Titre : La parabole des inséparables.
Disclaimer : Les personnages de GW ne sont pas à moi MAIS les perruches m'appartiennent, Na !
Couples : Heero/Duo – Trowa/Quatre
Genre : OCC avec amour et meurtre
Note : C'est un fait divers lu il y a déjà quelques temps, et qui n'a pas quitté un coin de mon cerveau depuis, qui m'a inspiré le début de cette histoire. Alors, je tiens à remercier le « voleur du supermarché » qui m'a bien aidée.
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Chapitre 1 – Un voleur pas comme les autres.
Méthodique
Surdoué
Asocial
Ces trois mots forment l'essence de Heero Yuy.
Méthodique – Tout dans la vie d'Heero doit être rangé à sa place. Dans son appartement comme dans son bureau, rien n'est en désordre. Il examine chaque situation rencontrée avec minutie, classe les données ainsi recueillies puis après analyse prend ses décisions. Le hasard n'existe pas, il y a simplement des gens qui ne savent pas anticiper et qui ensuite accusent le sort, dieu ou le diable de jouer avec leur destinée. Pour lui, aucun danger, il ne sera jamais pris au dépourvu.
Surdoué – Il a finit ses études à 20 ans, avec dans la poche un doctorat en informatique. Après avoir travaillé pendant deux ans dans une grande société américaine, il est rentré en France pour ouvrir sa propre boite de conception de systèmes de sécurité qu'il vend dans le monde entier. Aujourd'hui à 25 ans, grâce à la Yuy sécurité, il est riche et satisfait car l'argent lui donne le pouvoir de faire ce qu'il veut, comme il veut. Il a écrasé tous ses concurrents en France, sauf un, la société Maxwell. Cette petite société réussit par miracle à lui faire encore de l'ombre en sortant des concepts innovants qui lui prennent des parts de marché. C'est sa dernière épine dans le pied avant de devenir le roi incontesté de la sécurité.
Asocial – Il a adopté depuis longtemps la citation de Sartre « l'enfer c'est les autres » et pour ne pas dépendre de leur jugement, il a décidé de les ignorer. Il a fait une seule exception à la règle en acceptant pour ami Trowa Barton qu'il a rencontré en troisième. Ce garçon silencieux et observateur a su gagner ses bonnes grâces et il l'a embauché dés la création de son entreprise. Avec lui, il n'a besoin de faire aucun effort et ils se comprennent la plupart du temps par un simple regard.
Vous me direz et l'amour dans tout ça ? Et bien pour Heero, l'amour n'existe pas, le cœur qui s'emballe et le coup de foudre c'est une invention de fille, or il est gay. Les hommes ont juste des pulsions sexuelles à satisfaire, nul besoin de se conter fleurette. Une rencontre dans un bar, un consentement mutuel, avec pour règle d'or jamais deux fois le même, comme ça, pas de risque de tisser des liens.
Heero est parfaitement satisfait de sa vie bien organisée.
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Comme tous les jours à 8H30 précises, Heero pousse les portes battantes qui donnent accès au hall d'accueil de la Yuy sécurité. Quelque chose lui semble anormal mais quoi ? Réléna la réceptionniste est bien à son poste et vêtue de son éternelle tenue rose bonbon, il va peut-être falloir imposer un uniforme. Mais au lieu de se précipiter et de lui coller son décolleté sous le nez, elle regarde fixement son registre de rendez-vous, comme si c'était la chose la plus importante au monde. Cette légère anomalie lui fait lever quelques secondes un sourcil mais comme finalement il est plutôt soulagé de ne pas avoir à supporter un babillage sans intérêt, il l'oublie vite.
