Alors, voilà, une suite à « Au fil de la lame » qui s'appelle « Au fil de l'eau » sur une grande période de temps entre l'Indépendance américaine (déclaration : 4 juillet 1776) et la Bataille de la Bérézina (1812). Oui, j'ai sauté un siècle parce que, oh là là, il s'en passe des choses intéressantes du côté franco-anglais fin du XVIIIème-début du XIXème siècle.

Il me manque deux chapitres à écrire, je compte sur vos reviews pour m'encourager à terminer. Je sais ce que je vais mettre puisque ce sera au sujet de la Bataille d'Aboukir et de Iéna. Ce qui se passe lors de la Bataille de la Bérézina étant déjà écrit, les farfouilleurs sur mon LJ peuvent trouver le texte, ce n'est pas difficile. J'ai beaucoup de mal à concilier ce qui se passe historiquement et ce qui se passe entre eux, je m'arrache les cheveux à vouloir trop bien faire.

C'est mon dernier écrit de fanfictions longues (non, les autres persos, vous n'y aurez pas droit, Prusse et Canada ont juste eu de la chance, c'est terminé maintenant), parce que je veux me concentrer sur mes originales. Et passer donc plus de temps dessus. Ceci n'empêchera à des one shots de voir le jour.

Rating : M pour FrUk (bref, c'est du même acabit qu'Au fil de la lame)

Disclaimers : Hétalia appartient à son génial créateur Hidekaz Himaruya.

Octobre 1781 : Bataille de Yorktown décisive dans l'Indépendance américaine, défaite anglaise contre les américains et les français (et des canadiens français). Je sais que le Canada est resté aussi neutre que possible mais des Canadiens ont prêtés quand même main forte aux insurgés américains.

Désabusé par sa défaite à Yorktown, Arthur Kirkland marchait seul avec difficulté dans la campagne de Virginie appartenant désormais aux Etats-Unis d'Amérique pour rejoindre la sécurité d'un des derniers campements anglais sur ce territoire.

Chaque pas sur ce terrain sauvage était un véritable déchirement, il ne reverrait plus jamais son petit America de la même façon, il n'était plus le bienvenu sur ses terres. Alfred était devenu une nation à l'égal de lui-même. Arthur aurait voulu le protéger encore des autres pays, America était beaucoup trop jeune et insouciant pour se défendre correctement, il n'en avait pas conscience. Ils étaient en froid à cause des combats récents entre leurs deux volontés, ils s'étaient battus entre eux, ce ne serait jamais arrivé si les dirigeants anglais avaient accordés plus de considérations aux revendications américaines.

Arthur savait avec amertume que leur relation ne serait plus la même qu'auparavant.

Le Royaume de Grande Bretagne ne devait pas pleurer, ce n'était pas digne de son rang de nation mais, en tant qu'homme, Arthur ne pouvait s'empêcher de se laisser aller à autant de débordement émotionnel. Cet imbécile d'Alfred ne devrait pas mériter ses sanglots, non, cet ingrat ne devrait pas compter autant pour lui. America voulait être indépendant, ça y est, il l'était, il avait réussi !

Arthur n'avait plus les moyens économiques de se battre pour conserver auprès de lui celui qu'il considérait comme son fils.

Cette guerre d'Indépendance avait été l'une des plus difficiles à mener de toute son existence car ses plus grands proches s'étaient tous ligués contre lui.

America, France et Canada.

Evidemment, les trois identités territoriales avaient intérêt à ce que l'Angleterre quitte le nouveau continent. Seulement, seulement,… Il n'avait pas été question que de considérations politiques.

Ils avaient tous agis également en tant qu'individus en prenant à cœur cette question d'Indépendance.

Ils l'avaient accusé d'asphyxier Alfred avec son paternalisme, ils avaient préféré soutenir la jeune nation en pleine crise d'adolescence pour lui permettre de se détacher de lui !

Arthur ravala un sanglot alors que son cœur chavirait à cause de l'implication de toute sa famille dans cette guerre. Francis s'était opposé à lui et à ses choix pour privilégier America, Matthew avait préféré soutenir son frère même si c'était de manière timorée, et Antonio s'en était mêlé également à la demande de son frère français.

