Salit Salut !
Me voici de retour (ne pleurez pas), après plus de deux ans d'absence (pas de nostalgie). J'ai terminé tous les jeux Ace Attorney, peu importe la langue, et j'en ai conclu que certains dialogues sont beaucoup trop implicites pour être si innocents (on se souvient tous des allusions que Diego fait à Phoenix, en le comparant à du café : fort, chaud, etc). J'ai donc cédé à la tentation et me voici avec une fanfiction Hunter X Wright, sûrement ornée de quelques autres couples plus ou moins implicites. Au fait, j'utilise les noms français... Non pas parce que je les préfère (d'autant plus que j'ai plus joué aux jeux en Anglais qu'en Français), mais bien parce que... "Edgeworth" est plus énervant à écrire que "Benjamin" sur mon clavier. ("OBJECTION ! Ceci ne constitue pas un motif valable !", c'est ce que vous pensez tous, je sais. Mais voilà : JE suis l'auteur ! Mouahaha !)
Bonne lecture !
"Mais pourquoi diable ai-je accepté de le défendre encore une fois ? Je collectionne les indéfendables..."
Phoenix devenait fou. Il faisait les cent pas dans son bureau depuis des heures, un dossier bien trop maigre entre les mains. Las, il s'effondra sur son siège et pris son visage entre ses mains. Ses cheveux étaient encore plus hérissés qu'à l'accoutumée, et cette fois, la quantité exponentielle de gel qu'il appliquait dessus chaque matin n'y était pour rien.
L'avocat prit une grande gorgée du fameux café "Arôme Défaite" que lui avait offert Diego. Aujourd'hui plus que n'importe quel jour, son amertume était encore plus forte. Cependant, il choisi courageusement d'éplucher une énième fois le dossier.
"Voyons voir ce qu'on a là... Sang de la victime retrouvé sur le pull de l'accusé... Empreintes de l'accusé retrouvées sur l'arme du crime ainsi que sur la gorge de la victime... La victime venait de "remercier" l'accusé... Affaires appartenant à la victime retrouvées au domicile de l'accusé..."
Il soupira.
"Paul, Paul, Paul... Dans quel pétrin tu t'es encore fourré ? Et bien sûr tu as directement pensé à moi pour te défendre à nouveau. A croire que je sois le seul avocat au monde ! Ou en tout cas, je dois être le seul qui accepte des causes perdues pareilles... Enfin, il y en aura au moins un qui s'en donnera à cœur joie au procès de demain."
Quand on parle du loup, il pointe le bout de son museau ; quelqu'un frappait à la porte depuis trente bonnes secondes et n'entendant que le bruit d'un dossier qu'on feuillette, l'individu décida d'entrer sans qu'on ne l'y invite.
Phoenix était tellement plongé dans son dossier qu'il ne remarqua même pas l'homme vêtu d'un costume victorien bordeaux qui était debout devant son bureau. Un raclement de gorge n'y faisant rien, le procureur tenta la méthode "tribunal" et frappa du plat de ses mains le bureau de l'avocat qui sursauta et se projeta au fond de son fauteuil.
"Hunter ! s'exclama-t-il, Ça ne va pas de t'introduire comme ça chez les gens et de malmener leur mobilier ?
- Cela fait bien deux minutes que j'essaie d'attirer votre attention, Wright, répliqua Benjamin, passablement énervé. Ne me dites pas que vous êtes tellement débordé qu'il faut prendre rendez-vous maintenant ?"
La raillerie n'avait pas toujours été du domaine de Hunter. Depuis l'école, bien des années avaient passé et il avait beaucoup changé, mais Phoenix s'était fait avec résignation à ce nouveau Benjamin Hunter et désormais, cela lui passait au-dessus. Aussi n'y prêta-t-il pas attention :
"Que puis-je faire pour t'être agréable ? demanda l'avocat en portant sa tasse à ses lèvres.
- A vrai dire, Wright, c'est moi qui vais t'être agréable : on m'a retiré l'affaire.
Phoenix recracha tout à coup le café qu'il était sur le point d'ingurgiter, manquant de peu Hunter qui esquiva d'un mouvement souple de hanches la projection. Après s'être assuré que son magnifique (et couteux) costume était intacte, le procureur continua :
- Tu n'auras donc pas affaire à moi au procès de demain. Réjouis-toi : tu as peut-être une chance de gagner... même si ton client est encore Paul, continua-t-il sur un ton assez léger.
Mais même la pointe d'humour annuelle de Hunter ne suffit pas à calmer Phoenix :
- Comment ça on t'a retiré le dossier ? Sous quels motifs, d'abord ?
- ...
- Hunter ?
