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UNE SI BELLE FAMILLE

La fille de Voldemort. Son héritière.

Megan envoya valser son livre de Potions contre le mur.

« Te détacher de Voldemort ou de la magie noire… En présence de Harry Potter »

Impossible de se concentrer sur la potion de Ratatinage.

Meganna Buckley était assise dans la chambre qu'elle partageait avec Ginny depuis la veille. Les Weasley et la jeune fille étaient en contact depuis la fin de l'année passée. En réponse à une lettre dans laquelle Fred Weasley, un des meilleurs amis de Megan, lui demandait comment se passait son été dans le Wiltshire, celle-ci n'avait pas pu s'empêcher de lui raconter une partie de tout ce qu'elle avait sur le cœur : impossible de rester plus de quelques minutes en présence des Boyd, impossible de contempler plus longtemps le manoir Malfoy depuis sa fenêtre. Megan n'avait cependant pas révélé aux jumeaux ce qu'elle avait appris en juin : Voldemort voulait faire d'elle son second et lui avait donné une partie de ses pouvoirs, Dumbledore le savait et avait demandé au Choixpeau Magique de l'envoyer à Gryffondor. C'était la faute du directeur du Poudlard si elle avait perdu les Malfoy. Et ces derniers savaient qui elle était, pas étonnant qu'ils l'aient recueillie aussi facilement. Ils pensaient être aux premières loges au retour de Voldemort, en tant que parents de substitution de la petite héritière.

Malgré toutes les informations que Megan avait tues dans sa lettre à Fred, celui-ci avait dû percevoir la détresse de la jeune fille, car Eleyna avait rapporté deux jours plus tard une lettre porteuse de grandes nouvelles : Arthur Weasley avaient remporté le premier prix de la loterie du Gallion organisée annuellement par La Gazette du Sorcier, la famille allait immédiatement utiliser cet argent pour partir un mois en Egypte où vivait leur fils aîné, et ils l'invitaient à venir avec eux.

Megan n'avait pas hésité. Le lendemain, elle faisait sa valise et saluait les Boyd : « On se verra l'été prochain ! ». Elle avait pris un taxi Moldu jusque dans le comté où vivaient les Weasley, refusant qu'Emily et Roger l'emmènent dans leur propre voiture, et avait marché jusqu'au Terrier, traînant derrière sa valise, agrandie par magie pour pouvoir contenir son chaudron et son balai en plus de ses vêtements et de ses livres.

Désormais elle était en Egypte, loin de la Grande-Bretagne, du Wiltshire, des Malfoy et des Boyd, dans la petite maison où vivait Bill Weasley, tentant de faire ses devoirs pour la rentrée malgré sa colère et les terribles souvenirs de l'année passée.

- Meggie, on va avoir un problème.

La jeune fille leva la tête. Les jumeaux Weasley venaient d'ouvrir la porte de la petite chambre. Ils froncèrent les sourcils en voyant le manuel de potion affalé près d'un des murs et le parchemin encore presque vierge devant Megan, mais ils avaient l'esprit occupé par autre chose :

- Percy vient de recevoir une lettre de Poudlard, annonça George d'un air grave.

- Oh ?

Megan réfléchit rapidement. Percy, le troisième fils des Weasley, entrait en septième année à Poudlard et était un jeune homme très ambitieux.

- Il a été nommé préfet-en-chef, ajouta Fred d'un ton lugubre.

- Il va être insupportable ! s'exclama Megan en écarquillant les yeux.

Elle délaissa ses devoirs et descendit au rez-de-chaussée avec les jumeaux. Dans le minuscule salon de la maison de Bill s'étaient réunis Ron, le meilleur ami de Megan, Ginny, la seule fille de la fratrie, Arthur et Molly, les parents Weasley, ainsi que Bill et Percy. Ce dernier tenait entre ses mains, d'un air adorateur et fier, un insigne sur lequel était écrit Préfet-en-chef en lettres brillantes.

Molly et Arthur rayonnaient de fierté et Bill donna à son petit frère une accolade chaleureuse.

- Personne n'en doutait, Perce ! affirma-t-il. Félicitations.

