contradictoire à propos de lui. Après tout, il était censé être reconnu pour son côté sadique et terrifiant…

- Entrez tout de suite ! lui lança monsieur Knox, en s'écartant de l'entrée.

Spike s'introduisit dans le hall, incertain.

- Venez, venez ! Je vais vous montrer !

Spike suivit l'homme. Ce dernier grimpa avec difficulté les nombreuses marches menant au deuxième étage. Arrivés en haut, monsieur Knox déverrouilla une porte et alluma l'interrupteur. Spike le suivit à l'intérieur. C'était la chambre de sa fille. Au mur était affichée une vieille photographie de lui, agrandie, à l'époque où il était encore humain.

- Bon sang… s'exclama-t-il, réellement surpris.

- Je sais bien que vous êtes un vampire, mais ma fille faisait une telle obsession à votre sujet… Seigneur ! Toute sa recherche est basée sur votre évolution et je ne vous cache pas la joie qu'elle a eue lorsqu'elle a appris que vous étiez aller récupérer votre âme !

Ainsi donc, elle l'avait su et c'était probablement pour ça que son père l'avait invité à entrer chez lui en toute confiance. Il était soulagé d'apprendre que son âme était la seule tache à sa réputation.

- Vous pouvez fouiller dans son ordinateur : elle doit probablement avoir plusieurs recherches à votre sujet à l'intérieur. Pendant ce temps, je vais aller prendre mon thé avant d'aller dormir.

- Heu… dit Spike à monsieur Knox, qui s'immobilisa dans l'encadrement de la porte. Est-ce que… Judith avait-elle des photographies ou des trucs comme ça… Je pensais à ma mère, en particulier…

- Oh ! Bien sûre ! Regardez dans le classeur et prenez tout ce que vous voulez ! Elle aurait été tellement fière de vous revoir que je suis certain qu'elle vous aurait tout donné !

Spike remercia le vieillard d'un signe de tête et plongea immédiatement dans le classeur. Il découvrit assez rapidement un dossier nommé Photos - William le Sanglant / Spike. Spike l'ouvrit et le parcourut rapidement, étant donné qu'il y en avait très peu. Toutes ces photos semblaient provenir de l'album de sa mère, puisqu'il s'en rappelait plusieurs. Sur certaines, il ne reconnaissait pas les gens, mais l'observatrice avait pris soin d'indiquer l'identité de chacun et la date à l'endos de chacune des photos. Il trouva sa photo de baptême et celle de première communion, qu'il était étonné de revoir. Une autre montrait plusieurs personnes ayant assisté au bal donné en l'honneur d'un des nombreux fils de la reine Victoria. Il y était allé accompagné de sa mère. Il vit aussi une photo de son grand-père qu'il n'avait pas connu, un diplôme de biochimie au nom de son grand-père, le testament de son grand-père et quelques articles de journaux.

- Bon sang… elle doit bien y être…

Spike parcourut à nouveau chacune des photos, en prenant soin de vérifier si l'une d'elles n'était pas collée à une autre. Toujours rien. Le découragement semblait le gagner peu à peu. Il alluma l'ordinateur, qui semblait fonctionner encore malgré toute la poussière qui datait de deux ans. En patientant après le chargement de la machine, il regarda les articles de journaux. La plupart étaient des rubriques nécrologiques des premières victimes qu'il avait faites, dont celle de sa propre mère. Soudain, il tomba sur un article de son grand-père qui expliquait être à la veille de faire une grande découverte grâce à un minéral magnétique.

Spike déplia l'article afin de le parcourir et ce fut à ce moment qu'il vit la photo qu'il cherchait tant. Sous cette dernière, on pouvait lire : Capitaine Lucius Malfoy, responsable du département des sciences et technologies de l'armée britannique, en compagnie d'un chercheur, le professeur Thomas Adams. Le chercheur en question était son grand-père maternel. Plus bas dans l'article, Spike lut : Le corps du scientifique retrouvé par sa fille, Anne, dans la demeure familiale. L'armée fait enquête sur l'assassinat, qui pourrait avoir un lien avec ses recherches.

Département scientifique de l'armée britannique, 1859

- Professeur Adams, je vous présente le Capitaine Malfoy, dit le Colonel Green à un des chercheurs du département des sciences et technologies de l'armée britannique.

Le scientifique leva la tête de son microscope pour effectuer le salut militaire d'usage au nouveau responsable du département.

- Le capitaine s'intéresse beaucoup à vos recherches, professeur.

- C'est vrai ? dit le chercheur, qui semblait être épuisé à force de se creuser les méninges.

- Je vais vous laisser, dit le Colonel, avant de les quitter.

Le professeur fourra ses lunettes dans la poche de son sarrau et se frotta les yeux. Lucius Malfoy l'observait attentivement, cherchant un point faible à exploiter.

- Je voudrais que vous me parliez davantage de vos recherches, professeur, dit Lucius. J'ai lu le dossier de votre demande de soumission avec attention, mais je me pose quelques questions à propos de vos intentions.

