La fracturation du mur
Grunlek von Krayn, un nain au bras mécanique, voyage couramment avec ses amis Théo de Silverberg inquisiteur de l'église de la Lumière, Shinddah Korry archer et élémentaire d'eau et Balthazar Octavius Barnabé Lennon pyromancien de nature démoniaque, dans tout le Cratère pour aider des gens, voyager et, accessoirement... sauver le Cratère de la Mort, d'un Titan et même d'un diable de Lumière. Malgré tout cela, nos chers amis aventuriers se séparent quelques fois pour vaquer à des occupassions plus personnelles ou pour réembrasser la solitude, qui peut être très bénéfique dans le cas d'un groupe aussi contradictoire.
Grunlek, lui, reçut une lettre d'un « ami » de longue date lui proposant de se revoir. Le nain prit la route aussitôt, impatient de raconter toutes leurs périphéries à son vieil ami. Celui-ci habitait dans une petite cabane dans une forêt près des Montagnes d'argent. Ne voulant pas attirer l'attention sur lui du fait du grand nombre de nain, et étant, simplement un membre de la famille royale fuyard, Grunlek porta un manteau vert en s'encapuchonnant minutieusement la tête couvrant ainsi le haut de son visage.
Grunlek mit une bonne semaine avant d'arriver à destination. Il trépignait d'impatience, cela fessait quoi ? Cinq ans qu'il n'avait pas revu son grand ami Ugryn, probablement une des personnes les plus importantes à ses yeux dans tout le Cratère. Pourtant de nombreux événements l'avaient empêché de décompresser.
Face à cette petite cabane, le nain ressentit un sentiment de mélancolie assez étrange, ainsi que de la douleur et de l'exaltation en même temps, il lâcha un rire incontrôlé.
-Hahaha ! J'espère que tu es encore en vie mon vieux !
-Je ne suis pas sénile, n'exagère pas, et entre nous, tu as l'air plus mal en point que moi.
La voix venait de derrière le nain, qui se retourna, reconnaissant la voix et le premier degré de son ami.
-Ugryn ! Ça fait tellement plaisir de te voir !
-Moi aussi mon cher Grunlek !
-Chère, c'est vrai que j'ai une prime sur ma tête !
Se moquant de son ami, le nain l'enlaça virilement.
Ugryn portait une chemise blanche, serré avec une ceinture noire ornée d'une gemme grise, ainsi qu'un pantalon beige et des bottes noires en cuir. Sur son torse, s'étendait un collier en argent nain, arborant une sublime gemme bleu céleste. L'homme avait une grande carrure, était plutôt mince, et malgré son statut de mage, il paraissait très musclé. Ugryn était un vieil homme qui avait l'air pourtant très jeune avec, très peu de rides, un air accueillant, une expression sereine et un tend lumineux. Quant à ses yeux, ils étaient tous deux de couleurs différentes l'un vermeil et l'autre améthyste, ce qui contrastait fortement avec la médiocrité des couleurs qu'il revêtit. Ses cheveux eux, étaient noirs et suffisamment longs pour tomber sur ses épaules. Et pour finir il arborait un menton imberbe, qui montrait encore une fois une jeunesse physique troublante.
-Haha. Grunlek tu n'as pas changé !
-Tu trouves ! J'ai des tonnes de choses à te raconter ! Notamment des problèmes de bras.
-J'ai eu vent de certaines rumeurs, donc j'en déduis que ce n'est pas une légère rouille... Chaque chose en son temps, tu as l'air d'avoir fait un long voyage, il faut d'abord que tu te reposes.
-Tu as certainement raison.
Les deux amis rentrèrent dans cette battisse. À l'intérieur comme de l'extérieur la cabane était petite. Dans cette seule pièce on y trouvait des meubles communs tables, chaises, lit, établi de cuisine, étagères, tapi. Juste une simple pièce à vivre, ce qui peut paraître curieux, alors qu'un mage ingénieur vit à l'intérieur.
-Ta technique pour te faire passer pour un simple habitant, marche toujours autant, même moi te connaissant, ça me bluffe à chaque fois !
