Eh oui, vous ne rêvez pas ! J'ai encore réussi à coincer ma chère Bérénice qui nous à donc pondu Priapismus 3 : 24 ans après... Bon, mais maintenant, c'est la der des der, hein ! Y'en n'aura plus d'autres (lol), vous comprendrez avec l'épilogue.
Et encore merci pour toutes les reviews des non-inscrits par avance !
Bonne lecture !
Partie 1
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Harry soupira : l'après-midi se promettait d'être long… Il prit la première feuille sur la pile que lui avait apportée sa secrétaire et commença la lecture. Ainsi qu'il l'avait prévu, le temps s'étira très lentement, heureusement pour lui, son bras droit vint en interrompre le cours en lui signifiant qu'une nouvelle information concernant l'affaire des potions frelatées ouvrait la voie vers un nouveau développement.
Le jeune Directeur des aurors, trop heureux d'échapper à sa corvée quotidienne, se hâta de se rendre à la salle de réunion pour examiner les preuves. Celle-ci ressemblait un peu à ce qui se faisait chez les Moldus, d'ailleurs, depuis la fin de la guerre, 22 ans plus tôt, « l'artisanat » Moldus avait envahi le monde sorcier. Sous l'égide d'Arthur Weasley, nommé Directeur des relations avec les Moldus, de nombreuses inventions non-sorcières y avaient trouvées leurs places. L'électricité tout d'abord, puis la radio, la télévision, le téléphone portable, l'ordinateur et bien d'autres choses encore avaient révolutionnées le monde clos et préservé des sorciers. Les gouvernements Moldus avaient activement participé à l'introduction de ces nouvelles technologies chez leurs voisins car ils pensaient, avec raison, que l'ignorance engendre la peur et qu'il était donc préférable pour eux, après l'expérience Voldemort, de partager leur mode de vie avec ce monde à part que constituait les sorciers. D'ailleurs, pour que les plus jeunes soient baignés dans cet esprit, le cours de « Connaissance du monde Moldu » était devenu obligatoire dès la première année.
Le directeur Potter n'avait pas du tout le même style que son prédécesseur, Arnoulf Prescott, homme méritant s'il en était, mais se considérant comme au dessus de la mêlée. Nommé le plus jeune directeur à cette place depuis la création de cette section d'élite de la sécurité sorcière, l'ancien Gryffondor ne voulait pas se retrouver coupé de sa base et tenait à garder un contact avec ses subordonnés, aussi prenait-il personnellement en charge les affaires les plus importantes qui échouaient entre leurs mains. Evidemment, cela avait pour corollaire de faire s'accumuler les tâches administratives qui lui incombaient. Au début, il avait du jongler avec ça et croulait sous la paperasse, avant de prendre la décision de s'adjoindre un bras droit en la personne de Jonathan Price, ancien Serdaigle qui avait raté ses examens d'aurors à cause des branches pratiques mais avait très brillamment réussit celles théoriques… Leur binôme fonctionnait à merveille et permettait à Harry de délaisser son bureau pour le terrain.
Il avait toujours été un homme d'action et ce n'était pas à 40 ans que ça allait changer, même si les mages noirs étaient quasiment inexistants à présent, les activités des aurors avaient un peu changé, se rapprochant de la police criminelle Moldue.
Depuis qu'il avait épousé Ginny, juste après avoir été diplômé de l'école des aurors, sa vie avait pris une tournure plus tranquille malgré les missions parfois périlleuses. Il était l'heureux papa de trois enfants en pleine santé dont les deux ainés, James et Albus avaient intégrés Poudlard, le premier à Gryffondor et le second à Serpentard, au grand dam de sa belle-famille. La cadette, Lilly, devrait attendre encore un an avant de les suivre et s'impatientait. Sa femme avait fait une courte carrière en tant que poursuiveuse chez les Harpies avant d'entrer comme chroniqueuse sportive au Chicaneur à la naissance de son deuxième garçon. Elle avait été soulagée de le voir accéder à ce poste car elle espérait qu'il se calmât un peu et lui consacrât un peu plus de temps, mais ce fut le contraire qui survînt.
C'est un Harry souriant qui poussa la porte de la salle en lançant un tonitruant « bonjour ! ». Les hommes et femmes présents lui répondirent chaleureusement car tous appréciaient cet homme simple et direct. Sa nomination avait bien fait grincer les dents de quelques vieux barbons qui aspiraient à prendre la place, mais rien de bien méchant : qui mieux que l'Elu pouvait occuper cette position ?
- Alors, quoi de neuf ?
L'agent Stephen Perks lui tendit un parchemin qu'il parcouru rapidement avant de le relire plus attentivement. Il s'agissait d'une dénonciation anonyme concernant les ateliers de potions Malefoy. Le corbeau impliquait directement le directeur-chercheur Drago Malefoy dans les magouilles visant à écouler des stocks de potions impropres à l'utilisation qui étaient revendues via un circuit parallèle. La lettre semblait bien documentée et donnait de nombreuses précisions, peut-être s'agissait-il d'un ancien employé qui désirait se venger ? Ou d'un concurrent mal intentionné, ou encore d'un ennemi que le blond s'était fait durant la guerre.
- Vous avez fait les vérifications d'usages ? demanda-t-il machinalement.
- Bien sûr, mais il n'y a rien à en tirer. C'est un papier courant vendu en grande quantité, l'encre est elle aussi banale, du bleu vendu par hectolitres chaque année, pas de trace d'empreinte ou d'éléments étranges.
- Hum… et l'analyse graphologique ?
- Il semblerait qu'il s'agisse d'un homme d'âge mûr avec une certaine instruction, le vocabulaire est varié, il y a peu de fautes, le style est concis, sans fioriture. Voilà, c'est tout. Qu'en pensez-vous chef ?
- Malefoy, hein ? C'est un gros poisson, mais je pense que ça vaut la peine de creuser dans ce sens, peut-être devrons nous même faire une perquisition chez lui… Lysbeth !
- Oui chef ?
- Trouvez moi tout ce que vous pourrez sur Malefoy et ses entreprises, en particulier les ateliers de potions, ses fournisseurs, ses clients, tout, il n'a jamais été un vrai Mangemort, mais il avait des accointances avec certains d'entre eux, sa réputation est nickel aujourd'hui, alors il faut absolument éviter un faux pas…
Harry se plongea dans ses pensées. Il n'avait pas revu son ancien rival d'école depuis qu'il lui avait évité la prison grâce à son témoignage et comme il n'avait pas de sang sur les mains, il avait écopé d'une peine avec sursis. Son père quant à lui pourrissait à Azkaban avec d'autres Mangemorts, les détraqueurs ayant été chassés, la peine de mort avait été abolie. L'ex-Serpentard pouvait il réellement tremper dans ce genre de magouilles ? Il était riche à million, à quoi cela pourrait-il bien lui servir ? Il secoua la tête. Inutile de se prendre le chou maintenant, il attendrait le rapport pour se décider.
Il décida de revoir un peu le dossier avec Perks et il partit à 20h15 sans s'être aperçu de l'heure.
- Ginny va me tuer… grommela-t-il.
En effet, la rouquine l'accueillit fraîchement et Harry rentra sa tête dans ses épaules.
- Ah, te voilà, c'est pas trop tôt… fit sèchement la rousse, je t'ai gardé ton repas au chaud, mais n'en fait pas une habitude !
Sur ce, et sans un regard, elle tourna les talons et disparut dans le salon.
