Bonjour à tous !

Je repars ici pour une fiction assez courte - elle n'excèdera pas la dizaine de chapitres, tous de cette ampleur (donc des chapitres relativement courts). J'ai réussi à accoucher de ce prologue, qui ne venait pas, grâce à la Nuit du FoF (pour laquelle pour vous pouvez vous renseigner en m'envoyer un MP), sur le thème "Miroiter".

Cette histoire se présente comme une suite possible du manga tel qu'il en est en ce moment, jusqu'au dernier scan(la 218ème nuit). A noter donc que lire cette histoire vous spoilera sans aucun doute. Tout part de la question : Et pourquoi Allen ne prendrait-il pas le parti de Neah ? A commencer, bien sûr, par accepter sa situation et par entreprendre des recherches sur le grand vilain Quatorzième.

Le rating est en M par sécurité, il est possible que je mentionne des trucs assez crade (pas plus que pour Les Ruines du Désastre, ceci dit (- fiction à venir).

Les personnes à m'avoir encouragées dans ce projet (court, le projet, cette fois) sont la charmante Lyanna St-Ange, muse de mon cœur, qui m'aide toujours à faire éclore mes idées, et l'éloquente oOOOmerlette, qui a discuté avec moi de cette question (qu'elle ne s'inquiète pas : toute celles que je lui ai soumises ne sont pas susceptibles de devenir des projets de fic incontrôlables xD (sauf celle sur les âmes)).

Bonne lecture ! J'espère vous faire passer un agréable moment tout au long de cette histoire !


POTENTIALITÉ Y - PROLOGUE

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Allen effleura le verre du miroir, dans une vaine tentative de toucher son reflet noir, un peu à l'écart du sien réel. Au fur et à mesure du temps, il l'avait tout d'abord considéré comme une menace, puis comme un rappel insupportable et incessant de sa condition d'hôte Noah, avant de voir en lui un point ancrage familier et bizarrement rassurant. Néanmoins, parfois, il ne pouvait simplement pas oublier que la silhouette sombre n'avait rien de naturel.

« Tu ne vas jamais me laisser en paix, n'est-ce pas ? » murmura-t-il contre la glace – muette, bien évidemment.

Il retraça du bout de l'index les contours du costume de la personnification inquiétante, soupirant doucement. Sa question n'en était vraiment une. Espérer de l'ombre du Quatorzième qu'il l'abandonne serait comme prier pour se lever un matin en découvrant qu'il n'était plus un hôte en devenir. Un corps abandonné aux Noah, parmi tant d'autres. Mais au moins, ajouta-t-il avec férocité, il ne l'aurait pas sans difficultés. La lubie qui avait fait choisir à son prédécesseur un porteur d'Innocence ne l'intéressait guère : seul comptait résister à l'emprise du meurtrier fratricide le plus longtemps qu'il le pouvait. Et c'était là même la faille de son raisonnement. Il aurait été idyllique de penser qu'il serait capable de réprimer le Noah sur le long terme. Pas avec l'Ombre qui le suivait partout, alors qu'il était poursuivit par l'Ordre et par les Noah – alors que tous le recherchait activement pour le tuer.

« Je me doute que tu n'abandonneras pas.

– C'est parce que tu refuses d'écouter, Allen. Uniquement pour ça. » répondit tristement une voix bien connue derrière lui.

L'exorciste – enfin, ancien exorciste – se raidit et fit volte-face brutalement, près à enclencher son bras et à repousser son agresseur si la personne qu'il supposait le menacer le faisait bel et bien... Cependant, comme l'absence de reflet avait tendu à le souligner, aucun ennemi, ou qui que ce soit, ne se trouvait dans la pièce. Allen expira lentement, relâchant la pression soudaine qui l'avait envahit.

« Je deviens fou, avec ces hallucination constantes. » marmonna-t-il en passant une main dans ses cheveux.

Ou alors peut-être était-ce le manque de sommeil ? Depuis qu'il avait vu et entendu l'ancien Quatorzième, il lui semblait le percevoir sans arrêt – sa silhouette narquoise repérée à la limite de sa vision périphérique, le poids inattendu d'une main invisible sur son épaule, le souffle de mots chuchotés dans son oreilles par un fantôme... Une expérience assez horrible à vivre, d'autant plus qu'à chaque fois qu'il croyait le voir, il avait droit à un mini-arrêt cardiaque, persuadé d'avoir détecté Tyki, avant de comprendre qu'il avait encore été victime de l'une de ces illusion récurrentes.

« Oh non, je suis bel et bien là. »

La phrase, visiblement émanée du reflet en noir et blanc dans le miroir, le fit sursauter. Allen sentit quelque chose dans son ventre se tordre. La panique, songea-t-il distraitement. Ou peut-être était-ce autre chose, ce qui n'avait aucune importance tant que cela ne le gênait pas pour se battre – la dernière fois, le Noah l'avait enchaîné dans son propre esprit, qui pouvait savoir ce qu'il lui ferait s'il avait prise sur la réalité ? Pourtant, jamais jusqu'ici la silhouette sombre n'avait parlé. Elle ne s'était jamais vraiment exprimée, lui montrant tout au plus le piano blanc lors de leur première rencontre, dans la chambre du Quatorzième. Était-elle donc véritablement consciente ?