-Heureux de te l'entendre dire ! À l'époque, j'avais eu beaucoup de mal pour faire quelques choses de simple…
-Haha ! Je me souviens, tu ne comprenais pas l'utilité de mettre un lit, et tu ne pouvais pas mettre autre chose que tes outils étranges sur la table, que tu la trouvais soi-disant trop complexe, alors que c'était juste une table en bois.
-La simplicité me perturbe Grunlek, tu le sais bien. Bon ! Descendons. Je te rassure, je n'ai pas touché à ta chambre, je sais à quel point tu aimes la garder tel quel.
Ugryn retira le tapi du sol, découvrant ainsi une porte surplombée d'une curieuse serrure. Dans sa poche, le mage prit une clé sertie d'une gemme brune avant de l'insérer dans la mystérieuse fente. Alors, la porte s'ouvrit, montrant une échelle descendant très profondément dans le sol.
-Après toi Grunlek.
Le nain descendit, suivi de son ami ingénieur, tout en descendant dans ces profondeurs secrètes. Pendant la descente, on pouvait apercevoir de nombreux renfoncements qui menaient à des pièces utiles ou non, certaines ne menaient à rien, probablement pour piéger les plus déterminés.
Au bout d'une bonne dizaine de mètres de profondeur, nos deux amis entrèrent dans une chambre, préalablement fermé avec une clé en émeraude.
Celle-ci était étrangement simple un lit, une étagère, un bureau, la seule chose qui semblait être plus originale était une bibliothèque dans un bois sculpté, les ouvrages qu'elle contenait étaient variés de toutes couleurs, de toutes tailles, de la couverture neutre à la reliure argentée, pourtant, tous ou presque avaient l'air d'être des romans.
-Haaaaa ! Je me sens tellement bien. Le seul endroit que je peux surnommer sans peur, mon chez moi, c'est bien ici.
-C'est vrai qu'il s'en ait passé des choses ici.
Le nain repensant à ses souvenirs, arborait un grand sourire.
-Grunlek encore dans tes romans ! Je ne te comprends pas, ce n'est que de la fiction alors que mes livres sont sûrs des faits avérés !
-Mmmmh.
-Grunlek tu m'écoutes ?
-Mmmmh
-J'ai enfin réussi à synthétiser la formule pour créer un bras métallique pour toi.
-Hein ? Sérieusement ?! Il faut que tu me le fabrique maintenant !
-Chaque chose en son temps. Tout d'abord il faut…
-Ça m'est égal, je le veux tout de suite ! Je vais enfin avoir deux bras ! Toutes les choses que je pourrais...
-Grunlek ! Calme toi ! Ce n'est pas aussi simple, la vie n'a rien à voir avec les romans.
-Oui… excuse-moi. C'est juste que… je suis impatient.
-Ne t'inquiètes pas, je comprends. Mais sache qu'avoir un bras crée à partir de métal et de gemme magique va te coûter beaucoup de sacrifice.
-De quel genre ?
-Beaucoup de souffrances physiques et mentales surtout quand je vais te le mettre. Si tu survies... ton bras pourrais faire des choses déconcertantes, tu pourrais en perdre le contrôle et te mettre en danger ainsi que les gens à proximité.
-Je ne pensais pas que le prix serait si gros…
-Prends ton temps Grunlek, tu as le choix. Tu sais, moi à la base je cherchais juste une alternative à la fragilité du corps humain, alors que tu décides ou non de prendre ce bras, je pourrais toujours trouver quelqu'un d'autre pour le tester.
-Nan il est trop tard pour reculer. Peu importe les conséquences j'ai BESOIN de ce bras.
-Tu as toujours été pressé mon cher Grunlek… comme si tu fuyais quelques choses.
-…
Grunlek revint à lui, dans le présent, respirant à plein poumon un air vivifiant, ce qui peut paraître étonnant alors qu'ils sont sous terre.
-Bon reposes-toi et si tu veux j'ai quelques légumes et un peu de viande dans la cuisine, je sais que tu es un excellent cuisinier donc je te laisse t'en occuper. Et fait attention aux…
-Aux pièges. Je te rappelle que j'ai vécu ici pendant près de cinq ans Ugryn. Je pense connaître suffisamment l'endroit.
