Bonjour à toutes, je commence une nouvelle série d'OS sur 50 Nuances de Grey et voici le premier! Bonne lecture et dites-moi à la fin ce que vous en penseez. D'avance, merci.


OS – Alibi

« Christian Grey, vous êtes accusé du meurtre de Leila Williams. Vous avez le droit de garder le silence ou tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous. »

« Mais qu'est-ce que... » jura-t-il, se retenant de frapper l'un des policiers qui lui passait les menottes.

Bailey et Welch se levèrent, les flics ne leur laissèrent pas le temps de demander à leur patron quoi faire, ils l'emmenèrent hors de son bureau sans ménagement. Christian analysa chaque regard croisé, ses employés étaient choqués, étonnés, aucun ne semblait s'y attendre.

Jason Taylor qui était resté au parking, mais qui fut prévenu par Welch aussitôt, avait déjà rejoint l'entrée de l'immeuble et il regarda impuissant son boss être arrêté.

« Appelez mon père. » lui ordonna Christian avant d'être forcé de monter dans la voiture de police.

Taylor se rendit sans attendre jusqu'au dernier étage de la tour Grey et arriva dans le bureau de Bailey. Welch, le responsable de la sécurité, s'y trouvait aussi.

« Il l'a tuée ? » le pressa-t-il comme si le garde du corps détenait cette information.

« Bailey, appelez le père de M. Grey immédiatement. »

Le numéro deux de Grey Holding retourna à son poste, laissant les deux hommes seuls. Seulement eux connaissaient la vie de Christian Grey, sans partager ses goûts évidemment, ils avaient pour tâche de cacher au monde entier que leur patron prenait du plaisir en dominant des femmes.

« C'est déjà aux infos ! » les interrompit Bailey.

« Bon sang ! » maugréa Taylor.

« Est-ce vrai ? » s'inquiéta la jeune femme rousse en serrant fébrilement son téléphone.

Le milliardaire vient d'être arrêté pour le meurtre de sa maitresse lors d'une séance de sexe sadomaso. La victime Leila Williams, âgée de vingt cinq ans a été retrouvée morte à son appartement ce matin, par la femme de ménage. Cette dernière a fourni les preuves de leur contrat à la police. Christian Grey, qui n'a jamais été vu avec une femme et que certains pensaient gay, est en fait un déviant sexuel qui...

Bailey coupa le son mais garda son regard fixé sur l'écran. Passées en boucle, les images de son patron étant conduit dans la voiture de police puis vers le commissariat alternaient avec une photo de Leila Williams souriant alors qu'elle sortait de Escala, l'immeuble où vivait Christian Grey.

« Il ne l'a pas tuée. » assura Taylor.

« Où était-il ? » voulut savoir Welch.

« Hier soir nous étions encore à Portland. »

« Mais à quelle heure est-il rentré ? La police le saura. »

« Je ne sais pas, je n'étais pas avec lui. Mais je sais qu'il n'a pas tué cette fille, ça va faire trois mois qu'il a rompu leur contrat. »

« Alors tout est vrai ? » les questionna encore Bailey.

« Oui, écoutez, pour le moment ne faites aucune déclaration, rien ne sort tant que Carrick Grey n'a pas parlé avec le boss, c'est compris ? »

« Oui. » répondirent-ils de concert.

« Dites à Carrick de me joindre sur mon portable, je vais à Portland. »

_oOo_

Jason Taylor ne se faisait pas d'illusions, si la police avait arrêté Christian, malgré sa bonne réputation et celle de son père, les preuves devaient être accablantes. Mais jamais son patron n'aurait assassiner une de ses soumises uniquement à cause de leur contrat. Christian Grey était un homme de parole et promettait une sécurité maximale à ses soumises et aucun contact après la fin du contrat.

Welch lui envoya par mail les photos de Leila Williams après avoir piraté les fichiers de la police. Elle avait été battue, c'était évident, mais pour avoir vu les soumises entrer et sortir d'Escala, Taylor savait que ça n'était pas la conséquence d'une nuit avec Christian. Le meurtre n'était pas accidentel, l'assassin s'était acharné.

« Il y a des traces de coups. » compléta Welch quand Taylor lui téléphona.

« Vous avez pu entrer dans son téléphone ? » éluda le garde du corps en parlant de la victime.

« Non, Leila avait changé d'appareil et de numéro, elle allait déménager la semaine prochaine. »

« Pourquoi ? »

« Aucune idée. La seule caméra de surveillance est celle de l'entrée de son immeuble et au coin de sa rue. Quiconque arrive par le parking est indétectable. »

« On voit le boss arriver à l'héliport à minuit dix, il est arrivé à Seattle à minuit quarante. » l'informa Taylor.

« Le rapport préliminaire situe la mort entre vingt-deux heures et deux heures du matin. »

« Merde ! pesta Taylor. Il aurait eu le temps de le faire. »

« Et sa voiture ? »

« Il aurait pu prendre un taxi, les flics ne vont pas le lâcher. »

« Il est dans un sale pétrin, convint Welch. Si on ne peut pas prouver qu'il n'avait aucun intérêt à tuer Leila... »

« Que pensent les flics ? »

« Une soirée un peu trop... »

« Ok j'ai compris. Il n'y a pas de mobile, ils pensent que ça a dégénéré, une dispute. »

« Exact. » acquiesça le responsable de la sécurité.

« Leila n'avait pas donné signe de vie après l'arrêt du contrat, on peut jouer sur le fait qu'elle ne le menaçait pas le secret du boss. » proposa Barney qui était aussi en ligne.

« Si seulement il avait un alibi, une autre femme dans sa vie. » pensa à voix haute Welch et Taylor promit de rappeler.

Il contacta ensuite un vieil ami, un de ceux qu'on ne voyait qu'aux enterrements mais sur qui on pouvait compter en cas de coups durs.

« Allo ? »

« Ray, c'est Jason. J'ai un service à te demander. Ta fille vit toujours à Portland ? »

« Oui, enfin pour une semaine encore. »

_oOo_

Christian resta une heure dans une cellule sans fenêtre et sans chaise. Il arpenta chaque centimètre carré en se demandant comment il en était arrivé là. Il ne savait rien d'autre que ce que les policiers lui avaient signifié, il était accusé du meurtre de son ancienne soumise. Il était innocent mais la police le tenait pour coupable, et il ne cessait de se demander pourquoi ? Pourquoi pensait-il qu'il avait voulu tuer Leila ? Il avait rompu leur contrat trois mois plus tôt parce qu'elle voulait plus, elle voulait une vraie relation amoureuse et il avait évidemment refusé. Elle avait alors respecté les règles jusqu'au bout, elle ne l'avait pas harcelé, aucun appel ou mail, rien. Pourquoi la police pensait-elle qu'il était avec elle la nuit dernière ?

« Tendez vos mains en avant. » lui commanda une voix derrière la porte.

Celle-ci s'ouvrit après qu'il ait obéi non sans remarquer l'ironie de la situation. Il fut conduit dans une salle d'interrogatoires. Son père se leva en le voyant et s'approcha pour l'enlacer mais un des policier l'en empêcha. Carrick pensa avec tristesse que même dans ces moments difficiles et incongrus, il ne pouvait pas toucher son fils.

« Asseyez-vous. » ordonna l'inspecteur qui avait amené Carrick.

Le père et le fils s'assirent face à face, quand Christian posa ses mains menottés sur la table, il eut aussi une pensée ironique, c'était lui qui habituellement attachait.

« Ta mère me charge de te dire de ne pas t'inquiéter, on va te sortir d'ici. »

« Je ne l'ai pas tuée. » se crut obligé de dire Christian.

« Je sais fils. La presse est déjà au courant et raconte des histoires totalement incroyables. »

Christian se tendit et imagina facilement ce que les médias devaient dire à son sujet. Leila et lui étaient liés, la police investiguerait les moindres recoins de sa vie et découvrirait bien assez vite ce que Christian Grey cachait au monde entier.

« Je n'ai pas vu Leila Williams depuis trois mois. »

Son père lui dit de se calmer, mais rien n'y fit.

« Je ne vais pas pouvoir rester très longtemps, dis-moi ce que tu veux faire ? »

« Je n'en sais rien, répliqua sèchement Christian. C'est toi l'avocat ! »

Carrick préféra penser que le stress et la peur avaient causé ces mots, son fils avait besoin de lui pour la première fois de sa vie sans doute.

« Que va-t-il se passer ? » questionna Christian, plus calmement.

« Je serais autorisé à revenir demain matin, nous aurons probablement deux heures pour discuter. Mais eux vont t'interroger encore ce soir. Ne cède pas. »

Il laissa échapper un rire arrogant, comme si lui, Christian Grey, pouvait céder sous la pression des inspecteurs.

« Tu n'as pas à répondre sans la présence de ton avocat. » insista Carrick.

_oOo_

À sept heures du matin, le lendemain, Raymond Steele regarda avec appréhension la voiture de Taylor se garer devant sa petite maison de Montesano. L'appel de son vieil ami l'avait réellement inquiété, il ne comprenait pourtant toujours pas en quoi lui et sa fille pourrait l'aider.

« Bonjour Ray, le salua Taylor en lui tendant la main. Tu n'as pas changé. »

« Toi si, c'est quoi ce costume ? » se moqua Ray en pointant le costume noir impeccable de l'ancien marine.

« Le boulot. » répondit simplement son ami.

Ray avait été le supérieur de Taylor pendant sept ans, juste avant de prendre sa retraite. La camaraderie des marines ne suffisait pas à expliquer l'amitié des deux hommes, leur attachement était surtout le résultat d'une mission périlleuse où Taylor avait risqué sa vie pour celle de Ray. Blessé, Taylor avait reçu les honneurs mais surtout la confiance de son supérieur.