Le brun soupira. Ce n'était pas la première fois qu'il « oubliait » de la prévenir de son retard… plus le temps passait et plus il se sentait en décalage avec son épouse, même s'il comprenait son point de vue. Il avait parfois l'impression d'être pris dans un carcan et s'il aimait sa femme et ses enfants, son travail lui permettait de s'échapper. Il avait au fond de lui une sensation de manque qu'il n'arrivait pas à expliquer ni à combler. De l'extérieur, ils formaient le couple parfait, Ginny était toujours aussi belle, souriante et pleine de vie et lui aussi, pourtant un malaise d'insinuait entre eux. La crise de la quarantaine ? Pourquoi pas, ils étaient des gens normaux après tout ! Il chassa ses idées et dégusta l'escalope Stroganov concoctée par celle qui avait hérité, à sa plus grande satisfaction, des capacités culinaires de sa mère.
Il soupira à nouveau en se levant pour se rendre dans le salon. Il devait s'excuser de son indélicatesse et peut-être aussi « prouver » à sa femme qu'il ne voulait pas la négliger… seulement, il subissait une petite baisse de régime à ce niveau là, alors que Ginny semblait au contraire avoir des besoins plus importants. Il aimait faire l'amour, comme tout homme normalement constitué, mais peut-être parce qu'il n'avait connu qu'elle, il trouvait leurs ébats de plus en plus fades, trop routiniers. Pourtant il n'avait jamais été tenté de la tromper malgré les nombreuses sollicitations dont il avait été la cible. Il plaqua un sourire sur son visage et entra.
Pas de réaction. Bien, il se dirigea vers le canapé et s'y assis près, mais pas trop, de Ginny. Toujours rien. Pas mécontent de son indifférence, il fixa la télévision et comprit immédiatement l'état mutique dans lequel elle se trouvait ! Elle matait la première émission de téléréalité sorcière et il découvrit avec elle qu'un des participants n'était autre que Karyn Thomas, la fille de leur ami d'école Dean ! Harry écarquilla les yeux en voyant la « petite » (il l'avait connue bébé) Karyn en bikini se déhancher langoureusement devant un jeune éphèbe à peine plus vêtu qui la dévorait littéralement des yeux… ils n'allaient tout de même pas faite ça en direct, devant tout le monde, si ? D'un coup de baguette, il zappa sur la chaine suivante.
- Merde Harry ! s'exclama Ginny. Pourquoi t'as changé d'chaine !
- Bin, euh, c'était gênant tu trouves pas ? Balbutia-t-il.
- Pffuu ! N'importe quoi ! T'es d'un prude ! L'accusa-t-elle en levant les yeux au ciel.
- QUOI ? Prude, moi ? Tu rigoles j'espère ! S'indigna Harry.
- Prouve le, répliqua calmement sa femme avec un demi sourire.
Quand il vit briller la lueur de défi dans son regard, il comprit qu'il s'était fait avoir. Bon, ben voilà quoi, quand faut y aller, faut y aller…
- Et Lilly, tenta-t-il encore.
- Elle dort.
Elle le poussa d'une main sur le canapé et entreprit de défaire sa chemise, il n'allait pas se défiler cette fois. Ginny en avait marre que son mari passe plus de temps au boulot qu'avec elle. D'accord sa promotion n'avait pas arrangée les choses, mais il pouvait déléguer, il l'avait déjà fait sur sa suggestion, mais il s'était arrangé pour faire autre chose ! Où était donc passé le Harry amoureux et entreprenant des débuts ? La quarantaine lui allait mal. Elle s'ennuyait, son travail ne lui prenait pas plus qu'une vingtaine d'heures par semaine, heureusement que sa fille était encore là, mais que se passerait-il quand elle aussi irait à Poudlard ?
Ayant enfin dégagé le torse de son homme, elle entreprit de déposer dessus de petits bisous légers comme des plumes de phénix tout en défaisant la ceinture et les boutons du pantalon sombre que portait encore Harry. Elle glissa une main menue dans le boxer rouge et caressa doucement le membre encore inerte. Ses lèvres remontaient le long du cou de son époux jusqu'à sa bouche qu'elle embrassa lascivement. L'ex-Gryffondor ne trouvait pas le traitement désagréable, et même s'il n'avait pas vraiment envie d'honorer sa femme ce soir, son sexe durcissait doucement sous les doigts habiles de la rousse. Il décida d'accélérer le processus en retirant le t-shirt bordé de dentelles de Ginny qui dû s'écarter un court instant, il s'attaqua ensuite à sa jupe qu'il releva sans cérémonie et caressa ses fesses rebondies. Les seins encore emprisonnés dans le soutien-gorge pointèrent au travers du fin tissu, effleurant la poitrine du brun qui le retira une fois pour toute et attrapa un téton entre ses lèvres. Sa femme se cambra et gémit de plaisir, il s'en occupa un petit moment et passa à l'autre. Il était maintenant assez dur pour que Ginny le délaisse quelques secondes, le temps de retirer sa culotte, puis elle chevaucha son mari et s'empala sur son membre dressé. Elle posa ses deux mains sur son torse musclé et entreprit de bouger sensuellement sur lui, ondulant, se redressant, s'abaissant à son rythme, ses longs cheveux balayaient par intermittence le visage d'Harry que cela chatouillait. Bizarrement, alors que la plupart des hommes qu'il connaissait fantasmaient sur les femmes aux cheveux longs, lui ne trouvait pas cela si agréable… La rouquine accéléra le mouvement en gémissant de plus en plus et Harry l'accompagna en saisissant ses hanches et en donnant des coups de reins plus brutaux. Ils se rendirent quelques minutes plus tard. Essoufflée et satisfaite, Ginny s'allongea sur son époux dont le rythme cardiaque était à peine plus élevé que la normale. Apaisée, elle se releva et lui dit qu'elle allait se doucher puis se coucher.
Harry resta immobile de longues minutes, débraillé, sur le canapé à écouter les bruits que faisait Ginny jusqu'à ce que le silence se fasse. Que lui arrivait-il ? Depuis quand faire l'amour à sa femme était devenu une « corvée » ? Il se sentait mal, il n'était vraiment pas normal, des centaines d'hommes fantasmaient sur Ginny, elle l'aimait comme au premier jour… et lui ? Son malaise allait grandissant, il devenait urgent pour lui d'en parler à quelqu'un, mais à qui ? Hermione était une des meilleures amies de sa femme, Ron son frère… qui lui restait-il ? Un psy ? Il soupira de découragement mais fini par se lever et regagner la chambre conjugale.
Le lendemain matin, il se leva à 6 heure et parti 21 minutes plus tard alors que la maisonnée était encore endormie. Il s'en voulait de faire cela, en particulier à sa fille, mais il n'avait pas envie de voir sa femme et préférait s'enfuir. Il s'assit dans son bureau alors que sa secrétaire et son adjoint n'étaient pas encore arrivés. Il en profita pour compulser quelques notes ça et là et finir 2-3 choses qui trainaient. Il avait hâte de se plonger dans le travail et cette affaire avec Malefoy l'excitait sans qu'il sache trop pourquoi. Jennifer débarqua à 7h45 et quand elle constata que son patron était là, couru lui chercher un café avec un croissant car il n'avait certainement pas déjeuné… Harry la remercia de sa sollicitude et mangea tranquillement en attendant Jonathan. Celui-ci prit ses fonctions à 8h00 tapantes. Il avait bien remarqué que quelque chose n'allait pas avec son boss et il se demandait bien ce qui pouvait le perturber, lui qui avait pourtant tout ce dont pouvait rêver un homme ! Il s'entendait bien avec lui, mais pas assez cependant pour discuter de sujets trop intimes, aussi n'osait-il pas les aborder. Une heure plus tard, le directeur entrait dans le bureau que partageaient les agents Perks et Jenkins.
- Bonjour Lysbeth, Stephen !