Le procureur détourna le visage et se mordit les lèvres. On pouvait percevoir dans son regard habituellement impassible un soupçon de douleur et de honte.
- A vrai dire, je fais l'objet d'une enquête judiciaire...
Phoenix se tut et observa son ami. Aucun mot ne voulait sortir de sa bouche. Il n'en avait pas besoin : il connaissait déjà la raison de cette enquête. Un lourd silence s'installa entre les deux avocats.
- ...C'est à cause de cette histoire de preuves falsifiées, n'est-ce pas ? s'aventura Wright.
Le visage de Benjamin se durcit tout à coup. Il plongea son regard glacial dans celui désolé de son rival.
- Allez-y, , cracha-t-il presque, moquez-vous ! Jubilez donc ! Je sais ce que vous pensez tous, pas la peine d'afficher ce regard hypocrite. Oh bien sûr, devant le Hunter déchu on ne s'autorise qu'un peu de fausse compassion, mais je sais très bien que vous jouissez tous de cette vue ! Le "King du Barreau" se retrouve "Bouffon du Barreau", la honte de la profession et vous vous battrez tous comme des hyènes affamées pour avoir ma dépouille ! Surtout vous autres, avocats de la défense persécutés par le vil et cruel Benjamin Hunt-
- Ça t'amuse ? coupa Phoenix.
Surpris par le ton calme de l'avocat, Hunter se tut. Phoenix le regardait droit dans les yeux, sérieux. A la fois calme et tourmenté, compréhensif mais sévère. Devant cette figure de détermination, le procureur n'osa ajouter quoi que ce soit avant son rival.
- Ça t'amuse, reprit Phoenix, de jouer les défaitistes ? Depuis quand le grand Benjamin Hunter se place-t-il en victime ? Toi qui t'es toujours battu pour ce que tu croyais juste, comment en es-tu arrivé à leur donner raison à tous ? Réveille-toi donc et arrête de te comporter ainsi ! Alors quoi, tu vas baisser la queue et te rendre ? Je t'en prie, ne me déçois pas...
- Comment ça...? demanda Hunter, complètement perdu.
- Lorsqu'on était enfant... commença Wright. Toi et Paul ne vous en souvenez pas, mais lorsque toute la classe m'accusait de t'avoir volé ton argent, j'avais beau clamer mon innocence, la majorité m'ayant dores et déjà classé coupable, je n'avais plus qu'à accepter mon sort. Au moment où j'étais prêt à accepter ma sentence, tu t'es levé et tu les a affronté, soutenu par Paul. Tu n'as pas laissé une injustice arriver seulement parce que ces vautours voulaient ma dépouille. Depuis ce jour... Je t'admire. Pour ton sens aigu de la justice, ta force de caractère, ta capacité à te dresser devant la majorité. Tu m'a donné l'envie de faire ce métier et de défendre les "dépouilles" des "vautours".
Un silence s'installa, durant lequel chacun des deux avocats sondait le regard de l'autre. La recherche de la vérité, voilà ce qui les avait tous deux amenés si haut et aujourd'hui, elle était sur le point d'attirer à nouveau le procureur dans les ténèbres dont il s'était enfin sorti. Ce dernier, les yeux légèrement écarquillés devant tant de confiance, en particulier venant de celui qu'il considérait comme son rival, tentait de se raccrocher à quelque chose. Plongé dans le regard franc de Phoenix, il cherchait l'ombre d'un doute en lui. Après tout, tant d'années avaient passé depuis l'époque où ils étaient amis, tant de choses avaient changé; Hunter ne lui en aurait pas vraiment voulu de douter de lui après un tel virement de carrière. Mais au lieu d'un soupçon, il ne trouva au fond de ces yeux azur qu'une détermination sans faille.
- Tu es innocent, Benjamin.
C'était la première fois depuis quinze ans que Phoenix appelait son ami seulement par son prénom.
"Tu es innocent"... Ce n'était ni une question, ni une supposition, mais bien une certitude. Pas le genre de certitude qu'un avocat de la défense peut avoir quant à l'innocence de son client, car il s'agirait plus de devoir professionnel ou encore de preuves, mais là, il s'agissait bien d'une intime conviction. Wright n'avait pour le moment aucune preuve irréfutable que Hunter n'avait pas falsifié ces preuves, il n'était pas non plus son avocat ce qui ne l'obligeait en rien à le croire sur parole. Il savait seulement son ami incapable d'une chose pareille, il le connaissait... ou du moins, il connaissait le "vrai Benjamin Hunter", celui pour qui rien n'égale la justice pure et tangible.
Les deux avocats passèrent un long moment à s'affronter du regard, chercher le moindre indice dans les yeux de l'autre, la moindre once de mensonge.