De son côté, il n'avait eu que ses frères Ecossais et Gallois pour l'aider bien qu'ils y aient mis beaucoup de mauvaises volontés parce qu'ils pensaient qu'Alfred était tout à fait dans ses droits. Alfred avait tout à fait raison dans cette histoire, et c'était ce qui l'avait fait gagner cette guerre en s'attirant la sympathie de tous !

Seulement autant de sollicitude de la part des autres nations avait un prix qu'il fallait payer tôt ou tard.

Et Arthur avait peur, oh oui il avait peur, que les nations alliées de l'Amérique ne profite honteusement de la naïveté d'Alfred dans ses premiers balbutiements en tant qu'identité nationale.

Connaissant Francis et Antonio, Arthur savait déjà que le destin d'Alfred appartenait à leur bon vouloir. D'ailleurs, Espagne n'avait toujours pas reconnu Alfred en tant qu'USA !

Imbécile d'Alfred ! Dans quoi s'était-il fourré ce jeune premier ! S'il était resté sa colonie, il n'aurait pas ce genre de problème ! Il allait se faire avoir ! Et qui viendrait à sa rescousse ?

Arthur ne pourrait pas lui venir en aide dans les prochaines années. Oh, elle était belle son Indépendance !

Arthur s'arrêta, ses épaules étaient secouées par sa tristesse, les larmes ravalaient ses joues. Son inquiétude le paralysait, il tenait beaucoup à l'enfant qu'il avait élevé avec le peu de moyens qu'il possédait, et ce manque de ressources avait fini par les séparer.

Il aurait suffi d'une balle, il aurait suffi qu'il ait le courage de lui tirer dessus pour renverser la donne.

Angleterre n'avait pas été qu'une nation-métropole pour America, Arthur avait été aussi un père pour Alfred. Arthur n'avait pas pu le regarder dans les yeux en ayant le doigt sur la gâchette. Il aurait suffi de le blesser pour faire comprendre aux troupes américaines qu'il pouvait faire du mal à leur nation, il aurait alors suffi de le tenir en joue en le voyant se vider de son sang jusqu'à obtenir la reddition de son gouvernement illégitime. Non, il n'avait pas pu faire cela à son fils : briser sa confiance et ses espoirs en un coup de feu.

Et maintenant, tel un pantin désarticulé, Arthur était là complètement désespéré en train de fuir. Hébété, Alfred l'avait laissé partir pour le remercier de ne pas avoir tiré sur lui.

Qu'est-ce qu'Alfred devait penser de lui à présent ?

Un vieux pays incapable de faire son devoir par sentimentalisme.

Francis l'avait mis en garde un bon nombre de fois contre cette tendance quand ils se retrouvaient sous les couvertures après un combat entre leurs deux forces armées. Arthur ne pouvait plus blesser la nation française de manière sérieuse depuis qu'ils avaient été ensembles.

Arthur renifla avant de repartir d'un pas plus assuré.

Il avait tout perdu dans cette guerre. Ses enfants, et son compagnon.

Un hennissement de cheval le fit se retourner avec le fusil en position de tir pour se défendre.

America avait peut-être changé d'avis sous l'influence de ses dirigeants. Être capturé par les américains signerait définitivement la fin de la guerre bien que tout soit joué dès à présent.

En tentant d'y voir correctement à travers ses larmes, Arthur observait l'équidé s'approcher parmi les herbes hautes avec son cavalier. Bon point, une seule personne, c'était gérable. Il essuya son visage d'un geste rageur, il était doué pour faire mouche mais, avec les yeux embués, il ne pouvait pas faire de miracle. Sa vision se stabilisa peu à peu alors que son corps se tendait en vue d'un affrontement.

Le cavalier ne pointa pas d'armes dans sa direction, il ne fit que s'approcher, et Arthur reconnut Francis à ses cheveux blonds et à son uniforme bleu roi.

Une rage sourde lui prit les entrailles à la vue de son ancien amant car cette guerre était en grande partie de sa faute. Il lui en voulait beaucoup d'avoir mis de telles idées d'Indépendance dans la tête brûlée d'Alfred ce qui avait été la raison de leur séparation. Et il sut qu'il serait prêt à tirer sur lui cette fois-ci.

