Prologue de Un seul acte peut changer une vie

Le soleil brillait haut dans le ciel lorsque James et Lily traversèrent le parc de ce qui fut autrefois leur école. Poudlard se dressait fièrement devant eux, leur offrant comme à chaque fois, cette impression d'invincibilité.

Lily sourit. Voilà longtemps qu'elle n'était pas venue ici. Trois ans, pensa-t-elle avec nostalgie, en caressant son ventre qui commençait à s'arrondir. Comme chaque fois qu'elle pensait à son bébé, elle se sentait pleine d'amour et de joie. Après un mariage, un enfant viendrait pour prouver l'amour qu'elle et James se portaient depuis de nombreuses années.

Bien vite, ils arrivèrent devant le Hall d'entrée et la jeune femme perdit son sourire en apercevant la mine grave du professeur Dumbledore. Ils s'étaient vus une semaine plutôt, lors d'une réunion de l'Ordre du Phénix, organisation secrète qui luttait contre le Seigneur des Ténèbres et le directeur de l'école, lui avait alors paru joyeux.

Venir ici et l'expression de gravité de Dumbledore angoissèrent Lily.

— Ah ! lança-t-il d'un sourire un peu amer. Tu es toujours aussi magnifique Lily ! La grossesse te va à ravir !

La jeune femme tenta de sourire mais en fut incapable. Par chance, James ne s'en rendit pas compte. Elle ne voulait pas lui dire à quel point elle avait peur.. Car ce n'était pas bon pour le bébé !

— Vous vouliez nous voir Monsieur ? s'enquit James en jetant un regard autour d'eux, mais il n'y avait personne.

Les élèves devaient être en cours vu l'heure qu'il était.

— Effectivement, approuva-t-il en reprenant cette expression grave. Allons dans mon bureau. Nous serons installés plus confortablement.

Lily hocha la tête, incapable de parler. Elle prit la main de son mari et la serra fort, comme pour se donner du courage. Son angoisse croissait à mesure qu'ils approchaient des appartements du directeur.

— Sorbet citron ! lança-t-il à la gargouille qui gardait l'entrée de son bureau.

Le silence du couloir fut rompu par le bruit que faisait la gargouille en tournant sur elle-même, alors que sous leurs yeux, des escaliers prenaient forme. Lily apprécia de ne plus marcher. Elle approchait des sept mois de grossesse, et son ventre proéminent lui donnait beaucoup de maux de dos.

— Installez-vous là, dit Dumbledore en faisant apparaître trois poufs.

La jeune femme soupira en sentant le fauteuil se fondre à la moulure de son corps. Pendant que le directeur faisait apparaître du thé, elle jeta un coup d'oeil à son mari et remarqua qu'il avait les sourcils froncés, signe qu'il réfléchissait à la situation.

— Professeur.., commença-t-elle d'une voix tremblante, incapable d'attendre plus longtemps. Pourquoi sommes-nous là ?

Il y eut un silence pendant lequel Dumbledore plongea ses yeux bleus dans le siens. Et pour la première fois, elle y lut une profonde tristesse qui la déstabilisa.

— J'aurais tellement aimé vous faire venir pour vous donnez de bonnes nouvelles.., soupira-t-il. Mais nous savons trois qu'il s'agit de quelque chose de plus important.

— C'est le bébé ! devina Lily.

Dumbledore ne répondit pas, hochant simplement la tête. La jeune femme sentit son coeur se serrait alors que son mari entourait ses épaules d'un geste protecteur.

— Dîtes-nous, exigea-t-il d'une voix blanche.

— Bien.. Mais ne m'interrompez sous aucun prétexte, d'accord ? déclara-t-il.

Lily hocha la tête alors qu'à ses côtés, James soufflait un imperceptible ' oui '.

— Il y a une semaine, annonça Dumbledore d'une voix douce, les traits tirés. Le professeur Trelawney a annoncé une prophétie, dont j'ai été témoin. Cette prophétie est la suivante: Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche... il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois... et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal, mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore... et l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun ne peut vivre tant que l'autre survit... celui qui détient le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres sera né lorsque mourra le septième mois ...

Lily crut que son monde allait s'écrouler. Cette prophétie parlait de son bébé, elle le sentait au plus profond d'elle. D'un geste protecteur, elle entoura son ventre, laissant libre cours à sa tristesse.

— Qui dit qu'il s'agit de notre bébé ? demanda James. Il ne sera pas le seul à naître à la fin du septième mois !

— Nous sommes les seuls à l'avoir par trois fois défié ? souffla Lily.

— Non, dit Dumbledore. Il se peut que les Londubat soient aussi concernés par la prophétie. Leur fils doit également naître à la fin du septième mois.

— Mais enfin professeur, c'est ridicule ! s'exclama James. Un enfant ne peut pas tuer un mage noir tel que le Seigneur des Ténèbres ! Nous même en sommes incapables !

