Oï! J'ai cette idée en tête depuis quelques temps. L'épisode de Game of thrones m'ayant causé un vide intérieur, j'essaie de penser à autre chose en écrivant. J'aurais écrit en anglais, mais faute d'un bilinguisme parfait... Bref. Bonne lecture!

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Santana Lopez n'était jamais en retard. On pouvait lui reprocher bien des choses : sa froideur, son mépris envers les autres, sa condescendance, son manque (ou plutôt l'absence totale) d'empathie... Mais malgré la longueur de cette liste, s'il y a une chose dont on pouvait être certain, c'est qu'elle serait toujours là où elle doit être, et toujours à l'avance. Du plus loin que son entourage se souvienne, Satana était toujours la première à l'école le matin (pour lancer des remarques sur toutes les personnes arrivant par la suite) et la première qui arrivait aux fêtes (sans pour autant aider à préparer quoi que ce soit). Elle était même née une semaine avant la date prévue par le docteur, fait que ses amis adoraient lui rappeler chaque fois qu'elle leur reprochait leur retard.

Bref, Satana Lopez n'était jamais en retard.

« FUCK!»

Elle venait de se réveiller en sursaut lorsqu'elle aperçu du coin de l'œil son réveil matin. Il était 8h56, ce qui voulait dire qu'elle disposait de 4 minutes pour arriver à l'heure au travail. Comme il lui fallait habituellement 10 minutes pour se réveiller, 5 minutes pour enfiler l'habit soigneusement choisi la veille et le changer en cas de doute, 30 minutes pour déjeuner, 10 minutes pour se brosser les dents se maquiller et préparer son sac, puis 20 minutes pour se rendre au travail dans la mesure où elle n'arrêtait pas se chercher un café (7 minutes de marche, 12 minutes de bus, 1 minute pour monter au 2e étage et s'installer à son bureau – en cas de café, rajouter 4 minutes de plus), Satana était, pour la première fois de sa vie, en retard. Elle regarda sur son téléphone, espérant y trouver une meilleure nouvelle, mais celui-ci indiquait la même heure. Elle vit aussi 4 appels manqués, 2 messages vocaux ainsi qu'une dizaine de textos, tous de son meilleur ami et collègue, Mike.

Dans un état de panique avancée, elle sauta hors du lit, enleva son pyjama, et s'habilla en dévalant l'escalier, tout en criant tous les jurons qu'elle connaissait (et en inventa quelques un sur le coup). Elle n'était pas qu'en colère d'avoir manqué son réveil, mais aussi inquiète puisqu'elle avait choisi de le faire le jour de la visite de Mme Sylvester. Santana travaillait depuis déjà 3 ans pour les assurances Sylvester, une compagnie reconnue à travers le pays. N'ayant aucun projet de carrière sérieux après le lycée, elle avait été embauchée par sa tante qui occupait un poste de supervision là bas. Elle avait depuis gravit les échelons, bien que le travail l'ennuyait profondément. Malgré le salaire intéressant et la reconnaissance de ses patrons, Satana savait qu'elle aurait pu faire n'importe quoi, si elle en avait eu la motivation. Des rêves lointains de New York, de comédies musicales et de théâtre venaient parfois hanter ses journées de travail ennuyantes, mais elle s'assurait de les repousser de son esprit pour mieux se concentrer sur les dossiers. En fait, c'était sa réaction par excellence lorsqu'un sujet important l'emmenait à douter de ses choix. Se donner corps et âme sur le travail pour éviter toute remise en question, et pour être assez exténuée à la fin de la journée pour en oublier toute trace. Manifestement, la journée d'hier avait été difficile, assez pour lui faire oublier de remettre son réveil après le week-end.

Arrivée à la cuisine, elle composa le numéro de Mike tout en se préparant du café. Elle avait beau être en retard, Santana Lopez ne pouvait travailler sans sa dose de caféine. Mike décrocha à la première sonnerie.

« Qu'est-ce qu... » commença Mike, mais Santana l'interrompit, tout en sortant son thermos à café.

« Mike tu dois à tout prix me couvrir, je vais être au bureau dans une dizaine de minute et je ne peux pas manquer cette promotion, ça fait 3 mois que je fais des heures supplémentaires alors aides moi je t'en prie » dit rapidement Santana. « Fais leur croire qu'il y a un accident et que je suis prise sur la route! »

« Tu n'as pas de voiture, Satan» commenta Mike. Elle pouvait entendre le sourire dans sa voix, ce qui eu pour effet de l'énerver encore plus.

