Bowser, l'histoire oubliée…
Chapitre 1 : La naissance
Un long couloir sombre, illuminé quelques fois par quelques bougies qui lui donnèrent un air sinistre et menaçant. Des ombres glissaient sur les murs, caressant les pierres anciennes, flottant entre les bougies de-ci et de-là. Des bruits de pas, lourds et lents mais imposants. Quelque chose s'approchait. Le couloir donnait à un trou dans un mur, une fenêtre, quelques mètres plus loin. Des terres noires, parfois rougies par le soleil, avec des arbres grands, maigres et secs pouvaient être aperçus. Puis vint le silence, qui bourdonnait dans les esprits. Il emplissait les alentours, baignant les ombres et bougies. Un cri perçant, aigu, vint déchirer le silence et un lourd grognement s'ensuivit. Le soleil, à son apogée, rendait l'environnement lourd de chaleur. De nouveaux bruits de pas, plus rapides, plus pressants se firent entendre.
Les ombres, comme inquiètes, virevoltaient dans les plus petits coins. Le tapis rouge, cloué au sol, qui semblait sans fin, bougeait légèrement, se froissant au rythme des bruits de pas. Un autre cri, plus aigu encore. Les ombres s'activaient. Un nouveau. Elles tentaient de fuir, de s'en aller par tous les moyens. Un ultime cri, plus puissant que les autres et plus long survint. Les ombres s'immobilisèrent. Le temps et la vie s'arrêtèrent aussi. Le silence revint, plus fort et plus pesant. Puis, une lumière jaune, fine mais distincte, vint illuminer les contours d'une massive porte de bois. Elle s'ouvrit complètement, laissant la lumière s'échapper, berçant les ombres de sa douce et chaude chaleur. De l'air chaud s'échappa également de la pièce, une animosité bestiale se faisait sentir. L'ambiance était pesante.
Puis, une ombre massive vint s'arrêter au seuil de la porte. Elle grogna et avança vers la fenêtre, se laissant immerger dans la lumière solaire. Une immense carapace de tortue à pics, une taille immense et un peu bedonnante, des yeux de feu, fiers et insondables, des cornes imposantes et lustrées, des brassards noirs à pics dont un collier semblable, une gueule avec des crocs longs et forts, une crête noire trônant au sommet du crâne, tel un amas d'arbres comme celui du paysage… La bête, peu féroce, était imposante et majestueuse. D'ailleurs, une petit couronne, dorée avec des pierres précieuses de différentes tailles dont une énorme sur le devant, reposait sur sa tête. Il chercha alors à droite et à gauche, marmonnant quelques paroles inaudibles. Les ombres, qui ne bougeaient plus, virevoltaient maintenant dans le chaos le plus total, comme électrisées par la lumière. Le roi se retourna pour leur faire face. Alors arriva une autre ombre.
Elle s'inclina respectueusement devant le roi avant d'attendre les nouvelles. Le roi grogna, se retournant pour faire face à la fenêtre et son attention se posa sur la cour, un peu à droite, où des petits êtres jouaient. Des petites tortues, quelques unes marchaient debout, les autres étaient encore à quatre pattes, certaines avaient des carapaces rouges, les autres vertes et des squelettes de tortue étaient parmi eux. Au milieu de cette petite foule, reposait un crapaud assez grand, plus grand que les autres, qui semblait les diriger. Il leur dictait leurs conduites, les uns partirent chercher des cookies tandis que d'autres arrivèrent avec des boissons diverses. Le crapaud portait une petite cape de fausse valeur verte à rebord en mousseline légère. Il possédait aussi une petite couronne bien modeste, dorée, qui trônait sur sa tête, comme une cloche trône dans un clocher. Il s'empiffrait littéralement des biens ramenés. Le roi lui fit un signe et le petit disparu au détour d'une immense et imposante porte de pierre.
Le roi se retourna alors, patientant dans la clarté des lumières, au coin de la porte, avec un autre être, petit, caché dans une sorte de robe bleue à capuche. Il portait un sceptre jaune et rouge au bout ainsi que des petites lunettes noires, qui ne laissaient rien percevoir de ses yeux. Puis, des petits pas pressés et rapides se faisaient entendre et, quelques instants plus tard, le crapaud était aux pieds du roi. Il paraissait minuscule. Celui-ci le prit tendrement dans ses bras et le mena à l'intérieur, suivit de près par l'encapuchonné. Il se tortillait nerveusement et se pinçait le nez. Un tic. Ils étaient dans une pièce quasiment vide, comportant un banc, un canapé et quelques chaises. Une ou deux armoires restaient là, abritant du linge. Un autre être, semblable à l'encapuchonné mais portant une robe jaune les firent entrer dans l'autre pièce.