« Entre. J'ai fait du thé. »

Taylor se surprit à sourire malgré les dernières heures chaotiques, il s'amuserait toujours de l'habitude de Ray que de faire du thé à chaque occasion difficile.

« Ta fille va bien ? » s'enquit Ray en versant le liquide ambré dans deux tasses dépareillées.

« Oui merci, elle a eu six ans en février. Une vraie princesse. »

« Tu arrives à être présent ? »

Quatre ans plus tôt, quand Grey lui avait proposé de travailler pour lui, Jason avait demandé conseil à son mentor. N'oublie pas ta famille, lui avait-il dit. Taylor hocha la tête et attendit que Ray parle le premier.

« Que veux-tu de ma fille ? »

« Qu'elle soit l'alibi de mon patron. »

« C'est dangereux ? »

« Elle devra mentir devant un juge. »

« Annie ne fera pas ça. »

« Ray, nous savons tous les deux que mentir est parfois la seule solution. J'ai l'intime conviction que c'est un coup monté, Christian Grey n'a pas tué cette femme. »

« Il est vraiment adepte du BDSM ? »

« Oui. » se dut-il de répondre.

« Alors non, ma fille ne s'approchera pas de lui. »

« Ray, le BDSM n'est pas une perversion, Grey n'a jamais forcé une femme, elles étaient toutes consentantes. »

« Ça dure depuis quand ? »

« Je ne peux rien te dire de plus. Ana l'a rencontré avant-hier lors de sa remise de diplôme. »

« Il a juste fait un discours et serré la main de chaque diplômé. J'étais là je te rappelle. »

« Elle a le profil des femmes qui ont un arrangement avec Grey. Si elle accepte de dire qu'elle est sa petite-amie, le mobile ne sera plus valable. »

« Écoute Taylor, j'ai passé la soirée d'hier à regarder les infos, et tu sais que je déteste ça. Ton patron est riche, très riche. Si il est innocent, il s'en sortira, si il est coupable, il paiera le juge. »

« Ça n'est pas aussi simple. »

« Comme si il n'avait jamais graissé la patte d'un fonctionnaire ! »

« Jamais, défendit Taylor. Il est intègre et il n'a rien d'illégal dans ses affaires ou dans la façon qu'il a d'avoir des rapports avec ses soumises. »

« Ma fille ! Tu veux que j'envoie ma fille jouer aux soumises, dire à la presse que ce malade était en train de la fouetter quand cette Leila a été tuée ?! »

Ray se leva d'un bond de sa chaise et alla fouiller dans son salon. Taylor soupira, dépité. Il se doutait que Ray ne serait pas d'accord mais sa fille était majeure, si il avait pu se passer de son accord, Taylor serait aller parler directement à Anastasia. Il se redressa à son tour et débusqua son ami en train de faire démarrer un vieil ordinateur.

« J'ai vérifié, elle était dans un club le soir de sa remise de diplômes, à quelques mètres de là où se trouvait Grey, expliqua Taylor. Sa colocataire a interviewé Grey il y a deux semaines. Ta fille a aidé à arranger une séance photo avec son ami José Rodriguez. Ray, elle seule peut l'aider. »

L'ancien marine grommela quelque chose, ses yeux rivés sur l'écran. Progressivement, la photo de Christian Grey s'afficha. Puis il prit un cadre photo posé à côté et mit les deux images côte à côte.

« Personne n'y croira ! Regarde ma fille, elle est l'innocence même ! Regarde-le. »

Taylor ne pouvait pas nier cela mais Ana restait le meilleur alibi malgré ça.

_oOo_

« Un nouveau bouquet de la part de José ! » ronchonna Kate Kavanagh en se frottant les yeux.

Ana ôta son casque, jeta ses chaussures de course dans un coin puis s'approcha de son amie. Une heure à courir ne l'avait pas détendue mais le spectacle de Kate, réveillée avant neuf heures la fit rigoler.

« Il pourrait au moins t'offrir des roses ! C'est quoi ça ? Des fleurs des champs ? » se moqua la jeune femme.

Ana se mordit la lèvre et prit quand même le petit bouquet. Certes pas énorme, il avait choisi des petites fleurs violettes et blanches, elle se souvint lui avoir montré ce genre de fleurs une semaine plus tôt.

« Tu vas lui faire la tête longtemps ? » la questionna Kate.

Ana refusait de répondre aux appels de son meilleur ami. Le soir de sa remise de diplôme, profitant de son état d'ébriété, il avait tenté de l'embrasser. Il ne cessait de la complimenter et aussi de la remercier de lui avoir décrocher un boulot en photographiant un homme d'affaires. Ana n'avait rien fait de spécial pourtant, elle avait juste suggéré à Kate d'engager José pour faire une photo qui accompagnerait son article. Mais José ne l'avait pas écoutée et l'avait suivie quand elle avait eu besoin d'un peu d'air frais.

Encore honteuse, elle se remémora quelques bribes de cette nuit-là. Elle avait vomi sur le pantalon et les chaussures de son ami qui l'avait laissée ensuite seule. Kate avait retrouvé Ana à moitié inconsciente sur le trottoir. Ana en voulait terriblement à son ami et se demandait si un jour elle parviendrait à ne serait-ce que le regarder en face. Quoiqu'il fasse ou dise, pour le moment, elle n'était pas prête à lui pardonner.

Son père lui avait téléphoné peu après huit heures alors qu'elle était encore en train de courir, elle prit le bouquet, le jeta à la poubelle puis fila sous la douche. Elle téléphona ensuite à Ray, se doutant qu'il lui demanderait de passer quelques jours chez lui et elle dirait oui.

« Annie, j'ai besoin de te parler, peux-tu venir dès maintenant chez moi ? »

« Tout va bien ? » s'inquiéta sa fille.

« Oui, oui, je dois juste te parler et ça n'est pas possible par téléphone. »

_oOo_

Carrick Grey reçut un appel du garde du corps de son fils alors qu'il entrait dans le commissariat. Il en ressortit et décrocha.

« Taylor, avez-vous vu Christian ? »

« Hier brièvement. »

« Et ce matin ? »

« J'y allai justement. »

« Attendez Welch, il a des informations importantes à vous confier. »

Carrick Grey n'avait rencontré le chef de la sécurité de son fils qu'une fois deux ans plus tôt. Welch vint à lui et lui proposa d'aller boire un café à quelques rues de là.

« Taylor pense que c'est un coup monté, la presse est déchaînée, si il y a un procès, votre fils perdra parce que le jury croira à sa culpabilité. Vous savez qu'il a quelques ennemis. »

« Mais qui a fait ça ? »

« On enquête de notre côté. Taylor pense que M. Grey a besoin d'un alibi, une femme pour être précis. »

« Étiez-vous au courant qu'il... qu'il pratiquait ça ? »

« C'est mon boulot, j'enquête sur chaque personne qui s'approche de M. Grey. » répliqua Welch, priant pour que le père de son patron ne soit pas plus curieux.

« Je ne suis pas à l'aise avec cette idée de faux alibi. »

« Les preuves sont contre lui, il était à Seattle dans le créneau horaire de la mort, ils ont un passé équivoque et je viens de découvrir que la police avait trouvé une lettre de la main de Christian où il lui dit qu'il doit lui parler et qu'il passera dans la soirée. Aucun moyen de dater la lettre mais puisqu'elle a été retrouvée en évidence dans le salon, la police n'a pas cherché plus loin. »

« Et qui serait son alibi ? »

Welch sortit de sa veste une enveloppe blanche et la décacheta après un regard méfiant vers les autres clients de l'endroit.

« Anastasia Steele, elle a deux connections indirectes avec lui. De plus ils se sont brièvement vus lors de la remise de diplôme de Mlle Steele il y a deux jours. Elle a le profil des maitresses de M. Grey mais n'a aucune expérience. Taylor veut qu'elle soit en quelque sorte l'élément déclencheur du changement de mode de vie de M. Grey. Il faut qu'il redore son image. »

« Elle l'aurait détourné de ses tendances ? »

« Exact. Taylor est en train de la rencontrer. »

« Pourquoi accepterait-elle ? »

« L'argent. » répondit le chef de la sécurité de Grey Holding comme si c'était évident.

« Comment la paierez-vous sans éveiller les soupçons ? »

« J'ai besoin d'une bague de famille, nous allons faire croire qu'ils sont fiancés après un coup de foudre. Elle vivra tous frais payés à Seattle et le contrat de mariage lui allouera une large somme, rien de suspect dans ce cas-là et ils ne se marieront pas. Quand ils rompront peu après leurs fiançailles, elle dira qu'elle n'a pas supporté la pression de la presse et le passé de M. Grey. »

« Comment je fais pour prévenir Christian ? » s'enquit Carrick, finalement partant pour cette stratégie.

« Reportez l'interrogatoire de ce matin. J'ai besoin d'avoir le feu vert de Taylor. »

« Il va être furieux. »

Welch ignora cette dernière remarque, il n'aurait pas voulu se retrouver face à son patron.

_oOo_

« Je t'avais dit qu'elle ne voudrait pas. » dit Ray à son ancien subordonné quand il le rejoignit la mine défaite dans son atelier.

« Elle est aussi têtue que toi. »

« Elle n'est pas vénale. » se vanta Ray pour sa fille.

« Elle est fauchée et toi aussi. »

« Eh ! »

« Je n'ai rien de plus à lui proposer. »

« Et pourquoi pas un job ? » les interrompit Ana en se montrant.

Ray alla vers elle et lui murmura de ne pas prendre de risques et qu'elle n'avait pas à faire ce sacrifice.

« J'ai besoin d'un job, je sais que Grey propose des places pour les jeunes diplômés. »

« Aucun problème ! » s'exclama avec soulagement Taylor.

« Annie... » commença Ray, jouant la carte du père autoritaire.