- Ho… dit le professeur Adams, se grattant le front. Il n'y a pas grand chose à dire de plus… Je crois avoir trouvé une façon de faire traverser des objets organiques à travers des objets solides… On pourrait peut-être se servir de ce procédé pour prendre des objets dans des trous sans avoir besoin de creuser ! plaisanta le chercheur. Très utile pour les chiens…

Lucius avait envie de rire, tellement la situation lui semblait ironique. Les moldus pouvaient bien être dépourvus de magie, puisqu'ils refusaient catégoriquement d'imaginer qu'ils pouvaient créer quelque chose lui ressemblant, préférant des inventions stupides dotées d'engrenages et de rongeurs courant pour les faire bouger.

- Mais professeur, l'utilité pourrait bien aller au-delà de votre imagination… Ce à quoi je faisais référence était plutôt les motifs qui vous empêchaient d'atteindre votre but.

- Mais les subventions, mon Capitaine, les subventions…

- N'avez-vous donc pas pu créer un prototype qui fonctionne ?

- Si, si… répondit le professeur, plutôt tourmenté, mais… un élément de la formule doit être en plus grande quantité et ce n'est pas possible… non, on ne peut pas faire ça… je dois absolument trouver un substitut et c'est ça qui coûte très cher…

Poudlard, 2005

Tous les élèves de Poudlard étaient réunis pour le festin du soir, chacun à la table de sa maison respective. Draco était assis entre Crabbe et Goyle, ses deux sous-fifres. Il se retourna et jeta un œil en direction de la table des Gryffondors, plus particulièrement vers le trio Potter et compagnie. Il assena alors un coup de coude dans le ventre de Goyle, qui failli s'étouffer avec son pâté.

- Weasley a le béguin pour la sang-de-bourbe ! lui lança-t-il.

- Pourm Hrmomme ? demanda Goyle, la bouche pleine.

- T'es qu'un sale porc ! lui dit Draco, avec une expression de dédain.

- Comment tu sais ça ? lui demanda Pansy, qui avait entendu.

- J'ai vu des photos de Granger dans son agenda avec des poèmes ridicules et des petits cœurs tracés en rouge.

- T'as son agenda ? Montre-nous un peu ! supplia Pansy.

- Je peux avoir les photos pour moi ? demanda Goyle, qui rougissait à vue d'œil.

Draco lui plaqua une claque derrière la tête, assez forte pour que celui-ci eut passé près de piquer du nez dans son assiette.

Des hiboux arrivèrent au-dessus de leur table, certains laissant tomber des paquets ou des lettres de leurs pattes. Draco reçut justement une missive qu'il attrapa avant qu'elle ne tombe dans un plat de salade. Il s'empressa de la décacheter et la lut discrètement.

Pair est à Paul à l'arsal des tribés dans un 1j4 dit haine aime.

Il s'agissait d'un code secret dont seule la famille Malfoy connaissait la clé, langage appris par cœur que son père avait fabriqué pour sa mère et lui.

Pair père

Paul P-au-l Pré-au-lard

arsal arrière salle

tribés 3 B Trois Balais

1j un jour

4 4 heures du matin

haine aime N. M. Narcissa Malfoy

Londres, 2005

Le soleil venait de se coucher. Spike avait enfin pu sortir de la maison du père Knox afin de poursuivre son enquête. Il avait appelé Giles pour lui transmettre les informations qu'il avait apprises et ce dernier lui avait conseillé de s'introduire en douce dans les services secrets de l'armée britannique afin de faire la lumière autour de l'assassinat de son grand-père. Giles espérait qu'ils puissent découvrir ce que Lucius Malfoy était allé trafiquer en 1859 et surtout, s'il avait rapport avec cette mort.

Le vampire avait l'estomac un peu creux. Monsieur Knox avait eu l'amabilité de lui offrir une bonne rasade de sang de porc, mais Spike avait encore un peu faim. Il se contenta de humer l'odeur des humains qui circulaient autour de lui. Soudain, il reconnut une odeur familière. Spike cessa de marcher, prit une inspiration et se laissa guider par son odorat dans la bonne direction.

L'odeur provenait d'une silhouette solitaire sous une cape à capuchon noir qui se dirigeait vers le Chemin de traverse. Spike suivit la silhouette plutôt que de tourner en direction des bases militaires. Connaissant maintenant le moyen d'en ouvrir l'accès, Spike put garder une bonne distance entre lui et celui qu'il traquait. Au moment où la silhouette familière allait monter sur un balais, Spike lui prit l'épaule et la retourna.

- Spike !

- Bonsoir, la rouquine.

Londres, 1859

Lucius frappa à la porte de la demeure bourgeoise du professeur Adams. Ce dernier avait fini par l'inviter chez lui à force d'intérêts majeurs pour ses recherches, démontrés par son supérieur. Lucius était donc arrivé à ses fins : amadouer le scientifique au point d'établir une confiance entre eux.

Une jeune fille vint lui ouvrir chaleureusement et l'invita à le suivre, prenant soin de ranger la cape et le chapeau sur un crochet. Elle semblait très timide et n'osait prononcer un mot, visiblement tourmentée par sa présence, si on pouvait en croire ses rougeurs au visage. Elle vint pour saisir également sa canne, dont elle remarqua le manchon en forme de serpent, mais le capitaine ne semblait pas vouloir s'en séparer. Elle le conduisit à la cuisine. Lucius remarqua qu'il y avait trois couverts. Il n'avait pas prévu cela.

