Titre : Akuma No Warutsu.

Disclaimer : Aucuns des personnages de Yana Toboso ne m'appartiennent, sauf ceux qui n'existent pas dans le manga.

Quoi d'autre ... ? Ah ! J'attends vos avis avec impatience !


Parce qu'il n'y a rien que je puisse faire pour l'apaiser à part satisfaire sa volonté. Elle était ma priorité ...


Big Ben annonçait les douze coups de minuit.

Ses cheveux d'un noir ténébreux tranchaient cruellement l'air dans une danse endiablée et énergique. Le rouge de ses prunelles inquisitrices fusillait le ciel de Londres vêtu de nuages épais. Sa beauté était à la fois angélique et effrayante en même temps. Et lorsqu'on croisait son regard de braise, prendre la fuite était la première chose qui viendrait à l'esprit de quiconque. Toute fois, il semblait intéressé les deux jeunes femmes qui le fixaient maintenant depuis un bon bout de temps sans s'en lasser. Elles n'étaient pas très âgées, et pas très jeune aussi. Elles étaient très attirantes mais le jeune homme debout fixait les ruelles sans ménagement et ne semblait pas du tout séduit. Il cherchait cependant quelqu'un mais n'arrivait pas à le trouver.

L'une d'entre elle sursauta lorsque l'horloge arrêta son tambourinement.

« - Oh mon Dieu ! Mère nous tuera si l'on ne se dépêche pas. » Hurla-t-elle affolée. « - Viens donc Rose. » S'empressa-t-elle d'ajouter en entrainant sa sœur cadette avec elle.

Il soupira et retint un léger sourire amusé. Les humains étaient pitoyables et ne se préoccupaient point de l'âme, mais étaient obnubilés par la beauté. Hommes et femmes. Tous y passaient.

Il jeta un coup d'œil aux alentours et sauta délicatement sur la première branche d'arbre qu'il vit. Il se jeta ensuite sur le toit d'un magasin de chapeaux et débuta une course infernale. S'arrêtant quelques instants pour regarder les passants presque rares.

Ce qu'il cherchait ? Des domestiques tout simplement. Il en avait déjà certes, et il n'était pas prêt de les renvoyer, d'autant plus qu'ils constituaient une aide importante pour la protection de son jeune maitre. Mais là, il essayait de dénicher pour une fois de vrais domestiques. Et quand il dit vrai, c'est-à-dire : un cuisiner digne et compétant pour la famille Phantomhive et qui ne passe pas de préférence ses journées à carboniser les plats au lance-flammes, une soubrette qui sache faire le ménage correctement sans casser la belle et onéreuse vaisselle, et un jardinier qui ne passe pas son temps à déraciner les somptueuses roses blanches ou les sapins ornant la propriété.

Et puis, il en avait sérieusement par-dessus la tête des sottises continuelles de ses serviteurs. Un simple humain serait devenu fou dés le premier jour.

Il arrêta sa course soudainement, ressentant une aura bizarre. Il pencha légèrement la tête vers la rue de façon à voir les marchands toujours actifs à cette heure-ci.

Son regard s'arrêta sur une jeune rousse aux cheveux mi-long ondulés qui débattait avec le vendeur. Il semblait vouloir l'arnaquer mais elle n'était pas dupe.

Elle affichait un sourire malicieux et redemandait une seconde fois le lieu de la provenance de la marchandise. Le front du vendeur dégoulinait de perles salées prouvant que celui-ci était sérieusement angoissé par le calme imposant et incroyable de la jeune fille. Pourquoi lui reposait-elle toujours la même question à chaque fois qu'elle venait s'en procurer comme à chaque Lundi ?

« - Hum. Et celui-ci? De quel pays provient-t-il, Monsieur Rowland ? » Demanda-t-elle en pointant un autre sachet.
« - De Chine! » Cria presque le concerné.
« - De Chine? Et comment s'appelle-t-il ? » Continua-t-elle en humant les petites feuilles noir dans sa paume droite.
« - Ceci voyez-vous, est un thé très rare et très cher. » Précisa-t-il en appuyant sur le dernier mot. « - Son nom est leBai Hao Yin Zhen. »

Elle ne répondit pas, se contentant de passer entre les petites boites entreposées sur la table. Inhalant quelques fois le contenant.