Pourtant, son sourcil retrouve sa position haute lorsqu'il remarque que tous les employés qu'il croise semblent fascinés par leurs chaussures et lui marmonnent à peine un bonjour. Il se dirige vers les toilettes pour vérifier s'il n'a pas une trace de dentifrice ou un furoncle qui lui aurait poussé sur le visage mais le miroir lui renvoie son image habituelle : des cheveux bruns en bataille, des yeux bleus intenses, froids et légèrement en amande en raison de son métissage japonais. Son costume n'a aucune tache et il tombe parfaitement sur son mètre quatre vingt avec juste ce qu'il faut de muscles entretenus, deux fois par semaine, dans une salle de gymnastique proche de son bureau.
Il sort des toilettes et continue son chemin avec exaspération car le manège de ses employés continue et que c'est inhabituel, or Heero déteste ce qu'il ne comprend pas.
C'est donc avec un sourcil au maximum de ses possibilités qu'Heero Yuy rentre dans son bureau pour y découvrir Trowa confortablement installé dans son fauteuil en train de lire le journal.
- Tu n'as pas de travail ou peut-être que ton bureau est en travaux…
Trowa relève la tête et regarde placidement son patron et ami de son seul œil couleur émeraude puisque l'autre est gardé bien au chaud sous une longue mèche qui lui cache la moitié du visage.
- Bonjour à toi aussi. J'espère que tu as bien dormi parce que la journée va être longue ! Sans un mot de plus il lui tend le journal.
A la lecture du gros titre qui s'étale à la une, Heero pousse un hurlement de rage pure, tel le loup, chef de meute, qui vient de découvrir le massacre des siens. Puis il s'affale dans le fauteuil le plus proche pour relire plus calmement l'article. Il y a fort à parier qu'à cet instant précis, plus aucun employé de la Yuy sécurité ne traîne dans les couloirs et qu'ils sont tous enfermés dans leurs bureaux en attente du déchaînement de l'ouragan localisé pile poil au dessus de leurs têtes.
Un vol audacieux : la Yuy sécurité mise en cause
Le milliardaire, play-boy bien connu, Treize Kushrénada, a été cambriolé alors qu'il participait à la célèbre émission « la vie des people ». On sait que ces pratiques se généralisent et que plusieurs personnalités ont été dévalisées alors qu'elles étaient en direct à la télevision. Mais dans le cas de Treize Kushrénada, c'est le butin qui est surprenant car, alors que sa maison de Neuilly est remplie d'œuvres d'art de valeur et que de l'argent liquide traîne un peu partout, les voleurs se sont contentés d'emporter ses perruches. Treize nous a déclaré lors d'une interview exclusive « je devrais plutôt remercier les cambrioleurs car ces perruches m'avaient été offertes par mon ex femme. C'était sa manière de me narguer pour la pension alimentaire faramineuse que j'étais obligé de lui verser. Je les détestais. En revanche, je suis très en colère contre la Yuy sécurité qui m'a installé un système de sécurité hors de prix et soi disant inviolable qui ne s'est même pas déclenché. »
Heero court-circuite devant cette publicité catastrophique. Comment est-il possible qu'un système que lui, petit génie de l'informatique, a conçu soit piraté ? La réponse est simple, C'EST IMPOSSIBLE. En plus par un voleur qui se contente d'emporter des perruches ! Cette histoire est totalement invraisemblable. Il reprend ses esprits car il faut immédiatement déterminer la stratégie à suivre pour réparer cette catastrophe.
- Dis-moi Trowa, n'est-ce pas dans cette maison que tu as assisté à un cocktail où tu représentais la boite il y a une quinzaine de jours ?
- Oui
- Tu n'as rien remarqué d'anormal ?
- Non
Heero regarde fixement Trowa qui semble tout à coup très gêné par son mètre quatre vingt dix qu'il ne sait plus où caser. Heero sait qu'il doit patienter pour que le taciturne s'explique.
- En fait, ça n'a rien à voir avec cette histoire, mais il faut que je te parle de quelque chose…
- Hn (je suis tout ouie)
- A cette soirée, Duo Maxwell, le patron de la société du même nom, était aussi invité. Mais il est comme toi, il ne veut jamais se montrer en public et ne participe à aucune mondanité…
- Je me fiche de la vie de Duo Maxwell qui soit dit en passant va profiter de cet incident pour nous piquer des clients. Alors viens en au fait !
