Chapitre 1

Maître Izumi avait résolument abandonné son « vrai-faux » fils, Wrath, un jeune Homonculus crée lors de la transmutation ratée qu'elle avait tenté pour faire revivre son enfant décédé.

Aujourd'hui, elle s'occupait d'un jeune enfant qu'elle et son mari avaient adopté, moins d'une année auparavant, abandonné par sa maman trop jeune pour s'en occuper. Malgré le souvenir persistant de Wrath dans son esprit, Maître Izumi était bien arrivée à le mettre de côté, surtout quand lorsqu'elle s'occupait de son nouveau fils, Elph, âgé de six mois.

Aujourd'hui était un jour important pour elle. Edward et Alphonse Elric étaient enfin de retour après quatre ans sans donner de nouvelles, et ils avaient décidé de passer la voir.

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— Al secoua son grand frère et celui-ci ouvrit des yeux fatigués par un manque notoire de sommeil. De beaux cernes lui décoraient les joues et son regard vide faisait presque peur...

En effet, ces deux derniers mois, Mustang semblait en avoir après le jeune homme de dix-huit ans et son petit frère. Pour quelle raison, personne ne le sait. Cependant, ce qui était sûr, c'était que les missions à perpette les oies, c'était pour Ed, systématiquement, et que Mustang semblait y prendre un malin plaisir depuis qu'il était devenu Général de Brigade...

Le bruit strident des freins du train finit de réveiller Ed qui se frotta les yeux et regarda par la vitre du wagon. Al tourna la tête à son tour en observant la ville et, quand le train se fut immobilisé, le petit-frère du Fullmetal leva son imposante masse en vue de quitter le train. Éd ne réagit même pas et Al le secoua à nouveau par l'épaule.

— Ouais, ça va, grogna le blond. Je viens, laisse-moi le temps d'émerger...

Il se leva et se frotta le visage. Ils longèrent l'allée avec un peu de difficultés puis descendirent sur le quai, mais à peine descendus, deux militaires en uniforme bleu les accostèrent et les emmenèrent aussitôt à la Caserne où ils se retrouvèrent devant le Colonel Wort, directement dans son bureau.

— Bienvenue, Fullmetal, dit l'homme en se levant de son siège.

Il contourna le bureau qui coulait sous les dossiers et Ed lui décocha un léger salut militaire. Cela sembla convenir au Colonel qui hocha la tête.

— Je viens à l'instant d'avoir une conversation téléphonique avec le Général de Brigade Mustang, dit-il. Il m'a fait part des points importants concernant votre mission et je dois dire que celle-ci me laisse un peu perplexe.
— Il y a de quoi, Monsieur, grogna Ed. Rechercher des gens censés être en prison, c'est plutôt foireux comme plan...
— Ed... soupira Alphonse.
— Laissez, Alphonse, dit le Colonel Wort. Votre frère semble fatigué et vous devez sûrement l'être, vous aussi, aussi... Je vous propose donc de prendre possession des appartements qui vous ont été assignés et de vous reposer quelques heures. Nous continuerons cette discussion plus tard, vous déjeunerez avec moi, à midi.
— Merci, Colonel, dit Al en s'inclinant légèrement.
— Lieutenant Bran, accompagnez-les, je vous prie, dit ensuite le Colonel en regardant une jeune femme rousse assise à un bureau à l'autre bout de la pièce.

Celle-ci se leva après avoir acquiescé d'un signe de tête puis elle et les deux frères Elric quittèrent le bureau du Colonel en silence.

Ils longèrent alors un long corridor assez vaste où ils croisèrent plusieurs autres militaires qui saluèrent d'un signe de tête le Lieutenant, mais Ed et Al semblèrent être invisibles.

— Ne vous inquiétez pas si personne ne vous salue dans les jours à venir, dit le Lieutenant en tenant une porte à groom ouverte pour laisser passer les deux garçons.

Al fut obligé de baisser la tête et de passer de biais, mais le Lieutenant ne sembla pas s'en rendre compte.

— C'est ici, dit la jeune femme en s'arrêtant près d'une porte en bois.
— Pour quelle raison serions-nous invisibles ? demanda alors Ed en pénétrant dans la chambre exiguë.
— Nous sommes tous débordés de travail, répondit le Lieutenant avec un sourire. À cause de cet incident à la prison, il y a deux jours, tous les militaires sont sur le pied de guerre... Quarante des quatre-vingt-dix-neuf détenus se sont échappés du pénitencier et sèment maintenant la zizanie en ville. De plus, quinze d'entre eux sont des Alchimistes, alors imaginez un peu de le bazar...