« J'ai besoin d'un nouveau départ à Seattle papa, et Taylor dit que ça ne sera que pour un an et demi maximum. »

« Moins si l'alibi est suffisant, nous faisons tout pour prouver aussi qu'il est innocent. » intervint le garde du corps.

« Jure-moi de la protéger. »

Taylor serra la main de son ami et jura. Ana réfléchit encore deux minutes sous le regard inquiet de son père et celui plein d'espoir de Jason Taylor. Accepter de mentir pour un homme innocent,elle le fit parce qu'il n'y avait pas d'autres choix, parce que si Christian Grey était incarcéré son empire s'effondrait et mettrait des milliers de personnes au chômage, parce que cet homme, certes pervers, était généreux et bon. Ana avait besoin d'un job, ses lettres de candidatures étaient restées sans réponses pour la plupart et elle n'avait décroché d'entretien que dans deux petites maisons d'édition. Elle savait qu'elle ne pourrait pas y apprendre grand chose à part apporter du café et faire des photocopies. Si elle travaillait pour Grey, elle serait formée avec les meilleurs et décrocherait le travail idéal ensuite, peu importe la voie qu'elle choisirait.

« Allons-y. » dit Ana à Taylor.

_oOo_

Welch écrivit ce que Taylor lui dicta, quelques lignes qui lui redonnèrent enfin l'espoir. Il transmis ensuite ces informations à Carrick Grey avant qu'il n'aille rencontrer son fils.

« Ne dis rien. » lui dit l'avocat.

Christian prit le papier que lui tendit son père, deux inspecteurs se tenaient forcément derrière la vitre sans tain mais ils ne verraient pas la raison pour laquelle il sourit.

« Merci. »

« J'ai pu aussi prendre connaissance de chaque preuve. Nous pourrons démontrer leur invalidité. »

« Comment va Ana ? » joua Christian.

« Bien, je lui ai parlé ce matin au téléphone. Elle arrive aujourd'hui à Seattle. »

« J'aurais dû être là pour l'accueillir chez nous. » se désola le prisonnier.

« Elle ne t'en veut pas. Elle leur dira que... »

Les inspecteurs entrèrent et demandèrent à commencer l'interrogatoire sur le champ. Le papier avait déjà été rangé dans la poche de la veste de Carrick et les questions commencèrent. On parla de Leila et d'Ana durant plusieurs heures.

_oOo_

« Comment ça il va lui demander de l'épouser ? »

« Je suis aussi surpris que toi. » mentit Carrick.

« C'est terrible ! Et injuste ! Il avait enfin décidé d'abandonner cette vie et voilà qu'il est arrêté pour un crime qu'il n'a pas commis ! Pauvre petite aussi ! »

Grace Trevelyan Grey avait évidemment très mal pris la nouvelle de l'arrestation de son fils et les révélations de la presse. Elle s'en voulait beaucoup de ne rien avoir vu malgré le passé chaotique de Christian. Il s'était calmé à quinze ans et était devenu un très bon élève, elle l'avait admiré quand il avait été admis à Harvard et l'avait soutenu quand il avait quitté ses études. Elle était fière de son succès et de tout ce qu'il faisait en toute discrétion, il était un mécène et un bienfaiteur.

La veille, en sortant de l'hôpital pour rejoindre son mari, elle avait été harcelée par une dizaine de journalistes aussi ce matin, elle informa sa direction qu'elle prenait deux semaines de congés. N'entraient sur la propriété de Bellevue que la famille et les amis proches.

« J'ai demandé à Mia de retarder son retour, elle n'a pas besoin d'être mêlée à tout ça. »

« Et Elliott ? »

Elena Lincoln, qui s'était précipitée chez son amie Grace tôt ce matin, se tendit et écouta avec appréhension les époux Grey discuter. Si ils apprenaient qu'elle avait couché avec Elliott mais surtout introduit Christian dans le monde de sado-masochisme à l'âge de quinze ans, elle n'en sortirait pas indemne.

« Tu le connais, il a pensé à une blague. Mais il a réalisé maintenant et il a décidé d'aller sur un de ses chantiers à San Diego. » reporta Carrick.

« Tant mieux. »

Elena s'excusa peu après, elle promit à Grace de lui téléphoner plus tard.

_oOo_

L'audience préliminaire se tint le soir-même, l'équipe de Carrick avait démontré les faiblesses de l'accusation et l'avocat exigea la libération de Christian. La juge accepta contre une caution de dix millions de dollars et de la remise du passeport de l'accusé.

« Assigné à résidence avec surveillance policière en permanence. » conclut la juge.

Christian soupira et ne réalisa pas que son père l'avait pris dans ses bras avant de lui taper légèrement sur le torse. Il guida son fils ensuite jusqu'à un bureau du palais de justice pour qu'il rencontre enfin sa future fiancée.

Ana avait attendu près d'une heure dans les couloirs, Taylor sur ses talons et silencieux. Elle avait eu quelques heures pour connaître cet homme pour qui elle mentirait. De son passé terrible, à ses habitudes matinales, elle avait eu quelques larmes et quelques frissons. Jason avait passé rien qu'une minute à expliquer les relations de son patron avec ses soumises.

Elle se souvenait de Christian Grey lors de la remise de son diplôme, il lui avait serré la main et avait plongé ses yeux gris dans les siens, retardant la fin de leur échange muet. Elle n'avait plus eu ensuite l'occasion d'y penser mais depuis la requête de Taylor, elle ne cessait de penser à lui.

Quand il pénétra dans le petit bureau, son père l'informa qu'Ana, comme elle insistait pour être appelée, se joindrait à eux dans une minute. Elle les suivrait au dépôt puis l'attendrait directement à Escala où elle s'était déjà installée.

« La presse va vouloir vous voir tous les deux, il faut prouver que vous êtes ensemble. »

« Je doute que l'embrasser à pleine bouche soit très approprié. » railla son fils.

« Elle va jouer la comédie en dehors, au sein de ton entreprise et auprès de ta famille, tu lui dois beaucoup. »

« Je sais. »

Carrick sortit et Christian put réfléchir encore à un moyen de ne pas impliquer cette jeune fille dans cette sombre affaire. Il se souvenait d'elle, Anastasia Steele, étudiante parmi des centaines d'autres, une paire d'yeux bleus inoubliables et pendant une seconde, il l'avait imaginée à genou devant lui, les paumes en l'air, attendant d'être attachée. Il s'égarait dangereusement.

« Mon alibi... murmura-t-il. Elle est mon alibi. »

« Bonjour. »

Il se retourna et fut soufflé par la beauté de la jeune femme. Elle ne portait rien d'élégant, un jean et un pull fin vert mais qui mettaient en valeur ses formes. Il n'avait rien pu voir sous sa toge informe, il s'était pourtant douté de la grâce de sa silhouette.

« Anastasia. »

« Ana, le reprit-elle. Christian je veux te dire que je ne te ferais pas défaut. »

« Merci. »

« Allons-y. Ton père pense que tu devrais me prendre dans tes bras. »

Il s'approcha d'elle, hésita à la toucher, soudain persuadé qu'il la salirait. Elle prit son courage à deux mains et passa un bras dans le dos de son petit-ami. Escorté par trois policiers, suivis par Carrick Grey, Ana et Christian sortirent du palais de justice et furent éblouis par les flashs des photographes.

Quand il dut la relâcher pour monter dans une fourgonnette de la police, Ana courut avec Carrick vers le SUV noir que Taylor avait conduit jusqu'à eux.

« Tout se passe comme prévu. » se félicita Carrick.

_oOo_

À une heure du matin, Ana alla se coucher dans la chambre d'amis. Elle avait refusé d'occuper la chambre réservée aux maitresses de Christian, optant donc pour une autre plus petite, mitoyenne à celle de Gail Jones, la gouvernante des lieux.

La soirée avait été difficile, la mère de Christian et une amie de la famille étaient venues s'assurer qu'il allait bien et devant elles, Ana avait joué aux hôtesses et à la petite-amie parfaite. Christian n'avait pas, selon elle, était très coopératif, sursautant dès qu'elle lui parlait, grimaçant quand elle le touchait.

Plusieurs heures après avoir mal dormi, Ana fut tirée du lit par une mélodie. Elle pensa d'abord que Kate venait de rentrer et avait déclenché la stéréo par erreur avant de se souvenir où elle était.

« Je vous ai réveillé ? » lui demanda Christian quand elle prit place dans le canapé à quelques mètres de lui.

« Oui. »

« Désolé. »

Ana haussa les épaules pour lui dire que ça n'était pas grave, elle avait des tas de questions pour lui et avait attendu une occasion pour les poser.

« Taylor pense que quelqu'un a cherché à te nuire. » commença-t-elle.

« Je ne vois pas qui. Je pense que c'est un hasard malheureux. Ta chambre te plait ? »

« Que feras-tu si tu es condamné ? »

« Je ferais appel. »

« Et après, si tous les recours sont épuisés ? »

« Je ne sais pas. » soupira-t-il, malgré tout défaitiste.

« Taylor t'a dit pourquoi j'avais accepté ? »

« Oui, il a mandaté Bailey, mon second, pour tout préparer. Tu commences dans une semaine. »

Christian reprit là où il s'était arrêté et jeta un regard discret vers sa compagne. Elle ne portait qu'un pantalon de yoga et un débardeur. Quand elle se pencha vers lui, il déglutit en voyant ses seins libres sous le tissu.

« Tu sais qu'il m'a tout dit. » ajouta-t-elle tout bas.

« J'ai présumé. »

« Sauf pourquoi tu refuses d'être touché. »

« J'ai... j'ai mes raisons. »

Christian abandonna le clavier et alla se servir un verre de bourbon. Il demanda à Ana si elle voulait boire, elle déclina et attendit qu'il ait terminé pour répéter sa dernier question.

« Je peux garder ce secret ? » s'énerva le jeune homme.