Ugryn acquiesça et sortit de la chambre du pugiliste. Grunlek, enfin seul, observa chaque recoin de sa chambre comme s'il la redécouvrait. Revenant, par la même occasion, des souvenirs et des anecdotes.
Une fois son observation terminée, le nain se rendit à la cuisine, tout en évitant préalablement les nombreux pièges dans ladite pièce des haches qui sorte du plafond, des pics en métal, des filets dissimulés qui se refermait au contact, des flèches empoisonnées et tout cela reliés au contact de certaines plaques au sol.
Après moult péripéties, le cuisinier put enfin préparer un plat des plus appréciables : du ragoût de lapin. Ce dernier fut mangé de moitié et assez rapidement, le nain était éreinté mais prit quand même la peine de laisser un petit mot à son compagnon « Bonne nuit Ugryn et à demain. PS : Je t'ai laissé du ragoût si tu le souhaites. ».
Grunlek revint à sa chambre, et cette fois si, plus question d'observer, il s'effara sur son lit douillet tombant ainsi dans les bras de Morphée. Lors de cette nuit, le nain rêvait, non… cauchemardait.
-AAAAAH ! Ugryn arrête je t'en supplie ! Pitié !
-Haha ne t'inquiètes pas Grunlek… je ne compte pas m'arrêter. Personne n'a survécu aussi longtemps, j'espère que c'est toi qui vas être ma première réussite.
-J'ai… mal. Ugryn… continue… il le faut… AAAAAAH… CONNARD ARRÊTES-TOI !
-Il me reste quelques anesthésiants, je vais te les donner, tu auras toujours mal mais ça sera quand même moins douloureux.
-AAAaaaaah Ugryn… merci. Tu sais… tu es complètement atteint… mais je t'aime quand même.
-…
Ce cauchemar s'estompa et en fit place à un autre.
-Vivre… en étant constamment jugé… dans un monde de corruption… de haine et d'intolérance… c'est trop dur.
-Grunlek ! Ne fait pas l'idiot ! Tu as tellement de choses à découvrir sur ce monde! Tu ne peux pas abandonner !
-Et pourquoi pas ?
-Je t'ai promis de te fabriquer un bras fonctionnel. Ce sera un fardeau en moins.
-Non, j'en ai assez de tout ça… j'ai été promu à une destinée qui ne me correspond pas… le Cratère entier souffre…JE souffre.
-Grunlek… tu feras souffrir de gens si tu sautes…
-Qui ça ? Mon père qui s'est toujours permis de choisir mon avenir ? Ma mère morte ? Mes amis qui doivent me haïr d'être parti ?
-Cette chef des gardes, Mama Casse-Roc, par exemple ?
-Elle comprendra…
-Non tu te trompes…et tu sais à qui d'autre tu vas manquer ? MOI ! Tu ne peux pas savoir à quel point, tu vas me rendre triste !
-Je croyais que je n'étais qu'un cobaye pour toi…
-Grunlek… je vis ici tout seul… Je ne peux montrer à personne mes activités… sans qu'ils me prennent pour un fou et ils ont raison je le suis. Si tu savais tout ce que j'ai perdu… alors je t'en supplie Grunlek. Vis !
-Ugryn…
-Tu es probablement la seule personne qui peut me faire ressentir des sentiments positifs… Le simple fait que tu sois en vie, me permet d'être heureux !
-Je ne comprends pas pourquoi tu m'apprécies… je ne suis qu'un lâche.
-Non Grunlek tu te trompes ! Au contraire ! Tu es une des personnes les plus courageuses du Cratère, qui aurait eu assez de courage pour refuser une destinée aussi importante? Qui serait partis pour ensuite subir le jugement éternel des siens ? Qui se battrait autant pour vouloir l'égalité entre les peuples ? C'est toi Grunlek ! Tu es courageux !
-Ugryn… j'ai peur. J'ai tellement peur de souffrir.
-Tu sais, le courage ce n'est pas avoir peur de rien, c'est d'avancer dans ce monde malgré la peur que l'on ressent.
Avant de faire ses adieux à Morphé, Grunlek recula du bord du précipice et enlaça son bienfaiteur en pleurant.
-OH GRUNLEK !
-Mmmmmmh laisse-moi… j'aime bien ton câlin.