Ed grogna quelque chose puis le Lieutenant leur souhaita un bon repos et les quitta. Al s'assit alors sur son lit et Ed se laissa tomber sur celui d'en face en soupirant. Il ne tarda pas à s'endormir et les ronflements qui s'élevèrent alors du lit firent soupirer Al qui s'allongea à son tour, épuisé.

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Cependant, à Central, accompagné de Hawkeye, passée Lieutenant-colonel, Mustang, le nouveau Général de Brigade, descendait une volée de marches en tenant une lampe tempête devant lui, à bout de bras.

La faible auréole de lumière n'éclairait que quatre marches devant lui et trois derrière, si bien qu'Hawkeye était obligée de serrer de près son supérieur pour bénéficier de la lumière vacillante.

— Hawkeye, dit soudain Mustang en continuant de descendre les marches qui semblent sans fin. Edward sait-il pour lui ?

Hawkeye secoua négativement la tête, concentrée sur les marches irrégulières de l'escalier.

— Hawkeye ?
— Non, mon Général, répond la jeune femme blonde. Seuls nous deux sommes au courant, Monsieur.

Mustang hocha la tête puis s'arrêta et passa la lampe à Hawkeye, le temps de tirer de la poche intérieure de son uniforme, une grosse clé en argent qu'il introduisit dans la serrure d'une lourde porte en métal.

La porte grinça quand il la pousse et les deux militaires se retrouvèrent alors dans une vaste pièce à l'odeur de renfermé. Une ampoule fixée au centre du plafond diffusait sa lumière blafarde sur une forme longiligne étendue contre le mur en face de la porte, recouverte d'une sorte de drap, brun de saleté.

— Comment ça va, aujourd'hui ? demanda Mustang sans s'approcher plus.

Le tas de chiffons remua alors et un bras apparut. À la vue de ce bras, Mustang sourit vicieusement puis le bras en question repoussa le drap sale et un visage pâle, mais familier, apparut.

— Bonjour... Scar, dit alors Mustang d'une voix mielleuse.

La loque répondant au nom de Scar étendue sur le sol, dos au mur, se redressa sur un coude et celui qui, quatre longues années en arrière, avait été appelé le Tueur d'Alchimistes, regarda les deux militaires de son regard de braise qui, malgré l'obscurité dans laquelle il vivait depuis quatre ans, n'avait rien perdu de sa dureté.

— Sale chien, grogna-t-il d'une voix rauque. Tu me le paiera, Mustang. Un jour, je te le jure, tu me le paiera.
— Ne parle pas trop vite, dit Mustang avec un petit sourire sadique. Sors déjà de ce trou et après on verra.

Il se détourna alors et éclata d'un rire gras qui fit frissonner Hawkeye et bouillir le sang de Scar. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait de se servir de son bras droit, mais, hélas, autour de sa main se trouvait une grosse boule de métal, fondue à même son poignet, l'empêchant ainsi de toucher les choses avec cette main maudit pour les transmuter.

Scar fusilla soudain Hawkeye du regard et la jeune femme sursauta avant de se détourner et de prendre quelque chose près de la porte. Elle entra ensuite dans la cellule et s'accroupit devant Scar, trop faible pour se lever.

Hawkeye posa devant lui une gamelle en terre cuite où elle déposa un morceau de pain frais ainsi qu'une cuisse de poulet encore tiède qu'elle avait subtilisée au mess.

— Cela vous changera de d'habitude, dit-elle d'une voix douce, mais tendue.
— Pourquoi lui obéissez-vous ? demanda Scar à la jeune femme alors qu'elle froissait le papier sulfurisé qui avait entouré le poulet et le pain.
— Je suis désolée, je ne suis pas autorisée à répondre à cela, dit Hawkeye en se relevant.

Elle quitta ensuite la cellule et referma la lourde porte, plongeant ainsi la pièce dans la semi-obscurité. Le tour de clef qu'elle fit dans la serrure résonna dans la cellule et Scar parvint, à l'aide des aspérités du mur et de son unique main, à s'asseoir, dos au mur, pour grignoter ce que la jeune femme lui avait apporté.

