Ptit mot de l'auteur avant de commencer:

Met ses lunettes sur son enz, les juste et jette un coup d'oeil à l'assistance.

-Bonjur, mes amis! Soyez les bienvenus!

se lève et marche dans la salle, entre les rangés de bancs.

-Bienvenu oui, dans mon nouveau texte, un texte où vous vous reconnaitrez, où vous reconnaitrez vos voisins, vos parents, tout le monde. Un monde de folie...NON! Pas de ça ici. Ceci, n'est qu'un texte. Les perso ne m'appartiennent pas, mais à hiroyuki takei.. L'histoire, si.

Se rassoit en silence

Amusez vous quand même. Ceci n'est que le prologue. Pas de secret, vous n'en saurez pas beaucoup à la fin. Mais quand même. Peut être cela vous motivera pour lire la suite!

Another dimension.

Chapitre un.

Plic…Plic…Plic…

La pluie a repris. Cela fait maintenant près de trois jours, trois longues journées qu'elle tombe sans discontinuer…Trois jours, trois nuits, que ce son m'obsède…Si courte pourtant, cette durée me paraît une éternité. Dans cette sombre demeure…Si sombre…Cette pièce exiguë, ce minuscule cagibi…cette prison de noirceur où l'on m'a enfermé…Où je me suis enfermé…Seul. Pour ne plus avoir à…Afin de ne plus…Penser. A cela. Et au reste. Juste…Je veux oublier. Si je pouvais recommencer…Juste…effacer, et recommencer. Mais ça ne m'est pas permis…Comment en suis-je arrivé là ?

Plic…Plic…Plic…

Et toujours ce son, tandis que les gouttes de pluies viennent se briser contre ma prison. ON dirait presque qu'elles voudraient rentrer pour me tenir compagnie…Presque qu'elles sont vivantes, et partagent ma douleur…Si petites, et pourtant plus grandes que moi…Un sourire fugitif éclaire mon visage. Est-il aussi faux que le reste de mes sentiments ? La porte grince. On m'apporte le repas. Un homme, pas très grand, mais visiblement âgé, car il a les cheveux attaché en une longue queue de cheval grise. Son visage est buriné par le temps. De nombreuses rides y ont creusé un labyrinthe, d'où s'écoulent encore les gouttes de pluie qui se sont déposées tandis qu'il venait vers ma cellule. Qui est-il ? L'ais-je déjà rencontré ? Sommes-nous amis ? Ou ennemis ? J'ai beaucoup d'ennemis…Peu d'amis. Probablement n'est-il ni l'un, ni l'autre…

-Mange, dit-il en posant sur le sol un plateau où trônent une assiette et un morceau de pain.

-Il n'y a pas d'eau ?

-Tu n'as qu'à en produire…Ca devrait t'être facile, non ?

Je souris. Un sourire lourd de sens, triste, mais tellement…Etrange ? Inhabituel ? Je n'ai pas l'habitude de sourire, pas comme ça…On dirait qu'on me l'arrache de force…

-Pas faim, dis-je en repoussant l'assiette.

Le vieil homme s'assoit en face de moi.

-Tu…Tu n'as pas peur de moi ?

Il sourit. Son sourire est vrai, pas comme le mien, mais tellement triste, on y lit tellement de…

-Tu as pitié de moi.

L'homme acquiesce.

-Pourquoi devrais-je avoir peur de toi ? Tu faisais peur à tout le monde autrefois. Plus aujourd'hui. Aujourd'hui, tu n'es rien…Rien d'autre qu'une poupée vide. Une coquille dont le contenu a été aspiré par la Machine.

Ce mot, ce simple mot, m'inspire une crainte immense. Pourquoi ? Je ne sais même pas ce que c'est !

-La…Machine ?

L'homme a de nouveau un sourire triste.

-Tu ne sais pas ce que c'est, n'est-ce pas ?

J'acquiesce en silence.