-Oh… tu… encore…
Le mage regarda son compagnon serrer le vide dans ses bras, avec un sourire débile, les larmes aux yeux.
-Je vais finir par croire que c'est un rêve post-traumatique, enfin… c'est pas vraiment un rêve.
Le nain ouvrit doucement ses yeux humides, prit quelques secondes pour détacher l'imaginaire de la réalité et répondit :
-Ce sont des souvenirs. Mais c'est vraiment étrange… je ne les fais en rêve qu'ici.
-En même temps, ils se sont tous passés ici.
-… Bon ! Passons. Ça fait combien de temps que je dors ?
-… Une journée.
-Quoi ?!
-Tu avais l'air vraiment endormis donc je voulais pas te réveiller… et puis tu parles dans ton sommeil…
-Ce n'est pas très grave, vu que tu es le seul à m'entendre.
-Tu ne dois pas te souvenir de tous tes rêves alors.
-… Pourquoi ?
-Nan pour rien. Allez va manger un coup, on s'occupera de ton bras ensuite.
-Ugryn attend ! J'ai rêvé de quoi d'autres ?!
Ugryn referma la porte, laissant Grunlek dans des suppositions pas très rassurantes. En sortant de son lit, le nain s'aperçut qu'il était nu. Puis cherchant autour de lui ses habits, il les trouva propres, sur sa chaise de bureau.
-Ugryn…
Rougissant et se rhabillant, le nain était persuadé que son ami l'avait déshabillé pour le mettre à l'aise et laver ses vêtements. Ugryn ne semblait pas trop comprendre l'utilité de l'intimité ou de la pudeur. Alors que jusqu'à présent, Grunlek pensait sincèrement connaître tout de son compagnon, mais Ugryn était une personne vraiment paradoxale.
Le rêveur, avant de passer à l'atelier d'Ugryn, fit un crochet à la cuisine pour prendre un petit quelques choses à grignoter. Il prit une jolie pomme rouge, ayant une pensée pour son ami demi-élémentaire. Qui d'ailleurs était parti, en promettant qu'il ne ferait pas l'amour et d'enfant par la même occasion. Évidemment, aucun des membres du groupe, ne l'avait cru.
Grunlek prit de nouveau l'échelle et descendit encore plus bas, au niveau le plus bas d'ailleurs. Il était face à une porte des plus extravagantes, serti de toutes sortes de gemmes les plus étranges les unes que les autres, le pugiliste frappa quatre coups et pour finir donna un violent coup de poing à la porte, qui s'ouvrit mécaniquement.
L'endroit était fabuleux, fanatique, sublime, surréaliste. Tout était creusé à même la roche. Les murs et le sol incrustés de gemme. De multiples objets, dans un désordre monstrueux. Il y avait des armes comme des haches, des épées, des arcs, certains paraissaient être des prototypes, d'autres étaient plus aboutis. Des outils inconnus ou visiblement trop avancés. Tous possédaient au moins, une gemme magique. Cet atelier était tellement coloré que personne ne pourrait énumérer tous les différents dérivés de couleur de cet endroit. Le bras de Grunlek eux un frisson magique. Lui, paraissait… anxieux, oppressé.
Comme le nain n'arrivait pas, l'ingénieur commença à s'inquiéter, il se dirigea vers l'entrée de son atelier.
-Grunlek ?!
L'homme vit avec stupeur, son ami au sol en train de faire une crise… de quoi ? Il n'en avait strictement aucune idée. Son bras était détendu, et s'élargissait, le nain était en train d'hyperventiler. Il accourra vers son compagnon et tenta de le calmer en le serrant dans ses bras, tout en lui parlant.
-Grunlek ! Je suis là… Tout va bien.
Après quelques petites minutes, l'hyperventilation du nain semblait se calmer, ce qui rassurait grandement son ami.
-Hey… ça va… mieux ?
-Oui mais… qu'est-ce qui s'est passé ?
-À toi de me le dire, tu t'es mis à hyperventiler, tu es stressé en ce moment ?
-Je ne sais pas…
-Bon. Viens t'asseoir, et on va voir ce que tu as.