« Si j'en avais une, crois moi je te passerais sur le corps à la première occasion. Euh, je sais pas, dis leur que mon père est tombé malade et que j'ai passé la nuit à l'hôpital! » proposa-t-elle tout en levant les yeux au ciel.

« Ça pourrait fonctionner si tes parents ne vivaient pas en Floride.» La situation était loin d'être drôle, mais Mike s'amusait à la voir paniquer ainsi. Lui et Santana étaient très proches, et il était l'un des seuls à savoir que derrière ses remarques acerbes, elle cachait une amitié sincère pour ses amis. Il ignorait pourquoi elle s'obstinait à se cacher derrière ce rôle, mais il l'appréciait énormément et adorait leurs échanges comme celui-la.

« Mike, tu sais quoi, tu peux leur dire que je suis en fait une danseuse nue qui a passé la nuit à prendre de la drogue et à foutre ses seins dans le visage d'inconnus si ça te chante, en autant que cela me laisse le temps de me rendre au bureau. Je t'en dois une, merci », sur quoi, elle raccrocha.

Ce n'est qu'une fois son téléphone éteint qu'elle remarqua qu'il y avait une drôle d'odeur à la cuisine, en plus d'une fumée qui provenait du salon. Sachant ce qui se déroulait dans l'autre pièce, sa colère éclata d'un coup et elle se mit à hurler en versant son café.

« J'ESPÈRE QUE MA CHARMANTE COLOC ÂGÉE DE 23 ANS N'EST PAS EN TRAIN DE FAIRE CE QUE JE PENSE DANS MON SALON, À NEUF HEURES DU MATIN UN LUNDI PARCE QUE JE ME POSERAIS DE SÉRIEUSES QUESTIONS QUANT AU JUGEMENT DE CETTE PERSONNE! »

La porte s'entrouvrit et une Quinn aux yeux rouges apparue dans un nuage de fumée. Elle se mit à rire et se passa la main dans les cheveux.

« Santanaaaaaaaa! Allez, tu peux pas m'en vouloir, j'ai emprunté à Mike la version longue de Lord of the Rings et comme le café est fermé aujourd'hui, je pouvais pas attendre pour les regarder! La version longue, tu te rends compte! Tina est venue me rejoindre, on a commencé hier un peu après minuit. Onze heures de pure bonheur haha!» Comme pour confirmer ses propos, Tina sortit à son tour du salon, les yeux tout aussi rouges et le sourire aux lèvres.

« Sataaaaaaaaan! Tu vas voir Mikey? Dis lui bonjour de ma part et que je l'aime! Et tu peux l'embrasser. En fait non ne l'embrasse pas. Hahaha fais ce que tu veux! »

Santana regardait la scène, complètement découragée. Quinn et elle se connaissaient depuis toujours. Après le lycée, lorsque Santana lui avait fait part de son intention de travailler avec sa tante, elle avait été furieuse. C'était une des seules personnes connaissant le véritable potentiel de son amie, et qui croyait en elle. Elle lui avait interdit de ne pas poursuivre ses études, pour qu'au moins l'une d'entre elles réalise ses rêves. Prise avec une famille qui ne se souciait pas d'elle, Quinn avait en effet eu une période turbulente à l'adolescence. Elle avait sans cesse poussé ses parents à bout, croyant à tort qu'ils finiraient un jour par lui dire que c'était assez. Malheureusement, il n'en fut rien, si bien qu'à la graduation, aucune université n'avait été impressionnée ses piètres notes. Pire encore, Quinn s'était elle-même perdue et n'avait plus d'ambition autre que de fumer et de boire en écoutant de la musique. Leur amitié était miraculeusement toujours intacte, et elles avaient décidé de louer une petite maison ensemble dans le centre de la ville (ce qui était une exagération car le centre de Lima était identique au non-centre de Lima, c'est-à-dire un trou perdu au milieu de rien). Quinn avait déniché un travail dans un café, et elle s'était vite révélée être une barista talentueuse qui faisait les meilleurs lattes à la vanille en ville. Les pourboires venaient compenser le maigre salaire qui lui était offert, et au moins elle pouvait payer sa part du loyer et échapper à la triste indifférence de ses parents. Elle avait finit par pardonner à Santana d'avoir cessé ses études, mais au moins une fois par mois, la questionnait quant à ses projets futurs.s