- Capitaine Malfoy ! l'accueillit le professeur. Venez, installez-vous ! Le dîner sera bientôt servi.

Lucius jeta un regard dans la direction de la jeune fille, qui détourna la tête, afin de lui cacher qu'elle le dévisageait depuis son arrivée. Le professeur comprit le questionnement non verbal de son supérieur.

- Ho ! Mais ce que je peux être inconvenant… dit le professeur, honteux. Capitaine, je vous présente Anne, ma fille. Elle dînera avec nous, si vous n'y voyez pas d'inconvénient. Anne adore discuter de mes recherches : elle est au courant de tout et c'est une jeune fille bien discrète !

- Bien entendu, répondit Lucius, souriant hypocritement, avant de s'asseoir.

Pré-au-lard, 2005

En pleine nuit, Draco s'était rendu incognito à Pré-au-lard. Il n'avait pas réussi à dormir, tellement il avait hâte de revoir son père. Il était presque 4h. Draco entra aux Trois Balais par l'arrière, puisqu'il y avait des clients qui se poseraient immanquablement des questions s'ils voyaient un jeune de seize ans, un jour de semaine, dans un bar. La porte arrière était entrouverte. Draco monta à l'étage. C'était sombre, alors il alluma sa baguette.

Dans la salle, il reconnut immédiatement son père, toujours aussi imposant, qui l'attendait. Lucius ferma la porte derrière son fils d'un seul regard. Draco le dévisageait. Il s'attendait à le voir mal en point, comme dans les journaux, mais son père semblait à peine différent, et il était loin d'en être déçu, preuve concrète que son père était aussi fort qu'il le croyait. Lucius fit un semblant de sourire complice à son fils, qui lui renvoya l'expression, sans bouger de sa position, la baguette en l'air.

- Mon fils, je suis fier de toi : je savais que tu viendrais ! Tu-sais-qui a une importante mission pour toi. Si je suis sorti d'Azkaban, c'est pour avoir l'honneur de te la confier. Es-tu prêt à l'accepter et à suivre mes traces ?

- Vous savez bien que oui, père !

- Soit ! Je ne peux te la révéler immédiatement, parce que l'endroit n'est vraiment pas sûr. Mais je vais t'en confier une autre immédiatement.

Draco était très fier. Quoi que serait la mission, il la ferait avec joie, surtout que son père avait besoin de lui et c'était l'occasion de lui prouver qu'il était lui aussi quelqu'un d'important.

- Je veux que tu deviennes un élève exemplaire dans ton cours de Légendes démoniaques et apocalyptiques.

- Quoi ? demanda Draco, déçu et insulté.

- Ho, mais ne sous estime jamais l'apprentissage, mon fils ! Surtout si elle a un but caché.

Le jeune Serpentard soupira de soulagement.

- Tu dois recueillir des informations sur ce professeur Rosenberg à propos de la façon dont elle a tenté de détruire le monde. Tu-sais-qui croit pouvoir la rallier à notre camp grâce aux informations que tu nous rapporteras. C'est une terrible sorcière, Draco.

- Elle ? Mais elle est stupide ! Même les Weasley sont plus « méchants » qu'elle !

- Voilà l'intérêt qu'elle a pour tu-sais-qui : elle n'est pas ce qu'elle paraît être.

Confus, Draco essayait d'imaginer la pire chose que cette sorcière ait pu faire… Faire bouillir trop longtemps son thé ou oublier son balais dans le mauvais placard ?

- Willow Rosenberg a dépecé un moldu. Elle lui a arraché la peau pendant qu'il vivait encore pour se venger de la mort de sa petite amie.

- C'est une lesbienne ? Ha ! ha ! ha ! … Quoi ? Elle a tué quelqu'un ???

- Cette sorcière avait tellement assimilé de magie noire qu'elle a failli détruire le monde il y a à peine deux ans. Même tu-sais-qui aurait eu de la difficulté à faire ce qu'elle a fait. Et c'est aussi la seule sorcière à être redevenue normale après avoir assimilé tous les pouvoirs de la terre.

Draco était très impressionné. Il n'assisterait plus jamais à son cours de la même façon, se voyant même porter le plus grand respect à son professeur.

- Draco, nous n'avons plus beaucoup de temps si tu veux être rentré avant le matin. Je vais retourner me cacher et te contacterai plus tard.

Sur ce, Lucius lança une pièce à son fils et se téléporta, le laissant au milieu de la pièce, complètement chamboulé.

Chemin de traverse, 2005

Spike et Willow se baladaient tout en discutant.

- Comme ça, tu es devenue professeur de magie !

- Depuis que les sorcières de la confrérie m'ont « désintoxiquée » à la magie noire, elles m'ont fait connaître ce monde parallèle que même Giles ne connaissait pas !

- Et tu enseignes quelle discipline ? La cuisine pour sorciers ?

- Idiot ! ne put s'empêcher de rire Willow malgré tout. Légendes démoniaques et apocalyptiques, en fait. Et le plus drôle, c'est que je parle de nous et les élèves n'en savent rien !

- De nous ?