« Dégage de là ! Je pensais avoir été assez clair te concernant, hurla Arthur. Je ne veux plus te voir !

- Je sais ce qu'il s'est passé, répondit Francis en s'arrêtant à sa hauteur. Tu n'as pas pu…

- Je n'hésiterais pas à…

- Tu ne me feras pas de mal, dit son ennemi avec sérieux. Tu ne peux pas en faire à Alfred, tu ne le peux pas non plus en ce qui me concerne. »

Déterminé, Arthur pointa le canon en direction du cœur du français. Francis avait toujours su titiller ses points sensibles, Arthur ne pouvait laisser passer cet affront. La nation anglaise était peut-être misérable après son échec mais elle ne laisserait pas des vautours se réjouir de son malheur.

« Tu as eu ce que tu voulais ! Tu es heureux, n'est-ce pas ? Ça te réjouis de me voir ainsi !

- Je l'ai fait pour America et pour toi aussi, soupira Francis en descendant de sa monture sans se soucier de rester encore dans sa ligne de mire.

- Comment ça, s'insurgea Arthur.

- Arthur, avec un peu de recul…

- Non, tu as brisé ma relation privilégiée avec Al ! Et Matthew ! Je ne peux pas te le pardonner ! »

Francis prit les rênes de son cheval puis il flatta l'encolure de l'animal dans un geste d'apaisement, il le faisait pour se calmer lui aussi. Arthur râla intérieurement, c'était tout à fait Francis, cette manière d'éviter l'affrontement direct. Arthur sut qu'il allait se faire attendrir en croisant les yeux paisibles de son ancien compagnon.

« Je… Tu m'en as toujours voulu d'être parti de ton territoire en te laissant ta souveraineté…

- Quel est le rapport avec Al ?

- Si je t'ai rendu ton autonomie, c'est parce que j'avais peur que tu disparaisses à mon profit. Je te l'ai déjà dit, tu étouffais Al de ta présence sur ces terres. Tu allais le tuer ! Je ne pouvais pas le dire devant lui ! Il était normal qu'Al se rebelle pour survivre aux exigences de tes dirigeants ! »

Arthur baissa son fusil alors que le chagrin refluait dans son corps.

« J'aurais réussi à convaincre les Lords, dit-il dans un sanglot. J'aurais pu garder Al si tu n'étais pas intervenu, je l'aurais fait à temps !

- Non, cela aurait été trop tard ! Arthur ! J'ai vu ce qui se passait de manière plus objective que toi et j'ai agi en conséquence !

- Ah, oui, agir en conséquence ! Tu as voulu m'envahir ! Et tu as failli réussir ! Cela faisait donc un moment que tu y pensais, sale traître !

- Je préparais ce coup depuis très longtemps. Et j'aurais été fin prêt à m'approprier tes terres si America n'était pas venu tout gâcher, minauda Francis.

- Je te déteste !

- L'Indépendance d'America était une bonne excuse pour précipiter les choses et ainsi te laisser une chance de survivre à toutes mes frappes. Si j'avais été plus rapide, l'Angleterre serait déjà à moi ! »

Arthur prit une grande inspiration, les racontars du français se tenaient. La fin du Royaume n'était pas passée bien loin. La France avait attaqué en tout point du globe les colonies britanniques pour disperser les troupes du Royaume-Uni. L'Angleterre s'était donc retrouvée sans défense maritime pendant un certain temps, et il aurait suffi que Francis mobilise ses navires de guerre à temps pour l'envahir. Une telle tactique jetée aux orties, c'était vraiment du gâchis. Arthur se doutait bien que Francis était intervenu pour stopper les opérations. Et il n'aimait pas vraiment être pris en pitié. Par amour, Francis venait de rater une occasion en or de dominer le monde. Arthur n'appréciait pas, il avait l'impression de lui en devoir une.

« Et qu'est-ce que tu fais ici, hein, répliqua-t-il pour changer de sujet. Tu es venu me voir dans ma déchéance, dans mon malheur !

- Rien de tout ça ! La guerre est finie, nous le savons tous les deux ! Nous n'avons pas à rester fâchés ! Je ne pouvais pas te laisser seul après ton affrontement avec Al.