Santana acceptait les habitudes de sa hippie de colocataire, et s'y adonnait aussi à l'occasion, mais s'il y a une chose qu'elle détestait, c'était que Quinn fume à l'intérieur. De plus, son retard n'aidait pas sa compréhension ce matin. Tout comme le fait que ses deux amies venaient d'éclater de rire en pensant à Santana qui embrasse Mike. Elle prit sa tasse tout en finissant de verser son café et les foudroya du regard.

« Je vous donne 5 secondes pour retourner dans le salon en silence. Vous ouvrirez d'ailleurs les fenêtres pour que cette maison retrouve une odeur normale et agréable, et si je reviens ce soir et que vous êtes encore ici, je vous jure que vous n'aurez pas assez de... MERDE! »

N'ayant pas porté attention au café, la tasse débordait et le liquide brûlant débordait maintenant sur sa main. Elle lâcha la tasse par surprise et surtout par douleur, qui tomba sur le sol, déversant le café partout sur le plancher. En hurlant de rage face à cette journée qui commençait de façon horrible, Santana se retourna, posa la carafe de café sur le comptoir, et ouvrit l'eau froide sur sa main brûlée. Au moins, se dit-elle, rien de pire ne peut m'arriver. Laissant l'eau apaiser la douleur, son regard se posa sur l'horloge au mur. 9H10. Une vague de panique remonta à la surface et oubliant toute douleur, elle se précipita vers la porte d'entrée. Elle posa à nouveau son regard sur ses amies, mais n'eut guère le temps d'ajouter quelque chose, car elle glissa sur le café répandu sur le plancher et tout devint noir.

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Brittany regardait le visage de la jeune femme devant elle sans toutefois le voir. Perdue dans ses pensées, ses gestes perdirent leur rythme, et elle se demanda pourquoi elle se trouvait dans cette pièce, entre deux étagères de désinfectant et de pansements. Une protestation la ramena toutefois à la réalité.

« Non, continue, plus vite, plus vite... »

Ses yeux se posèrent à nouveau sur la fille devant elle, la façon dont ses yeux étaient fermés, la mince pellicule de sueur sur sa peau, sa bouche entrouverte... Elle cligna des yeux à plusieurs reprises avant de se rappeler ce qu'elle était en train de faire avec Kat. Secouant la tête pour chasser ses pensées, elle fit ce qu'on lui demandait et essaya de se concentrer à la tâche. Mais rapidement, elle s'égara à nouveau.

Ce n'était pas la première fois, et certainement pas la dernière, qu'elle avait une relation avec une collègue. Depuis qu'elle travaillait à l'hôpital, Brittany avait eu son lot d'aventures et cela avait toujours été très satisfaisant. À l'aise avec son orientation sexuelle, Brittany ne refusait jamais une occasion de démontrer aux femmes sa connaissance du corps féminin. Cela démarrait sa journée en beauté, tout comme celle de l'heureuse élue. Pourtant, ce matin là, tout semblait trop facile, jusqu'à l'ennuyer. Ce n'était pas Kat, au contraire, puisqu'elle était l'une des seules privilégiées qui goûtait régulièrement à la « médecine douce » de Brittany. De plus, elle était loin d'être moche, avec ses yeux verts et son corps de rêve. Elles étaient aussi de bonnes amies en dehors du travail, sortant ensemble dans les bars quelques fois par mois.

Sentant finalement Kat obtenir ce qu'elle voulait, elle ferma les yeux et fût soulagée de pouvoir partir. Elle ouvrit la porte sans dire un mot, et se dépêcha d'aller commencer sa ronde.

Elle était relativement nouvelle à l'hôpital, mais son bon travail était reconnu par ses supérieurs. Bien que les horaires changeaient sans cesse, ne lui permettant pas d'avoir une vie sociale stable, elle adorait aider les gens et excellait dans ce domaine. Plus jeune, son comportement lui avait valu beaucoup de reproches et de commentaires abaissants de la part de ses professeurs. En effet, Brittany était souvent dans son monde, et son imagination n'avait pas de limites. Cela résultait en une enfant curieuse qui posait sans cesse les questions les plus inusitées, décourageant les adultes autour d'elle. Mais elle avait finit par grandir, et sous les pressions sociales, garder ses questions et remarques pour elle-même.