Perché maintenant sur la gouttière de la boutique, le jeune valet observait la scène d'un œil attentive et amusé. Lui, qui était très pointilleux et précis lorsqu'il préparait le Thé à son jeune maître, se disait que cette humaine allait se faire berner aussi facilement que de faire taire les pleurs d'un gamin avec des bonbons.

Il s'apprêta à reprendre sa recherche lorsqu'il entendit un bruit sourd dans la pièce. Et étant doté d'un vue surprenante, il put voir à travers la vitre.

La jeune fille avait fait tomber volontairement un sac de thé à terre. Le contenu y était éparpillé sur le sol. Il vit que les joues du marchand s'empourpraient, et il s'apprêtait surement à ensevelir la jeune demoiselle d'insultes lorsqu'il croisa son regard. Il fut tétanisé.

Ses yeux sélénites le regardaient d'un air hautain et irrité.

« - Vous osez appeler ça du Bai Hao Yin Zhen alors que c'est n'est que du vulgaire Gunpowder? » Vociféra-t-elle en renversant un second sac.

Le majordome fut surpris au début, mais se ressaisit en se retenant de rire lorsqu'il vit le vendeur.

« - C-Comment ... »

« - C'est simple. » Commença-t-elle en empoignant quelques feuilles noires pelotées. « - Le Gunpowder est noir. Et il est utilisé essentiellement comme base dans la fabrication du thé à la menthe. Le Bai Hao Yin Zhenest un thé blanc en forme d'aiguilles alors que celui que vous m'avez proposé était une sorte de billes. Leurs saveurs et odeurs n'ont rien en commun, d'autant plus que la couleur diverge largement. Enfin, les connaisseurs savent bien faire la différance. Hum ... Ce qui n'est pas votre cas malheureusement. »

Elle renversa ensuite les boites du thé bon marché que le vendeur promettait être de la bonne qualité et attrapa une au hasard. Elle huma le contenu et en déversa sur sa paume.

« - Ceci n'est pas du Keemun de Chine, comme il est marqué, mais il est en réalité du Darjeelingplanté dans la région du Bengale-Occidental en Inde. Le premier a un goût très fruité tandis que l'autre est composé d'arômes floraux ainsi qu'un arrière goût de muscat. »

Et pour couronner le tout, elle prit le reste de la boite et la vida sur sa tête. L'homme en restait estomaqué. Comment cette petite écervelée avait percé son secret ? Tous les connaisseurs qui étaient venus jeter un coup d'œil étaient tous repartis croyant avoir emporté avec eux du véritable thé. Alors que cette gamine l'avait démasqué sans aucune difficulté.

« - M...Mais la dernière fois. Vous êtes venue et vous avez bien acheté de ce Gunpowder! » Hurla-t-il en se relevant prêt à esquisser un geste brusque.

« - Ah? Non, je savais bien que c'était du Gunpowder. J'en avais besoin pour fabriquer moi-même un thé à la menthe. »Répondit-elle en haussant les épaules.

Il en resta un moment la à la fixer bêtement, la bouche ouverte, prête à l'insulter, mais il s'arrêta subitement car celle-ci le regardait d'un air assez menaçant pour le dissuader de faire une erreur. Et ce qui s'en suivit, choqua la demoiselle qui recula stupéfaite.
L'homme s'était agenouillé implorant de toute ses forces de lui laisser la vie sauve. Qu'il avait cinq enfants, une femme, un chat et deux chiens et le devoir de les nourrir par tous les moyens. Il s'apprêtait même à lui raconter toute sa vie voulant l'attrister par son pauvre sort mais celle-ci préféra tourner les talons et l'ignorer.

Elle s'arrêta sur le seuil de la porte et déclara sans se retourner.

« - Ce n'est pas en marchandant de façon illégitime que vous réussiriez. Et vous apitoyez sur votre sort ne fera qu'aggraver les choses. »

C'est en marmonnant un autre commentaire assez déplaisant qu'elle quitta l'établissement laissant dernière elle l'homme qui commençait déjà à nettoyer la pagaille. On aurait dit qu'une tornade s'était abattue à l'intérieur.

Oui maintenant elle l'intriguait et il voulait absolument l'engager. Pourquoi ? Parce qu'elle avait tout ce dont il recherchait depuis ce matin. Elle semblait s'y connaitre en matière de gastronomie –même si elle n'a parlé que de thé- et elle serait parfaite dans la cuisine. Pas du tout maladroite. Elle compensera en même temps les dégâts de la soubrette et du pseudo-cuisiner.

