Un hurlement déchirant résonna depuis la chambre close, et Narcissa ferma les yeux, les larmes striant ses joues, se balançant d'avant en arrière sur la bergère écru, une tasse de thé froid devant elle. La gorge de Narcissa était prise, ses lèvres serrées afin de retenir contre leur gré les sanglots qui menaçaient de lui échapper. Elle serra le tissu de sa robe entre ses doigts pâles, et gémit tout bas alors qu'un énième hurlement se fit entendre, suivi d'un bris de verre.
Vivement que Lucius rentre du travail. Elle ne comprenait pas ce qui mettait son fils dans cet état, ne voulait pas savoir pourquoi il plongeait aussi rapidement que sûrement dans la folie. Elle était en état de détresse, comme seule une mère peut en ressentir quand elle voit son enfant se perdre dans les méandres de sa souffrance, et qu'elle n'y peut absolument rien.
La guerre était terminée depuis trois semaines déjà, et ceci durait depuis autant de temps. Drago s'était enfermé dans sa chambre, brisant tout à sa portée, criant à en perdre la voix, à en perdre la raison.
Et elle n'y pouvait rien.
-Narcissa.
Celle qui fut autrefois superbe leva la tête vivement, yeux écarquillés, pour se trouver face à son mari. Ce dernier avait l'air fatigué et irrité.
-Cela suffit, trancha sèchement Lucius avant de se diriger vers l'étage.
Narcissa réprima un hoquet et suivit son époux d'un pas pressé mais peu sûr. Lucius s'arrêta devant la porte de la chambre de leur enfant, et déclara d'une voix calme,
-J'espère que tu n'es pas derrière la porte, fils. Bombarda Maxima !
La porte éclata, un mélange apocalyptique de bois et de vernis, et Narcissa se détourna du spectacle affligeant, ses sanglots remontant enfin à la surface.
Le lit à baldaquin avait été démonté, les rideaux déchiquetés, les meubles renversés, les livres semaient leurs pages arrachées un peu partout. Narcissa voulait vomir. Au milieu de tout cela, Drago, sale, en larmes, portant les mêmes habits que le jour où ils étaient rentrés de Poudlard et de la bataille, les poings ensanglantés, gonflés, infectés, était à genoux dans la poussière du plafond à demi éventré.
-Je veux qu'elle revienne, hurla-t-il en leur direction, tirant ses cheveux blonds de tous les côtés. Je veux qu'elle revienne !
-Drago...tenta Lucius faiblement, un peu perdu.
-JE VEUX QU'ELLE REVIENNE ! S'écria Drago d'une voix aiguë, brisée. Je veux...elle ne savait pas à quel point...RENDEZ-LA MOI !
Narcissa se retourna enfin, et rendit son dernier repas dans le couloir, yeux larmoyants, tête endolorie. Son fils était mort.