Elle allait monter à l'étage quand Emma, l'infirmière en chef, lui fit signe de la suivre.

« Brittany! Heureuse que tu sois là. J'espère que tu as bien dormi, parce que tu auras besoin de toute ton énergie. Ce matin on a droit à une fuite de gaz dans un immeuble qui a causé des malaises a presque tous les occupants. 20 personnes, la moitié en état sévère. Étourdissements, confusion. Deux personnes trouvées inconscientes. Ensuite, accident avec un autobus, 30 blessés, coupures, fractures, un beau mélange. Ils sont en route, j'ai besoin de mes meilleurs effectifs aux urgences pour faire le tri. Merci! »

Elle se retourna et couru ailleurs, laissant Brittany seule. Cette dernière se rendit à toute vitesse en bas, comme demandé. Elle allait ouvrir les rideaux du premier lit quand quelqu'un la tira par le bras dans un box encore vide. Kat la regardait d'un air confus et inquiet.

« Est-ce que je t'ai fait quelque chose pour que tu me laisses comme ça tout à l'heure? »

Brittany soupira. Elle-même avait du mal à comprendre, mais n'avait pas envie de régler ce problème en plein milieu des urgences, alors qu'une cinquantaine de patients allaient arriver d'un instant à l'autre. Elle porta la main à son épaule et massa ses muscles déjà endoloris. La journée allait être longue. N'ayant pas envie de discuter à ce moment, elle prit le chemin facile et évita le sujet.

« Écoutes Kat... Je suis fatiguée c'est tout. J'ai dû venir en plein milieu de la nuit pour remplacer la nouvelle. Rien à voir avec toi ok? »

Kat s'approcha d'elle et se mit à masser Brittany, tout en lui parlant dans le creux de l'oreille. D'une voix sensuelle, et rassurée, elle parla doucement.

« Dans ce cas, je te conseille de réduire tes heures avec les autres filles, parce que je compte bien te rendre les services et je peux t'assurer que tu auras besoin de te reposer après tout ce que je compte te faire... » Elle laissa glisser ses mains dans le dos de Brittany et lui lança un clin d'œil avant de retourner travailler, laissant l'infirmière seule. Elle soupira encore une fois, aucunement excitée par ce qui venait de se passer, mais sentant plutôt un poids étouffant s'abattre sur ses épaules. Elle se retourna finalement et tout en lisant distraitement le dossier du patient, ouvrit les rideaux du box.

Sans vraiment regarder la jeune femme, elle demande poliment « Bon matin, fuite de gaz ou bus? ».

Voyant qu'aucune réponse ne venait du patient elle leva les yeux du dossier et regarda la patiente devant elle. Elle avait la peau de la main plissée et rougie. Elle avait aussi une coupure en plein milieu du front. Brittany remarqua finalement que malgré le sang coagulé sur son visage, elle était magnifique. La femme lui lançait un regard interrogateur (et un peu dégoûté, pour une raison inconnue), alors Brittany répéta, un peu incertaine.

« Vous êtes ici à cause de la fuite de gaz ou du bus? »

La femme la regarda en silence, avant de répondre d'un ton froid.

« Je suis ici parce que je suis trop stupide pour avoir mis mon cadran et que le monde a décidé de ruiner ma journée en me brûlant au millième degré et en me fracassant le crâne sur le putain de comptoir et me faisant perdre connaissance. Je suis aussi ici parce que ma colocataire est trop défoncée pour s'occuper de moi et qu'elle a appelé une ambulance, alors que j'aurais très bien pu m'occuper de tout ça moi-même. »

L'infirmière la regarda pendant un bon moment en silence. Apparemment, pensa Brittany, la jeune femme passait une journée bien pire que la sienne. Posant la fiche sur la chaise, elle mit ses gants en approchant de la patiente. « Eh bien Miss... Lopez », dit-elle enfin en jetant un regard au dossier pour savoir le nom de la femme, « je vais jeter un coup d'œil à tout ça. À première vue, j'aurai sans doute besoin de vous faire quelques points de suture, ce qui pourrait influencer votre patron à vous donner la promotion quand même, non? Et si ça peut aider votre cause, je peux même les faire croches», demanda-t-elle, avec un léger sourire en coin. Elle commença à nettoyer la plaie pendant que Santana lui répondit.