- Bonjour Chef ! Répondirent en chœur les deux aurors.
- Vous avez pu réunir assez d'info pour le dossier Malefoy ?
- J'attends encore quelques précisions, mais il est déjà assez complet je crois. Vous le voulez maintenant ?
- Si cela ne vous dérange pas, j'aimerais le lire ce matin, cette histoire commence à trainer un peu en longueur je trouve, j'aimerais y mettre un terme rapidement.
- Bien sûr, tenez, je vous apporterais le complètement dès que je l'aurais.
- Parfait, à plus tard.
De retour dans son bureau, il informa Jennifer qu'il ne voulait pas être dérangé et se plongea dans la lecture du résumé avant d'entamer celle du dossier proprement dit.
Drago Lucius Malefoy, né le 5 juin 1980 au manoir Malefoy sis dans le Wiltshire, fils de Lucius Abraxas Malefoy et Narcissa Malefoy née Black. Intègre Poudlard à 11 ans réparti dans la maison de Serpentard, suit une scolarité brillante, entachée par sa collaboration à la brigade inquisitoriale de Dolores Ombrage, puis par sa participation en tant que Mangemort à l'assassinat d'Albus Dumbledore en ayant fait entrer des Mangemorts dans l'enceinte de Poudlard grâce à des armoires à disparaître. Il s'enfuit de l'école à l'issue du meurtre du directeur par (et avec) le professeur Severus Rogue, et la réintègre plusieurs mois plus tard avec le même Severus Rogue, nommé à son tour directeur par le Ministère tombé entre-temps dans les mains de Voldemort (Harry avait exigé de ses collaborateurs qu'ils l'appellent par son nom). Il n'a jamais pu être prouvé qu'il eût participé à des raids ou des tortures, aussi, grâce au témoignage du vainqueur de Voldemort, Harry Potter, la prison lui est épargnée.
Il passe ses ASPIC par correspondance. On reste sans nouvelle de lui durant environ deux ans, puis il recommence à s'impliquer dans la vie sorcière en reprenant en main les entreprises familiales. Celles-ci sont constituées à la fois de participations dans des sociétés Moldues et sorcières, les premières étant gérées par des Moldus en son nom. Pour les autres, il nomme en 2000 un fondé de pouvoir Gobelin qui se charge de gérer les diverses participations de son portefeuille et se réserve quant à lui, la direction du secteur regroupant la fabrication et la vente de potions. Il redresse cette activité déficitaire en trois ans, et en amorce l'expansion en créant de nouvelles potions qui deviennent rapidement des best seller. Actuellement leader incontesté dans ce domaine, il fait pourtant régulièrement l'objet d'attaques sur la qualité de ses produits. La dernière sérieuse date de cinq ans et concerne la potion d'amaigrissement qui remporte un très vif succès. Le plaignant est débouté après enquête, mais des doutes subsistent dans l'esprit de certaines personnes dont l'Association de Surveillance des Anciens Mangemorts (ASAM) dirigée par sa fondatrice Cho Chang qui continue sa surveillance.
On lui connaît peu d'amis, Théodore Nott emprisonné à Azkaban durant dix ans à reçu sa visite quand il s'y rendait pour voir son père, de même que Gregory Goyle, relâché au bout de cinq ans pour insuffisance cardiaque. Les deux hommes ont depuis quitté l'Angleterre. L'héritier jet-setteur Blaise Zabini fait parti de ses intimes ainsi que Pansy Londubat née Parkinson, deuxième épouse de Neville Londubat. En 2006, il se marie avec Astoria Greengrass et ils ont un fils, Scorpius Drago Malefoy quatre ans plus tard. C'est une famille discrète, apparemment sans histoire et unie, même si des rumeurs difficilement vérifiables courent régulièrement sur son compte (adultère du mari et de l'épouse, alcoolisme, frasques diverses et variées en monde Moldu en particulier en compagnie de M. Zabini…).
L'opacité entourant la fabrication des potions rend difficiles les contrôles, même si les livres comptables sont toujours en règles. Il a été porté à notre connaissance que certains ingrédients avaient été récemment commandé en très grande quantité, mais que la production n'avait pas été augmenté. Aucune enquête n'a été diligentée.
Harry se gratta le sommet du crâne. Il y avait matière à fouiller un peu et quelque chose le poussait à engager l'enquête dans ce sens, même si son instinct lui disait que Malefoy n'y était pour rien. Il ne comprenait pas trop pourquoi, mais la perspective de revoir son ancien rival le réjouissait, ça allait surement mettre un peu de piment dans sa vie terne et monotone. Ce n'était certes pas très professionnel, mais après tout, Malefoy était Malefoy et ce n'était pas parce qu'il l'avait sauvé de la prison qu'il avait oublié leur légendaire inimitié. Ca lui manquait parfois de n'avoir plus personne pour le houspiller, le contredire, le mettre devant ses erreurs… pour les autres, il était devenu une espèce d'icône vivante infaillible, ce qui le mettait mal à l'aise et le poussait à fuir le monde autant qu'il le pouvait. Ginny le lui reprochait souvent, elle qui aimait sortir et s'amuser, aussi l'encourageait-il à aller à ces réceptions avec ses amis, prétextant du travail urgent. Mais cela ne fonctionnait pas toujours et il devait alors faire acte de présence et recevoir les félicitations de gens qu'il ne connaissait pas pour des faits remontant à plus de vingt ans…
Lors de la dernière soirée où il s'était rendu, il avait appris de la bouche d'un producteur que celui-ci envisageait sérieusement de faire une série de films pour le cinéma sorcier relatant ses aventures. Ginny et Hermione l'avaient empêché de répondre qu'il ne voulait pas que sa vie s'étale encore un peu plus sur les écrans et l'avaient (presque) convaincu que cela pourrait être pédagogique pour les jeunes. Et que, de toute façon, cela faisait partie de l'histoire avec un grand H et de ce fait, sa vie ne lui appartenait plus vraiment. Ca lui avait un peu miné le moral que sa vie puisse être un peu plus exposée, lui qui n'aspirait qu'à l'anonymat.
Il lut consciencieusement le dossier préparé par sa collaboratrice et décida, même s'il était un peu mince, de procéder à une perquisition groupée dans les ateliers et au manoir Malefoy, l'ex-Serpentard pourrait toujours se plaindre si ça ne donnait rien, ça ne serait pas la première fois… Il appela Jonathan et lui demanda d'établir les documents nécessaires pour intervenir le lendemain dans la matinée. Tout guilleret, Harry l'invita à déjeuner avec lui dans un petit resto à quelques pas de là en zone Moldue. Ils passèrent un agréable moment, le jeune homme étant célibataire et, entièrement dévoué à son travail, n'avait pas si souvent l'occasion d'être invité, d'habitude, il mangeait un sandwich sur le pouce entre deux dossiers ! Il admirait son patron et même un peu plus, mais il était bien trop timide sur le plan sentimental pour oser quoi que se soit, et puis, ce dernier était marié et n'était pas de ce bord… alors il profitait un maximum de la chance qu'il avait de pouvoir travailler avec lui.
Ce soir là, Harry rentra à l'heure et la soirée se passa agréablement entre les babillages incessants de Lilly et les commentaires amusés de Ginny. Il ne parlait pas beaucoup de son travail à la maison pour des raisons évidentes de confidentialité, et pourtant, ce soir, il brulait d'envie de le dire à sa femme. Cependant, il n'en fit rien, et après avoir passé une dizaine de minutes dans son bureau, il regarda un moment la télé puis alla se coucher.
5h00 : Harry ne dort plus depuis au moins 30 minutes et regarde le temps d'égrener lentement. Il décide de se lever, rester au lit l'énerve plus qu'autre chose.