- De la Tueuse, des quatre vampires qui ont semé la terreur en Europe, du Maître, de Gloria, du Conseil des Observateurs…

- Quatre ? Tu veux dire…

- Oui, oui ! Darla, Angel, Drusilla et toi ! C'est certain que les deux vampires avec une âme méritent une petite attention particulière, mais les jeunes montrent beaucoup d'intérêt !

Spike sortit une disquette de la poche de son manteau et la tendit à Willow.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Oh… si ça peut t'être utile… C'est une thèse qui a été faite sur moi par une observatrice qui est morte lors de l'explosion de l'ancien Conseil. Par contre, elle ne contient pas les informations concernant mon âme, mais l'hypothèse que j'aille la récupérer un jour y est. Très intéressant.

- Merci, mais… Que fais-tu avec ça sur toi ?

- C'est une longue histoire…

Willow regarda l'heure. Il allait bientôt faire jour.

- De quoi s'agit-il ?

- Lucius Malfoy. Je crois qu'il a assassiné mon grand-père.

- Ton grand-père… mais Spike ! c'est impossible, chronologiquement parlant !

Spike lui montra une copie de l'article de journal qu'il avait trouvé dans le dossier de Judith Knox. Willow écarquilla les yeux.

- Viens chez moi, tu dois absolument m'expliquer : j'enseigne à son fils.

Londres, 1859

Le repas était terminé depuis un bon moment. Le professeur avait expliqué du mieux qu'il pouvait les objectifs de ses recherches, mais avait toujours évité de répondre à la question détournée de Lucius, à savoir ce qu'était le dernier objet de sa combinaison.

Par contre, la spécialiste de la question semblait bien être sa fille. Depuis le début du repas, elle avait laissé son père expliquer lui-même, mais il lui avait permis de commenter et maintenant, on aurait dit que c'était elle, la véritable spécialiste de cette recherche. Elle avait lu et étudié pratiquement par cœur tout ce que son père avait trouvé. Et à défaut d'avoir pu voir elle-même les expériences en laboratoire, elle avait le talent de les expliquer clairement, facilitant la tâche à Lucius, qui n'y connaissait pratiquement rien en sciences moldues et prétextait préférer vulgariser puisque Anne ne pouvait comprendre autrement.

L'imposteur écoutait la longue conférence d'Anne avec intérêt. Malgré ce qu'il pensait des moldus, il la trouvait fascinante et brillante. Il se dit à ce moment qu'elle aurait pu faire une brillante carrière de sorcellerie. Plutôt jolie, elle ne le laissait pas indifférent. À plusieurs reprises, Lucius oubliait presque qu'elle représentait tout ce que les mangemorts et lui-même détestaient. Lorsqu'il jeta un coup d'œil en direction du chercheur, il eut la stupéfaction de constater qu'il n'était plus là. Anne suivit son regard.

- Mon Dieu ! Père est allé se coucher !

Elle regarda le pendule de la grande horloge et tourna la tête vers Lucius, le rouge lui montant au visage.

- Capitaine, je crois qu'il se fait tard… J'espère ne pas vous avoir trop ennuyé… J'aime tellement parler des recherches de mon père que j'en devient inconvenante. Je vous pris de m'excuser.

- Mais très chère, ce fut captivant ! Et je crois bien que vous avez raison : je dois rentrer.

- Je vous reconduits.

Anne et Lucius se levèrent en même temps. Anne le précéda jusque dans le hall, où elle lui tendit chapeau et cape, tout en jetant un coup d'œil à cette canne énigmatique. Lucius retarda quelque peu le moment de son départ. Il voyait bien qu'elle fuyait son regard et que ses rougeurs de timidité indiquaient un sentiment plus profond à son égard que de la simple courtoisie. Lucius prit sa main délicate et y déposa un baiser, un sourire hypocrite en coin.

- Me permettriez-vous de vous revoir, Mademoiselle Adams ?

- Oui, bien sûre… répondit Anne, timidement.

Lucius sortit alors, satisfait. Il allait se servir d'elle.

Poudlard, 2005

D'un pas assuré, Draco se rendait à la bibliothèque en fin de soirée. Depuis plusieurs jours, il entendait des rumeurs concernant son père. On disait que quelqu'un devait avoir aidé Lucius à s'échapper, tandis que d'autres disaient qu'il en était bien capable tout seul. Les élèves le regardaient avec respect et Draco voyait la peur dans leurs yeux lorsqu'on le croisait. Il adorait ce sentiment de pouvoir. Lorsqu'on se demandait si Lucius était devenu fou, Draco souriait pour lui-même : son père était trop fort mentalement pour ça.

En ouvrant la porte, le fils Malfoy aperçut le trio non loin d'un rayon de la bibliothèque. Ils semblaient chercher quelque chose.

- Tu es certain que c'est ici que tu l'as perdu, Ron ? demanda Hermione, qui cherchait parmi les livres.

- Regarde encore dans ton sac, je vais demander à d'autres s'ils ont vu ton agenda, dit Harry.

- Il faut toujours que tu perdes tes affaires… répéta Hermione, exaspérée.

- Je ne perds pas TOUJOURS mes affaires ! s'écria Ron.

- Chut ! fit Madame Pince, la bibliothécaire.

Ron se tut, très en colère, tandis que Harry s'éloigna vers les tables de travail pour interroger les autres. Draco se marrait.

