Ma première fanfiction inspirée du ship Clexa et d'une de mes fictions. Evidemment, les personnages de The 100 ne m'appartiennent pas.

Le premier chapitre pose les bases pour bien lancer l'histoire, j'espère qu'il vous plaira ! Bonne lecture ^.^


Les yeux fixés sur le bitume, les trois dernières semaines se ressassaient dans mon esprit. Déjà trois semaines que j'étais à l'université ! Un frisson me parcourut à l'idée qu'il y avait tout juste quatre mois, j'étais encore une lycéenne avec des rêves plein la tête. L'un d'eux avait déjà été accompli : partir de chez moi. Et partir, pas simplement prendre une chambre à l'université, mais partir dans le sens prendre l'avion et se retrouver à l'autre bout des Etats-Unis. J'aurais même quitté le pays pour me délivrer des griffes aimantées de ma mère, mais l'université dans laquelle j'étais désormais me plaisait beaucoup. Elle était pas très loin de la mer dont les plages étaient surplombées de falaises. On y trouvait aussi de grandes forêts dans lesquelles on pouvait aisément s'évader du bruit et de l'anxiété qui régnait en ville. En somme, cet endroit était un véritable changement pour moi. Radical, ça faisait du bien.

Il faisait frais, ce soir. Les températures automnales chuteraient bientôt et adieu la douce fraîcheur de l'été. Je venais de finir mon service dans le restaurant qui avait accepté de me prendre en serveuse à temps partiel et, les bus se faisant rares à cette heure-ci, je décidai de rentrer à pied. La nuit était tombée, les étoiles s'affichaient dans le ciel. La lune éclairait la route peu traversée par les voitures. C'était une petite route peu fréquentée, surtout à cette heure-là. En général, seuls les membres de l'université ou les touristes empruntaient cette route. Elle menait à l'école tout comme à la plage. Je marchais, le regard dans le vide, les écouteurs dans les oreilles. La musique n'était pas assez forte pour couvrir le bruit d'une voiture arrivant au loin. Je tournai la tête et la lumière des phares m'aveuglèrent. Je mis une main devant mes yeux et vis avec étonnement la voiture s'arrêter devant moi. La portière avant-droite s'ouvrit, poussée par un bras à l'intérieur.

- Monte, m'ordonna une voix féminine d'un ton sec.

Je m'approchai et découvris la présidente des élèves de l'école au volant. Prise de court par son ton et curieuse de sa présence ici, je montai dans le véhicule. Elle démarra sans plus un mot. Je ne dis rien non plus. Je ne la connaissais pas vraiment, je l'avais aperçue plusieurs fois. Elle était toujours entourée d'étudiants alors il était difficile de bien la voir. Là, dans la voiture, je pouvais la voir de près et pourtant mon regard restait fixé sur la route qui défilait en face de moi. Cette fille avait sa réputation, elle intimidait la plupart des gens et pour cette raison je n'étais pas certaine de vouloir la connaître. Si elle était si forte et intelligente que ça, si importante, alors elle n'avait pas besoin de me connaître. Elle ne dit rien non plus jusqu'à l'arrêt de la voiture sur le parking du campus. J'ouvris la portière et mis un pied hors de la voiture quand elle se décida enfin à m'adresser la parole :

- La prochaine fois, prend le bus. C'est dangereux d'être seule dehors à cette heure-là.

Je tournai la tête et la regardai avec des yeux ronds. Elle était sérieuse, là ? Il n'y avait personne d'autre qu'elle sur cette route ce soir, et puis elle avait beau avoir une voiture, elle traînait aussi dehors. Je la dévisageai et me rendis compte que je la voyais vraiment pour la première fois. Personne qui l'entourait, personne ne la cachant. Je me redressai, tournai les talons et partis sans un mot. J'étais nouvelle ici, depuis tout juste un mois. En général les étudiants ne se souciaient pas des nouveaux. C'était une sorte de rite, les ignorer jusqu'à ce qu'ils deviennent des étudiants comme les autres et non plus des newbies sortant tout juste du lycée. Alors pourquoi me ramasser sur le côté de la route pour me ramener ? Ce n'était pas la norme des élèves, encore moins de la Présidente de ceux-ci. Je tâchai de trouver une réponse dans le souvenir de ses yeux verts, sans y parvenir. J'arrêtai d'y penser une fois arrivée à ma chambre, me couchant automatiquement en faisant mon possible pour ne pas réveiller ma colocataire. Allongée dans mon lit, pouvant enfin relâcher tous mes muscles endoloris après le service mouvementé de ce soir, je fermai les yeux. Son visage apparut, je le détaillai autant que possible, sombrant lentement dans le sommeil.

- C'est l'heure, debout !

J'ouvris les yeux et les refermai aussitôt, aveuglée par la lumière. Raven l'avait allumée pour me réveiller alors qu'elle savait pertinemment que j'avais un réveil. D'ailleurs, celui-ci devait sonner dans cinq minutes. Je me redressai et balançai un oreiller à la tête de ma colocataire avec qui j'étais devenue très vite amie dès mon arrivée ici, mais qui savait très bien comment torturer de pauvres étudiants sans défense. Sans vouloir exagérer, elle avait, dès le premier jour de cours, remplacé mon shampooing par du dentifrice. Depuis, je faisais attention à toutes mes affaires. Malheureusement, je partageais toujours une chambre avec elle.