5h30 : il est douché, habillé et se prépare un café dans la cuisine. La perquisition n'est qu'à 7h00, heure légale. Il sait déjà qu'il va tourner en rond comme un lion en cage laissant l'adrénaline monter jusqu'à l'heure de l'intervention.
6h00 : son déjeuner est avalé, il s'est lavé les dents, re-habillé, il doit encore attendre au moins 30 minutes avant de rejoindre le Ministère et son équipe. Il sent cette tension d'avant l'action qui monte doucement. Le Wiltshire n'est pas loin et il est aisé d'y transplanner.
6h15 : il se fait un deuxième café et repasse dans sa tête les étapes qui vont ponctuer la perquisition.
6h30 : enfin ! Il prend la cheminette qui l'amène directement au Ministère et se presse jusqu'à son bureau. Il récupère un ou deux trucs et se dirige vers la salle de transplannage d'où ils doivent partir à 6h45. Il leur faudra encore environ 10 à 15 minutes pour rejoindre le manoir.
6h45 : ils transplannent finalement, lui, Lysbeth, Perks et un stagiaire. Il fait frais quand ils arrivent dans le village et resserrent leurs capes autour de leurs épaules. Ils se mettent en marche vers leur destination.
6h55 : ils sont devant la grille du manoir. Cela rappelle de mauvais souvenirs à Harry, mais il ne laisse rien transparaitre.
7h00 : ils sont à la porte et sonnent. Un elfe de maison vient ouvrir et les regarde les yeux exorbités. Il disparaît en les laissant dans le vestibule et revient trois minutes plus tard avec le maitre de céans.
- Drago Lucius Malefoy ? demanda inutilement Harry, mais comme c'était la procédure, il devait le faire.
- Potter ? S'étonna le blond. Que se passe-t-il ?
Le brun lui tendit un papier qu'il prit machinalement.
- Nous sommes ici sur mandat judiciaire afin de perquisitionner votre manoir dans le cadre d'une affaire concernant des potions frelatées. Nous avons des raisons de penser que vous ou vos entreprises êtes impliqués dans cette affaire et devons vérifier certaines allégations. Aussi nous vous demandons de coopérer afin que nous puissions fouiller les endroits qui nous paraissent nécessaires car ceci se fera avec ou sans votre accord.
Drago, en robe de chambre, encore un peu endormi, regardait les quatre personnes devant lui un peu incrédule. Il entendait à moitié ce que lui racontait Potter, d'ailleurs que faisait-il là celui-ci ? Ca lui avait fait un choc de le voir après toutes ces années, son pouls s'était accéléré, il avait bien changé depuis Poudlard. Il avait vieilli bien sûr, grandi, mais pas autant que lui, par contre il semblait bien plus musclé, ses sempiternelles lunettes rondes avaient disparues et Drago avait l'impression de se noyer dans ses prunelles vertes. Il était aussi séduisant que dans son souvenir, peut-être même plus, car il avait acquis une maturité qui lui seyait à merveille. N'ayant rien à cacher, il répondit aux quelques questions qui lui furent posées et conduisit le directeur des aurors à son bureau, laissant les trois autres vaquer à leur guise dans sa maison.
- Tu… euh, vous n'êtes pas obligé d'assister à la recherche. Précisa inutilement Harry.
- J'aimerais bien voir ça… répliqua l'ex-Serpentard d'une voix acide. Que cherchez-vous au juste ?
- Euh, pour être complètement honnête, nous ne sommes pas sûrs, mais « on » a attiré notre attention sur certains points te, non, vous, concernant…
- Tu peux me tutoyer Potter, il n'y a jamais eu de ça entre nous…
Heureusement qu'Harry ne rougissait plus comme autrefois, sinon, il n'aurait pas manqué de le faire en se remémorant une certaine scène dans une certaine salle. Il garda sa contenance.
- Ok, mais normalement, je ne devrais pas.
- Comme si cela te dérangeais, d'enfreindre les règlements…
- Ca fait longtemps tout ça, je n'ai plus 16 ans, je suis directeur et je dois montrer l'exemple.
- Bien sûr… alors comme ça, j'ai été dénoncé.
- On a reçu une lettre anonyme plutôt précise, alors nous devons tout vérifier.
- Je comprends.
Harry regardait Malefoy à la dérobée, tout en ouvrant tiroirs et placards, il semblait que le temps n'ai pas de prise sur lui, bon, il n'avait plus le visage pointu de ses 15 ans, mais avait embelli, il faisait plus masculin à présent et il remarqua avec une grimace qu'il le dépassait toujours. Il se sentait étrangement troublé par sa proximité. Il souleva quelques parchemins, jetait un œil distrait dessus, mais en passant devant une partie de la bibliothèque qui couvrait un mur entier de l'immense bureau, il fut perturbé par un champ magique. Il stoppa et se tourna vers le blond.
Drago essaya de ne rien laisser paraître, mais Potter avait apparemment senti l'aura magique de sa cachette. Il se demandait bien comment cela était possible, personne, même des aurors confirmés n'avaient jamais trouvé cet endroit, ce foutu Potter ne faisait décidément jamais rien comme les autres. Mais c'était peut-être juste une coïncidence.
L'auror observa son hôte pour y déceler une réaction, mais celui-ci était toujours aussi impassible. Il laissa sa magie affleurer ses doigts et passa lentement la main devant les livres anciens au niveau de ses épaules, l'air se brouilla, faisant comme une ondulation. Harry sourit, il ne savait pas pourquoi il avait senti ça, c'était la première fois que ça lui arrivait, normalement, seul le poseur de sort ou quelqu'un de son sang le pouvait. Il savait aussi que Malefoy n'était pas un sorcier stupide et que cette cache, car il ne pouvait s'agir que de cela, avait été protégée par des sortilèges très puissants propres à sa famille. Son cœur battit plus vite, il prononça un sort spécifique à ce genre cas et l'illusion se dissipa, laissant apparaître une sorte de coffre fort. Aussitôt, il tourna la tête vers le blond. Celui-ci avait considérablement pâlit et son regard laissa transparaitre sa peur, ce qui étonna grandement l'ex-Gryffondor.
- Non… tu n'as pas le droit Potter !
- Ainsi donc, tu aurais quelque chose à voir avec tout ça ? Tu me déçois, vraiment, cracha presque le brun.
- Non, ça n'a absolument rien à voir ! Ce qu'il y a la dedans est strictement privé et ne regarde personne d'autre que moi !
- C'est à moi de juger Malefoy, répliqua Harry d'une voix dure.
Il sentait la panique gagner le blond et n'avait plus de doute, il trempait donc bien là-dedans… Le dégoût le disputait à la déception, tout foutait le camp !
- Ouvre ça, ordonna-t-il, ne m'oblige pas à recourir à la force.
- Potter, je t'en prie, crois-moi, tu ne trouveras rien concernant ton affaire ici, je t'aiderais dans ton enquête, mais ne fait pas ça…
Harry soupira. Oui, le monde avait changé, définitivement, un Malefoy qui supplie, il n'aurait jamais crû voir ça un jour…
- Bon, écoute, je dois faire mon boulot, alors tu l'ouvres maintenant ou c'est moi qui le fait, et il y aura des dégâts, choisit.
Devant d'inflexibilité dont faisait preuve son ancien rival, Drago ne put que s'incliner, une angoisse sourde le tenaillant. Il dit deux mots et la porte s'ouvrit sur une pensine.
- C'est tout ? S'étonna Harry qui s'attendait à autre chose.
- Oui.
- Bon, je vais la saisir. En attendant ne quitte pas Londres, je te place sous surveillance jusqu'à ce que ta pensine ai été examinée.