« Pas quand ça met en péril notre couverture. Si tu veux faire croire au monde que nous nous aimons, je dois pouvoir toucher tout ton corps. »

Savait-elle que ses mots allumaient chez lui un désir ardent ? Le toucher partout, disait-elle, elle n'avait pas idée de ce que cela impliquerait.

« Je vais te confier un secret, lui chuchota-t-elle, hésitante. Je suis vierge. Et je dois agir comme si je ne l'étais plus puisque personne ne croira que nous sommes chastes. »

Vierge. Pure. Innocente. Ingénue. Vierge.

Christian trouva la force de ne pas lui sauter dessus, il n'avait pas joui depuis trois mois et Taylor avait fait du bon boulot, Ana était parfaitement son type.

Vierge ? Mais vénale, elle était là pour l'argent et le travail. Son garde du corps n'avait pas eu le temps de lui dire comment il avait pensé à Anastasia.

« Alors je n'ai pas à m'inquiéter, tu ne cherches pas les aventures sans lendemains. » ironisa-t-il.

« Non, je ne recherche rien Christian. L'amour évidemment mais il viendra quand il viendra. J'aimerais me focaliser sur ma carrière. »

L'amour ? Il ignorait ce qu'était d'aimer quelqu'un qui ne soit pas de sa famille et elle aussi donc.

« Comment va-t-on faire pour leur faire croire à tous que nous nous aimons ?» lui demanda-t-il en se remémorant la joie de sa mère quand elle avait rencontré Ana.

« Imitons ce que nous avons observé chez les autres. Quoique... si j'imite ma mère, je te serais dévouée corps et âme, obéissante et snob. »

Il tressaillit au mot obéissante comment lutter contre le monstre en lui qui se réveillait après trois mois d'abstinence ? Ana comprit son erreur, elle se rappela les mots de Taylor puis ceux qu'elles venaient d'avoir. Elle se hâta de s'éloigner de Christian, dont le regard était désormais aussi noir que le charbon.

« À demain. » lui lança Christian avant de disparaître dans le couloir.

Ana relâcha sa lèvre qu'elle avait mordu sans s'en rendre compte. Elle avait menti à Christian, elle pensait savoir ce qu'était d'aimer, elle avait assez lu de romans d'amour pour cela. Elle allait s'inspirer de ses héroïnes pour jouer au mieux le rôle de la future Mme Grey.

_oOo_

Six mois passèrent et l'équipe d'avocats de Carrick Grey n'avait pas encore réuni les preuves pour innocenter Christian sans équivoque. Il détesta être confiné chez lui, il n'était plus capable de travailler aussi efficacement et devait s'en remettre à Bailey et à Ana. Chaque matin, sa petite-amie de pacotille partait avec un dossier qu'elle devait remettre à Ros, et elle rentrait le soir avec autant de papiers à l'intention de son fiancé.

Grace avait décidé que la famille se réunirait le dimanche à Escala, et à chaque dimanche ou presque, Ana et Christian durent expliquer qu'ils préféraient attendre pour annoncer leurs fiançailles. Pour les apparences, Ana portait autour du cou, sur une chaîne en or fine, la bague qui avait appartenu à la grand-mère de Christian, un anneau en or jaune surmonté d'un unique diamant, simple et magnifique aux yeux d'Ana.

Aux yeux de leurs proches, Ana et Christian étaient un couple uni, quoique peu démonstratif. Ana faisait rire Christian et Christian faisait rougir Ana. Une fois seuls, ces deux-là se séparaient et vivaient leur vie chacun de son côté, ne se parlant que le matin et le soir, quelques phrases et toujours les mêmes.

Aussi les dimanches devinrent un rendez-vous attendu par les deux fiancés. Chacun devait lutter contre une attirance mutuelle puissante mais une fois par semaine, ils pouvaient laisser leur corps et leur cœur libérés de leurs contraintes. Peu importait les promesses faites à Ray Steele et à Taylor, Christian désirait Ana. Ana quant à elle avait apprivoisé son fiancé et attendait avec impatience ses caresses et ses sourires, trop rares hélas.

« Nous allons fêter Noël ici. » annonça Grace.

« Et j'accrocherai du gui partout ! » s'enthousiasma Mia.

Elle était revenu après l'été à Seattle et avait tenté de nouer avec Ana une amitié. Se sentant coupable de devoir lui mentir, Ana n'avait pas réussi à se lier mais pour faire plaisir à la jeune fille, elle avait accepté un relooking complet, prétextant en avoir besoin pour le travail. En fait Ana voulait être plus belle pour Christian.

Quand la famille termina les préparatifs du réveillon, où seraient conviés les parents d'Ana ainsi que sa meilleure amie, en plus du clan Grey, Christian et sa fiancée se retrouvèrent seuls. Gail avait demandé sa journée et de toute façon, Ana débarrassait en général seule la table, pas encore habituée à être servie.

« Elle voudra que l'on s'embrasse. » lui glissa Christian en réceptionnant une assiette.

Il la mit dans le lave-vaisselle, attendant nerveusement la réponse d'Ana.

« Tu crois ? »

« Je la connais. »

« Tu seras d'accord ? »

« Ce sera ton premier baiser ? » ne put-il s'empêcher de lui demander.

« Non. »

Le deuxième, pensa-t-elle tristement.

Même si Christian l'avait voulu, ce qu'elle ne pouvait pas imaginer, elle n'avait rien à lui offrir. Elle était si inexpérimentée qu'elle ne pourrait pas le satisfaire. Et même si dans ses rêves elle s'était imaginée dans cette pièce rouge, qu'elle avait vu brièvement le jour de son arrivée quand la police était en train de la fouiller, Ana ne se croyait pas assez forte pour endurer ce genre de traitements.

« Et toi, continua Christian, tu seras d'accord ? Je ne veux pas te forcer et ton père risque d'être furieux. »

« Je pense pouvoir le faire. Je parlerai à mon père. »

« Ma mère m'a demandé si nous voulions avoir des enfants rapidement. » partagea-t-il, amusé de voir Ana nerveuse.

Mais la blague se retourna contre lui quand la jeune femme se mordit la lèvre et le regarda dans les yeux.

« À moi aussi. » lui apprit-elle ne pouvant bientôt plus retenir quelques larmes.

« Eh... pourquoi tu pleures ? »

« Je m'en veux... je l'adore, je les adore tous et j'ai peur qu'ils me haïssent après. »

« Ça n'arrivera pas. » promit-il en l'enlaçant.

« Bien sur que si, c'est le plan ! s'emporta Ana. Dans quelques mois je te quitterai et ils te consoleront en me maudissant de t'avoir blessé. »

« Nous leur dirons la vérité si je suis innocenté, d'accord ? »

« Oh Christian... » sanglota-t-elle, encore plus peinée en l'imaginant enfermé à vie en prison.

Il la berça quelques minutes et quand elle sécha ses pleurs sur la chemise de son fiancé, elle ne put se résoudre à quitter la chaleur de leur étreinte. C'était la première fois qu'il la touchait intentionnellement sans personne pour les voir.

« Ana, je te promets de te donner le beau rôle. » se crut-il obliger de dire en riant.

« Je vais perdre, peu importe l'issue. Mais toi, toi Christian Grey, tu ne dois pas baisser les bras, tu dois prouver ton innocence. »

Elle lui offrit son plus beau sourire puis prétexta devoir appeler son père. En fait, Ana alla noyer d'autres larmes sous la douche. Elle avait failli trahir leur accord, elle avait voulu qu'il l'embrasse et qu'il lui fasse l'amour.

_oOo_

Noël arriva et la famille Grey au complet se présenta avec une demi-heure d'avance chez Christian. Grace fut émerveillée par le repas qu'Ana avait tenu à préparer seule. Gail était partie dans sa famille pour les vacances et Grace avait proposé à sa future belle-fille de faire appel à un traiteur.

« Une femme parfaite. » déclara Elliott en lorgnant déjà sur la table.

Christian posa un bras autour des épaules d'Ana et menaça du regard son frère qui au fil des mois avait fait de trop nombreux compliments à la jeune femme.

« Voici le gui ! » annonça Mia.

« Je dois aller chercher les cadeaux ! » se souvint alors Ana, échappant à la sœur de Christian.

Elle alla se réfugier dans sa chambre et face à son miroir, elle tenta de s'insuffler du courage.

« Ana ? » l'appela Christian derrière sa porte.

« Entre. »

Elle évita son regard et retira de sa penderie un gros sac rempli de cadeaux. Grâce à son salaire, elle avait pu gâter chaque invité, le cadeau qui lui avait donné le plus de mal avait été celui pour son fiancé.

« J'ai dit à Mia de ne pas refaire ça. » lui apprit-il.

« Elle ne pensait pas à mal. »

« Je sais, mais je ne veux pas que tu te sentes mal à l'aise. »

« Je veux t'embrasser. » lâcha-t-elle, exaspérée qu'il veuille la protéger de ça.

Puis elle réalisa ce qu'elle venait de dire et s'empressa d'ajouter qu'elle le ferait pour la bonne cause.

« La bonne cause? » releva Christian, un demi-sourire sur les lèvres.

« Oui. »

« Je veux t'embrasser, maintenant. Pour la bonne cause. » déclara-t-il.

Elle le laissa s'approcher et l'enlacer, elle le laissa l'embrasser légèrement, elle le laissa lui ravir son cœur sans protester. Il rouvrit les yeux et se noya dans les prunelles de cette femme qui lui avait très certainement sauvé la vie. Il eut alors une nouvelle révélation, lui qui avait fantasmé sur elle, lui qui l'avait voulue dans sa salle de jeux, il savait désormais ce que c'était que d'aimer une femme. Avec toute son âme, tout son corps et son cœur, il aimait Ana et oublia aussitôt son attirance pour le sadisme. Jamais il ne pourrait la soumettre.

