Harry regardait autour de lui. Les couleurs du bureau de Dumbledore devenaient plus vives au fur et à mesure, les contours des objets plus précis.

Aussi précis furent-ils, les souvenirs de l'ancien directeur de Poudlard avaient auparavant des petits défauts, c'était humain. Mais à présent, ils semblaient plus vifs que jamais.

Il ne comprenait pas vraiment ce changement, mais à vrai dire cela lui importait peu pour le moment.

Il était entré dans le bureau du directeur et avait vidé le contenu argenté d'une des nombreuses fioles que possédait Dumbledore avant de mourir dans la pensine, espérant trouver un indice supplémentaire sur les derniers horcruxes.

Les risques qu'il se fasse prendre étaient élevés, mais le jeu en valait la chandelle. Le tout était qu'il agisse rapidement, et il aurait le temps de sortir du bureau appartenant maintenant à Rogue par la fenêtre, comme il était entré.

Neville et Ginny n'allaient sûrement pas réussir à le distraire beaucoup plus longtemps.

Harry était sûr de n'avoir jamais exploré ce souvenir plus tôt. Voldemort, ou plutôt Tom Jédusor, parlait avec le vénérable Dumbledore, et la tournure que prenait la conversation semblait lui déplaire.

Cela se voyait au sourire froid et au reflet légèrement carmin qu'arboraient à présent ses yeux habituellement noirs.

-Vous ne m'accorderez donc aucune aide, M. Le directeur ? Demanda-t-il avec un rictus qui se voulait amical.

Dumbledore planta son regard bleu glacier dans celui de Jédusor. Son visage neutre exaspérait le serpentard.

-J'ai déjà répondu à ta question Tom. Tu sais très bien ce que j'en pense, répondit-il d'une voix monocorde.

Harry observait la scène dans un coin de la pièce, insatisfait. Il ne savait pas vraiment de quoi ils parlaient, mais il était évident que ce n'était d'aucune utilité pour lui.

Alors que celui qui allait devenir Voldemort sortait de la pièce, il donna une impulsion pour sortir sa tête de la pensine, comme il l'avait toujours fait.

Mais rien ne se passa. Harry retenta l'expérience, mais rien. Paniquant, il recommença ce même mouvement plusieurs fois dans l'espoir de pouvoir s'enfuir de ces souvenirs un peu trop réels à son goût, mais il dû rapidement se rendre à l'évidence : il était bel et bien piégé.

Il se sentait dépassé par les évènements, mais il ne perdit pas pour autant son sang froid.

Normalement, lorsque l'on pénètre dans les souvenirs, on est invisible et on ne peut pas agir sur le lieu. Autrement dit, il était normalement impossible pour lui de toucher un objet.

Il approcha alors son bras du rideau pourpre qui était derrière lui, espérant qu'il passerait au travers... Mais non, il sentait le lourd tissu entre ses doigts.

Il jeta alors un coup d'œil au directeur, mais il ne l'avait pas remarqué, heureusement. Il était resté blotti dans un coin du bureau depuis le début, ce qui expliquerai donc le fait qu'il n'ai pas été surpris.

Pour entrer dans le bureau qui appartenait dorénavant à Rogue, il s'était servi de sa précieuse cape d'invisibilité, héritage de son défunt père.

Il la mit, mais Dumbledore tourna la tête dans sa direction.

Dans sa hâte, il venait de cogner son coude contre le mur. N'osant plus bouger ni respirer, Harry se plaqua le plus qu'il pût contre le mur, Dumbledore finit par se lasser de contempler du vide, il retourna donc à la lecture d'un de ses livres.

« Il ne faut changer le passé que si l'on est sûr que cela n'aura pas de conséquences néfastes sur ton présent » lui avait un jour expliqué Hermione.

Que faire ? Était-il réellement perdu dans le temps ?

Être bloqué dans les souvenirs de quelqu'un, voilà quelque chose qu'il n'aurait jamais crû possible il y a quelques minutes à peine.