- J'ai une requête à ce sujet, fit Drago d'une voix altérée, tu devras être le seul à y entrer, personne d'autre ne doit voir ce qu'i l'intérieur. Jure-le !
- Quoi ? Mais ce n'est pas réglementaire, c'est le boulot des langues de plomb !
- Je m'en fiche ! Tu es chargé de l'enquête non ? Tu es le chef des aurors, alors jure-le ! S'emporta le blond le souffle saccadé.
Harry ne savait pas comment réagir, Malefoy semblait paniqué à l'idée qu'un autre que lui puisse lire sa pensine, mais pourquoi ? Que cachait-il donc de si compromettant ?
- Pourquoi moi ?
- Tu comprendras vite, souffla le blond avec un rictus.
- Ok, je le ferais, mais si ça a à voir avec mon enquête, je devrais le mentionner…
- Pas de danger… croit moi, tu n'auras aucune envie d'en parler avec qui que se soit.
Le chef de la mission était très perplexe et la curiosité le piquait de son dard aiguisé. Il réduisit l'artefact et le plaça dans une boite scellée. Il était presque 11h00 et il rappela ses agents avant de prendre congé.
Resté seul, Drago s'effondra dans son fauteuil et enfouit son visage dans ses mains tremblantes. C'était un cauchemar, il n'aurait jamais dû tomber là-dessus !
°oOo°
De retour au Ministère, Harry se rendit dans son bureau après avoir demandé à ses subordonnés de préparer le rapport sur la perquisition pour le lundi. Il attrapa la boite dans sa poche qu'il n'avait pas versée au dossier et la fit jouer dans sa main, pensif. Il était partagé entre le désir brulant de s'y plonger immédiatement pour satisfaire sa curiosité et une appréhension diffuse motivée par la réaction de Malefoy. Si ce qui ce trouvait dans cette pensine était vraiment aussi compromettant pour lui, pouvait-il ne pas en prendre connaissance ? Et si c'était véritablement privé ? Ces interrogations le poursuivirent toute l'après-midi et c'est sans avoir pris de décision qu'il rentra chez lui. Ginny et Lilly étaient au Terrier comme tous les vendredis, mais lui n'avait pas envie de les y rejoindre. Il regarda sans la voir la télévision et finit par se rendre dans son bureau, dont la dimension n'avait rien à voir avec celui du manoir. Il sortit la boite qui n'avait pas quitté sa poche et la posa devant lui. Il hésita une seconde avant de lui rendre sa taille normale, retira la pensine puis respira un bon coup et se plongea dedans.
Comme toujours avec ce genre d'artefact, Harry se sentit tomber avant d'enfin toucher, assez brutalement, le « sol ». Il lui fallut cinq secondes pour s'accommoder de la faible lumière. Il regarda autour de lui, il avait atterri dans ce qui semblait être une chambre assez vaste, à dominante vert amande. L'ambiance était très douce, les meubles en bois peints gris clair aux rechampis blancs laissaient à penser qu'il s'agissait d'une chambre de jeune. Une chevelure blonde attira son attention. Ce devait être celle de Drago car il était assis à son bureau et rédigeait une lettre. Harry se rapprocha et sursauta quand le jeune homme se leva et se tourna. Il fut surpris de voir que Malefoy était jeune, environ 20 ans et ne paraissait pas bien du tout. Il était maigre, son teint cireux, de larges cernes violacés soulignaient ses yeux gris d'une tristesse insondable. Il se dirigea vers le lit et saisit une fiole posée sur un des chevets.
Une boule s'était formée dans la gorge du spectateur impuissant qui pressentait la suite. Drago porta le récipient à ses lèvres et avala le contenu d'une traite sans sourciller, puis s'allongea sur les couvertures et ferma les yeux. Il ne se passa que trente secondes avant que la porte ne s'ouvre sur Narcissa. Cette dernière avisa son fils étendu et son visage marqua immédiatement l'inquiétude quand elle remarqua le flacon. Elle s'approcha et renifla le goulot. Elle pâlit et cria un nom. Aussitôt un elfe de maison surgit et se pencha devant elle. « Wristle, vite, va dans ma chambre et apporte moi la boite noire avec mon monogramme dans ma coiffeuse ! ». La créature obéit immédiatement et revint moins d'une minute après. Dans l'intervalle, la blonde avait sorti de sa manche une sorte de cailloux que l'auror reconnu comme étant un bézoard, elle le mit dans la bouche de son fils et en proie à une grande agitation, se tordait les mains en attendant son serviteur, tout en marmonnant des choses qu'Harry ne comprenait pas.
Quand l'elfe apparut enfin, elle lui arracha littéralement le coffret des mains et l'ouvrit rapidement, elle sélectionna sans hésiter une éprouvette qu'elle déboucha et ôtant le bézoard, la fit boire au blond dont la respiration devenait presque inaudible. Drago toussa et ses mains tressaillirent. Narcissa poussa un soupir de soulagement et saisit une autre bouteille qu'elle administra à son « patient ». Un peu tremblante, elle aperçu le parchemin sur la table et le fit venir d'un Accio. Les larmes contenues jusque là débordèrent ses paupières et roulèrent sur ses joues blêmes. « Je ne pensais pas que c'en était arrivé à ce point mon chéri, je vais te libérer de ce fardeau… » murmura-t-elle. Elle se leva, disparut quelques minutes puis revint avec la pensine et une assez grande bouteille qu'elle remplit avec les souvenirs déjà présents à l'intérieur. Puis elle prit sa baguette et lut un sort tiré d'un petit livre noir qu'Harry n'avait pas remarqué.
Il lui sembla qu'il s'agissait de Legilimencie, mais il n'en était pas sûr. Narcissa, les yeux fermés, était concentrée sur sa tache au bout de plusieurs minutes, elle dirigea sa baguette vers la tempe de l'endormi et en tira un premier fil argenté qu'elle déposa dans le récipient de pierre, elle recommença l'opération plusieurs fois puis stoppa enfin, apparemment épuisée. La transpiration perlait à son front mais elle semblait apaisée et un léger sourire passa sur ses lèvres. « Dors bien Drago, tout ira mieux à présent, demain sera un autre jour… ». Elle lui administra une nouvelle potion, déposa un baiser sur le front de son fils et quitta la chambre emportant tout son matériel.
Le souvenir se brouilla et un nouveau décor apparut. Harry voyagea dans le passé vu par les yeux de son ancien ennemi, il revécut en partie la bataille finale, le passage du feu démon dans la salle sur demande, sa courte captivité au manoir, des scènes de tortures auxquelles avaient assisté mais pas participé le blond, sa fuite de Poudlard avec Rogue après l'assassinat de Dumbledore, le Sectumsempra…
Rien de tout cela n'avait de lien avec son enquête, mais il ne voulait pas sortir tant qu'il n'aurait pas tout vu. Pourtant, fait inhabituel, le déroulement des événements semblait être chronologique, ce qui n'était pas le cas normalement quand autant de souvenirs étaient mélangés. Ce simple fait aurait dû le faire cesser son investigation, car il ne trouverait rien dans cette époque qui aurait un rapport, même lointain, avec son enquête. Mais Harry voulait savoir ce que Malefoy cachait, que lui seul devait voir et qui lui faisait aussi peur.
