C'est dur de se dire qu'on est une vraie salope, hein ?

Que personne ne nous aime, que personne ne sera jamais là pour nous.

Ça fait mal, hein ? ça fait tellement mal qu'on ne peut rien faire d'autre qu'être encore plus salope, pour ne pas se laisser dépasser par les événements, par les sentiments. Parce que oui, même les salopes ressentent quelque chose, même moi, je ressens quelque chose.

Et ce que je laisse paraître n'est pas souvent l'image de ce qu'il y a au fond de moi.

Mais je me protège, enfin maintenant, je ne me sens plus seule. Tu es là… et tu n'y connais encore rien.

Tu ne fais qu'entrer dans l'Enfer, moi j'y vis depuis un bout de temps déjà.

Ça fait mal, hein ? C'est dur de se dire qu'on est une vraie salope, pas vrai Granger ?

Tout le monde connaissait Pansy Parkinson à Poudlard, du moins de réputation.

C'était une fille froide et inaccessible, presque insensible. Mais malgré tout, elle défendait bec et ongles, avec hargne ce qui lui tenait à cœur. D'où son surnom de pékinois. Ça aboie, ça mord ces bêtes-là !

Pansy était aussi une très belle fille. Grande, svelte, des jambes interminables, de longs cheveux bruns et des yeux foncés, presque noirs.

Elle souriait peu et avait toujours l'air renfrogné mais pour celui ou celle qui savait percer sa carapace, son sourire était la plus belle des récompenses.

Mais la raison pour laquelle on connaissait Pansy Parkinson était probablement sa méchanceté. Ça allait des paroles blessantes aux coups bas, de coucheries déplacées aux brisages de couples et ce tous genres confondus…

Une autre fille était fort connue à Poudlard. Notamment grâce à son amitié avec l'Elu et grâce aussi à ses capacités intellectuelles.

Hermione Granger n'était pas le genre de fille à qui on faisait attention, sinon pour demander de l'aide au niveau des devoirs.

Hermione avait un physique plutôt banal, de taille moyenne, menue, des cheveux bruns un peu ternes et des yeux bruns. C'est sûr qu'elle pourrait être jolie si elle prenait un peu soin d'elle. Pas besoin de grand-chose se coiffer un peu, accorder ses tenues et s'ouvrir au monde extérieur.

La plupart des gens fuyaient sa présence au premier abord, trop bucheuse, trop Miss-je-sais-tout, trop sérieuse, trop ennuyeuse,…

Et ce malgré une extrême douceur, une profonde gentillesse et une loyauté sans égale.

Contrairement à Pansy Parkinson, Hermione Granger était connue pour son grand cœur.

Mais comme elle, elle fut cataloguée à cause de son égoïsme…

A juste titre ? Qui sait…

Au fur et à mesure que nous approchions de la Grande Salle, le brouhaha se faisait de plus en plus fort. Vu l'heure, la plupart des étudiants devaient déjà être installés.

« Bon vous vous dépêchez ? Y aura plus de gratin de citrouille sinon ! »

Ron me dépassa en me bousculant légèrement. Alors qu'il se dirigeait vers la porte avec Harry, je touchai rêveusement mon épaule à l'endroit où son bras avait frôlé le mien.

Un grand éclat de rire me fit me retourner en sursaut. Quelqu'un aurait aperçu mon trouble ?

Non… Ce n'était que Ginny qui riait à une blague de son petit ami Dean deux pas derrière moi. Je soupirai de soulagement en reportant mon attention sur Ron qui entrait maintenant dans la Grande Salle.

« Tu me fais rire, Hermione. »

« Je te demande pardon ? »

Parvati ricana en secouant la tête. Elle était dans le même dortoir que moi depuis quelques années et je commençais à connaître ses mimiques. Et là, tout portait à croire qu'elle tenait le potin du siècle.

« T'es vraiment pas discrète, tu sais. Je t'ai vue ! Tu mates Ron ! »

« Oh, je t'en prie. Garde ça pour toi ! »

Mon teint dû prendre une couleur rouge bien vive car elle ricana de plus belle.

« Et qu'est-ce que tu comptes faire ? », me demanda-t-elle.

« Pour ? »

« Pour Ron, voyons ! Tu ne vas quand même pas attendre qu'il reçoive la parole sacrée de Merlin pour lui mettre le grappin dessus ? »

J'haussai les épaules. Non pas que je n'aie jamais pensé à lui avouer mes sentiments mais je m'imaginais très mal essuyer un refus. Je ne crois pas que notre amitié y survivrait. Et puis Harry dans tout ça, il se verrait forcé de prendre parti et je ne pourrais pas le blâmer de préférer Ron à une petite intello comme moi. Et puis je n'ai surtout aucune idée de comment m'y prendre…

« Mais enfin Hermione, tu ne vas pas passer ta vie à le regarder de loin ! Vas-y, fonce ! »

« Ah oui ? Et je fais quoi ? », je demande agacée.

« Tu l'attrapes, tu l'embrasses et tu lui proposes de sortir ! Plus ou moins dans cet ordre-là », dit-elle le plus simplement du monde.

« T'es folle ? J'oserai jamais ! »

Elle soupira, l'air blasée.

« Dans ce cas essaie de le rendre jaloux. »

« ça marche, ça ? »

Son rire résonna un peu trop fort à mes oreilles et je tournai la tête de droite à gauche. Personne ne semblait faire attention à nous.

