Tetius
Dans le souffle glacé de la tempête, je demeure immobile. Inéluctablement, ma force vitale s'épuise quand la fleur de vie en moi s'éteint ; barreau plus fiable que toutes les laisses, la mort m'étreint et me souffle son haleine fétide, à la fois proche et lointaine, revenant sans cesse par la ronde des sentiments éternels. Il me maintient prisonnier par le pire des moyens, moi, le demi-cadavre qui meurt et ressuscite chaque jour à la tombée de la nuit. Je ne peux échapper à cette blanche prison de cristal.
Je ne bouge pas ; les heures s'écoulent à l'infini, interminables et monotones, tandis que ma seule musique demeure le chant du blizzard, dans toute sa violence et sa férocité. La douleur irradie à l'endroit où mon aile gauche demeure absente, et lentement, parcourt tout mon corps comme si elle accompagnait mon sang. Je ne peux m'enfuir. Pas même par la mort, alors j'attends. Lentement, les secondes glissent. Je suis sûr que, bientôt, une opportunité s'offrira à moi, alors je me montre patient ; de toute façon, je n'ai pas le choix. Malgré l'amour obsessionnel de l'Autre, c'est toujours vers mon seul et unique maître que mon cœur s'envole. Je n'aspire qu'à le rejoindre. Peu importe l'Autre, et peu importent les épreuves. Peu importe.
