Prologue

La nuit était froide. Glaciale. Un vent lugubre faisait siffler les branches des arbres, secouant sinistrement les feuilles à peine illuminées par la clarté blafarde de la lune.

L'homme courait à perdre haleine, butant contre les racines, la folie visible dans chacun de ses traits. Par moments, il se retournait, le souffle court comme espérant que son traqueur ait pu perdre sa trace puis il repartait, encore plus vite, les yeux exorbités, la peur dégoulinant par chacune des pores de sa peau. Courant, pour sauver sa vie, dans cette nuit d'encre avec des milliers de cris qui semblaient lui hurler aux oreilles et ses branches décharnées qui lui griffaient les bras et les jambes. Un bref instant il se crut sauvé en apercevant au loin les faibles lueurs scintillantes d'un village ou d'une maison, il lui sembla que son cœur allait exploser dans sa poitrine, dévoré par l'angoisse et l'espoir. Le simple fait de pouvoir se raccrocher à la vie le poussa à augmenter l'allure puis à s'arrêter épuisé au beau milieu d'une clairière. Petite, elle renforça davantage son malaise, entourée par des arbres gigantesques aux troncs étrangement tordus mais surtout par le silence qui y régnait. La lueur laiteuse de la lune n'éclairait qu'à peine son centre plongeant le reste de la forêt dans une obscurité effrayante.

Une branche craqua…

Suivie l'instant d'après par un bruissement de feuilles mortes. L'homme se retourna, le visage exsangue, les yeux exorbités, les membres encore tremblants de sa course. Le silence était retombé. Il se retourna à nouveau. Il savait… Il sentait qu'Il était là… Tout près… Une voix glaciale rompit le silence.

Serait ce moi que tu cherches, Macmillan ?

Il se tourna à nouveau brusquement, tendu, devinant dans l'ombre la silhouette nonchalamment appuyée contre un arbre. Il amorça un brusque mouvement pour fuir mais l'instant d'après, il sentit des cordes s'enrouler autour de lui, le faisant trébucher puis tomber au sol comme un pantin lamentable. Il se tortilla pour se retrouver face à l'ombre qui se mouvait parmi les arbres. Une silhouette haute, vêtue d'une longue cape sombre s'avança puis pointa sa baguette vers lui.

Où est-elle ?

Va pourrir en Enfer !!! cracha Ernie. Tu ne la trouveras jamais.

Un rire froid déchira l'air puis un soupir ennuyé :

Mauvaise réponse Macmillan… Endoloris !

Sous la douleur insoutenable, le jeune homme était secoué de spasmes sur le sol, des lames chauffées à blanc pénétraient ses entrailles et son sang semblait bouillir dans ses veines. Il ne put retenir un hurlement déchirant, atroce. L'homme abaissa sa baguette et la torture cessa un instant mais il demeura au sol haletant, des larmes brûlantes lui dévorant les joues, le souffle court. Il entendit les pas se rapprocher de lui et l'homme s'agenouilla à ses côtés plongeant son regard dans le sien. Il agrippa violemment sa chevelure pour rapprocher son visage du sien. Ernie retint un gémissement lorsque la main gantée brûla son crâne et il sentit un liquide chaud couler le long de sa nuque. Son bourreau murmura :

Où est-elle ?

Ernie lui cracha au visage. Ultime geste de bravoure avant qu'il ne sente les os de sa nuque craquer violemment, ses yeux devinrent vitreux et l'instant d'après il retomba au sol.

L'homme encapuchonné se redressa lentement, essuyant doucereusement sa joue puis jetant un regard amusé au cadavre, esquissa un sourire cruel.

D'un mouvement de cape soudain il se replongea dans la forêt ; l'obscurité se refermant sur ses mots.

''Je te retrouverais…''