Dans sa chambre du 4 Privet Drive, Harry dormait profondément, plongé dans le noir. C'était la première nuit où il avait un sommeil paisible depuis sa rupture avec Ginny, un mois auparavant. Il la revoyait sans cesse, n'importe quand, partout. Savoir qu'il devait partir sans elle à la recherche d'Horcruxes n'allégeait pas non plus sa conscience.

Il était hanté par son image, tantôt triste, comme lorsqu'il avait rompu, tantôt comme quand elle l'avait embrassé dans la salle commune de Gryffondor, après la finale de Quidditch.

Aujourd'hui, pourtant, était un jour spécial; il s'en allait de chez les Dursley et n'y reviendrait plus. L'Ordre du Phénix devait le faire sortir de cet enfer ce soir, un peu avant son dix-septième anniversaire. Un cri venant de la cuisine le réveilla brusquement.

- HÉ TOI!

Harry grogna en s'étirant. S'il y avait une chose qui ne lui manquerait pas après son départ, c'était les cris de l'oncle Vernon. Il se leva et descendit à la cuisine voir ce qui s'y passait. Dès qu'il passa la porte, le gros homme se remit à hurler.

- Pourquoi mon déjeuner n'est-il pas sur la table? demanda-t-il, furieux.

- Parce que je ne l'ai pas fais, répondit l'adolescent du tac au tac.

L'oncle Vernon prit brusquement une teinte mauve impressionnante. Pendant un instant Harry se demanda si il n'allait pas avoir une crise cardiaque.

- Fais-le, ordonna-t-il en sifflant.

- Non.

La tante Pétunia s'avança à ce même moment entre Harry et son oncle.

- Ça suffit, vous deux! Et toi, cria-t-elle à l'intention de Harry, dans ta chambre.

- C'EST LÀ QUE JE M'EN ALLAIS DE TOUTE FAÇON!

Et il s'en retourna à sa chambre en faisant le plus de bruit possible. Même à sa dernière journée avec eux, les Dursley trouvaient encore le moyen de le mettre hors de lui. Juste comme il claquait la porte, il aperçut du coin de l'œil un éclair blanc à travers sa fenêtre. C'était Hedwige.

- Hedwige! s'exclama Harry, sa rage s'envolant aussi soudainement qu'elle était venue.

Il ouvrit la fenêtre et la chouette s'engouffra dans la chambre avec un bruissement de plumes, puis atterrit gracieusement sur sa cage. Une lettre était attachée à sa patte droite.

Fébrile Harry la détacha et regarda l'enveloppe. L'écriture lui était familière, mais il ne pouvait identifier à qui elle appartenait.

Harry,

Le ministère se doute de ta sortie de chez les Dursley, il a fait en sorte de mettre en réunion obligatoire tout les adultes de l'Ordre. Et quand je dis tout les adultes, ça inclut aussi Ron et Hermione. Le ministère a bien spécifier que si l'un de nous manquait cette réunion, il serait dès lors considéré comme un traître. Je sais que tu dois trouver ça étrange que Scrimgeour t'empêche de sortir. Je t'annonce en primeur que, depuis ce matin, Scrimgeour n'est plus le Ministre de la Magie.

Son remplaçant n'est nul autre que Lucius Malefoy. Le ministère est donc tombé sous la main de Voldemort. Ne t'inquiète pas, Harry. Nous avons trouvé une solution pour te sortir de là. Sois simplement prêt à ouvrir la porte à onze heure pile.

Bonne chance,

Remus

Ainsi donc, le ministère était tombé… Cela n'annonçait rien de bon. Soudain, Harry se mit à se demander comment ils allaient faire pour le faire sortir, puisque tout les adultes de l'Ordre étaient en réunion.

Plusieurs heures plus tard, vers dix heures en fait, Harry n'avait toujours pas trouvé la réponse et abandonna. Il aurait sa réponse bien assez tôt, de toute façon. Il décida d'aller promener dans le jardin, pour observer les étoiles, chose qu'il avait toujours aimer faire.

Mais plus l'heure avançait, plus il devenait tendu. Soudain, peu avant onze heures, la sonnette d'entrée se fit entendre. Il courut jusqu'à la porte et l'ouvrit avec fracas. À sa grande surprise, Piers, un des amis de Dudley, se tenait devant la porte.

- Pousse-toi de là, grogna Dudley en le poussant hors du chemin.

Et il referma la porte avec un claquement sonore. Harry retourna s'asseoir dans l'herbe, un peu déçu, Peu de temps après, la sonnette retentit pour la deuxième fois. Cette fois il alla ouvrir plus lentement, appréhendant une autre déception. En ouvrant la porte, il faillit tomber à la renverse. Il s'était préparé à toute éventualité, mais pas celle là.