- Oh, Megan ! s'exclama Molly en la voyant arriver. Tu as appris la nouvelle !

- Avec joie, ironisa la jeune fille.

Percy épingla l'insigne sur sa veste, en bombant le torse. Megan le regarda faire d'un œil amusé et moqueur. Percy et ses grandes ambitions étaient bien nourris à Poudlard. Mais il était le membre de la fratrie Weasley qu'elle appréciait le moins : quelqu'un qui accordait tant d'importance à l'ordre et aux règlements ne pouvait lui plaire. Sa meilleure amie, Hermione Granger, brillante et attachée aux règles, savait elle les enfreindre quand il le fallait.

- Je dois monter dans ma chambre, annonça Percy d'un ton important. Ecrire… Enfin, j'ai des choses à faire.

Personne n'ignorait qu'il allait de ce pas prévenir Pénélope Deauclaire, sa petite amie.

- Le deuxième préfet-en-chef de la famille, dit Molly d'un ton ému en se retournant vers son fils aîné.

Bill, lui aussi, avait été préfet-en-chef lors de sa scolarité à Poudlard. Pourtant Megan le trouvait bien plus appréciable que Percy. Grand, mince, agréable au regard, il portait ses longs cheveux roux en catogan et arborait une boucle d'oreille. Megan avait vu des Moldus du même âge s'habiller de la même façon dans un concert de rock, hormis le fait qu'ils ne portaient pas des bottes en peau de dragon. Megan ne le connaissait que depuis une journée mais trouvait le jeune homme facile à vivre et amusant. Rien à voir avec Percy.

- Tu n'avais pas l'air très enthousiaste devant tes devoirs, toute à l'heure, commenta George en allant s'asseoir avec Fred, Ron et Megan dans un coin du salon.

- Tu fais tes devoirs ? hoqueta Ron. Mais la rentrée est dans plus d'un mois !

- Comme ça ce sera fait, répondit la jeune fille en haussant les épaules.

La vérité, c'était que Megan avait espéré que se concentrer sur la potion de Ratatinage aurait chassé de son esprit toutes les pensées qui l'encombraient. Mais les racines de marguerite et les rates de rats ne suffisaient pas à détourner son attention de Voldemort, de Dumbledore ou de Draco.

- N'oubliez pas qu'après manger, le photographe de la Gazette du Sorcier vient prendre la photo pour le journal, leur rappela Arthur. Nous irons devant la pyramide, comme demandé.

- Arthur, tu es sûr que je – commença Megan.

- Certain, la coupa le père de famille. Je veux que tu sois aussi sur la photo. Tu fais partie de la famille.

Megan prit une profonde inspiration pour contrôler le flot d'émotions qui l'assaillit soudain. Elle vit Fred, George, Ginny, Ron, Bill et Molly lui sourire et seule une grimace parvint à se tordre sur son visage. La générosité et l'accueil des Weasley lui brûlait le cœur, même quand elle vivait chez les Malfoy elle ne s'était pas sentie aussi aimée. Difficile d'en vouloir à Dumbledore dans ces conditions.

Au déjeuner, les discussions tournèrent surtout autour de l'évasion de Sirius Black, un Mangemort qui avait accompli l'exploit de tromper les gardiens de la prison des sorciers, Azkaban, après douze ans de rétention. Arthur et Molly semblaient particulièrement anxieux à ce sujet.

- C'est qui, exactement, Sirius Black ? s'enquit Ron, trop jeune pour avoir entendu parler des méfaits du Mangemort.

Megan, elle, avait lu de nombreux articles sur l'homme dès qu'elle avait appris son évasion.

- C'était un proche de Voldemort, son –

- Megan ! glapit Molly en pâlissant.

- Dumbledore prononce son nom, lui rappela la jeune fille d'un ton sûr. Je n'ai pas peur de lui.

Bill observa Megan avec intérêt. Il semblait fasciné par la personnalité de la mystérieuse amie de ses frères.