- T'as regardé dans les poubelles ? lui suggéra Draco. Il y en a une à ton nom…

Ron serra les poings, tandis qu'Hermione lui suggéra de l'ignorer.

- Il a peut-être raison, Ron, se ravisa-t-elle. Peut-être que quelqu'un l'a jeté…

- De toute façon, qu'est-ce qu'il peut bien y avoir d'important dans ton agenda ? ajouta Draco. Des restants de nourriture ?

- C'est vrai, Ron, tu n'as qu'à en acheter un autre. Si tu veux, je peux te prêter l'argent et…

- J'avais des choses… personnelles dans mon agenda ! s'opposa plus fortement Ron, qui rougissait.

- Monsieur Weasley, c'est la dernière fois que je vous avertis ! chuchota plus fort Madame Pince, faisant se retourner quelques élèves assis à la table la plus proche.

Draco se retint pour ne pas trop le provoquer : il avait besoin d'Hermione. Il commença à chercher des ouvrages pour la recherche du cours de Rosenberg, tout en observant la suite de la chasse à l'agenda. Harry revint et chuchota quelque chose à Ron. Draco les vit faire signe à Hermione qu'ils partaient, alors celle-ci retourna à sa table de travail, où elle avait laissé ses affaires en plan. Lorsque l'élu et son sous-fifre eurent quitté la bibliothèque, Draco prit son courage à deux mains et se dirigea vers Hermione, qui était déjà plongée corps et âme dans ses devoirs. Il s'assit devant elle en ouvrant ses cahiers qu'il étala sur la table.

- Malfoy, qu'est-ce que tu fiches là ?

- Je suis venu travailler, tu vois !

- Oui, je suis pas aveugle, mais pourquoi ici ?

- J'ai pensé qu'on pourrait s'entraider pour le cours de Rosenberg.

- S'entraider ? Tu veux rire !

- Non, j'ai bien envie de te donner un coup de main, si tu as besoin d'aide. Et si tu es gentille, je pourrais peut-être penser à l'éventuelle possibilité de réfléchir à probablement me placer en équipe avec toi pour le cours.

Hermione laissa tomber sa bouteille d'encre sur son devoir.

Base militaire de l'armée britannique, 2005

Willow connaissait maintenant toute l'histoire. Par une petite recherche informatique, elle avait trouvé pour Spike les plans de la base militaire de Londres. Ainsi, il savait maintenant où se rendre exactement pour trouver la pièce qui pouvait renfermer les secrets qu'il désirait découvrir. Son enquête pouvait avoir de l'importance pour toute la communauté des sorciers, mais elle en avait aussi surtout pour lui. Lucius Malfoy était peut-être l'assassin de son grand-père. Son grand-père avait peut-être découvert quelque chose d'important.

Spike vit le garde à l'entrée. Il se dissimula derrière un tank. Lorsque le gardien commença sa tournée des bâtiments extérieurs, le vampire sauta sur le capot du tank, prit son élan et sauta à nouveau, s'agrippant des deux mains aux rebords du toit. Grâce son agilité, d'un simple élan, il retomba sur le toit sans faire aucun bruit. Spike sortit la carte de sa poche. Le trou d'aération qui correspondait à la salle des archives était le troisième à partir de la gauche du bâtiment. Spike l'ouvrit et y descendit. Il longea un moment le tuyau pour enfin arriver vis-à-vis la pièce en question. Il descendit sans faire de bruit.

Des postes informatiques se trouvaient au centre. Quant aux classeurs, ils longeaient deux des quatre murs. Malheureusement pour lui, il devait fouiller les classeurs. Comme les archives qu'il désirait trouver dataient de 1859, il n'avait pas été nécessaire de les répertorier par informatique. Évidemment, ça aurait été trop facile pour Willow, qui piratait des sites gouvernementaux depuis l'âge de dix ans, comme d'autres se faisaient des sandwichs.

Le vampire commença par lire les étiquettes qui figuraient sur les tiroir. Au moins, l'ordre alphabétique pouvait l'aider. Il ouvrit le tiroir A et en retira le dossier Adams, Thomas, qu'il déposa dans un sac-à-dos de l'armée qu'il décida de voler. Ensuite, il chercha dans le tiroir M et en retira un dossier très mince Malfoy, Lucius. Ensuite, il sortit par le même chemin.

Au Conseil des Observateurs, tous étaient couchés. Spike se rendit dans sa chambre de fortune que Giles lui avait offerte et commença à parcourir les dossiers. Dans celui à propos de son grand-père, il lut les différents articles de journaux parlant de sa dernière recherche en cours. Il parcourut son dossier militaire : toujours rien de particulier, sauf une certaine fierté de connaître un peu plus cet homme auquel sa mère avait fait l'éloge lorsqu'il était tout jeune, sans jamais mentionner les détails de sa carrière, douloureux souvenir pour elle. Jamais sa mère n'avait parlé de l'assassinat de son grand-père. Il découvrit maintenant pourquoi en lisant les rapports de Scotland Yard, la police de l'époque : …Le corps du professeur avait été vidé de son sang… Anne Adams, la fille de la victime, a découvert elle-même le corps de son père. Confuse, elle était incapable de dire si elle avait vu ou non l'assassin. Tout porte à croire qu'elle connaît son identité, mais son traumatisme l'empêche de parler…

Le second dossier ne contenait rien d'autre qu'une lettre de transfert de la milice navale à l'armée de terre, dans le département scientifique. Il y avait cependant une note manuscrite à l'endos de la fiche cartonnée. Dossier militaire jamais trouvé. Aucun témoin de la milice navale ne reconnaît la photo. A disparu après le meurtre du professeur Thomas Adams. Enquête fermée, et dossier clos, faute de preuves, en ce vingt-sixième jour d'octobre 1859.