-Si ce n'est pas malheureux. Tu sais, je respecte la force. La puissance. C'est tout ce dont nous avons besoin pour survivre dans ce monde où toute valeur morale a disparu…

Il secoue la tête tristement.

-Je ne suis pas né à la bonne époque. Toi si. Mais on ne dirait pas, aujourd'hui, que tu as connu cela…

Il se lève avec une grimace.

-Même l'arthrite de mes jambes semble vouloir me contredire aujourd'hui…Mange un peu. Tu en as besoin. Bientôt, on reviendra te chercher et…

-On ? Qui ça ?

Il secoue sa longue crinière grise.

-Je ne peux pas te le dire. Si on t'a fait oublier, ce n'est pas pour rien.

Il ouvre la grande porte de bois, et la referme derrière lui.

-Attendez ! Vous devez me dire !

Je me jette après les barreaux qui forment la seule ouverture sur l'extérieur de cette misérable prison, excepté celle créée par la fenêtre, elle aussi constitué de lourds barreaux.

-Pourquoi sui-je ici ? Qu'ai-je bien pu faire qui m'ait valu ce traitement ?

Je hurle, cogne contre le lourd huis de bois, mais l'homme me dévisage à travers la petite ouverture. Ses yeux, gris comme ses cheveux, semblent avoir traversé plus d'années que son visage ne le laisse deviner.

-Tu as même oublié ça ? A quoi va donc te servir la Machine ? Tu pourrais recommencer, encore et encore, sans même savoir que tu l'as déjà fait ?

-Fait quoi ? Fait quoi ?

Je hurle de plus belle, donne des coups de poings et de pieds contre ce satané bois.

-Qu'est ce que j'ai fait qui me vaille tant de colère, tant de haine ? Pourquoi suis-je ici ? Dites le moi !

Je tends les mains à travers les barreaux, dans l'espoir d'attraper son col. Contre toute attente, il se laisse faire. Sans bouger, il me laisse attraper le haut de sa chemise. Les autres m'évitent avec tant de précautions pourtant.

-Pourquoi ? Dites le moi…S'il vous plaît.

-Tu n'es plus rien de ce que tu étais…C'en est malheureux, je trouve. Autrefois, jamais tu n'aurais dit « s'il vous plaît », jamais tu n'as prononcé le mot « pardon ». Jamais.

Mes mains serrent toujours son col. Il ne semble pas vouloir s'éloigner de moi.

-Qui…Qui étais-je ? Non…Qui suis-je ?

Je lève les yeux vers les siens, mais son visage s'est fermé.

-Toujours cette même question…Tu sais…Non, tu ne sais pas finalement. Je n'ai pas le droit de te le dire. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui m'en manque. Comme les autres, tu étais une sorte de rêve, un idéal pour moi qui ne vénère que la force.

Il me força à lâcher son col, et le remit en place d'un petit mouvement sec.

-Mais tu n'es plus rien. Rien de plus qu'une coquille. Une poupée dont les fils ont été coupés et pendent lamentablement le long de son corps désarticulé…

-Vous vous répétez. Vous l'avez déjà dit, ça.

Mes bras pendent le long de la porte. Mes aisselles sont appuyées sur le montant, et commencent à me faire mal. Il attrape soudain mes mains et tire vers le bas avec une force que je ne le croyais pas capable de fournir.

-Ne joue pas avec moi. Autrefois…Autrefois je t'aurais accepté. Je t'aurais aidé à quitter cette prison pourrie. Je t'aurais emmené loin d'ici…

Le sang commence à ne plus parvenir à mes mains, et je sens sa traction s'exercer de plus en plus fort sur mes bras meurtris par le bois. Des échardes rentrent dans ma peau nue, et me déchire les muscles tandis qu'il continue de tirer.

-Vous…Vous me faites mal ! Lâchez-moi !

-Tu n'es plus rien. Et tu ne le sais même pas. Tout ce que tu sais, c'est que tu aimerais savoir pourquoi tu es là. Ce que tu fais, ce que tu as fait pour mériter ça. Pas vrai ?