- Donc, reprit-elle, c'était un Mangemort important, le bras droit de Voldemort. Et après la chute du Seigneur des Ténèbres, il a tout perdu. Il s'est retrouvé coincé dans une rue pleine de Moldus par un sorcier, Peter Pettigrow, et il a tué tout le monde. Douze Moldus sont morts et le corps de Peter Pettigrow n'a jamais été retrouvé – à part un de ses doigts.

- C'est une horrible histoire, dit Bill en hochant la tête. Black est complètement fou.

Megan avait lu et entendu beaucoup sur Black, mais des pièces manquaient au puzzle : de toute son enfance auprès des Malfoy et des divers Mangemorts qu'elle avait côtoyé, jamais elle n'avait entendu parler de Black. Comme souvent, le ministère ne devait pas connaître toute l'histoire. Malheureusement, elle non plus.

Après manger, les Weasley et Megan quittèrent la maison de Bill pour se rendre aux portes du désert, non loin de là. Il y avait une immense pyramide qui se dressait tout près de la ville. Un petit sorcier à l'air grognon les attendait là, un appareil photo à la main.

- Vous êtes les Weasley ? leur demanda-t-il d'un ton peu aimable en voyant arriver les dix sorciers. Je suis là pour la Gazette du Sorcier.

- Nous aussi, sourit Bill.

- Bon, allons-y. Mettez-vous devant la pyramide, là, et on fait ça vite.

Molly et Arthur se mirent l'un à côté de l'autre, Ron vint se mettre devant eux et attrapa Ginny pour la prendre dans ses bras, l'air joyeux, son rat Scabers sur l'épaule. Percy se plaça à côté de ses parents en bombant le torse, son insigne de préfet-en-chef épinglé sur le fez qu'il portait sur la tête depuis son arrivée en Egypte. Fred et George attirèrent Megan vers eux et la placèrent entre eux et Bill. Celle-ci ne put s'empêcher de sourire, heureuse d'être entourée d'une si belle famille.

Le soir-même, les Wesley recevaient par hibou l'article de la Gazette qui accompagnait la photo :

UN EMPLOYÉ DU MINISTÈRE DE LA MAGIE REMPORTE LE GRAND PRIX

Arthur Weasley, directeur du service des détournements de l'Artisanat Moldu, a remporté le grand prix de la loterie du Gallion organisée chaque année par La Gazette du sorcier. Mr Weasley, ravi, nous a déclaré: « Cet or va nous servir à faire cet été un voyage en Égypte où se trouve Bill, notre fils aîné. Il travaille là-bas comme conjureur de sorts pour le compte de la banque Gringotts, la banque des sorciers. »

La famille Weasley va donc passer un mois en Égypte et sera de retour pour la rentrée des classes au collège Hogwarts où cinq des enfants Weasley poursuivent leurs études.

Les Weasley étaient d'une grande pauvreté, et ils méritaient plus que personne de remporter le premier prix de cette loterie. Ron sembla encore plus heureux en lisant l'article, tellement fier. En particulier car ce qui restait des sept cent Gallions une fois le voyage en Egypte terminé servirait à lui offrir une nouvelle baguette magique. La précédent avait été cassée l'année passée lors de son atterrissage désastreux en voiture volante contre le Saule Cogneur.

Les vacances en Egypte furent parmi les plus belles qu'avait connues Megan. Le lendemain, Bill les emmena visiter les tombeaux des anciens pharaons, protégés par de puissants et anciens sorts qui avaient transformé certains pilleurs de tombe en squelettes mutants, dans lesquels Fred, George et Megan tentèrent d'enfermer Percy sans succès. Le soir, ils reçurent une lettre de Hermione en réponse à celle qu'ils lui avaient envoyé trois jours plus tôt pour lui raconter entre autres le coup de téléphone catastrophique que Ron avait passé à Potter au début des vacances. En effet, à la fin de l'année passée, Harry Potter avait donné à Megan, Ron et Hermione le numéro de téléphone de son oncle et de sa tante afin qu'ils puissent se parler au cours de l'été. Megan et Hermione, élevées dans un monde Moldu, savaient se servir d'un téléphone, mais Ron, qui n'avait pas compris ce que Arthur lui avait expliqué, s'était retrouvé en ligne avec l'irritable oncle de Potter et s'était mis à hurler dans le combiné, déclenchant l'ire du gros Moldu.

