Rabastan Lestrange était un homme incompris.

C'est en tout cas ce qu'il se répétait en boucle, avachi fort gracieusement dans un des fauteuils Louis XIII que son frère avait judicieusement fait placer près de la cheminée, face à l'imposante porte de bois sombre de la bibliothèque du manoir paternel. Ses doigts caressant légèrement le bois sculpté du prestigieux siège, Rabastan se demanda soudain ce que le Seigneur des ténèbres penserait s'il savait que l'un de ses plus fidèles partisans collectionnait les meubles moldus. Sans doute en ferait-il une syncope. Ou mieux, peut-être lâcherait-il son horrible serpent sur son frère, réduisant en morceaux sanglants le si parfais Rodolfus Lestrange.

Rabastan avait toujours jalousé son frère aîné. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, et Rabastan avait une excellente mémoire, c'était Rodolfus qui avait toujours retenu l'attention. C'était lui qui c'était attiré les félicitation pour son entrée dans la maison Serpentard, Rabastan n'avait fait que suivre son chemin et celui des leurs ancêtres. C'était Rodolfus qui s'était lié d'amitié, si l'on peut nommer cela ainsi, avec ceux qui, aujourd'hui, représentaient pour la population sorcière entière l'élite des mangemorts, alors que Rabastan ne devait ses fréquentations qu'à l'influence et la popularité de son frère. Enfin, c'était Rodolfus qui, le premier, avait fait la fierté de la famille en rejoignant les rangs du plus grand mage noir de tout les temps, Rabastan ne s'étant fait enrôler à son tour qu'à la demande de son aîné. Et il y avait toujours sur le visage de Rodolfus lorsqu'il regardait Rabastan cet air de pitié et de curiosité, cet éclat cruel qui rappelait constamment Au cadet qu'il n'était là où il se trouvait, qu'il n'en était arrivé là, que parce que Rodolfus l'avais bien voulu.

Un sourire amer étira les lèvres du mangemort. Tout ça était terminé, à présent. Son frère n'était plus un modèle aux yeux de personnes. Rabastan savait exactement quand son frère avait commencé à baisser sans les estimes. Il y avait eu d'abord son mariage avec Bellatrix Black, la plus fanatique de toutes, une folle ni plus ni moins, puis son arrestation suite à l'affaire des Longdubats, et enfin son retour d'Azcaban, rendu plus animal qu'homme, son esprit sombrant dans la folie un peu plus chaque jour. Même leur Maître ne pouvait retenir une expression vaguement dégoûtée lorsqu'ici s'adressait à l'aîné des Lestrange.

Rabastan s'enfonça dans le fauteuil et en contempla longuement l'accoudoir sculpté. Oui, il pourrait aller trouver le Seigneur des ténèbres et accuser son frère de sympathiser avec la culture moldue ... Après tout, son frère, vu son état, ne devrait plus faire long feu, un petit coup de pouce au destin ne ferait de mal à personne … Surtout pas à lui. Car, une fois débarrassé de l'ombre calculatrice de Rodolfus, Rabastan prendrait la tête de la famille Lestrange au côté de son Maître, et lorsqu'ils auraient gagné la guerre, il jouirait enfin de la vie à laquelle il avait toujours aspiré, seul maître de son destin, avec en prime assez d'influence et de privilège pour ce la couler douce jusqu'à la fin de ses jours …

Aaaaaaaah … Quel comploteur, ce Rabastan ! Je trouve que J. ne parle pas assez de lui dans ses livres, et c'est bien dommage … C'est un incompris, j'vous dis !