Le coin de l'auteure :
Bonjour !
Alors, cette fois, je me lance dans une fic un peu longue (oh, ça ne fait que cinq chapitres en tout, trois fois rien. ^^) dans l'univers de Sherlock. Il s'agit en fait d'une "adaptation" très libre de la nouvelle de Conan Doyle "Le vampire du Sussex." Pour la petite histoire, Gentiane94 me réclamait un défi à cor et à cri et je lui ai demandé de m'écrire une histoire d'Halloween, à publier le 31 octobre, fandom au choix. Résultat, je suis l'arroseuse arrosée, qui s'est retrouvée à relever son propre défi. -.-'
Je pense que ça n'atteint pas la qualité de ce que certains font sur ce site, j'ai lu des choses formidables (si ça vous intéresse, allez jeter un coup d'œil dans mes favoris. Non, non, je ne suis absolument pas en train de faire de la pub... ^^). En tout cas, j'ai essayé de faire ça bien, j'espère que ça va vous plaire.
Bonne lecture !
Bises ;)
Peaseblossom
Remerciements : un grand merci à Gentiane94 qui arrive, sans s'en rendre compte, à me faire faire des choses que je n'aurais jamais pensé faire un jour. ^^ Cette histoire-là, je te la dédie. 3
Disclaimer : je ne possède rien du tout, les personnages dans ce format là sont à la BBC, et l'histoire originale est d'Arthur Conan Doyle.
Chapitre 1
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Le chasseur de vampire
Baker Street, vendredi 31 octobre, 19h17
La nuit tombait sur Baker Street. Un petit vent frais jouait avec les feuilles mortes, blondes et rousses qui jonchaient le sol. De la lumière brillait aux fenêtres du 221b. Un vague élan de nostalgie me submergea. Ça faisait longtemps que je n'étais pas revenu. Mais avec le bébé et le travail, je n'avais pas vraiment eu le temps, ni l'envie, il faut bien le dire, de traverser spontanément la moitié de Londres pour satisfaire ma soif d'aventure. Enquêter et risquer sa vie en sachant qu'il fallait être à l'heure pour donner le bain du soir, et ne pas être traité d'égoïste incapable d'assumer son devoir de père... ça avait de quoi refroidir les vocations. Certes, ça ne m'empêchait pas de retrouver Sherlock de temps en temps, mais plus aussi souvent qu'avant, et encore moins à Baker Street.
Une bande d'enfants déguisés en fantômes, sorcières, zombis et citrouilles passa devant nous, en nous menaçant de jouer des tours, de revenir nous hanter, et autres joyeusetés si nous ne leur donnions pas des bonbons. Nous étions le soir du 31 octobre. J'avais presque réussi à oublier que c'était Halloween.
Les enfants passèrent leur chemin. Mary s'accrocha à mon bras et sourit. C'était la première fois que je la voyais aussi détendue depuis une éternité. Les pleurs intempestifs de Lucy avaient tendance à la mettre dans une humeur de chien enragé, et ça durait depuis un peu trop longtemps à mon goût.
Cette soirée à Baker Street, c'était son idée. C'est nous qui apportions le repas. Il ne fallait pas trop faire confiance à Sherlock sur ce point-là. Lucy avait été laissée en de bonnes mains et sauf catastrophe, nous étions tranquilles.
« Tu crois que Sherlock s'est un jour déguisé pour Halloween ? » me demanda Mary, un sourire dans la voix.
J'éclatai de rire. La vision d'un Sherlock surexcité déguisé en fantôme, suivi d'un Mycroft-vampire à l'air pincé, partis réclamer des bonbons aux voisins en les menaçant était vraiment trop tordante. Mary me rejoignit dans mon hilarité. Aussi étions-nous passablement essoufflés en grimpant les trois marches qui menaient au 221b.
« Tu sais, je crois qu'il ne sait même pas ce que c'est, finis-je par répondre.
- Quoi ? Halloween ? Tu exagères, non ? »
Je haussai les épaules, encore secoué de rire.
« Il se moque de savoir si la terre tourne autour du soleil ou pas, alors ça ne m'étonnerait pas, » répliquai-je.
Mary sourit en secouant la tête et poussa la porte. Le couloir était sombre, comme toujours.