Cher Ron, chère Megan,

L'Egypte ! Vous en avez de la chance ! Félicitations à ton père, Ron !

Il y a tellement de choses à apprendre sur l'Egypte ancienne, ce doit être passionnant ! Moi je suis en France, et j'ai pu apprendre quelques histoires intéressantes de sorcellerie régionale. Du coup j'ai réécrit tout mon devoir d'Histoire de la magie, pour y inclure certaines de mes découvertes. J'ai fait trois rouleaux de parchemin, deux de plus que demandé par Binns… J'espère que ce n'est pas trop.

Ron, tu n'aurais pas dû appeler… Je suis sûre que Harry a dû avoir des problèmes avec son oncle et sa tante… Megan a raison, mieux vaut ne pas essayer d'appeler à nouveau.

J'ai hâte de vous voir, quand irez-vous acheter vos fournitures pour la rentrée ? Nous pourrions nous retrouver sur le Chemin de Traverse.

Amitiés

Hermione.

- Le devoir de Binns, grimaça Ron. Je l'avais complètement oublié.

- Je l'ai fini la semaine dernière, répondit Megan d'un ton léger. Mais je le referais peut-être aussi pour ajouter des informations sur l'Egypte…

- Vous êtes folles !

- Je m'occupe de lui répondre, va travailler.

Ron partit chercher ses livres en traînant des pieds tandis que Megan prenait une plume et un rouleau de parchemin. Devant la page vierge, elle hésita. Que dire à Hermione sur l'Egypte ? « Je suis partie en vacances avec les Weasley, ils me traitent comme un membre de leur famille, je suis heureuse. » Elle ne savait même pas si elle était heureuse. Elle ne savait pas où elle en était. Elle essayait de noyer ses inquiétudes et ses doutes sous des devoirs de vacances et un séjour familial en Afrique, mais ils étaient toujours là et ressurgissaient chaque fois qu'elle se laissait penser. « Hermione, je suis l'héritière de Voldemort et les Mangemorts s'attendent tous à ce que je le rejoigne à son retour, ou peut-être même à ce que je prenne sa relève dès maintenant. » « C'est à cause de Dumbledore que je suis à Gryffondor, je le déteste d'avoir pris cette décision pour moi, j'aurais dû être avec Draco à Serpentard. J'aurais dû vous détester. » « Voldemort a fait tuer mes parents, je le hais, je ne pourrais jamais le rejoindre. » « Je ne sais plus où est ma place. »

Elle trempa sa plume dans l'encre.

Chère Hermione,

En effet, l'Egypte, c'est super. Je suis vraiment contente que les Weasley m'aient invitée. Et on a déjà appris plusieurs histoires sur les sorciers de l'Egypte ancienne, c'était très intéressant ! La France, ça doit être super aussi. Idéal pour notre devoir d'Histoire (que Ron vient seulement de commencer…).

On rentre en Angleterre une semaine avant la fin des vacances, on ira sur le Chemin de Traverse à ce moment-là. On s'y retrouvera ! Nos lettres ne devraient pas tarder à arriver…

Percy a eu des nouvelles de l'école : il a été nommé préfet-en-chef. Ô – joie.

Je laisse un peu de place à Ron pour qu'il t'écrive aussi.

A bientôt !

Megan.

Elle ne disait rien à Hermione de ce qui se passait réellement. De toute manière, Megan ne voyait pas comment elle pourrait raconter quoi que ce soit à ses meilleurs amis à ce sujet. Ils n'étaient pas nés dans le même camp, ils ne seraient jamais en accord total à ce sujet.


Le jeudi, Ron s'était mis en tête de trouver un cadeau d'anniversaire pour Potter. Megan, traînée par son meilleur ami, se retrouva à faire le tour des boutiques magiques qui avoisinaient la maison de Bill.

- Et ça, c'est quoi ? demanda Ron en soulevant une petite pyramide en plastique.