« Allons-y sinon ton frère va enchaîner les remarques crues. » lui dit Ana.

« Oui, tu as raison. »

Et parce que il aimait Ana, il ne pouvait pas être avec elle, jamais. Elle méritait un homme sain d'esprit, pas une raclure de son espèce.

Mia n'évoqua plus le gui, le père d'Ana coupa court aux plaisanteries d'Elliott qui de toute façon passa son temps à draguer Kate et la soirée se déroula dans la bonne humeur. Carrick faisait bonne figure mais parfois son visage devenait sombre et Christian devina que son père regrettait que tout ce bonheur fut fictif.

Quand minuit sonna, les cadeaux furent échangés après que Grace leur ait souhaité un joyeux Noël et ait prié à voix haute pour que l'année prochaine, elle ait un petit bébé à couvrir de présents.

« Grace, je vous l'ai dit, je ne me sens pas prête. » lui souffla Ana gentiment.

Carla soutint sa fille et souhaita à tous les deux de prolonger encore leur vie à deux.

Ana tendit rapidement un paquet assez gros à son fiancé pour faire cesser cette discussion, et se mordit la lèvre en attendant sa réaction. Christian rit en voyant un hélicoptère télécommandé.

« Je sais qu'il te manque. » expliqua-t-elle assez fort pour être entendue de tous.

Jamais il ne lui avait parlé de sa passion de voler, elle l'avait appris à ses dépends mais son geste le toucha énormément. Ana en fait avait passé deux semaines à se casser la tête parce que faire un cadeau à un milliardaire était mission impossible, mais Elliott l'avait aidé.

« Alors ? Tu ne l'embrasses pas pour la remercier ? s'étonna Carla en observant son futur gendre. Je te l'avais dit Ana, tu aurais du choisir ce... »

« Non, c'est parfait la coupa Christian. Merci mon amour. »

Il s'approcha de sa fiancée et d'un regard, lui demanda la permission de l'embrasser. Elle sourit nerveusement et resta immobile, consentante et impatiente. Il l'embrassa si tendrement qu'Ana voulut le croire sincère. Pouvait-il être si bon acteur ?

« Ouvre son cadeau ! » intervint ensuite la mère d'Ana.

Christian avait opté pour un bracelet en argent orné de plusieurs saphirs qui lui avaient rappelé les yeux de sa petite-amie. Elle le remercia et avant que quiconque ne lui en fasse la remarque, elle se hissa sur la pointe des pieds et donna un baiser plus long à Christian. Il dut la rattraper ensuite, elle se sentait étourdie, comme enivrée par lui.

Cette nuit-là, Christian se jura de ne plus la toucher, Ana était bien trop parfaite et lui trop faible. Dieu seul savait jusqu'à quand il pourrait tenir ses résolutions.

_oOo_

Le jour de l'an ne fut hélas pas une répétition du réveillon de Noël, Grace cette fois avait invité plus de monde et engagé un traiteur. Christian lui en avait un peu voulu, il détestait l'idée de laisser venir des étrangers chez lui. Son père qui avait compris son malaise, lui rappela qu'il devait faire bonne figure et que ce dîner guindé serait mentionné dans la presse.

Mia et Kate décidèrent d'occuper Ana qui s'inquiétait elle aussi de voir une cinquantaine de personnes envahir son espace à Christian et elle. Mia la rassura.

« Ne leur parle pas, la plupart sont là pour l'alcool et seront vite saouls. Évite les vieux qui voudront te pincer les fesses. »

À cet instant, Elena Lincoln fit son entrée. Ana ne pouvait pas se l'expliquer mais elle n'aimait pas l'amie de Grace et sa façon de regarder Christian. Celui-ci accueillit son invité avec sa mère puis Elena le précéda vers son bureau comme si elle était la propriétaire des lieux. Ana savait qu'ils partageaient la chaîne de salons de beauté qu'Elena gérait et la seule information qu'elle avait eu sur cette femme, elle la tenait de Taylor qui l'avait décrite comme une amie très proche de Christian. Mais alors, il avait fait une grimace et Ana n'avait pas eu le courage de le questionner davantage.

Dans le bureau, Christian prit cet aparté comme une pause bien méritée. Il écouta Elena se plaindre de la baisse de la fréquentation de ses salons et de la difficulté de recruter des esthéticiennes honnêtes et efficaces. Christian avait l'habitude de ces jérémiades, il supportait depuis longtemps le manège d'Elena, qui ne voulait en fait que quelques milliers de dollars pour soi-disant faire fructifier leur affaire.

« Alors comment tu supportes ta vie entre ces murs ? » le questionna-t-elle comme elle aurait demandé si il neigeait au Pôle Nord.

« Mal, comme tu t'en doutes. Heureusement que j'ai Ana. »

« Je dois avouer que tu m'as étonné, se confia Elena en passant un doigt le long du bras de son ancien soumis. Tu n'es jamais resté aussi longtemps avec une femme. »

« Avec une soumise non, en effet, mais Ana n'en est pas une, ne l'oublie pas. » répliqua-t-il avec fermeté.

Il avait été tenté de mettre Elena dans la confidence, elle était désormais son amie et elle seule le comprenait et savait tout de sa vie. Mais Taylor avait insisté pour qu'il se taise et donc même à sa confidente, Christian avait du mentir.

« Tu n'es plus tenté ? »

« Non. » répondit-il honnêtement, pour la première fois depuis six mois.

« Des nouvelles sur l'enquête ? »

« Hélas non, on a réussi à prouver que je n'avais aucun intérêt à rencontrer Leila mais il reste ce foutu mot et notre relation passée. »

« Oui... le mot. »

« Le pire c'est que je ne me souviens même pas quand j'ai pu le lui écrire, ça n'est pas ma procédure. J'envoie des mails ou des messages par téléphone, je ne laisse jamais de papier. »

« Tu es si tendu... soupira Elena qui n'avait pas cessé de toucher Christian. Aurais-tu envie d'une séance rapide, ici et maintenant ? »

« De quoi parlez-tu ? »

« Oh ne fais pas l'amnésique. Quand tu étais tendu comme ça, je devais te donner trente coups de canes pour te calmer. » lui remémora-t-elle, hautaine.

« C'est terminé tout ça. »

« Évidemment, je ne pensais pas à ça. »

Elle releva les pans de sa robe pour dévoiler ses jambes gainées de soie. Il stoppa son geste puis s'éloigna d'elle.

« N'y pense même pas ! » gronda-t-il.

« C'est moi, Elena... chercha-t-elle à l'amadouer. Tu peux tout me dire et me faire, je suis là pour toi. »

« Je n'ai besoin que d'une chose, être innocenté. »

« Bon courage alors car l'attente risque d'être longue. »

Elena sortit du bureau en souriant alors qu'en elle, elle bouillonnait de rage. Elle rajusta un de ses bas et sursauta en entendant quelqu'un haleter. Ana se tenait au bout du couloir et la regardait faire, une expression blessée sur le visage.

« Heureusement que je suis là pour lui apporter un peu de piment, minauda la femme en passant devant Ana. Ça n'est pas en faisant l'amour dans un lit que Christian peut être satisfait. Tu sais, petite Anastasia, que je suis plus experte pour ça que toi. »

Elle quitta la petite fête sur ces mots, laissant Ana pétrifiée. Christian resta dans son bureau encore dix minutes et quand il en émergea, il ne put trouver sa fiancée nulle part.

« Où est Ana ? » demanda-t-il à sa mère.

« Je l'ai vu aller vers votre chambre. »

Il la remercia et courut vers sa chambre, où en effet quelques vêtements d'Ana et une photo avaient pris place pour les besoins de leur mascarade. Ana s'était allongée en boule dans le lit, froissant sa robe et gâchant sa coiffure.

« Que se passe-t-il ? Tu te sens bien ? » s'enquit Christian en s'agenouillant à côté d'elle.

Ana lui tourna le dos et étouffa ses pleurs dans l'oreiller, ce qui ne fit qu'aggraver les choses. L'odeur de l'homme dont elle était, malgré elle, tombée amoureuse lui rappelait qu'elle n'était rien pour lui.

« Ana? »

« Elena et toi... » parvint-elle à articuler.

« C'est du passé. »

« Du passé ? »

Christian ne comprit pas l'étonnement de son compagne et lui rappela qu'Elena lui avait tout appris de son ancien mode de vie. Ana l'écouta sans l'interrompre, écoeurée par chaque mot. Il pensait qu'elle était déjà au courant.

« Tu n'avais que quinze ans ! » s'exclama-t-elle quand il eut terminé de se confier.

« C'est du passé et je... je ne veux plus ça. »

« Elle est sortie de ton bureau, elle m'a dit qu'elle seule pouvait te donner satisfaction en dehors du lit ! » lui dit-elle, ses yeux à nouveau remplis de larmes.

« Calme-toi Ana. » lui intima Christian.

« Comment espères-tu que je me calme ! C'est une pédophile ! Elle a volé ton innocence, elle t'a perverti ! » sanglota Ana, meurtrie comme si elle-même avait subi ces horreurs.

« Elle m'a aidé quand j'en avais vraiment besoin. »

« En te battant ?! En associant plaisir et souffrance ? C'est ça que tu appelles aider ? »

« Tu ne peux pas comprendre. » se renferma Christian.

« Et je ne le veux pas ! cracha Ana avec dédain. Je ne veux rien savoir de plus de ces femmes qui t'ont été soumises. Mais maintenant je sais pourquoi tu es comme ça. »

« Comme quoi ? »

« Incapable de laisser ceux qui t'aiment te le prouver ! Tu es si bon avec eux mais personne ne peut te prendre dans les bras, personne ne peut s'approcher trop près car tu as peur qu'on te blesse. »

« Tu ne sais rien ! »

« Ta mère croyait que je savais tout parce que tu le lui as fait croire. Elle m'a raconté dans quel état tu as été retrouvé... »

« Assez ! »

Il attrapa les poignets d'Ana et la força à se relever.