Il se retrouva donc dans un couloir de Poudlard à côté d'un Drago d'environ 16 ans qui faisait sa ronde de préfet. Il sourit en voyant que ce souvenir ne risquait pas s'être sanglant et écarquilla les yeux quand il se vit dans cette pièce attendant visiblement le blond. Il ne se souvenait pas du tout de cette scène. Il faillit tomber à la renverse quand son double jeune embrassa Malefoy et que celui-ci répondit avec fougue. Qu'est-ce-que cela voulait dire ? Une chaleur qu'il n'avait pas ressenti depuis des années enflamma ses joues et dans ses entrailles s'alluma un véritable brasier. Il se vit faire une fellation au jeune blond, puis celui-ci lui rendre la pareille avant de lui faire l'amour, ce qui provoqua chez lui une vigoureuse érection. Quand ce fut à son tour d'honorer le Serpentard, il ne put se retenir et jouit en même temps que son double. Essoufflé, il regardait le couple endormi, incrédule : comment était-ce possible ? Lui et Malefoy ? Le corps nu en sueur du blond luisait à la lumière des bougies et Harry eu subitement envie de le caresser comme son lui jeune précédemment. La scène qu'il venait de (re)vivre était tellement chargé en érotisme et en… amour, qu'il en était ébahi. Il assista au réveil de Drago et le vit lui jeter l'oubliette. Il fut choqué par ce geste, de quel droit ? Voilà pourquoi il ne se souvenait de rien !
Le décor disparut à nouveau et il se retrouva dans la salle sur demande face à Drago. Il vit son lui jeune lancer le sort sur le blond puis, ces scènes chaudes et maladroites mais si touchantes et sincères, il pouvait constater qu'aucun des deux adolescents présents à l'époque ne faisait semblant, mais qu'ils étaient incapables de comprendre ce qui leur arrivait. Et à nouveau, la fuite de Malefoy… et puis plus rien. Il ressortit la tête de la pensine complètement bouleversé par ce qu'il y avait vu.
Il constata désappointé que son pantalon était humide et collant… son corps avait réagi. Malefoy et lui, lui et Malefoy… c'était si… si impensable ! Il l'avait aimé, c'était évident, le blond aussi, et il lui avait effacé la mémoire ! Après le désarroi, Harry sentit monter en lui la colère. Pourquoi avait-il fait cela ? Il avait pu voir, presque toucher du doigt l'intensité de l'amour entre eux… c'était une chose si rare et si précieuse… il poussa un long soupir. Il irait voir Malefoy et lui demanderai une explication. Il comprenait mieux les paroles du blond maintenant. Il ne savait s'il était une bonne chose qu'il sache ou pas. Vingt quatre ans étaient passés après tout… mais il ne pouvait plus faire comme avant.
Après ce premier passage dans la pensine, Harry en fit un deuxième durant lequel il examina les détails qu'il avait négligé et s'aperçu, avec se nouvel éclairage, que le blond après son geste funeste avait toujours fait son possible pour l'épargner, voire le protéger, comme au manoir. Revoir la tentative de suicide, heureusement avortée grâce à Narcissa, fut encore plus pénible que la première fois. Il put lire le message que Drago avait laissé à sa mère et comprit que c'était à cause de lui, ses fiançailles avec Ginny s'étalaient dans tous les journaux à l'époque…
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Toc, toc, toc !
Harry sursauta et poussa un faible gémissement. Il avait mal partout ! Où était-il ?
- Harry ? Tu es là ? Fit une voix à travers la porte.
- Hum… ouais, j'arrive !
Son cerveau se remit en marche. Il était dans son bureau. Il roula sa tête et ses épaules pour les décrisper avant de se lever et de s'étirer. Il avait passé une bonne partie de la nuit la tête dans la pensine et avait finit par s'endormir, épuisé par toutes ses émotions. Il sortit de la pièce et se dirigea vers la cuisine où l'attendait Ginny.
- Salut chérie, fit il en baillant.
- T'as dormi dans ton bureau ? S'étonna sa femme.
- Ouais, j'avais un truc vraiment important à faire et j'ai pas vu l'heure passer…
- Tient, prend un café, ça va te réveiller !
- Merci.
- Tu es sûr que ça va ? Tu fais une drôle de tête.
Harry soupira, puis avala une gorgée de café.
- Je devais vérifier des preuves pour l'affaire sur laquelle on travaille et c'était plus éprouvant que j'l'aurais crû.
- Tu devrais te ménager un peu. Il fait beau, si on allait à la mer aujourd'hui ? Ca ferai plaisir à Lilly et nous détendrait, qu'en penses-tu ?
Harry regarda sa femme qui le fixait avec un air un peu anxieux malgré son sourire. Il déglutit en repensant à ce qu'il avait vu cette nuit.
- Pourquoi pas… ça ne me ferai pas de mal, c'est certain.
- Super ! Je prépare un pique-nique et on part dans disons, 1h30 ? Ca ira ?
- Parfait, je vais me doucher, j'en ai bien besoin. Lilly dort encore ?
- Oui, il n'est que 8h30, laisse la dormir.
A l'heure dite, la petite famille transplanna à Bournemouth, station balnéaire de la Manche. Harry joua avec sa fille, fit la conversation, se baigna (dans une eau à 17 degrés), mais son esprit était toujours occupé par les révélations de la pensine. Il agissait machinalement. Comment oublier que Malefoy l'avait troublé, qu'il avait été amoureux de lui et que l'oubliette avait fait disparaître tout ça de sa mémoire. Ca le rongeait, il voulait éloigner ces images de lui, au moins pour aujourd'hui, mais n'y arrivait pas. Ginny paraissait heureuse, loin des préoccupations de son époux. Vers 18h00, ils décidèrent de rentrer et à peine revenu chez lui, Harry prit une douche et retourna s'enfermer dans son bureau.
Il fixait la vasque de pierre pensivement. Pourquoi n'avait-il pas voulu écouter Malefoy ? Sa vie serait bien moins compliquée ! Ils s'étaient aimés. Malefoy et lui. Il n'arrivait pas à s'y faire. Pourtant, si sa mémoire lui faisait défaut, son corps, lui, ne s'y était pas trompé ! Il s'était réveillé et avait réagi avec une intensité qu'il ne lui connaissait pas à la vision de leurs doubles adolescents faisant l'amour d'une façon débridée. Rien que de penser à la manière dont le blond réagissait sous lui, le faisait devenir dur. Le froid Drago Malefoy perdant toutes ses inhibitions au lit… qui l'aurait crû ? Soudain, un détail qui ne l'avait pas tracassé jusqu'alors lui sauta aux yeux : l'ex-Serpentard et lui étaient… des hommes ! Par les chaussettes de Merlin, il était gay ? Pourtant, d'aussi loin qu'il se souvienne, les mâles ne l'avaient jamais attirés, les femmes oui et quand il se prenait à fantasmer, ce n'était pas sur des corps masculins, pourquoi Malefoy alors ? Quelque chose clochait, on ne pouvait pas être hétéro et tomber amoureux d'une personne du même sexe, c'était incompatible ! Tout ça lui donnait mal à la tête. Sur ce, il quitta son bureau pour se rendre compte qu'il était déjà tard et que tout le monde était couché.
Le lendemain, Ginny se leva la première laissant son mari dormir encore un peu. Il avait beaucoup remué durant la nuit et devait surement être encore fatigué. En effet, le brun avait passé sa nuit au pays des songes, pays assez étrange où se mêlaient l'angoisse et le plaisir. L'angoisse car il voyait toutes ses certitudes et sa vie complètement bouleversées et le plaisir car il y vit le corps souple et quasi parfait d'un jeune blond bouger sensuellement et vibrer sous ses attentions, ce qui l'excita comme jamais. Sa femme partie, il glissa sa main vers son sexe raide et se caressa doucement, englué dans un demi-sommeil, les images et les sons qui tapissaient son esprit l'amenèrent efficacement à la jouissance qui le fit brutalement sortir de sa torpeur. La honte le submergea. Cette situation était trop bizarre, son corps ne suivait pas sa pensée, mais il n'était pas un animal ! Après un rapide sort de nettoyage, il se leva à son tour et la journée passa alors qu'il nageait en pleine confusion.