- Un attrape-touriste, probablement ensorcelé, répondit Megan en lui prenant des mains l'objet pour le reposer.

- Je sais vraiment pas quoi lui offrir, se lamenta Ron. J'ai vraiment pas d'idée cette année…

Le regard de Megan fut alors attiré par une sorte de toupie en verre. Elle eut un léger sourire. Elle attrapa sa baguette dans sa poche et se tourna vers le vieux vendeur à la peau parcheminée qui les observait depuis le fond de sa boutique. Alors qu'elle allait lui jeter un puissant sort, la toupie se mit à tourner sur elle-même en sifflant, faisant sursauter et pâlir le vendeur.

- Ça, c'est une bonne idée, affirma-t-elle en le montrant à Ron, reposant sa baguette au fond de sa poche.

L'appareil s'arrêta aussitôt de bouger.

- Qu'est-ce que c'est ? s'enquit son ami.

- Un Strutoscope. Il s'allume quand il y a un danger ou quelqu'un en qui on ne peut avoir confiance dans les parages. C'est un bon cadeau.

Ron avait confiance en l'avis de Megan. Il acheta aussitôt l'objet et rentra fièrement à la maison. Il ne le sortit qu'au dîner. A peine eut-il posé l'objet sur la table qu'il s'alluma et se mit à siffler.

- Incroyable, lança Bill d'un ton amusé. Sans toi, Ron, on aurait jamais deviné qu'il y avait un mage noir dans cette pièce !

Megan baissa les yeux un instant. Mais les rires sous cape des frères Weasley détournèrent son attention.

- C'est un attrape-nigaud, pour les touristes, poursuivait Bill.

Megan adressa un regard interrogateur à Fred et George. Ce dernier se mit à tousser et les mots « scarabée » et « soupe » parvinrent aux oreilles de Megan. Elle retint un large sourire : on ne pouvait pas avoir confiance en Fred et George ce soir.

Megan avait beau se sentir mal dans sa peau ces jours-ci, la présence des Weasley et l'esprit qui régnait dans la maison la détournaient la plupart du temps de ses noires pensées. Elle passait beaucoup de temps à parler avec Bill de son métier de conjureur de sorts pour Gringotts, la banque des sorciers, tout en riant avec lui de l'attitude de nombreux gobelins à l'égard des sorciers (entre la controverse au sujet du port des baguettes pour les gobelins et la méfiance légendaire de ces derniers envers les sorciers, notamment en matière d'or et d'objets précieux, les deux races avaient toujours eu du mal à s'entendre) elle s'était rapprochée de Ginny depuis qu'elle avait aidé Potter à la sauver de Voldemort l'an dernier et toutes deux parlaient Quidditch à longueur de journée avec les jumeaux, Bill et Ron Percy descendait parfois de sa chambre en arborant toujours fièrement son insigne pour venir discuter avec Arthur et Megan de l'importance des politiques menées par le ministère de la magie, notamment envers les anciens Mangemorts et Molly tentait d'apprendre à Megan à tricoter – cette dernière ne s'intéressait absolument pas au tricot, mais passer de tels moments avec la mère des Weasley lui était précieux.


Le 31 juillet au matin, Ron réveilla Megan tôt dans la matinée sous prétexte que c'était le jour de l'anniversaire de Potter.

- Et alors ? grinça Megan en descendant au salon avec Ron pour parler sans réveiller Ginny.

Les cheveux emmêlés et les yeux fatigués, elle aurait vraiment préféré rester dans son lit.

- Il a treize ans aujourd'hui ! lui répéta Ron. Et ce ne sont pas ses Moldus qui vont le lui souhaiter !

- Quel rapport avec le fait de me tirer du lit à sept heures du matin un samedi pendant les vacances ? insista Megan qui se demandait quel sort elle pourrait jeter à Ron pour pouvoir retourner se coucher.

- Je veux emprunter Errol, mais les parents ne sont pas d'accord pour qu'il fasse de longs voyages, alors je devais le faire avant qu'ils se lèvent.

- Pourquoi tu veux envoyer Plumeau ? Tu n'as qu'à envoyer Eleyna.