Londres, 1859

Lucius se baladait dans un parc, Anne à son bras. Après avoir longuement insisté, la jeune fille avait finalement accepté d'accompagner le capitaine pour une petite balade. Par soucis des convenances, Anne avait attendu la permission de son père. Le professeur, se faisant vieux, voyait d'un bon œil cette idylle amoureuse. Sa fille pourrait épouser un bon parti, lui qui avait trop peu de temps à consacrer à une vie sociale éventuelle où il aurait pu lui trouver un mari. Le capitaine avait respecté la tradition et lui avait donc demandé s'il pouvait fréquenter sa fille et il avait accepté sans réticence, pouvant maintenant dormir en paix.

- Avez-vous froid ? lui demanda-t-il, la voyant frissonner.

- Non, ça va… Continuons.

Anne avait très froid. Mais pour rien au monde elle ne voulait écourter cette balade. La première balade qu'elle avait faite au bras d'un homme. Lucius s'était bien rendu compte de cela.

- Venez, entrons dans cette gare, lui dit-il.

Il n'y avait plus de train à cette heure. La gare était vide : ils étaient donc seuls, à l'abris des regards. Lucius dénoua sa cape et la posa sur les épaules d'Anne. Par ce geste, ses mains étaient tout près du visage de la jeune fille. Anne ferma les yeux. Elle sentait son souffle tout près de son front. Lucius sourit. Il se pencha sur elle et toucha ses lèvres des siennes. Anne ouvrit les yeux de surprise et recula.

- Je vous demande pardon, s'empressa Lucius de dire. Je… Vous êtes si belle et délicieuse que…

Lucius attendait un signe de la jeune fille. Il ne comprenait pas pourquoi elle s'était éloignée. Qu'attendait-elle de lui ? Elle gardait la tête baissée, visiblement morte de honte. Cette chaste jeune fille semblait croire au grand amour. Lucius sur alors ce qu'il devait faire. Il se rapprocha d'elle humblement et posa un genou à terre.

- Anne, voulez-vous m'épouser ?

Poudlard, 2005

La bibliothèque allait fermer dans deux heures pour le couvre-feu. Hermione argumentait toute seule depuis un bon moment : Draco l'ignorait totalement, bossant sans relâche sur ses travaux. Pendant qu'Hermione parlait, Draco ajoutait quelques monosyllabes comme s'il l'écoutait réellement, mais aussitôt qu'il complétait des informations sur une feuille, il la passait à Hermione. Celle-ci parlant toujours, corrigeait machinalement les réponses. De temps à autres, Draco lui coupait la parole pour lui poser des questions scolaires auxquelles elle répondait également et reprenait le cours de son monologue.

Draco venait de terminer l'ébauche d'un plan de travail de recherche sur les vampires. Il en donna une copie à Hermione. Celle-ci prit la feuille et se tut soudainement.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? lui demanda-t-elle.

- Le plan de notre travail sur les vampires, répondit-il, avant de s'avancer sur sa chaise, en pointant des sections. … Cette partie, je peux la faire facilement. Là, tu pourrais chercher dans le bouquin que tu as emprunté, comme tu as dit et…

- Quoi ? Tu as dit NOTRE travail ?

- Depuis une bonne demi-heure qu'on bosse tous les deux dessus… J'espère bien qu'il est à personne d'autre !

Hermione resta bouche bée. Draco souriait de façon arrogante. Elle se demanda si c'était son sourire sincère ou son sourire hypocrite. Peu importait : il désirait réellement travailler AVEC elle et non qu'elle travaille POUR lui. Elle n'était pas dupe, mais la curiosité l'emporta.

- Tu vas lire ce bouquin et celui-ci pour répondre à ces trois parties, lui dit-elle, en guise de réponse. Oh ! Tu sais comment faire une conclusion, n'est-ce pas ?

Poudlard, 2005

Spike s'était réveillé très tôt ce soir-là : le soleil venait à peine de se coucher. Willow l'avait invité à se rendre à Poudlard pour faire quelques recherches à la bibliothèque. Elle lui avait demandé de faire vite, sachant qu'ils auraient peu de temps avant la fermeture s'ils ne voulaient pas être interrogés. Spike entra dans l'école de sorcellerie sans trop se faire remarquer, car Willow avait prévenu Dumbledore qu'un vampire particulier lui rendrait visite. Et il avait, bien sûr, accepté avec plaisir que sa nouvelle enseignante reçoive de la visite, d'autant plus qu'elle avait entretenu le directeur de l'objet de leur recherche. En fait, elle était tout d'abord allée lui demander son aide et c'était lui qui lui avait suggéré de chercher du côté de la bibliothèque, dans les archives de journaux.

- Salut, Spike ! Viens, je t'attendais.