- ... Eh bien, commença Hunter, je ne sais pas trop comment prendre ça... Venant d'un avocat de la défense qui compare ses clients à des "dépouilles" et les avocats de l'accusation de "vautours", et qui de surcroît représente un véritable danger pour le monde de la haute-couture lorsqu'il boit du café...
Les deux hommes rirent doucement, puis Hunter se dirigea vers la porte. Il tourna la poignée. Il s'apprêtait à sortir du bureau lorsqu'il s'arrêta net.
- Wright... appela-t-il sans se retourner.
- Mmh ?
- Merci."
Le visage de Phoenix s'éclaira alors, et un sourire s'esquissa sur ses lèvres. Il regarda son ami sortir et refermer la porte derrière lui, puis attendit d'entendre Maya dire chaleureusement au revoir au procureur avant de lui-même se lever. Il se saisit à nouveau de son mince dossier et reprit ses tours de bureau. En arrivant devant sa porte, il remarqua sur son plancher quelques gouttes transparentes.
"Benjamin... Serais-tu enfin de retour...?"
Un tendre sourire vint éclairer le visage de l'avocat.
Au même moment,
Poste de Police
"Shih-na ! Trouvez-moi le dossier de l'enquête interne sur Benjamin Hunter, et lisez-le moi à voix haute !"
La voix autoritaire de l'homme-loup retentit tellement fort dans le poste de police que certains hommes avaient déjà une main sur leur arme, prêts à tirer calmement sur un éventuel agresseur. Lorsque les policiers se rendirent compte qu'il s'agissait de l'agent Shi-Long Lang, leur calme disparut. En effet, Lang faisait plus peur à lui seul qu'un camion de terroristes bourrés d'explosifs. Si bien que personne ne broncha lorsque son assistante, Shih-Na, s'empara d'un dossier normalement confidentiel et le lut à voix haut afin d'empêcher que son chef ne fasse une commotion cérébrale en le lisant lui-même.
Pendant que la voix presque robotique de la jeune femme faisait part du dossier à l'Agent Lang, celui-ci fusillait du regard quiconque semblait transparaître la moindre once de désapprobation.
"Stop ! hurla l'Agent d'Interpol lorsque Shih-na eut fini, J'en sais assez ! Ce dossier passe à présent sous ma direction, compris tout le monde ?
- Sauf votre respect... s'aventura le préfet de la police lui-même, Interpol n'a aucun lien avec l'enquête judiciaire concernant le procureur Benjamin Hunter.
- Mais qui êtes-vous pour en juger ?
- C'est le Préfet de la Police, Agent Lang. Un des hommes qui ont le plus d'autorité judiciaire dans ce pays, répondit machinalement la jeune assistante.
- Humpf... grogna le blond, se calmant quelque peu. Soit. Mais ça ne change rien à la situation; je dirigerai ce dossier.
- Agent Lang, je ne...
- Lang Zi dit : "Quand le loup ordonne au chien, le chien baisse la queue et s'exécute" !
Il y eut un long silence dans le poste de police. Les citations de ce fameux "Lang Zi" n'avaient parfois pas beaucoup de sens ou bien de valeur morale, il arrivait aussi que Shi-Long Lang en invente comme bon lui semblait selon la situation. Cette fois-ci, cela frisait le ridicule. Mais qui allait être assez suicidaire pour lui faire la remarque ? Aussi, le Préfet lui tendit tout simplement la main.
- Je ne peux me résoudre à vous laisser l'entière responsabilité d'une affaire pareille, Agent Lang, dit le Préfet. Cependant, je peux vous permettre de collaborer avec nous. Après tout, si vous pensez qu'il puisse y avoir une relation avec Interpol...
- A la bonne heure ! s'exclama Lang en manquant de broyer la main tendue. Il y a finalement des personnes raisonnables dans ce pays...
- Raisonnables, ou inconscientes... pensèrent la plupart des policiers."
L'après-midi qui suivit la visite de Hunter, Wright rendit visite à Paul Defès au parloir. L'avocat paraissait las, et passablement agacé; il se sentait comme un père dont le fils continuait à se mettre dans des situations impossibles sans jamais retenir de leçon. D'autant plus que l'annonce que lui avait fait le procureur plus tôt dans la matinée l'avait non seulement rendu triste, mais aussi anxieux.
En effet, avec Hunter, il savait à quoi s'attendre. Il savait comment son ami fonctionnait, et il savait surtout qu'il ne ferait jamais rien pour entraver la justice. En revanche, on ne lui avait pas encore communiqué qui serait son remplaçant durant le procès; mais ça, il se gardait bien de le dire à son client afin de ne pas l'inquiéter.