- Il s'appelle Errol, insista Ron, agacé du surnom. Et je veux me débrouiller avec mes affaires.

Megan lut une forme de jalousie dans les yeux de son meilleur ami : Megan était particulièrement riche et s'était acheté elle-même sa chouette, mais ni Ron ni ses parents ne pouvaient se permettre une telle dépense. Megan ne se formalisa pas des sentiments de Ron qu'elle trouvait ridicules. S'il voulait un nouveau hibou il n'avait qu'à le demander et elle lui en achèterait un, et d'ici-là il n'avait qu'à accepter d'utiliser la jeune chouette en pleine santé qu'elle proposait de lui prêter.

- J'ai écrit une lettre et j'ai emballé le Strucoscope, dit-il, tu veux ajouter un mot ?

- Strutoscope, le corrigea Megan en soupirant. Je suis obligée d'écrire un mot ?

- C'est l'anniversaire de Harry !

- C'est l'anniversaire de ton ami.

Ron jeta à Megan un regard de reproches. Potter n'était pas l'ami de Megan mais celui de Ron et d'Hermione, elle ne tolérait sa présence que pour eux et ne lui avait sauvé la vie l'an passé que pour s'opposer à Voldemort et honorer la promesse qu'elle avait faite au vieux Dumbledore lorsque celui-ci lui avait donné des cours particuliers. Elle n'avait cependant pas l'envie de se disputer avec Ron ce matin-là, aussi elle attrapa une plume sur la table du salon et déroula le parchemin que lui tendait son ami.

Cher Harry,

Joyeux anniversaire!

Je suis vraiment désolé pour le coup de téléphone. J'espère que les Moldus ne t'en ont pas trop voulu. J'en ai parlé à Papa et il m'a dit que je n'aurais pas dû crier comme ça. Megan a bien rigolé quand je lui ai raconté et elle m'a tout expliqué. Oui, elle est venue passer un peu de ses vacances avec nous!

L'Égypte, c'est formidable. Bill nous a montré les tombeaux des pharaons et tu ne peux pas imaginer tous les mauvais sorts que les sorciers égyptiens ont jetés pour les protéger. Maman a interdit à Ginny de visiter le dernier tombeau. Il était plein de squelettes mutants. C'étaient des restes de Moldus qui avaient voulu entrer et qui s'étaient retrouvés avec deux têtes ou d'autres trucs dans ce genre-là. Megan a bien sympathisé avec mon frère, Bill!

J'ai eu du mal à le croire quand Papa a gagné le gros lot de La Gazette du sorcier. Sept cents Gallions d'or! On en a dépensé la plus grande partie au cours de ce voyage, mais il va en rester suffisamment pour que mes parents puissent m'acheter une nouvelle baguette magique à la rentrée.

Nous serons de retour environ une semaine avant la rentrée des classes et on ira à Londres chercher nos manuels scolaires et ma nouvelle baguette magique. Peut-être que tu pourras nous retrouver là-bas?

Ne te laisse pas faire par les Moldus!

Et essaye de venir à Londres.

Ron

P.-S.: Percy a été nommé préfet-en-chef. Il a reçu la nouvelle la semaine dernière.

Megan poussa un soupir et trempa sa plume dans l'encre noire.

Salut, Potter. Joyeux Anniversaire.

Ronald avait rien compris à ce qu'Arthur lui avait expliqué. Du coup il va éviter de te rappeler, on a prévenu Hermione.

Les Weasley m'ont encore invitée à passer les vacances d'été chez eux, je suis en Égypte avec eux. C'est super, Hermione aurait adoré, j'ai appris un tas de trucs. Et j'ai rencontré Bill, aussi, il est super. Mais Percy est insupportable depuis qu'il a été nommé préfet-en-chef...

On devrait se voir sur le Chemin de Traverse, fin août.

J'ai essayé de convaincre Ron d'envoyer Eleyna et pas Errol mais il s'obstine à utiliser ce vieux plumeau.

Salut,

Megan.

- Voilà, annonça-t-elle, de mauvaise grâce.

