Chapitre 1

Drago Malefoy se tenait dans l'ombre, à l'écart des autres résidents du château. Ses parents étaient blottis l'un contre l'autre, dans son dos. Ils devaient quitter cet endroit avant que les Aurors se rendent compte de leur présence silencieuse. Le jeune homme faisait le gué et attendait le bon moment pour qu'ils puissent se faufiler loin des ruines. Après de longues minutes de surveillance, Drago recula d'un pas en attendant quelqu'un venir dans sa direction. Pourtant, il trouva le courage de jeter un coup d'œil vers le sorcier. C'était l'un des jumeaux Weasley. Il portait un petit corps dans ses bras. Titubant, il marchait lentement. Le bras de l'enfant glissa alors hors de son étreinte et pendit mollement. Le sang du jeune héritier se glaça. La manche était brodée de vert et un bracelet argenté serrait le petit poignet. Weasley tenait une élève de première année des Serpentard. C'était la petite Elizabeth, une jeune sang-pur qu'il avait côtoyé et qui s'était révélée être une admiratrice de sa famille. Malgré son côté pot de colle, Drago avait finit par l'apprécier, lui qui aurait tant voulu avoir une petite sœur.

Des larmes ruisselaient sur ses joues alors qu'il sortit de sa cachette pour aller aider l'ancien griffondor, qui tenait presque plus debout. Fred l'observa s'approcher et vérifier l'état de la petite. La gamine avait dû se faufiler hors de son dortoir. Il l'avait vu tenter de désarmer un Mangemort avant que Fenrir Greyback ne se jette sur elle. Il frissonna alors que le serpentard ne put retenir un sanglot.

« Pose-la, Weasley. S'il te plaît, il n'y a plus rien à faire, » souffla le blond en caressant les boucles brunes de la petite fille.

Le griffondor acquiesça sans un mot avant de déposer le corps frêle sur les pavés de la cours. Il ne dit rien lorsque Malefoy ferma les yeux de l'enfant avant de se retourner vers lui et d'essayer de soigner une blessure qu'il avait sur la tempe. Il ferma les yeux, les doigts du blond étaient frais sur sa peau. Mais, tous deux sursautèrent lorsque des cris retentirent autour d'eux. Plusieurs silhouettes noires les avaient encerclés. Drago les reconnut comme étant les membres de la meute de Greyback. Ses parents étaient sortis de leur cachette pour les repousser mais ils étaient plus d'une dizaine. Le professeur McGonagall les avait rejoint. Mais les lycanthropes les tenaient à bonne distance alors que leur alpha s'avançait dangereusement vers les deux sorciers. Ils les attrapa tous les deux et les souleva comme s'ils n'étaient que des poupées de chiffons. Blessé, le jumeau Weasley ne tenta pas de se débattre alors que Drago hurlait et ruait.

Narcissa Malefoy cria le prénom de son unique fils alors que l'ignoble loup-garou tenait fermement son enfant. Les sorts fusaient hors de sa baguette, déviaient par les membres de la meute. Son corps explosa dans sa poitrine alors que Greyback lui lançait un sourire démoniaque avant de disparaître avec les deux jeunes hommes. Narcissa hurla avant de lancer de nombreux sortilèges Impardonnables. Quatre corps tombèrent sous sa colère avant que les bras de son époux ne viennent l'envelopper et la bercer doucement. Sur leur droite, une autre mère hurlait sa douleur, entourait par ses nombreux autres enfants.

Fred avait affreusement froid et son corps lui faisait très mal. Il ouvrit péniblement les yeux alors qu'il entendait plus distinctement des gémissements et des grognements. Il se trouvait dans une cellule à barreau, attaché par la cheville à une lourde chaîne. À quelques mètres de lui, derrière d'autres barreaux, il distingua l'imposante silhouette de Fenrir Greyback ondulait sur une forme pâle, posée à même le sol. Ça dura de longues minutes avant qu'il ne finisse par se redresser et partir sans un regard en arrière ni un mot. Fred attendit un peu avant de se traîner vers les barreaux et tendre la main vers le corps inerte. Il l'effleura doucement et appela le sorcier aux cheveux blonds. Drago se redressa à peine, il trouva uniquement la force de tourner la tête vers le jeune homme qui était enfermé avec lui. Le froid était parti, la douleur s'était effacée. Il ne ressentait plus rien. Juste le néant. Weasley parlait mais il n'entendait rien. Il fixait juste son visage sale, ensanglanté.

Fred tentait de réconforter Malefoy alors que ses yeux glissaient sur son corps. Il avait été entièrement dénudé. Son corps pâle était recouvert d'hématomes violet mais surtout de nombreuses morsures plus ou moins à vif. Le fils Weasley déglutit : Greyback avait osé contaminé le jeune sang-pur, le condamnant à la déchéance et à une vie de maudit s'ils survivaient. Après un long moment, Drago finit par bouger et tendit une main tremblante vers Fred. Ses doigts glacés se posèrent lentement sur son avant bras. Le Griffondor baissa alors son regard sur sa propre peau et remarqua avec horreur la cicatrice en forme de cercle irrégulier.

« Ça va aller, Malefoy. Ça va aller, je te jure. Ils vont nous retrouver.

-C'est trop tard, » murmura Drago.

« C'est pas si grave… on prendra des potions… On vivra presque normalement. Ça ira…

-Je veux qu'il me tue…

-Allons, ne dis pas ça… Tes parents t'aiment…

-Je ne suis plus rien pour eux… regarde ce qu'il m'a fait... » sanglota le blond.