- J'y viens, j'y viens. Il s'est fait représenté par son bras droit, Quatre Winner. C'est un homme magnifique, blond comme les blés, avec des yeux turquoise où tu peux te noyer et un sourire, un sourire…
Heero regarde avec stupéfaction Trowa, parti dans une rêverie intérieure, qui affiche un air de parfait idiot qu'il ne lui a jamais vu.
- TROWA, j'attends la suite et je ne vois toujours pas où tu veux en venir alors qu'on a vraiment une urgence à traiter !!!
- Ha oui, pour faire vite jesuisamoureuxdeQuatreonestensembledepuis15jours.
- Hein ?
- Je suis amoureux de Quatre, enfin on est amoureux l'un de l'autre, et on est ensemble depuis 15 jours.
- Non mais je rêve, c'est ça, en fait je suis dans mon lit et tout ce que je vis depuis ce matin n'est qu'un horrible cauchemar ?
- Heu non…
- Attends que je résume, tu es en train de me dire que tu t'envoies en l'air avec le bras droit de notre seul concurrent ?
- Je t'ai dit que nous étions amoureux mais ne t'inquiètes pas, nous avons posé des règles et, entre autres, de ne jamais parler de nos boulots respectifs. D'ailleurs Duo est au courant depuis une semaine et il n'a émis aucune objection.
- Amoureux n'importe quoi ! Mais bon si DUO est d'accord, je ne vois pas ce que j'ai à dire, revenons donc à nos moutons et en l'occurrence à cet enfoiré de voleur que je vais atomiser. Ce type m'a lancé un défi et je vais le relever, crois-moi ce ne sont pas les perruches qui vont y laisser des plumes.
Heero établit rapidement son plan de bataille et en moins de dix minutes, toute la boite est en révolution pour le mettre en œuvre. D'abord, récupérer le système installé chez treize afin qu'il puisse l'examiner lui-même et le vérifier. Ensuite, organiser une conférence de presse pour informer que s'il s'avère que son système a une faille, toutes les personnes qui l'ont acheté se verront installer un nouveau système plus performant gratuitement.
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Il est onze heures du soir et Heero est sur son ordinateur depuis très exactement douze heures, 3 minutes et 45 secondes. Il est épuisé et ses yeux brûlent malgré les lunettes rondes en métal qui lui donne un air si seeeeeeeeeeeeeexy, selon Réléna. Il a tout vérifié à la virgule près et rien, nada, pas la moindre piste pour comprendre comment cet olibrius a piraté le système. Puis tout à coup, alors qu'il désespérait totalement, un petit fichier, caché dans le sous répertoire d'un sous répertoire lui saute aux yeux qu'il plissent une ou deux fois histoire de vérifier que ce n'est pas un mirage. Mais non, ce petit fichier existe et il n'est pas d'origine. Fébrilement, il clique dessus pour découvrir une seule phrase « parfois pour trouver la vérité, il faut lever les yeux de son écran ». Machinalement, Heero se détache de son moniteur, comme si la vérité allait se tenir droite et nue devant lui. A sa place, il découvre un jeune homme, malheureusement habillé, qui lui sourit chaleureusement. Il est surpris et amorce un mouvement de recul.
- Bonjour, je ne voulais pas vous faire peur !
- Je ne vous ai pas entendu entrer, qu'est-ce que vous faites là ?
- Le ménage et je suis quelqu'un de très discret.
- C'est la première fois que je vous vois…
- Vous avez l'air tellement concentré dans votre travail que je ne sais pas si vous êtes capable de remarquer la personne qui fait le ménage mais vous avez effectivement raison, j'effectue un remplacement pour une quinzaine de jours.
Heero se dit que cette personne là, il l'aurait forcément remarqué, ce garçon est tout simplement magnifique, des yeux bleus virant au violet, un corps mince et souple comme une liane, une longue tresse d'un beau châtain doré qui lui bat les reins et rythme chacun de ses mouvements et des yeux, des yeux… Il se fait penser à Trowa qui parle de Quatre, beurk !