« Elle m'a dit qu'il t'avait maltraité, continua pourtant Ana, et ta mère ne t'a pas protégé. Mais c'est terminé ! Nous t'aimons et nous ne te blesserons pas. Comment peux-tu te méfier de ta propre famille ?! »

« Tu te considères comme un membre de ma famille ? » la sonda-t-il, le regard noir de fureur.

« Je... »

« Tu as été payée pour jouer ce rôle, et tu le joues très bien. N'oublie pas où est ta place. » lui asséna-t-il avant de relâcher ses poignets.

Il sortit en trombe de la pièce et buta sur sa mère.

« Christian... est-ce vrai ? Elena a abusé de toi ? »

_oOo_

« Ana ? » murmura Grace en rejoignant la jeune femme qui sanglotait de plus belle.

Elle s'était laissée tomber à terre, Christian l'avait repoussée et ne lui pardonnerait pas de l'avoir jugé, elle en était certaine.

« Grace... Je ne peux pas... revenir à la... fête... »

Ana se sentit ensuite un peu mieux grâce à l'étreinte maternelle de sa future belle-mère.

« Je vous ai entendu vous disputer. Christian est reparti s'enfermer dans son bureau. »

La jeune femme se redressa, en panique. Si Grace avait tout entendu...

« Je n'arrive pas à y croire... Tu dois me trouver horrible, Ana, mais je te jure que je n'ai jamais eu de soupçons. Elena est... une amie si proche... »

« C'est une femme diabolique Grace, ne la laissez plus vous approcher, quoiqu'en dise Christian. »

« Je vais m'occuper d'elle... Je dois savoir Ana si tout est vrai. Tu n'es pas fiancée à mon fils, n'est-ce pas ? »

Ana fit non de la tête, elle n'avait plus la force de mentir.

« Il avait besoin d'un alibi, vous ne devez en parler à personne. »

« Bien sur... mais toi Ana ? »

« Quoi moi ? »

« Il a dit que tu étais là pour l'argent. »

« Je l'ai fait parce que Taylor me l'a demandé et que j'avais besoin d'un emploi. J'avais hâte d'être indépendante, de vivre ici à Seattle et d'avancer professionnellement. L'argent... Christian a insisté pour que je touche trois millions de dollars à notre séparation. »

« Tu l'aimes. » devina Grace.

Ana inspira profondément, son silence résonna comme un aveu, et Grace l'enlaça plus fort.

_oOo_

Taylor tenta de parler en privé avec Ana, il avait assisté depuis son poste de surveillance à la petite scène d'Elena avant de partir. Son patron refusait de lui ouvrir le bureau aussi il n'avait pas d'autre choix que de solliciter Ana pour quelques précisions.

Elle se leva tôt et au milieu d'un lit étranger mais dans lequel elle aurait aimé dormir chaque nuit. Ana se demanda quand elle était tombée amoureuse de Christian. Elle ne pouvait pas s'en souvenir mais le jour de son anniversaire, alors qu'elle vivait avec lui depuis trois mois, il lui avait organisé une fête surprise. Elle avait râlé et il s'était excusé, expliquant qu'il pensait avoir bien fait. Ana l'avait remercié, secrètement heureuse par cette attention. Christian s'était un peu moqué d'elle, arguant qu'elle était compliquée. Ce jour-là, elle avait compris qu'elle l'aimait depuis longtemps et qu'elle ne serait jamais à la hauteur.

Taylor frappa à la porte de la chambre avec insistance, elle passa un peignoir et le suivit à la cuisine.

« Je dois vous parler d'Elena. »

« Oh non, pas ça. » maugréa Ana en se prenant la tête entre les mains.

« Elle vous a menti, elle et M. Grey ne sont plus amants depuis huit ans. »

« Ça n'en avait pas l'air. » contra-t-elle.

« Je sais, depuis que Christian a cessé sa relation avec Leila Williams, elle le harcèle pour qu'il prenne une nouvelle soumise. »

Ana émergea un peu plus, piquée par la curiosité et le besoin de comprendre chaque nuance de son faux fiancé.

« Pourquoi est-ce si important pour elle ? »

« Car c'est la seule chose que tous les deux ont en commun, ils sont des dominants. »

« Les salons ? » rappela-t-elle au garde du corps.

« M. Grey s'en fiche, il a mis de l'argent dans l'affaire pour rembourser Lincoln qui elle-même l'a aidé financièrement quand il a créé son entreprise. Sans leur mode de vie, ils ne sont plus rien. »

« Christian a dit qu'ils étaient amis. »

« Elena Lincoln a eu sous sa coupe plusieurs hommes, elle sait comment s'y prendre pour inspirer confiance. »

« Mais puisqu'elle-même n'est pas une soumise, pourquoi vouloir à tout prix forcer Christian à en avoir une ? Je ne comprends pas. »

Taylor allait lui raconter un événement qu'il avait lui-même un peu oublié, pourtant il se stoppa un instant. Il venait de mettre son doigt sur quelque chose d'important même si c'était encore flou.

« Deux jours avant le meurtre de Leila Williams, juste avant qu'il ne parte à Portland, elle est venue le voir ici, à Escala. Elle s'est disputée avec lui, puis elle a dit que si Leila n'était pas convenable, il ne pouvait pas la blâmer pour ça. »

« Il lui a reproché quoi exactement ? »

« De n'avoir pas assez bien préparé Leila. » s'expliqua-t-il.

« Elle servait d'intermédiaire ? »

« Oui mais M. Grey avait décidé de chercher par lui-même, elle l'a mal pris. Ana, je pense qu'Elena Lincoln a tué Leila. » lui dit-il en ayant une révélation.

Taylor se leva et quitta à toute vitesse la cuisine. Il tambourina à la porte du bureau et Christian lui ouvrit en se plaignant de ne pas pouvoir dormir, il puait l'alcool.

« Ana, venez m'aider ! » l'appela le garde du corps.

Ensemble, ils trainèrent Christian jusque dans son lit. Celui-ci sombra bien vite, son dernier regard fut pour Ana.

« Je dois parler à Carrick Grey et Welch. Ana, ne quittez pas l'appartement, je vais tout verrouiller. Je vais dire à Gail de prendre sa journée, ordre de la maitresse de maison. Quand M. Grey se réveillera, expliquez-lui la situation. »

« Très bien. »

Elle se rendit de nouveau à la cuisine pour préparer un verre d'eau et des cachets. Elle surprit Gail dans les bras de Taylor, leurs lèvres soudées. Elle repartit dans le couloir et attendit que le garde du corps soit parti pour retourner vers la cuisine.

Gail et elle avaient du temps pour devenir amies à cause du secret d'Ana jamais elles n'avaient pu parler librement. Pour sauver les apparences, la gouvernante avait définitivement déménagé deux étages en dessous et ne venait que la journée pour faire le ménage. Elle n'était plus requise le matin tôt pour préparer les petits-déjeuners, Ana avait mit convaincu son fiancé que ça n'était pas nécessaire. Elles s'étaient croisées donc en fins de journées, Christian disparaissant rapidement dans son bureau après avoir récupéré ses dossiers.

Ana avait désormais la conviction que Gail savait toute la vérité.

« Il a trop bu, expliqua la jeune femme en sortant un verre puis les cachets. Je ne l'ai jamais vu dans cet état. »

« Il n'est en effet jamais ivre. » répondit doucement Gail.

« Taylor a-t-il eu le temps de vous dire que vous aviez votre journée de libre ? »

« Oui, merci Ana. »

« De rien. Passez une bonne journée. »

« Vous aussi, prenez soin de M. Grey. »

_oOo_

Taylor ne perdit pas temps, au volant du SUV il appela Welch puis Carrick Grey pour leur faire part de ses soupçons. Welch allait mettre sur écoute Elena Lincoln et vérifier son agenda pour la nuit du meurtre. La surveillance était déjà en place, mesure de sécurité prise par Christian Grey, mais jamais encore activée.

Carrick Grey avait déjà appris par sa femme la véritable relation qu'avait eu son fils avec leur amie. Il eut toutes les peines du monde à convaincre son épouse de ne rien dire ou faire, leur vengeance devrait attendre. Au matin, il fit promettre à Grace de ne pas quitter leur maison puis partit à son cabinet où l'attendraient Welch et Taylor.

_oOo_

Christian se mit à crier dans son sommeil, mais ce cauchemar-là était bien différent. Ana le quittait, Ana lui brisait le cœur et Ana ne l'aimait pas. Il s'agita dans les draps quand soudain ses mains agrippèrent un corps dont il connaissait chaque courbe sans jamais les avoir pourtant caressées.

« Je suis là. » lui dit Ana.

Elle était terrifiée par les cris de Christian, et était prête à tout pour qu'il cesse de crier. Quand il posa avec force ses mains sur ses hanches et les tira vers son corps, Ana se laissa faire.

« Ouvre-les yeux, tout va bien. » l'implora-t-elle.

« Ana. »

« Je suis là ! »

« Ana ! »

Il se réveilla en état d'alerte, rien qu'un instant il se crut encore dans son cauchemar puis il la vit, son visage à quelques centimètres du sien. Alors il ne résista pas au besoin de l'embrasser, avec passion, avec désespoir, avec adoration. Ana se fondit contre lui et passa ses bras autour du cou de Christian. Elle répondit à son baiser avec autant de force, refusa de s'éloigner quand il réalisa sa faute.

« Pardon Ana. »

Elle déchanta, retint ses larmes et descendit du lit pour se poster devant la grande fenêtre.

« Je ne peux rien t'apporter de bon. » se justifia Christian en se levant du lit.

« Ça n'est pas vrai. »

« Je suis abimé, je ne pourrais pas te... »

« Tu es certain que ça n'est pas le contraire ? » s'énerva-t-elle en lui faisant face.