- Tu devrais être avec lui pour le protéger d'Espagne !

- Arthur, Alfred se débrouille seul à présent. Ce ne serait pas lui rendre service que de le materner toute sa vie !

- Là, c'est une période où tout peut arriver… et je n'ai plus aucun pouvoir pour… »

Impuissant face à sa détresse, il ne put que pleurer à nouveau. Un bruit de pas, et il se retrouva dans les bras chaleureux du français. Arthur voulut se débattre pour échapper à cette étreinte forcée mais il ne résista pas longtemps à l'attrait d'une telle accolade. Il était toujours amoureux bien que ce sentiment lui fasse très mal. Il posa sa tête sur son épaule pour respirer son odeur qui lui avait tellement manquée, et il sentit Francis bouger pour se caler plus près de lui. La peau de sa joue glissa contre la sienne, il se surprit à tendre les lèvres mais il se ravisa à temps.

« Arrête de jouer sur mes faiblesses…

- Si je le faisais, il y aurait belle lurette que je t'aurais embrassé, commença Francis avec sa voix séductrice en glissant ses mains dans le creux de ses reins. Tu serais déjà à terre à me supplier de te faire l'amour. Tu me manques, mon ange. Rappelle-toi à quel point tu aimes ce que je peux te faire…

- Stop Francis, j'ai compris, s'exclama Arthur, alarmé par la vague de désir qui le traversait, en se tortillant dans les bras du français. Je ne t'ai toujours pas pardonné ta traîtrise !

- Je t'ai déjà dit…

- Je sais que tu as raison ! Je ne l'accepte pas, c'est tout ! »

Apparemment, Francis était déçu par son refus. Et il s'attendait à quoi !

« Ô mon amour, nous nous sommes séparés suite à une guerre idéologique et familiale, remettons-nous ensemble maintenant que tu sais que j'ai raison et batifolons sans plus attendre sur ce terrain marécageux ! » devait être le cheminement de ses pensées. Le gros pervers !

Arthur le repoussa mollement pour qu'il lui laisse plus d'espace vital.

« Arthur, tu es en sueur !

- Non, s'exclama Arthur en connaissance de cause. Je ne veux pas que tu me retires mes vêtements !

- Tu as de la fièvre, affirma Francis en touchant son front avec de la compassion dans la voix.

- La Malaria… C'est pour cette raison que vous avez gagné à Yorktown.

- Tu étais malade.

- Les troupes l'étaient… Et comme tu le sais, ça me touche. »

Depuis que ce poignard ensorcelé avait fait un tour dans son foie, Arthur était devenu très sensible à ce que pouvait endurer les britanniques en sa présence. Et cette faiblesse était bien connue de son rival !

« Je vais marcher, ça me passera, affirma Arthur en se mettant en route.

- Je refuse de te laisser partir dans cet état misérable. Monte sur ce cheval, c'est moi qui vais rentrer à pied.

- Je n'ai pas besoin d'un traitement de faveur de ta part, je peux me débrouiller tout seul ! Quoi, qu'est-ce qui te fais sourire, grenouille idiote ? »

Francis ne put s'empêcher de produire son rire abominable, il était apparemment hilare à cause du comportement de l'anglais.

« Quoi, s'énerva Arthur.

- C'est dingue, tu t'inquiètes pour Al qui est en sécurité avec ses troupes… et soi-disant en passant il est en train de fêter sa victoire en buvant de l'alcool… oui je sais, il ne devrait pas, tu le trouves trop jeune pour ça mais il est majeur maintenant… Et toi, tu tiens à peine debout ! Et tu penses que je ne devrais pas me soucier de toi ! Que je devrais te laisser là tout seul après cette déception ! Tu crois vraiment que je vais t'abandonner alors que je t'aime encore !

- Alors tu comprends ce que je ressens en laissant partir Al ! »

Francis se tut, il prit un ton beaucoup plus sérieux.

« Oui, je comprends. C'est aussi pour cette raison que je suis ici. Je t'apporte mon soutien moral.

- Tu n'aurais pas dû aider Al !