Spike prit la main que Willow lui tendait et se laissa guider à travers les nombreux escaliers qui changeaient de place sans avertissement. Il était fort impressionné par cet univers de magie enchanteresse, lui qui avait l'habitude de vivre dans les ténèbres depuis tellement longtemps.

Willow poussa la grande porte de la bibliothèque et y invita Spike, laissant sa main. Spike écarquilla les yeux à la vue d'autant de livres.

- Ne montre jamais cet endroit à Rupert : on ne le reverrait jamais.

- Viens, c'est par là, dit Willow, riant de l'allusion.

Londres, 1859

Lucius attendait tout près de la fenêtre des Adams. Il était allé reconduire Anne et celle-ci avait immédiatement annoncé la bonne nouvelle à son père, qui voulait fêter l'événement. Monsieur Adams avait ouvert une bouteille pour l'occasion. Lucius en avait bu un verre, fêtant sa probable victoire qui approchait, car juste avant d'arriver à la maison, il avait réussi à convaincre Anne de le faire monter en douce à sa chambre lorsque son père serait couché. Il avait donc réussi à faire sortir la vilaine fille en elle, en lui assurant que tous les couples fiancés se « voyaient » bien avant le mariage, afin de vérifier s'ils ne font pas d'erreur, mais que personne n'en parlait. Naïve et amoureuse, Anne avait cru cet homme respectable sur parole.

Ainsi, il attendait qu'elle le fasse monter, ce qui fut assez rapide. Il escalada la fenêtre avec agilité. Anne riait de nervosité. Lucius l'embrassa et cette fois, peut-être à cause de l'alcool qui lui était monté à la tête, Anne s'accrochait désespérément à ses lèvres.

Les vêtements arrachés, ils plongèrent dans le lit et Lucius déflora la jeune fille, qui le prenait pour le prince charmant. Après leur courte épopée, elle semblait sur le point de s'endormir, rêveuse. Lucius profita de ce moment. Il prit sa délicate main dans la sienne et y déposa un baiser. Anne le regarda dans les yeux, prête à lui offrir le monde, des rêves plein la tête.

- Ma belle, je sais que ce n'est peut-être pas le moment, mais j'aimerais te demander quelque chose d'important.

Anne lui sourit, attendant la demande de l'homme qu'elle allait épouser.

- Tout ce que tu voudras, amour, lui dit-elle.

- Mon cœur, je voudrais montrer ma reconnaissance à ton père le plus rapidement possible et j'ai pensé lui faire une petite surprise… Je voudrais réaliser un prototype de sa formule pour qu'il obtienne une subvention : je crois qu'il le mérite bien. Cependant, je dois connaître le facteur manquant, si on peut dire ça comme ça…

Anne se redressa dans le lit, voyant bien que son fiancé n'aurait jamais demandé cela s'il avait su de quoi il s'agissait.

- Je crois que ce ne sera pas possible dans l'immédiat pour toi de trouver un substitut à… ce qui manque, amour.

- Oh, poussin, mais tu sais, je suis fortuné et je pourrais facilement trouver l'objet rare en quantité suffisante… si tu me dis de quoi il s'agit, bien entendu.

Anne hésita un long moment à le lui dire. Elle ne savait pourquoi, mais son instinct lui dictait de ne pas révéler ce secret. Lucius se fit plus affectueux et finalement, elle céda.

- … Il s'agit de son propre sang… un groupe sanguin très rare dont je n'ai même pas hérité… Pour avoir une quantité suffisante, ça le tuerait.

Poudlard, 2005

Ron revint à la bibliothèque. Il voulait inviter Hermione au bal d'Halloween et Harry l'avait convaincu de le faire avant qu'elle n'accepte d'accompagner quelqu'un d'autre en attendant qu'il se décide. Il se dirigea droit vers la table de travail d'Hermione, mais s'arrêta net lorsqu'il vit Malfoy en train de travailler avec elle, comme s'ils étaient copains depuis toujours.

- Qu'est-ce qui se passe, Weasley, tu as vu une araignée ? rigola Draco.

Le rouquin se retint pour ne pas éclater et s'écarter de son sujet principal. Il préférait qu'Hermione le chasse d'elle-même avant qu'il ne s'effondre par terre : faire son invitation devant Malfoy serait la pire humiliation de sa vie.

- Ron, si c'est encore pour me demander si j'ai vu ton agenda, la réponse est toujours non. Et je te le répète, vas t'en acheter un autre !

- Je peux pas, Hermione, j'ai des choses personnelles dedans…

Ron regarda Draco, qui avait le fou-rire.

- Mais qu'est-ce que tu avais de si important là-dedans pour le vouloir à tout prix ? demanda encore Hermione, qui ignorait totalement le comportement de Draco.

Ron n'y comprenait plus rien. Comment Hermione pouvait-elle laisser Malfoy se moquer de lui comme ça ?

- Il a sûrement un petit poème ou deux sur toi, Granger ! répondit Draco, se tapant sur les cuisses.

Le rouge montait aux joues de Ron, tandis qu'Hermione le regardait, exaspérée.

- Tes cheveux couleur de miel illuminent mon ciel, dans tes yeux le soleil provoque en moi des étincelles, cita Draco.