« Tu es parfaite. »

« Je ne suis pas ta soumise. »

« Je ne le veux pas. »

« Christian, ça fait déjà longtemps que je ne joue plus. Mais ça n'a pas d'importance. Je voudrais quand même comprendre. »

« Quoi donc Ana ? »

« Toi. Je veux te connaître et apprendre tout de toi et de tes cinquante nuances. »

« Nuances ? » répéta-t-il, à la fois excité et effrayé par ce qu'elle lui disait.

« Tu es complexe, tu me rends dingue en passant d'un extrême à l'autre. Je ne sais jamais sur quel pied danser avec toi. »

Elle posa une main là où le cœur de celui qu'elle aimait plus que tout battait. Il se laissa faire, refusant de céder à la panique. Quand Ana le touchait, Christian avait toujours peur d'être blessé mais il était prêt à prendre le risque.

« Je veux comprendre. »

« Ana... »

Elle embrassa son torse tout en déboutonnant la chemise froissée. En découvrant les marques, elle ne fit aucun commentaire, ce qui rassura Christian jusqu'à ce qu'il sente sur sa peau les larmes de la jeune femme.

« Je ne te ferais pas de mal. » promit-elle.

« Je ne veux pas te faire de mal non plus, et c'est pour ça qu'on ne doit pas... »

« Chut... Laisse-toi aller. Oublie le reste, je suis là et je veux savoir. »

De vieux fantasmes resurgirent derrière les paupières closes de Christian, sous les caresses et les baisers d'Ana, il s'autorisa à l'imaginer à genou devant lui, allongée sur son lit, debout contre le mur, penchée dans la douche, elle les yeux bandés, la peau agacée par une cane ou un fouet, ses poignets entravés.

« Christian, regarde-moi. »

Il obéit parce qu'il avait beau vouloir la dominer, c'était elle qui avait tout pouvoir sur son être.

« Montre-moi. »

« Non. »

« Montre-moi ce qui te donne du plaisir. »

Elle l'attira vers le lit et le poussa dessus. La veille il l'avait repoussée mais ce matin, il allait enfin s'ouvrir à elle, se décida Ana.

« Ne touche pas ma torse et mon dos. »

« D'accord Christian. »

Elle aurait pu l'appeler « Maitre », son prénom dans sa bouche était pourtant suffisant pour l'exciter.

« Mets-tes mains au dessus de ta tête. »

Elle s'exécuta, son ventre se tordait de désir, son intimité réclamait d'être clamée.

« Je vais te déshabiller. » la prévint-il.

Il releva son débardeur et au lieu de le lui enlever, il le laissa autour de sa tête pour qu'elle ait les yeux bandés. Il tira ensuite sur son pantalon de yoga, il ne résista pas longtemps à la vue de ce corps tant désiré à moitié nu. Les sous-vêtements d'Ana furent arrachés et elle poussa un cri de surprise quand une bouche affamée vint mordre l'intérieur de ses cuisses. Sa peau rougit de plaisir, non pas de gêne, Ana se laissa envahir par ces sensations inédites. Jamais elle n'aurait pu imaginer un tel plaisir, ses caresses solitaires ces derniers mois n'avaient pas eu cet effet sur elle.

Elle murmura son prénom tandis qu'il fit glisser sa langue sur le ventre plat et pâle de son amante. Oui voilà ce qu'elle était, non pas sa soumise mais son amante. Aucun des traitements infligées aux autres ne le serait à Ana. Il continua son exploration, gardant le meilleur pour la fin, sa toison douce. Quand il rencontra le bouton rose déjà durci, Ana s'arqua et sans pourtant vouloir échapper à cette douce torture, elle ne cessa de s'agiter.

Christian sourit pour lui, fier d'éveiller ainsi sa belle. Il défit sa ceinture et la passa autour des reins d'Ana. Celle-ci s'était figée en comprenant qu'il avait prit sa ceinture, craignant des coups, mais non, Christian la lui passa et d'une main ferme il maintint en place le bassin en feu de son amante tandis qu'il lapait son sexe jusqu'à la faire crier de plaisir.

« Prends-moi. » le supplia-t-elle après être morte et née une deuxième fois.

Christian avait déjà son sexe en main, il s'approcha du corps intact de son amante mais renonça. Il ne pouvait pas.

« Prends-moi, je veux que tu me possèdes. » insista-t-elle.

« Sois patiente. » lui dit-il.

Non il ne lui ferait pas l'amour, il ne la baiserait pas non plus. Il n'avait pas le droit de s'approprier la virginité d'Ana. Il la libéra de son entrave, le débardeur atterrit sur le sol et Ana cligna des yeux. Elle l'admira quelques secondes, ce corps magnifique qu'elle n'avait jamais pu qu'imaginer était un nouveau monde à découvrir. Elle respecta sa promesse, elle évita le torse et le dos, ses caresses voyagèrent sur les épaules larges et les haches étroites de Christian. Le sexe tendu vers elle la fit littéralement saliver et avant que Christian ne puisse l'arrêter, elle le gouta. Chaque coup de langue fut plus audacieux que le précédent, plus lent, plus délicieux pour celui qui recevait ces attentions. Ana était assise au bord du lit mais était encore trop haute aussi elle glissa sur le sol, à genou.

Christian se crispa et la regarda faire, terrorisé de la voir ainsi et tellement excité. Un regard d'Ana le rassura, ses yeux lui juraient qu'elle aimait ça, que ça n'était pas malsain. Il se déversa rapidement dans sa bouche, pris dans le tourbillon des sensations, il n'avait pas pensé à la prévenir. Ana accueillit comme une offrande le nectar de son amant, elle le lécha encore quelque fois puis déglutit. Soudain intimidée, elle attendit un mot de Christian, rien qu'un mot pour lui donner un peu d'espoir. Il fit plus.

Il la souleva et l'allongea sur le lit, leurs lèvres se connectèrent, leurs langues osèrent se toucher, leurs gouts se confondirent. Christian l'inonda de baisers et se laissa enfermer entre les cuisses d'Ana. Mais rien ne pourrait le faire flancher, il ne lui ferait pas l'amour. Cette fois avec ses doigts, parce qu'il était incapable de ne plus l'embrasser, il la porta au summum du plaisir. Elle le regarda ensuite, reconnaissante et épuisée.

« Dors mon amour. » lui chuchota-t-il, avant de lui ôter la ceinture et de la couvrir du drap.

Ana, repue et heureuse, accepta l'ordre. Elle était épuisée par une nuit à pleurer et par cet éveil à la vie.

Christian l'observa sombrer dans un sommeil bien mérité, il pensa à la joie qu'il aurait de pouvoir assister à ce spectacle chaque jour de sa vie. Le retour à la réalité serait suffisamment difficile, il choisit de s'octroyer la journée avec Ana pour se construire assez de souvenirs qui lui tiendront compagnie le reste de sa vie.

Il appela Gail dans l'appartement mais celle-ci n'était pas là. Il fouilla le réfrigérateur et les placards en quête d'un déjeuner pour son amante. Elle méritait un repas de reine mais il n'y avait rien d'appétissant selon lui. Taylor non plus ne répondit à ses appels, ni sur son téléphone. L'appartement était vide et quand il voulut ouvrir la porte d'entrée pour aller sonner chez Gail, il la trouva verrouillée.

« Christian ! » entendit-il depuis la cage d'escalier.

Il reconnut Elena et pensa qu'elle venait s'excuser. Son comportement la veille l'avait véritablement blessé, jamais il ne pourrait coucher avec Elena, ils étaient amis et elle n'aimait que les jeunes hommes. En ça, Ana n'avait pas tout à fait tort, son ancienne dominante pouvait être qualifiée de pédophile.

« J'ai du prendre l'ascenseur de service qui s'arrête au dixième. » lui dit-elle, essoufflée.

« Que veux-tu ? »

« Ton aide. La police est venue ce matin chez moi, j'ai pu me sauver par la cave. »

Elle y avait aménagé une entrée secrète et quand il avait été son soumis, il devait emprunter ce passage débouchait sur la petite ruelle derrière la propriété pour ne pas être vu du mari d'Elena.

« Tu es seul ? »

« Oui. Mais pourquoi la police est venue chez toi? Qu'as-tu fait ? » la pressa-t-il.

Elle posa ses mains sur ses hanches et le défia du regard.

« Ton garde du corps était là aussi. »

« Taylor ? »

Christian ne comprenait pas les évènements de cette matinée. Pourquoi était-il seul avec Ana ? Pourquoi l'appartement avait-il été entièrement verrouillé.

« Pourquoi as-tu révélé à Grace ce que nous avons fait ?! » s'écria-t-elle.

« Elle nous a entendu hier soir, Ana et moi. Nous nous sommes disputés à cause de toi. »

« Elle a appelé tôt ce matin et m'a dit qu'elle me dénoncerait à la police, et ça n'a pas tardé ! Tu dois nier ! »

Christian repensa aux pleurs d'Ana et à toute la compassion qu'elle lui avait montré. Il revit aussi sa mère la veille, lui demandant si ce qu'elle avait entendu était vrai. Il avait causé tant de peine à Grace depuis qu'elle l'avait adopté. En rentrant dans le rang à quinze ans, il s'était juré de ne plus la décevoir. Ce qu'il avait fait hier était pire encore. Ce qu'Elena avait fait...

« Réveille-toi Christian ! On doit agir et vite ! »

« Que veux-tu faire ? » la questionna-t-il en se dirigeant nonchalamment vers la console près du piano.

Il y avait caché une arme, il sentit qu'il en avait besoin et vite. Elena alla s'assoir sur le canapé et joua nerveusement avec son collier.

« Fuir. Nous devons fuir. »

« Il y a deux policiers en bas de cet immeuble je te rappelle. »

Elle sortit de son sac un pistolet puis le lui montra triomphalement.