Fred voulut le réconforter, lui dire qu'il avait tord mais il connaissait bien les traditions des familles de Sang-Pur. Les Weasley n'allaient jamais le rejeter à cause de cette maudite morsure mais les Malefoy n'étaient pas comme sa famille. La Pureté avant tout, l'Honneur de la famille était primordial pour eux. Drago n'était plus un sorcier de sang-pur mais un lycanthrope et Greyback venait de souiller son corps. Non, rien n'irait pour lui. Les potions, l'enfermement lors de la pleine lune ne changeraient rien à son sort. Même s'il était fils unique, ses parents n'auraient pas d'autres choix que de le rejeter. Fred ravala ses larmes : il devait être fort pour Malefoy.

Cela faisait trois mois que son frère avait disparu. Il avait rejoint le groupe d'Aurors que le Ministre Kingsley Shacklebolt avait affecté à la traque de la meute de Greyback. Il était l'aîné de la famille, c'était à lui de protéger les siens. Et surtout, Bill Weasley voulait se venger du lycanthrope : se venger de cette horrible cicatrice qui l'avait défiguré et se venger de l'enlèvement de son frère qui avait plongé sa mère et son frère Georges dans la dépression. Il avait passé trois longs mois à chercher partout, trois pleines lunes à se faire du sang d'encre. Fred était-il encore en vie ? Avait-il été mordu ?

Mais ils avaient enfin une piste sérieuse. Les Aurors avaient encerclé la forêt où ils avaient localisé les signatures magiques de plusieurs lycanthropes alliés à Greyback. Le seul problème était que la lune était à nouveau pleine dans le ciel. Bill serrait nerveusement sa baguette, l'attente était toujours aussi insoutenable. À côté de lui, Harry Potter tentait de calmer aussi son impatience. Les Aurors avaient été clairs : si Fred et Malefoy avaient été mordu, il y avait des chances qu'ils soient mêlés à la meute pendant la pleine lune. Attendre l'aube était la seule solution pour ne pas risquer d'abattre ou de blesser les jeunes hommes. À la lisière de la forêt, ils pouvaient très bien entendre les jappements et les hurlements des hybrides.

Les heures passèrent lentement jusqu'à ce que les Aurors donnent l'ordre de s'infiltrer dans la forêt. Bill et Harry s'engouffrèrent à travers les arbres, baguettes à la main. Il ne restait plus qu'une heure avant le lever du soleil. Les lycanthropes devaient être revenus dans leur tanière, à redevenir peu à peu humains. Pourtant, après une dizaine de minutes, le groupe fut attaqué par plusieurs loups. Greyback était parmi eux, reconnaissable par la fourrure grise sur son dos. Dans la confusion de l'attaque, Bill poursuivit l'alpha à travers les troncs centenaires. Ils finirent dans une petite clairière où l'alpha fit volte face pour fondre sur l'aîné des Weasley. Bill se défendit comme il pouvait jusqu'à l'arrivée soudaine d'un second lycanthrope, à la fourrure pâle. Encerclé, l'employé de Gringott comprit qu'il devait agir vite pour sauver sa peau. Il repoussa le loup blanc avant de se retourner rapidement vers Greyback. Ce dernier s'était élancé. Bill ne réfléchit pas et lança son sortilège. Un faisceau vert jaillit de sa baguette et frappa de plein fouet l'alpha. Son corps tomba mollement sur le sol boueux. Remit sur ses pattes, le loup blanc jappa avant de se jeter Bill. Ils tombèrent au sol et la baguette du sorcier vola à plusieurs mètres d'eux.

Le briseur de sort frappa violemment la truffe du lycanthrope et se remit rapidement sur ses pieds. Le loup lui bloqua pourtant le passage jusqu'à sa baguette et gronda dangereusement. Désarmé, Bill recula lentement alors que quelque chose en lui, lui murmurait de ne pas fixer le loup. Son dos heurta un tronc d'arbre alors que le lycanthrope n'était plus qu'à un mètre de lui. Instinctivement, Bill souleva son tee-shirt et révéla son ventre pâle et ses fins abdominaux. Le loup cessa de montrer ses crocs mais avança encore. Il renifla alors l'entre-jambe de Bill avant de lever son museau jusqu'à la peau blanche du sorcier. Le temps sembla s'arrêter entre eux tandis que la langue du loup se mit à glisser sur son nombril. Bill eut subitement chaud et hoqueta en sentant son sexe gonfler dans son pantalon. Il jura entre ses dents et vit soudain un sort bleu frapper violemment le flanc du loup. Ce dernier hurla de douleur alors que sa fourrure se teintait de pourpre. Il recula et glapit de douleur alors qu'un Auror se précipitait vers eux. Gravement blessé, le loup recula encore en jappant. Il ne dû son salut qu'à l'intervention d'Harry Potter. Le Garçon-qui-avait-survécu désarma l'employé du Ministère, tout en soutenant Fred Weasley.

« Cessez-le-feu, c'est Malefoy ! » cria Harry alors que le loup se tordait de douleur.

Bill s'approcha lentement alors que le jeune lycanthrope retrouvait peu à peu sa forme humaine. Contrairement à Fred, Malefoy se retrouva nu aux pieds du briseur de sort. Bill enleva rapidement sa veste et vint la poser autour du corps frêle du blond.

« Il faut les emmener à Saint Mangouste, » souffla t-il en soulevant le corps blessé.