Note de l'auteure M : Bonsoir les gens. En cette veille de jour férié, voici une nouvelle fic !

W : A noter qu'elle se passe dans le même univers que Voyageur, quelques années down the road. En espérant qu'elle vous plaira. Enjoyy !


Une Journée chez les Elric


4h27

La nuit était sombre, malgré la présence de la lune et l'absence de nuages. Sur le ciel bleu nuit se découpait une silhouette imposante, dressée en haut d'un immeuble, un énorme couteau sur l'épaule. Une sorte de rire machiavélique résonnait sourdement dans le silence de la nuit.

N'importe qui d'un peu informé aurait immédiatement reconnu un ancien honorable citoyen devenu tueur en série avant de se faire transformer en boite de conserve vide, nommé Barry le Boucher. Lequel, après avoir ri comme il en avait l'habitude, se retrouva soudain à côté d'Edward, dans une ruelle anonyme de Centrale. D'un air menaçant, il se mit à déblatérer ses menaces habituelles, avant de proclamer que cette fois-ci, il allait changer sa technique pour massacrer les gens en employant une nouvelle arme.

Et, disant cela, il brandit un parapluie rose à fleurs.

Edward, ne voulant pas être découpé par le manche, s'enfuit, au comble de la terreur. L'instant d'après, Mustang était à côté de lui, et ce n'était plus Barry mais une Riza Hawkeye furieuse, qui tirait très mal, qui leur courait après. Laissant son supérieur à son triste sort, puisqu'il ne voulait pas se prendre une balle perdue, Edward transmuta une porte et se glissa derrière, prenant bien soin de la fermer pour que l'autre alchimiste ne puisse pas le suivre. Il attendit longuement, puis la porte se rouvrit, et il ressortit.

La campagne de Resembool était très belle, le soleil haut dans le ciel, et une légère brise faisait voler des fleurs. Edward se mit à marcher. Au sommet d'une colline, Winry se tourna vers lui et lui sourit. Se sentant fondre, il sourit en retour et tendit les bras vers elle... Pour recevoir sur la tête trois coups de clef à molette.

Toc toc toc.

Le doux paysage de Resembool réduit à néant, Edward eut le sentiment de s'écraser sur son lit en revenant à la réalité de sa chambre obscure. Il laissa échapper un grognement plaintif qui ressemblait davantage à celui d'un dinosaure que d'un humain, se demandant ce qui avait bien pu le tirer de ce rêve – ledit rêve lui revint en mémoire – étrange. À ce moment-ci, on toqua de nouveau à la porte.

« Gzssè? » fit la voix endormie de Winry à côté de lui, tandis qu'elle redressait faiblement la tête de son oreiller – ou était-ce celui d'Edward ?

Ce dernier, plus réveillé qu'elle, réussit à mettre les pièces du puzzle ensemble avec son génie indéniable : il n'y avait personne d'autre dans la maison que les enfants, donc par conséquent la seule personne pouvant toquer à la porte la nuit était un des enfants. Logique imparable.

Il s'assit péniblement sur le bord du lit, se dégageant avec peine des couvertures et se frotta les yeux tout en laissant échapper un baragouinage pâteux qui voulait dire : « Ne te dérange pas, je m'en occupe, rendors-toi, c'est mieux dans ton état. » Winry, qui n'était pas la femme d'Edward pour rien, comprit, opina légèrement du chef et entreprit de suivre son conseil immédiatement, tandis que son mari se levait et boitait à moitié jusqu'à la porte où les petits coups s'étaient de nouveau fait entendre. Curieusement, Edward perçut presque l'angoisse qui les motivait, plus forte en voyant que papa et maman n'étaient pas déjà là.

Plein de bonne volonté, ledit papa ouvrit silencieusement la porte pour tomber nez-à-nez avec son plus jeune fils, Gaël, qui leva vers lui de grands yeux.

« Guèziya? demanda Edward au petit garçon qui se tenait devant lui.

- J'ai fait un cauchemar, » répondit-il, son élocution étrangement claire pour quelqu'un de levé si tôt. Le pouvoir du monde des rêves...