En ce qui concerne Finnian, il verra ce qu'il pourra faire.

« - Old King Cole was a merry old soul. And a merry old soul was he! »

Il la suivait toujours tandis que celle-ci sautillait comme une gamine et fredonnait une comptine populaire. Elle n'était pas si jeune que ça pour réciter ce genre de chanson, et elle avait une voix plus enfantine lorsqu'elle était en compagnie de Monsieur Rowland. D'après l'estimation qu'avait fait le brun pour soi-même, elle avait l'âge d'être adulte. Entre dix huit et vingt ans. Ses cheveux étaient couverts d'un chapeau indigo. La cape de la même couleur que celui-ci, épousait délicatement les courbes de son corps frêle.

« - He called for his pipe, and he called for his bowl, and he ...»

Elle s'arrêta brusquement de chanter et son visage prit un masque impassible et menaçant. Ce qui fit ricaner les deux hommes ivres devant elle et surprit le majordome.

Elle passa devant eux en baissant la tête tout en s'excusant. Mais l'un d'entre deux s'empressa de lui attraper le poignet, l'empêchant par la même occasion de s'échapper. Elle grimaça un instant lorsqu'il resserra son étreinte mais elle s'interdit de montrer son mal.

Derrière l'arbre à leur droite, le brun vêtu d'un magnifique costume regardait le spectacle qui s'offrait à lui. Que devrait-il faire ? L'aider ou tourner les talons sans s'en préoccuper ? Après tout, le sort de cette humaine lui était peu important, et il avait agi sans que son maître ne le lui ordonne. Il était tout simplement sorti après l'avoir mis au lit.
Toute fois, il admettait que cette demoiselle pourra certainement lui être utile. Et il n'avait pas besoin d'une domestique violée ou quoique ce soit dans le genre. Il l'aidera.
Un bruit sourd l'attira soudainement.

« - Rah ! Sale ... »

Bon finalement, elle n'aura pas besoin d'aide.

Un direct du droit sortit subitement et mit à terre l'homme qui la tenait fermement, après l'avoir assailli d'un coup de pied bien placé au bassin.

« - je suis pressée. » Marmonna-t-elle.

Le second se fit éjecter contre la paroi de la vieille bâtisse de la même façon.

Et rebelle ...Pensa le majordome amusé.

Tandis que les deux homes gémirent leur douleur, la jeune rousse reprit le chemin tout en fredonnant la comptine comme si rien ne s'était passé.

Sebastian parut amusé lorsqu'il passa devant les deux agresseurs qui passèrent vite à de pauvres victimes. Il rit de la stupidité de l'humanité.

D'une vitesse anormale et stupéfiante pour un humain, il monta instinctivement sur le premier point haut lorsqu'une calèche s'avança vers la jeune demoiselle.
Encore un agresseur ? Décidément, elle n'avait pas de chance. Et puis, c'était de sa faute tout de même. Que faisait une jeune fille dehors, dans un quartier louche, toute seule, le soir ?

« - Elora, petite impertinante. Ou étais-tu passé ? Je te cherche depuis le déjeuné ! » Tonna une jeune blonde agressivement par la fenêtre de la charrette.

« - Oh ! Je m'excuse. Je recherchais votre thé favori, mais je n'ai hélas rien trouvé, My Lady. » Répondit la jeune rousse en prenant les raines à son tour, huant aux chevaux d'avancer.

En quittant les lieux, elle jeta un bref et subtil regard vers la toiture d'une église en ruine mais elle ne vit qu'un chat noir marchant gracieusement le long de la construction.

« - Pourtant, j'aurai juré voir ... »

Elle haussa les épaules et ordonna d'un coup sec sur les raines en cuirs aux chevaux d'aller au galop. Ce qu'ils firent sans broncher.

Quant à l'espion, il retomba sur les pieds agilement en soupirant.

Elle avait déjà une maîtresse à qui elle était dévouée. Tant pis, il chercherait dans un autre endroit. Il allait tout de même trouver quelqu'un de compétant.

Elora, hein ?Songea-t-il de son éternel sourire.

Il tourna les talons et disparu laissant derrière lui une pluie de plumes noires.