— Je comprends votre désarroi, ajouta le directeur d'une voix douce. Mais vous savez comme moi que les prophéties sont souvent réalisables.

— Non ! trancha James. Ce n'est pas de notre bébé dont il s'agit ! Je refuse de croire les dires d'une voyante qui ne sait même pas ce qu'elle fait !

Mais Lily savait que James était tout aussi dérouté. Il était vrai qu'ils avaient par trois fois défiés le Seigneur des Ténèbres, tout comme Sirius, Peter et même Remus. Et les Londubat ! Ils étaient les meilleurs Auror de leur génération, personne n'oserait s'en prendre à eux ! Encore moins pour un enfant !

Ce n'était qu'un cauchemar ! Elle allait se réveiller, chez elle, dans leur petit appartement du Chemin de Traverse qui ne contenait qu'une seule chambre, ce qui n'était pas du tout idéale pour la naissance d'un enfant. Sirius viendrait les voir, comme il le faisait toujours, en compagnie de sa nouvelle petite amie, une jeune femme répondant au nom de Heïlen que Lily avait trouvé très jolie. Peter et Remus se joindraient à eux pour la soirée et ils parleraient, encore et toujours de leur scolarité, comme les jeunes adultes qu'ils étaient.

— James.., souffla Dumbledore. J'ai cherché une autre solution, je te l'assure, mais je n'ai rien trouvé. La prophétie est la seule chose à laquelle on peut s'accrocher pour le moment. Ton enfant n'est pas encore né et je comprends que cela te bouleverse mais la vie est ainsi.

— Je refuse de mêler mon enfant à tout ça ! insista son mari. Il vivra dans le monde moldu s'il le faut ! Mais mon bébé n'est pas l'enfant de la prophétie ! Hors de question !

— Professeur.., souffla Lily, les larmes aux yeux. Si notre bébé est vraiment.. l'enfant de la prophétie, que devons-nous faire ?

— Lily ! s'exclama James en se tournant vers elle. Je refuse que tu crois les dires de Trelawney ! Ce n'est pas de notre bébé dont il s'agit, tu m'entends ?

— Je ne veux prendre aucun risque ! répliqua-t-elle d'une voix tremblante. C'est mon devoir de mère de le faire ! Alors professeur ?

James soupira mais n'ajouta pas le moindre mot. Il savait que sa femme obtiendrait ce qu'elle voulait, tôt ou tard. Et au fond, même s'il disait ne pas croire cette folle, lui aussi voulait protéger son enfant à naître. Le fils qu'il voyait dans ses rêves.

— Le mieux serait que vous vous installiez dans le manoir des Potter.., déclara Dumbledore. Je sais que cela vous rappelle de mauvais souvenirs et je m'en excuse, mais c'est le seul endroit que nous pouvons protéger avec la magie. Ne parlez à personne de cette prophétie car.. j'ai bien peur qu'il y est un traître parmi nous.

— Quoi ? s'exclama James alors que Lily sursautait de surprise. Mais.. mais vous êtes sûr ?

— Pas totalement, avoua le directeur, lèvres pincées. Ce ne sont que des suppositions d'un vieil homme mais ne prenons pas de risque, comme l'a judicieusement souligné Lily. Je ferais des recherches pour trouver un sort assez puissant qui protégera le manoir. Lily, le mieux serait que tu accouches chez toi.

— Ce n'est pas possible, souffla-t-elle. Les accouchements à domiciles sont punis par la Justice Magique !

— Je sais mais je ferais appel à une vieille amie qui travaille à Ste Mangouste, la rassura Dumbledore. Elle s'occupera des papiers nécessaires. Nous ferons passé ça pour quelque chose d'important. Nous trouverons une solution.

— Alice devra-t-elle faire la même chose ? s'enquit Lily.

— J'ai déjà avouer la vérité aux Londubat. Comme vous, ils veulent protéger leur fils. Ils vont retournés vivre chez Augusta le temps qu'il faudra. Et oui, elle aussi accouchera chez elle.

La jeune femme hocha la tête. Son coeur battait encore très vite et ses mains étaient moites. Pourquoi ? Cette phrase revenait sans cesse dans sa tête. Pourquoi eux ? Certes, ils n'étaient pas encore sûr que ce soit eux qui soient concernés, mais son instinct de mère lui disait que si. Les larmes lui montèrent aux yeux alors qu'elle réalisait peu à peu le danger auquel son bébé était exposé.

— James.., sanglota-t-elle. Je veux qu'on rentre à la maison..

— Tout ce que tu voudras mon coeur.., souffla-t-il contre ses cheveux alors qu'elle s'accrochait à lui de toutes ses forces. Professeur nous allons partir.

- Reposez-vous, leur conseilla-t-il. Je sais que cette nouvelle a été un choc pour vous mais sachez que je vous aiderai de mon mieux. Nous combattrons, je vous en fais la promesse !

James le remercia une dernière fois et ils quittèrent Poudlard, le coeur lourd. Le destin venait de se mettre en marche.