Disclaimer : Bones ne m'appartient pas, je ne gagne pas d'argent sur l'écriture de cette fic.

NdA : Comme toujours après un épisode poignant, j'y vais de mon OS, cette fois en trois parties... Les deux premières sont du point de vue de Booth, et la dernière devrait être à narrateur omniscient (elle n'est pas encore écrite entièrement). Il se pourrait qu'il y ait une quatrième partie. Je vous poste ici la première. Bonne lecture ^^.

Ne m'oublie pas…

Partie 1 : It will protect you when I won't be there to do it myself.

Bones partait aujourd'hui. Cette pensée m'avait accompagné pendant toute la nuit, m'empêchant de fermer l'œil. Son avion pour l'Indonésie partait vers dix-sept heures, avec une étape à Bangkok pour un total de 25 heures de vol.

Je me réveillai donc fatigué. J'avais une longue journée en perspective, beaucoup de papiers à signer et des contrôles médicaux et sportifs à passer. La semaine qui suivrait promettait d'être éprouvante, mais toutefois pas autant que mon année en Afghanistan le serait. Je m'efforçais néanmoins de ne pas y penser.

Je passai une quinzaine de minutes sous la douche, tentant de dénouer mes muscles douloureux et d'effacer sur mon visage les traces des draps qui s'étaient imprimés sur ma peau tandis que je me tournai encore et encore dans mon lit en tentant de dormir.

Ma Bones partait.

L'information ne semblait pas vouloir vraiment s'imprimer dans mon cerveau.

Je sortis de la salle de bain frais et dispo, même si le poids de mes insomnies pesait sur mes paupières et creusait des cernes bleutées sous mes yeux. Quelques toast grillés et beurrés pour un petit déjeuner en toute simplicité, et j'étais parti pour le centre médical de l'armée situé à Washington.

C'est dans une brume relative que je passai les examens médicaux requis. Prises de sang, contrôles des réflexes, bilan complet. On testa également mon endurance je me demandais bien pourquoi, étant donné que je ne serais qu'un « entraîneur ».

On me libéra un peu avant midi, et je me hâtai en direction du Mall, où j'avais rendez-vous avec Bones près de l'étendue d'eau entre le Capitole et le Washington Monument, juste à côté du petit marchand de capuccino. Il avait été convenu que nous déciderions de ce que nous ferions de l'heure à passer ensemble une fois sur place.

J'avais le cœur de plus en plus lourd au fur et à mesure que j'approchais de ma destination. Je longeai l'étendue d'eau et l'aperçus, assise sur « notre » banc, là où nous avions passé tant de bons moments.

« Le centre doit tenir ».

Je me remémorai cette conversation, celle où je lui avais dit que sans nous deux, sans les piliers, l'équipe ne tenait pas. Elle ne tiendrait effectivement pas Bones en partance pour Maluku, moi pour l'Afghanistan, tous ces bouleversements avaient également provoqué le départ d'Angela et Hodgins pour Paris. Sweets devrait trouver autre chose à faire, et Camille m'avait d'ores et déjà annoncé qu'elle ne comptait pas recruter d'autre anthropologue entre temps. L'équipe ne tiendrait donc pas à nous deux, nous venions de faire tomber l'édifice.

Elle était belle. Habillée d'une robe bleu ciel assortie à ses yeux dont le décolleté était discret mais néanmoins présent, elle regardait autour d'elle, plus nerveuse qu'à l'habitude, lissant sans cesse un pli inexistant dans le tissu qui dansait sur ses cuisses.

Immédiatement, un sourire se peignit sur mon visage et j'oubliai tout. Je m'approchai d'elle, et elle m'aperçut et se leva, laissant à son tour une joie non feinte éclairer son visage. L'heure n'était pas à la tristesse pas encore.

Ce fut elle qui me serra dans ses bras. Elle enroula ses bras frêles autour de ma nuque et se pendit à mon cou. Je la soulevai légèrement de terre, et lorsque nous nous séparâmes la douleur était revenue.

- Que faisons-nous ? me demanda-t-elle.

Cette voix. Je voulais l'imprimer dans mon esprit, l'empêcher de s'éteindre, je voulais être capable de me la remémorer à chaque fois que je le voudrais, de la faire apparaître dans mes songes en un « je ne sais pas ce que cela veut dire » des plus classique.

- Je n'en sais rien, souris-je. Que voulez-vous faire ?

- Vous avez faim ? – elle se corrigea d'elle-même – Quelle question, vous avez toujours faim !

- Aujourd'hui, pas vraiment… Et vous ?

- Pas vraiment non plus…

- Que diriez-vous d'un paquet de frites ?

Elle hocha lentement la tête. Nous ne savions pas quoi nous dire, alors nous nous mîmes à marcher vers une petite boutique sur le Mall où j'achetai un cornet de frites. Nous revînmes vers notre banc et commençâmes à manger sans réel appétit. Lorsque le paquet fut vide, j'allai le jeter et revins m'asseoir à côté d'elle.

- J'ai vu mon père tout à l'heure, annonça-t-elle. Il n'a pas arrêté de me dire d'être prudente et de casser la tête au premier impudent qui m'approcherait.

Je souris.

- Votre père vous aime, Bones.

- Je ne vois pas le rapport.