Heero se reprend rapidement et fixe à nouveau la phrase énigmatique, comme si le simple fait de la regarder pouvait lui en donner le sens. Il est interrompu dans ses réflexions par une belle voix grave, il pourrait facilement se laisser bercer par cette voix qui lui plait plus que n'importe quelle musique.
- Vous travaillez drôlement tard, vous avez un poste important ?
- Je suis le patron
- Vous savez, quand on est fatigué, on ne fait pas du bon travail. Vous voulez que je vous apporte un café ou un thé ?
- Je veux bien un thé mais vous n'êtes pas obligé…
- Je sais, ça me fait juste plaisir.
Heero est déstabilisé, ça fait bien longtemps que personne n'a eu une attention gentille et désintéressée pour lui. A moins que le natté ne veuille se faire embaucher… A son retour, il décide de le cuisiner un peu, car il faut bien avouer qu'il est intrigué par le personnage.
- Vous m'offrez un thé et je ne connais même pas votre prénom.
- Je ne connais pas le votre non plus !
- Heero et tu peux me tutoyer car je pense que nous avons à peu près le même âge.
- Tu peux m'appeler Dexter (1).
- Tu peux m'appeler ? Ça veut dire que ce n'est pas ton vrai prénom ?
- Si mais en partie seulement. Au complet c'est Dexter, Ulrich, Oliver car je porte les prénoms de mes deux pères.
- Tes deux pères, demande un Heero totalement largué.
- J'ai été placé à l'orphelinat à ma naissance et adopté par un couple d'homosexuels. Ils ont gardé le prénom que m'avait donné ma mère et ont ajouté les leurs.
- C'est bizarre !
- Tu trouves ? En tout cas je peux te dire qu'ils m'ont offert une merveilleuse enfance pleine d'amour et de fantaisie. J'ai vécu jusqu'à l'âge de 10 ans en France puis nous avons déménagé à New York car ils pensaient que je devais retrouver mes racines. Ma mère était américaine mais elle est morte en me mettant au monde et je n'ai jamais su qui était mon père. Mes pères sont morts aussi, il y a deux ans dans un accident de voiture. Je suis rentré en France à ce moment.
Dexter esquisse un triste sourire et sort une photo de son portefeuille et la tend à Heero. Il voit une superbe jeune femme qui sourit à l'objectif.
- Tu as les mêmes cheveux qu'elle.
- Oui, c'est pour ça que je ne les coupe pas, pour la garder un peu vivante en moi.
Il sort une autre photo. Heero découvre deux hommes enlacés qui regardent avec amour un petit garçon, qui porte de grosses lunettes et un appareil dentaire, assis entre eux. Le premier est un grand barbu qui a tout d'un ours (Dexter lui indique que c'est Oliver) et le second est un blond diaphane qui ressemble à un elfe.
- Je trouve que tu ressembles à Ulrich, tu as comme lui un aspect irréel et fragile.
- C'est gentil mais il ne faut pas se fier aux apparences, je suis très fort et j'obtiens toujours ce que je veux même s'il faut parfois déployer beaucoup d'énergie.
- Tu cherches un emploi ?
- J'espère que tu n'imagines pas que c'est pour ça que je t'ai offert un thé !!!
- ça ne m'a pas effleuré l'esprit…
- Tu mens très mal ! Non j'ai déjà un emploi qui me convient très bien, je fais ce remplacement uniquement par intérêt personnel.
- Intérêt personnel ?
- Oui, je t'ai dit tout à l'heure que j'étais capable de dépenser beaucoup d'énergie pour obtenir ce que je veux, c'en est un exemple mais je ne peux pas t'en dire plus pour l'instant. Alors qu'est-ce qui te retient aussi tard au bureau ?