« Qui est là ? »
La tête grisonnante de Madame Hudson passa l'embrasure de l'appartement du rez-de-chaussée.
« Mary ? John ? Mais quelle bonne surprise ! »
Elle se précipita sur nous pour nous embrasser tous les deux.
« Et comment va la petite Lucy ?
- A merveille, » répondit Mary.
Soudain, la porte en haut de l'escalier s'ouvrit à la volée, stoppant net ces chaleureuses retrouvailles.
« Je ne mens pas, monsieur Holmes ! Je l'ai vu ! Vous avez tort de me prendre pour un imbécile ! s'écria une voix. Bientôt, vous allez le regretter ! »
La réponse de Sherlock resta inaudible. Mais cela n'eut pas l'air de plaire du tout au visiteur qui claqua la porte et descendit en trombe l'escalier. Malgré la pénombre du couloir, je vis une sorte d'adolescent efflanqué aux cheveux longs, habillé d'un long manteau noir qui battait autour de ses chevilles, se ruer sur nous. Des chaînes d'argent garnies de pendentifs en forme de croix cliquetaient autour de son cou. Il bouscula Madame Hudson et se précipita vers la porte.
« Non, mais... » s'écria la vieille dame, stupéfaite et scandalisée.
Je me précipitai à la suite du malotru, indigné. Mais quand j'arrivai dans la rue, il avait déjà disparu. Je levai les yeux au ciel, avant de retourner dans la maison.
« Il aurait au moins pu s'excuser... grogna Mary.
- Oh, les jeunes de nos jours... » marmonna Madame Hudson.
Mary consola encore quelques secondes la vieille dame.
« Mais vous n'allez pas rester là toute la soirée, se reprit Madame Hudson. Allez, montez, montez. Sherlock doit vous attendre.
- Vous êtes sûre que...
- Oh, moi ça va aller. J'en ai vu d'autres, répondit-elle. Allez-y. Filez. Oust ! »
Je me retournai dans l'escalier, mais Madame Hudson avait déjà disparu chez elle. Mary entrouvrit silencieusement la porte et passa la tête par l'embrasure.
« Sherlock ? »
Un grognement étouffé lui répondit. Elle entra d'un pas conquérant.
L'appartement était encore plus bordélique que quand je l'avais quitté. Des papiers, des photos, des factures et des partitions traînaient partout. Son ordinateur ronflait sur une pile de bouquins. Son violon se languissait parmi les coussins du canapé. Et Sherlock était avachi dans son fauteuil, les cheveux hirsutes, aussi blafard que d'habitude.
« Bonsoir, saluai-je.
- Mmph. »
J'allais déposer les sacs de provisions sur la table de la cuisine où brûlait un bec Bunsen, à côté d'une rangée de tubes à essai colorés. J'éteignis le bec, en levant les yeux au ciel. Un jour, Sherlock réussirait à se faire exploser tout seul.
Pendant ce temps, Mary allait et venait comme une tornade dans la pièce.
« Franchement, Sherlock, comment peux-tu vivre dans un désordre pareil ? »
Je m'étais posé cette question au moins cent cinquante mille fois. Mais après tout ce temps, il avait bien fallu que je me fasse une raison.
Mary passa en trombe devant moi pour ouvrir le frigo et sans doute vérifier qu'il y avait une bouteille au frais. Sherlock avait toujours une bouteille au frais, mais savait-on ce qui pouvait lui passer par la tête ?
« Sherlock ? Pourquoi est-ce qu'il y a un bras carbonisé dans ton frigo ? »
Sherlock soupira, et je pus presque entendre son exaspération dans ce soupir. Je rejoignis mon propre fauteuil, et m'assis face à lui. Il avait son air renfrogné des mauvais jours.
« Qu'est-ce qu'il voulait, ce gamin ? demandai-je. Il n'avait pas l'air très content… »
Sherlock leva les yeux au plafond.
« Il voulait me faire croire qu'il avait vu un vampire à Highgate, » râla-t-il.
J'haussai un sourcil. A l'instant, j'hésitai entre l'amusement et la perplexité. Le cimetière de Highgate avait été l'épicentre d'une psychose collective à Londres dans les années 70. Tout le monde connaissait cette histoire. Cette apparition fantomatique entre les tombes, les cadavres d'animaux vidés de leur sang, les maisons soi-disant hantées du quartier… Pour ma part, j'estimais que certains prenaient un peu trop à cœur ce que racontait Stoker dans Dracula.