- J'ai fait ce que je devais faire, je n'ai aucun regret. Et je n'ai pas envie d'en avoir. La fièvre et la peine te font sûrement délirer. Accepte mon aide…

- Je sais ce que tu espères, tu aimerais qu'on remette le couvert. »

Francis détourna les yeux de gêne. Arthur connaissait cette expression, il l'avait blessé et il allait avoir droit à des confessions.

« Oui, également… C'est parce que j'ai encore des sentiments pour toi que je suis là… Pour t'aider… Il n'y a rien de calculé… Je n'ai pas réfléchi… Je suis parti dès que je l'ai pu de la fête pour te retrouver… Tu aurais pu être avec tes troupes, je voulais juste savoir si tu étais en sécurité… Je me faisais du souci après avoir entendu ce qu'il s'était passé…

- Je t'aime encore, moi aussi, lui confia Arthur, mais il me faudra du temps... »

Arthur eut droit à un beau sourire satisfait de la part de Francis.

«… Bon, tu m'emmènes près de mes troupes et tu repars sur ton cheval vite fait.

- D'accord, on aura ainsi le temps de discuter, précisa Francis. Et aussi d'argumenter sur le temps qu'il te faudra pour me pardonner…»

Arthur leva les yeux au ciel en comprenant qu'il s'était fait avoir, le trajet laisserait à ce pervers de français l'occasion de le convaincre de se rabibocher dans un bas fossé. Ils furent à peine montés sur le cheval que le français derrière lui le prit bien contre son corps.

Il y avait quelque chose de rassurant dans le fait que Francis soit là malgré leur dispute, et il appréciait à sa juste valeur sa présence à ses côtés. Arthur aurait pu lui tendre un piège en l'emmenant aussi près de ses troupes mais ce genre de bassesse ne faisait pas partie de leurs accords. Et puis, Francis ne serrait pas venu s'il n'était plus amoureux de lui.

« Tu peux tout me dire, tu sais, commença Francis.

- Le silence, c'est très bien aussi… Je n'ai pas envie de dire des choses que je regretterais plus tard. Je suis content que tu sois là, j'espère que cela te suffit.

- Alors j'ai bien fait de venir… Je le savais que tu aurais besoin de moi. L'issue de la guerre est figée, et… comment dire… tu sais que tu pourras toujours compter sur moi quoi qu'il arrive.

- Oui, je sais… Même pour dresser contre moi notre fils…

- Pas de mots qui fâchent, mon ange. Je suis là pour me réconcilier avec toi, et je ferais tout pour ce faire. »

Francis accompagna ses mots d'un petit baiser dans le cou.

« Vraiment tout, murmura-t-il à son oreille.

- Je n'en doute pas, grenouille pompeuse, soupira Arthur en se calant plus confortablement contre lui.

- Je serais étonné que tu n'aies plus d'attirance pour mon corps si parfait. »

Arthur ne put s'empêcher de rire à cause de ses paroles pleines de fierté et d'arrogance.

« Ah, non, ne te moques pas de ma beauté, s'offusqua Francis.

- C'est juste toi.

- Je ne sais pas comment je dois le prendre. Ah, si, j'avance dans ma tentative de rabibochage avec mon bel amant anglais avec lequel je n'ai pas fait l'amour depuis une dizaine d'années. L'abstinence ne me réussit pas du tout, se plaint dramatiquement le français.

- Tu y réfléchiras à deux fois avant de me mécontenter de nouveau de la sorte.

- Je ne me mêlerais pas de l'Indépendance de Canada.

- Quoi ? Matthew y pense, paniqua Arthur.

- Non, pas du tout. C'était une blague !

- Ce n'était pas drôle du tout, imbécile !

- Oui, tu as raison, les conséquences pourraient être terribles si tu le prenais mal. Si je veux arriver à mes fins avant ce soir, je devrais éviter ce genre de plaisanteries douteuses.