« Oh, » fit Edward en se passant la main dans ses cheveux en bataille et en réfrénant un bâillement. Moi aussi, avec Mustang, même, aurait-il bien ajouté. Mais, prenant plutôt la main de son fils pour le mener au salon, puisqu'il ne voulait pas déranger sa dulcinée, il continua, faisant un effort pour articuler et garder ses yeux engourdis ouverts : « Et qu'est-ce qui se passait, dans ce cauchemar ? »

Le gamin se roula en boule sur le canapé et se serra contre lui avant de répondre : « C'était les clefs à molette de maman.

- Mh ? fit Edward, que ce début de réponse intriguait.

- On était rentré à la maison, et maman, elle était pas là, et il y avait plein de clef à molettes partout, et elles étaient devenues méchantes, elles voulaient nous taper dessus.

- Oh, répondit Edward, se disant que jusque là, le cauchemar avait d'étranges allures de réalité – au moins pour lui.

- Elles étaient vivantes, parce qu'elles pouvaient bouger, et puis elles voulaient nous couper en morceaux pour nous manger, et on n'arrivait pas à se débarrasser d'elles, et il y en avait partout. Y en avait même une qui avait des pointes, comme des dents, et je savais qu'elle allait me mordre.

- Mais ?

- Ben, je me suis réveillé.

- C'est bien, mon fils. »

Le petit garçon leva le visage vers lui, surpris par le ton solennel de son père – le seul qu'il avait pu employer pour dissimuler son amusement, de façon très limitée, certes. En réponse à son regard et à ses sourcils haussés, Edward sourit, puis se leva.

- Tu as réussi à te débarrasser d'elles, puisque tu t'es réveillé. Regarde, » il désigna le reste de la pièce, « il n'y en a plus. »

Son fils regarda autour de lui d'un air suspicieux, avant de revenir sur son père et d'arborer un petit sourire tout aussi hésitant que son hochement de tête.

« Reste ici, je vais te préparer un lait chaud. »

Même s'il avait toujours eu du mal à en boire dans son enfance, Edward mettait un point d'honneur à donner du lait à ses enfants, ayant fini par croire ce que tout le monde lui disait : le lait, ça aidait à grandir, ou alors ça rendait au moins les os solides, ce dont ses enfants avaient besoin puisqu'ils n'avaient pas d'automail pour se prendre les coups à leur place.

Il avait laissé la lampe à côté du canapé allumée pour Gaël, pensant ainsi le rassurer. Cependant, à peine avait-il mis le lait dans une casserole sur le feu que le garçon se jeta dans la cuisine avec un cri et s'agrippa à ses jambes avec un regard effrayé.

« Y... y... y en a une, papa ! » gémit-il d'une voix tremblante.

Edward haussa un sourcil, puis regarda dans la direction indiquée par son fils : le salon. Il se dirigea vers la porte de la cuisine, suivi du gamin qui refusait de lâcher sa jambe tout en se cachant derrière lui, puis inspecta la pièce silencieuse. Et en effet, sur la petite table où se trouvait l'annuaire, à côté du téléphone, se dressait un outil mécanique menaçant. Voyant que son fils était encore plus terrorisé que lui face à l'objet – Edward n'avait peur d'une clef à molette que dans certaines situations, quand elle était brandie par une femme blonde fort énervée tandis que son automail présentait quelques menus... dysfonctionnements – il décida de prendre la situation en main : avançant courageusement vers la bête aux aguets, sous le regard inquiet de Gaël qui était resté à la porte de la cuisine, il tendit la main, saisit le morceau de métal, l'examina d'un oeil critique. Il tourna la tête vers son fils qui, voyant cela, se cacha davantage derrière le mur en se faisant tout petit (ce qui n'était pas difficile pour un petit enfant de son âge), ce qui lui fit comprendre qu'il fallait se débarrasser de l'intrus. Et il y avait un moyen. Efficace et suicidaire. Mais comme Edward était aussi dévoué pour ses enfants qu'il l'avait été autrefois pour son frère, il était prêt à se sacrifier.

Il ouvrit la fenêtre, jeta la clef à molette dans la campagne et la nuit, puis referma la fenêtre, avec les volets cette fois-ci.

Voilà, sa famille était sauve, même s'il allait mourir le lendemain matin.

L'instant d'après, il était enserré par les bras de son fils qui, au comble du soulagement, clama un « merci, papa ! » empli d'admiration et de reconnaissance. Edward le reconduisit à la cuisine où le lait s'était fait la malle pendant qu'il remplissait son devoir, maculant la cuisinière d'une écume blanche coriace, qu'il dut enlever avec force frottement. Pendant ce temps, Gaël dut se contenter d'un verre de lait froid sans chocolat dedans, ce qui ne sembla pas le contrarier.