Sherlock joignit le bout de ses doigts devant son nez et ferma les yeux.
« Il s'appelle Jack Mason, et il est chasseur de vampires, m'a-t-il dit, reprit-il. Tout à l'heure, il se promenait dans le cimetière de Highgate, quand il a vu une figure pâle et effrayante jaillir des buissons. Du sang s'écoulait de sa bouche. Il a disparu presque aussitôt au milieu des tombes, et Jack a filé ventre à terre jusqu'à Baker Street pour me mettre sur le coup. »
Sherlock lâcha un soupir agacé et ouvrit un œil gris qui me dévisagea sérieusement.
« Est-ce que j'ai une tête à me faire avoir par ces bêtises d'Halloween ? »
J'échangeais un regard avec Mary, qui se mordait la lèvre pour ne pas éclater de rire. Sherlock dut remarquer mon regard sceptique. Ses yeux gris me foudroyèrent.
« Oui, John, je sais ce que c'est qu'Halloween. »
J'haussai les épaules.
« Bref, je lui ai dit que je ne croyais pas à ces histoires, et qu'on avait certainement voulu lui faire une blague, continua Sherlock.
- Et il est parti en claquant la porte, ça on avait remarqué, conclut Mary. Dites, ça vous ennuierait de venir m'aider ? »
Sherlock soupira et se leva.
« Tu es énervée. Lucy fait ses dents ? »
Mary lui décocha un regard suspicieux.
« J'ai des cernes, c'est ça ? »
Je fermai les yeux, me préparant à l'explosion. Mary était assez susceptible ces derniers temps. Si Sherlock s'avisait de dire oui...
« Le gel pour poussées dentaires qui dépasse de ton sac, j'imagine que ce n'est pas pour John. »
J'ouvris les yeux. L'air de rien, Sherlock sortait des verres du placard, tandis que Mary le regardait étrangement, comme si elle le soupçonnait de mentir. Je me levai à mon tour pour mettre les couverts.
« Oui, elle fait ses dents, intervins-je. D'ailleurs, tu ne voudrais pas nous la garder un soir ou deux, qu'on puisse dormir ? Vu que tu es un insomniaque chronique, ça ne te changera pas beaucoup. »
Ce n'était qu'une demi-plaisanterie. Lucy nous empêchait vraiment de dormir, et je n'aurais pas été contre une nuit tranquille, et même si elle prétendrait certainement le contraire, je savais que Mary en aurait aussi été soulagée. Mais ce n'était certainement pas à Sherlock que j'aurais confié ma fille. Il n'y avait qu'à voir le regard horrifié qu'il me jetait à l'instant.
Un souvenir me revint en mémoire et je ne pus m'empêcher de sourire.
Sherlock était assis, renfrogné, dans le seul siège libre qui restait dans la chambre. Je l'avais traîné à la maternité pour qu'il tienne la promesse que Mary lui avait extorquée contre son gré. Dans sa tête, maternité devait signifier hôpital, et il était aussi à l'aise que s'il s'était assis sur un nid de frelons.
Mary fondit sur lui, Lucy dans les bras. La petite dormait, et un mélange de tendresse et d'appréhension me saisit.
« Tiens, prends-la, » fit-elle en lui tendant Lucy.
Sherlock se tourna vers moi, complètement paniqué.
« Mais...
- Allez. »
Elle lui mit d'office le bébé dans les bras. Sherlock émit une série d'onomatopées fort peu compréhensibles. Mary dut placer ses bras autour du nourrisson. Une fois à peu près confortablement installé, il jeta un regard étrange au bébé, mélange de répulsion et de fascination. Un peu comme s'il avait une bombe sur le point d'exploser dans les bras. Enfin non. Avec une vraie bombe, il aurait sans doute réussi à garder son sang-froid. Mais là, je voyais bien qu'il ne savait pas quoi faire de lui-même. C'était bien la première fois que ça arrivait. Bon sang, si Mycroft voyait ça...
« Et ça te fait rire ? »
Je levai les yeux vers Sherlock qui me regardait d'un air réprobateur. Je soupirai.