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Alors qu'il rongeait l'os du poulet, tel un chien affamé, un profond soupir ébranla la poitrine de Scar, et une violente quinte de toux s'en suivit. Il mit plusieurs minutes à la calmer puis il décida de se rallonger et d'attendre que la Mort veuille bien venir le chercher.

Cependant, après quatre longues années, soit trente-deux mois, mille quatre cent soixante jours et des millions d'heures, celle-ci ne semblait pas encore décidée à trancher le mince fil qui retenait l'âme de l'Ishbal sur terre...

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Au même moment, bien loin de Central, dans la ville de Dubltih, Edward et Alphonse étaient auprès de leur Sensei, Maître Izumi. Cela faisait deux jours qu'ils étaient arrivés et, alors qu'ils pistaient un homme ressemblant à l'un des prisonniers évadés de la prison, ils étaient tombés sur la jeune femme sortant de chez une amie à qui elle était allée rendre visite.

— Comment allez-vous, Maître ? demande Ed, qui a un peu récupéré de sa fatigue. On ne pensait pas vous trouver ici...
— Je vais mieux, merci, répond la jeune femme en souriant au jeune homme blond. Et toi, Al ? Toujours dans cette armure ?

Al hocha la tête, et Ed baissa les yeux.

— Ne t'en fait pas, Ed, dit Maître Izumi. Tu trouveras un moyen de lui rendre son corps et récupérer tes membres, même si tu dois tuer Wrath pour cela.

Ed regarda la jeune femme, étonné par ses paroles.

— Vous dites cela comme si... dit Al, tout aussi étonné que son frère.
— Comme si quoi, Al ? demanda Maître Izumi. Wrath n'est pas mon fils, je m'en suis rendu compte il y a déjà plusieurs années lorsqu'ils ont attaqué la ville. Il y avait cet être avec les longs cheveux verts avec eux et cette femme fatale...
— Les Homonculus, dit Ed en fronçant les sourcils. Celui avec les longs cheveux verts c'est Envy et la femme, c'est Lust. Il devait aussi y avoir un gros avec eux, non ?
— Heu... Peut-être bien, je n'ai pas fait attention, réponddit Maître Izumi en s'arrêtant de marcher un instant. En tous cas, Wrath semblait très proche de celui que tu appelles Envy, Ed. Il le suivait partout et obéissait à ses ordres.
— Qu'ont-ils fait ? demanda Al.
— Ils ont attaqué le QG militaire, répondit Maître Izumi en se remettant à marcher. Ils ont tué plusieurs militaires dont l'ancien Colonel qui dirigeait le QG. C'était il y a deux ans, si je me souviens bien... Ils ont dit qu'ils cherchaient une chose, une pierre et aussi un homme.
— La pierre, c'est sûrement la Pierre Philosophale, dit Al. Mais l'homme...
— Je pense que c'est Scar, dit Ed.
— Scar ? demanda Maître Izumi.
— Un Ishbal tueur d'Alchimistes qui semait la terreur à Central City, il y a quatre ans, expliqua Al.
— On ne l'a pas revu depuis, termina Ed. Je me demande bien où il est passé ce cloporte...
— Ed !

Le blond rentra la tête dans les épaules et demanda pardon à Maître Izumi qui n'aimait pas que l'on dise du mal des gens absents. La jeune femme lui donna alors un coup sur la tête en échange puis tous trois se rendirent chez la jeune femme qui les invita à déjeuner.

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— De toute façon, dit Ed alors qu'ils mangeaient. Maintenant, il n'y a plus d'Homonculus, ni de Pierre Philosophale.
— Peut-être, dit Al. Mais on ne les a pas tous eut, souviens-toi...
— Bah, soupira Ed. Envy n'est pas bien méchant, il a juste la capacité de prendre l'apparence de qui il veut, c'est tout.
— Et il est super fort aussi, Ed, dit Al.
— Oui, répondit Ed. Mais blessé comme il était quand il s'est enfui, il n'a pas dû aller bien loin, crois-moi. Sans pierres rouges, il n'a pas pu survivre.

Al regarda son frère puis Maître Izumi qui haussa les épaules. Ils continuèrent ensuite de déjeuner dans le silence, et la femme regarda les deux garçons en se disant qu'il était bien loin le temps où elle leur apprenait les rudiments de l'Alchimie...