- Comme si j'en avais envie…

- Ah, mais j'ai toujours su te donner envie… »

Une main française lâcha les rênes pour se perdre contre la peau brûlante du ventre anglais. Là, juste là, le long de cette cicatrice du XVIIème siècle, il avait fallu qu'il mette son doigt caresseur juste à cet endroit. Et en même temps, personne d'autre que Francis ne connaissait aussi bien les faiblesses de sa chair. Arthur laissa échapper un gémissement de plaisir alors qu'une vague de bien-être s'emparait de son corps éreinté par les combats. Il se tendit contre Francis en un réflexe, il se contorsionna pour lui faire face, il avait envie d'un baiser malgré la colère qu'il ressentait encore envers Francis et ses manigances. Foutu français, foutu don pour les plaisirs !

Leurs lèvres se touchèrent, et ce fut rapidement au tour de leurs langues de s'entremêler.

Arthur n'avait pas oublié à quel point c'était bon, ses souvenirs s'étaient pourtant estompés face à la réalité de cette sensation unique. Cette attraction remise au placard refaisait surface, cette envie de ne faire qu'un revenait, ce besoin de l'autre était là. Tout ceci était mêlé au délice de cette bouche quémandeuse contre la sienne.

Arthur resserra ses cuisses en sentant le cheval s'emballer, ils rompirent brusquement le baiser ce qui remit en place les idées d'Angleterre, et Francis reprit le contrôle de leur monture.

« Je n'ai pas bien dressé cet animal, s'exclama Francis, ça te dirais de lui faire son éducation ? Il faut qu'il apprenne à tenir le cap malgré les acrobaties de son maître avec son amant anglais. Si, si, corniaud de quadrupède à crin, c'est par là !

- Francis, les acrobaties sur ton canasson, ce n'est pas pour aujourd'hui ! Je t'en veux encore !

- Oui, oui, c'est ça…

- Tu joues sur mes points faibles, je n'aurais jamais…Si tu n'avais pas…

- Je te plais toujours autant. Tu aimes quand je me dresse contre toi, ça t'excite, avoue-le.

- Cette fois-ci, non ! Vous étiez tous les trois contre moi, c'était difficile !

- Oui, mais maintenant je suis là pour te réconforter… C'est terminé Arthur, laisse-moi revenir près de toi. Je peux te promettre plein de choses intéressantes. »

Arthur se retrouva de nouveau entre les bras du français. Quand Francis avait une idée derrière la tête, il ne l'avait pas ailleurs. Et il n'avait jamais su résister à ses avances depuis que le français savait qu'il suffisait d'insister. Arthur l'embrassa sur la joue, il se plaignait de ne plus avoir son compagnon à ses côtés, il n'allait pas refuser de le retrouver.

« C'est juste parce que je t'aime beaucoup. Vraiment beaucoup !

- Je pense que c'est une raison suffisante, se félicita Francis. Ce n'est pas ton campement ? Ah, mauvais timing, il m'aurait fallu un peu plus de temps avec toi pour te convaincre de trouver un petit coin à l'abri des regards…

- Je sais, grenouille pompeuse. Bon, mon chéri, c'est le moment de t'en aller. »

Arthur voyait ses hommes s'activer pour le départ. La défaite avait un goût amer.

« Je te propose qu'on se revoit, je vais demander à Matthew de nous laisser séjourner quelques temps sur ces terres histoire qu'on passe un peu de temps ensemble pour consolider notre couple. »

Angleterre retourna sept fois sa langue dans sa bouche avant de répondre, il avait de toute façon prévu de remonter vers le Nord sur les contrées Canadiennes pour protéger ce qui lui restait de territoires colonisés sur le nouveau continent.

« Réconciliation sauvage sur l'oreiller, j'ai bien compris le principe Francis. Seulement je ne pense pas que Matthew, lui, le comprenne… Il est en colère contre moi pour ce que l'Angleterre a fait à l'Amérique…

- C'est un grand garçon maintenant, et je saurais le convaincre. Comme l'armistice n'est pas encore signé, ce serait bien qu'on soit sur un terrain neutre.

- Oui, tu as raison, répondit évasivement Arthur en descendant du cheval.

- Alors, on se remet ensemble ? Tu es d'accord ?

- Bien évidemment, français idiot ! »

Francis se pencha pour réclamer un baiser d'adieu, et il dura bien plus longtemps qu'il ne l'aurait espéré.