- Eh bien… Quand quelqu'un va partir loin, quelqu'un qu'on aime, on a toujours tendance à lui faire toutes sortes de recommandations plutôt idiotes, tout simplement parce qu'on s'inquiète et parce que l'on sait qu'on ne pourra pas être là pour cette personne. L'inquiétude est une preuve d'amour, expliquai-je.

- Ah… dit-elle, bien que je puisse voir à son visage qu'elle ne m'avait pas du tout compris.

- Il y a toutes sortes d'amour. Fraternels, paternels, maternels, amicaux… amoureux,…

- Donc c'est normal d'être inquiète pour Angela et Hodgins qui vont passer un an à Paris, même si je sais qu'il ne peut presque rien leur arriver là-bas ? demanda-t-elle.

- Oui, c'est normal, souris-je.

- Et c'est normal… D'être inquiète pour vous… fit-elle plus bas. D'autant que vous allez à la guerre, rajouta-t-elle en rehaussant la voix.

- Non, Bones, je vais juste entraîner des soldats à éviter de se faire tuer. Mais c'est normal, oui, dis-je.

- Et vous, vous êtes inquiet pour moi ? demanda-t-elle d'une toute petite voix.

- Enormément. Vous pourriez vous faire dévorer par un animal sauvage, ou tuer par un autre scientifique qui voudrait s'approprier votre découverte révolutionnaire. Ou peut-être que vous allez devenir folle à force de côtoyer Daisy tous les jours.

- Miss Wick n'est pas si terrible, Booth, fit-elle avec un sourire. Et puis elle se calmera, c'est sa première mission importante, c'est normal qu'elle soit excitée.

Je lui souris en embrassant son beau visage du regard. Je voulais me souvenir de ces beaux yeux bleus, ne pas en oublier la profondeur, je voulais pouvoir me remémorer cette ride qui se creusait entre ses sourcils bien dessinés, cette bouche fine, ce nez délicat, ces traits agréables à l'œil.

Je baissai les yeux sur la nuque de ma partenaire – de mon ancienne partenaire – et fronçai les sourcils. Pour la première fois depuis que je la connaissais, elle ne portait pas de collier.

- Je ferai attention à moi, Booth, c'est promis, me dit-elle, me ramenant à la réalité.

- Surtout que je ne serai pas là pour couvrir vos arrières. C'est fini de faire la tête en l'air et de foncer tête baissée.

- C'est sûr que je ne trouverai jamais meilleur protecteur que vous.

Mon cœur se gonfla lorsque j'entendis cette phrase. Une boule se forma dans ma gorge, me donnant une sourde envie de pleurer. Pourquoi avais-je tant l'impression que Bones avait enfin suffisamment changé pour me donner une chance et qu'elle fuyait en quelque sorte ce qui aurait pu être ?

Je passai la main derrière ma nuque et détachai la chaîne au bout de laquelle pendait ma médaille de Saint Christophe. Je la retournai, avançai mes mains vers Bones et soulevai ses cheveux d'une main tandis que je lui passais la chaîne autour du cou. Je laissai le pendentif tomber sur son thorax, juste au-dessus de sa poitrine.

- Le protecteur des voyageurs. Il vous protégera quand je ne serai pas là pour le faire, promis-je.

- Booth, je…

- Chut… Je sais que vous ne croyez pas en Dieu, mais moi j'y crois et c'est suffisant.

Ma main était restée sur sa nuque. Elle remonta sur son visage et j'enveloppai sa joue de la paume de ma main. Bones pencha la tête sur le côté pour appuyer sa joue contre ma main. Je lui caressai la pommette du pouce. Ses yeux se remplirent de larmes et l'une d'elle roula sous mon doigt. Je l'effaçai rapidement.

- Pas de larmes, Bones, s'il vous plaît… soufflai-je. Après tout, ce n'est qu'un au revoir.

Elle respira profondément et posément avant d'acquiescer d'un rapide hochement de tête. Je souris.

- C'est mieux.

- Vous viendrez… A l'aéroport ? me demanda-t-elle.

J'ôtai ma main de sa joue.

- J'essaierai. J'ai énormément de choses à faire aujourd'hui, à la base de l'armée… Je… j'essaierai. Je ne peux rien vous promettre, mais je ferai tout ce que je pourrai.

Elle me signifia qu'elle avait compris d'un battement de cils.

- Un an… soupirai-je.

Elle hocha la tête comme pour répéter la même chose.

- Bones, promettez-moi quelque chose… dis-je sur un coup de tête. Promettez-moi que dans un an, jour pour jour, vous viendrez ici, sur ce banc précisément, et que nous nous retrouverons.

- Je…

- Bones, promettez-le moi. Promettez-moi que même si les choses ont changé dans un an vous viendrez.

- Rien n'aura changé, dit-elle d'un ton ferme.

- Les choses doivent changer, Bones. La définition de la folie, c'est faire la même chose encore et encore en espérant un résultat différent. Nous devons changer notre manière de faire pour changer le résultat. Les choses doivent changer.

- Tout ne changera pas, Booth, je vous assure… murmura-t-elle.

- Vous promettez ? De me retrouver ici le 13 juin 2011 ?

Elle prit une grande respiration.

- Je vous le promets.