« Ha! Si seulement... C'est mal connaître Mme Sylvester que de dire ça. Pour attirer sa sympathie, il faudrait probablement que vous m'amputiez les deux jambes, et encore là je crois que je n'aurais droit qu'à une journée de congé... Même une roche aurait plus de compassion qu'elle. »

« Alors pour l'amputation, je m'y oppose totalement », rétorqua Brittany, pince sans rire. « Une femme avec d'aussi belles jambes n'a en aucun cas le droit de priver le reste du monde de cette splendide œuvre d'art! »

Santana eu un petit rire avant de répliquer. « Pas certaine que votre copine avec qui vous étiez dans le box d'à côté apprécierait ce commentaire. D'ailleurs, j'espère que vous vous êtes lavé les mains parce que même avec des gants, je ne trouverais pas ça très hygiénique!»

Brittany arrêta subitement ses gestes en rougissant. Sa petite conversation avec Kat n'avait donc pas été aussi subtile qu'elle ne le croyait... Santana dû voir son inquiétude puisqu'elle ajouta rapidement « Pas que ça m'intéresse, loin de là. Et j'ai bien d'autres choses à penser avant de vouloir causer des problèmes ici. » Elle lança un mince sourire à la femme en face d'elle, qui soupira de soulagement. Elle continua à s'occuper de la coupure au front lorsque quelque chose sur l'avant bras de la patiente attira son regard. Santana vu la réaction de l'infirmière et posa ses yeux au même endroit que la blonde. Elle regarda son petit symbole « = » tatoué.

« Je l'ai fait à 17 ans. Avec 3 amis. L'un d'entre eux se faisait insulter, battre et bien d'autres choses. Un soir, après une dure journée, on a été dans un studio de tatouage vraiment, mais alors vraiment crado. Non, sans blaguer, imaginez le restaurant asiatique le plus insalubre du monde, et c'est encore rien comparé à ça. On a choisit quelque chose de simple, pas pour le cacher facilement, mais parce qu'on était terrifiés de la douleur », raconta-t-elle, alors que Brittany commençait à faire les points de suture, le sourire aux lèvres. Satana continuait de regarder le petit symbole sur son bras gauche. Réalisant qu'elle parlait presque sur le ton de la confession à une inconnue, son ton redevint sec d'un coup.« Au final, c'était moins pire que ce qu'on croyait. Et puis en fait ça a rien changé à la situation. À quel point on est cons quand on est jeunes, comme si un tatouage allait rendre les gens moins stupides,» conclue-t-elle, en évitant de regarder Brittany. Celle-ci continuait de sourire, mais n'avait pas manqué de noter le changement d'attitude de la femme devant elle. Après quelques minutes de silence, elle interrogea Santana sur plusieurs sujets, son travail, ses études, bref un peu de tout afin qu'elle ne pense pas trop à la légère douleur des soins. Une fois la plaie recousue, elle s'occupa de la brûlure tout en posant des questions à propos de l'état de la patiente. La chute ayant causé une perte de conscience de quelques dizaines de secondes seulement, il était néanmoins possible que Santana eût subit une légère commotion cérébrale. Celle-ci confirma qu'elle avait eu des étourdissements au réveil, et que depuis un mal de tête assez intense persistait. Brittany se leva et ouvrit le rideau du box.

« Rien que du repos ne peut guérir, je ne crois pas que votre état soit trop sévère. Il faudra repasser pour les points de suture et en même temps, on vérifiera l'état de la brûlure. » Elle nota quelques mots sur la fiche de la patiente, et la regarda dans les yeux. « Miss Lopez, même si votre promotion est importante, votre santé l'est encore plus. Promettez moi de prendre quelques jours de congé. Si le mal de tête persiste, revenez au plus tôt. Je ne crois pas que ce sera le cas, mais on ne sait jamais. Des questions? »

Santana répondit par la négative et la remercia. D'un signe de la tête, elles se saluèrent, et repartirent chacune de leur côté.