Hermione trouvait ces vers tellement nuls qu'elle crut que Draco les avait inventés sur le champ. Par contre, elle dut retenir Ron à deux mains lorsque ce dernier leva son poing, allant le balancer au visage de Malfoy.

Draco se leva, prit ses affaires et tourna les talons, continuant toujours de rire. En contournant un rayon de livres, il bouscula quelqu'un sur son chemin qui, contrairement à d'habitude, ne lui céda pas le passage. Il leva les yeux et se trouva face à face avec Spike. Pendant une fraction de seconde, il sentit quelque chose de bizarre qui le fit cesser de rire. Il contourna l'inconnu, tout en continuant de le dévisager, et sortit de la bibliothèque.

Spike ne bougea pas d'un centimètre. Il observait ce jeune blondinet avec attention, le dévisageant lui aussi. Il sentait quelque chose de particulier.

- C'est son fils, chuchota Willow. Draco Malfoy, le fils de Lucius.

- C'est donc pour ça que j'ai instinctivement envie de le mordre ? ironisa Spike. Petit arrogant !

Willow attira l'attention du vampire sur les articles de La gazette du sorcier de octobre 1987. On y parlait de ce dont Dumbledore lui avait raconté plus tôt dans la journée : Lucius Malfoy a été accusé d'avoir volé une des seules montres à remonter le temps, dont le directeur avait un exemplaire.

- Mais… c'est Severus Rogue qui l'a dénoncé ? s'exclama Willow, fort surprise de sa lecture.

- Qui c'est ?

- Un professeur qui a avoué avoir été un mangemort à cette époque… Je ne comprends pas… Bref, d'après ce qui est écrit dans cet article-ci, Lucius Malfoy a bel et bien été accusé avoir remonté le temps jusqu'en septembre 1859. Il se serait infiltré dans l'armée moldue, au département des sciences et technologies, comme nous le savions déjà… continua Willow.

- Oh, mais ça c'est nouveau, regarde, dit Spike. … Il a été jugé par le ministère, mais disculpé faute de preuve d'effraction… le cours de l'histoire des moldus n'a en rien été modifiée et rien de moldu n'a été découvert chez lui… Narcissa Malfoy affirme qu'elle est étonnée de voir que son mari s'intéresse à la culture des moldus sans se servir de magie lors de son séjour… Lucius Malfoy affirme qu'il désirait retrouver un objet de valeur, cadeau de la reine Victoria, ayant été donné à sa famille à cette époque, mais qui a été volé… et qu'il n'était retourné dans le passé que pour savoir dans quelle main le joyau était rendu pour le retrouver dans le présent…

- J'ai trouvé une autre information pertinente dans cet article-ci, dit Willow. … Malfoy répond à l'accusation du meurtre d'un moldu de l'époque, qui n'était pas supposée survenir : « Je ne l'ai pas tué. Sa fille l'a probablement fait et je n'ai rien à voir là-dedans. » déclare-t-il à la presse. … Le moldu n'avait plus une goûte de sang dans le corps… « Il y avait des vampires à cette époque. C'est probablement pour ça que le corps du moldu a été vidé de son sang, parce que Lucius n'en avait pas chez lui. Que voulez-vous qu'il fasse avec du sang de moldu ? » déclara Augustus Rookwood… N'ayant aucune preuve du contraire, le juge de l'affaire disculpe Malfoy, sous prétexte que des sorciers ont déjà utilisé le voyage dans le temps sans jamais provoquer d'effet papillon…

Spike arracha violemment le journal des mains de Willow. Il avait envie de passer sa rage en le déchirant, mais se contrôla à temps.

- Dumbledore m'a aussi parlé qu'on l'a accusé d'avoir été un mangemort après que Voldemort ait commencé son holocauste, mais qu'il n'y avait aucune preuve avant son arrestation, il y a deux ans… Spike, j'ai bien peur que son accusation d'être un mangemort a étouffé l'affaire de l'assassinat de ton grand-père…

Londres, 1859

Lucius s'était habillé à une vitesse incroyable. Anne n'avait même pas eu le temps de réaliser ce qui se passait. Elle avait vu son regard changer au point de ne plus la voir ni l'entendre. Il prenait maintenant son inséparable canne à manche de serpent.

- Amour, non, ne fait pas ça ! lui cria-t-elle, enroulant sa couverture autour de son corps nu.

Lucius traversa le corridor et défonça la porte de la chambre du professeur Adams d'un coup de pied. L'homme se redressa dans son lit, son cœur battant à tout rompre en voyant son capitaine s'avancer vers lui à pas de géants, le feu dans les yeux. Lucius retira le manche de serpent de sa canne et révéla un assez long poignard, tandis que le bâton tomba par terre, se transformant en serpent. Anne criait derrière lui. L'imposteur empoigna les cheveux de sa victime dans une main afin de lui tenir la tête et, d'un coup sec, lui trancha la gorge. Le sang coula directement au-dessus de la gueule du serpent, grande ouverte, qui avala presque tout.

Lorsqu'il eut terminé sa besogne, Lucius s'empara du serpent, rangea le poignard dans sa gueule et retrouva sa canne originelle. Il sortit ensuite ce qui semblait être une montre et actionna un mécanisme qui le fit ensuite disparaître. Anne se précipita sur le corps de son père en hurlant.