« C'est bon. C'était une plaisanterie. »
Le temps de mettre le repas à réchauffer, et l'atmosphère s'était déjà détendu. Dans le fond, ce fut une bonne soirée. Le repas était excellent. La baby-sitter n'appela qu'une fois, et Sherlock nous raconta ses dernières enquêtes, sans omettre de singer Lestrade. Et Sherlock parut presque déçu de nous voir partir.
Je ne repensai plus à l'incident avec le gosse chasseur de vampires, jusqu'à ce que Mary m'en reparle une fois rentrés à la maison. J'étais sous la douche et elle se lavait les dents.
« Tu crois qu'il était sérieux ? demanda-t-elle, la bouche pleine de dentifrice. Le gamin et son vampire ? »
J'arrêtai deux secondes et demi de me shampouiner pour me donner le temps de réfléchir.
« En tout cas, il avait l'air d'y croire, répondis-je. Sinon pourquoi aurait-il été si furieux devant le refus de Sherlock ? »
Je terminai rapidement ma douche.
« Tu peux me passer une serviette, s'il te plaît ? »
Presque aussitôt, une serviette éponge vola par-dessus la cloison de la douche. Je la drapai autour de ma taille et sortit. Mary était en train de se brosser énergiquement les molaires, les yeux froncés.
A ce moment, un vagissement perçant ébranla la maison. Je fermai les yeux. Ce n'était pas encore cette nuit que nous dormirions dix heures d'affilées. Mary haussa les épaules et fit un geste d'impuissance en désignant sa brosse à dent. Je soupirai, et quittai la salle de bain pour aller chercher ma fille, semant des flaques d'eau partout sur mon passage.
Je pensais que l'affaire était classée. Je me trompais.
Deux jours plus tard, je dormais profondément pour une fois, quand mon portable sonna. Je râlai, tâtonnai sur la table de chevet et attrapai l'engin qui hurlait.
« Allo ? baillai-je.
- John ? Lève-toi, tu viens avec moi à Highgate.
- Hein ? »
L'esprit embrumé de sommeil, je jetai un œil au réveil. 6h09. Le temps que le sens des paroles de Sherlock fasse le tour de mon cerveau et j'étais parfaitement réveillé. Et furieux par-dessus le marché.
« 'Tain, Sherlock, il est six heures du matin et on est dimanche ! Qu'est-ce tu veux que j'aille foutre à Highgate ? »
Je pus presque l'entendre soupirer dans le téléphone.
« Je t'expliquerai. Rejoins-moi à Highgate, au cimetière, dans une heure. Oh, et jette un œil au Times si tu peux. Tu comprendras. »
Pas le temps de lui hurler dessus, il avait déjà raccroché. Je pestai intérieurement contre ce crétin de meilleur ami, qui m'obligeait à me lever à des heures impossibles, alors que pour une fois, Lucy avait décidé de nous laisser dormir. Je rabattis la couette en rouspétant.
« Tu vas où ? » marmonna Mary, encore endormie.
Je me penchai pour embrasser son front.
« Casser la figure à Sherlock.
- Ah. D'accord. Amuse-toi bien. »
Elle se retourna. Quelques secondes plus tard, sa respiration s'apaisait. Elle s'était rendormie. Je quittai la chambre en silence.
Une demi-heure plus tard, je quittai la maison, les mains dans les poches et les dents serrées. Je récupérai le Times dans la boîte aux lettres. Je hélai un taxi solitaire.
« Le cimetière de Highgate, s'il vous plaît. »
Alors que le taxi démarrait, j'ouvris le journal. J'écarquillai les yeux en lisant la Une. Une grande photo en noir et blanc des grilles du cimetière de Highgate s'étalait juste en dessous du gros titre :
« LE VAMPIRE DE HIGHGATE, LE RETOUR ? »
Hier, un cadavre a été découvert dans un caveau du cimetière de Highgate. Selon nos informations, d'évidentes traces de morsures apparaîtraient sur le cou de la victime. Un témoin affirme avoir vu la veille, 31 octobre, une silhouette à la bouche ensanglantée se promener sur les lieux. Le vampire qui terrorisa Londres en 1970 serait-il de retour ? Suite p.9
« Et merde ! » songeai-je.
Le gosse chasseur de vampires gothique d'Halloween avait raison. Il y avait bien un vampire à Highgate.