Sans comprendre pourquoi, Heero se met à lui raconter toute l'histoire en n'omettant pas la haine farouche qu'il voue à ce déroutant voleur puis sa perplexité devant cette phrase bien cachée dans son programme. Ce type n'est décidément pas une bille en informatique.
- Je ne suis pas un expert, mais il veut peut-être simplement te dire que ton programme n'est pas en cause… Ho la la, je n'ai pas vu le temps passé, il faut que je file. Peut-être à bientôt !
Avant que Heero amorce le moindre geste, la tornade Dexter a déjà disparu et il ne peut s'empêcher de ressentir un vide.
Heero s'appuie sur son bureau et pose sa tête entre ses mains, il repense aux paroles de Dexter puis un éclair de génie traverse son cerveau embrumé. Il y a une chose qu'il n'a pas pensé à vérifier, l'historique de mise en fonction du système. Bingo, c'est ça, en quittant sa maison à 20H, Treize a tout simplement oublié de mettre en route le système. En rendant l'information publique dés demain, il va pouvoir lever toute suspicion sur la qualité de son travail. Il doit une fière chandelle à Dexter car c'est grâce à lui qu'il a compris mais des questions restent encore sans réponse, pourquoi ce voleur l'a mis sur la piste et surtout pourquoi voler des perruches ?
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Le lendemain à 8H38, Heero pousse les portes de son entreprise en fusillant du regard Réléna qui allait lui faire remarquer ses huit minutes de retard tout à fait inhabituelles. Comme la fille est bécasse mais pas suicidaire, elle se replonge immédiatement dans la mise à jour des rendez-vous de la journée.
Heero continue son chemin à grandes enjambées, énervé par cette perte de temps mais est-ce de sa faute si, occupé à échafauder des hypothèses sur les motivations du voleur de perruches, il avait laissé brûler son pain ?
Ce n'est donc pas dans les meilleures dispositions d'esprit qu'il consulte sa messagerie. Il a pour habitude de détruire les mails provenant d'expéditeurs qu'il ne connaît pas mais le nom de Shinigami l'interpelle et il est stupéfait par l'objet « Veux-tu des nouvelles des perruches ? ». Il n'en revient pas, cet enfoiré de voleur n'aurait quand même pas l'audace de le narguer !
Le contenu du message le laisse sans voix « elles vont très bien et sont beaucoup plus heureuses avec moi que chez treize. Comme je me doute que tu souhaites connaître les motivations de celui qui t'a mis dans une situation pénible, je vais t'aider à comprendre, La photo en pièce jointe est ton premier indice. Bien cordialement. Shinigami.
PS : je sais que tu ne m'écouteras pas mais ce n'est pas la peine d'essayer d'identifier la provenance de ce message, tu n'y arriveras pas ».
Cet ostrogoth azimuté a l'immense toupet de le tutoyer et s'adresse à lui comme s'il le connaissait et qu'il pouvait prévoir ses réactions. Quel petit insolent ! Tu vas voir si je ne peux pas trouver la provenance du message se dit Heero hors de lui. C'est ce moment que choisit Réléna pour passer sa tête dans l'entrebâillement de la porte.
- Heu, Trowa m'envoie te chercher pour le briefing sur le développement du HY45 et la commercialisation du HY44…
- Je suis occupé qu'ils se débrouillent sans moi, j'ai déjà conçu les systèmes, ils peuvent peut-être se charger de la suite sans moi. Sinon c'est à se demander pourquoi je les paye !
Réléna referme doucement la porte et se dirige sur la pointe des pieds vers la salle de réunion. Heero n'est pas un modèle d'amabilité mais elle l'a rarement vu réagir aussi violemment, d'habitude il se contente plutôt d'un regard froid et il n'a jamais raté le briefing du mardi depuis la création de sa boite. Il va falloir interroger subtilement Trowa car si ça se trouve, l'entreprise est au bord de la faillite et elle va perdre son emploi. Evidemment, Réléna ignore qu'elle est incapable de subtilité, c'est pourquoi à la fin de la réunion, elle retient Trowa pour le soumettre à la question.
