Elle avait tendance à douter d'elle. C'était une mauvaise chose, pour un guerrier, lui avait rabâché sa mère dès qu'elle avait eu huit ans, lorsqu'elle avait commencé son entrainement. Ne jamais montrer ses faiblesses, ou les autres en profiteront. La petite voix dans sa tête lui répétait qu'elle n'était pas digne, qu'elle ne saurait pas faire, puis elle se reprenait. Elle était le premier général, le bras droit de Poséidon. Elle était capable.

Ses doutes écartés, elle avança dans la salle du trône.

...

C'était une femme. Une étrangère. Elle était vêtue d'une écaille. Elle était grande et svelte, son teint était mat et ses yeux noirs. Bud la regarda s'approcher, fasciné malgré lui par sa beauté, par son assurance.

-Que veux-tu? l'apostropha Hilda lorsqu'elle atteignit la première marche.

Elle enleva son casque et s'agenouilla. Ses longs cheveux bruns balayèrent ses épaules.

-Mon nom est Aoki du Dragon des mers, dit-elle avec un accent indéfinissable. Je viens au nom de mon seigneur Poséidon offrir ses excuses à Hilda de Polaris.

Elle se tut et attendit. Elle n'avait aucune idée de la réaction qu'aurait la prêtresse. De son côté, Hilda observait la jeune fille. Elle ne devait pas être plus âgée que Freya, dix-huit ou dix-neuf ans tout au plus. C'était une enfant qui était venue affronter le froid asgardien, simplement pour délivrer un message.

-Ses excuses sont acceptées, dit finalement la prêtresse.

La jeune fille se releva, visiblement soulagée.

-Tu ne peux pas repartir maintenant, s'opposa Bud. Dame Hilda, elle mourrait de froid.

-Bud a raison, accorda Hilda, amusée, regardant la jeune fille à la peau dorée. Le temps est mauvais, si tu as eu de la chance à l'aller tu n'as trop peu de chance de survivre au retour. Reste, proposa-t-elle. Tu es la bienvenue. Tu repartira quand la tempête se sera calmée.

...

C'était gentil de leur part, elle devait bien le reconnaître. Le trajet avait été une torture, entre le relief irrégulier et le froid cinglant qui mordait chaque centimètre de peau exposé. Mais elle aurait aimé partir au plus vite. Merde, même à l'intérieur de murs de pierre, il faisait froid.

Elle resserra sa cape autour d'elle, sans résultat: elle était décorative, pas chaude. Son écaille était encombrante, mais c'était tout ce qui lui procurait un minimum de chaleur. Soudainement, un manteau se déposa sur ses épaules. Elle se retourna vivement, pour se retrouver nez à nez avec le guerrier divin.

-Tu grelottais, se justifia-t-il.

Ils restèrent un instant à se regarder, aucun des deux ne sachant vraiment comment réagir.

-Prend-le, insista-t-il. Il te sera utile.

D'un geste, elle se débarrassa de son écaille pour enfiler le manteau, qui s'avéra être celui du guerrier.

-Tu ne ressens pas le froid?

-L'habitude.

Il avait un joli sourire, nota-t-elle.

-Tu es perdue, pas vrai?

-Je ne suis jamais venue ici, répliqua-t-elle.

Il rit.

-Je vais te montrer, ajouta-t-il, la prenant par le poignet.

Le palais était joli.

Rien d'aussi intéressant, cependant, que le guerrier dont elle tenait la main.