- N'es-tu pas contente de voir mon merveilleux visage au réveil ?

- Je te déteste, Reyes.

- C'est pour ça que je t'adore, me lança-t-elle avec un grand sourire avant de quitter la chambre pour aller prendre son petit-déjeuner.

Je me levai avec un long soupir et allai dans la salle de bain pour me laver et m'habiller. Comme tous les matins de cours, j'étais fatiguée. Mais il fallait bien que j'y aille. Heureusement que les cours m'intéressaient, cela me motivait à affronter les groupes d'étudiants en recherche de nouveaux à bizuter. Je n'avais pas encore été ciblée, j'espérais y échapper.

Prête à sortir, j'attrapai mon sac avant d'entendre un crissement aigu suivi d'un bruit sourd. Je tournai la tête et aperçus qu'un objet était tombé, emporté par mon sac. Chose curieuse, cet objet ne m'appartenait pas, ni à Raven d'ailleurs. Je le ramassai. C'était un petit trousseau de clés. Rien d'autre, pas de porte-clés, rien de personnel, juste trois clés toutes identiques. Je haussai un sourcil, un trousseau comme celui-ci était peu anodin. Mais je ne me demandai pas à qui il pouvait appartenir. Il devait lui appartenir, à elle, j'avais dû l'attraper sans faire attention en sortant de sa voiture. Un frisson me parcourut. Maintenant il fallait que je le lui rende. La Présidente était toujours entourée, aller lui rendre son trousseau serait attirer l'attention sur moi. Nouveau soupir. Je n'avais pas le choix, de toute façon, je ne voulais pas qu'on me voit avec et dise que je l'avais volé. Il y avait bien trop d'admirateurs de la Présidente pour pouvoir faire passer ça pour un malheureux accident. Et puis, je ne pouvais pas essayer de le cacher non plus, Raven aimait fouiller dans mes affaires pour y placer quelque farce. Je rangeai donc le trousseau dans mon sac et quittai la chambre.

Il n'était pas compliqué de repérer les nouveaux étudiants : ils étaient pour la plupart rassemblés en un troupeau de mouton perdu au milieu d'une forêt. Je ne me mêlai pas à eux, essayant d'être la plus discrète possible. Je ne demandai jamais leur aide bien que je m'étais fait quelques amis. Autant bien s'entendre avec les gens. J'avais hâte qu'ils prennent leurs marques et cessent de se regrouper ainsi pour effectuer leur « chasse au trésor » quotidienne, le trésor étant en réalité leur salle de cours. Personnellement, j'avais mémorisé les numéros des salles sur mon emploi du temps et pouvais ainsi les retrouver aisément selon leur secteur. Au début, ça avait été un peu compliqué, je voulais bien l'admettre. Mais en une semaine, j'étais rodée.

La première demi-heure de mon premier cours largement écoulée, je réfléchissais à un moyen de parvenir jusqu'à la Présidente pour lui rendre ses clés. Réfléchir était assez vain, je ne savais ni où elle était ni ce qu'elle étudiait. En fait, je ne savais rien sur elle à part qu'elle était la Présidente des élèves très respectée de ces derniers. J'avais bien entendu des choses sans savoir s'il s'agissait de rumeurs ou de véritables faits. Je n'aimais pas écouter ce qui se disait sur les autres car les trois quarts du temps, c'était faux.

La matinée fila plus vite que je ne l'espérais et l'heure du déjeuner avait déjà sonnée. Je me dirigeai d'un pas traînant jusqu'à la cafétéria. Heureusement, dans cette université, il y avait une grande cantine pour nourrir tous les élèves. Nous n'étions pas obligés d'y manger mais, l'école n'étant pas si proche du centre-ville, c'était le choix de la plupart d'entre nous. J'entrai dans le réfectoire déjà bondé et allai me chercher un plateau. La nourriture ici était correcte. Je ne m'en plaignais pas car c'était bien mieux que celle de mon lycée. En même temps, pour faire pire, il fallait être très fort...

Je m'arrêtai, plateau en main, extirpée de mes pensées. D'accord, il m'en fallait déjà peu pour me retirer les images des plats répugnants de mon précédent établissement scolaire, mais là, ce qui se présentait m'aurait arraché n'importe quelle idée de la tête. A un peu plus de dix mètres de mois, à peu près au centre du réfectoire, se trouvait une grande table avec un grand nombre d'élèves attablés. Parmi eux, le plus au centre possible, mangeait la Présidente. Et bien voilà, elle était là. Je pouvais lui rendre ses clés et bon débarras !