- J'exige de savoir pourquoi la boite va fermer !
- hm ??????
- Ne fait pas l'innocent, je ne suis pas née de la dernière pluie et je sais à l'attitude d'Heero qu'il y a un gros problème. Je trouve que c'est inadmissible de cacher une situation aussi grave aux salariés, on a le droit de savoir si on risque de perdre notre emploi.
- Mais de quoi tu parles ? La boite se porte très bien et nous avons même réalisé un bénéfice record cette année comme le prouve la prime généreuse que vous avez tous reçue.
- N'essayes pas de noyer la crevette (rose bien sur !), Heero ne s'est jamais conduit comme ça : il arrive en retard, n'assiste pas au briefing du mardi et râle pour un rien… Enfin, pour ça, c'est vrai que ce n'est pas forcément inhabituel mais mon intuition féminine ne peut pas me tromper, il est au bord du gouffre et…
- Stop, arrêtes ton cirque et je t'interdis d'aller colporter ces rumeurs sans fondement.
Trowa lui tourne le dos bien décidé à s'expliquer avec Heero car puisque la crise a été évitée après le vol avec des excuses publiques de Treize qui a admis avoir été distrait et que le système de sécurité n'est pas du tout en cause, il ne voit pas ce qui provoque l'attitude excentrique d'un Heero qu'il n'a jamais vu déroger à sa routine depuis 11 ans qu'il le connaît. Réléna quant à elle part toutes voiles dehors voir ses collègues afin de faire partager la finesse de son analyse.
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Lorsque Trowa pénètre dans le bureau, Heero est tellement concentré sur son ordinateur qu'il ne l'entend pas et parle tout seul.
- Ce type est pire que la peste mais je finirai par l'avoir, c'est sur…
- Heero, il faut que je te parle tout de suite et j'ai besoin de toute ton attention !
- Hn
- J'AI DIT TOUTE TON ATTENTION !!!
Heero relève alors la tête, très surpris pas le ton de Trowa qui, habituellement, ne s'énerve jamais.
- Je t'écoute
- A ce moment précis, Réléna est certainement en train de répandre auprès de tous les employés la rumeur d'une faillite, tu sais comme moi que si cette rumeur s'amplifie, nous allons devoir faire face à des difficultés avec nos concurrents qui vont en profiter.
- Hein ? Mais pourquoi Réléna fait-elle une chose pareille ?
- Je n'en ai aucune idée, le fonctionnement de son cerveau fait partie des grands mystères de notre planète. Apparemment elle a remarqué quelques dérogations à tes habitudes et elle en a déduit que la seule chose qui pouvait te faire changer est la perspective de perdre ton entreprise. Certainement que l'épisode Treize n'est pas pour rien dans la naissance de cette idée.
Heero se renverse en arrière dans son fauteuil quelques instants pour réfléchir confortablement avant de répondre.
- Tu sais, je crois que quelque chose ne va pas dans ma vie. Il suffit que j'aie huit petites minutes de retard et que je rate une réunion pour qu'on s'imagine le pire…
- C'est parce que tu es réglé comme du papier à musique, alors tout écart, même minime est aussitôt remarqué. Mais tu sais comme moi que là n'est pas ton pire problème.
- C'est vrai que m'accrocher à mes habitudes jusqu'à l'obsession est vital pour moi.
- Tu en es toujours sur ?
- Peu importe. Tu organises une réunion de tout le personnel à 14H et tu prépares une présentation du bilan et du planning de commandes pour les prochains mois. Il faut couper court très rapidement à cette rumeur. Je me demande d'ailleurs si je ne vais pas virer le bonbon rose, elle commence vraiment à me courir sur le haricot !
- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, ça ne ferait que confirmer ses dires. A tout à l'heure, je te laisse à tes passionnantes et prenantes occupations.