Il fut soulagé de retrouver son bureau le lundi matin et s'attaqua à la paperasse avec un entrain qui étonnèrent sa secrétaire et son adjoint. Il s'abrutit autant qu'il pût avec les tâches administratives. Cependant, le rapport sur son bureau lui rappelait ce qu'il s'ingéniait à oublier. A cours de diversion, il se résigna à lire ce que ses agents avaient découverts lors de la perquisition. Comme il s'y attendait, ils n'avaient rien trouvé, aussi, allait-il devoir ordonner la cessation de la surveillance de Malefoy et lui annoncer en personne comme l'exigeait la procédure. Même si sa première réaction avait été de se confronter au blond, maintenant, il n'était plus aussi sûr de lui et redoutait l'inévitable rencontre. Son étrange attitude mit la puce à l'oreille de son bras droit qui, une fois n'est pas coutume, l'interrogea.
- Chef, que se passe-t-il ? Vous êtes vraiment bizarre aujourd'hui.
- Pardon ?
Harry une fois encore perdu dans ses pensées n'avait pas écouté.
Jonathan soupira discrètement.
- Rien Monsieur, rien… vous devriez partir, il est presque 17h00, je finirai.
Le directeur, un peu penaud, acquiesça et s'éclipsa. Sa soirée et sa nuit ressemblèrent aux précédentes.
Mardi matin, il trouva sur son bureau, la communication rédigée par Jonathan informant Drago Malefoy qu'il recevrait l'après-midi même la visite du directeur Potter pour l'informer des résultats de la perquisition et des suites à y donner. Le rendez-vous était à 14h00. Il ne pouvait plus reculer et signa la missive qui s'envola vers le service de distribution du courrier ministériel.
C'est avec un nœud à l'estomac qu'il arriva devant la lourde porte de ferronnerie noire du manoir, seule ouverture au milieu de hauts murs d'enceintes. Il inspira et posa sa main sur l'ove dorée arborant les armoiries de la famille qui s'illumina brièvement avant que le vantail s'ouvre et le laisse passer. Il remonta l'allée de gravier bordée de grands chênes centenaires, puis passa près d'un chemin se perdant dans les jardins, dont les bordures étaient plantées alternativement de rosiers et de topiaire de buis. Il le suivit un instant des yeux en pensant que cet endroit devait surement être plus accueillant aujourd'hui que du temps de Lucius…
Il frappa le heurtoir de bronze et immédiatement, un elfe ouvrit la porte, s'effaçant pour le laisser passer. Il patienta deux minutes avant que le maitre de céans n'apparaisse et le prie de le suivre. Ils longèrent un couloir assez large et débouchèrent sur le bureau. Harry eu une imperceptible grimace en repensant à ce qui s'y était déroulé et serra la boite dans la poche un peu plus fort.
- Entre.
- Merci.
Malefoy contourna son imposant bureau et s'assit dans son fauteuil indiquant de la main un des deux autres qui lui faisaient face à son visiteur. Celui-ci prit place à son tour. Un silence gêné s'installa.
Drago regardait son vis-à-vis sans broncher. Cela faisait maintenant plusieurs nuits qu'il dormait mal, angoissant à l'idée de revoir son ancien amant auquel il avait volé une partie de la mémoire. Il n'avait cessé d'imaginer la réaction de celui-ci, tantôt positive, tantôt négative. Et dire que ces dernières années, il avait vécu cette rencontre en rêve des milliers de fois, mais dans les rêves, tout était facile, alors que dans la réalité… Il se décida à rompre le silence.
- Bon Potter, il me semble que tu as quelque chose à me dire, non ?
- Hum… oui, en effet.
Harry s'éclaircit la voix.
- Voilà, je suis venu t'informer du résultat de la perquisition effectuée ici même et dans les divers sites de productions et de stockage vendredi dernier. Etant donné que nous n'avons rien trouvé de compromettant pour toi, eh bien, tu es blanchi de tout soupçon, pour cette fois.
L'ex-Gryffondor s'était réfugié derrière son jargon professionnel, qu'il pouvait débiter sans y penser et surtout, qui l'empêchait d'aborder le sujet dont ils devraient tôt ou tard parler.
- Cela comprend également la surveillance dont tu fais l'objet. Enchaina l'auror.
Le silence reprit ses quartiers. Drago semblait impassible, mais était une vraie boule de nerf à l'intérieur, ne sachant trop comment réagir face à un Harry qui évitait autant que possible de croiser son regard.
- C'est tout ce que tu as à me dire ? Demanda finalement le blond qui sentait sa patience s'amenuiser.
Le regard vert percuta soudain le sien et son cœur fit un bond dans sa poitrine. Harry commença, lentement.
- Il faut aussi que je te rende… ça. Dit-il en sortant la boite de sa poche. Il la posa sur la table et lui rendit sa taille originelle puis en sorti la pensine.
- Je… elle n'a pas été versée au dossier.
Drago hésita un peu avant de poser la question, mais l'abcès devait être percé.
- Et… tu l'as regardé ?
Harry hocha positivement la tête et fixa à nouveau Drago dans les yeux.
- Pourquoi as-tu fait ça ? Je veux dire, l'oubliette.
Le blond inspira tout en se reculant dans son fauteuil, c'était l'heure de vérité.
- Il faut se replacer dans le contexte… Je n'étais ni con ni aveugle, mais nous n'étions que des gosses et j'ai eu peur. Peur de ce qui était en train de nous arriver, peur de ce que cela impliquait, peur de la réaction de ma famille, des autres… j'ai été lâche, je le sais, mais je ne savais pas quoi faire d'autre.
Le silence s'abattit à nouveau dans la pièce.
- Sur le coup, quand j'ai vu ce que nous avions fait et que tu m'as lancé ce sort, ça m'a révolté, ça m'a mis en colère…
La voix d'Harry était basse mais calme.
- …j'ai eu envie d'aller te trouver pour te foutre mon poing dans la figure. Puis le week-end est passé, j'ai sans arrêt ressassé tout ça dans ma tête, je cherchais à comprendre comment c'était possible, j'avais l'impression de ne plus me connaître. Ca a ébranlé mes bases, j'étais troublé, et je le suis toujours, j'ai l'impression de ne pas être celui que je devrais être…
Il s'arrêta un instant, cherchant ses mots, il n'arrivait pas à exprimer clairement ce qu'il ressentait.
- Je crois comprendre ce que tu veux dire, l'interrompit Drago. Comme tu as pu le voir dans la pensine, ma Mère a pratiqué sur moi un dérivé de la Légilimencie qui permet à celui ou celle qui s'introduit dans ton cerveau de repérer les souvenirs qui l'intéresse et de les retirer comme le ferait une personne consciente sur elle-même. C'est très difficile à faire, mais elle a eu de très bons professeurs… elle a dû me plonger dans un état de veille paradoxale, c'est ce qui a permis d'en tirer un souvenir d'ailleurs. Ce qu'elle a fait m'a permis de remiser ces souvenirs très loin dans ma mémoire, je ne pouvais pas m'en rappeler seul.
Sans s'en rendre compte, Drago avait fermé les yeux et rejeté sa tête en arrière sur le dossier.
- J'ai tout « oublié » après ma… avoir essayé d'en finir et j'ai pu grâce à cela commencer une nouvelle vie. Plusieurs années plus tard, il y a environ cinq ans, j'ai trouvé la pensine de mon père et j'ai crû qu'elle contenait ses souvenirs. Poussé par la curiosité, je m'y suis penché et tout m'est revenu… ça m'a submergé et j'ai failli me noyer. Mais cette fois, je n'étais plus seul, j'avais ma femme et mon fils, je n'étais plus un ado désespéré… alors j'ai… fait avec.