Ce qui le contraria davantage, ce fut le moment où son père évoqua la possibilité ô combien horrible de retourner se coucher. Son regard terrorisé fut assez pour qu'Edward comprenne que, s'il avait terrassé l'ennemi, se débarrasser de sa peur serait bien plus dur. Il s'y attendait, ayant lui-même mis des années avant de repousser les craintes nées de son enfance mouvementée. Aussi opta-t-il pour la solution miracle.

« Tu veux que je te lise une histoire ? »

Ce à quoi Gaël acquiesça vigoureusement avec un sourire éblouissant, courant presque s'installer sur le canapé, tandis que son père prenait un livre dans la bibliothèque – car par miracle, il faisait partie de quelques rares qui s'y trouvaient encore au lieu d'être en vadrouille quelque part dans la maison. Il choisit un ouvrage qu'il avait ramené d'un de ses voyages à Xing – une de ses destinations principales, étant donné que Mustang avait tendance à le coller du côté de l'ambassade, puisqu'un certain membre de la famille impériale prenait plaisir à piller sa cuisine dès que possible – qui contenait de nombreux contes plus étranges les uns que les autres.

Inutile de dire que c'était pour cette raison que ses enfants l'appréciaient autant. Il ouvrit le livre au hasard tandis que Gaël se collait contre lui.

Ils en étaient au moment où la princesse était enlevée par le dragon au soir du nouvel an suite à la trahison du sorcier impérial quand des bruits de pas se firent entendre dans l'escalier, et une petite silhouette se découpa à l'entrée du salon, les yeux grands ouverts.

« Qu'est-ce qu'il y a, Louise ? demanda Edward à sa fille, tout en songeant que les cauchemars étaient lourds pour venir en bataillon embêter tout le monde la nuit.

- Tu lui racontes une histoire ? fit-elle d'un ton pas du tout effrayé, mais plutôt enjoué et envieux. Je peux venir ? »

Question qui tue. La petite se sentirait flouée s'il la renvoyait à la chambre qu'elle partageait avec son petit frère, mais en même temps, elle n'avait pas fait de cauchemar, elle, et devait dormir. Gaël semblait être du même avis :

« Ah, non, t'as pas fait de cauchemar, toi ! T'as pas le droit.

- Ton frère a raison, » renchérit Edward tandis que la fillette laissait échapper un hoquet indigné.

Celle-ci croisa les bras, leva la tête et, du haut de ses presque quatre ans, déclara :

« Je m'en moque, si je retourne me coucher, je vais faire exprès d'avoir un cauchemar ! »

Edward sut qu'il était coincé, tout comme sa fille qui s'avança sans hésitation dans la pièce.

« C'est l'histoire où la princesse zigouille le dragon qui l'a enlevée avant de faire mourir le méchant sorcier en le lui donnant à manger ? » demanda-t-elle.

Même si les contes étaient étranges à la base, Edward avait également tendance à légèrement modifier le contenu en plus, surtout quand sa femme était dans le coin. En effet, Winry revendiquait depuis toute petite la capacité des jeunes demoiselles en détresse de se débrouiller seules face à l'adversité.

« Maiheu ! Dis pas la fin maintenant ! protesta Gaël avec fougue.

- Pardon, répondit sagement Louise en se blottissant de l'autre côté d'Edward. On oublie, » parce que quand on est gamin, on sait très bien oublier, même pour faire semblant. « On en est où ?

- Le dragon a enlevé la princesse.

- C'est la faute au méchant sorcier ? »

Gaël acquiesça. « Il va l'emmener dans la montagne noire.

- Oui ! Et ensuite il va la mettre dans le cachot tout en haut de la tour en haut de la montagne.

- Oui ! Et ensuite...

- Dites, vous êtes sûrs que vous avez besoin de moi ? » interrompit Edward, qui aurait tout de même bien aimé retourner au lit, puisqu'il s'était couché à peine trois heures auparavant, et voyait que ses enfants connaissaient suffisamment l'histoire pour que ça lui paraisse inutile de la lire.

Les protestations qui suivirent l'obligèrent à reprendre la lecture sous des regards et oreilles attentifs, et à dire adieu à son oreiller pour cette nuit-ci.


A suivre (la journée ne fait que commencer, après tout ;) )

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