- J'ai rajouté un mot pour lui expliquer ce qu'est le Strutoscope, et je lui ai mis l'article de la Gazette avec, je suis sûr qu'il n'est pas au courant pour la loterie !

- Fantastique, répondit Megan d'une voix plate.

Sans s'en formaliser, Ron attacha le tout à la patte d'Errol. Le Strutoscope s'alluma et se mit alors à tourner dans son emballage.

- Pourquoi il fait ça ? s'enquit Ron.

- Parce que tu n'as pas le droit d'utiliser Plumeau, insista Megan. Il va probablement mourir en chemin et Potter ne recevra rien pour son anniversaire.

- Arrête ! s'exclama Ron, agacé, avant de porter le vieux hibou jusqu'à la fenêtre où celui-ci prit lourdement son envol.

- Je vais me coucher ! répondit Megan en remontant les marches.

Mais à peine avait-elle fait un mètre que les jumeaux Weasley descendirent les marches tout habillés.

- On va faire un Quidditch ? proposèrent-ils d'un ton enjoué.

Megan se sentit tout de suite mieux réveillée.

- Comment ça ? Où tu veux faire ça ?

- Il y a un vieux stade couvert à deux kilomètres d'ici, répondit Bill en arrivant à son tour, lui aussi habillé. Avec quelques sorts de protection, on devrait être tranquille pour jouer une heure ou deux.

- Et avec quels balais on va jouer ? s'enquit Ginny en ouvrant la porte de sa chambre, ses cheveux roux attachés en une rapide queue de cheval.

- J'en ai quelques vieux dans un placard, et Megan a le sien.

- Ton Nimbus 2000 ! se réjouit Ron, de meilleure humeur. On y va !

Megan et Ron allèrent s'habiller puis quittèrent la maison avec les quatre autres. Une fois que Bill eut lancé autour du stades quelques sortilèges pour repousser les Moldus et insonoriser le gymnase, l'aîné des Weasley lança à ses frères, sa sœur et Megan des balles de Moldus qu'ils se disputèrent pendant deux heures. Megan avait le meilleur balai, mais Ginny, Fred et George étaient tous trois excellents. Ron se débrouillait mieux que Bill, mais ce dernier semblait bien s'amuser.

- Vous volez vraiment très bien, toutes les deux, dit Bill à Megan et à Ginny sur le chemin du retour. Vous ne comptez pas passer les épreuves de sélection pour l'équipe de Quidditch, à la rentrée ?

Ginny secoua la tête, bien trop timide pour oser l'entrée dans l'équipe de Quidditch, déjà très bien composée et soudée. Quant à Megan, elle refusait de représenter Gryffondor lors des affrontements entre les maisons, bien que l'idée d'affronter Draco sur un terrain de Quidditch la tenaillait. Elle avait passé les deux années précédentes à refuser à Oliver Wood la place d'attrapeur remplaçant malgré son insistance.

Ni Molly, ni Arthur, ni Percy ne s'aperçurent de l'absence des cinq jeunes dans la matinée puisqu'ils les trouvèrent tous autour d'un bon petit déjeuner lorsque tous trois se levèrent, vers dix heures.

Le soir-même, Ron et Megan reçurent une réponse de Potter. Errol arriva, épuisé, en compagnie de Hedwige. Surpris de voir la chouette, ils s'empressèrent d'ouvrir la lettre.

Cher Ron, Chère Megan,

Merci beaucoup pour votre lettre, et le cadeau, il est super ! Félicitations à ton père, Ron, c'est fantastique ! Vous devez bien vous amuser, tous les deux, en Egypte…

Mon oncle vient de m'annoncer que sa sœur vient passer la semaine ici, elle ne se doute pas que je suis un sorcier et c'est une affreuse femme… Je dois cacher toute forme de magie chez moi, alors Hedwige ne peut pas rester. Vous pouvez vous en occuper une semaine ? Elle pourra me rejoindre ensuite…

Merci d'avance,

Harry.