La chose croisa les bras, ce que nota immédiatement le porteur d'Innocence, parce qu'il s'agissait là d'une attitude inhabituelle chez elle, et que l'Ombre avait été jusqu'ici neutre, presque figée. Elle n'avait pas de langage corporel, ni l'aptitude de la parole, d'ailleurs. Cette cassure dans le traditionnel l'effrayait – danger ! criait son cerveau reptilien ; je croyais que ça ne changerait pas même à travers les âges, rappelait le reste.

« Essaies simplement, reprit la silhouette avant de pencher la tête sur le côté droit. Cherches, en lieu et place de fuir. »

L'albinos remarqua enfin qu'il hyperventilait. Chose qui lui arrivait rarement, de même qu'aux autres exorcistes, et vu le quota journalier d'événements traumatisants qui s'imposaient à eux, il valait mieux pour eux de développer des nerfs d'acier. Allen se força à respirer calmement, alors même qu'il réfléchissait aux paroles de l'Ombre. Chercher ? Mais chercher quoi ? Pouvait-il parler à la chose ? Et s'il recherchait ce qu'elle voulait, ne s'abaisserait-il pas à exécuter la volonté du Quatorzième ? Il se devait pourtant pourtant de l'interroger : selon la réponse, ses propres questions pourraient bien être orientées, et il ne pouvait savoir que faire sans connaître tous les éléments de la situation.

« Que devrais-je chercher ? » demanda-t-il d'un timbre relativement égal dont il fut fier – au moins, il apparaissait moins vulnérable qu'il ne l'était réellement.

L'ombre du Noah ne répondit pas, ne bougeant plus, à part pour suivre ses propres mouvement. Allen se demanda soudain si la chose pouvait vraiment le comprendre. Après tout, elle parlait, mais ce n'était pas le signe qu'elle entendait et raisonnait. Elle n'avait pas forcément de réelles capacités de communications. Pourtant, il trouva bien vite de quoi repousser cette possibilité.

Campbell, entendit-il dans son oreille gauche. Il plaqua sa main sur le tympan avec brusquerie. Campbell, répéta le souffle dans son oreille droite. Il réitéra le geste à l'opposé. Campbell, perçut-il néanmoins en haut de sa tête. Campbell, à droite, à gauche, derrière, dessous, devant, loin, proche, dessus...

La cacophonie emplit son cerveau, le faisant grogner de douleur. Plusieurs voix s'acharnaient désormais sous sa boîte crânienne, criant, gémissant, hurlant, chuchotant, pleurant, susurrant. Des voix aiguës, graves, hystériques, triomphales, heureuses, mauvaises, de toutes sortes et de toutes provenances.

Allen s'effondra devant la répétition incessante de CampbellCampbellCampbellCampbellCAMPBELLCampbellCampbellCampbellCAMPBELL...

Enfin, grimaçant sous l'effort, il saisit la chaise et la lança violemment contre le miroir. Le verre, sans surprise, se brisa en débris dissemblables et innombrables, ce qui soulagea Allen au-delà même de ce qu'il espérait. Le bruit se stoppa net avec la brisure de la glace, et l'albinos pu enfin respirer. La silhouette de mauvaise augure avait disparu avec les clameurs de sa « voix ».

Figé au milieu de la pièce, il décida d'aller se chercher un verre d'eau et d'attendre le retour de Johnny. Kanda était parti, à présent, après s'être assuré que le scientifique restait bien avec lui, il n'avait donc plus à penser le revoir ici, mais Johnny était censé rentrer sous peu. Et lui remettre cette saleté de bracelet électrique, mais peu importait – au moins n'avait-il pas assisté à cette scène effroyable.

Revenu avec le liquide salvateur, Allen redressa la chaise et s'assit dessus, se prenant le front de la main non occupée par le verre. Campbell... C'était un nom, assurément, et sans doute le nom d'un partisan du Quatorzième... Ce n'était pas forcément bon, encore que peut-être cette personne accepterait de l'aider dans sa fuite, puisqu'il était l'hôte du Noah. Toutefois, il avait assez à faire sans avoir à se soucier de trouver quelqu'un, alors ce cela aurait pu être n'importe qui. Se devait-il vraiment de le rechercher... ?

Repensant au vacarme atroce qui avait précédé, Allen tressaillit. Sur le moment, il n'avait pas remarqué, mais les réminiscences qu'il en avait étaient claires. Les intonations toutes assemblées, superposées, se chevauchaient sans complexes pour former un ensemble désagréable mais pas dissonant, une forme commune... On aurait dit le son des cloches.