"Il faut voir le côté positif des choses, Nick, lui dit Paul. Au moins demain, toi et ce procureur serez sur un pied d'égalité : vous n'aurez tous les deux reçu le dossier que depuis peu !
- Mais lui part déjà avec un sacré avantage ! répliqua Phoenix. C'est Hunter qui lui a préparé son dossier !
- Oui mais bon... Il n'a pas l'air d'être une lumière ce procureur, déclara Paul perplexe.
- Tu ne peux pas dire ça sur une première impres- Attends... tilta Wright. Tu veux dire que tu l'as vu ?
- Évidemment ! Pas toi ?
- Euh... Juste pour être sûr qu'on parle bien du même, tu pourrais préciser...? demanda l'avocat en tentant de ne pas passer pour le dernier des derniers.
- Je ne me souviens plus de son nom...
- Le contraire m'aurait étonné... soupira Phoenix, ayant trop souffert des trous de mémoire de Paul au cours de ses témoignages.
- Par contre je me souviens qu'il était blond...
"Blond...? pensa Wright. Oh non..."
- Les cheveux longs...
"Non..."
- Une espèce de couette de fillette sur le côté...
"Impossible...!"
- Un air cool et décontracté, malgré le fait qu'il m'avait l'air étranger...
"Pas...!"
- Il portait des vêtements de rockeur et il ponctuait ses déclarations d'un solo d'airguitar.
- Gavin ? explosa Phoenix. Tu es en train de me dire que je vais me retrouver face à Konrad Gavin ?
- En tant qu'avocat de la défense, n'es-tu pas sensé déjà être au courant ?
- B-Bien sûr que je le savais, c'était... Pour te mettre en condition de procès ! Haha ! Tu vois ça, c'est du bluff ! balbutia l'avocat. Alors lorsque G-Gavin t'interrogera, ne te laisse pas avoir...
- S'il est aussi convaincant que toi en ce moment, je pense que ça devrait aller, répondit Paul en se moquant de son ami."
Phoenix laissa s'échapper un petit rire, puis il redevint sérieux.
Konrad Gavin... Apollo lui en avait parlé, mais jamais il n'aurait cru avoir encore affaire à lui. C'était un bon procureur. Un peu trop bon, même... Intouchable, doté d'une crédibilité à toute épreuve. Avec Benjamin Hunter, ils formaient tous les deux l'élite de l'accusation, la crème des procureurs. La différence entre Gavin et Hunter résidait dans leurs méthodes : Gavin offrait des sourires ravageurs à tous les témoins, les amenant à dire plus que ce qu'ils ne le voudraient; la police, le jury, le juge, et même les avocats de la défense et les accusés ! Tous tombaient sous son charme.
Mais un second problème survint à l'esprit de Phoenix; il se souvint des méthodes qu'avait employées Gavin pour soutirer quelques informations à Apollo... Des méthodes pour le moins "radicales" et "draconiennes"... Et fort peu orthodoxes.
Falsification de preuves ? Chantage ? Jamais ! Ce n'était pas le genre du procureur. En revanche, le blond était conscient des atouts physiques qu'il possédait et n'hésitait pas à s'en servir. Femmes, hommes, plus âgés, plus jeunes; Konrad ne faisait pas de distinction et chaque être humain pouvait devenir une proie potentielle dès qu'il attirait son intention et/ou qu'il représentait un intérêt pour lui.
"Paul, Benjamin... Cette fois vous ne m'avez pas sauvé..."
A suivre...
Sauvegarder ?...
Hunter : (Objection !) Pourquoi je fais l'objet d'une enquête ?
Yumi : (Prends ça !) Parce que c'est toi qu'on soupçonne de falsification dans le jeu.
Wright : Je soupçonne l'auteur d'aimer le fait de martyriser ses personnages préférés.
Yumi : Ne t'inquiète pas, Wrighty, ton tour va venir...
Wright : Parce que m'infliger à nouveau Paul comme client ne te suffit pas ?
Yumi : Lang Zi dit : "Qui aime bien châtie bien".
Lang : (Not so fast !) C'est ma réplique !
Hunter : Alors quoi, vous allez l'embarquer pour vol de réplique ?
Gavin : J'aimerais embarquer Paul Defès pour outrage à la mode en qualifiant ma coiffure de "couette de fillette" !
Yumi : ...
Hunter : ...
Lang : ...
Wright : ... Quelqu'un l'a invité ?
Yumi : Rentre chez toi Konrad, on n'a pas besoin de toi avant le prochain chapitre...
Lang : S'il y en a un...
Hunter : C'est au jury de délibérer...