« Je sais que tu en as aussi ici, à nous deux, nous pouvons les tuer et filer au canada. Ça ne sera qu'une étape. Quand on pourra bouger, Taylor viendra avec ton jet... »

« Tu délires ! Je ne vais pas m'enfuir ! »

« Et qu'est-ce qui te retient ici ? Tu vis enfermé chez toi depuis six mois. »

« Ma famille. »

« Ils sont surement tellement dégoutés par toi à l'heure qu'il est. »

Elle lui avait déjà dit cela, plus de dix ans plus tôt. Si quelqu'un apprenait leur secret, ils seraient jugés et traités comme des parias. La famille Grey le rejetterait, lui avait-elle juré. Malgré lui, il pensa que c'était toujours le cas, il avait fui sa mère la veille pour ne pas répondre à sa question et surtout ne pas lire dans ses yeux le dégoût. Mais Ana savait et Ana le voulait. Il ne pouvait pas ignorer qu'elle aussi l'aimait.

« Ana ? Tu penses à ta petite Ana ? »

« Elle est sortie. »

Elena le regarda, suspicieuse il s'en voulut d'avoir parler sans réfléchir.

« Elle est ici. »

« Non. »

« Tu ne voudrais pas t'amuser une dernière fois avec elle ? »

« Non... » souffla-t-il, sachant pertinemment ce que cela signifiait.

« Leila, elle, était prête à tout pour toi. Je reconnais qu'elle t'a trahi en tombant amoureuse de toi. Mais ça n'était pas ma faute. »

Il se remémora alors leur dispute, deux jours avant que Leila ne meurt, deux jours avant que lui soit accusé du meurtre.

« Je t'avais confié mes doutes quelques semaines avant, tu as dit que tu lui parlerais. »

« Et je l'ai fait ! » s'offusqua Elena.

« Elle m'a dit qu'elle m'aimait, qu'elle voulait fonder une famille. » relata-t-il, faisant semblant d'être écoeuré.

Elena se mit debout et alla vers lui, repentante.

« Oui elle a été si stupide. Mais elle a été punie. Crois-moi, elle a souffert. »

Elle fut rapide et se posta devant la console. Son arme toujours en main, elle observa Christian, cherchant à savoir si elle mentait.

« Tu l'as tuée. » comprit-il en s'éloignant.

Elena releva son bras pour viser, elle le tint en joue pour qu'il ne s'échappe pas.

« Je voulais seulement lui apprendre une leçon oh combien précieuse. Mais tu me connais, j'ai du mal à m'arrêter. » roucoula-t-elle.

Ses yeux s'enflammèrent et Christian sut qu'elle ne l'épargnerait pas.

« Pourquoi m'avoir laissé être accusé ? C'est toi qui a guidé la police. »

« Oui, ce petit mot, tu me l'avais écrit l'année dernière après avoir découvert que j'avais acheté une nouvelle voiture avec l'argent des salons. »

« Je pourrais être emprisonné à vie. »

« Je ne tomberais pas seule. » assura-t-elle en marchant vers lui.

« Je ne t'aurais pas dénoncée. »

Christian sentit la présence d'Ana, il se fit violence pour ne pas lui crier de partir, elle était accroupie derrière le comptoir de la cuisine.

« On ne le saura jamais. »

« Il te retrouveront, moi je survivrais en prison, pas toi. »

« C'est pour cela que nous devons fuir ensemble. J'ai un compte caché, nous pourrons vivre riches et au soleil ! »

« De l'argent que tu m'as volé je suppose. »

Il pouvait distinguer le bruit des touches, Ana était en train de demander de l'aide, mais il avait peur que leur temps leur manquât. Elena continuait de le menacer avec son arme, elle s'approchait de lui en souriant comme une démone.

« De l'argent qui nous appartient à tous les deux. Décide-toi maintenant ! » exigea-t-elle.

« Non. »

Il courut vers l'entrée pour détourner Elena de la cuisine, mais il se stoppa en entendant un cri suivi d'un coup de feu. Il se retourna et découvrit son Ana au sol, une main sur sa cuisse, consciente mais souffrante. Elena la repoussa et se releva. L'arme avait glissée jusque sous le piano et elle plongea pour la récupérer. En se redressant, elle fut stoppée dans son élan par une autre balle.

Taylor était arrivé hélas en retard, se désola-t-il. Ana était blessée et saignait beaucoup. Christian n'avait pas attendu et avait accouru vers elle. Il appuya sa main sur la plaie et supplia son amour de ne pas s'évanouir, de rester consciente.

« Une ambulance arrive, on va la descendre ! » décida le garde du corps.

Taylor souleva Ana qui n'avait toujours pas desserré les mâchoires pendant que Christian maintenait une forte pression sur la blessure. L'ambulance se gara devant eux alors qu'ils sortaient de l'immeuble, les deux policiers en faction intervinrent, empêchant Christian de suivre Ana à l'hôpital. Il fut escorté chez lui et expliqua rapidement aux forces de l'ordre ce qu'il venait de se passer.

_oOo_

« J'ai transmis la bande vidéo à la police, monsieur, vous serez libre demain. »

« Seulement demain ? » s'insurgea Christian.

« La paperasse. »

« Je dois voir Ana. »

« Désolé. »

Taylor laissa son patron enrager et retourna vers le petit bureau de la sécurité. Au moins il savait qu'Ana était réveillée et que l'opération s'était déroulée sans complications. Ray Steele lui aussi s'en était pris à son ancien subordonné. Il lui avait promis qu'Ana ne serait pas en danger et pourtant il avait dû se précipiter au chevet de sa fille.

_oOo_

Grace accompagna son fils jusqu'à la chambre d'Ana, elle embrassa sa joue puis le laissa entrer seul. Christian la trouva assise en train de batailler avec une infirmière, elle lui assurait pouvoir aller aux toilettes toute seule. Il attendit dans l'entrée, amusé par la scène et quand Ana sortit des toilettes en râlant et qu'elle le vit, bouquet à la main, elle se mit à rougir. L'infirmière l'aida à se rallonger puis quitta la chambre.

« J'en ai pour trois semaines à devoir garder le lit. Mon patron ne va pas être content. » plaisanta-t-elle.

« Je suis certain qu'il se montrera compréhensif. »

« Comment vas-tu Christian ? »

« C'est toi qui est blessée qui me demande ça ? Oh Ana, pourquoi as-tu risqué ta vie ? »

« Tu sais pourquoi. » chuchota-t-elle.

« Pendant une seconde j'ai cru que tu étais morte et j'ai eu vingt-quatre heures pour imaginer ma vie sans toi, lui confia-t-il en luttant contre ses larmes. Je suis tellement désolé. »

« Je ne regrette pas t'avoir sauvé la vie. Ne t'excuse pas. Dis-moi ce qu'il s'est passé pour elle ? » demanda Ana, impatiente de changer de sujet.

« Taylor l'a touchée à la poitrine, mais elle n'est pas morte. Elle a été placée dans un coma artificielle. Nous avons sa confession et comme tu le devines, j'ai été innocenté. »

« Que justice soit faite. »

« Ana... »

« Tu es venu pour me dire au revoir ? » demanda-t-elle avec courage.

« Ton père l'a exigé en effet... mais je ne peux pas. Je devrais te laisser tranquille, je ne te mérite pas mais j'ai eu si peur de t'avoir perdue... »

Il serra la main d'Ana dans la sienne, mais elle aurait besoin de plus pour comprendre.

« Je t'aime Ana, je ne veux pas d'une vie sans toi. »

Elle gémit de plaisir et ferma les yeux, se rejouant cette phrase. Et pour son plus grand plaisir, il la lui dit encore.

« Je t'aime Ana. Je... »

« Attends, le coupa-t-elle dans sa déclaration. Tu es certain que je te suffirai ? J'ai essayé, je te jure, j'ai essayé de m'imaginer dans cette pièce avec toi mais je ne peux pas, je ne pense pas y arriver un jour. »

« Je ne veux pas de toi comme soumise, Ana, je t'aime et jamais je ne te traiterai ainsi. Tu es ma... Tu m'aimes aussi ? »

« Oui Christian, je t'aime, je t'aime et j'ai peur que tu te lasses de moi. »

« Jamais. »

Il colla leurs fronts puis embrassa ses cheveux.

« Jamais. » répéta-t-il.

« Ok alors... toi et moi... »

« Ana, donne-moi cette bague. » lui dit-il en prenant entre ses doigts la bague donnée par Grace accrochée à la chaîne autour du cou d'Ana.

La jeune femme préféra ne pas se faire d'illusions, elle ôta la chaine puis en retira le bijou sans poser de questions.

« Si elle ne te plait pas, je t'en achèterais une autre. Mais je dois te le demander maintenant. Anastasia Steele, veux-tu m'épouser ? »

« Oui ! »

_oOo_

Le hasard voulut qu'Elena Lincoln se réveillât de son coma le jour même où Christian et Ana se marièrent, six semaines plus tard. À son procès, elle tenta encore d'impliquer Christian mais ce dernier témoigna contre elle sans aucune pitié, ainsi qu'Ana, Grace et Elliott Grey. Quand elle fut condamnée à la prison à vie, Elena pleura encore une fois mais plus du tout pour amadouer les jurys, parce qu'elle avait compris qu'elle avait perdu à son propre jeu.

Quatre ans plus tard, enceinte de sept mois, Ana apprit le suicide d'Elena Lincoln en prison mais n'y accorda pas plus d'une minute. Christian jouait avec Teddy dans leur jardin et elle avait hâte de voir sa petite Phoebe naître et compléter leur vie pourtant déjà parfaite.

FIN


Qu'en avez-vous pensé? J'en écrirai d'autres évidemment!

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A bientôt!

VanessaJJ