- C'est vraiment pas de chance ! s'exclama Ron. Ses Moldus sont vraiment horribles…

- Hedwige tiendra compagnie à Eleyna, c'est bien, se réjouit Megan. Et ça lui fera des vacances à elle aussi. Ce qui m'étonne, c'est qu'on ait pas encore reçu les lettres de Poudlard.

- Les hiboux doivent mettre plus de temps à arriver ici, lui fit remarquer Ron. On est pas tout à côté…

- Megan, c'est à toi ?

La jeune fille se retourna. Bill tenait à la main son manuel de métamorphose qu'elle avait laissé au salon après avoir terminé son devoir sur les définitions en la matière.

- Oui, je vais le ranger.

Elle prit le livre et remarqua le regard étrange que Bill posait sur elle, mi-méfiant, mi-triste.

- Ca va ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

- Oui, mentit le jeune homme. Il est tard, vous devriez aller vous coucher.

Il était à peine vingt-deux heures et on était samedi, pourtant Bill insista. Même les jumeaux et Percy furent obligés de monter à l'étage. Les enfants Weasley se disaient que leur frère devait être fatigué, peu habitué à avoir toute sa famille chez lui, mais aux yeux de Megan il était évident que quelque chose n'allait pas, bien qu'elle voyait mal ce que son manuel de métamorphose pouvait avoir à faire dans cette histoire.

Peu après qu'ils aient été sortis du salon contre leur gré, Megan quitta la chambre qu'occupait Fred, George et Ron en prétextant vouloir aller aux toilettes. Elle descendit l'escalier à pas de loup et s'installa sur une des dernières marches, tout près de la porte du salon.

- Meganna Buckley.

La jeune fille s'étonna d'entendre son nom. Elle tendit l'oreille.

- Il y avait son nom dans le manuel, disait Bill.

- C'est son nom, oui, acquiesça la voix d'Arthur. Qu'est-ce qui ne va pas ?

- Buckley n'est pas un nom très courant, alors je ne dois pas me tromper en pensant qu'elle est liée à Meredith et Sylvius.

Il y eut un silence dans le salon. Megan avait retenu son souffle en entendant le nom de ses parents.

- C'est leur fille, dit alors Arthur.

- Leur fille ! répéta Bill d'une voix forte.

Megan sursauta tandis qu'Arthur et Molly enjoignaient aussitôt leur fils à baisser d'un ton.

- J'héberge la fille de deux Mangemorts ! siffla Bill. Et vous aussi ! Et elle dort dans la chambre de Ginny !

- Calme-toi, lui intima Molly. Megan n'est pas dangereuse.

- Meredith et Sylvius étaient tout ce qu'il y a de plus dangereux, ils étaient plus proche de Vous-Savez-Qui que Black lui-même !

- Ecoute, nous n'aurions jamais pris Megan à la maison si nous la croyions fidèle à Tu-Sais-Qui, affirma Arthur. Elle n'a que treize ans ! Et ses parents sont morts quand elle était très jeune, elle n'a pas eu le temps d'être embrigadée. Elle est à Gryffondor, et c'est une amie des garçons et de Harry Potter !

- Dumbledore nous a parlé d'elle quand il a su combien Ron et les jumeaux s'entendaient bien avec elle, poursuivit Molly. Il nous a dit que n'avions pas à nous méfier d'elle. Tu l'as vu toi-même, c'est une fille très bien.

Il y eut un nouveau silence dans le salon. Megan avait le cœur qui battait la chamade. Elle n'avait pas pensé que les Weasley les plus âgés pouvaient connaître le nom de ses parents, qu'ils les voyaient comme des Mangemorts. De toute évidence, Dumbledore n'avait pas pensé à leur dire que Sylvius et Meredith s'étaient détournés de Voldemort peu avant sa naissance.

Légèrement tremblante, elle remonta l'escalier et se rendit tout droit dans sa chambre où Ginny dormait déjà. Elle s'allongea sur son lit et fixa le plafond. Les Weasley savaient qui étaient ses parents, mais pas qui elle était. Molly ne la croyait pas dangereuse, mais Bill avait raison de se méfier. Elle avait le pouvoir de les tuer tous, et une telle action enchanterait ce qui restait de celui qui lui avait donné ce pouvoir.