-Lâchez-moi ! S'il vous plaît !

Le sang coule à présent le long de mon bras, passe le repli de mon coude et s'élance à l'assaut du bras de mon tortionnaire.

-Encore une supplique ? Tu ne comprends pas que je m'en moque ? Tu es ma poupée ! Tu m'appartiens. Si l'envie m'en prend, je te supprime le repas, et tu ne manges plus jusqu'à ce que je veuille bien t'en redonner. Ta vie est mienne !

Il éclate de rire, un rire glauque, cruel, qui me vrille les tympans. Il n'est pas humain. Ou s'il l'est, et bien je déteste cette espèce. Je suis différent d'eux. C'est la seule chose dont je me souvienne. Je ne suis pas comme eux. Pourtant mon sang est rouge comme le leur. Je me pose des questions comme eux…Suis-je humain ? Suis-je moi aussi un monstre comme lui ?

-Tu m'appartiens!

Son rire continue de retentir quand j'entends des pas précipités venir vers nous. Des gardes. Mon sang se mélange à présent à la pluie qui continue de tomber, et s'étale sur le sol en une flaque écarlate.

-Lâche-le ! Vite !

L'homme lâche mes mains.

-Ca va, ça va. Il faut bien lui parler un peu, à ce déchet.

-Oui, mais pas l'abîmer ! Tu sais ce qu'en dit le doc !

-Le doc ? J'm'en fous du doc ! Rien à cirer du doc. Personne ne peut me donner d'ordre, lui pas plus que les autres !

-Vraiment ?

Une nouvelle voix vient d'arriver. Elle est douce, calme et maîtrisée.

-D…Doc ? Vous étiez là ?

-Apparemment. Tu sais pourtant que je ne veux pas que tu t'approches de lui en dehors de ta mission. Tu ne dois pas lui parler. Tu ne dois pas le toucher, tant qu'il n'est pas soigné complètement. Il pourrait te faire du mal.

-Oui, doc. Je sais. Pardonnez-moi. S'il…S'il vous plait, pardonnez-moi.

-Je croyais que tu ne voulais pas entendre ce mot !

Ce cri m'a échappé. Je le trouve si ridicule. Il était si fort tout à l'heure. Si…Supérieur à moi. Et le voilà qui se traîne par terre, aux pieds de ce nouveau venu. Qui est-il d'ailleurs ? Un soldat me frappe sur les doigts de la crosse de son fusil, et je recule précipitamment, à l'abris dans ma cellule.

-…Je suppose qu'il va falloir te faire repasser par la machine…

-Encore, doc ? Ce sera la quatrième fois. D'habitude, une seule suffit !

-Je le sais bien ! Tu oublies à qui tu parle !

-Non mais…ce pourrait être dangereux pour lui non ?

-Pas le choix. Il n'est pas encore prêt. Nous n'avons pas le choix. Il a trop…vécu pour qu'un seul passage suffise.

Il me regarde par l'ouverture et je me recroqueville sur le sol. Ses yeux ! Il a les yeux sombres, froids…J'ai l'impression que si je les regarde trop, je vais geler sur place.

-Plus tard peut-être. Pas tout de suite en tout cas.

Les yeux s'en vont.

-Retourne dans ta chambre, Godolva.

Le vieil homme sourit en s'en va, sautant dans les flaques.

-Son traitement a échoué. Je vais devoir le garder ici, il ne pourra plus jamais s'intégrer à la société. Pas comme les autres. Tous ces jeunes, tous ceux qui sont passé ici avant. Aucun d'eux n'est revenu. Ils ont réussi.

La voix s'éloigne tandis que les bruits de pas disparaissent.

Plic…plic…plic…

Le sang coule de ma main. Mais je m'en moque. Je veux savoir qui je suis. Savoir à qui est ce sang qui s'enfuit.