Heero est obligé de se résigner, Shinigami a raison, il ne peut pas localiser l'origine du message qui a transité par plusieurs serveurs. Il n'a plus aucun doute, ce type est un pro et c'est bien la première fois que quelqu'un réussit à le déstabiliser à ce point. D'abord il le nargue en laissant un message dans son système de sécurité normalement impénétrable et ensuite, il anticipe toutes ses réactions. Heero se sent impuissant et manipulé, il a bien conscience de ne pas donner les cartes pour l'instant. Mais bientôt, il va trouver la faille et alors c'est lui qui mènera le jeu et qui fera danser Shinigami.
Il ouvre le fichier joint pour enfin découvrir la fameuse photo.
Il reste en contemplation devant les deux oiseaux blottis l'un contre l'autre. Il ne sait pas pourquoi mais il se sent touché par leur attitude. Ils sont tous les deux à dominante bleue avec un plastron orangée, mais les nuances de bleu sont différentes, le premier tire plutôt sur le cobalt, alors que le second est d'une tonalité prune.
C'est surtout l'attitude des perruches qui le surprend, elles sont collées l'une à l'autre et la tête de la violette, légèrement penchée, semble reposer dans le cou de la cobalt. Heero laisse un sourire ironique s'épanouir sur son visage car il vient d'avoir l'idée saugrenue qu'elles étaient amoureuses. Si les perruches s'y mettent aussi !
Après ce petit moment de détente, il se rappelle qu'il a un Shinigami à écraser et commence à effectuer des recherches sur le net pour en apprendre plus sur la vie des perruches. Au troisième site visité, il a certes appris qu'il existait différentes espèces avec des signes distinctifs mais il trouve que les perruches photographiées se ressemblent toutes.
Il imprime la photo envoyée par Shinigami et décide de se rendre à l'oisellerie du quai de la Mégisserie qui n'est qu'à dix minutes à pied de son bureau.
Dés son entrée, il repère un jeune homme qui nettoie la cage d'un gros oiseau blanc en lui racontant des histoires. Ce jeune homme lui parait sympathique avec ses cheveux noirs, son nez crochu comme celui du perroquet dont il s'occupe et ses petits yeux perçants. Il ressemble aux oiseaux dont il a la charge.
- Bonjour, je suis désolé de vous déranger mais je cherche des renseignements sur les perruches de cette photo.
Le jeune homme se retourne et prend délicatement la photo.
- Bonjour. Tout d'abord, vos perruches sont en fait de petits perroquets. Ce sont des inséparables ou love birds en anglais. Vos spécimens sont très beaux et surtout leur couleur est étonnante, je n'en ai jamais vu de pareille.
- Pouvez-vous me renseigner sur le caractère de ces perru… heu, perroquets ?
- Ce sont des oiseaux qui se domestiquent facilement, ils sont très sociables, affectueux et bavards, ils ne supportent pas la solitude. Ce qui les caractérise le mieux est leur coté joueur, ils adorent se cacher et lorsque vous les lâcher dans un appartement, il faut faire très attention, un de mes client a mis deux jours à retrouver son oiseau qui s'était caché dans un vase. Ils se mettent en couple et restent fidèles toute leur vie. Si l'un des deux meurt, l'autre peut ne pas y survivre. Suivez-moi, nous en avons quelques uns au sous-sol.
Heero contemple quelques instants les oiseaux, ils sont tous très beaux mais aucun n'a la couleur si particulière des oiseaux de sa photo. Il ressort du magasin perdu dans ses pensées et revient dans son bureau sans même s'en rendre compte.
Il s'assied devant son ordinateur puis ouvre le message de Shinigami. Il réfléchit quelques instants, appuie sur la touche répondre et rédige cette phrase :
D'accord Shinigami, je vais jouer à cache-cache avec toi.
A suivre
(1) Clin d'œil à l'excellente série du même titre
Je me concentre quelques instants pour recevoir vos pensées…Voilà, je les reçois… Où est le « Angst » là dedans ? Pour le savoir, il faudra lire le chapitre 2 la semaine prochaine…
Merci a tous ceux qui sont passés par là.