« Evidemment que ça marche ! Cette technique est vieille comme le monde. Si il est intéressé, il réagira et tu n'auras plus qu'à attendre sa réaction »

« Et dans le cas contraire ? »

« T'occupe, à mon avis il réagira bien ! »

« T'es sûre ? »

« Je crois bien. »

« Et comment je fais pour le rendre jaloux ? »

Elle rigola à nouveau.

« Tu pettes les scores en cours mais dans la vie t'es comme un bébé licorne toi hein ! Je sais pas, tu lui parles d'autres garçons, tu te rapproches de Harry, t'embrasses quelqu'un… A toi de trouver Hermione ! »

Par Merlin, je n'y arriverai jamais !

« Mais, un conseil : ne tarde pas trop parce que j'en connais une autre que le charme Weasley ne laisse pas indifférente. Et crois-moi, elle n'a pas froid aux yeux, elle. Elle n'hésitera pas à se jeter à l'eau. Je pense d'ailleurs qu'elle va te battre à plates coutures si tu ne te bouges pas assez vite. Mais bon, t'oseras pas ! »

En suivant son regard, je tombais sur une Lavande la bouche en cœur qui appelait Ron.

« Ronniiiiie ! Je t'ai gardé une place près des cuisses de poulet. Tu viiiiiens ? »

Sa voix mielleuse me fit l'effet d'une goutte glacée descendant le long de ma colonne vertébrale et je m'arrêtai net près de la table des Gryffondors.

Plusieurs choses se passèrent alors simultanément.

Ginny me percuta, surprise par mon arrêt soudain.

Ron s'assit à côté de Lavande et regarda vers nous quand Parvati demanda qu'on lui fasse une place.

Dean mit sa main sur mon épaule pour m'empêcher de tomber.

Et je n'entendais plus que la dernière phrase de ma camarade de chambre. « T'oseras pas ! ». Mon orgueil était blessé. « T'oseras pas ! ». Bien sûr que si ! « T'oseras pas ! ».

Et c'est totalement sans réfléchir, sous l'impulsion du moment que j'attrapai une main masculine et me haussai sur la pointe des pieds pour embrasser un garçon…

Le baiser me sembla durer une demie seconde. Brutal, surprenant, chaud, court mais incroyablement bon. Foutue Gryffondor !

Ce qui fut moins bon, ce fut la fin du baiser.

Une grosse giffle me fit reculer de deux pas et ouvrir les yeux, surprise.

Je croisai alors le regard tout aussi surpris de Dean qui reprit sa main sans plus attendre.

J'eus le temps d'apercevoir l'air mi-hébété mi-furieux de Ron, celui effaré d'Harry, déçu de Lavande et désolé de Parvati avant qu'une deuxième giffle me ramène sur terre.

« Non mais j'y crois pas ! Hermione ? J'en reviens pas que t'aies fait ça ! T'es vraiment qu'une… une salope ! Devant moi ? Tu voulais m'humilier, c'est ça ? En te jetant sur mon petit copain comme une désespérée ? Mais tu croyais quoi ma vieille ? »

Des rougeurs apparurent sur mes joues en même temps que je prenais conscience de ce que je venais de faire.

« Oh, Ginny, je suis vraiment désolée, je voulais pas j'ai… »

« Non, bien sûr. C'est pas sa bouche que tu visais peut-être ? »

« Non, t'y es pas. C'était pour pas que Lavande.. Et Parvati… »

Lavande se leva, furieuse.

« Me mêle pas à ça Hermione Granger ! C'est pas moi qui viens d'embrasser le petit copain de mon amie devant toute l'école, t'as vraiment un problème ! »

Parvati, gênée, la fit se rasseoir avant de prendre la parole.

« Quand je t'ai dit : embrasser un garçon. Je ne parlais pas de ton entourage proche, et certainement pas d'un garçon en couple… T'as rien compris toi ! »

Après un dernier regard venimeux, Ginny sortit en trombe de la Grande Salle, suivie de près par un Dean tout aussi furieux et dégoûté.

C'est à ce moment-là que je me rendis compte que tous les regards étaient braqués sur notre table et qu'un grand silence planait. Alors que les larmes commençaient à déborder de mes yeux, des chuchotements apparurent. J'étais le centre de toutes les conversations.

Quelle salope ! Son amie, en plus. Qu'est-ce qui lui a pris ? Hermione Granger ? On parle de la même ? Ah ! Nom d'une bouse de dragon, j'ai rien vu ! Elle a fait quoi ? Je la pensais pas comme ça ! Et tu crois que ça…..

Je m'enfuis du réfectoire avant d'en entendre davantage.

Quelques tables plus loin, Pansy Parkinson avait assisté à toute la scène, se plaisant à découvrir une toute autre Granger que celle qu'elle côtoyait habituellement. Quelle cruche… Quelle salope… Elle n'était finalement pas mieux qu'elle.

Blaise rompit le silence en s'exclamant :

« Et bien, je crois qu'elle vient d'augmenter son sex-appeal de disons 2%. »

Drago ricana avant d'ajouter autre chose.

« Sex-appeal qui est maintenant à … »

« 2% », coupa Pansy hilare.

Les Serpentards éclatèrent de rire et reprirent le cours du repas sans plus se préoccuper de la tension qui régnait chez les Gryffondors.

Au bout d'un moment, Pansy sentit un pied jouer doucement avec le sien. Jetant un coup d'œil à son voisin de droite, elle posa sa main sur sa cuisse et remonta lentement. Drago attrapa son coude et d'un air entendu, ils se levèrent et quittèrent la Grande Salle ensemble.