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Bon… Je déteste écrire, et encore plus les journaux intimes. Jamais compris l'intérêt. Surtout avec le cliché de la psychopathe qui commence chaque jour par « Cher journal »… Non mais sérieux, ces nanas (et mecs, ne soyons pas sexistes) ne s'assument tellement pas qu'ils en sont à se personnifier un confident imaginaire en forme de ramassis de feuilles vierges.
Ce qui n'est pas mon cas. Mais je préfère encore me coltiner 15 min de rédaction chiante dans un carnet que j'oublierai au fond d'un carton dans, je l'espère, quelques semaines, plutôt qu'une deuxième heure chez le psy. Déjà, il se la ferme, lui. Et vu que je dois supporter déjà une heure par semaine l'autre, sa voix traînante, son divan miteux et son plaid qui gratte, ça me suffit, merci.
Car il paraît que mon cas est difficile. « Sociopathe », « misanthrope » disent ceux qui veulent se la péter avec un pseudo vocabulaire recherché. « Autiste », disent les autres, parce que toute façon, faut croire que ce qualificatif marche avec et pour tout.
Bande de cons. Mon cerveau fonctionne très bien, et mon sens du relationnel n'avait jusque là jamais forcé mes parents à débourser dix briques par mois. C'est juste qu'en changeant de lycée, j'ai été prise d' une affection aussi bien soudaine qu'étrange : la réplique de merde.
Rien à faire, à chaque fois que j'avais à prendre la paroles, les seules phrases qui me venaient en tête étaient aussi niaises que connes.
Faut dire qu'en face, ça ne volait pas haut non plus, au moins du coté masculin… Entre un blondinet BCBG flippé du règlement, un pseudo rockeur bientôt chauve à force de se teindre en rouge « feux de signalisation », c'est sûr que les discussions promettaient d'être passionnantes. Encore plus qu'avec Louis truc bidule, et son carnet une n-ième fois perdu, c'est dire !
Les deux seuls avec qui je pouvait avoir un dialogue potable, c'était ce pot de colle de Kentin (qui, à défaut de participer à la dialectique, faisait un auditoire correct), et Jade, qui s'occupait de la serre, et m'a donné des conseils très instructifs avant de devoir partir en apprentissage…
Mais loi de Murphy oblige, j'ai perdu contact avec le second, tandis que le premier est certes revenu de son stage chez les militos avec un chouilla plus d'assurance, mais sans incrémentation de son nombre de neurones. C'est ballot, hein ?
Du coup, je suis passé en mode flemmarde relationnelle. Sérieux, vu ce que j'ai à y gagner, je ne vois pas pourquoi je me serais emmerdée à leur lécher les pompes, surtout qu'eux ne cherchaient pas à voir plus loin.
Faut dire aussi que la tête de blondie est impayable quand je me fous de sa tronche, et qu'il me faudra bientôt un chrono plus précis pour mesurer à quelle vitesse Mr feux rouge s'emballe dès que je lui adresse la parole. Pour le voyageur temporel, je me contente de lui rendre son carnet.
Bon, il y a bien eu deux nouveaux arrivés en cours d'année, mais mon péché mignon à rapidement pris le dessus.
Puis faut dire que ni la mode ni les jeux vidéos ne sont mon violon d'Ingre. Le seul instrument que j'y associe, c'est le pipeau.