Francis tenta de se redresser mais Arthur le retint par la nuque en approfondissant l'échange. Arthur ne voulait pas laisser partir son français préféré maintenant qu'il l'avait sous la main. Sa langue contre la sienne embrasait ses veines fiévreuses d'une chaleur différente. Il était bien appréciable d'embrasser la personne connaissant tout de vous après une telle séparation, le cœur était envahi d'un réconfort poignant, les jambes tremblaient d'émotion et la tête se vidait de tout.

« Ne joue pas avec mes nerfs, bel anglais… Et je vais tomber si tu continues !

- Descend immédiatement me rejoindre, lui ordonna Arthur d'un ton sans appel.

- Ce n'est pas raison…

- Je m'en contrefiche, tu as une longue absence à te faire pardonner. »

Francis sourit en mettant pied à terre. A peine ce fut fait qu'Arthur l'agrippa par sa veste bleu foncée pour en déboutonner les boutonnières blanches. Francis posa ses mains pour faire de même avec l'uniforme rouge sang de son amant. Le désir si longtemps réprimé les prenait d'une terrible urgence à vouloir toucher la peau de l'autre, à éprouver du plaisir en sa présence et à jouir de la réciprocité de leur amour.

Alors qu'il titillait la nuque sensible de son amant, Arthur s'amusait à promener ses mains sur son torse en le faisant reculer vers le premier arbre disponible.

« Oh, on prend les commandes, c'est tellement rare, haleta Francis.

- Tais-toi et apprécie grenouille pompeuse ! »

Arthur plaqua son homme contre le végétal. Il croisa son regard pour y déchiffrer toutes ses émotions, le français craquait énormément pour lui, il le savait mais c'était bien plaisant d'en avoir la confirmation. En l'embrassant, il dégrafa les pantalons blancs pour venir chercher cette virilité si dure contre lui.

Un gémissement surpris lui parvint alors qu'il commençait à le branler en jouant sur tous ces points faibles. Il remonta sa main sur toute la longueur avant de venir caresser du pouce le gland, puis il descendit le bout de ses doigts sur la veine apparente. Il se mit à alterner plusieurs rythmes de la façon qu'il appréciait le plus.

Francis détourna le visage en serrant des dents. Arthur fut surpris de l'avoir fait venir aussi rapidement.

« Oh, ça m'étonne de toi… »

Francis reprit difficilement son souffle.

« C'est que cela faisait si longtemps qu'on ne m'avait pas touché… En plus, c'est toi… Tu sais comment faire, et puis, c'est toi...

- Je suis honoré de te savoir aussi fidèle.

- Quelle belle preuve d'amour ! Je n'ai pas succombé à la tentation en te sachant loin de moi, c'était une véritable torture… Oui, je l'ai bien mérité avec mes idées idiotes ! »

Arthur ne voulut pas reconnaître que les idées du français étaient loin d'être idiotes.

« Dis donc toi, tu ne serais pas un peu à l'étroit dans tes vêtements, lui demanda Francis en tâtant le terrain.

- Je t'en prie, fais de mon corps un pantin entre tes bras !

- Oh, j'aime quand tu me parles comme cela ! »

Arthur lui rendit son sourire alors qu'il se laissait emporter à son tour dans le plaisir de leurs retrouvailles. Il se retrouva bien vite à haleter près de son oreille alors que ses hanches bougeaient en rythme avec la main qui tenait son membre. Il comprit ce qui avait emporté si vite le français. L'émotion des retrouvailles, l'abstinence et la fatigue formaient une combinaison bien défavorable pour faire durer les choses.

Il sentit cette boule délicieuse se former dans son ventre et exploser dans son corps le rendant mou et faible contre son ennemi de toujours.

« Oh, ce n'est pas mieux de ton côté…

- Imbécile de grenouille pompeuse.

- …nous aurons tout le temps de rattraper cela pendant nos vacances. »

Francis le rhabilla très vite et il en fit de même pour lui-même. Arthur, toujours perdu dans son plaisir, l'interrogea du regard.

« Je crois qu'on est repéré par tes troupes. Je m'en vais, mais on se revoit bientôt. Je te ferais parvenir un message pour le lieu du rendez-vous. »

Arthur hocha la tête, et il resta à le regarder s'éloigner jusqu'à ce que ses hommes le trouvent.