-D'accord…
Les deux amis se posèrent sur des chaises. Grunlek respira doucement pour se calmer pendant que le créateur du bras l'examina. Ugryn disloqua le bras du nain manuellement, puis observa des possibles changements dans la mécanique. Ensuite, l'ingénieur se munit d'une pince et entreprit d'extraire quelque chose de l'invention mécanique.
Grunlek le regardait faire, ne paraissant pas préoccuper par l'énorme pince de l'ingénieur, mais plutôt ce qu'il y avait à l'intérieur… une gemme de pouvoir ambré.
Il commença par y aller doucement. Puis après une dizaine de minutes, voyant que cela n'aboutissait à rien, il utilisa beaucoup plus de force.
-Heuuu Ugryn il y a un souci ?
-Exactement, mon vieux tu as des morceaux d'os humain dans ton bras, et d'étranges chaînes aussi.
-Ah… ça…
-Attends. Tu sais pourquoi c'est là ?
-Va falloir que je t'explique tout ce qui s'est passé ses cinq dernières années. Comme je te l'ai dit, il y a des tonnes de chose à raconter.
Grunlek lui expliqua toutes les grandes aventures qu'il avait faites avec ses trois autres compagnons. De la « simple » quête de ramener une couronne à un musée, au gigantesque combat contre lui-même lors de sa connexion avec le Codex.
-Qu'est-ce que ça ta fait ?
-De quoi ?
-Qu'est-ce que tu as ressenti en fusionnant avec cet artefact interdit ?
-Comment t'expliquer… c'est comme si… je pouvais rendre les gens égaux, d'une pression sur un bouton. Comme si j'étais important pour l'avenir du Cratère.
-Tu ressens encore cette sensation de temps en temps ?
-NON ! BIEN SÛR QUE NON !
-Tu mens vraiment mal Grunlek.
-…
-Tu réalises qu'en deux ans, tu t'es plus rapproché de ta nature qu'en vingt ans.
-J'ai combattu pour mon ami, qui avait laissé son père prendre le contrôle, j'ai alors combattu pour un Diable peu importent les innocents tués dans la bataille… puis j'ai combattu mes amis pour ce même Diable et pour cette élémentaire de Lumière… et enfin j'ai combattu pour moi. On ne peut pas dire que j'ai été très exemplaire.
-Tu en as parlé avec tes amis ?
-Je leur ai simplement expliqué, ce que j'avais ressenti quand j'ai touché le Codex.
-Non Grunlek, est-ce que tu leur as parlé de ce que tu ressentais tout simplement ?
-Je… Ils ont suffisamment souffert entre la mort de Théo, sa renaissance, la trahison des églises, de Victor, de la Mort et le faite que j'avais complètement échoué la mission pour nous sauver du Titan, j'avais pas vraiment envie de leur plomber le moral avec mes petits soucis sentimentaux.
-Tu ne changeras jamais… tu fais tout pour les autres au détriment de toi-même. Ça te tuera un jour.
-Bon… j'ai réussi à enlever cette chaîne mais je ne te garantis pas qu'il n'en reste plus, quant aux os, ils se détruiront d'eux-mêmes… je crois.
-Merci quand même Ugryn.
-Tu sais, on est destiné à souffrir toute notre vie… alors profitons des rares bons moments que la vie nous offre.
-… J'ai peur de moi-même. Voilà ce que je ressens. Je pense l'opposé de ce que je ressens.
-Mais ça me semble logique, non.
-Non c'est plus… comment dire… insistant… insidieux dans mon esprit… voir même au plus profond de mon âme.
-… Le Codex est vraiment un artefact surpuissant.
-Pour l'avoir eux entre mes mains… il est bien au-delà de toutes les puissances de ce monde. Le plus faible des humains pourrait rendre le monde meilleur d'un claquement de doigt…
-C'est une magie interdite Grunlek, on ne peut pas se le permettre.
-Je ne sais même pas s'il a disparu avec le Titan… il est peut-être toujours là.
-… Je suis désolé de te le dire Grunlek mais cette magie va te coller à la peau longtemps.
-Je pourrais peut-être…
-Oh Grunlek !
-Quoi ?!
-Tu m'écoutes ?
-Je réfléchis.