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« Quinn, ceci est le 7e message que je te laisse, ce qui, premièrement, me fait remettre en question notre amitié, deuxièmement, me signale que tu as oublié que tu devais venir me chercher et, finalement, que dès que j'arrive à la maison je t'arrache les yeux. » Santana ferma son téléphone et le fourra dans son sac, les dents serrées. Elle était sortie de l'hôpital depuis bientôt trois heures, mais bien entendu, son amie avait oublié sa promesse de l'attendre devant l'établissement. Santana n'avait pas de voiture, et son mal de tête lui enlevait tout désir de s'enfermer dans un bus suffocant rempli d'étrangers odorants.

Bref, la journée de merde qui continuait.

Elle faisait les cent pas lorsqu'un étourdissement la força à se calmer. Toujours aussi frustrée, elle se rassit cependant sur le banc en maudissant les dieux. Elle sortit son téléphone à nouveau, et se décida à jouer à Candy Crush Saga, avant de réaliser qu'elle était bloquée à un passage entre deux niveaux. Bien entendu, Quinn lui avait promis de lui envoyer un ticket, sans toutefois le faire. Se retenant de lancer son téléphone à bout de bras, elle le refourra dans son sac, encore plus fâchée qu'il y a quelques secondes.

Elle entamait pour la seconde fois dans sa tête un chant vaudou contre Quinn (inventé au fur et à mesure et qui aurait été déplacé si prononcé à voix haute) lorsqu'un « Miss Lopez? » la fit sortir de ses pensées. Elle regarda devant elle et vit l'infirmière qui s'était occupée d'elle ce matin. Celle-ci la fixait d'un air interrogateur, ne comprenant pas pourquoi sa patiente était encore là, des heures plus tard.

Santana leva les yeux au ciel en expliquant la situation. « La même coloc défoncée qui m'a foutu dans l'ambulance ce matin a manifestement oublié mon existence dans les quelques heures où je suis disparue. J'essaie de la contacter et de trouver le moyen de ne la tuer que lorsqu'elle m'aura ramené chez moi, » dit-elle en soupirant. Brittany ne put s'empêcher de rire. L'idée qu'une personne aussi méthodique que Santana vive avec une hippie comme l'était son amie lui semblait inconcevable. D'un autre côté, elle était aussi sa patiente, et celle-ci avait besoin de se reposer. Brittany, avec sa générosité habituelle, lui proposa donc de la raccompagner chez elle. Après tout, Santana lui avait mentionné plus tôt habituer près de l'ancienne boulangerie Schuester, ce qui était à quelques minutes de son propre appartement. Santana, prise par surprise et touchée de cette offre, refusa tout de même.

« Merci bien, mais je suis obligée de sortir le cliché de dire non aux bonbons d'un étranger. Rien de personnel par contre, surtout pas contre l'infirmière qui vient de me recoudre la moitié du front.

Brittany, sachant qu'elle ne changerait pas d'avis, éclata de rire à nouveau et se contenta de lui souhaiter bonne chance avec sa coloc. Santana la remercia d'un hochement de tête. Elle fixa la blonde qui disparue rapidement entre les voitures du stationnement. Pour une raison qu'elle ignorait, elle fût saisit d'un sentiment de déception. Elle souhaitait intérieurement que ce soit la même infirmière, dont elle ignorait d'ailleurs le nom, qui s'occupe d'elle lorsqu'elle reviendrait. Malgré la conversation peu professionnelle qu'elle avait entendue entre les deux femmes, elle avait apprécié l'attitude de l'infirmière. Contrairement aux autres employés, qui l'avaient traitée comme un simple numéro qui leur faisait perdre leur temps, la blonde semblait heureuse au travail. Elle avait écouté Santana, lui accordant toute son attention, ou du moins, la partie qui n'était pas concentrée à lui planter du fil et une aiguille en plein visage.

Ses pensées continuèrent de s'égarer sur le sujet de l'infirmière, lorsqu'un coup de tonnerre la fit sursauter. Puisque la journée de Santana n'allait pas assez mal, une averse débuta, détrempant la jeune femme en quelques secondes. Trop découragée pour même bouger, celle-ci resta assise en silence, pendant que devant elle les gens courraient se mettre à l'abri. Santana sentait ses dernières forces partir en même temps que son sang froid. Elle se serait probablement mise à pleurer si, au même moment, une charmante infirmière blonde n'avait pas ouvert la porte de sa voiture en criant à Santana d'embarquer.

Et cette fois ci, Santana accepta sans broncher.