J'allai poser mon plateau sur une table libre, déposai mon sac sur ma chaise pour signaler que celle-ci était occupée, en sortis le trousseau et commençai une marche décidée bien qu'incertaine vers la grande table. J'avoue que c'était toujours effrayant d'être, même un court instant, le centre de l'attention. Aussi j'espérais ne pas trop l'attirer. L'attention. Je me claquai mentalement face à cette remarque car mon regard était fixé sur la Présidente depuis tout ce temps. Encore quelques pas et je me débarrasserais enfin de ce maudit trousseau. Je m'arrêtai deux pas à côté de la Présidente des élèves si entourée qu'à sa place j'en étoufferais et déposai le trousseau sur la table sans rien dire. Je sentais déjà les regards sur moi, et pas des regards gentils et innocents. Aussitôt fait, je tournai les talons. Je n'avais pas attendu de réaction de la part de la propriétaire. Je voulais juste me débarrasser de ce truc. Au moins une fois fait, je pouvais manger tranquillement. Et me remettre à respirer, aussi.

L'après-midi se déroula bien plus lentement que la matinée. Je ne m'ennuyais pas, loin de là, j'étais plus calme et plus sereine maintenant que je n'avais plus rien ne m'appartenant pas dans mes affaires. Je gribouillais des choses indéfinissables sur mes feuilles de cours lorsque Raven m'interpella :

- Alors Griffin, tu nous caches des choses ?

Son sourcil droit était levé, donnant à Raven un air accusateur. Je fis un mouvement de tête interrogatif et elle me fit signe qu'elle allait s'expliquer sur papier. A la fac, envoyer encore des petits mots... je reçus son papier deux minutes plus tard. Je le dépliai et lus : « Dans les couloirs ça parle d'une newbie blonde qui serait venue à la table de la Prez pour lui rendre des clés. » Je haussai un sourcil. On m'avait vu, forcément, mais... et alors ? J'écrivis mon interrogation sur le papier et le renvoyai à Raven. Elle me le fit reparvenir quelques secondes plus tard. « Bah... me dis pas que tu la connais ? Genre... t'as fait sa connaissance ? » Je lui renvoyai un « non » et n'en dis pas plus. Je n'avais rien de plus à dire, en même temps. Je ne la connaissais pas et cette histoire ridicule s'évanouirait à la prochaine rumeur de toute façon. Du moins, c'est ce que je croyais.

Le soir, je rentrai du travail à pieds. Personne sur la route. J'avais même eu l'impression qu'il faisait encore plus sombre que la veille. Au campus, je fus rassurer par la lumière des lampadaires bien que leur lueur était faible même si elle m'inquiétait en même temps. Au moins, quand il fait bien sombre, on a moins de chance d'être vu. Et là, j'avais l'impression d'être observée. Cette impression grandit en moi et devint vite une obsession, je regardai partout, à chaque bifurcation, dans tous les sens. Je commençai à penser que je devenais tarée quand on m'attrapa par derrière en me collant un sac en tissu sur la tête. J'essayai de me débattre, ce qui fut de plus en plus compliqué car des mains attrapèrent mes quatre membres. On ne me retira le sac que quand je fus bien immobilisée au sol, genoux dans l'herbe fraîche. J'eus à peine le temps de voir la foule de personnes autour de moi que je me pris une purée chaude et visqueuse sur le visage. Selon l'odeur, un mélange de boue et de feuilles mortes chauffé. Je secouai la tête et la relevai, dégoûtée. J'ouvris les yeux, clignant plusieurs fois pour dégager mes paupières de la boue sans pouvoir utiliser mes mains qui étaient liées dans mon dos. Autour de moi, des élèves. Et pas des moindres. Je reconnus certains visages : des sbires de la Présidente. En parlant d'elle d'ailleurs, elle était à quelques mètres pile en face de moi. Elle me fixait sans rien dire. Je la regardais sans trop savoir de quelle façon. Je ne comprenais pas. Pourquoi agir comme ça ? Pour un trousseau de clés ? On pensait que je l'avais volé ? On imaginait que mon geste du déjeuner avait été une tentative de me rapprocher de la Présidente ? C'était totalement stupide. Je voulais leur hurler la vérité mais le regard transperçant de la chef de bande m'empêchait de dire un seul mot. Je me pris toutes sortes de mixtures répugnantes pendant un long moment qui, après vérification une fois de retour dans ma chambre, s'était avéré avoir été d'une demi-heure. Plus ou moins. J'avais pris une douche, foutu mes vêtements dans un seau d'eau avec un mélange de lessive et de détachant et était allée me coucher. Je voulais éviter de penser. Tout court. Mais en fermant les yeux, je revis les yeux verts glaçants et l'incompréhension tourna en mépris. Pour tous ceux qui avaient trouvé divertissant de m'humilier en me jetant des trucs dégueulasses à la gueule mais surtout, et c'était ce qui me troublait le plus, pour celle qui était restée debout, immobile, à observer. Pourquoi m'avoir aidée hier si c'était pour m'humilier aujourd'hui ? Je ne comprenais rien. J'avais mal à la tête. Je m'énervais toute seule dans ma chambre, étouffant mes cris pour ne pas réveiller Raven qui dormait dans le lit à quelques mètres. Je finis par m'endormir avec peine mais aussi et surtout avec l'idée de vengeance que je voyais plutôt sous la forme de justice.