Les deux hommes étaient perdus dans leurs pensées. L'ex-Serpentard se reprit et observa Harry. Ils ne s'étaient jamais revus depuis Poudlard, à peine croisés lors de réceptions données par le ministère et où l'on invitait des personnalités en vue. Il avait bien entendu suivi le parcours du Survivant dans les journaux, comme tout le monde, mais connaissant la presse, il ne s'y était pas attardé. Celui qui était face à lui n'était plus un adolescent, mais un homme, tout comme lui, il avait une femme, des enfants, une vie à lui… pouvait-il prétendre y avoir une place ? Le devait-il ? N'était-il pas tout simplement trop tard, hors de propos ?
- Que doit-on faire ? demanda soudain Harry.
- Je n'en sais fichtre rien, répondit Drago d'un ton las. Quels sont tes sentiments à mon égard à présent ? Demanda-t-il à brule pourpoint.
Harry ne savais pas quoi répondre, tout était encore trop confus pour lui.
- Je ne sais pas. Je t'en veux, mais je te comprends, je suis troublé, je n'arrive pas à démêler tout ça, mon corps et mon cerveau sont comme en décalages… Et toi ?
- Moi ? Drago eu un sourire amer. Je me sens encore plus piégé qu'avant… J'aime Astoria et mon fils, mais…
Il n'eut pas besoin de finir sa phrase pour qu'Harry comprenne. Une idée le frappa brusquement.
- Lève le sort.
- Quoi ?
- Lève le sort ! Rend-moi la mémoire.
- Mais…
- Ecoute, c'est la seule façon pour moi d'y voir clair, tant que je n'ai pas mes propres souvenirs et les sentiments qui s'y rattachent, je ne pourrais jamais savoir.
- Je ne peux pas faire cela, ce sera encore pire !
- Non, le pire pour moi est de vivre dans l'incertitude : je veux savoir. Tu as su gérer les conséquences, je le ferais aussi.
Devant la détermination du brun, Drago se sentit faiblir. Il aimait cet homme comme il ne pourrait jamais aimer personne d'autre, malgré toutes les embûches placées sur leur route, y avait-il une toute petite, une minuscule chance que le destin soit clément avec eux, qu'il y ait un espoir ?
Harry s'était levé et rapproché du blond, il se tenait devant lui et son aura enveloppa Drago qui se leva à son tour. Sans plus hésiter, il saisit sa baguette et la pointa sur Harry.
- Finite, murmura-t-il.
L'ex-Gryffondor fut pris d'un léger tremblement et clôt les paupières, sa respiration s'accéléra et tout repris sa place brutalement. Les visions de la pensine furent supplantées par la réalité retrouvée et instantanément, Harry sut. Il rouvrit les yeux et ce que Drago y lut lui réchauffa le cœur. Avant qu'il ait pu réagir, il se retrouva serré dans des bras musclés et les lèvres fines qui le fascinaient autrefois se joignirent aux siennes. Leurs bouches se retrouvaient enfin, leurs langues se mêlaient et ce fut comme une première fois, Drago enfonça ses doigts dans les désormais courts cheveux noirs et se colla un peu plus contre cet homme qui avait tant de pouvoir sur lui.
Cependant, la réalité reprit ses droits et ils se séparèrent, haletants. Ils s'écartèrent l'un de l'autre, confus et gênés. Tous ses doutes l'assaillirent à nouveau. Drago se gifla mentalement d'avoir crû ne serait-ce qu'une seule petite seconde qu'il pourrait y avoir quelque chose entre eux, ça resterait du domaine du rêve.
Harry de son côté, n'en menait pas large non plus. Il avait, comme au bon vieux temps, agit avant de réfléchir, sans évaluer les conséquences de ses actes. Il se sentit oppressé tout à coup, il savait maintenant ce qu'il ressentait pour Malefoy, mais cela ne simplifiait pas les choses, au contraire. Il comprit ce qu'avait voulut dire le blond quand il lui avait dit qu'il se sentait piégé, c'était exactement ce qu'il pensait.
Drago rompit le silence.
- Restons en là Potter, c'est mieux pour tout le monde, c'est trop tard pour nous…
- C'est ta faute tout ça ! S'insurgea soudainement Harry, tu ne nous as même pas laissé la moindre chance !
Le blond baissa la tête, il avait raison, toute cette merde était de sa faute, il ne paierait jamais assez pour ses erreurs.
- Je peux te faire oublier à nouveau… murmura-t-il.
- Quoi ! Non mais tu rigoles là ! Tu veux recommencer la même connerie ?
Harry se mordit la langue et se radoucit en voyant la haute silhouette voutée par l'accablement.
- Excuse moi, je ne voulais pas dire ça… comment as-tu fait, comment fais-tu pour supporter ça ?
Drago eut un faible sourire.
- Tant que tu avais l'air épanoui et heureux, je me disais que j'avais bien fait… on ne nous aurait pas laissé faire, tu sais, on n'aurait pas résisté à la pression.
Une boule se forma dans la gorge d'Harry quand il réalisa que Malefoy avait agit ainsi aussi pour lui, pour le protéger, que c'était le blond qui avait tout porté sur ses épaules par la suite…
Drago s'était laissé choir dans son fauteuil et luttait pour garder contenance.
- Tu devrais y aller maintenant.
- Tu as raison. Il n'y a rien à dire de plus aujourd'hui, il faut laisser tout ça retomber un peu… mais nous nous reverrons, je refuse de laisser les choses en l'état.
- Comme tu veux, soupira Drago, mais part maintenant.
Harry obéit et sortit du manoir, mais au lieu de se rendre au Ministère, il transplanna aux abords de Poudlard et parcourut la distance jusqu'au lac presque en courant. Son cœur semblait peser aussi lourd qu'une pierre dans sa poitrine. Il s'assit essoufflé, sur la rive et son regard se perdit sur la surface miroitante. Cette école était son refuge, sa maison, là où tout avait commencé et fini. Il éprouvait du ressentiment envers le Malefoy du passé pour avoir baissé les bras aussi rapidement, le brun était persuadé qu'ils auraient pu faire front commun, se soutenir, l'Ordre les aurait protégé, lui et sa famille. D'un autre côté, il comprenait que Drago ait eu peur et qu'il ait paniqué… mais pourrait-il lui pardonner d'avoir choisit son destin à sa place ? De l'avoir en quelque sorte forcé à avoir une vie normale avec Ginny ? Harry se rendait compte à présent qu'il n'était pas heureux. Il avait crû l'être, il avait aimé Ginny et il l'aimait encore, d'une certaine façon, mais il n'avait vécu qu'à moitié. Il comprenait à présent d'où lui venait cette impression de manque qui le taraudait… son désintérêt progressif pour le corps de cette femme qui avait porté ses enfants. Que devait-il faire ? Tout ficher en l'air et entamer une nouvelle vie ? Et Malefoy dans tout ça, était-il prêt, lui, à changer de vie ? Ils n'étaient plus des gamins, avaient des responsabilités, mais n'avaient-ils pas déjà beaucoup sacrifié de leurs existences pour espérer vivre un jour selon leurs désirs ?
L'ex-Gryffondor s'allongea sur l'herbe fraiche, croisa ses bras derrière sa tête et ferma les yeux. Il s'endormit sans que personne ne vinsse le déranger et se réveilla deux heures après, un peu courbaturé. Il devait rentrer chez lui, ça ne lui ressemblait pas de disparaître ainsi.
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