-À voix haute. Tu m'inquiètes énormément Grunlek. Hier après midi je pensais que tu n'avais pas changé. Mais maintenant je n'en suis plus du tout sûr.
-Les gens évoluent… que ce soit en bien… ou en mal.
Son regard… lui était étranger, car rempli de détermination… et de haine… L'espace d'un instant... il ne semblait plus vraiment être le Grunlek qu'il a connu.
-C'est vrai… Mais tu sais, tu peux rester aussi longtemps que tu le souhaites, après tout tu es chez toi !
Le mage-ingénieur voulait veiller sur son ami aussi longtemps que possible, il passa alors d'une expression pensive et concentrée à une expression sympathique et détendue. Quels que soient les événements que son ami avait subis, il se devait de le soutenir un maximum, même si lui-même commençait à avoir peur des conséquences d'un tel pouvoir, entre les mains d'un utopiste comme Grunlek. En plus de cela, la nuit dernière, Ugryn avait entendu Grunlek, se parler à lui-même, dans son sommeil, ce qui l'avait énormément perturbé, il se remémora ces paroles :
-Pourquoi ?
-Mais réfléchit ! On pourrait effacer les inégalités et les discriminations du Cratère !
-Mais… pas de cette manière !
-Et pourquoi pas ?
-C'est complètement immoral !
-Pourtant c'est le seul moyen.
-C'est faux !
-Très bien alors donne-moi une autre façon de détruire ses inégalités et cette discrimination constante ? Tu sais bien qu'il y aura toujours quelqu'un pour se foutre de la gueule d'un autre ! Il y aura toujours des personne qu'y voudront les pleins pouvoirs, sauf si…
-Sauf si une personne ayant une puissance tellement gigantesque, qu'elle tuerait d'un claquement de doigt, s'impose. De cette manière quiconque use de discrimination, d'oppression, ou de quelconque forme de supériorité, à de rares exceptions indispensables, se fera tuer, montrant l'exemple aux autres…
-Exactement.
-Non ! Il y a toujours une autre solution ! Toujours !
-Tu te mens à toi-même et tu le sais.
-...Ferme-la !
-Grunlek… tu sais que j'ai raison… plus personne ne sera triste… plus personne ne sera jugé… tous les peuples seront sur un pied d'égalité.
-… Pourquoi ? … Pourquoi la vie est-elle si dure ?!
-Grunlek… tu pourrais être heureux en ayant ce rôle…
-NON ! Comment est-ce que je pourrais être heureux en tuant des gens !
-Tu le fais tout le temps.
-OUI ! Mais je ne suis pas heureux pour autant.
-Pour une fois… tu pourrais être… ce libérateur… ce sauveur… tu peux surpasser les Dieux de ce monde Grunlek !
-Je ferais enfin quelque chose de bien…
-Oui… et cela effacerait toutes tes erreurs passées.
-… Vraiment ?
-Mais oui. Libère le Cratère de Mal qui l'occis. Tu as juste à retrouver le Codex et l'utiliser.
-Je… vais y réfléchir.
-Tu vois quand tu veux.
Ugryn revint à lui, voyant son ami occuper à refermer son bras, il lui dit :
-Grunlek tu as prévu quelques choses, pour ses prochains jours ?
-… Il y a quelque temps, je pensais rester deux semaines… mais au final je vais probablement partir dans les prochains jours.
-Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis si vite ?
-Une louve… je m'inquiète beaucoup pour elle.
-Eden c'est ça ?
-Oui.
-Je ne comprends pas. Comment est-ce qu'un animal, peut te donner envie de me fausser compagnie ?
-Tu es jaloux, haha.
-… NON !
-Tu mens aussi mal que moi Ugryn.
-Tu sais… On est très proche avec Eden.
-…
-Si j'avais cru te voir jaloux un jour, haha.
-Si tu pars dans les prochains jours… faisons en sorte que ces derniers jours soient inoubliables.
-Promis !
Les deux amis passèrent leurs journées à parler, de leur rencontre, de nouvelle chose apprise au cours d'aventure ou simplement dans un atelier. Ils firent beaucoup de choses… que je tairais ici, pour ne pas créer d'« émeute »… mais qui sait… d'ici ces prochains jours, des écrits verront peut-être le jour.
A suivre...