La pâle lueur des bougies posées au chevet d'un être semblable au roi mais plus mince et moins imposant avec des cornes plus petites, des cheveux de feu et des yeux bleus foncés, presque noir, faisait paraître cet être plus fragile. Elle ne portait pas de brassard noir à pics comme le roi mais juste deux grands anneaux dorés, un à chaque bras. Elle avait de longs cheveux de feu qui partaient à l'arrière et sa carapace était rose au lieu de vert. Les draps étaient froissés et le mobilier de la pièce était griffé, avait un peu bougé, comme si une bataille avait eu lieu. L'être détourna la tête, adressa un sourire joyeux au roi avant de tendre les pattes vers le crapaud. Celui-ci s'élança et sauta des bras du roi pour plonger dans la couette douillette, blotti contre lui. Ivre de bonheur, il se gonflait d'orgueil et lança un mot qui sembla être un petit cri :
-Maman !
Elle souri et lui baisa le front chaleureusement. Le roi vint et l'embrassa avant de regarder les alentours. Il scanna chaque recoin et découvrit, aux pieds du lit, un grand landau d'osier bleu avec des rubans rouges. Il s'en approcha et sourit. L'imposante bête se retourna.
-Viens, Wart.
Le crapaud s'exécuta, déboulant rapidement des draps pour venir à côté du roi. Celui-ci prit un petit ballotin qui reposait à l'intérieur et découvrit un des bouts. Une tête en sortit et le roi s'assit au coin du lit.
-Regarde, Wart… Je te présente ton petit frère !
Wart regarda ce petit être bizarrement et s'en détourna aussitôt.
-Papa, pourquoi il est tout rouge et mou ?
Le roi devint confus et balbutiait quelques phrases incompréhensibles. Aussi rouge que son nouveau fils, il déclara sans s'ébranler :
-Je pense que tu ferais mieux de demander ça à maman mais pour l'instant, il faut qu'elle se repose, tu la reverras demain matin, il se fait tard.
Wart embrassa alors ses parents et fit un signe de main rapide au nouveau-né, comme jaloux et décontenancé et sorti de la pièce. L'encapuchonné s'approcha alors.
-Vous êtes-vous décidé, sire ?
-Oui, je crois.
-Alors, qui sera le prochain roi ?
-Hé bien, ce sera le petit-là, magikoopa.
Le conseiller, Magikoopa nota cela sur un carnet, salua respectueusement le roi et la reine ainsi que le dauphin et partit également. Les deux époux restèrent là, à regarder leur progéniture.
-Comment va-t-on le nommer, Browse ?
Le roi demeura songeur.
-Je n'ai aucune idée.
-J'en ai peut-être une…
-Laquelle, Boolina ?
Elle le regarda malicieusement, comme si elle détenait un secret.
-Si on prenait le nom de ton père, Bowse et qu'on ajoutait une lettre de ton nom, comme le « r » ?
Browse réfléchissait rapidement, pesa le pour et le contre, puis, répondit joyeusement, dans un élan de joie incommensurable :
-C'est parfait ! Il se nomme désormais Bowser ! Bowser, roi des koopas et de Koopaland !
Ils regardèrent leur fils avec joie et orgueil, rêvant de lui en tant que grand roi, puissant, fort, courageux, intelligent, respecté et… craint. Ils rêvassaient longtemps, tout en regardant le jeune Bowser, qui fut secoué d'un tremblement et hoqueta. Il commença à pleurer. Browse le prit dans ses bras doucement et le posa dans les bras de Boolina. Celle-ci embrassa son front et lui donna un biberon qui était posé sur la table de chevet. Il finit avidement, le ventre plein. Il hoqueta une nouvelle fois avant de s'endormir, bercé dans les bras de sa mère. Browse souriait, content, l'âme sereine, emplie de la joie d'être père à nouveau et de celle de savoir que le trône est assuré.
Dans son immense chambre, Wart réfléchissait, accoudé sur son bureau, tout aussi grand. Il griffonna quelques notes sur un papier, méditait, arrachait le papier, le lançait dans la poubelle, qui atterrit plutôt à côté…
-En voilà un qui va me gâcher ma vie ! Papa m'a choisi moi comme héritier du royaume, je vais défendre mon titre et mon honneur ! Ce n'est pas un moucheron chewing-gum qui va empiéter sur mon terrain… De toute façon, papa l'aime bien car il lui ressemble beaucoup… Bah moi, je vais le faire m'aimer en montrant que je suis intelligent !
Il esquissa un sourire et prit la note de papier entre ses mains, satisfait. Il la colla en face, sur le mur.
Choses à faire :
-Devenir le seul dauphin,
-Attirer l'attention de papa et maman,
-Faire détester l'être chewing-gum,
-Devenir roi,
-Bannir l'être chewing-gum,
-Devenir le roi-soleil.
Wart, fils du grand roi Browse.
Un éclair vint zébrer le ciel tandis que l'intendant, Magikoopa, écrivait dans un vieux grimoire. Derrière ses lunettes noires, on pouvait deviner la joie qui le faisait sourire. Il reposa la plume dans l'encrier et regarda une dernière fois la page, content de son œuvre :
Bowser Koopa, dauphin de Koopaland et roi sous le titre de roi Bowser Koopa, roi de Koopaland ou encore roi des koopas est né le 31 juillet 1985 à 23 h 54 dans le château royal de ses ancêtres, sous le règne de son père, Browse Koopa et de sa mère, Boolina Koopa.
Un nouvel éclair vint zébrer le ciel et la pluie se mit à tomber, l'orage arrivait.
